Une délégation de trois parlementaires
représentant la section canadienne du Forum interparlementaire des Amériques
(FIPA) a participé à l’Atelier régional sur le commerce à l’intention des
parlementaires, sous le thème Le Cycle de Doha sur le développement : défis et
possibilités pour la région, qui s’est déroulé à Mexico, au Mexique, du 20 au
22 mai 2010. La délégation était dirigée par le président de la section
canadienne du FIPA, le député Randy Hoback, et se composait également de
l’honorable Céline Hervieux Payette, C.P., sénatrice, et Peter Goldring,
député. Les délégués étaient secondés par M. Leif Erik Aune, secrétaire
exécutif de la délégation, et M. Michael Holden, conseiller de la Bibliothèque
du Parlement.
L’atelier sur le commerce de Mexico était
le sixième événement du genre organisé par le FIPA et le premier à intégrer une
dimension panhémisphérique, depuis la tenue du tout premier atelier à Ottawa,
en mars 2007. L’atelier de Mexico a attiré beaucoup plus de participants que
celui d’Ottawa, ce qui est un signe de la reconnaissance croissante, parmi les
pays de l’hémisphère, de l’utilité de ces ateliers pour les parlementaires.
L’atelier de Mexico a attiré 39 parlementaires de seize pays de l’hémisphère,
tandis que celui d’Ottawa avait accueilli seize parlementaires de huit États
membres du FIPA.
Le FIPA attache beaucoup d’importance à
ces ateliers. Comme le commerce international est un moteur de croissance
économique, de prospérité et de développement, il est indispensable que les
parlementaires possèdent une solide connaissance des règles et des négociations
internationales dans le domaine du commerce et de leurs répercussions sur les
politiques en général. Par le biais de ces ateliers, la priorité du FIPA est
d’aider les parlementaires de tout l’hémisphère à acquérir des compétences
techniques sur des questions relevant du commerce international et des
politiques commerciales. En participant à cet atelier régional, la section
canadienne souhaitait faire un pas de plus vers cet objectif.
L’atelier régional sur le commerce,
échelonné sur trois jours, comportait une cérémonie d’ouverture, dans la cour
centrale du Sénat du Mexique, huit séances de travail et deux discussions en
table ronde entre parlementaires. Le Sénat du Mexique était l’hôte de
l’événement, en coordination avec le FIPA et l’Organisation mondiale du
commerce (OMC) qui a délégué plusieurs conférenciers aux séances de travail.
L’ATELIER RÉGIONAL SUR LE COMMERCE POUR
PARLEMENTAIRES
A. Cérémonie d’ouverture
La cérémonie d’ouverture de l’Atelier
régional sur le commerce à l’intention des parlementaires des Amériques s’est
déroulée dans la cour centrale du Sénat. Quatre orateurs y ont pris la parole.
La sénatrice Adriana González Carrillo (secrétaire du Comité des affaires
étrangères du Sénat mexicain et membre du Comité exécutif du FIPA), a signalé
quelques domaines à l’égard desquels, d’après elle, des progrès doivent être
réalisés dans les négociations du cycle de Doha : le commerce équitable, les
droits des travailleurs, la pauvreté et la mobilité de la main d’œuvre. La
deuxième conférencière, Maria Pérez Esteve (conseillère, Division de
l’information et des relations extérieures, Secrétariat de l’Organisation
mondiale du commerce) a résumé les objectifs de l’atelier : enrichir les
connaissances des parlementaires sur le système commercial multilatéral, faire
le point sur les progrès réalisés dans le cadre des négociations du cycle de
Doha et discuter de la multiplication des accords commerciaux régionaux et
d’autres enjeux stratégiques liés à la libéralisation du commerce.
Le troisième conférencier,
l’ambassadeur Eréndira Araceli Paz Campos (directeur général des organisations
économiques régionales et multilatérales, ministère des Affaires étrangères du
Mexique), a parlé de l’importance de l’OMC comme instrument visant à faciliter
l’ouverture de marchés et de sa capacité d’établir des sanctions disciplinaires
contre les pays qui prennent des mesures commerciales unilatérales et de
veiller au respect des règles commerciales convenues. Il a ajouté que l’OMC est
la seule organisation multilatérale dotée d’un véritable mécanisme
d’application des règles, qui prévoit l’imposition de sanctions contre des pays
reconnus coupables d’avoir enfreint les règles de l’OMC.
Le dernier à prendre la parole à la
cérémonie d’ouverture, Eduardo Javier Ramos Dávalos (chef de l’équipe de
coordination des négociations internationales, ministère de l’Économie du
Mexique), a évoqué la participation du Mexique au processus de négociation de
l’OMC et souligné l’importance, pour son pays, de la libéralisation des
échanges commerciaux, autant pour faire progresser les négociations à l’OMC que
la politique actuelle mexicaine relative à la conclusion d’accords commerciaux
bilatéraux et régionaux.
B. Séances de travail et tables
rondes
Les séances de la première journée de
l’atelier avaient comme objectif de renseigner les parlementaires sur le rôle
et la fonction de l’OMC et de faire le point sur les progrès des négociations
du cycle de Doha sur le développement. Les trois séances de travail ont donc
porté sur les trois principaux sujets des négociations : l’agriculture, les
services et l’accès aux marchés pour les produits non agricoles. Les séances
des deuxièmes et troisièmes journées ont été consacrées à des enjeux politiques
plus généraux en matière de commerce.
