La Section canadienne de ParlAmericas a assisté à
la Rencontre annuelle du Groupe des femmes parlementaires de ParlAmericas,
intitulée Les femmes au pouvoir : changements récents dans l’arène
politique, qui portait principalement sur le leadership et la
participation politique des femmes et sur les progrès réalisés ces dernières
années dans ces domaines dans les Amériques. La délégation parlementaire
canadienne était dirigée par Mme Susan Truppe, députée, qui
était accompagnée de l’honorable Suzanne Fortin-Duplessis, sénatrice, de Mme Djaouida
Sellah, députée, et de Mme Guyanne L. Desforges, secrétaire
d’association pour la Section canadienne.
Tenue annuellement, la réunion n’a cessé de
croître en popularité ces dernières années, ce qui souligne l’importance et la
pertinence de renforcer le rôle des femmes au Parlement et dans la société. Le
Groupe est formé de représentants de chaque sous-région des Amériques, à savoir
l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale, l’Amérique du Sud et les Caraïbes. La
Rencontre annuelle de 2013 visait à discuter des réalisations liées à la
participation politique des femmes, de l’adoption de lois portant sur les
droits des femmes et de l’exercice du leadership par les femmes, ainsi qu’à
proposer des mesures pour maintenir les progrès réalisés et faire avancer la
cause des femmes. Au total, 53 parlementaires, soit 38 femmes et
15 hommes provenant de 23 pays, ont assisté à la Rencontre annuelle
de 2013.
LA RÉUNION
Cérémonie d’ouverture
La Rencontre a commencé par plusieurs allocutions
d’ouverture. Mme Jennifer Simmons, Présidente de l’Assemblée
nationale du Suriname, présidente intérimaire du Groupe des femmes
parlementaire et hôtesse de la Rencontre annuelle, a ouvert la rencontre avec
un mot de bienvenue. Elle a exprimé sa gratitude envers les parlementaires et
les spécialistes présents, et elle s’est dite heureuse de l’importance de
l’assemblée. Elle a dit espérer que la Rencontre soit l’occasion d’échanges et
qu’elle inspire les parlementaires à poursuivre leur travail sur les enjeux
liés aux droits des femmes, à la représentation des femmes au Parlement et à la
participation de ces dernières aux processus décisionnels nationaux.
Ensuite, Mme Linda Machuca
Moscoso, représentante de l’Assemblée nationale de l’Équateur et présidente du
Groupe des femmes parlementaires de ParlAmericas, a prononcé une allocution par
vidéoconférence. Elle a fait part de ses réflexions sur la valeur d’offrir aux
femmes et aux hommes une telle tribune et sur l’importance des discussions qui
vont s’y tenir. Mme Machuca Moscoso a reconnu que bien des
progrès ont été accomplis ces cent dernières années, et elle a noté que les
lois en matière d’égalité et d’équité entre les sexes, fondées autant sur les
droits des hommes que ceux des femmes, contribuent au développement des
démocraties dans l’hémisphère, au respect de la primauté du droit et à
l’établissement de la paix et de la solidarité dans le monde.
Après l’allocution de Mme Machuca,
Mme Monica Zalaquett, membre de la Chambre des députés du Chili
et secrétaire du Groupe de femmes parlementaires, a souhaité la bienvenue aux
délégués et a salué les réalisations accomplies pour combler les fossés en
matière d’éducation, d’inclusion politique dans les processus électoraux et
d’intégration des femmes dans la population active. Elle a remarqué toutefois
que bien des problèmes et des zones grises continuent de ronger les sociétés,
par exemple la violence envers les femmes et les enfants, la traite de
personnes, l’esclavage et l’exploitation sexuelle. Elle a reconnu que le rôle
des femmes est devenu crucial pour faire en sorte que les processus de
développement incluent l’ensemble des citoyens, et pour passer de la parole aux
actes et des propositions aux faits.
Séance 1 — Femmes à la présidence
d’assemblées législatives nationales
La première séance avait pour objectif, d’une
part, d’analyser les expériences des femmes qui occupent des postes officiels
de direction et, d’autre part, de faire connaître les leçons retenues dans
l’espoir qu’elles servent d’exemple et qu’elles inspirent d’autres
politiciennes. La séance visait également à souligner l’importance que des
femmes exercent la politique officiellement, dans une perspective féminine et
sans recourir aux modèles patriarcaux et traditionnels. Cette séance a été
l’occasion d’examiner les difficultés auxquelles sont confrontés les groupes
qui se consacrent à l’égalité entre les sexes ainsi que les facteurs qui ont
contribué à son évolution, la façon d’intensifier les progrès, la façon de mesurer
les changements apportés et les résultats d’une telle évaluation.
Les deux principales animatrices de la séance
étaient Dre Jennifer Simons, Présidente de l’Assemblée
nationale du Suriname, et Mme Gisele Isaac-Arrindell,
Présidente de la Chambre des représentants d’Antigua-et-Barbuda. Elles ont fait
part de leurs expériences afin de mettre en lumière les défis auxquels les
femmes sont confrontées lorsqu’elles entrent en politique. Elles ont expliqué
pourquoi il est nécessaire que les femmes exercent leur leadership, et elles
ont parlé de stratégies visant à accroître la présence des femmes dans les
postes de direction dans la sphère politique.
