La délégation de la section canadienne
de l’Association parlementaire du Commonwealth (APC) se composait des
sénatrices Raynell Andreychuk et Mobina Jaffer. Commanditée par la section
britannique de l’APC, la conférence s’est déroulée dans deux chambres du
parlement britannique, Portcullis House et Westminster Hall.
BUT ET OBJECTIFS DE LA CONFÉRENCE
BUT : Donner aux parlementaires
les moyens de s’attaquer aux grands enjeux et de tenir leurs dirigeants
responsables de la gestion de la migration dans l’intérêt commun et de la lutte
contre la traite d’êtres humains.
OBJECTIFS :
·Saisir l’ampleur des enjeux contemporains de la
migration pour le pays d’origine et le pays de destination.
·Analyser les liens entre la migration et le
développement.
·Étudier les modes de gestion actuels du
phénomène de la migration et leurs répercussions sur les différentes catégories
de migrants.
·Analyser les liens entre les changements
climatiques et la migration.
·Envisager des stratégies pour mettre fin à la
traite d’êtres humains et encourager des migrations qui profitent à tous.
·Rédiger un communiqué et monter une boîte à
outils.
La conférence tournait autour de
quatre grands thèmes : la migration et le développement, la cohérence des
politiques de migration, la lutte au trafic d’êtres humains et la protection
des migrants, finalement l’intégration des migrants et des collectivités déjà
établies. Les délégués ont étudié ces thèmes à partir de questions posées dans
12 ateliers. Les réponses sont résumées dans le présent communiqué. Voici
la liste des questions :
Gestion de la migration et priorités
nationales
1)Première plénière : Migration internationale contemporaine,
traite d’êtres humains et Commonwealth
·Lire plus loin que les manchettes – introduction
aux tendances et aux enjeux propres au Commonwealth à l’heure actuelle. Négociation d’intérêts divergents pour trouver un terrain d’entente?
2)Migration et développement : Compréhension des bienfaits pour
le pays d’origine
·Comment l’argent envoyé par les migrants
contribue-t-il au développement?
·Quels obstacles empêchent cet argent de
contribuer au développement?
·Quels sont les bienfaits de la migration pour le
pays d’origine à part cet argent qui vient de l’étranger?
·Comment pourrait-on abolir les obstacles au
développement que présente la migration [l’exode des cerveaux par exemple]?
3)Pays de destination : Cohésion entre les politiques
d’immigration et d’aide au développement?
·Comment les priorités stratégiques
contradictoires du pays de destination peuvent-elles être conciliées?
·Dans quelle mesure les politiques d’immigration
tiennent-elles compte des priorités de l’aide au développement?
·Comment la demande de travailleurs
[spécialisés/non spécialisés] peut-elle servir les intérêts du pays de
destination comme du pays d’origine?
4)Traite d’êtres humains : Un problème persistant?
·Quelles circonstances engendrent le trafic
d’êtres humains?
·La traite d’êtres humains est souvent mal
comprise. Quelles sont les conséquences de cette incompréhension?
·Révision des définitions et des mesures à
prendre.
Mieux gérer la migration : les
droits des personnes migrantes
5)Protection des personnes migrantes : Responsabilités et
expériences
·Comment la protection internationale ou les
migrants sont-ils intégrés aux politiques et aux pratiques nationales se
rapportant à la migration?
·Comment les facteurs sociaux qui façonnent
l’expérience des migrants, tels que le sexe, l’âge et la nationalité, sont-ils
pris en compte?
·Étude des besoins des groupes de travailleurs
migrants marginalisés.
6)Négociation de la migration des enfants
·Quels sont les besoins particuliers des enfants
migrants – accompagnés ou non?
·Comment la convention des droits de l’enfant
[CDE] traite-t-elle des besoins des enfants migrants – quelles sont les
obligations des États?
·Comment les besoins des enfants migrants
sont-ils intégrés aux politiques et pratiques nationales?
·Distinction entre la migration et la traite des
enfants.
7)Mesures pour contrer la traite d’êtres humains : Protection des
victimes
·Exemples de transposition du Protocole de
Palerme contre le trafic illicite de migrants en politiques nationales.
·Quels sont les besoins des victimes du trafic
humain?
·Comment les mesures visant à contrer la traite
d’êtres humains se répercutent-elles sur les droits des victimes?
·Étude de l’approche axée sur la victime.
8)Visite du Migrant Community Support of London/Migrant and Refugee
Communities Forum (MRCF)
·Quels sont les besoins des groupes de migrants
arrivant dans des collectivités déjà installées?
·Comment les différents migrants abordent-ils le
logement, le travail, l’accès à la santé et l’intégration dans leur nouveau
pays?
·Des groupes de migrants disent ce qui les a
aidés et ce qui leur a nui dans leur processus d’intégration à Londres.