1. Première séance – Le
Programme de développement de Doha : État d’avancement des négociations
(notamment sur l’agriculture)
La première séance de travail a débuté
par un exposé de Roberto Zapata (directeur général des négociations
multilatérales et régionales, ministère de l’Économie du Mexique). M. Zapata a
d’abord dépeint le contexte des négociations commerciales multilatérales du
cycle de Doha; il a résumé le calendrier et le contenu des huit cycles
précédents de négociations du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et
le commerce). M. Zapata a souligné les résultats des pourparlers cycle
d’Uruguay de 1986 à 1994, le plus connu étant la création de l’OMC.
Il a ensuite brièvement décrit le programme
de négociations du cycle de Doha de l’OMC. Un élément important des
négociations en cours, a t il fait remarquer, est le fait que les membres de
l’OMC ont accepté de négocier selon le principe d’un « engagement unique », ce
qui signifie que l’ensemble du programme de Doha sera négocié simultanément et
qu’aucune entente ne sera conclue tant que les intervenants ne s’entendront pas
sur la totalité des points. Ce principe, selon M. Zapata, peut être vu comme un
avantage ou une contrainte : une contrainte, parce qu’il empêche la conclusion
d’ententes sur des sujets moins controversés, et un avantage, parce qu’il
permet la négociation et le compromis sur une diversité de sujets.
M. Zapata a consacré une grande partie
de son allocution à faire le point sur les négociations sur l’agriculture à
l’OMC. Il a fait un bref rappel des négociations à ce jour, des discussions sur
le sujet qui ont eu lieu lors des réunions ministérielles de l’OMC, ainsi que
des progrès et des reculs constatés depuis le début des négociations du cycle
de développement de Doha, en 2001. Il a présenté une analyse détaillée de la
situation relativement aux trois « piliers » des négociations sur l’agriculture
: l’accès aux marchés, les subventions à l’exportation et les mesures de soutien
interne.
En ce qui concerne l’accès aux marchés,
M. Zapata a fait observer que, bien que la plupart souhaitent l’ouverture des
marchés aux produits agricoles, de nombreux pays présentent des sensibilités ou
des préoccupations particulières qui viennent compliquer les négociations sur
l’ouverture des marchés. Ces sensibilités concernent, par exemple, le
traitement spécial et différencié pour l’accès aux marchés agricoles, la
formule étagée de réduction tarifaire, en vertu de laquelle les tarifs élevés
feraient l’objet de réductions plus importantes, les marges de manœuvre de
chaque pays relativement aux produits « sensibles », les « produits spéciaux »
dans les pays en développement susceptibles d’avoir une importance pour la
sécurité alimentaire et le développement rural, les sauvegardes contre une
hausse subite des importations qui pourrait nuire aux producteurs locaux.
En ce qui concerne les subventions à
l’exportation, M. Zapata a indiqué qu’il existe un consensus parmi les membres
de l’OMC visant une réduction des subventions à l’exportation de 50 % d’ici
2010 et leur suppression complète d’ici 2013. Compte tenu de la précarité des
négociations de l’OMC en général et du fait que les négociations se déroulent
selon le principe d’un « engagement unique », les parlementaires ont appris que
la mise en œuvre de cet accord sur les subventions à l’exportation est loin
d’être certaine.
Enfin, concernant les mesures de
soutien interne, M. Zapata a affirmé que, malgré les défis de taille qu’il
reste encore à surmonter avant d’aboutir à un accord, les pays sont parvenus à
s’entendre sur un système visant à réduire les mesures de soutien interne selon
trois fourchettes : une pour l’Union européenne, une pour les États Unis et le
Japon et une pour tous les autres pays développés et en développement.
En terminant, M. Zapata a brièvement
évoqué l’avenir des négociations sur l’agriculture à l’OMC, faisant observer
que, même si les réunions se poursuivent, il est peu probable qu’on en arrive à
une entente avant la fin de 2010 en raison des obstacles et des défis
politiques considérables qui restent à surmonter.
Les parlementaires ont ensuite été
invités à poser des questions au conférencier. Certains se sont dits préoccupés
par l’absence de progrès dans les négociations sur l’agriculture et laissé
entendre qu’il fallait multiplier les efforts afin de réaliser de véritables
progrès. D’autres ont fait observer qu’il était important d’instaurer un
sentiment d’équité dans le commerce agricole; ils sont d’avis qu’il faut éliminer
les obstacles à l’accès aux marchés des pays développés, notamment les mesures
internes de soutien des prix, afin de permettre aux pays en développement de
profiter de la libéralisation accrue des échanges de produits agricoles. Il a
également été question des obstacles non tarifaires au commerce ainsi que de la
sécurité alimentaire, du transport, de l’environnement, des organismes
génétiquement modifiés et de l’aide pour le commerce.
2. Deuxième séance – Le
Programme de développement de Doha : État d’avancement des négociations sur le
commerce des services et position mexicaine
La deuxième séance de l’atelier a
débuté par un exposé de Guillermo Malpica Soto (directeur général des
négociations sur les services, ministère de l’Économie du Mexique). M. Malpica
a fait l’historique des négociations sur le commerce des services à l’OMC,
décrit l’état d’avancement et la nature des négociations sur ce sujet et
expliqué combien il est important, pour le Mexique, que des progrès soient
réalisés dans ce domaine.
M. Malpica a fait observer que la
principale différence entre le commerce de marchandises et le commerce de
services est le fait que, contrairement aux marchandises, les services ne
peuvent être accumulés. En gros, quatre genres de services peuvent être transigés
: ceux pour lesquels la transaction se fait sans déplacement physique d’une
personne ou d’un bien (par exemple, l’impartition de services d’interprétation
et de diagnostic médicaux), ceux qui nécessitent le déplacement du client
(comme le tourisme médical), ceux pour lesquels le fournisseur du service
établit une présence physique dans un autre pays (par exemple, une banque ou un
hôpital) et ceux pour lesquels le fournisseur du service s’installe dans un
autre pays (un médecin, par exemple).