La Présidente Simons a invité les participants à
réfléchir sur l’importance d’une présence accrue des femmes en politique, étant
donné qu’elles représentent la moitié de la population de toute société et que,
de ce fait, leur présence est impérative dans tous les processus décisionnels.
Elle a ajouté que la présence accrue des femmes en politique et dans des rôles
décisionnels bonifie la qualité des démocraties et des sociétés et contribue à
remédier à la précarité des systèmes politiques et économiques. Pour la
Présidente, il est nécessaire de faire une plus grande place aux perspectives
féminines dans les parlements pour améliorer la gouvernance et ajuster le
modèle économique actuel, qui est centré sur la maximisation des gains et de la
croissance, afin de laisser place à d’autres questions, notamment les questions
environnementales.
Ensuite, la Présidente Isaac-Arrindell s’est
adressée à l’assemblée. Elle a déclaré que, même si les femmes représentent
50 % de la population d’Antigua-et-Barbuda, une seule femme a été élue à
la Chambre du Parlement du pays. À titre de Présidente nommée, son rôle est
important, car il donne aux femmes la visibilité dont elles ont besoin, et il
rappelle aux hommes que l’inclusion des femmes est fondamentale à la réussite
de la démocratie. Il reste bien des obstacles psychosociaux et financiers à
surmonter, et c’est pourquoi il importe de continuer à encourager les jeunes
femmes éduquées à occuper des rôles de leadership. Il faut également continuer
à promouvoir le militantisme chez les femmes de tous les âges et de tous les
horizons. Elle a suggéré que les femmes qui sont en position d’informer et
d’éduquer les autres travaillent en vue de combler les lacunes.
Les rapporteures régionales du Canada, du Mexique,
du Nicaragua et du Paraguay ont parlé des stratégies suivies dans leur pays
respectif pour empêcher les femmes d’accéder aux postes les plus élevés du
Parlement.
Mme Susan Truppe (Canada) a
expliqué qu’au Canada, rien, sur le plan réglementaire, législatif ou
institutionnel, n’empêche les femmes de se porter candidates à la présidence de
la Chambre des communes. Elle a cependant fait remarquer que, en réalité, les
Canadiennes continuent d’être sous-représentées dans les rôles décisionnels
clés de la sphère politique et du milieu des affaires. Elle a ajouté que
l’ensemble des Canadiens profite d’une pleine participation des femmes et des
jeunes filles aux différents aspects de la vie quotidienne, tant à l’échelle
locale que dans les salles de réunion, et notamment dans tous les ordres de
gouvernement. Elle a informé l’assemblée que le financement du Programme de
promotion de la femme, de Condition féminine Canada, qui appuie plus de
600 projets communautaires, a été porté à son plus haut niveau. Ainsi,
plus de 21 millions de dollars ont été approuvés pour des projets de
promotion du leadership et de participation démocratique auprès des femmes.
Elle a ajouté que, par l’entremise de Condition féminine Canada, le
gouvernement soutient des projets qui encouragent les jeunes femmes et les
jeunes filles à devenir des leaders dès leur jeune âge.
Mme Delfina Elizabeth Guzmán Díaz
(Mexique) a informé l’assemblée que les femmes occupent le tiers des postes au
sein du Congrès législatif bicaméral du Mexique, grâce à l’obligation légale
(débattu pendant 20 ans) exigeant des partis politiques qu’ils se donnent
pour objectif de compter 40 % de femmes dans leurs rangs. Elle a objecté
toutefois que les quotas ne suffisent pas. En effet, la présence des femmes
dans les postes de leadership est non seulement un élément fondamental de la
justice fondée sur l’appartenance sexuelle, mais aussi un facteur qui augmente
la probabilité que les priorités des femmes soient prises en compte dans les
processus décisionnels nationaux, qui inspirera d’autres femmes à vouloir
occuper de tels postes et qui motivera les hommes et les femmes à promouvoir
l’égalité entre les sexes en tant qu’axe central de la démocratie.
Mme Martha González Dávila
(Nicaragua) a expliqué que l’Assemblée nationale du Nicaragua est composée de
40,2 % de femmes. En 2012, à l’initiative de l’Exécutif, la Loi municipale
a subi une réforme de façon à imposer aux partis politiques que la moitié de
leurs candidats aux élections municipales soient des femmes. Malgré cette
percée, les femmes continuent d’être confrontées à de nombreux défis, comme le
manque de sensibilisation par rapport à la défense et à la promotion des droits
des femmes; la discrimination, de la part de certains groupes ou secteurs, qui
entrave l’émergence des femmes dans des postes de leadership, notamment au sein
des partis politiques, des groupes religieux et même de certains groupes
féministes; et le manque de formation technique, professionnelle et politique
pour les femmes. Mme González Dávila a reconnu que le
gouvernement et l’Assemblée nationale ont approuvé des lois visant à promouvoir
des programmes ayant des répercussions économiques (mesures liées à la
production, à l’alimentation et au crédit) et des programmes d’éradication des
prêts usuraires. Ces mesures ont amélioré les pouvoirs de production et d’achat
des femmes, en plus d’avoir contribué à réduire le niveau de pauvreté.
