Du 3 au 6 septembre 2012, l’honorable Janis
Johnson, sénatrice, et M. Gord Brown, député, coprésidents du Groupe
interparlementaire Canada‑États‑Unis (GIP), ont représenté la Section canadienne du GIP
lors du Congrès national du Parti démocrate à Charlotte, en Caroline du Nord.
La délégation, qui faisait partie du Forum international des dirigeants
organisé par le National Democratic Institute (NDI), était accompagnée de Mme June Dewetering,
conseillère principale de la Section canadienne.
LE CONGRÈS
C’est à l’occasion du Congrès national du
Parti démocrate, tenu tous les quatre ans, que l’on nomme les candidats du
Parti à la présidence et à la vice‑présidence et que l’on élabore puis
adopte la plateforme électorale.
Le NDI est un organisme non gouvernemental
et non partisan qui fait la promotion de sociétés démocratiques munies d’un
régime politique multipartite et libre qui reconnaissent et défendent les
droits de la personne. Dans le but d’établir et de renforcer des institutions
et des pratiques démocratiques, le NDI collabore avec des partenaires provenant
de plus de 100 pays afin de mettre sur pied des organismes politiques et
communautaires, de protéger le processus électoral et d’encourager la participation
des citoyens, l’ouverture et la reddition de comptes au sein des gouvernements.
Comme il a été noté précédemment, la
délégation de la Section canadienne du GIP a participé au Congrès national
par l’entremise du Forum international des dirigeants du NDI. Créé en 1983, le
NDI a invité pour la première fois des observateurs internationaux au Congrès
en 1984 et leur a permis de prendre part aux activités organisées. En outre, le
forum international permet de reconnaître les efforts déployés à l’échelle mondiale
pour appuyer le développement de la démocratie.
OBJECTIFS DE LA DÉLÉGATION AU COURS DU CONGRÈS
Le Canada et les États-Unis ont des
relations mutuellement avantageuses. Selon des statistiques récentes, huit
millions d’emplois américains dépendent du commerce avec le Canada, et deux
millions et demi d’emplois canadiens dépendent du commerce avec les États-Unis.
En outre, en 2011, les échanges commerciaux entre les deux pays étaient estimés
à plus de 700 milliards de dollars, c’est-à-dire plus de 1,9 milliard
de dollars par jour, ou 1,3 million de dollars par minute. À l’heure
actuelle, le Canada est le principal pays d’exportation de 35 États américains.
Le Groupe interparlementaire Canada–États-Unis vise à trouver des points de convergence dans les politiques
nationales des deux pays, à instaurer un dialogue sur les divergences entre
celles-ci et à favoriser les échanges d’information, en plus de permettre aux
parlementaires canadiens et américains de mieux comprendre les préoccupations
communes. Les membres de la Section canadienne du GIP rencontrent régulièrement
leurs homologues fédéraux et, au cours des dernières années, ils ont également
assisté à diverses réunions des gouverneurs et législateurs des États
américains. Lors de ces activités, les délégués canadiens ont profité des
discussions pour aider la Section canadienne à atteindre ses objectifs et à
sensibiliser tous les participants à la nature et à l’ampleur de la relation
bilatérale entre les deux pays.
Les membres de la Section canadienne ont
estimé que le Congrès national du Parti démocrate de 2012 se révélait
l’occasion idéale pour observer le processus politique américain et rencontrer
certains législateurs fédéraux des États-Unis qui étaient présents. Jugeant que
ses membres ont atteint leurs objectifs concernant le Congrès, la Section
canadienne entend assister aux prochains congrès nationaux du Parti démocrate.
ACTIVITÉS
Au cours du Forum international des dirigeants du NDI, les délégués
ont assisté à des séances portant sur des questions relatives aux élections et
à d’autres sujets, notamment les campagnes de publicité électorale, les
sondages et les débats. Voici la liste des séances organisées :
·La campagne de 2012 : Le rôle des
primaires, des congrès électoraux et des débats présidentiels
·La campagne de 2012 selon les publicités, les
anecdotes et les médias
·Comment gouverneraient-ils?
·Les nouvelles frontières des sondages
·Les campagnes électorales au XXIe
siècle
·Investir dans les villes du XXIe
siècle
·Mesures prises par la communauté internationale
concernant la pauvreté et le développement humain
·La prochaine administration et le rôle des
États-Unis dans le monde
Le présent rapport résume les séances
prévues au programme du Forum international des dirigeants. Il ne fait pas état
des discours de nature politique.
INTRODUCTION
L’honorable Madeleine Albright, ancienne
secrétaire d’État américaine et présidente du National Democratic
Institute
·Depuis sa création, le processus démocratique
américain est un modèle pour les peuples partout dans le monde.
·La démocratie est le régime politique le plus
équitable et le plus efficace.
·Les électeurs ne devraient pas hésiter à exiger
ce qu’il y a de mieux.
·Pour le peuple américain, l’élection de 2012
sera la 57e occasion de choisir librement un dirigeant.
·La plateforme des partis politiques et les
discours livrés lors des congrès sont importants.
LA CAMPAGNE DE 2012 : LE RÔLE DES PRIMAIRES, DES
CONGRÈS ÉLECTORAUX ET DES DÉBATS PRÉSIDENTIELS
Eugene Robinson, Washington Post, a
posé des questions aux personnes suivantes :
·L’honorable Frank Fahrenkopf, Jr., Commission
des débats présidentiels et ancien président du Comité national du Parti
républicain
·L’honorable Paul Kirk, ancien sénateur,
Commission des débats présidentiels
·L’honorable Howard Dean, ancien gouverneur du
Vermont et ancien président du Comité national du Parti démocratique
·Elaine Kamarck, Université Harvard, ancienne
conseillère en politiques de la Maison-Blanche.
Eugene Robinson :Les primaires républicaines servent-elles à
pousser les candidats à la présidence aux extrêmes, rendant tout consensus
impossible après la nomination et créant ainsi une impasse?
