L’honorable Joan Cook, sénatrice, a
représenté la Section canadienne de l’Association parlementaire du Commonwealth
(APC) en qualité d’observatrice à la 40e conférence des Îles
Anglo-Normandes et de la région méditerranéenne à St. Peter Port, à Guernesey,
dans les îles Anglo-Normandes, du 15 au 19 juin 2009.
Rapport
En ma qualité de représentante de la
Section canadienne de l’Association parlementaire du Commonwealth (APC), j’ai
eu à la fois l’honneur et le privilège d’être choisie pour représenter le
Canada comme observatrice à cette conférence. Dans l’ensemble, les
délibérations ont été proactives et visionnaires sur la question du
« ralentissement économique ».Les conférenciers étaient réputés et
ils ont présenté un aperçu réaliste de la situation.
Le lundi 15 juin
Le président des États et gouverneur de
Guernesey, M. Geoffrey R. Rowland, a présidé les cérémonies d’ouverture.
La conférence a été officiellement déclarée ouverte par S.E. le
lieutenant-gouverneur, Sir Fabian Malbon. Une photo officielle de la conférence
a été prise dans les marches du Palais de justice. L’assemblée générale
annuelle régionale s’est tenue dans la Chambre de la cour royale.
Le mardi 16 juin
La séance a commencé par une allocution
sur l’évolution des relations constitutionnelles de Guernesey avec le
Royaume-Uni et l’Union européenne, suivie d’une brève visite pour voir les
chartes dans la chambre forte du Greffe. J’ai trouvé intéressant de voir les
chartes qui étaient remises aux émigrants en partance des îles vers l’Île-du-Prince-Édouard
pour leur donner droit à des terres au moment de sa colonisation.
Le discours liminaire, prononcé par le
Très Honorable John Redwood, député, a porté sur le ralentissement économique
mondial, ses origines et répercussions, ainsi que sur les politiques qu’il
conviendrait d’adopter. Son allocution a abordé les
aspects suivants :
a)aperçu de la crise du crédit;
b)allusion à la défaillance des banques et de la réglementation;
c)les excès des produits dérivés et des marchés de la dette garantie,
y compris les politiques monétaires et budgétaires de certains pays, en
particulier les États-Unis;
d)la façon dont le choc a frappé à la fois les économies exportatrices
prospères à taux d’épargne élevés et les grands pays importateurs, qui sont
aussi de grands emprunteurs.
Il a été reconnu que des pays
différents, c’est-à-dire les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Chine
et le Japon se trouvent à des étapes différentes du Cycle et doivent donc
mettre en œuvre des politiques distinctes les unes des autres.
Le professeur Robert Van Order, ancien
économiste en chef de Freddie Mac, de l’Université d’Aberdeen et de
l’Université George Washington, M. Tom Burns, avocat spécialisé en
titrisation, de l’Université d’Aberdeen, a présenté une analogie entre la crise
hypothécaire et le système bancaire fantôme. Ils ont tous deux
examiné, en détail, les causes de la crise survenue dans un contexte de faible
réglementation et qui a produit certains des avoirs toxiques qui ont entraîné
la faillite de banques. Leurs allocations portaient les
titres suivants :
a)L’économie américaine et la crise du marché
hypothécaire – Les origines de la pénurie de crédit
b)La production excédentaire du marché du logement
A émané de cette séance un appel à la
réglementation du secteur des cartes de crédit.
Il s’est tenu des ateliers sur la
gouvernance des entreprises, le commerce international et les répercussions de
la crise sur les petits territoires. J’ai choisi d’assister au dernier.
Les conférenciers étaient M. Dirk
Willem te Velde, chef de programme et chercheur à l’Overseas Development
Institute, et l’honorable président Delroy Chuck, député, président de la
Chambre des représentants de la Jamaïque.
L’atelier a surtout porté sur les
dangers du protectionnisme et sur la tendance des économies nationales à se
replier sur elles-mêmes, ainsi que sur l’évitement d’une grave récession
sociale dans les pays en développement, porteuse de répercussions irréversibles
dans le monde entier.
Les participants ont souligné, par
consensus, la nécessité d’une aide au développement et de stratégies
d’investissement efficaces et durables.
Le mercredi 17 juin
Les conférenciers, le professeur
Patrick Minford, ancien conseiller auprès de Margaret Thatcher, Université de
Cardiff, et Lord Christopher Haskins, de Skidby, membres du Sous-comité des
affaires économiques et financières, et du commerce international, de l’Union
européenne, Chambre des Lords, ont animé une séance sur le thème Cadres
de coopération internationale : aspects financiers et politiques.
