Du 16 au
20 juillet 2010, l’honorable Wilfred Moore, c.r., sénateur de la
Nouvelle‑Écosse, l’honorable Raynell Andreychuk, sénatrice de la
Saskatchewan, l’honorable Hedy Fry, C.P., députée, et M. LaVar Payne,
député, ont représenté la section canadienne du Groupe interparlementaire
Canada‑États‑Unis à l’occasion du 20e sommet annuel de
la Région économique de la côte pacifique nord‑ouest (PNWER), qui s’est
déroulé à Calgary, en Alberta. Ils étaient accompagnés du secrétaire exécutif
de la section canadienne, M. Chad Mariage, et de l’un des conseillers de
la section, M. John Christopher.
LA PNWER
Formée en
1991, la PNWER est un groupe officiel, bilatéral et régional des secteurs
public et privé, qui est composé des États de l'Alaska, de l'Idaho, du Montana,
de Washington et de l'Oregon, des provinces de la Colombie‑Britannique,
de l'Alberta et de la Saskatchewan, du Yukon et des Territoires du Nord‑Ouest.
Il remplit les fonctions suivantes :
·favoriser une meilleure collaboration régionale;
·accroître la compétitivité de la région dans les
marchés intérieurs et internationaux;
·tirer parti de l'influence exercée par la région
auprès d'Ottawa et de Washington; et
·soutenir la croissance économique de la région
tout en préservant son environnement naturel.
Le prochain
sommet annuel aura lieu à Portland, en Oregon, en juillet 2011.
OBJECTIFS
DE LA DÉLÉGATION AU SOMMET
Le Groupe
interparlementaire Canada‑États‑Unis cherche des points de
convergence dans les politiques nationales des deux pays, amorce le dialogue
sur les points de divergence, encourage l’échange de renseignements et
préconise une meilleure entente entre législateurs dans les dossiers d’intérêt
commun.
Outre les
réunions régulières avec leurs homologues fédéraux, les membres de la section
canadienne du Groupe interparlementaire ont participé ces dernières années à
des réunions de groupes représentant les secteurs public et privé, comme la
PNWER. Les délégués canadiens profitent de ces occasions pour prendre part à
des discussions qui aideront la section canadienne à atteindre ses objectifs et
pour communiquer la nature et la portée de relations bilatérales.
Au sommet
annuel de 2010, les délégués ont pu à diverses reprises exprimer leurs points
de vue sur différents sujets. Il s’agissait d’une occasion exceptionnelle de
rencontrer des législateurs travaillant dans les provinces et les États
américains participants et des représentants du secteur privé venant de toute
la région. L’exercice s’est ainsi avéré un moyen de renforcer les relations
canado‑américaines et de jeter les bases d’une collaboration dans les
dossiers d’intérêt commun. La section canadienne souhaite participer de nouveau
aux sommets de la PNWER et continuer à défendre les intérêts canadiens.
ACTIVITÉS
ORGANISÉES PENDANT LE SOMMET
Le programme
du sommet annuel de 2010 prévoyait diverses visites et discussions en séance
plénière qui ont permis d’aborder des politiques portant sur une variété de
sujets, dont les suivants :
·les questions frontalières;
·le commerce et le développement économique, y
compris les emplois verts et le commerce Asie‑Pacifique;
·l’énergie (première partie), y compris le
Legislative Energy Horizon Institute, le rôle émergent du gaz naturel nord‑américain,
l’importance croissante de l’approvisionnement en pétrole produit à terre pour
l’Amérique du Nord ainsi que le captage et le stockage du CO2;
·les espèces envahissantes, y compris les mesures
de lutte prises par les États et les provinces ainsi que les moyens de financer
les programmes de lutte contre les espèces envahissantes, le désherbage
transfrontalier, le programme d’échange de bois de chauffage, le programme de
foin sans mauvaises herbes et l’impact économique des espèces envahissantes en
mettant l’accent sur la moule zébrée dans le bassin du fleuve Columbia;
·le transport, y compris les structures
commerciales et le développement du transport intérieur, la Saskatchewan comme
porte d’entrée vers l’intérieur, le développement de l’Arctique et le train à
grande vitesse;
·la résilience en cas de catastrophe, y compris
l’élaboration concertée d’une stratégie régionale transfrontalière sur la
résilience, la Pacific Northwest Border Health Alliance et le plan d’action
communautaire global sur la résilience en cas d’événement biologique;
·l’énergie (deuxième partie), y compris les
différentes sources d’énergie renouvelable et leur intégration;
·le développement durable, y compris son
importance pour les grandes entreprises canadiennes, de même que les défis, les
contraintes et la création de possibilités;
·la santé mentale et les diverses formes de
dépendance au travail, y compris les lieux de travail propices à la santé