Il a également expliqué que le mandat
de négocier la libéralisation des échanges de services ne date pas du cycle de
Doha, mais découle plutôt d’un engagement direct pris par les membres de l’OMC
au terme des négociations du cycle d’Uruguay. La libéralisation du commerce des
services fait l’objet de négociations à l’OMC selon le principe de la « liste
positive »; seuls les services expressément mentionnés par les pays membres
sont ouverts à négociation (par contraste, selon l’approche de la « liste
négative », tous les services font l’objet de négociations, sauf ceux inscrits
à une liste d’exceptions).
M. Malpica a également parlé de la
politique mexicaine en matière de libéralisation du commerce des services et
décrit les priorités établies pour les négociations. Pour le Mexique, il est
très important que les négociations avancent et le pays a été un participant
actif au sein des groupes responsables des services de l’OMC. M. Malpica a
également parlé du potentiel extraordinaire que la libéralisation du commerce
des services représente pour les pays en développement. Il a ajouté que les
règles internes de nombreux pays constituent parfois un obstacle de taille au
commerce des services; la négociation de sanctions disciplinaires contre ces
règles est une priorité pour le Mexique.
Bien que le mandat de négocier la
libéralisation du commerce des services date de 1994, les négociations ont peu
progressé à ce jour, a fait remarquer M. Malpica. Il a ajouté que les « listes
positives » initialement présentées par les pays étaient modestes et que les
négociations ont piétiné parce que les services se classent au troisième rang
des priorités des négociations du cycle de Doha, après l’accès aux marchés des
produits agricoles et non agricoles.
La formule de l’atelier permet
normalement aux parlementaires de poser des questions aux conférenciers et
d’échanger leurs points de vue, mais en raison du retard, la période de
questions a dû être abrégée. Un délégué péruvien a fait savoir au groupe que
son pays était sur le point d’adopter un projet de loi qui élargirait l’accès
des fournisseurs internationaux aux services péruviens. Certains parlementaires
ont exprimé leur inquiétude devant la lenteur des négociations sur le commerce
des services à l’OMC. Il a été proposé d’inclure le télé travail et les
services d’assistance et de soutien logiciel dans le futur accord de l’OMC sur
les services.
3. Troisième séance – Le
Programme de développement de Doha : État d’avancement des négociations sur
l’accès aux marchés pour les produits non agricoles
La dernière séance de la première
journée a porté sur le troisième grand point des négociations dans le cadre du
Cycle de développement de Doha : l’accès aux marchés pour les produits non
agricoles (AMNA). Josep Bosch (conseiller, Division de l’information et des
affaires extérieures, Secrétariat de l’OMC) a ouvert la séance en faisant
observer que la principale difficulté des négociations commerciales
multilatérales réside dans le fait que l’OMC est une organisation dirigée par
ses membres et fidèle au principe du consensus et qu’à ce titre, elle ne peut
imposer de décisions aux États membres. Cette situation, conjuguée à la
décision d’appliquer le principe d’un « engagement unique » pour le cycle de
développement de Doha, explique en grande partie la lenteur des négociations
sur l’AMNA et d’autres dossiers.
Après un compte rendu détaillé des
négociations sur l’AMNA, M. Bosch a renseigné les participants sur les enjeux
de ces négociations et certaines des solutions proposées aux membres de l’OMC.
Il a fait remarquer que l’objectif premier des négociations sur l’AMNA est d’en
arriver à une réduction importante des « taux consolidés ». Un « taux consolidé
» est le droit maximal autorisé qu’un pays peut appliquer sur un produit donné,
tout en respectant ses engagements à l’OMC. Les tarifs véritablement appliqués
par les pays sont souvent de beaucoup inférieurs aux tarifs consolidés. M.
Bosch a expliqué qu’en négociant des réductions des tarifs consolidés et non
des tarifs appliqués, les membres de l’OMC sont en mesure de préserver une
certaine marge de manœuvre pour ce qui est des tarifs réellement exigés.
Les parlementaires ont appris que les
négociations sur l’AMNA ont progressé au point qu’on examine maintenant une
formule de réduction des tarifs. Or, comme le cycle de développement de Doha
est un « engagement unique », aucune entente sur l’AMNA ou tout autre sujet ne
sera véritablement conclue tant qu’une entente ne sera pas intervenue sur
l’ensemble du programme.
En vertu de cette formule, initialement
proposée par le Mexique, les pays développés sont appelés à abaisser à 8 %
leurs droits consolidés sur tous les produits visés par l’AMNA sur une période
de cinq ans. Par ailleurs, les pays développés pourraient choisir d’abaisser
leurs taux de droits consolidés maximaux admissibles à 20 %, 22 % ou 25 % sur
une période de dix ans. Pour les inciter à abaisser leur taux, les pays
seraient autorisés à exempter un certain pourcentage de lignes tarifaires de
toute réduction tarifaire. Si un pays développé choisit un coefficient de 20 %,
il serait autorisé à exempter 14 % de ses lignes tarifaires de ses engagements
à réduire ses tarifs. Un pays qui choisit un coefficient de 22 % serait
autorisé à exempter 10 % de ses lignes tarifaires, tandis que s’il choisit un
coefficient de 25 %, il n’aura droit à aucune exemption.
