L’Association parlementaire canadienne
de l’OTAN a l’honneur de présenter son RAPPORT sur la visite de la
Sous-commission sur les relations transatlantiques de l’OTAN à Zagreb, Croatie
tenue du 25 au 27 mars 2009. La délégation canadienne était représentée
par M. Anthony Rota, député, et M. Randy Hoback, député.
APERÇU HISTORIQUE
Après que la Croatie eut proclamé son
indépendance de la Yougoslavie en juin 1991, le pays a plongé dans une
guerre de quatre ans avec les forces serbes locales, qui bénéficiaient de
l’appui ferme de l’armée yougoslave et du gouvernement de
Slobodan Miloševi_. Ce douloureux conflit a fait des milliers de morts et de déplacés
et a causé d’énormes dommages aux villes, aux lieux historiques et aux
infrastructures agricoles. Le président Franjo Tudjman a dirigé la Croatie
durant la guerre et les premières années suivant la création de l’État, jusqu’à
sa mort en 1999. Le bilan de son gouvernement au chapitre du respect des droits
de la personne et des pratiques démocratiques a essuyé de nombreuses critiques.
L’élection à la présidence de Stipe Mesi_ et l’arrivée au pouvoir du
Parti social-démocrate en 2000 ont été des événements politiques marquants,
orientant manifestement la Croatie vers la transformation en une société ouverte
fondée sur des principes démocratiques et une économie de marché, fermement
axée sur les institutions euro atlantiques. L’actuel gouvernement
d’Ivo Sanader, réélu en novembre 2007, a poursuivi les réformes
nécessaires pour réaliser cette transformation. En adhérant à l’OTAN, en
avril 2009, la Croatie a concrétisé des convictions démocratiques en
synchronisme avec celles des autres membres de l’Alliance. Le pays est passé du
stade de consommateur de sécurité à celui de fournisseur de
sécurité, à la fois aux niveaux régional et international. (La Croatie a envoyé
300 soldats en Afghanistan et participe à quelques 12 autres missions
de maintien de la paix de l’ONU à l’étranger, y compris au Kosovo et dans le
plateau du Golan.)
PROFIL POLITIQUE
La Croatie est une démocratie
parlementaire. Selon la Constitution, le Parlement monocaméral, nommé le Sabor,
compte au moins 100 parlementaires, mais au plus 160 (ils sont
actuellement au nombre de 153). Les députés sont élus au suffrage universel
pour un mandat de quatre ans. On encourage l’importante diaspora croate, qui a
droit de vote, à participer au scrutin, même si le gros des votes étrangers
provient de la communauté croate de Bosnie. Le président offre le poste de
premier ministre au candidat jugé le plus susceptible de gagner la confiance de
la majorité au sein du Sabor.
Droits de la personne et droits des
minorités
La situation des droits de la personne
s’est continuellement améliorée en Croatie ces dernières années. Les libertés
fondamentales et les droits de la personne sont garantis et protégés. La
Croatie a fait d’importants progrès au chapitre des droits des minorités. Selon
les registres des autorités croates, environ 120 000 réfugiés serbes
(soit plus du tiers d’entre eux) sont revenus. La Croatie a affecté plus de
cinq milliards de dollars américains à l’organisation du retour
des réfugiés, notamment pour la fourniture de logements. Toutefois, des
problèmes liés à la propriété, à une pénurie de logements, à une infrastructure
faible dans les régions rurales et au manque d’emplois continuent de faire
obstacle au retour durable d’un plus grand nombre de réfugiés. Le processus de
réinsertion des réfugiés, pour ce qui est du soutien et de l’aide au logement
de l’État, entre dans sa phase finale. Comme c’est le cas dans d’autres pays
d’Europe, les Roma en Croatie résistent à la socialisation et continuent de se
heurter à des difficultés en ce qui concerne la citoyenneté, le logement, les
soins de santé, l’emploi et l’éducation.
