Une délégation de la section canadienne
du Groupe interparlementaire (GIP) Canada–États-Unis a assisté au Forum du
Leadership économique du 'Pacific NorthWest Economic Region' (PNWER) à Regina.
Les thèmes abordés ont été les difficultés économiques auxquelles sont
confrontés le Canada et les États-Unis, les différences entre les deux pays en
termes de gouvernance et les questions entourant l’énergie.
Le GIP est depuis longtemps associé à
la PNWER et assiste habituellement aux réunions d’été et d’automne de cet
organisme. La PNWER est un regroupement officiel, bilatéral et régional des
secteurs public et privé, qui est composé des États de l’Alaska, de l’Idaho, du
Montana, de Washington et de l’Oregon, des provinces de la
Colombie-Britannique, de l’Alberta et de la Saskatchewan et du territoire du
Yukon. Cet organisme a les objectifs suivants : favoriser une meilleure
collaboration régionale, accroître la compétitivité de la région dans les
marchés intérieurs et internationaux, tirer parti de l’influence exercée par la
région auprès d’Ottawa et de Washington et entretenir la croissance économique
de la région tout en préservant son environnement naturel.
Difficultés économiques
Les discussions sur les difficultés
économiques ont été axées sur :
·les principaux obstacles à la reprise
économique;
·les meilleurs pratiques pour atteindre la
reprise;
·l’évaluation des risques;
·la recherche de possibilités de développement
économique.
Pour ce qui est de la question des
principaux obstacles à la reprise économique, les participants ont cité six
aspects qui doivent être traités. Il faut faciliter l’accès au capital;
améliorer les compétences des travailleurs et leur productivité; encourager un
accroissement des investissements de la part des sociétés de capital risque; augmenter
les dépenses de recherche-développement; mettre en place une politique
économique gouvernementale stable; et réduire la réglementation
gouvernementale. Les délégués ont souligné que si ces problèmes ne sont pas
réglés, la reprise économique sera lente et difficile.
En ce qui concerne les pratiques
exemplaires, les participants ont mentionné un certain nombre de domaines que
les entreprises pourraient améliorer afin d’être en meilleure posture pour la
reprise économique. Il s'agissait de ceux-ci : améliorer l’efficacité,
être davantage innovateur et résilient et collaborer davantage avec tous les
ordres de gouvernement.
L’évaluation des risques a également
été vue comme un élément clé pour sortir du ralentissement économique. Les
conférenciers ont fait remarquer que les sociétés, en particulier les petites
entreprises, devront tenir compte d’un certain nombre de secteurs de risque
s’ils veulent « s’extirper de la récession ». Elles doivent notamment
être conscientes qu’il pourrait y avoir un autre ralentissement de l’économie
et planifier en conséquence; reconnaître que l’inflation sera plus forte;
savoir que les régimes de retraite sous-financés pourraient nuire à leurs
résultats; et être capables de s’adapter à des politiques gouvernementales
imprévisibles.
Enfin, cette séance a permis de dresser
une liste d’un certain nombre d’occasions qui pourraient être saisies si les
entreprises arrivaient à s’adapter aux changements dans l’économie. La capacité
de devenir plus efficace; la faculté de tirer parti de la réglementation
« intelligente » des gouvernements; la mise au point de régimes de
gouvernance plus efficaces et l’adoption d’une approche régionale pour la
résolution des problèmes économiques constituent ces possibilités.
Énergie et environnement
Les discussions de ce thème ont été
axées sur la capture et le stockage de CO2 (CSC) ainsi que sur une
brève analyse de ce que les États-Unis pourraient faire à l’avenir dans le
dossier des changements climatiques.
On a informé les participants à ces
discussions que le CSC est un processus de capture des émissions de CO2
et de stockage de celles-ci dans des formations géologiques sises à une grande
profondeur sous le sol. Des représentants du gouvernement de l’Alberta ont
résumé leur travail pour mettre au point cette technologie. En 2008, le
gouvernement de l’Alberta a créé l’Alberta Carbon Capture and Storage
Development Council (conseil albertain de développement de la capture et du
stockage du carbone) et a contribué à hauteur de 2 milliards de dollars à
la réduction des gaz à effet de serre grâce à de nouveaux projets de CSC.