Mme Clarissa Marín de Lopez
(Paraguay) a expliqué que la participation politique des femmes au Paraguay est
très récente. Dans l’histoire du pays, elles n'ont réussi à se hisser qu’à la
vice-présidence de la Chambre. Elle a souligné que le changement doit se
produire non seulement sur le plan législatif, mais aussi sur le plan culturel.
Elle a poursuivi en décrivant les défis de l’heure, comme la nécessité de
donner plus de poids aux femmes, l’ouverture des partis politiques, le
financement des candidates, le partage des responsabilités familiales et la
mobilisation des femmes mêmes. La pérennité des changements apportés passe par
la formation, la négociation, le militantisme au sein des partis politiques et
la vocation de servir le public.
Ensuite, les membres de l’assemblée ont été
conviés à poser des questions, à formuler des commentaires sur l’information
présentée et à faire part d’expériences et de pratiques en usage dans leur
pays.
Séance 2 — Direction et participation
politique des femmes de descendance africaine
Cette séance visait à réfléchir à certains
secteurs où la législation reconnaît la double discrimination à l’encontre des
femmes de descendance africaine et à soutenir leur lutte pour obtenir se faire
entendre davantage dans les mouvements féministes. La séance visait également à
discuter de l’incidence de la discrimination positive pour la communauté de
descendance africaine. En général, des progrès importants ont été accomplis en
Amérique latine pour intégrer les femmes sur la scène politique officielle.
Toutefois, tout indique que la situation des femmes de descendance africaine ne
s’est pas améliorée dans la même mesure que celle des autres femmes de la
région. On a demandé à la spécialiste de la séance de faire part de ses
réflexions sur la façon dont sont construits les rôles, les styles et les
traditions de leadership chez les femmes de descendance africaine, et sur les
stratégies qui peuvent être utilisées en vue d’élaborer une vision politique
apte à inclure leurs demandes spécifiques et stratégiques sur la scène
nationale et internationale.
Mme Beatriz Ramírez Abella,
directrice de l’Institut national de la femme de l’Uruguay (INMUJERES) depuis
2010, a donné un exposé portant plus précisément sur la contribution des hommes
et des femmes de descendance africaine dans la lutte pour l’intégration,
l’inclusion et l’égalité. Elle a dressé un portrait historique, de l’époque de
l’esclavage jusqu’à ce jour, des multiples formes de la discrimination (de
nature raciale, religieuse, sexuelle, générationnelle, culturelle, sociale et
politique). On a fait observer que les groupes de descendance africaine et les
populations autochtones sont les minorités les plus importantes et l’un des
groupes de population les plus pauvres. Divers tableaux statistiques ont été
présentés pour illustrer l’activité sur le marché du travail; les taux d’emploi
et de chômage par sexe et groupe ethnoracial; la répartition de la population
active de descendance africaine et non africaine, selon l’emploi et le sexe; la
fréquentation des établissements d’enseignement chez les populations de
descendance africaine et non africaine, selon le groupe d’âge et le revenu
moyen.
Mme Ramirez Abella a informé les
participants que l’Institut national de la femme (Instituto Nacional de las
Mujeres) a créé un département ayant pour mandat d’aborder les enjeux des
femmes de descendance africaine, de promouvoir l’égalité entre les sexes et les
races et d’encourager la prise de mesures visant à faire figurer les questions
touchant l’égalité entre les sexes, les races et les ethnies parmi les
questions d’ordre général des agences gouvernementales. En outre, la prise de
mesures de promotion sociale (offre de formations ou conception de programmes
d’études sur les races et les sexes avec les universités) est encouragée. Parmi
les autres mesures, notons une loi prévoyant des quotas liés à l'embauche de
jeunes de descendance africaine et un projet de loi sur des mesures de
promotion sociale de la population de descendance africaine qui sera présenté
au Sénat. Ces mesures constituent une étape historique vers la reconnaissance
des droits de ce groupe dans les secteurs de l’emploi et de l’éducation. Enfin,
Mme Ramirez Abella a informé l’assemblée que la création d’une
ambassade des Affaires africaines (Uruguay) est en cours.
Les rapporteures régionales étaient : Mme Angélica
de la Peña Gómez (Mexique), Mme Valdez San Pedro; (République
dominicaine – Guadeloupe); Mme Vernella Alleyne-Toppin
(Trinité-et-Tobago) et Mme Marcela Revollo Quiroga (Bolivie).
Toutes ont abordé le thème de la séance à la lumière de la situation dans leur
pays respectif.
Mme Angélica de la Peña Gómez
(Mexique) s’est dite convaincue que le cadre législatif d’une nation est
l’épine dorsale de sa démocratie, et c’est pourquoi la législation d’un pays
doit aller dans le même sens que les traités internationaux relatifs aux droits
de la personne qu’elle a signés. Au Mexique, il existe des lois interdisant et
pénalisant la discrimination et qui reconnaissent que les peuples de descendance
africaine, de la même façon que les peuples autochtones, sont victimes de
diverses formes de discrimination, notamment sur la base de l’ethnicité, du
sexe, de l’âge, de la religion et de la situation économique.