Howard Dean
·Il est vrai, dans une certaine mesure, que les
primaires républicaines ont mené des candidats à énoncer des positions qu’ils
n’auraient jamais exposées dans d’autres circonstances.
·Les activistes des partis politiques jouent un
très grand rôle dans le processus entourant les primaires.
Paul Kirk
·Ce n’est pas nécessairement vrai que les
primaires républicaines ont mené des candidats présidentiels à dire des choses
qu’ils n’auraient jamais exposées dans d’autres circonstances.
·L’objectif des primaires est de faire participer
un plus grand nombre de personnes au processus électoral.
·En règle générale, les activistes participent
beaucoup au processus électoral.
·Si l’objectif est de renforcer la démocratie, il
n’est pas utile de tomber dans la démagogie puisque les personnes modérées sont
alors laissées pour compte.
Elaine Kamarck
·La participation aux primaires du Congrès est
relativement basse : en 2010, en moyenne 3 % de l’électorat y a
participé, cette proportion atteignant les 7,5 % dans les régions où les
luttes étaient plus serrées.
·Le régime politique américain a une nature
entrepreneuriale, en ce sens que quiconque souhaite présenter sa candidature
pour un siège au Congrès peut le faire.
Eugene Robinson : Le processus des primaires encourage-t-il
les personnes à adopter des positions polarisées afin de « déjouer »
leurs adversaires?
Frank Fahrenkopf, Jr.
·Il faudrait, au cours des primaires, établir une
« infrastructure » qui pourrait être utilisée au cours des élections
générales.
·Les primaires ont bien préparé le candidat à la présidence
Mitt Romney aux débats avec le président Barack Obama.
·En général, les personnes qui participent aux
congrès politiques sont plus droitistes ou gauchistes que la moyenne des
partisans.
·Les problèmes que rencontrent les républicains
en ce qui concerne le vote de la population hispanophone étaient présents avant
que le candidat Mitt Romney n’expose sa position sur l’immigration.
Eugene Robinson : Pourquoi accorde-t-on autant d’importance
à l’Iowa et au New Hampshire dans le processus politique?
Paul Kirk
·Il y a trop d’argent en politique, et de trop
grandes sommes sont consacrées aux publicités négatives.
·Il est plus facile de mobiliser les petits
États.
·Il est important que les partis politiques
tiennent compte des opinions de la population au moment d’établir leurs valeurs
et leur vision.
Elaine Kamarck
·L’Iowa et le New Hampshire sont les États où il
est le plus facile de rencontrer les électeurs en personne.
·Avant 1972, les primaires n’étaient pas un
événement majeur. Depuis, l’Iowa et le New Hampshire ont gagné en importance,
un phénomène qui n’était pas prévu.
Howard Dean
·Il faut commencer dans les petits États, là où
il est possible de faire de la « politique au détail ».
·Il est important d’assurer une diversité sur les
plans géographique et ethnique.
Eugene Robinson : Les congrès politiques sont-ils plus
qu’une tribune permettant de communiquer de l’information?
Frank Fahrenkopf, Jr.
·Les congrès politiques sont toujours plus
importants pour la personne qui se présente contre le président sortant.
·Les congrès politiques, tenus tous les quatre
ans, sont le seul moment où les activistes se rassemblent.
·La télévision ne montre pas tout ce qui se
produit au cours des congrès politiques.
Paul Kirk
·Il faut envisager les congrès politiques dans le
contexte des élections générales comme un moyen de remporter la présidence.
·Les congrès politiques sont une occasion d’unir
les partis.
·S’il s’avère impossible pour un parti de
« gérer ses propres affaires », il y a peu de chance qu’il soit en
mesure de gouverner un pays.
Eugene Robinson : En 2016, quelle sera la durée des congrès
nationaux?
Howard Dean
·En 2016, le Congrès national du Parti
démocratique durera probablement trois jours.
·Les congrès politiques sont comme des
publireportages sans aucune censure.
Elaine Kamarck
·Certaines personnes estiment que les congrès
politiques sont désuets puisque les candidats sont sélectionnés lors des
primaires, mais il est important de noter que ce n’est pas toujours le cas.
Mentionnons les cas de 1972, de 1976 et de 1980, et le fait que les
congrès jouent un rôle juridique en ce qui concerne les nominations.
·Les congrès politiques sont l’occasion pour les
partis de se rassembler tous les quatre ans.
·Les congrès politiques permettent aussi de
repérer les membres les plus prometteurs.
Frank Fahrenkopf, Jr.
·Les journalistes couvrent la plupart des
principaux éléments des congrès politiques.
·Les congrès politiques sont un moyen de faire
connaître les membres prometteurs d’un parti politique.
Eugene Robinson : Pourquoi les débats sont-ils importants?
Paul Kirk
·Les électeurs se lassent de la multiplication
des publicités politiques payées.
·Les débats politiques sont pour les Américains
l’occasion de voir les candidats à la présidence et à la vice-présidence dans
un environnement moins « artificiel », plus
« authentique ». Les débats sont, en fait, un moment unique.
·Les débats permettent aux Américains d’observer
les différences entre les partis politiques. En 2012, la différence ne pourrait
être plus claire.
Frank Fahrenkopf, Jr.
·Le premier débat présidentiel a eu lieu en 1960
entre le sénateur John Kennedy et le vice-président
Richard Nixon, mais il a fallu attendre 16 ans avant qu’un autre
débat ne soit organisé.
·Après avoir accordé sa grâce à Richard Nixon, le
président Gerald Ford a participé à un débat avec le candidat présidentiel
Jimmy Carter.
·En 1980, John Anderson, candidat indépendant, a
participé au premier débat présidentiel, mais le président Carter a refusé de
débattre avec lui et Ronald Reagan. Toutefois, Anderson n’avait pas assez
d’appuis pour participer au deuxième débat. Le Président Carter a donc affronté
le gouverneur Ronald Reagan.
Eugene Robinson : Quel est votre moment favori parmi tous les
débats présidentiels de l’histoire?
Howard Dean
·Pour moi, ce fut lorsque, au cours du débat à la
vice-présidence, Lloyd Bentsen a indiqué au vice-président Dan Quayle
qu’il n’était pas le président John Kennedy.