mentale, les enseignements de la science, les mesures prises par les employeurs
et les nouvelles ressources;
·le tourisme, y compris le tourisme côtier
binational et l’utilisation des médias sociaux à des fins de communication et
de marketing;
·la politique sur l’eau, y compris le Traité du
fleuve Columbia, l’adaptation et la durabilité, Crown of the Continent ainsi
que le Living Water Smart Program, le processus de modernisation de la Water
Act et la stratégie sur la science de l’eau de la Colombie‑Britannique;
·le perfectionnement de la main‑d’œuvre et
le développement du Nord, y compris le groupe de travail de la PNWER sur la
mobilité de la main‑d’œuvre, les défis et les possibilités que présente
la mobilité transfrontalière de la main‑d’œuvre, le rapport sur les
enjeux relatifs au marché du pétrole et aux solutions d’approvisionnement, la
collaboration entre États, provinces et territoires sur la formation,
l’éducation et la mobilité de la main‑d’œuvre, l’octroi de permis aux
travailleurs de métier, aux ingénieurs et à d’autres professionnels remplissant
des fonctions transfrontalières, et la mise à profit de l’expertise régionale
grâce à la formation, à l’éducation et à la mobilité de la main‑d’œuvre;
·l’agriculture et la santé du bétail dans les
deux pays, y compris la certification électronique de l’état de santé au Canada
et aux États‑Unis, la restauration de l’accès au marché des petits
ruminants, l’anaplasmose, la brucellose, les leçons retenues de l’épidémie de
H1N1 et la mise en place de plans d’intervention en cas d’urgence concernant la
fièvre aphteuse;
·le caucus de l’Arctique;
·les soins de santé, y compris le recours aux
technologies de télésanté, de soins à distance et d’autosoins ainsi que les
questions de santé touchant les deux pays;
·l’énergie (troisième partie), y compris le
transport de l’énergie à l’échelle régionale, ce qui inclut les ressources et
la charge, l’expansion des marchés grâce aux technologies de transport ainsi
que les principaux projets de transport et leur avancement;
·l’environnement, y compris les occasions
offertes par les sables bitumineux et les défis environnementaux, le point de
vue de l’industrie sur ces défis et occasions, les enjeux relatifs à l’eau, à
la qualité de l’air et aux gaz à effet de serre ainsi que les mesures prises à
cet égard, de même que les perspectives d’avenir sur le développement des
sables bitumineux et la gérance de l’environnement;
·l’innovation, y compris les perspectives des
provinces à ce chapitre, la dynamique du secteur privé dans l’investissement en
innovation, les techniques d’analyse de l’innovation et des réseaux sociaux et
le développement unique de la nanotechnologie;
·la bioénergie dans l’Ouest, y compris les cadres
de politiques américain et canadien, les entreprises innovatrices qui
développent, maintiennent et font grandir les marchés de bioénergie
transfrontaliers, la recherche, l’innovation et les premières étapes de la
commercialisation, les possibilités d’approvisionnement et la demande des
marchés;
·le Legislative Energy Horizon Institute :
un modèle de réussite de la PNWER; et
·les perspectives économiques mondiales :
dans quelle mesure l’expansion est‑elle durable?
Le présent rapport résume la teneur des
présentations et des discussions qui ont eu lieu lors de certaines séances du
sommet de 2010, qui avait pour thème : « Des perspectives qui
dynamisent : montrer la voie à suivre ». Il a alors été question
d’enjeux frontaliers, d’énergie renouvelable et de sables bitumineux.
ENJEUX FRONTALIERS
Les discussions sur les enjeux
frontaliers se sont axées sur une approche commune à la gestion des frontières.
Les participants ont souligné que les trois « piliers » nécessaires à
cet égard sont l’échange de renseignements, la collaboration et la gestion
conjointe de la frontière. Ils ont également mis en lumière un certain nombre
d’initiatives qui font partie d’une vision plus globale visant une plus grande
liberté de mouvement pour les personnes et les biens ainsi qu’une sécurité
accrue à la frontière.
Les participants ont aussi insisté sur
l’importance d’assurer la contribution régionale au développement d’une
frontière qui « fonctionne » pour les collectivités et le commerce
tout en protégeant la sécurité publique à l’aide d’une approche fondée sur le
risque. En ce qui a trait à cette approche, les délégués ont dit appuyer une
refonte de NEXUS avec la collaboration des différentes parties concernées afin
d’améliorer l’efficience à la frontière. Dans le cadre de cet exercice, il
faudrait prévoir un processus de renouvellement, l’examen de la politique de
tolérance zéro de NEXUS et la mise en place d’un processus d’appel.