Le cadre actuel a été examiné et on a
fait observer que les réactions de gouvernements à l’effondrement du crédit
avaient perturbé le système monétaire. Les discussions
ont débouché sur les conclusions suivantes :
a)Il faut rétablir le capital des banques
b)La société a besoin de la loi et de l’ordre (réglementation)
c)Il faut veiller à ce que la population comprenne la crise bancaire
d)Il faut mettre en place un nouveau cadre
Les conférenciers, Jon Moulton,
président-directeur général et fondateur de Alchemy Partner, et M. Michael
Fallon, député, vice-président du Comité spécial du Trésor de la Chambre
des communes, Royaume-Uni, ont présenté des communications sur le thème Une
réaction nationale efficace : Points de vue de l’opposition et du monde
des affaires – Les répercussions de l’examen parlementaire sur les politiques
gouvernementales d’aujourd’hui et d’hier.
Sont à prendre en compte les dimensions
suivantes :
a)Le secteur public du Royaume-Uni a emprunté davantage que ce qu’il
n’a gagné au cours des cinquante dernières années, sauf trois, et la dette
publique atteindra 100 p. 100 du PIB d’ici 2014
b)Les erreurs économiques en matière d’éradication de la pauvreté – le
système réglementaire était mal conçu
c)On craint dans le monde entier qu’il n’ y ait cessation de paiements
sur la dette souveraine de 16 billions de dollars
d)Mieux vaut ne pas se trouver au Royaume-Uni; l’intégrité a reculé et
il n’y avait pas suffisamment d’actifs pour générer assez de revenus pour payer
l’intérêt.
Au cours de la dernière séance, les
participants ont défini les contours d’un cadre général d’action pour les
parlementaires.
D’après les recommandations des
ateliers et des conférenciers d’honneur, j’en arrive à la conclusion que :
a)nous devons insister sur la nécessité d’un examen efficace, ainsi
que de freins et de contrepoids de la part des Parlements et des parlementaires
b)nous devons prendre en compte le rôle des parlementaires d’obliger
le secteur des services financiers à rendre des comptes tout en assurant la
compréhension de leur base et un large consentement à des dépenses et à des
mesures gouvernementales.
On a fait remarquer ce qui suit :
a)Alors que les banques représentent le fluide vital de notre
économie, elles sont très mal gérées et mal dirigées
b)Il faut mettre en œuvre une politique à long terme qui soit
équitable
c)Il importe de réexaminer le prêt de deniers publics
d)Il faut se doter d’un bon plan reposant sur une bonne vision, qui
soit bien équilibré et non inflationniste
e)Il faut définir une politique publique en ce qui concerne les fonds
publics.
Le jeudi 18 juin
Il a été proposé aux participants et
aux hôtes les accompagnant de faire une excursion facultative d’une journée à
l’île de Sercq, moyennant des frais.
Sercq est la plus petite des quatre
principales îles Anglo-Normandes; elle est située à environ 80 milles de
la côte sud de l’Angleterre. L’île de Sercq compte une population
de 850 personnes. Les îles Aglo-Normandes appartiennent à la Couronne
depuis l’époque de Guillaume le Conquérant, faisant alors partie du duché de
Normandie. Au XIIIe siècle, le roi Jean les a conservées au
moment où le reste de la Normandie tombait aux mains des Français.
En 1565, la reine Elizabeth I a accordé Sercq à Helier de Carteret avec le
statut de « fief haubert » et le statut particulier de l’île est
resté inchangé jusqu’à nos jours. Aujourd’hui, Sercq conserve cette
indépendance, mais par l’entreprise d’un parlement entièrement élu (appelé les
« chefs plaids »); elle ne fait partie ni du Royaume‑Uni, ni de
l’Union européenne, mais n’est pas non plus un État souverain.
Je remercie l’Exécutif de l’Association
parlementaire du Commonwealth, Section canadienne, de m’avoir choisie pour la
représenter à ces travaux. Je n’ai pas ménagé mes efforts pour représenter le
Canada et j’ai assisté assidûment à tous les séminaires et à toutes les
activités. Cette conférence a vraiment été pour moi une expérience mémorable.
Respectueusement soumis,
M. Russ Hiebert, député,
président, Section canadienne de l’Association
parlementaire du Commonwealth (APC) pour pour l’honorable Joan Cook, sénatrice