Mme de la Peña Gómez a insisté sur
le fait que les personnes chargées de garantir l’application de la loi doivent
rendre des comptes. Elle a demandé à ses collègues parlementaires de réfléchir
aux mesures qu’elles ont prises, en tant que femmes occupant des postes de
direction, pour contribuer à améliorer la situation des autres femmes dans leur
société. Enfin, Mme de la Peña Gómez a demandé que soit créée
une mesure législative visant à promouvoir la représentation des groupes
autochtones et de descendance africaine au Parlement.
Mme Guadalupe Valdez San Pedro
(République dominicaine) a fait remarquer que, en Amérique latine, les
recensements indiquent que seul 1 % de l’ensemble des législateurs sont de
descendance africaine et que, de ce nombre, seulement 0,03 % sont des
femmes. Il s’agit là d’une réalité complètement différente du discours sur
l’égalité dans les constitutions et sur l’égalité des chances dont parlent les
lois. Elle a demandé la création d’une politique publique intégrée axée sur
l’égalité des chances qui donnera de la visibilité aux femmes. La politique
publique doit tenir compte de ces populations dans les secteurs de la santé, de
l’éducation et de l’agriculture. Mme Valdez San Pedro a déclaré
que la lutte des femmes de descendance africaine devrait être liée à la lutte
contre les changements climatiques et pour l’éducation et la sécurité
alimentaire de façon à ce que soit créé un programme législatif qui englobe des
cadres réglementaires garantissant l’égalité des chances au moyen de mesures
concrètes.
Mme Vernella Alleyne-Toppin
(Trinité-et-Tobago) a informé les participants que, dans les Caraïbes,
l’indépendance a accentué les contradictions dans les rapports entre les sexes.
Par exemple, bien que les gens de race noire jouissent maintenant d’un pouvoir
politique, peu de femmes de race noire jouissent du même pouvoir. Elle a ajouté
que, une fois élues ou nommées au Parlement, les députées se heurtent à
d’autres obstacles et restrictions qui minent l’égalité de leur participation à
la prise de décisions politiques. Parmi ces obstacles, notons la domination
traditionnelle des hommes dans les milieux politiques et la structure du
pouvoir politique et son parti pris contre les femmes. Elle a également parlé
des obstacles culturels et économiques, notamment la perception de soumission
des femmes au contrôle des hommes et la nécessité d’obtenir la
« permission » des hommes pour participer à la vie publique;
l’absence de soutien de la famille (sur le plan affectif et sur le plan du
partage des responsabilités familiales); le fardeau de réussir à gérer les
responsabilités familiales et professionnelles et l’absence de soutien
financier adéquat.
Mme Marcela Revollo Quiroga
(Bolivie) a déclaré que l’identité américaine est fortement marquée par la
présence des peuples de descendance africaine, qui représentent
150 millions de personnes. Toutefois, cette présence massive ne s’est pas
traduite par une inclusion efficace dans les processus de décisions politiques,
économiques et sociales dans la plupart des pays. Cette réalité est encore plus
marquée dans le cas des femmes de descendance africaine, dont l’expérience
d’exclusion, de soumission et d’accès aux services publics est encore pire.
Mme Revollo Quiroga a déclaré que
certains pays, comme la Bolivie, ont approuvé et intégré dans leur constitution
la Loi contre le racisme et toute forme de discrimination. Cependant, un
fort pourcentage des populations autochtones est au centre de presque tous les
intérêts du gouvernement et des institutions sociales. Par conséquent,
l’intégration des femmes des Amériques dans les priorités politiques signifie
qu’il faut tourner notre attention vers les femmes les plus pauvres, qui sont
presque totalement absentes de la politique publique et qui ne jouissent
d’aucune reconnaissance sociale et culturelle. Afin de reconnaître les femmes
de descendance africaine dans les pays où elles sont minoritaires, il est
nécessaire d’analyser la conception hiérarchisée qu’ont les politiciennes des
causes des femmes sans identifier celles qui sont victimes de diverses formes
de discrimination.
La discussion s’est poursuivie avec les
commentaires et les réflexions des membres de l’assemblée.
Séance 3 — Effets de
la participation des femmes en politique
Cette séance avait pour objectif de discuter des
progrès réalisés dans l’élaboration des lois grâce à la participation des
femmes en politique et aux caractéristiques de leur participation. La séance
visait également à analyser la contribution de la participation des femmes à la
sensibilisation aux questions en matière de genre et de droits des femmes. La
présence de plus en plus marquée des législatrices dans les Amériques a non
seulement permis d’améliorer de façon notoire le type de lois adoptées, mais
elle démontre aussi une volonté d’incorporer une approche sexospédcifique dans
les lois actuelles.
La spécialiste invitée, Mme Cynthia
Barrow Giles (Sainte-Lucie), maîtresse de conférence en politique à
l’Université des Indes occidentales, a amorcé la séance avec un exposé intitulé
« La représentation politique des femmes dans les Antilles du
Commonwealth et en Amérique latine – analyse préliminaire ».