M. Bosch a donné un aperçu de quelques
unes des autres priorités et propositions relatives à l’AMNA : hausser le
niveau de libéralisation du commerce de certains produits non agricoles (comme
le poisson), accorder une attention spéciale à certains blocs régionaux, comme
le Marché commun du cône sud (Mercosur) et l’Union d’Afrique australe, et
inclure une clause « anticoncentration » qui empêcherait les pays d’appliquer
les exemptions susmentionnées pour exclure des secteurs entiers des réductions
tarifaires. Il a également attiré l’attention sur certaines autres dispositions
proposées qui, si elles sont adoptées, accorderaient une attention spéciale aux
pays en développement, en plus des différences proposées dans les échéanciers
de réduction tarifaire dont on vient de parler. Des considérations spéciales
sont proposées pour les pays qui appliquent déjà de faibles coefficients de
tarifs consolidés, les petites économies rurales (celles qui représentent moins
de 0,1 % du commerce mondial), les nouveaux membres de l’OMC, les pays les
moins avancés et les pays pauvres pour lesquels une nouvelle entente sur l’AMNA
aurait pour effet d’éroder leur accès préférentiel à certains marchés riches
(par exemple, des concessions spéciales d’accès aux marchés consenties par les
États-Unis à l’égard des produits provenant d’Afghanistan).
Au terme de l’exposé, les
parlementaires ont eu l’occasion de formuler leurs observations et de poser des
questions à M. Bosch au sujet de l’AMNA. Divers sujets ont été abordés : les
crêtes tarifaires et la progressivité des droits et l’importance de ces mesures
pour encourager la production industrielle secondaire dans les pays en
développement, la relation entre l’OMC et l’Organisation internationale du
travail (OIT), notamment en ce qui concerne le risque d’exploitation des
travailleurs dans certains pays. Les parlementaires ont également discuté de la
manière d’intégrer aux accords de l’OMC des mesures disciplinaires pour les
dommages causés à l’environnement, même si, comme on l’a fait remarquer, l’OMC
n’a pas le mandat d’établir des politiques de protection de l’environnement ni
de s’occuper de questions comme la rareté des ressources et la souveraineté
alimentaire. Les délégués ont brièvement abordé la question du déséquilibre des
pouvoirs entre les grands pays riches et les petits pays pauvres lorsqu’un
différend survient entre les deux.
La dernière question posée à M. Bosch
concernait les cas périodiques de surproduction de produits agricoles et
agroalimentaires dans certains pays et les moyens à prendre pour exporter ces
biens vers des pays frappés par des pénuries alimentaires, sans pour autant
enfreindre les dispositions antidumping de l’OMC. Il existe deux scénarios
permettant d’exempter ces denrées d’un éventuel droit antidumping.
Premièrement, si la denrée alimentaire en question n’est pas produite dans le
pays d’exportation, ou si son exportation ne cause pas de préjudice aux
industries locales, on pourrait alors considérer qu’il n’y a pas eu de dumping.
Deuxièmement, si l’envoi de denrées alimentaires est considéré comme une aide
et non comme une transaction commerciale normale, aucun droit antidumping ne
sera alors imposé.
4. Discussion table ronde de la
première journée
La journée s’est terminée par une
discussion en table ronde qui a permis aux parlementaires de revenir plus en
détail sur certains sujets abordés au cours de la journée, notamment sur le
système commercial multilatéral, et de partager leurs observations et leurs préoccupations
concernant la portée, le contenu et l’état d’avancement des négociations du
cycle de développement de Doha de l’OMC. Les participants ont abordé un vaste
éventail de sujets au cours de cette discussion, notamment les défis que
doivent relever les petits pays des Antilles.
À titre d’exemple, on a fait remarquer
que les droits douaniers représentaient une importante source de revenus pour
les petits pays. De plus, certains d’entre eux peuvent appliquer des droits
élevés afin d’empêcher l’importation de produits non désirés. Certains
parlementaires ont également laissé entendre que l’OMC ne s’est pas toujours
comportée en amie avec les petits pays dans le passé. Selon eux, il est
impossible pour un pays comme Antigua et Barbuda, par exemple, avec une
population de 40 000 habitants, de faire concurrence à un pays de 300 millions
d’habitants sur les marchés internationaux. Ils ont ajouté que les dispositions
sur le traitement spécial et différencié (TSD) de l’OMC, dont le but est de
corriger ces déséquilibres, ne donnent pas les résultats attendus. Cet argument
a déclenché un débat parmi les parlementaires sur l’efficacité des dispositions
sur le TSD et sur l’empressement de nombreux petits pays à adhérer à l’OMC,
malgré les réserves exprimées par certains.
Les parlementaires ont parlé de
l’importance de faire avancer les négociations à l’OMC concernant l’élimination
des subventions à l’agriculture. Vu la lenteur des négociations, les pays sont
de plus nombreux à conclure des accords régionaux et bilatéraux afin de
poursuivre leurs programmes de libéralisation des échanges. Or ces accords
bilatéraux et régionaux évitent généralement la question des subventions à
l’agriculture. De l’avis de certains parlementaires, les pays invoquent
l’impasse dans les négociations dans le domaine de l’agriculture comme prétexte
pour éviter de s’engager à mettre fin aux subventions à l’agriculture dans les
accords régionaux et bilatéraux.
Les délégués ont également abordé la
problématique homme femme dans le domaine du commerce. Ils ont fait observer
que le commerce offre des possibilités autant aux hommes qu’aux femmes, mais
qu’il est nécessaire d’intégrer la question de l’égalité homme femme à tous les
niveaux de la négociation et de la mise en œuvre des accords commerciaux. Les
parlementaires ne se sont toutefois pas attardés étant donné qu’une prochaine
séance de l’atelier portera expressément sur les thèmes du commerce, de
l’égalité entre les sexes et de la pauvreté.