Intégration, élaboration de
politiques et préparation de l’avenir.
9)Intégration des migrants dans des collectivités déjà établies :
Prévention des conflits
·Comment les collectivités établies
s’entendent-elles avec les groupes de migrants?
·Quels besoins et intérêts propres à chaque
groupe sont à la source de tensions?
·Quels modèles de politiques nationales
permettent d’éviter les inégalités et la xénophobie?
·Quels sont les forces et les limites de ces
modèles, et comment peut-on pallier ces limites?
10)Le
rôle des parlementaires
·Les délégués étudient des stratégies pour rendre
la migration plus sûre et plus profitable, élaborer des politiques
d’intégration et de lutte contre la traite et déterminer les principes de base
et les priorités de changement aussi bien au niveau local qu’au niveau
international.
11)Les
changements climatiques et les migrations : Un avenir incertain
·Les changements climatiques auront-ils un effet
sur les migrations au sein du Commonwealth?
·Quelles sont les implications en matière de
politiques d’immigration?
·Quelles lois existantes protègent cette nouvelle
catégorie de migrants et quelles lacunes faudrait-il combler?
12)Défis
pour le Commonwealth : Tendances migratoires internationales et traite
d’êtres humains
·Comment les changements dans la conjoncture
économique, les échanges commerciaux, les nouveaux marchés et les nouvelles
technologies, pour ne nommer que ces facteurs, influent-ils sur les tendances
migratoires et quelles en sont les implications pour les pays du Commonwealth?
L’attention internationale étant de plus en plus tournée vers la traite des
êtres humains, quelles sont les priorités pour le Commonwealth?
Quelle direction prendre maintenant?
Durant la conférence, les délégués ont
écouté des exposés faits par des orateurs qualifiés, visité le Migrant
Community Support in London/Migrant and Refugee Communities Forum (MRCF) de
Londres et ont participé à des ateliers. L’Association parlementaire du
Commonwealth a pu profiter de l’apport de parlementaires venant de pays ne
faisant pas partie du Commonwealth (Lituanie, Roumanie et Suède). Les
48 parlementaires représentant 29 parlements du Commonwealth et
d’autres pays ont convenu de signer le communiqué suivant :
1.Nous, les 48 parlementaires représentant 29 parlements du
Commonwealth et d’autres pays, nous sommes réunis au parlement de Londres du 2
au 6 février 2009 dans le cadre d’une conférence innovatrice et
progressiste ayant pour thème « Les migrations internationales et la
traite d’êtres humains : Maximiser les avantages, surmonter les
défis ». Nous avions pour but de déterminer des principes et des priorités
pour tenir nos dirigeants respectifs responsables face aux défis que pose la
gestion de la migration dans l’intérêt du plus grand nombre et la lutte contre
la traite d’êtres humains.
2.Nous reconnaissons que les avantages
pouvant découler d’une migration internationale bien ordonnée ne sont pas
exploités au maximum dans les politiques internationales existantes. Des
politiques qui pourraient, à court terme, donner accès à des travailleurs et à
des talents qui n’existent pas nécessairement à l’intérieur des frontières
nationales; qui contribueraient au développement grâce à l’argent reçu et à
l’apport de cerveaux permettant aux migrants et à leur famille d’accéder à des
possibilités autrement inaccessibles; qui, à long terme, pourraient contribuer
à aplanir les inégalités sociales liées à la race, à l’âge et au sexe et,
partant, créer des sociétés plus égalitaires et plus justes, capables de
relever les défis de la mondialisation.
3.Nous réalisons que les politiques
actuelles visant la gestion des migrations internationales n’ont pas fait assez
pour limiter l’exposition des migrants, surtout les femmes et les enfants plus
vulnérables, à l’exploitation, à la violence et à la traite d’êtres humains;
pour favoriser l’intégration des migrants aux collectivités déjà établies; pour
réduire le nombre de migrants sans papiers qui traversent les frontières et
sont d’autant plus vulnérables à l’exploitation et à la traite et pour freiner
l’exode des cerveaux et soulager la pauvreté dans les pays d’origine.
4.Nous constatons que la migration
internationale a doublé de 1980 à 2008, passant de 99,8 millions à
200 millions de personnes, ce qui fait ressortir la nécessité de se doter
de politiques plus cohérentes et mieux harmonisées à l’échelle régionale aussi
bien qu’à l’échelle nationale ou internationale pour que les migrations soient
bénéfiques et sans danger et pour empêcher la traite. De plus, la communauté
internationale devrait légiférer pour documenter davantage le phénomène de la
migration.