La Convention sur l'élimination de toutes les
formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) considère que la masse
critique de femmes nécessaire à une prise de décision significative est de
33 %. En 2008, 24 pays ont dépassé l’objectif de 30 %. Dans les
Caraïbes, seul le Guyana, grâce à son système de représentation
proportionnelle, se rapproche de cet objectif. Selon Mme Barrow
Giles, compte tenu de la structure et de la composition actuelles des
parlements dans les Antilles du Commonwealth, les femmes qui travaillent dans
leur sphère de compétence n’ont pas été capables d’apporter beaucoup de
changements concernant les nombreuses questions qui nécessitent la prise de
mesures. Sur le plan politique, on prévoit qu’une plus grande inclusion dans
les partis politiques et dans le gouvernement contribuerait à la prise en
compte de leurs intérêts dans le programme politique, lesquels ne peuvent pas
toujours être représentés par des hommes. Par conséquent, on prévoit que plus
les femmes occuperont un plus grand nombre de sièges au Parlement, plus grande
sera la représentation de leurs préoccupations précises, ce qui se traduira en
initiatives d’orientation des politiques.
Selon Mme Barrow-Giles, une
évaluation des projets de loi dont les femmes parlementaires assurent
l’adoption grâce à des législatrices nationales constitue l’un des principaux
outils pour déterminer l’influence des législatrices dans la progression de la
cause des femmes à l’échelle nationale. Cependant, cette tâche en soi est
difficile, car il n’est pas facile d’établir de liens directs entre les lois et
les résultats de ces dernières par rapport à la participation des femmes dans
le processus législatif.
Selon les recherches effectuées, dans les
législatures constituées d’au moins 20 % de femmes, les femmes étaient
plus susceptibles d’introduire ou de promouvoir des lois concernant les femmes,
les familles et les enfants que celle de leurs homologues masculins (Sue
Thomas, How Women Legislate, New York, Oxford University Press). Ces
données ont été corroborées par d’autres travaux de recherche, selon lesquels
les législatrices jouent un rôle essentiel dans l’introduction de lois précises
visant à aborder de façon fondamentale les droits des femmes, mais leur travail
était également déterminant pour faire progresser les projets de loi modifiant
l’éventail de solutions aux problèmes des droits de la femme. Elle a mentionné
que l’hypothèse politique selon laquelle les politiciennes représentent
toujours les intérêts des femmes n’est, toutefois, pas toujours avérée, étant
donné que certaines des femmes qui entrent dans l’arène politique ont des idées
souvent modelées et restreintes par le parti dans lequel elles ont cherché à
être élues (la ligne de parti).
Selon la présentatrice, les parlementaires
antillais n’ont pas réussi à présenter des propositions et des mesures
législatives concrètes dans des secteurs comme la traite de personnes
(stupéfiants et prostitution), la violence familiale et le harcèlement sexuel.
Par conséquent, il est difficile à ce stade, voire impossible, de conclure que
les femmes parlementaires promeuvent un plus grand nombre de projets de loi
liés à des secteurs importants dans lesquels les femmes doivent s’investir,
selon ce que l’on présume.
Mme Barrow-Giles a souligné que,
en Amérique latine, on tend de plus en plus à être proactif et à accorder une
importance croissante aux questions liées aux femmes dans le programme
politique en laissant des femmes et des mouvements puissants de femmes établir
ce programme. Par exemple, au Chili, la campagne électorale de 2005 a notamment
porté sur la réforme du régime de pensions pour promouvoir les droits des
femmes et des peuples autochtones et réduire les inégalités au pays.
Elle a informé l’assemblée que, selon le Rapport
des Nations Unies sur la drogue et le crime en Amérique latine et la Banque
mondiale du bassin des Caraïbes, la violence faite aux femmes dans la région
est omniprésente et que, de ce fait, les lois en matière de violence familiale
sont une nécessité absolue. À cet égard, près de 30 pays ont adopté des
lois contre la violence familiale. En 1991, Trinité-et-Tobago est devenue le
premier pays des Caraïbes de langue anglaise à adopter une loi sur la violence
familiale. Entre autres choses, la loi accorde aux victimes le droit de
demander une ordonnance de protection contre leur agresseur. Une loi modifiée
en 1999 a permis d’élargir les catégories de personnes à qui cette loi s’applique.
En Jamaïque, l’entrée en vigueur d’une telle loi a également contribué à la
mise sur pied du Centre d’enquêtes sur les délits sexuels et maltraitances
d’enfants. Il s’agit de services d’enquête spéciaux au sein du corps policier,
dont le rôle principal consiste à promouvoir l’établissement d’un environnement
dynamique visant à encourager les victimes de violence familiale à signaler un
cas de victimisation sexuelle, à entamer une enquête efficace sur des
allégations de sévices sexuels, à aider les victimes à se réadapter et à
accroître l’information publique portant sur toute question de victimisation
sexuelle.
Mme Barrow-Giles a indiqué à
l’assemblée que l’Équateur a été l’un des principaux pays à mener la marche
pour mettre fin à la violence familiale; l’Équateur a non seulement réussi à
faire adopter une loi efficace, mais il a également élaboré un certain nombre
de programmes publics de sensibilisation et mis en place des commissariats de
police dirigés par des femmes. Les commissariats de police, appelés Comisarías
de la Mujer y la Familia (commissariats de police pour les femmes et les
familles), ont été établis en 1981.