Les participants ont également souligné
l’importance d’inclure des dispositions spéciales relatives au commerce de
biens, de services et de technologies de l’environnement dans tout accord
découlant du cycle de Doha. Plusieurs ont dit que la libre circulation de ces
produits peut contribuer à améliorer l’environnement en facilitant
l’acquisition de technologies et de produits antipollution. Certains délégués
ont ajouté que la libéralisation des échanges de biens écologiques
encouragerait la mise au point de tels produits.
5. Quatrième séance – Accord
sur le règlement des différends : Introduction et état d’avancement des
négociations
Tandis que la première journée de
l’atelier régional sur le commerce portait sur trois grands sujets des
négociations du cycle de Doha sur le développement, soit l’agriculture, l’AMNA
et les services, la deuxième journée a été consacrée à un examen plus détaillé
de questions précises liées au commerce. La première séance a porté sur le
règlement des différends, avec des exposés de Jorge Castro (conseiller,
Division des affaires juridiques, Secrétariat de l’OMC) et de Carlos Vejar
Borrego (directeur général du service de consultation juridique sur les
négociations, ministère de l’Économie du Mexique).
Jorge Castro a d’abord brièvement
décrit les principes directeurs du GATT qui ont établi un système commercial
fondé sur des règles, qui constitue la base de l’OMC. Il a ensuite expliqué en
détail le mécanisme de règlement des différends (MRD) de l’OMC. Il a fait
remarquer que le but du MRD est de rendre les règles de l’OMC plus sûres et
prévisibles. Le premier recours du processus est celui de la diplomatie; les
pays sont encouragés à chercher à résoudre leurs litiges dans le cadre de
consultations bilatérales. En cas d’échec, toutefois, les pays ont recours à un
processus juridique indépendant et impartial de règlement des différends. Ce
mécanisme comprend, en dernier recours, le droit d’imposer une suspension
temporaire des avantages commerciaux (c’est à dire le droit d’appliquer des
tarifs de rétorsion) en cas de non respect persistant des décisions du MRD.
M. Castro a signalé que près de la
moitié de la totalité des différends devant l’OMC sont réglés à l’amiable sans
le recours au MRD. Pour l’autre moitié des cas réglés au moyen du MRD, le
respect des décisions juridiques est la norme; les sanctions pour non respect
sont appliquées à un infime pourcentage de cas seulement. Des 409 cas dont a
été saisie l’OMC depuis 1995, des mesures tarifaires de rétorsion n’ont été
appliquées que dans 17 cas.
Même si le MRD de l’OMC autorise les
pays à imposer des tarifs de rétorsion en cas de non respect des décisions de
l’OMC, M. Castro a insisté sur le fait que l’OMC n’a pas le pouvoir direct de
faire appliquer ces décisions. Elle ne peut imposer de changements législatifs
aux gouvernements membres.
M. Castro a reconnu que, même si l’OMC
dirige un MRD impartial et dispose d’un fonds pour aider les pays pauvres à
payer leurs frais d’aide juridique, les asymétries entre pays demeurent
préoccupantes. Les grands pays riches ont un cadre juridique plus élaboré et
plus de ressources juridiques que les petits pays. En outre, certains petits
pays n’ont pas la capacité financière ou économique d’absorber les coûts liés à
l’imposition de restrictions commerciales aux grandes économies qui ne
respectent pas les décisions. Selon M. Castro, une solution a été proposée pour
régler ce problème persistant : permettre à ces pays de transférer à un tiers
pays le pouvoir d’imposer des mesures punitives, dans l’éventualité où eux
mêmes seraient incapables de le faire. À son avis, cette solution n’éliminera
peut être pas les asymétries entre pays riches et pays pauvres, mais elle
pourrait les atténuer.
Le deuxième conférencier, Carlos Vejar,
a couvert quatre points : les négociations du cycle de développement de Doha
relatives au MRD, l’expérience des pays membres de l’OMC à ce jour avec le MRD
dans sa forme actuelle, l’importance que les pays se dotent d’un solide cadre
juridique national pour les aider à régler leurs différends commerciaux et les
mesures de rétorsion ou la suspension des avantages.
M. Vejar s’est surtout attardé à
décrire le MRD en place et les améliorations proposées. Il a fait remarquer que
l’expérience des pays avec le mécanisme actuel est généralement positive
jusqu’à maintenant, malgré l’extrême lenteur du processus. Il a ajouté que la
mise en place d’un système accéléré de règlement des différends était l’un des
sujets de négociations du cycle de Doha.
Au sujet des améliorations à apporter
au MRD, M. Vejar a fait observer que, malgré les préoccupations suscitées par
la lenteur du processus, certains pays préfèrent le statu quo étant donné que
ce système fonctionne raisonnablement bien. De nombreux pays hésitent également
à proposer des changements à ce mécanisme avant de connaître l’issue des
négociations du cycle de Doha dans d’autres domaines; il serait imprudent,
selon eux, de modifier le mécanisme de règlement des différends avant de savoir
sur quels sujets il devra se prononcer. Certaines modifications sont toutefois
à l’étude, notamment le versement d’une compensation aux pays pour les dommages
résultant d’enfreintes aux règles de l’OMC par d’autres pays membres.
À l’issue de ces deux exposés, les
parlementaires ont posé des questions sur des points précis du mécanisme de
règlement des différends et du processus d’appel ainsi que sur la possibilité
de créer une disposition qui permettrait de faire une évaluation rapide afin de
déterminer si un pays a clairement et explicitement enfreint les règles de
l’OMC. On a également demandé si la manipulation des devises constituait, aux
yeux de l’OMC, une enfreinte pouvant donner lieu à des poursuites en cas de
litiges. Les médiateurs de la séance ont répondu que le GATT reconnaît que la
manipulation de devises risque de déclencher un différend commercial, ajoutant
toutefois qu’il est difficile de prouver qu’il y a manipulation de devises, et
encore plus difficile de prouver qu’elle vise l’obtention d’un avantage
concurrentiel indu sur les marchés d’exportation.