PROFIL ÉCONOMIQUE
La Croatie est un marché relativement
petit dont le pouvoir d’achat est en hausse. Avec ses ports le long de
l’Adriatique et son excellent réseau routier, le pays peut être un tremplin
efficace vers l’ensemble de la région. La Croatie a des entreprises
concurrentielles sur la scène internationale, comme INA, Kras, Podravka et
INGRA, ainsi qu’un important secteur de construction navale. Cela dit, pour
répondre aux exigences de l’UE, ce secteur devra faire l’objet d’une
restructuration et d’une privatisation considérable. En outre, la Croatie est
partie à l’Accord de libre-échange centre européen (ALECE), qui englobe
l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine, la Moldavie, le Monténégro et
la Serbie. L’ALECE vise à entrer dans l’Union européenne grâce à l’adoption des
normes de l’UE concernant les règles commerciales. L’ALECE doit devenir une
zone de libre-échange d’ici le 31 décembre 2010.
En raison de la perspective d’adhésion
à l’UE, le contexte des affaires s’améliore. Les obstacles au commerce restants
sont la lourdeur de l’appareil administratif, en particulier à l’échelle
locale, la multitude de frais locaux élevés et non transparents ainsi que les
incertitudes juridiques liées à la propriété, tout spécialement les problèmes
de propriété foncière et d’application des droits de propriété. La présence de
l’État dans de nombreux volets de l’activité économique demeure
importante : la part du secteur public représente encore environ 40 %
du PIB. La réforme et la privatisation des sociétés d’État se poursuivent,
malgré un rythme lent. Ces dernières, particulièrement dans les secteurs de
l’agriculture et de la construction navale, continuent de dépendre des
subventions et d’enregistrer des pertes. La corruption demeure un problème même
si certains des cas de corruption les plus extrêmes en matière de privatisation
et d’investissement ont fait l’objet d’enquêtes et de mises en accusation.
La présente crise économique et
financière internationale pose de sérieuses difficultés à la Croatie.
L’économie connaît un recul important : d’un sommet de 5,6 % en 2007,
la croissance du PIB tombera sans doute entre -2 % et -4 %. En dépit
de la perspective d’une diminution tant du tourisme que de l’investissement
direct étranger, la Croatie, contrairement à d’autres pays de la région (la Hongrie,
la Serbie, l’Ukraine et les pays baltes) a réussi à demeurer à flot sans
recourir à un soutien considérable de la part du FMI.
POLITIQUE ÉTRANGÈRE
L’OTAN et la Croatie coopèrent
actuellement dans différents dossiers, tout particulièrement la réforme du
secteur de la défense et de la sécurité, ainsi que l’appui à une vaste réforme
démocratique et institutionnelle. En avril 2008, la Croatie a été invitée à
entamer des pourparlers sur son adhésion à l’Alliance. Les protocoles
d’accession ont été signés le 9 juillet 2008, et le processus de
ratification est en cours. Ce processus devrait être terminé à temps pour le
sommet Strasbourg-Kehl d’avril 2009. À ce stade, la Croatie pourra se
concentrer sur d’autres priorités en matière de politique étrangère, principalement
son adhésion à l’Union européenne et ses relations de bon voisinage.
En octobre 2005, l’Union européenne a
engagé des pourparlers avec la Croatie en vue de son adhésion. Dans son rapport
de novembre 2008, la Commission européenne a déclaré que la Croatie
pourrait conclure ses discussions avec l’Union européenne en 2009 en vue de son
accession et être prête à y adhérer en 2011. Il lui reste cependant à relever
certains défis, notamment : réformer le système juridique croate,
rationaliser l’industrie de la construction navale, fortement subventionnée par
l’État, et combattre la corruption et le crime organisé. Récemment, un
différend bilatéral maritime et terrestre avec la Slovénie, qui est membre de
l’UE, a freiné tout progrès dans les négociations sur l’accession de la Croatie
à l’UE.
Région des Balkans : La Croatie se considère comme un État de l’Europe occidentale, et
non des Balkans. Toutefois, elle a déployé des efforts afin de renforcer ses
relations avec ses voisins et de relever le défi de l’UE de promouvoir une zone
de libre-échange régionale, qui constitue une mesure de stabilisation
importante. De plus, le pays a joué un rôle directeur dans l’établissement,
avec les États-Unis, de la Charte Adriatique, laquelle fait de la Croatie, de l’Albanie
et de la Macédoine des partenaires en matière de réformes de sécurité et
d’autres efforts de coopération militaire.