Elaine Kamarck
·Pour ma part, un de mes moments favoris s’est
produit pendant le débat présidentiel de 1984. Le président Ronald Reagan a dit
qu’il ne ferait pas un plat de la jeunesse et du manque d’expérience de
l’ancien vice‑président Walter Mondale.
Eugene Robinson : Quelle est la fonction de la « spin
room »?
Elaine Kamarck
·La « spin room » sert à présenter aux
médias les moments forts du débat : les meilleurs coups du candidat et les
fautes de l’adversaire.
·Le « spin » influence la soirée du
débat et les cinq ou six jours suivants où les électeurs réfléchissent au
débat.
Frank Fahrenkopf, Jr.
·Lors des élections de 2008, 38 % des votes
ont été exprimés avant le jour de l’élection. Cette année, cette proportion
pourrait atteindre 40 %.
·Compte tenu de la popularité croissante du vote
par anticipation, certains se demandent s’il ne serait pas préférable de tenir
les débats plus tôt au cours de la campagne.
Howard Dean
·Au Vermont, il est possible de modifier son vote
si celui-ci a été effectué à l’aide d’un bulletin de vote d’un absent.
·En règle générale, les personnes qui votent par
anticipation ne changent pas d’idée.
·L’élection actuelle est polarisée : chaque
parti obtient l’appui de 45 % de l’électorat, le 10 % restant ne
votera probablement pas par anticipation.
LA CAMPAGNE DE 2012 SELON LES PUBLICITÉS, LES
ANECDOTES ET LES MÉDIAS
Mika Brzezinski, journaliste de MSNBC, et
Joe Scarborough, ancien membre de la Chambre des représentants et journaliste
de MSNBC, ont présenté leurs opinions et posé des questions aux personnes
suivantes :
ØMark
Halperin, auteur, TIME Magazine, Time.com et MSNBC
ØJohn
Heilemann, auteur, New York Magazine et NYMag.com
ØSam
Stein, The Huffington Post
ØMichael
Steele, ancien président du Comité national du Parti républicain
Joe Scarborough : Dans quelle mesure les médias doivent-ils jouer
un rôle « d’arbitre » au cours de la campagne électorale, par
exemple, en relevant les publicités citant de fausses informations?
John Heilemann
·Les journalistes ne sont pas des experts en
politiques et peuvent ne pas se sentir en mesure d’évaluer la véracité des
allégations.
·Lorsque l’on travaille avec des délais, il n’y a
parfois pas assez de temps pour confirmer l’exactitude des faits, ce qui donne
lieu à des tournures au conditionnel comme « serait faux ».
Joe Scarborough : Les médias sont-ils objectifs?
Mika Brzezinski
·Il est possible que personne ne croie en
l’objectivité des médias.
·Les manchettes sont diluées par des reportages
qui ne relèvent pas de la nouvelle, comme les divertissements.
Sam Stein
·Les médias n’ont pas un parti pris pour la
droite ou la gauche; ils ont plutôt un penchant pour les conflits.
Joe Scarborough
·Les réseaux de nouvelles ont presque
exclusivement un parti pris libéral.
Joe Scarborough : Les médias devraient-ils clairement révéler leurs
« partis pris » en avertissant le public lorsqu’ils présentent leurs
opinions plutôt que d’entretenir une façade objective?
Mark Halperin
·Il faut donner la priorité aux solutions.
·Les républicains estiment que les médias sont
contre eux.
·Les médias ne s’intéressent qu’aux conflits.
·Le pays a besoin d’un électorat bien informé par
des sources d’information crédibles et objectives.
Mika Brzezinski : Dans quelle mesure la transparence des
médias concernant leurs partis pris serait-elle utile?
Mark Halperin
·Il nous faut des personnes objectives.
Mika Brzezinski
·Les médias n’ont pas besoin d’énoncer leur avis
avec transparence. Ils doivent plutôt veiller à exposer tous les points de vue.
Michael Steele
·Il arrive souvent que les médias reprennent le
discours de la classe politique, peu importe la véracité des renseignements.
·Les médias peuvent décider de ne pas rapporter
la vérité si un mensonge permet de renforcer ce discours politique.
Sam Stein
·Les médias doivent établir leur crédibilité et
gagner la confiance du public.
Joe Scarborough : Pourquoi les candidats présidentiels sont-ils
en mesure d’éviter les journalistes et d’utiliser Internet pour communiquer
leurs messages?
Mark Halperin
·Les candidats présidentiels ont horreur de
prendre des risques, et les médias ont perdu leur crédibilité.
·Les médias tentent de piéger les candidats et
les mettre dans l’embarras.
John Heilemann
·Pour les médias, l’accès est fondamental.
·De moins en moins de réseaux de nouvelles ont
les moyens de placer un journaliste au sein de l’équipe électorale d’un
candidat, et les réseaux qui peuvent se le permettre envoient souvent de jeunes
journalistes inexpérimentés. Les candidats peuvent éprouver de la réticence à
parler à ces journalistes.
Mika Brzezinski
·Les candidats décident d’accorder une entrevue
en partie selon la crédibilité de l’intervieweur.
·Le candidat à la présidence Romney n’accorde des
entrevues qu’au réseau Fox.
Michael Steele
·Puisque l’attaque est la meilleure forme de
défense, les candidats ne devraient pas éviter les journalistes intelligents.
Joe Scarborough : Quels ont été les moments déterminants de
la campagne de 2008?
Sam Stein
·Les SuperPAC (Super Political Action Committee,
« super comité d’action politique ») ont grandement bouleversé
l’évolution des élections.
·Les SuperPAC peuvent « acheter » les
élections dans un État.
Joe Scarborough : Les médias sont-ils tenus de « crier
à l’injustice »?
John Heilemann
·Les électeurs ne font pas le lien entre le
comité d’action politique Restore Our Future et le SuperPAC du candidat
présidentiel Romney.