6. Cinquième séance – Le
système multilatéral et les nouveaux accords commerciaux régionaux
La deuxième séance de la deuxième
journée a été consacrée à la récente multiplication des accords commerciaux
bilatéraux et régionaux. Elle a débuté par un exposé de M. Gustavo Vega Cánovas
(directeur du Centre des études internationales, Colegio de México) qui a parlé
du débat sur l’incidence que la prolifération de ces accords a eue et continue
d’avoir sur les négociations commerciales multilatérales à l’OMC.
Pour certains, il y a incompatibilité
entre la libéralisation des échanges multilatéraux et la libéralisation des
échanges régionaux ou bilatéraux. Les accords régionaux et bilatéraux créent
des conditions commerciales préférentielles entre pays partenaires et ces
conditions sont, par leur nature, discriminatoires à l’endroit des non
participants. À l’inverse, le processus multilatéral est non discriminatoire
pour les 153 États membres. Même si les accords régionaux et bilatéraux
stimulent les échanges et réduisent les obstacles à la libre circulation de
biens et services, ils n’accordent pas toujours la préférence aux producteurs
mondiaux les plus efficaces, mais plutôt aux producteurs des pays partenaires
qui jouissent d’un avantage tarifaire aux termes de l’accord bilatéral.
Certains participants ont laissé entendre que les accords régionaux et
bilatéraux compliquent et fragmentent le système commercial mondial, parce
qu’ils créent un enchevêtrement d’accords qui varient selon leur portée, leur
intégralité et, dans certains cas, leurs règles commerciales. Ces différences
peuvent compliquer le commerce international parce que les entreprises doivent
s’adapter à différentes exigences, selon le pays d’où elles importent ou vers
lequel elles exportent.
Par ailleurs, les parlementaires ont
appris que les accords régionaux et bilatéraux comportent aussi des avantages.
Dans la mesure où ils génèrent de la richesse en stimulant les échanges, cette
richesse peut servir à accroître les échanges commerciaux avec des pays tiers.
Un autre avantage, c’est que les accords régionaux et bilatéraux sont plus
faciles à négocier que les accords multilatéraux parce qu’ils engagent moins de
pays. En outre, les accords régionaux et bilatéraux peuvent parfois aboutir sur
des négociations plus larges au niveau multilatéral ou en être les précurseurs.
On a donné l’exemple de l’accord de libre échange Canada États Unis, qui
englobait des enjeux qui ont par la suite été repris dans les négociations du
cycle d’Uruguay, alors que certains pays hésitaient à les inclure dans l’accord
multilatéral. Selon M. Vega, dans l’ensemble, les accords régionaux sont
utiles, à condition qu’ils respectent les règles de l’OMC.
M. Vega a ensuite parlé de l’expérience
du Mexique relativement aux accords commerciaux multilatéraux ainsi qu’aux
accords régionaux et bilatéraux. Il a fait la chronologie de la participation
de son pays aux accords commerciaux, en commençant par son adhésion au GATT, en
1986; il a brièvement expliqué les répercussions de la hausse du volume des
échanges sur l’économie mexicaine. Il a indiqué que malgré l’augmentation des
échanges commerciaux du Mexique, l’accès à de nouveaux marchés et l’ouverture
de nouvelles entreprises nationales, il y a encore au Mexique des secteurs restreints
à l’investissement étranger, ce qui empêche le pays de mieux profiter des
avantages offerts par le libre échange. Il a donné l’exemple du secteur gazier
et pétrolier de son pays qui, à son avis, pourrait profiter d’une augmentation
de l’investissement étranger direct.
M. Vega a terminé en insistant sur le
fait que le Mexique accorde une haute priorité à la réussite des négociations
du cycle de Doha. D’après lui, c’est au niveau multilatéral qu’il devrait y
avoir le plus de progrès sur des questions comme le commerce des services, les
subventions à l’agriculture et le règlement des différends. Il a ajouté que la
libéralisation du commerce ne suffira pas à garantir le développement
économique d’un pays comme le Mexique. Ces accords doivent être accompagnés de
politiques nationales complémentaires, notamment de réformes de l’agriculture.
Il soutient que l’absence de politiques nationales empêche le Mexique de
réaliser des progrès significatifs dans les domaines du commerce, du
développement rural et de réduction de la pauvreté.
À l’issue de l’exposé, les
parlementaires ont posé à M. Vega des questions sur les politiques mexicaines
relatives à l’investissement étranger direct (IÉD). Ils lui ont notamment
demandé quels pays investisseurs le Mexique souhaitait attirer. Ils ont
également souligné le fait que certains accords régionaux comportent des
dispositions non commerciales, par exemple, le Mercosur qui comporte des volets
sociaux, politiques et culturels et établit un tarif extérieur commun. Les parlementaires
ont également parlé des conditions de base requises pour attirer l’IÉD ainsi
que des politiques nationales et des réformes requises pour que les avantages
du libre échange se traduisent en développement économique et en réduction de
la pauvreté.
7. Sixième séance – La
politique de la concurrence et le système commercial multilatéral dans le
contexte de la crise économique internationale
La dernière séance de la deuxième
journée a porté sur la compétitivité et la politique de la concurrence. Eduardo
Pérez Motta (président de la Commission fédérale de la concurrence du Mexique)
a ouvert la séance. Il a cependant dû abréger son exposé en raison des retards
survenus durant les séances précédentes.