En Alberta, des formations de roches
sédimentaires poreuses se trouvant sous des formations non poreuses conviennent
parfaitement à l’injection et au stockage à long terme du CO2. Le CO2
sera séparé des autres émissions puis déshydraté, compressé et injecté à une
profondeur d’un à deux kilomètres dans la formation rocheuse poreuse. L’Alberta
espère devenir chef de file pour la diffusion de cette technologie et la
commercialiser auprès d’autres autorités.
Des experts ont dit aux délégués qu’il
reste encore un certain nombre de problèmes à résoudre pour la mise en œuvre de
la CSC. Entre autres, il faut élaborer un cadre de réglementation, rendre la
technologie plus économique, mieux choisir les sites des projets et améliorer
les relations entre les intervenants afin que les projets soient accueillis
favorablement.
Répondant aux questions des
participants, les experts ont reconnu que cette technologie est très coûteuse
et qu’il faudrait mettre au point un grand projet pour démontrer qu’elle peut
fonctionner tout en renforçant la confiance du public envers celle-ci. On a
également relevé que les technologies de traitement du CO2 sont
essentielles car, ainsi que l’a dit un expert, il y a trois vérités sur
lesquelles tout le monde s’entend et qui s’appliquent à tous les
scénarios :
·la demande d’énergie va croître;
·l’époque de l’énergie bon marché est terminée
depuis un bon moment;
·davantage d’énergie signifie davantage de CO2.
Pour ce qui est des changements
climatiques, on a beaucoup discuté de ce qui pourrait se produire aux
États-Unis d’ici 12 à 18 mois. Certains participants se sont dits d’avis que,
parce que l’économie et les soins de santé sont à l’avant-plan du programme de
l’administration Obama, une loi sur les changements climatiques tarderait à se
concrétiser. D’autres pensaient que certaines mesures limitées pourraient être
prises dans ce domaine mais que cela se ferait plus probablement en 2011. En
dernier lieu, on a noté que, même en l’absence d’une loi, l’Environmental
Protection Agency (EPA) peut tout de même agir en matière de changement
climatique grâce à ses pouvoirs de réglementation. Cette option est toutefois
vue comme un dernier recours étant donné que l’EPA est un organisme de
réglementation plutôt que d’établissement de politiques.
Gouvernance
Les séances à Regina que les délégués
ont trouvées particulièrement intéressantes ont été celles portant sur les
divers régimes de gouvernance au Canada et aux États-Unis. Ces séances ont
donné lieu à une discussion libre entre les élus des deux côtés de la
frontière. On y a abordé les points suivants :
·les différences structurelles entre les régimes
de gouvernement du Canada et des États-Unis;
·le processus de création des projets de loi des
gouvernements provinciaux, des États et des gouvernements fédéraux;
·le rôle des comités de chaque ordre de
gouvernement;
·le rôle des consultations publiques, des groupes
d’intérêt et des médias dans chaque pays;
·les rapports que les gouvernements provinciaux
et des États ont avec leur gouvernement central respectif;
·ce qui motive les gens à tenter de se faire
élire.
L’un des principaux thèmes qui s’est
dégagé de ces séances a été que, bien que les régimes politiques du Canada et
des États-Unis diffèrent, les élus ont des objectifs semblables pour ce qui est
de servir leurs électeurs et de favoriser la bonne gouvernance.
Conclusions
Les délégués canadiens qui ont
participé à ces réunions les ont trouvées particulièrement instructives; ils
ont eu la possibilité d’exprimer leur point de vue sur une série de thèmes
intéressants. Les séances sur la gouvernance leur ont donné une excellente
occasion de parfaire leurs connaissances de la structure politique américaine
ainsi que d’informer leurs homologues américains sur le fonctionnement du
système politique canadien. Les délégués croient que cette activité améliorera
les relations canado-américaines et constitue un bon point de départ pour le
travail sur les problèmes communs aux deux pays.
Respectueusement soumis,
L’hon. Janis G. Johnson, sénateur
coprésidente
Groupe interparlementaire
Canada-États-Unis
Gord Brown, député
coprésident
Groupe interparlementaire
Canada-États-Unis