·De nombreuses publicités semblent anonymes lorsqu’elles
ne sont pas suivies du message « Publicité approuvée par ___ ».
Sam Stein
·Les journalistes doivent obtenir l’information
pour le public.
Michael Steele
·La presse cible les donateurs.
Mika Brzezinski : Est-ce que l’on s’attend à ce que les
électeurs ignorent volontairement la relation entre les candidats et les
SuperPAC?
John Heilemann
·Ce qui est avantageux pour une personne l’est
aussi pour l’autre.
Joe Scarborough : Est-ce que les deux partis politiques se
permettent plus que jamais de manipuler les faits?
Michael Steele
·Les publicités politiques sont conçues pour
provoquer une réaction épidermique et faire parler le public (« Avez-vous
vu cette publicité? »)
·Les publicités sont conçues pour tirer parti des
créneaux publicitaires de 30 secondes pendant les émissions
télévisées que regardent les électeurs.
Sam Stein
·Au sujet de la malhonnêteté, les avantages
dépassent les conséquences.
COMMENT GOUVERNERAIENT-ILS?
Norman Ornstein, de l’American Enterprise
Institute, et John Fortier, du Bipartisan Policy Center, ont dirigé la
discussion entre les personnes suivantes :
ØTom
Daschle, ancien leader de la majorité au Sénat américain
ØScot Lehigh, The
Boston Globe
ØVin
Weber, ancien membre de la Chambre des représentants américaine
ØJohn
Podesta, ancien chef d’état-major à la Maison-Blanche
ØRyan Lizza, The New
Yorker.
Norman Ornstein : Que peut-on dire du fait que, lorsque le
candidat à la présidence Mitt Romney était gouverneur du Massachusetts,
l’Assemblée législative de l’État était composée à 85 % de membres du
Parti démocrate
Scot Lehigh
·Lorsqu’il était gouverneur du Massachusetts,
Mitt Romney était entouré d’un bon cabinet et il y avait peu de cas de
népotisme. Toutefois, dans certains dossiers – à l’exception de
« Romneycare » – le gouverneur Romney faisait des propositions,
mais elles n’aboutissaient pas.
·Il était plus facile pour Romney, lorsqu’il
était gouverneur, de travailler avec les républicains de l’Assemblée
législative du Massachusetts.
Norman Ornstein : Si Mitt Romney est élu président, de quelle
manière aborderait-il ce groupe particulier de républicains au Congrès?
Vin Weber
·S’il est élu président, Mitt Romney aura de la
difficulté avec les républicains conservateurs.
John Fortier : Si Mitt Romney est élu président, aurait-il plus
tendance à collaborer avec les leaders du Tea Party, comme le Président
John Boehner, ou avec ses membres?
Vin Weber
·S’il est élu président, Mitt Romney tendrait
probablement la main aux membres du Congrès.
Norman Ornstein : Est-ce que l’équipe de la campagne de
Mitt Romney est consciente que, si son candidat est élu, il faudra
immédiatement se pencher sur les dossiers financiers?
Vin Weber
Si les républicains souhaitent mettre en œuvre une stratégie,
les décisions seront probablement prises par les leaders au Sénat.
Norman Ornstein : Est-ce que le candidat à la
vice-présidence Paul Ryan serait un bon intermédiaire entre la Maison-Blanche
et le Congrès?
Ryan Lizza
·Le Parti républicain est en grande partie dirigé
par son « aile » du Congrès.
·Les raisons qui ont mené Mitt Romney à
choisir Paul Ryan comme candidat à la vice-présidence ne sont pas claires.
Ce pourrait être pour ses liens avec le Congrès, pour son bon
« parcours » en tant que conservateur ou pour son leadership
intellectuel.
Norman Ornstein : Le candidat à la vice-présidence Paul
Ryan est-il une figure emblématique du Tea Party?
Ryan Lizza
·Paul Ryan est affilié à la faction conservatrice
du Parti républicain.
·Il a fait « échouer » trois mesures
visant à régler les questions financières, notamment la Commission nationale
sur la responsabilité et la réforme financière et le plan du Gang of Six.
·Les propositions financières n’aboutissent pas
sans l’approbation officielle de Paul Ryan.
Vin Weber
·Paul Ryan a fait sa propre éducation en
économie de croissance, et non en économie d’austérité.
·Il n’entretient pas de lien avec l’aile du Parti
républicain qui prône l’austérité.
John Fortier : Si Barack Obama est réélu à la présidence, quelle
serait sa relation avec le Congrès, quel serait le rôle du Sénat et Obama serait-il
en mesure d’obtenir l’appui du parti opposé?
Tom Daschle
·S’il obtient un second mandat, Obama n’aura pas
à se présenter devant l’électorat une troisième fois. Il pourrait donc agir
comme un véritable homme d’État plutôt que de faire de la politique.
·Le leadership et la personnalité sont des
facteurs importants.
·Le 113e Congrès devra se pencher sur
certains dossiers, comme la réforme fiscale et le mur financier.
·Il est peu probable que les relations soient
plus saines durant le second mandat qu’elles ne l’ont été au cours du premier.
Norman Ornstein : Que nous réserve l’avenir si l’on tient
compte du fait que certains sénateurs cherchent des solutions, que le Tea Party
a de plus en plus de poids au Sénat et que la Chambre des représentants se
polarise?
Tom Daschle
·L’avenir risque d’être compliqué. Certaines
personnes demeurent en poste, mais on voit arriver des nouveaux venus plus
belligérants.
Norman Ornstein : Que peut-on dire du
Président Boehner?
Vin Weber
·Le Président Boehner est un législateur et il
sait comment, au besoin, travailler avec les représentants des deux partis.
·La réduction du crédit souverain des États-Unis
pourrait provoquer des changements de comportement.
·Parfois, il est plus facile de prendre une seule
mesure d’envergure que d’adopter plusieurs petites mesures.
John Podesta
·L’équilibre du pouvoir va changer puisque le
Congrès devra se pencher sur le mur financier et d’autres dossiers.