De façon générale, les relations avec
la Serbie se sont améliorées ces dernières années (hausse importante des
échanges commerciaux – visite officielle du premier ministre Sanader en Serbie
en mars 2009), mais elles sont affligées par d’occasionnels discours
enflammés des deux côtés relativement aux atrocités commises pendant la guerre.
Le sort de la minorité croate en Bosnie-Herzégovine, qui compte
600 000 personnes, intéresse particulièrement la Croatie.
Tribunal pénal international pour
l’ex-Yougoslavie (TPIY) : La Croatie est
tenue, en vertu de l’Accord de paix de Dayton de 1995, de coopérer pleinement
avec le TPIY. On l’a félicité pour le rôle positif qu’il a joué dans
l’arrestation du général Ante Gotovina, qui était recherché pour crimes de
guerre en lien avec l’opération Tempête qui avait eu lieu dans le sud-ouest de
la Croatie en août 1995. Les procès du général Gotovina, ainsi que des généraux
Ivan Cermak et Mladen Markac, sont en cours à La Haye. À l’appui
de ces procès, le TPIY a demandé à la Croatie de lui fournir de plus amples
documents faisant état des objectifs stratégiques du bombardement associé à
l’opération Tempête et portant sur la reprise de la Krajina occidentale des
mains des forces serbes rebelles.
RÉUNIONS
LE MERCREDI 25 MARS 2009
La visite a commencé au Parlement
croate par la cérémonie de ratification du Traité de l’Atlantique Nord. Par
après, une réunion très fructueuse s’est déroulée avec M. Luka Bebic, Président
du Parlement croate.
La délégation a participé à une table
ronde avec un représentant de la Fondation Konrad Adenauer. M. Reinhard
Wessel, directeur du bureau croate de la Fondation, a parlé sur le thème
« 20 années de transformation : les réalisations et les défis de la
Croatie ». Son Excellence M. Peter Imre Györkös, ambassadeur de la
République de Hongrie en Croatie, a aussi participé aux discussions. A suivi
une réunion mixte avec des membres des comités parlementaires des affaires
étrangères, de la défense ainsi que de la politique intérieure et de la
sécurité nationale et avec la délégation croate de l’Assemblée parlementaire de
l’OTAN.
M. Ivo Sanadar, Premier ministre de la
Croatie, a rencontré le groupe dans l’après-midi, tout comme M. Davor
Bozinovic, secrétaire d’État aux Affaires étrangères.
LE JEUDI 26 MARS 2009
La Sous-commission sur les relations
transatlantiques a commencé sa journée au ministère de la Défense de la
Croatie. Elle a participé à une réunion mixte avec Branko Vukelic, ministre de
la Défense; Pjer Simunovic, secrétaire d’État à la Défense; le
lieutenant-général Slavko Baric, chef adjoint de la Défense, de la
planification et des ressources; et le brigadier-général Dragutin Repinc,
directeur de la Planification. Les discussions ont porté sur les questions
d’actualité relatives à la politique de sécurité.
Le groupe s’est rendu ensuite au
Bataillon des opérations spéciales basé à Delnice afin d’assister à un exposé
sur l’organisation, les capacités et les activités de l’unité. Des membres de
l’unité ont participé à un exercice de démonstration, qui a été suivi par la
présentation de la Garde technique tactique.
La journée s’est terminée par une
rencontre avec le Président de la Croatie, Stjepan Mesic.
LE VENDREDI 27 MARS 2009
La Sous-commission a visité l’Académie
des sciences et des arts de la Croatie et participé à une table ronde sur
« la sécurité de l’énergie et l’Europe du Sud-est » avec Milan Mogus,
président de l’Académie, et Mirko Zelic, académicien.
Une table ronde a ensuite eu lieu au
Parlement croate sur le thème « l’OTAN et la perception publique de la
sécurité » avec Aleksa Bjelis, recteur de l’Université de Zagreb; Tvrtko
Jakovina, professeur d’histoire contemporaine à la Faculté des arts; et Petar
Popovic, secrétaire général de l’Organisation pour la promotion de
l’intégration à l’Atlantique Nord.
Respectueusement soumis,
M. Anthony Rota, député
Association parlementaire canadienne de l’OTAN (AP OTAN)