Selon les participants, les programmes
de sécurité frontalière, comme le Programme d’expéditions rapides et
sécuritaires (EXPRES), devraient tenir compte des retombées pour les industries
qui participent au programme afin de réduire les barrières frontalières. Ils
ont aussi indiqué que la PNWER devrait collaborer avec le département américain
de la Sécurité intérieure pour établir des objectifs stratégiques précis
concernant la création d’une stratégie pour le Nord.
Enfin, les participants ont proposé
trois éléments qui, à leur avis, sont essentiels à une nouvelle vision sur la
frontière commune :
·la frontière doit être absolument
« fluide », et les deux pays devraient régler tout problème qui
menace cette fluidité;
·comme les régions sont les incubateurs de
l’innovation, on devrait les inciter à élaborer des projets pilotes et des
solutions qui les aident à résoudre leurs enjeux frontaliers; et
·plus on fait des progrès loin des frontières,
plus il y a de chances de faciliter la circulation des personnes et des biens
légitimes.
ÉNERGIE RENOUVELABLE
En dépit du fait que le pétrole
continuera d’occuper une place importante dans le secteur énergétique en
Amérique du Nord, la PNWER juge prioritaire de développer les sources d’énergie
renouvelable. Les participants ont mis l’accent sur l’intégration des sources
d’énergie renouvelable aux sources traditionnelles. Les discussions ont porté
principalement sur l’énergie éolienne et certains des problèmes associés à sa
technologie.
Les participants ont remarqué que, même
si des progrès considérables avaient été faits depuis 10 ans dans le
développement des parcs éoliens, bon nombre de difficultés subsistent, dont les
suivantes :
·le manque de lignes de transport capables
d’acheminer l’énergie éolienne au réseau électrique; et
·l’imprécision des prévisions éoliennes.
Lors des discussions, il s’est avéré
que le transport était devenu un obstacle de taille dans le développement de
l’énergie éolienne. Comme l’a rappelé un délégué : « Nous avons
construit un chemin de fer transcontinental, nous avons construit des
autoroutes, mais nous ne savons toujours pas comment construire un réseau
électrique intégré. » On a également signalé que l’énergie éolienne doit
être produite, peu importe où et quand le vent souffle, et qu’elle doit être
distribuée selon les besoins. Or, même s’il est techniquement possible de
produire et de distribuer l’énergie éolienne, des changements structurels
s’imposent à son transport. Il faut aussi apporter des changements au contrôle
et à la gestion des réseaux, de même qu’à l’établissement des prix.
Selon un participant, la faible
intégration des réseaux énergétiques canadiens et américains, le problème du
stockage et le fait que le système actuel soit conçu pour distribuer un flux
constant d’énergie plutôt qu’un flux intermittent d’énergie éolienne et solaire
sont de grandes difficultés qu’il faudra surmonter dans un avenir plus sobre en
carbone. D’autres ont souligné l’existence de considérations importantes et le
besoin de prendre en temps opportun des mesures stratégiques coordonnées et
cohérentes qui permettront de miser sur un bon mélange de ressources et
d’améliorer le réseau de transport.
Enfin, les participants ont dit que les
progrès dans le transport de l’énergie renouvelable passaient par la
coopération transfrontalière. En effet, faute de collaboration entre les
régions et au sein même des régions, notamment en ce qui concerne la
réglementation, le transport d’énergie entre le Canada et la région américaine
du Pacific Northwest prendra des années à se concrétiser et finira par coûter
des sommes astronomiques.
SABLES BITUMINEUX
L’Alberta est au deuxième rang mondial
pour les réserves prouvées de pétrole, dont la majeure partie se trouve dans
les sables bitumineux. Les participants ont rappelé que l’exploitation des
sables bitumineux rapportait beaucoup à l’Alberta et au Canada (redevances,
recettes fiscales, emplois et investissements). Ils ont fait remarquer, par
exemple, que ce secteur devrait maintenir 450 000 emplois chaque
année au Canada pour les 25 prochaines années. On a fait valoir que chaque
dollar investi dans les sables bitumineux engendrait des retombées économiques
d’environ 9 $, dont un tiers en dehors de l’Alberta.
Ceci étant dit, on a signalé que la
commercialisation du pétrole extrait des sables bitumineux présente toujours
des défis considérables. Mentionnons, par exemple, les difficultés techniques
et économiques relatives à l’extraction, qui découlent de la taille et de la
nature des sables bitumineux. En outre, il faut trouver de meilleures
façons :
·de remettre plus rapidement en état les sites
qui ne sont plus actifs;
·de réduire encore plus le volume d’eau douce
utilisée dans la production de sables bitumineux tout en augmentant la part
d’eau recyclée et non potable utilisée;
·de diminuer la taille des bassins de décantation
tout en mettant de l’avant de nouveaux processus qui rendront inutiles les
grands bassins; et
·d’accroître l’efficacité énergétique et de réduire
les émissions de gaz à effet de serre par baril produit.