Tom Daschle
·Le président Obama ne devrait pas adopter une
position que les républicains ne pourront pas appuyer, comme ce fut le cas avec
le système de soins de santé (Obamacare).
John Fortier : Quelles seront les priorités d’Obama s’il est réélu?
Ryan Lizza
·Peu importe qui remporte les élections, il est
clair qu’une des principales priorités, voire la principale priorité, du
président sera de régler le problème du mur financier.
·Après avoir réglé ce dossier, le président devra
se pencher sur l’immigration, les changements climatiques et la prolifération
nucléaire.
·En ce qui concerne la politique étrangère, il
faudra se pencher sur le virage vers l’Asie.
Norman Ornstein : Les États-Unis doivent-ils encourager la
communauté internationale à offrir de l’aide financière aux pays qui en ont
besoin?
Vin Weber
·Mitt Romney a un solide groupe consultatif en
matière de politique étrangère.
·Le Parti républicain a grandement réfléchi aux
questions relatives à l’aide internationale.
·Les compressions budgétaires peuvent avoir des
effets destructeurs.
·L’aide internationale provenant du secteur privé
« gonfle » celle du secteur public.
John Fortier : Peut-on s’appuyer sur les mesures qu’a prises
Mitt Romney lorsqu’il était gouverneur du Massachusetts pour mieux
comprendre quelle serait sa politique étrangère?
Scot Lehigh
·La politique étrangère de Mitt Romney ne diffère
pas beaucoup de celle du président Obama.
Tom Daschle
·La secrétaire d’État américaine, Hillary
Clinton, a fait un travail exemplaire.
Norman Ornstein : Est-ce que le fait d’obtenir un second
mandat mène le président à donner plus d’importance à la politique étrangère?
John Podesta
·Les défis actuels sont d’ordre national.
Tom Daschle
·Les problèmes nationaux sont souvent cruciaux.
LES NOUVELLES FRONTIÈRES DES SONDAGES
Katty Kay, de la BBC, a dirigé la
discussion entre les personnes suivantes et leur a posé des questions :
ØPeter
Hart, Hart Research Associates
ØStan
Greenberg, Greenberg Quinlan Rosner Research
ØJon
Cohen, Washington Post
ØWhit
Ayres, North Star Opinion Research
Peter Hart
·Selon un sondage, deux Américains sur trois
estiment que les États-Unis ne sont pas sur la bonne voie.
·Les répondants ne sont pas optimistes par
rapport à l’économie.
·Aux États-Unis, la « banque de
confiance » est défaillante.
·Les répondants au sondage estiment que les
États-Unis perdent leur place sur la scène internationale alors que la Chine
s’affirme de plus en plus.
·De plus en plus d’Américains sont d’avis que la
prochaine génération connaîtra une situation moins favorable que la génération
actuelle.
·Pour la plupart des Américains, la perte
d’emploi et la forclusion ont touché un membre de la famille proche.
·Quand les Américains ont confiance en leur
économie nationale, le président sortant s’en tire habituellement bien lors des
élections. Ainsi, la situation n’est pas rose pour Obama et le Parti démocrate.
·On remarque que, au cours des élections de 2012,
les jeunes et les électeurs hispanophones – qui appuient depuis longtemps le
Parti démocrate et le président Obama – s’impliquent moins qu’au cours des
élections précédentes.
·Les électeurs sélectionneront le candidat qu’ils
aiment et qui leur inspire le plus confiance. Ils voteront pour le candidat
qui, à leurs yeux, fera « avancer » les États-Unis de nouveau.
·Environ 36 % des répondants ont une opinion
négative de Mitt Romney parce qu’il refuse de dévoiler ses déclarations de
revenus.
Stan Greenberg
·Il faut observer ce qui s’est produit aux
États-Unis au cours des 30 dernières années et placer la classe
moyenne au cœur de la politique et des politiques.
·Le « rêve de la classe moyenne » a de
moins en moins de chance de se réaliser.
·Aux États-Unis, l’endettement augmente, le
nombre d’emplois diminue et le pouvoir d’achat décline depuis longtemps. Ces
réalités étaient en place avant l’arrivée de la crise financière et économique
mondiale.
·De nombreux Américains estiment que l’ancien président
George W. Bush est responsable des difficultés économiques actuelles des
États-Unis.
·En moyenne, les personnes qui trouvent un nouvel
emploi après s’être retrouvées au chômage ont un salaire 20 % moins élevé.
·La population veut savoir ce que compte faire
leur président à long terme.
Whit Ayres
·En raison du chômage et du sous-emploi, les
électeurs américains sont effrayés et, du point de vue politique, les personnes
agissent différemment sous l’effet de la peur.
·Si l’on compare les deux candidats
présidentiels, Obama fait moins bonne figure en ce qui concerne la capacité de
« gérer » l’économie.
Jon Cohen
·Pendant plus d’un an, le président Obama a été
sévèrement critiqué pour sa « gestion » de l’économie.
·Les répondants au sondage estiment que Mitt
Romney est plus apte à gérer l’économie, mais qu’Obama comprend mieux les
préoccupations économiques de la population, qu’il a une plus grande capacité
d’empathie et qu’il est plus sympathique.
·Bon nombre d’électeurs ont déjà arrêté leur
choix. Un très grand nombre de personnes ne s’en tiennent qu’aux partis.
Katty Kay : Comment évoluent les sondages?
Whit Ayres
·Les téléphones cellulaires changent la manière
dont on mène les sondages. Il faut désormais s’assurer de sonder les personnes
qui possèdent un téléphone cellulaire.
·Les appels automatisés ne fonctionnent pas avec
les cellulaires.
·Le public ne veut pas parler à des sondeurs au
téléphone, ce qui pourrait faire augmenter le recours aux sondages en ligne.
Katty Kay : De quelle manière les sondeurs trouvent-ils les
personnes qui « valent la peine » d’être sondées?
Stan Greenberg
·Il n’y a pas beaucoup d’électeurs flottants.
·On communique avec les personnes sur leur
cellulaire et par Internet.
·Les changements démographiques changent la façon
dont on effectue les sondages.