M. Pérez a parlé du lien entre la
politique de la concurrence et le commerce, en s’appuyant plus particulièrement
sur l’expérience du Mexique à cet égard. Il a fait remarquer que le Mexique
éprouve des problèmes bien documentés de compétitivité structurelle, ce qui a
freiné sa croissance économique. Le Mexique se classe sous la moyenne dans la
plupart des indicateurs de compétitivité internationale.
Selon M. Pérez, le manque de
compétitivité du Mexique freine non seulement le potentiel de croissance
économique du pays, mais il contribue aux disparités de revenu persistantes et
croissantes et accentue la méfiance à l’égard des politiques économiques
mexicaines fondées sur le marché. Selon lui, le pays doit absolument se doter
de politiques nationales sur la concurrence s’il veut retirer des avantages des
accords commerciaux multilatéraux et assurer la solidité et le dynamisme de
l’économie nationale. Il a affirmé que l’absence de politique sur la
concurrence est l’un des principaux facteurs expliquant le manque de
compétitivité du Mexique sur les marchés internationaux. À son avis, l’absence
d’une politique efficace sur la concurrence impose des coûts élevés aux
entreprises nationales de fabrication et est à l’origine des pressions
politiques visant le retrait du pays des accords commerciaux multilatéraux, de
peur que les entreprises nationales ne soient pas en mesure de soutenir la
concurrence des producteurs étrangers. M. Pérez a dit que les accords
commerciaux internationaux contribuaient grandement à stimuler la concurrence
intérieure, mais que cela n’était pas suffisant. Ces accords ne devraient être
que le complément des politiques nationales sur la concurrence.
Au cours de la période des questions
quelque peu écourtée qui a suivi l’exposé de M. Pérez, les parlementaires ont
abordé plusieurs sujets, notamment la position de l’OMC relativement à la
concurrence dans les secteurs de la transformation des aliments, du sucre, du
pétrole et des mines, qui sont des secteurs restreints ou lourdement
subventionnés dans de nombreux pays. Ils ont également parlé des difficultés
que les petits producteurs éprouvent pour accéder aux marchés internationaux et
de l’aide que les pays pourraient leur offrir pour corriger la situation. Ils
ont également parlé de la nécessité de veiller à ce que les consommateurs
obtiennent toute l’information dont ils ont besoin pour faire des choix
éclairés sur le marché international. Enfin, ils ont souligné la nécessité
d’éliminer certains obstacles non tarifaires afin de stimuler la concurrence.
Les parlementaires ont notamment insisté sur la nécessité d’éliminer certaines
procédures douanières et des obstacles à l’octroi de brevets.
8. Discussion table ronde de la
deuxième journée
Faute de temps, il y a eu très peu
d’interventions durant cette discussion en table ronde. Les parlementaires ont
cherché à comprendre pourquoi la forte croissance commerciale observée au
Mexique depuis le début des années 1990, conjuguée à un important excédent
commercial, n’avait pas davantage stimulé la croissance économique du pays. On
a fait remarquer que le commerce peut être un outil de croissance économique,
mais qu’en l’absence de réformes intérieures et d’une politique efficace sur la
concurrence, il ne suffit pas à lui seul à garantir la prospérité économique.
Les délégués ont de nouveau soulevé la question de la difficulté des petites
entreprises à soutenir la concurrence sur les marchés internationaux et cité
l’exemple des petits producteurs péruviens de café de qualité supérieure qui
ont du mal à pénétrer les marchés internationaux.
Il a également été question de la
nécessité de doter l’OMC d’un mécanisme de règlement des différends efficace et
rapide et de l’avantage que représentent les accords régionaux comportant des
dispositions non commerciales. À ce sujet, certains parlementaires ont dit que
l’Alliance bolivarienne des peuples de notre Amérique (ALBA) était un excellent
exemple d’un accord de substitution comportant un solide volet social dans le
cadre duquel les pays collaborent pour leur bien commun au lieu de se faire
concurrence les uns les autres.
9. Septième séance – Les défis
du développement et la libéralisation du commerce : La pauvreté et la
problématique homme femme
Alma Espino (présidente et
coordonnatrice de l’Unité sur l’égalité entre les sexes et le développement,
Centre interdisciplinaire d’études sur le développement, Uruguay) a pris la
parole au cours de la septième séance de l’atelier. La délégation canadienne
n’a cependant pas pu être présente en raison d’une rencontre déjà prévue avec
l’ambassadeur canadien aux États-Unis du Mexique, Guillermo Rishchynski.
10. Rencontre avec l’ambassadeur
Rishchynski
La délégation canadienne a eu une
rencontre positive et instructive avec l’ambassadeur Rishchynski au cours de
laquelle ils ont abordé un vaste éventail de sujets relatifs aux relations
canado mexicaines et les relations mutuelles des deux pays avec les États Unis.
L’entretien a porté sur les sujets suivants : la récente catastrophe pétrolière
dans le golfe du Mexique et ses répercussions potentielles sur l’économie
mexicaine, l’importance du secteur pétrolier et gazier pour le Mexique,
notamment comme source de revenus pour le gouvernement, les problèmes à la
frontière entre le Mexique et les États Unis, notamment leurs répercussions sur
la migration de travailleurs et le transport de marchandises, l’importance des
relations économiques canado mexicaines, la récente imposition mutuelle de
visas par les deux pays et l’incidence que cette mesure risque d’avoir sur
leurs relations, la nécessité d’accroître la mobilité de la main d’œuvre dans
l’ensemble de l’Amérique du Nord, notamment pour faire face aux pénuries
croissantes de main d’œuvre au Canada, et la visite prévue du président
mexicain Filipe Calderón au Canada (qui a maintenant eu lieu). Les délégués
canadiens sont heureux d’avoir eu l’occasion de rencontrer l’ambassadeur
Rishchynski et d’avoir eu avec lui une discussion ouverte et honnête sur les
relations canado mexicaines et d’autres enjeux relatifs à l’espace économique
nord américain.
