Du 23 au 25 février dernier, le
sénateur Wilfred Moore, coprésident intérimaire, et le député Gord Brown,
coprésident de la Section canadienne du Groupe interparlementaire
Canada-États-Unis (GIP), ont dirigé une délégation dans le cadre d'une visite
au Congrès américain. Les délégués ont rencontré plus de 15 sénateurs et
quelque 35 membres de la Chambre des représentants ou leur personnel (voir
l’annexe). Ils étaient accompagnés des sénateurs Michael MacDonald et
Jim Munson, de l'honorable Scott Brison, C.P., député; de l'honorable Bob
Rae, C.P., député; de M. Guy André, député et vice-président; de M.
Brad Trost, député et vice-président; et de M. Jim Maloway, député.
Lors d'un point de presse tenu le 25
février dernier, les sénateurs Moore et MacDonald ainsi que l'honorable Scott
Brison et M. Trost ont résumé les principaux thèmes abordés en compagnie de
leurs homologues fédéraux et aussi des gouverneurs américains, les membres du
GIP ayant également pris part à la réunion hivernale de la National
Governors Association (NGA), qui a eu lieu du 20 au 22 février à Washington
(voir le rapport ci-joint découlant de la réunion de la NGA).
L’objectif premier des visites au
Congrès était de permettre aux parlementaires de rencontrer des représentants
et des sénateurs des États-Unis pour discuter avec eux d’importants sujets de
préoccupation, notamment des dispositions sur la politique d'achat aux
États-Unis qui figure dans le plan de relance américain et dans d'autres
mesures, la gestion de la frontière commune, et l'énergie et l'environnement.
Ces visites avaient des objectifs semblables à ceux de visites précédentes en
ce qui a trait à d'autres questions concernant notamment l'encéphalopathie
spongiforme bovine (ESB), le commerce du bois d'œuvre, l'énergie et la
frontière, y compris l'Initiative relative aux voyages dans l'hémisphère
occidental (IVHO).
Ce voyage permet également aux membres
du GIP de s'entretenir avec des législateurs fédéraux américains,
particulièrement avec ceux qui sont absents de la réunion annuelle du Groupe,
de les informer sur les enjeux cruciaux qui touchent les deux pays et d'obtenir
leur appui à cet égard. De façon plus générale, le GIP estime que ces visites
représentent des occasions inestimables de faire connaître le point de vue du
Canada sur les questions bilatérales d'intérêt pour les deux pays. Il prévoit
d'ailleurs effectuer d'autres visites du genre au cours des années à venir,
selon les besoins. Comme les discussions avec les législateurs fédéraux sont
confidentielles, les paragraphes ci-dessous résument la nature générale des
questions abordées par les législateurs des deux pays.
QUESTIONS SOULEVÉES PAR LA SECTION CANADIENNE DU GROUPE INTERPARLEMENTAIRE CANADA-ÉTATS‑UNIS
FRONTIÈRE COMMUNE
·Les échanges commerciaux, qui profitent à la
fois au Canada et aux États-Unis, sont facilités par une frontière commune
fluide.
·Nos pays devraient travailler ensemble afin
notamment de réduire les barrières et d’éliminer les exigences inutiles à la
frontière commune.
·Les emplois de plus de 7 millions d'Américains
et de 3 millions de Canadiens dépendent du commerce bilatéral, et le Canada est
le principal marché d'exportation de 35 ou 36 États américains.
·Les initiatives en matière de sécurité
entraînent une hausse des coûts et rallongent les délais à la frontière. Même
si le Canada lui aussi se préoccupe de la sécurité, il n’est pas toujours clair
que les nouvelles mesures de sécurité permettent réellement d'accroître la
sécurité.
·La croissance et la prospérité en Amérique du
Nord reposent en partie sur le commerce libre et équitable ainsi que sur
l’investissement.