Elle a également indiqué que la Communauté des
Caraïbes (CARICOM) a élaboré une loi type pour les États membres visant à
s’attaquer au problème croissant du harcèlement sexuel. La loi considère le
harcèlement sexuel comme un problème de relations de travail et prévoit des
recours civils aux victimes. La loi s’applique également aux établissements
d’enseignement, de même qu’à tout autre endroit en général, à savoir les
entreprises, les domiciles, les bureaux, etc. Cependant, il reste encore à
chacun des pays des Caraïbes à faire progresser les mesures législatives. Les
femmes parlementaires ont besoin du soutien de leurs homologues masculins pour
faire évoluer les enjeux de la condition féminine. Au cours des
10 dernières années, plusieurs pays d’Amérique latine, et plus
particulièrement le Chili, en 2005, ont cherché à renforcer leurs lois et à
adopter des lois portant sur le harcèlement sexuel.
Mme Barrow-Giles a poursuivi son
exposé en parlant des lois sur la traite de personnes. Elle a expliqué que
plusieurs pays d’Amérique latine et anglophones des Caraïbes servent de source,
de voie de passage et de pays de destination pour la traite de personnes (y
compris les enfants) destinées surtout à l’exploitation sexuelle et au travail
forcé. Seuls deux pays ont adopté des lois qui s’attaquent au problème :
le Belize, où la traite de personnes est interdite aux termes de la Loi de 2003
sur l’interdiction de la traite de personne; et la Jamaïque, où le gouvernement
a adopté en 2007 la Loi sur la traite de personnes (Prévention, suppression et
sanction). Tout aussi inquiétant que la traite des femmes, des filles et des
garçons à des fins d’exploitation sexuelle et de travail forcé, l’utilisation
des femmes et des filles à titre de passeuses de drogue par les
narcotrafiquants est courante. Il s’agit malheureusement d’une situation qui
n’a pas été abordée de façon sérieuse, et le système judiciaire semble être
encore beaucoup plus sévère avec les femmes qu’il ne l’est avec les hommes.
Mme Barrow-Giles a conclu son
exposé en déclarant que, même si beaucoup ont signé un certain nombre d’accords
internationaux, les mesures à l’échelle nationale accusent des retards par
rapport aux engagements déclarés. Les femmes parlementaires ont certainement
apporté une importante contribution au développement d’une société plus
équitable; cependant, il faut continuer à concevoir des stratégies non
seulement pour consolider ces avantages, mais également pour prendre de l’essor
dans des secteurs encore inexplorés.
Les rapporteures régionales incluaient Mme Djaouida
Sellah (Canada), Mme Maria Jeannette Ruiz Delgado (Costa
Rica) et Mme Volda Lawrence (Guyana). Elles ont été invitées à
faire part de leurs réflexions sur le thème de la séance.
Mme Djaouida Sellah (Canada) a
expliqué aux participants que les femmes sont représentées aux niveaux les plus
élevés de la politique provinciale au Canada, mais que l’égalité entre les
sexes n’est pas encore complètement atteinte, même s’il s’agit d’un principe
inscrit dans la Constitution canadienne depuis 1982. Contrairement à d’autres
pays, le Canada ne fixe pas de quotas pour la participation des femmes dans les
partis politiques. Mme Sellah a indiqué que la présence
des femmes a eu un effet important sur la politique publique. Elle a affirmé
que chaque avant‑projet de loi de son parti est analysé selon une
perspective tenant compte des différences entre les sexes. La place importante
des femmes a permis à son parti de présenter des questions qui seraient
autrement négligées, par exemple, dans l’examen de politiques économiques ou
dans le budget. Elle a reconnu que ces visions sont sans aucun doute accentuées
par la proportion de femmes dans les différentes réunions et que le nombre
croissant de femmes au Parlement a permis à son parti de faire avancer les
causes favorisant les femmes. Elle a également indiqué que les parlements
doivent être composés de parlementaires de tout âge, de toute profession,
origine ethnique, langue, et bien entendu, des deux sexes, afin de bien
représenter les différentes perspectives de la population.
Mme Maria Ruiz Delgado (Costa
Rica) a commencé son exposé en indiquant que le rôle des femmes en politique
n’est pas seulement une question de présence, mais aussi d’impact. Le Costa
Rica a été aux premières loges de la lutte des femmes pour occuper des postes
de décisionnaires; cependant, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir
sur le plan législatif. Le Costa Rica est dirigé par une présidente, et
récemment, une femme a été élue présidente du système judiciaire, ce qui
illustre la confiance de la population envers les dirigeantes. Mme Ruiz
Delgado a expliqué que 38,5 % des membres de l’Assemblée législative sont
des femmes, et ce, en raison de la réforme du code électoral en 1996, lequel
stipulait que les partis politiques doivent assurer une représentation féminine
de 40 % dans la structure du parti, de même que dans les assemblées de
district, cantonales et provinciales. En 2009, une autre modification au code
électoral a été approuvée en faveur de la parité de genre dans la
représentation. Cette modification entrera en vigueur lors de la prochaine
période électorale. Mme Ruiz Delgado a expliqué que l’Assemblée
législative du Costa Rica comporte une unité gouvernementale sur le genre qui
constitue l’organe coordonnant la Commission sur la condition féminine.