·L’élément le plus important à prendre en
considération est le « cadre narratif » : quels sont les
principaux enjeux de l’élection?
Whit Ayres
·Dans les pays du tiers monde, il est très
difficile d’effectuer des sondages, même si la majorité de la population
possède un téléphone cellulaire.
Peter Hart
·Il arrive de plus en plus souvent que des
sondages soient menés avant que la population n’ait eu le temps de se faire une
opinion ferme.
Jon Cohen
·Au fil du temps, il est devenu de plus en plus
facile de recueillir de l’information.
·Pour s’assurer d’avoir un échantillon aléatoire,
il faut sonder les adultes possédant un téléphone cellulaire.
·Aucun échantillon ne représente fidèlement
l’électorat américain.
·Les gens consultent les résultats de sondages
pour différentes raisons. Toutefois, il ne faut pas considérer les sondages
comme des prédictions, mais plutôt comme des outils donnant de l’information.
·La méthodologie des sondages est essentielle. La
population sondée comprend-elle des personnes possédant des téléphones
cellulaires? L’échantillon comprend-il tant des personnes vivant en milieu
urbain que des personnes vivant en milieu rural?
Katty Kay : De quelle manière les équipes de campagne
utilisent-elles les sondages?
Whit Ayres
·Les équipes utilisent l’information que
fournissent les sondages pour déterminer quels enjeux sont importants aux yeux
des électeurs et quels messages les interpellent.
Peter Hart
·Le président Obama et le candidat Mitt Romney
doivent faire preuve de leadership et présenter la voie que doivent suivre les
États-Unis.
LES CAMPAGNES ÉLECTORALES AU XXIe
SIÈCLE
Riz Khan, de la chaîne anglaise d’Al
Jazeera, a posé des questions aux personnes suivantes :
ØGigi
Sohn, Public Knowledge
ØMindy
Finn, Twitter
ØAndy
Bleeker, Hill & Knowlton.
Riz Khan : Qu’est-ce qui a changé dans la manière d’aborder les
enjeux?
Gigi Sohn
·La technologie a placé les politiciens sur un
même pied et a resserré leur obligation de rendre des comptes.
·La technologie met au jour les ententes conclues
en catimini.
Riz Khan : De quelle manière les organismes réagissent-ils par
rapport au fait que la technologie place tout le monde sur un pied d’égalité?
Mindy Finn
·La technologie a un grand pouvoir d’égalisation.
Tous ont désormais les mêmes chances, mais les résultats ne sont pas
nécessairement les mêmes.
·L’argent n’est plus le facteur déterminant le
résultat des élections.
·La population peut s’assembler en ligne et sa
voix peut avoir plus de poids que l’argent. Cela ne signifie toutefois pas
qu’elle gagnera à tout coup.
·La technologie fait tomber les murs et
transcende le temps.
·La grande majorité du travail d’organisation se
passe en ligne.
Riz Khan : De quelle manière les campagnes présidentielles
ont-elles changé?
Andrew Bleeker
·De nombreux éléments « fondamentaux »
de la campagne demeurent les mêmes. L’argent est encore important, les
électeurs doivent s’inscrire sur les listes et il faut les inciter à aller
voter.
·Il faut se souvenir de ces trois piliers :
message, argent et mobilisation.
·La mobilisation en ligne a permis de renforcer
la mobilisation « hors ligne ».
·Grâce à la technologie numérique, il est
possible de diffuser rapidement un message sans pourtant avoir un grand budget
de publicité.
Riz Khan : Compte tenu du phénomène croissant de l’apathie des
électeurs, est-il possible que la technologie numérique encourage davantage de
personnes à voter?
Andrew Bleeker
·La technologie numérique changera probablement
le taux de participation des électeurs, mais il ne faut pas oublier que ce sont
les États qui déterminent la manière de voter et le moment du scrutin.
·Il est important de susciter l’enthousiasme de
la population par rapport aux élections puis d’exciter cet enthousiasme.
Mindy Finn
·Une crise constitue autant un risque qu’une
chance à saisir.
·Les personnes devraient s’adresser aux autres de
la même manière qu’elles souhaiteraient être traitées.
Gigi Sohn
·Il est important d’interpeller les électeurs, de
maintenir leur intérêt et d’établir une relation personnelle avec eux.
INVESTIR DANS LES VILLES DU XXIe SIÈCLE
Charles Ogletree, de l’université Harvard,
a posé des questions aux personnes suivantes :
ØAnthony
Foxx, maire de Charlotte, Caroline du Nord
ØMichael
Nutter, maire de Philadelphie, Pennsylvanie
ØMatteo
Renzi, maire de Florence, Italie
ØAnnise
Parker, maire de Houston, Texas
Charles Ogletree : Dans quelle mesure les villes ont-elles
la même utilité qu’un laboratoire?
Anthony Foxx
·Les villes sont des laboratoires.
·L’infrastructure et l’urbanisme représentent la
façon dont les leaders du passé envisageaient l’avenir de la ville.
·L’objectif est de ne pas causer de conséquences
indues pour l’environnement et de promouvoir le développement durable.
Michael Nutter
·Les villes sont des incubateurs d’innovation.
Annise Parker
·L’objectif est de protéger l’environnement et
d’assurer le développement durable.
Matteo Renzi
·Les villes sont des incubateurs d’innovation.
·La priorité de certaines villes est de conserver
le patrimoine culturel.
Charles Ogletree : Dans quelle mesure les villes se font-elles
concurrence pour attirer des entreprises et des résidents, et de quelle manière
le font‑elles?
Michael Nutter
·Les villes font concurrence à d’autres régions
des États-Unis et du monde pour attirer des entreprises et des résidents.
·Les villes devraient avoir pour objectif
d’encourager l’innovation et l’entrepreneuriat et d’établir un milieu
favorisant la création d’emplois.
Annise Parker
·Les villes peuvent orienter leur développement
selon le contexte régional.
·Les villes se font concurrence à l’échelle
mondiale.
Anthony Foxx
·Les villes devraient concentrer leurs efforts
sur les commodités qui améliorent la qualité de vie et la création d’un milieu
favorable aux entreprises.