ÉNERGIE ET ENVIRONNEMENT
·Le Canada est un fournisseur d'énergie fiable,
sûr et sécuritaire aux États-Unis. Il fournit également du pétrole, du
combustible et de l'hydroélectricité.
·Le Canada et les États-Unis travaillent ensemble
à l'élaboration de plusieurs initiatives en matière d’énergie, y compris la
capture et le stockage du carbone.
POLITIQUE D’ACHAT AUX ÉTATS-UNIS ET
AUTRES ENJEUX COMMERCIAUX
·On doit absolument éviter une montée du
protectionnisme, chose qui se produit parfois en période de difficultés
économiques.
·Au lieu de préconiser une politique d'achat aux
États-Unis uniquement, on devrait plutôt préconiser une politique d'achat aux
États-Unis et/ou au Canada.
·De nombreuses industries, y compris des
industries des secteurs agricoles, de l'acier et de la fabrication, sont
présentes partout en Amérique du Nord. La politique d'achat aux États-Unis a
nui aux chaînes d'approvisionnement intégrées.
·Bien que l’accord conclu en février dernier
entre le Canada et les États-Unis, qui permettra d’étendre l’accès aux marchés
sous‑centraux, soit bien accueilli, une solution à long terme s’impose.
·Les économies canadienne et américaine sont
intégrées, et cette intégration s'est accrue depuis la mise en œuvre de
l'Accord de libre-échange nord‑américain.
·Il faudrait s'assurer que les mesures prises par
les États-Unis n'ont pas de conséquences involontaires sur le Canada; de plus,
lorsque les États-Unis sont en froid avec la Chine, le Canada ne devrait pas
être soumis aux mêmes sanctions.
AUTRES ENJEUX
·Le Canada est insatisfait de l'exigence relative
à la mention du pays d'origine imposée par les Américains, et ne voit pas cela
comme un enjeu de sécurité alimentaire.
·Le Canada et les États-Unis devraient s’attaquer
ensemble aux dossiers agricoles.
·La force du système bancaire repose sur la
réglementation mise en place par le Bureau du surintendant des institutions
financières.
·La dette aux États-Unis a des répercussions
négatives sur le Canada.
QUESTIONS SOULEVÉES PAR LES SÉNATEURS ET LES MEMBRES DE LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS DES ÉTATS‑UNIS
ÉNERGIE ET ENVIRONNEMENT
·La majorité des démocrates ne veulent pas
recourir davantage aux combustibles fossiles.
·Des emplois « verts » peuvent être
créés, mais ils coûtent très cher.
·Les États‑Unis possèdent d’importantes
réserves de combustibles fossiles.
·Les États‑Unis et le Canada devraient
travailler ensemble pour assurer la sécurité énergétique nord-américaine.
·Le gouvernement des États‑Unis se soucie
beaucoup de l'environnement et a le pouvoir de légiférer sur les émissions de
gaz à effet de serre.
·Le Sénat élabore une méthode visant à attribuer
un prix aux émissions de carbone, initiative importante pour la santé de la
planète. La solution doit être aussi équitable que possible entre les
émetteurs, et aucune forme particulière d'énergie ne devrait être favorisée.
·Il est peu probable que le Sénat adopte une
mesure législative distincte en matière de plafonnement et d'échanges.
·L'énergie nucléaire devrait vraisemblablement
être au centre de tout projet de loi.
·L'énergie nucléaire devrait augmenter dans le
futur, ce qui entraînera une hausse de la demande en uranium.
·Chaque État travaille à l'échelle régionale,
notamment par l'entremise de l'initiative régionale sur les gaz à effet de
serre. Une perspective régionale devrait être adoptée au sujet des questions
énergétiques, vu le nombre d’intérêts en commun.
·Le secteur hydroélectrique du Canada est
impressionnant.