L’égalité entre les sexes est aussi une question à facettes multiples dans le
Plan stratégique institutionnel du pays, en vertu duquel 80 % du contenu
du plan de fonctionnement annuel de chaque ministère doit comporter au moins
une mesure sexospécifique. Les partis politiques reçoivent aussi des ressources
de l’État pour des formations dans lesquelles il est obligatoire de discuter
des questions de condition féminine.
Mme Volda Lawrence (Guyana) croit que
l’augmentation de la participation des femmes dans la législation du Guyana est
essentielle et qu’elle a contribué à une plus grande stabilité politique dans
sa société, de même qu’à la stabilité et à la pérennité des partis politiques.
Selon elle, il ne fait absolument aucun doute qu’une plus grande représentation
des femmes en politique signifie l’adoption de lois qui reflètent et
soutiennent les questions en matière de condition féminine. Le nombre croissant
de législatrices au Guyana a conduit à des progrès notoires non seulement dans
le type de lois mises en vigueur, mais également dans la volonté d’incorporer
une approche sexospécifique dans les lois actuelles. Au Guyana, les
législatrices ont dirigé de nombreux projets de loi et motions qui abordent des
questions telles que les services de garderie, les salaires des infirmières et
des enseignantes, les subventions à l’éducation dans les écoles secondaires,
l’immunisation relevant de la santé publique, les enfants nés hors mariage,
l’égalité des droits, la violence familiale, l’interruption médicale de
grossesse, l’âge de consentement et les invalidités. Mme Lawrence
a déclaré que les législatrices ont joué un rôle important non seulement dans
l’adoption de lois, mais aussi dans la mise en valeur de questions importantes
pour les femmes.
Les membres de l’assemblée ont ensuite été conviés
à poser des questions, à formuler des commentaires sur l’information présentée
et à faire part d’expériences et de pratiques en usage dans leur pays.
Discours principal : Les femmes au
pouvoir : les changements récents sur la scène politique — une vision de
l’expérience de l’Amérique latine
La dernière conférencière à s’adresser à
l’assemblée était Mme Maureen Clarke Clarke, présidente de la
Commission interaméricaine des femmes (CIM), ministre de la Condition féminine
du Costa Rica et directrice exécutive de l’Institut national de la femme du
Costa Rica. Dans son discours, Mme Clarke Clarke indiqué que
d’un point de vue tenant compte de l’égalité entre les sexes, il est évident
que les femmes des sociétés patriarcales ne peuvent profiter entièrement de
leurs droits en raison du système socioculturel qui est discriminatoire envers
elles. De la même manière, a-t-elle affirmé, les divers groupes de femmes
organisées ont exprimé leur mécontentement pour démontrer qu’elles sont
victimes de nombreuses formes de discrimination. Dans certains pays, les femmes
de descendance africaine subissent une triple discrimination : elles n’ont
pas accès à des ressources économiques, ce qui les expose à une situation de
vulnérabilité et de désavantage par rapport aux autres femmes.
Mme Clarke Clarke a expliqué que,
pour discuter de la reconnaissance des droits, il faut commencer l’élaboration
de nouvelles structures sociales, politiques, culturelles et économiques qui
reconnaissent l’égalité de tous les citoyens depuis leur diversité. Elle a
insisté sur le fait que l’inclusion de nouveaux sujets dans l’État doit se
faire grâce à des mesures positives comme la loi sur le quota, laquelle s’est
avérée efficace pour la participation politique des majorités neutres.
Toutefois, Mme Clarke Clarke a expliqué que le système de quota
n’a pas facilité la parité dans la participation raciale, ce qui, selon elle,
constitue le résultat de la neutralité de ces politiques. La participation
politique des femmes en général est impérative, a-t-elle indiqué, mais la
participation des femmes de descendance africaine l’est tout autant. Il est
donc nécessaire de tenir compte des femmes de descendance africaine dans les
processus décisionnels et de faire en sorte que ces dernières se fassent
entendre.
Mme Clarke Clarke a communiqué une
partie des résultats de recherches compilés par l’Union interparlementaire sur
les opinions et les expériences d’hommes et de femmes parlementaires à
l’échelle internationale. Ainsi :
·alors que le nombre de femmes a augmenté dans
les parlements ces dix dernières années, les femmes occupaient moins de
18 % de tous les sièges parlementaires en 2008.
·les femmes parlementaires ne constituent pas un
groupe homogène, mais elles peuvent partager des intérêts. On a tendance à
insister sur les problèmes sociaux, l’élimination de la violence faite aux
femmes, la réduction de la pauvreté, le développement qui comprend le
développement humain et la prestation de services. Cependant, de nombreuses
femmes parlementaires s’intéressent à des domaines qui étaient auparavant
considérés comme des secteurs exclusivement masculins, comme les politiques
fiscales et étrangères.