Dans leurs présentations, des
représentants de l’industrie ont mis en lumière des initiatives actuelles qui
visent les objectifs énoncés ci‑dessus. En ce qui concerne la remise en
état des terrains, par exemple, la loi exige que les terrains exploités soient
remis en état de produire. Les participants ont aussi appris que l’Alberta
investit dans la recherche et développement et qu’elle compte renforcer les
politiques et les pratiques de remise en état en mettant l’accent sur les
pratiques progressives, selon lesquelles les travaux de remise en état peuvent
commencer avant même la fin des opérations.
Par ailleurs, même si l’eau est
nécessaire à la production de n’importe quelle forme d’énergie, le maintien
d’une bonne qualité de l’eau et le recours plus efficace et limité à l’eau
douce font partie des défis principaux que le secteur des sables bitumineux
doit relever. À ce sujet, on a indiqué que des efforts constants sont déployés
pour que les impacts environnementaux provoqués par la production de sables
bitumineux soient réduits le plus possible, ou même complètement évités. Ce
travail se fait au moyen de lois et de politiques globales, d’une surveillance
indépendante et concertée entre les gouvernements, l’industrie et les groupes
concernés, et de l’innovation dans les domaines de la recherche et des
pratiques industrielles. Comme l’un des participants l’a fait remarquer,
l’utilisation d’eau douce dans l’exploitation des champs pétrolifères parvenus
à maturité continuait de diminuer même si la production était en nette
augmentation. De plus, de nombreux projets menés sur place permettent de
recycler jusqu’à 90 % de l’eau utilisée; notons également l’emploi, dans
la mesure du possible, d’eau saline venant de puits profonds plutôt que d’eau
douce.
Les participants ont indiqué que la
gestion des bassins de résidus demeure l’un des principaux défis que doit
relever le secteur des sables bitumineux sur le plan environnemental. On
recense actuellement plus de 130 kilomètres de bassins du genre en
Alberta. On a fait savoir à ce sujet que, en février 2009, le gouvernement
de l’Alberta a annoncé la mise en place de critères stricts pour la gestion des
bassins :
·les entreprises doivent réduire les bassins ainsi
que fixer des dates cibles pour la fermeture des bassins et la remise en état
des terrains;
·entre 2012 et 2016, les entreprises devront
mettre en œuvre des plans qui permettront de mettre un frein à l’agrandissement
des bassins de résidus liquides;
·après 2016, l’industrie devra traiter les
bassins de résidus liquides au même rythme qu’elle les crée;
·les régulateurs et l’industrie doivent mettre en
place conjointement des plans pour traiter les bassins existants et ceux
hérités des activités antérieures; et
·l’industrie doit faire appel à des systèmes
efficaces pour éloigner les oiseaux.
Les représentants du gouvernement ont
dit aux participants que l’Alberta travaillait avec le secteur des sables
bitumineux et des chercheurs pour élaborer des critères de rendement, des
technologies de gestion et des solutions pratiques qui permettront de réduire
et peut‑être même d’éliminer les bassins de résidus tels qu’on les
connaît aujourd’hui.
En ce qui a trait à la réduction des
émissions de gaz à effet de serre, les participants ont souligné que, même si
les émissions par baril continuent de diminuer, le total des émissions générées
par l’exploitation des sables bitumineux est en hausse, car la production
augmente en réponse à la demande croissante d’énergie à l’échelle mondiale. Le
gouvernement de l’Alberta réglemente ces émissions; il est d’ailleurs le seul,
en Amérique du Nord, à avoir établi des cibles de réduction obligatoires pour
les principaux émetteurs de tous les secteurs. Cette mesure est accompagnée
d’investissements dans les technologies d’énergie propre qui permettent de
réduire les émissions par baril.
En conclusion, les participants ont
reconnu que, même si les parties concernées faisaient des efforts pour rendre
l’exploitation des sables bitumineux durable sur le plan environnemental, il
restait beaucoup de travail à faire. Ils ont également rappelé que les
gouvernements, l’industrie et les centres de recherche étaient résolus à
travailler ensemble pour relever les défis du secteur. Enfin, ils ont signalé
que l’industrie des sables bitumineux était bien plus efficace qu’il y a
20 ans : elle génère moins d’émissions et consomme moins d’énergie et
d’eau pour produire un baril de pétrole.
Respectueusement
soumis,
L’hon. Janis G. Johnson, sénateur
coprésidente
Groupe interparlementaire
Canada-États-Unis
Gord Brown,
député
coprésident
Groupe interparlementaire
Canada-États-Unis