·Aux États-Unis, il est peu probable qu'une loi
fédérale en matière de changement climatique soit adoptée cette année. Avec un
nouveau Congrès en place, un éventuel projet de loi en matière d'énergie
pourrait mentionner les normes obligatoires en matière d'énergie renouvelable,
l'énergie nucléaire, le forage en mer, les normes de construction, les emplois
verts et le charbon propre, mais restera sans doute silencieux sur une taxe sur
le carbone ou un système de plafonnement et d'échanges.
·Le pétrole est essentiellement un carburant
utilisé pour le transport, mais, de manière plus générale, on continuera de
l’utiliser pendant la longue transition vers d’autres sources d’énergie.
·Les Américains ne seront pas capables de
satisfaire à la demande de pétrole à même leurs propres sources; ils auront
besoin de celles du Canada, et celui-ci est un pays ami et sûr.
·En ce qui concerne le gaz naturel liquéfié et le
Maine, il existe trois endroits possibles. On se demande encore à qui
appartient le passage maritime et s'il y a un droit de passage innocent.
·Dans l’État du Maine, le gaz naturel est
nécessaire pour remplacer le mazout.
POLITIQUE D’ACHAT AUX ÉTATS-UNIS ET
AUTRES ENJEUX COMMERCIAUX
·Tant le Canada que les États‑Unis
bénéficieraient d’une approche « nord‑américaine » à l’égard du
commerce et de la prospérité. Ceci dit, inclure le Mexique et l’Amérique
centrale dans les discussions change les choses.
·De nombreux politiciens disent une chose à leurs
électeurs à propos du libre‑échange, mais en disent une autre à
Washington.
·Lorsque des difficultés économiques surviennent,
il est normal de se refermer.
·La politique d’achat aux États‑Unis n’a
jamais ciblé le Canada, mais plutôt les pays outre-mer.
·Les Canadiens sont plus ouverts aux échanges que
ne le sont les Américains; pour certains travailleurs américains, le commerce
est une question délicate.
·Certains sont préoccupés par le fait de faire du
commerce avec des pays où les salaires sont minimes, où les syndicats sont
interdits, etc.
·Le libre-échange sans entraves a été un désastre
pour les États-Unis; il faut conclure de bons accords de libre-échange
équitables et avantageux pour les deux pays.
·Les Américains se préoccupent généralement
davantage des échanges commerciaux avec la Chine qu'ils ne le font avec le
Canada; personne ne pense que le Canada est semblable à la Chine.
·En général, le protectionnisme se retourne
contre celui qui le pratique; on devrait miser sur le commerce libre et
équitable.
·On devrait faciliter les échanges commerciaux,
sans quoi des emplois pourraient être perdus.
·Dans une grande partie des mesures prises aux
États-Unis, ce qui arrive au Canada est une conséquence imprévue.
·Il faut faire mieux comprendre les chaînes
d'approvisionnement nord‑américaines, le rôle du Canada en tant que
fournisseur sûr et sécuritaire d'énergie des États‑Unis, l’importance
qu’accorde le Canada à la sécurité, etc.
·Le commerce bilatéral est important pour les
deux pays.
·La place plus importante qu'accorde le président
des États-Unis aux accords commerciaux favorise l'économie américaine.
·Dans certaines régions des États-Unis, on
déploie des efforts pour invalider l'Accord de libre-échange nord-américain.
Souvent, on mise sur le mécontentement à l'égard du Mexique.
·À moins de conclure la présente ronde de
négociations à l'Organisation mondiale du commerce, le Programme de Doha pour
le développement ne sera pas concluant, puisque les pays en développement ne
disposent pas de toute l'infrastructure nécessaire.
·Certains démocrates souhaitent que les accords
commerciaux incluent des normes du travail et des normes environnementales; au
moins dans une certaine mesure, le programme de libre‑échange des États‑Unis
a été interrompu en raison de ce problème.
·Les lois américaines devraient être conformes
aux obligations commerciales internationales.
·Le type de relation qu’entretiennent les États‑Unis
et le Canada rend les désaccords inévitables entre les deux pays.