Matteo Renzi
·En Italie, il est difficile de surmonter les
lourdeurs administratives.
Charles Ogletree : Quelles sont les priorités des villes
pour l’avenir?
Annise Parker
·En plus d’attirer la « crème » de la
main-d’œuvre partout dans le monde, les villes devraient également former leur
propre main-d'œuvre qualifiée.
Anthony Foxx
·Il faut combler les écarts de rendement dans les
écoles.
Michael Nutter
·La diversité – y compris le respect du genre, de
la race et de la religion – devrait être considérée comme une force.
·Il faudrait encourager les petites entreprises à
exporter leurs produits et leurs services.
·Puisque la planète « rétrécit », il
faut apprendre à connaître les autres peuples.
Matteo Renzi
·À Florence, le passé et l’avenir vont de pair.
·Les villes sont les capitales de la
mondialisation.
Charles Ogletree : Quels défis attendent les villes au cours
de la prochaine décennie?
Anthony Foxx
·Il faut revoir les administrations locales. Les
considérations politiques ne sont plus aussi importantes qu’avant.
·Les gens s’établissent dans une région, mais pas
nécessairement dans une ville.
Michael Nutter
·Il est nécessaire d’investir dans l’éducation
pour assurer l’innovation.
·Il faut revoir la façon dont l’éducation est
financée.
·L’éducation devrait faire partie des éléments de
défense nationale des États-Unis.
Annise Parker
·La priorité pour les 10 prochaines années
devrait être l’éducation et les investissements pour reconstruire
l’infrastructure des États-Unis, notamment les autoroutes, les ponts et les
réseaux d’aqueduc.
·Les dépenses devraient être effectuées en toute
transparence, et les contribuables devraient avoir l’impression que leur argent
est utilisé à bon escient.
Matteo Renzi
·Pour les 10 prochaines années, la priorité
devrait être le développement durable, l’éducation et la culture.
MESURES PRISES PAR LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
CONCERNANT LA PAUVRETÉ ET LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN
Michael Elliott, de la Campagne ONE, a posé
des questions aux personnes suivantes :
ØMorgan
Tsvangirai, premier ministre du Zimbabwe
ØTom
Daschle, ancien leader de la majorité au Sénat des États-Unis
ØDavid
Miliband, député du Parlement du Royaume-Uni
ØAshley
Judd, actrice et activiste humanitaire
Michael Elliott : Que devrait faire la communauté
internationale pour appuyer le développement des États comme le Zimbabwe?
Morgan Tsvangirai
·Le leardership aide à déterminer si un pays se
sortira de la pauvreté ou non.
·Il s’est opéré un changement de paradigme en
Afrique au cours des 10 dernières années.
·On peut s’attaquer aux problèmes comme le VIH
avec l’aide humanitaire internationale.
·Il faut aider les États à relever eux-mêmes
leurs problèmes. Il faut donner aux communautés locales les moyens et le
pouvoir de régler leurs propres problèmes.
Michael Elliott : Washington est-elle consciente du fait
que l’aide humanitaire « intelligente » a eu des résultats avantageux
concrets?
Tom Daschle
·Les politiciens des États-Unis et d’autres pays
ont davantage tendance à s’attarder aux questions nationales et locales plutôt
qu’aux problèmes internationaux.
·Il faudrait présenter les avantages de l’aide
humanitaire.
·Les États-Unis devraient aider les pays en
développement à se prendre en main.
·L’aide humanitaire peut être un dossier
bipartisan.
Michael Elliott : Les Américains sont-ils conscients du
fait que l’aide humanitaire « intelligente » a eu des résultats avantageux
concrets?
Ashley Judd
·Lorsque l’on informe la population au sujet des
avantages de l’aide humanitaire, il est important de présenter le
« récit » de la pauvreté, d’utiliser les médias sociaux efficacement
et de sensibiliser les jeunes.
·La pauvreté doit être synonyme de résilience et
d’espoir.
·Il est possible, à de nombreux moments dans le
« récit » – ou parcours –, de faire passer la pauvreté d’une
expérience négative à une expérience positive.
Michael Elliott : Quelles leçons a-t-on tirées des efforts
des 20 dernières années pour prévenir la pauvreté?
David Miliband
·Le débat a changé au cours des 20 dernières
années. On met désormais l’accent sur le développement et le commerce plutôt
que sur l’aide, et la responsabilité relève désormais des pays pauvres plutôt
que des pays occidentaux et des pays qui offrent leur aide.
·Les gouvernements occidentaux se retirent, en
partie en raison de « l’épuisement » associé à l’aide et au
développement. Alors que l’Occident se retire, d’autres pays, notamment la Chine,
prennent la relève.
·La société civile doit faire davantage de
pressions.
Michael Elliott : Pourquoi les gouvernements occidentaux se
retirent-ils de l’aide humanitaire?
Tom Daschle
·Les gouvernements occidentaux se retirent de
l’aide humanitaire en raison de leur situation économique et des expériences en
Iraq et en Afghanistan.
·Alors que les gouvernements occidentaux se
retirent de l’aide humanitaire, la participation du secteur privé prend de
l’ampleur.
·Les partenariats public-privé font partie de
l’équation de l’aide humanitaire.
·Peu de débats sont tenus au sujet de l’aide
humanitaire.
Michael Elliott : Quelle est l’importance des partenariats
entre les donateurs et les prestataires d’aide humanitaire?
Morgan Tsvangirai
·Les intérêts communs ont une grande influence
dans l’établissement de partenariats.
Michael Elliott : Que peut-on dire au sujet des
« multiples points d’intervention »?
Ashley Judd
·L’empathie est très importante.
·C’est le récit de la pauvreté qui touche les
personnes.
·Nous sommes tous citoyens du monde.