11. Huitième séance – La
dimension parlementaire du commerce
La dernière séance de l’atelier a porté
sur le rôle des parlementaires dans la politique commerciale. Le format de la
séance était différent de celui des précédentes. María Pérez Esteve a ouvert la
séance en demandant aux parlementaires d’examiner le rôle des parlements dans
la politique commerciale, en répondant à trois questions.
1. Quel rôle pourraient ou
devraient jouer les parlementaires afin de :
• profiter de l’espace
politique offert par les accords de l’OMC en vue de la réalisation des
objectifs nationaux en matière de développement;
• sensibiliser les citoyens
aux enjeux de la politique commerciale et servir leurs intérêts de manière
efficace;
• surveiller la mise en œuvre
des accords commerciaux?
2. Quelle a été l’expérience de
votre parlement à ce jour relativement aux enjeux commerciaux et aux
négociations de l’OMC?
3. Quelles mesures pratiques,
notamment celles prises au niveau national ou par l’entremise d’instances
internationales comme le FIPA et l’OMC, pourraient vous aider à jouer un rôle
plus actif dans ce domaine?
Les parlementaires se sont ensuite
scindés en deux groupes – l’un anglophone et l’autre hispanophone – pour un
débat libre et ouvert sur ces sujets. Par l’entremise d’un rapporteur, chaque
groupe a présenté ses conclusions devant l’ensemble des participants.
Dans le groupe de langue anglaise, dont
faisaient partie tous les délégués canadiens, les discussions ont porté sur une
diversité de sujets. Plusieurs parlementaires ont fait savoir qu’étant donné
que la question des négociations à l’OMC est rarement abordée au niveau
parlementaire, bon nombre d’entre eux avaient une connaissance limitée de l’OMC
et des enjeux du commerce multilatéral en général. On a toutefois insisté sur
le fait que les parlementaires avaient un rôle important à jouer pour
renseigner les citoyens sur les répercussions potentielles des accords
commerciaux et qu’ils avaient encore beaucoup de travail à faire pour être bien
au fait des activités de l’OMC et des répercussions potentielles des accords et
des mesures de l’OMC sur leurs électeurs. Les participants ont reconnu qu’il
existait une pléthore de renseignements sur l’OMC et ses activités, ajoutant
qu’il fallait leur transmettre cette information. L’accès à l’information est
une grande priorité pour les parlementaires parce qu’ils ont besoin de bien
comprendre les règles commerciales et les limites qu’elles imposent aux
politiques nationales afin d’éviter de proposer des lois susceptibles
d’enfreindre les accords commerciaux internationaux.
Les parlementaires ont reconnu qu’ils
ne peuvent être des experts techniques en matière de commerce. De nombreux
participants ont fait remarquer que les parlementaires n’avaient pas le mandat
de faire la promotion de l’OMC auprès de leurs électeurs. Plusieurs
participants ont affirmé que ce serait là une tâche très difficile qui risquait
d’être perçue comme une campagne contre les entreprises locales qui souhaitent
être protégées contre la concurrence étrangère. Les parlementaires croient
plutôt qu’ils doivent avoir une bonne connaissance des répercussions des
accords commerciaux et de leur rôle dans différents secteurs de l’économie
locale.
La délégation canadienne a trouvé cet
atelier très utile et instructif dans son ensemble, mais, de l’avis général, la
dernière séance fut la plus appréciée parce qu’elle a donné aux participants
l’occasion de partager leurs opinions, leurs intérêts et leurs préoccupations
sur divers enjeux. Les parlementaires en ont profité pour exprimer leurs points
de vue et entendre ceux de leurs homologues, dont bon nombre avaient une
perspective bien différente de la leur en raison de la taille, de l’emplacement
géographique et du niveau de développement économique de leur pays respectif.
CONCLUSION
La section canadienne du FIPA a déjà
envoyé des délégations à plusieurs ateliers sur le commerce. Les parlementaires
canadiens en sont toujours revenus avec une meilleure connaissance du système
commercial multilatéral et des enjeux complexes de la politique commerciale.
Cet atelier régional n’a pas fait exception. La présence de spécialistes de
l’OMC et du gouvernement mexicain a permis aux délégués d’avoir une bonne idée
de l’état d’avancement des négociations du cycle de développement de Doha et
d’obtenir moult renseignements sur les divers sujets de négociation.
La section canadienne a également
profité de l’occasion pour rencontrer des parlementaires d’autres pays membres
du FIPA qui partagent leur intérêt pour le commerce international et les enjeux
politiques du commerce. Ces échanges entre parlementaires ont permis aux
délégués canadiens de connaître le point de vue des autres pays, notamment de
ceux qui sont très différents sur les plans économique, social et géographique.
La section canadienne du FIPA croit que
des ateliers régionaux sur le commerce sont un excellent moyen pour les
parlementaires de l’ensemble des Amériques d’enrichir leurs connaissances et
leurs compétences en matière de commerce. Elle souhaite que ces ateliers d’une
valeur inestimable aient lieu plus souvent.
Respectueusement
soumis,
Randy Hoback, député
Président, Section canadienne
du Forum interparlementaire des Amériques (FIPA)