·Selon certains Américains, l’issue du dossier du
bois d’œuvre est injuste.
AUTRES ENJEUX
·Les États-Unis se sentent proches du Canada. Ce
dernier est un excellent voisin, un formidable ami et son partenaire du Nord.
·On mentionne que certains Américains sont
importunés à la frontière lorsqu’ils tentent d’entrer au Canada.
·Le point d’entrée Detroit-Windsor est le plus
achalandé de tous les points d’entrée entre les deux pays.
·Les États‑Unis croulent sous une énorme
dette, ce qui se répercutera sur de nombreux pays, dont le Canada. Washington
ne doit pas vivre au-dessus de ses moyens. Tenter de diriger tous les aspects
de la vie de tous depuis Washington ne fonctionne pas.
·Aux États‑Unis, il devrait y avoir un
réseau sur les meilleures pratiques et la concurrence regroupant les 50 États.
·Même si le président Obama comprend bien ce
qu’il faut faire, les travailleurs syndiqués sont ceux qui contribuent le plus à
la caisse du Parti démocrate, ce qui est problématique pour lui.
·Les visites par les membres du Congrès américain
et leur personnel au Canada, notamment aux exploitations de sable bitumineux en
Alberta, permettent de leur faire comprendre le Canada, la relation qui unit
les deux pays, le commerce énergétique, etc.
·Lorsqu’une aide financière est versée à
l’Afrique, on nuit à la production locale.
·En mars 2010, les discussions commenceront sur
le projet de loi sur l’agriculture aux États‑Unis, qui remplacera
l’actuel projet de loi devant expirer en 2012. On examinera entre autres les
programmes de soutien à l’agriculture en place dans d’autres pays, y compris au
Canada et au sein de l’Union européenne.
·Dans l’Union européenne, certains pays
voudraient harmoniser l’aide au secteur agricole avec les États-Unis. Il
pourrait s’agir pour le Canada d’une occasion de prendre part à une initiative
trilatérale.
·Les pays doivent former une sorte de réseau
d’appui à l’agriculture s’ils veulent avoir plus de dix fermes. Le libre marché
mènerait à un nombre restreint de grands producteurs.
·La force du Canada, particulièrement du système
financier, durant la crise financière et économique qui a touché la planète,
est digne d’éloges.
·Le président de la Réserve fédérale américaine
s’est opposé pendant de nombreuses années à une réglementation du système
financier. Il a admis depuis qu’il avait eu tort.
·Le régime fiscal américain est inéquitable et
devrait faire l’objet d’une réforme.
·Les États-Unis devront redéfinir ce qu’ils
considèrent comme un « emploi à temps plein ».
·De nombreux emplois perdus au cours de la
récession ne seront jamais récupérés.
·Bien que le plan de relance aux États-Unis ait
prévu une aide pour routiller les usines et reformer du personnel, certains
travailleurs relativement plus âgés sont difficiles à reformer.
·General Motors et Chrysler devaient rajuster
leur taille respective.
·D’une certaine façon, Wall Street est une forme
de jeu légale.
·Le Canada et les États-Unis travaillent ensemble
afin de trouver une solution au problème de la carpe asiatique.
·Les ordures de Toronto sont transportées au
Michigan, tandis que les déchets nucléaires prennent la direction contraire;
une entente de retrait progressif de quatre ans viendra à échéance d’ici
décembre 2010.
·Le contrôle des « camions d’ordures »
doit se faire manuellement en raison de la densité du contenu qu’ils
transportent. Cette méthode nécessite plus de personnel et accroît les coûts.
·On doit féliciter le Canada pour le bon
déroulement des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver.
·Les États-Unis pourraient continuer de
bénéficier de l’aide du Canada en Afghanistan.
Respectueusement soumis,
L’hon. Janis G. Johnson, sénateur
coprésidente
Groupe interparlementaire
Canada-États-Unis
Gord Brown, député
coprésident
Groupe interparlementaire
Canada-États-Unis