LA PROCHAINE ADMINISTRATION ET LE RÔLE DES ÉTATS-UNIS
DANS LE MONDE
Richard Wolffe, de MSNBC, a dirigé la
discussion entre les personnes suivantes :
ØL’honorable
Madeleine Albright, ancienne secrétaire d’État américaine et présidente du NDI
ØL’honorable
Michèle Flournoy, ancienne secrétaire adjointe à la Défense chargée de la
politique
ØLa
sénatrice Dianne Feinstein, Sénat des États-Unis
ØL’honorable
Jacob Lew, chef d’état-major à la Maison-Blanche
ØL’honorable
Tim Roemer, ancien membre de la Chambre des représentants des États-Unis
ØL’honorable
James Steinberg, ancien secrétaire d’État adjoint
Richard Wolffe : Que peut-on dire au sujet de la posture
des États-Unis dans le monde?
Jacob Lew
·Rien ne justifiait l’engagement des États-Unis
sur la scène internationale il y a 10 ans. Aujourd’hui, les États-Unis
jouent un rôle indispensable dans les affaires internationales.
·Les États-Unis cherchent à reprendre leur place
sur l’échiquier international.
·En 2008, le président Obama était confronté à de
grands défis, notamment des guerres, des relations tendues avec les pays
alliés, une crise financière et économique mondiale. Aujourd’hui, la guerre en
Iraq est terminée, Oussama ben Laden est mort et les talibans ont été repoussés
en Afghanistan.
·La région de l’Asie-Pacifique est importante
pour les États-Unis en ce qui concerne la sécurité et la prospérité.
·Les États-Unis sont en train de
« maîtriser » leur pouvoir économique, grâce, en partie, à la
conclusion d’accords de libre-échange, à l’augmentation des échanges et de la
collaboration en matière de recherche et développement, et à l’aide qu’ils
apportent pour protéger la dignité des peuples partout dans le monde.
·À titre de pays le plus riche du monde, les
États-Unis ont l’obligation morale de venir en aide aux autres.
Richard Wolffe : Les États-Unis sont-ils dotés de
« l’infrastructure internationale » nécessaire pour régler les
problèmes?
Madeleine Albright
·Grâce à la technologie, il est possible de tout
savoir sur tout ce qui se passe dans le monde.
·Certaines institutions créées au XXe
siècle ne fonctionnent pas bien dans le contexte actuel. De nombreuses
institutions ne jouissent pas de la confiance des personnes intéressées.
·Le système a été mis en place pour aider des
États, mais, aujourd’hui, les États ne sont pas les seuls acteurs puisque les
organismes non gouvernementaux, par exemple, ont un rôle à jouer.
·La solution à de nombreux problèmes repose sur
la participation de nombreux pays et d’un grand éventail d’intervenants.
Richard Wolffe : Quelles sont les limites du leadership
des États-Unis en ce qui concerne le Printemps arabe?
Michèle Flournoy
·Le défi en Syrie est énorme.
·Le président Obama a tenté de mettre en œuvre la
notion du « pouvoir intelligent ».
Richard Wolffe : La relance diplomatique relève-t-elle de
la rhétorique?
James Steinberg
·On tente de « repenser » la manière
dont les États-Unis abordent la diplomatie et le développement.
Richard Wolffe : Que peut-on dire au sujet de la situation
au Moyen-Orient?
Dianne Feinstein
·Le Pakistan est une puissance nucléaire
possédant plusieurs dizaines de missiles.
·La situation en Syrie est critique, tout comme
celle en Égypte.
·
Richard Wolffe : Quels outils pourraient utiliser les
États-Unis pour influencer l’Iraq?
Tim Roemer
·Les États-Unis rassemblent des alliés selon les
enjeux et fait appel autant au pouvoir de contraindre qu’au pouvoir de
convaincre.
James Steinberg
·L’émergence de nouvelles puissances ne se fait
pas au détriment des États-Unis.
Richard Wolffe : Y a-t-il des différences notables entre
la politique étrangère de Barack Obama et celle de Mitt Romney?
Dianne Feinstein
·Les États-Unis doivent établir des relations
étroites avec la Chine. Rien ne saurait justifier que les deux pays ne soient
pas alliés.
Madeleine Albright
·Il y a des différences entre la politique
étrangère d’Obama et celle de Romney.
·L’équipe de Romney vit dans un autre siècle, et
le candidat a une vision étroite, voire réductrice, de la notion de
« sécurité ».
Tim Roemer
·Le président Obama et le candidat Mitt Romney
ont des opinions différentes sur la politique étrangère.
Richard Wolffe : Compte tenu des pressions budgétaires aux
États-Unis, de quelle manière le développement peut-il « survivre »?
Michèle Flournoy
·Il y aura des défis à relever au Congrès, mais certaines
« communautés » aux États-Unis appuient le développement.
Richard Wolffe : Que peut-on dire au sujet du virage vers
l’Asie?
James Steinberg
·Tout est en place pour que l’Asie occupe un
nouveau rôle au cours des prochaines décennies, et les États-Unis doivent y
avoir une présence.
·L’Inde est un acteur de plus en plus important
dans la région de l’Asie‑Pacifique.
Richard Wolffe : Que peut-on dire au sujet de l’Iran?
Dianne Feinstein
·Il faut empêcher que l’Iran ne devienne une
puissance militaire dotée de l’armée nucléaire.
Richard Wolffe : Que peut-on dire au sujet de l’Inde?
Tim Roemer
·Il faut trouver un équilibre dans la politique
étrangère. Le fait de retrouver un équilibre ne correspond pas à un virage.
·Les États-Unis ne devraient pas oublier l’Union
européenne, le Mexique, le Canada et d’autres pays et régions.
·Les États-Unis devraient collaborer plus
étroitement avec l’Inde, mais aussi avec d’autres pays de l’Asie-Pacifique.
Madeleine Albright
·La politique économique doit comprendre plus
d’intervenants, y compris le secteur privé.
·Il faut adapter le système à tous les nouveaux
intervenants.
Respectueusement
soumis,
L’honorable Janis G. Johnson, sénatrice
Coprésidente
Groupe interparlementaire
Canada–États-Unis
Gord Brown, député
Coprésident
Groupe interparlementaire
Canada–États-Unis