·les préjugés et perceptions culturels liés au
rôle des femmes, de même que le manque de ressources financières, continuent de
constituer des obstacles à la participation politique des femmes.
·il est nécessaire de faire progresser les
questions qui ont des répercussions directes sur la participation politique
efficace des femmes à tous les paliers décisionnels, comme la question en
matière de soins à titre de responsabilité sociale.
·le harcèlement et la violence politique
découragent la participation politique des femmes, et pourtant aucun mécanisme
interdit de telles situations.
·il est nécessaire d’amener les hommes
parlementaires et les partis politiques à s’intéresser aux questions de genre,
tant sur le plan des principes que dans la pratique.
·il faut encourager l’établissement de liens
entre les femmes parlementaires et les groupes féministes et les citoyens.
·il est important de continuer d’encourager les
réseaux de femmes parlementaires et les politiques qui transcendent les
intérêts et les visions des partis individuels, et qui favorisent plutôt
l’élaboration d’un programme multipartite.
La démocratie, a indiqué Mme Clarke
Clarke, est redevable aux femmes, particulièrement aux femmes de descendance
africaine. Un développement humain durable ne peut exister si les
contributions, les intérêts et les demandes des femmes continuent d’être
invisibles. Dans sa déclaration finale, elle a exprimé les demandes
suivantes :
« Nous demandons une plus grande
participation à tous les niveaux. Nous demandons l’élimination des préjugés et
des stéréotypes qui contribuent à nous rendre invisibles et nous isolent dans
une sphère privée et placent les hommes dans les sphères politique et publique.
Nous demandons des politiques axées sur l’égalité entre les sexes et nous
demandons d’occuper une position nous permettant de démontrer les
particularités de nos sociétés de façon à nous inclure avec démocratie dans
toutes les formes d’exercice de nos droits. »
Séance de clôture et observations finales
Mme Jennifer Simmons, présidente
intérimaire du Groupe des femmes parlementaires des Amériques, a prononcé
l’allocution de clôture et a remercié les organisateurs de la Rencontre, les
conférencières et les participants. Elle a invité les parlements à continuer
d’appuyer les tribunes qui facilitent les échanges et les discussions.
Elle a poursuivi en demandant aux participants de
garder à l’esprit deux questions fondamentales d’importances pour les
communautés en général, et plus particulièrement pour les femmes. Dans ses
propres mots, voici ces deux questions :
1. Nous devrons créer un système politique et
économique plus durable qui se consacrera davantage à assurer le bien-être à
tous les citoyens. Nous pouvons commencer cette démarche en utilisant de
nouvelles façons d’évaluer notre économie. Des outils comme un indicateur
d’état véritable seraient utiles à titre de première étape à suivre.
2. Il est nécessaire de renforcer la démocratie
grâce à la participation des citoyens dans les prises de décisions publiques et
à l’amélioration de la transparence des partis politiques, précisément en ce
qui a trait aux processus de présentation de candidats à des élections
parlementaires ou à la présidence exécutive.
Pour Mme Simons, il est évident
que les parlements doivent compter plus de femmes dans leurs rangs pour pouvoir
espérer obtenir des changements; d’autres facteurs sont tout aussi important,
selon elle, par exemple la collaboration entre les hommes et les femmes. Comme
elle l’a déclaré : « Il nous faut deux ailes pour être capable de
voler ». Elle a expliqué que les points de vue des hommes et des femmes
aident à mieux comprendre l’humanité dans son ensemble, et que la collaboration
est également très importante sur le plan pratique pour remporter les votes
nécessaires au changement.
Mme Simons a conclu la séance en
rappelant aux participants l’importance des échanges, en précisant toutefois
que les idées qui en découlent doivent se concrétiser en plans d’action, et que
des mesures doivent être mises en œuvre.
Ensuite, les participants ont été invités à
approuver une liste de recommandations qui ont été préparées lors de la
Rencontre annuelle de deux jours. À la suite de cet exercice, un rapport
contenant 11 recommandations (pour l’ensemble des séances) a été adopté
(voir l’annexe 1). Les participants ont été invités à présenter le rapport
à leur parlement respectif et à se servir de cette liste comme d’un plan
d’action et d’une stratégie de suivi afin de mesurer les progrès accomplis sur
le plan de l’inclusion des initiatives d’égalité entre les sexes dans leur
parlement.
CONCLUSION
Pour la Section canadienne de ParlAmericas, cette
visite a été une excellente occasion de participer activement à des discussions
sur la violence fondée sur le sexe et sur la politique publique sexospécifique,
des sujets qui sont au cœur des préoccupations du Groupe des femmes
parlementaires de ParlAmericas. La Section canadienne est également d’avis que
la Rencontre a permis aux participants d’entrer en contact avec des homologues
d’autres législatures. La délégation tient à remercier le Secrétariat
international de ParlAmericas et l’Assemblée nationale du Suriname pour le
travail titanesque qu’ils ont accompli pour assurer le succès de la Rencontre.
Enfin, la délégation salue Mme Jennifer
Simons qui, par son leadership, est parvenue à faire de la rencontre du Groupe
des femmes parlementaires un événement avec un taux de participation inégalé
jusqu’à ce jour.