5.Nous encourageons avec enthousiasme la
tenue périodique de rencontres internationales de haut niveau et apprécions
l’attention qu’elles apportent à l’élaboration de politiques conjointes, qu’on
pense seulement à la conférence de l’Organisation internationale du travail de
juin 2004, à la Commission mondiale de la migration internationale de
2005, au Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le
développement de 2006, au Forum mondial sur la migration et le développement
organisé à Bruxelles en 2007 et aux Philippines en 2008 et au Forum de Vienne
contre la traite des êtres humains en 2008. Les efforts régionaux sont aussi
très louables : on estime qu’une vingtaine de groupes gouvernementaux
régionaux et interrégionaux étudient les liens qui existent entre la migration
et le développement. Bien qu’ils aient une valeur surtout consultative et non
contraignante, ces processus ont indubitablement contribué à renforcer la
collaboration entre les États.
6.En particulier, nous sommes enchantés de la présente
conférence internationale qui nous a réunis pour échanger et conclure de
nouvelles alliances. Nous apprécions son souci de doter les parlementaires
d’outils pour s’attaquer aux grands enjeux et tenir leurs dirigeants responsables
de la gestion de la migration dans l’intérêt commun et de la lutte contre la
traite d’êtres humains.
7.Nous estimons essentiel que les politiques sur la migration et la
traite d’êtres humains prennent à coeur les droits humains des migrants et des
communautés qui les reçoivent et qu’elles accordent davantage d’attention à la
diversité des besoins et des expériences des migrants.
8.En tant que représentants de 29 parlements et assemblées
législatives, nous incitons fortement les dirigeants à :
·Veiller à ce que les projets de politiques
sur la migration internationale et le trafic d’êtres humains soient fondés sur
des données équilibrées et bien documentées et sur des consultations
avec TOUTES les collectivités touchées, y compris divers groupes de
migrants, les sociétés d’origine, les sociétés établies et les fournisseurs de
services (Société civile et ONG) qui oeuvrent auprès des migrants et des
survivants de la traite d’êtres humains.
·Veiller à ce que les chartes des droits de
la personne internationales et régionales
éclairent l’élaboration des politiques et fassent appel à l’aide technique des
Nations‑Unies et de l’OIM.
·Encourager la coopération internationale
en matière de cohérence des politiques et y participer par un dialogue international et régional sur les politiques
relatives à la migration et au trafic d’êtres humains, par une plus grande
harmonisation des lois des pays de destination et d’origine, par une plus
grande considération des répercussions des politiques des pays de destination
sur les pays d’origine, surtout des synergies entre la migration et le
développement.
·Soutenir la collaboration
interministérielle en matière de cohérence des politiques, notamment la création de comités interministériels pour examiner
les politiques et leurs incidences sur les victimes de la traite et d’autres
groupes sociaux.
·Promouvoir la continuité et la durabilité entre les politiques sur les migrations successives et celles qui
portent sur le trafic d’êtres humains, y compris les politiques d’intégration
qui sont au coeur d’une migration sûre et profitable aux deux côtés et qui
réduisent la vulnérabilité à la traite des êtres humains.
·Ratifier et mettre en œuvre la Convention
internationale de 1990 sur la protection des droits de tous les travailleurs
migrants et des membres de leur famille, du Protocole de Palerme de 2000 contre
le trafic illicite de migrants et d’autres
conventions pertinentes des Nations-Unies, s’inspirer des principes
susmentionnés et s’appuyer sur l’aide technique des Nations‑Unies, de l’OIM
et d’autres organismes.
·Soutenir les initiatives visant à élaborer un
mécanisme d’examen ouvert et constructif du progrès national et
international au regard de la mise en œuvre du Protocole de Palerme contre
le trafic illicite de migrants et faisant appel à la participation de
toutes les collectivités concernées.
·Faire en sorte que les politiques
d’intégration respectent l’héritage culturel et l’identité des migrants.
9. En retour, nous, les
parlementaires, nous engageons à :
·Proposer des lois
dans nos pays respectifs et les harmoniser au besoin.
·Encourager l’examen et la discussion dans nos assemblées législatives, de même que la promotion de
comités, d’associations et de réseaux pertinents, au besoin.
·Profiter de notre influence et de nos liens avec les chefs politiques, nos commettants et nos concitoyens, le
secteur privé et les médias pour consolider les réseaux, intensifier
la sensibilisation, bien dépeindre la migration internationale et la
traite d’êtres humains et effacer les stigmates douloureux qui sèment la
division.
·Travailler à la création de liens régionaux
et internationaux solides entre les gouvernements pour garantir une migration
internationale plus profitable et mettre fin à la traite d’êtres humains.
SOUMIS par la sénatrice Raynell
Andreychuk en consultation avec la sénatrice Mobina Jaffer.
Respectueusement
soumis,
M. Russ Hiebert, député, président Section canadienne de l’Association
parlementaire
du Commonwealth (APC)