M. Peter
Goldring, député, a dirigé une délégation canadienne de deux personnes à la
réunion du Comité permanent des parlementaires de la région
arctique (CPPRA) (le Comité) qui a eu lieu à Syktyvkar, en Russie,
les 28 et 29 septembre 2011. L’autre membre de la
délégation était M. Dennis Bevington, député. M. Sebastian Spano, du
Service d’information et de recherche parlementaires de la Bibliothèque du
Parlement, a accompagné la délégation à titre de conseiller. L’ébauche de
procès-verbal de la réunion du 28 septembre 2011 tenue à Syktyvkar,
dans la République de Komi, en Russie, est annexée au présent rapport. Ce
procès-verbal a été rédigé par la secrétaire général du Comité.
La Conférence des
parlementaires de la région arctique est un organisme parlementaire réunissant
les délégations nommées par les parlements nationaux des États de l’Arctique
(le Canada, le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège, la Russie, la
Suède et les États-Unis d’Amérique et le Parlement européen). Y siègent
également des participants permanents représentant les peuples autochtones,
auxquels s’ajoutent des observateurs. La Conférence se réunit aux deux ans. La
huitième conférence a eu lieu à Fairbanks, en Alaska (États-Unis), du 12 au
14 août 2008.
Entre les
conférences, la coopération entre les parlementaires de la région arctique est
assurée par le Comité permanent, dont les activités ont commencé en 1994. La
Conférence et le Comité permanent prennent des initiatives visant à promouvoir
la coopération dans la région arctique et agissent, notamment, à titre de
tribune parlementaire pour l’examen des questions se rapportant aux travaux du
Conseil de l’Arctique. Le Comité permanent participe aux travaux du Conseil à
titre d’observateur.
SOMMAIRE DE LA RENCONTRE
A.Exposés de représentants de la République de
Komi
La rencontre est
précédée d’exposés présentés par des représentants de la République de Komi
afin de faire le point sur le développement économique, la gouvernance, les
ressources et l’environnement, le soutien aux cultures et aux peuples
autochtones et l’éducation dans la République de Komi.
1.Coopération
intergouvernementale et interrégionale dans la région arctique – l’expérience
de la République de Komi
Le sénateur
Vladimir Torpolov, membre du CPPRA et ancien gouverneur de la République
de Komi, donne un aperçu des activités de son pays en matière de coopération
intergouvernementale et interrégionale. Il souligne qu’un certain nombre
d’ententes bilatérales et multilatérales ont été conclues entre la République
de Komi et d’autres pays de la région arctique. La plus importante est sans nul
doute l’entente de coopération euro-arctique de la région de la mer de Barents,
en vertu de laquelle la République de Komi et quatre autres régions du
Nord-Ouest de la Russie participent à des activités de coopération régionale.
La région de Barents regroupe elle-même 14 régions situées dans le Nord de
la Russie, en Finlande, en Suède et en Norvège.
L’intégration des
régions nordiques, qui suppose la construction de voies de communication, la
promotion des cultures régionales et le développement économique, est une
priorité pour la République de Komi. L’un des projets d’investissement les plus
importants à cet égard est la construction d’une voie de chemin de fer
principale reliant les pays et les régions de la région de Barents. Un projet
visant à protéger et à préserver les fragiles espèces nordiques et leur habitat
naturel, dans le delta du Pechora, a été lancé en collaboration avec le Fonds
pour l’environnement mondial. Un fonds de quatre millions d’euros a été établi
à cette fin.
La République de
Komi et la Finlande, qui appartiennent toutes deux au monde finno-ougrien, sont
étroitement liées. En fait, les deux pays collaborent dans de nombreux
domaines, notamment l’exploitation forestière, la pêche, l’élevage pastoral des
rennes, la protection de l’environnement, le tourisme, l’énergie et les soins
médicaux. On a récemment ouvert un centre culturel finno-ougrien, ainsi qu’un
parc, dans le village d’Yb.
2.L’avancement de la
recherche et des connaissances scientifiques sur l’Arctique dans la République
de Komi
M. Askhab
Askhabov, président du présidium du Centre des sciences de Komi à l’Académie
des sciences de Russie, a étudié l’histoire et l’évolution récente de la
recherche scientifique dans la République de Komi. Il signale que la recherche
scientifique a joué un rôle important dans l’essor des divers secteurs
industriels de la République. Le Centre des sciences de Komi, qui relève de
l’Université d’État, compte six principaux instituts et écoles scientifiques,
notamment dans les domaines de la biologie, de la chimie et de la géologie. La
création de l’université elle-même remonte au tournant du XXe siècle.
Les spécialistes du Centre des sciences collaborent avec ceux de centres situés
dans d’autres pays de la région arctique, notamment la Norvège, la Finlande et
le Canada. Une grande partie des travaux réalisés au Centre des sciences ont
trait à l’exploitation des ressources naturelles. L’institut de géologie est à
établir la cartographie des champs pétrolifères tandis que l’institut de
biologie étudie les écosystèmes de la toundra, et évalue les liens entre les
gaz à effet de serre et les voies de migration des rennes du Nord. En
collaboration avec un centre de recherche scientifique norvégien, les
chercheurs de la République continuent d’étudier les effets des activités du
secteur pétrolier et gazier sur la santé des habitants de la région.
M. Askhabov
souligne que la République de Komi, bien qu’elle ait ressenti les effets de la
récession économique qu’a connue une bonne partie de l’Europe, s’est beaucoup
mieux tirée d’affaire que d’autres régions nordiques. En effet, le pays reçoit
régulièrement des redevances sur la vente de pétrole. Son taux de chômage, qui
oscille entre 3 % et 4 %, compte parmi les plus bas en Russie. Même
si l’on a assisté à un exode des cerveaux, de nombreux jeunes ayant quitté les
régions rurales ou éloignées pour aller s’établir dans les villes, l’intérêt
des jeunes pour les sciences et la protection de l’environnement ne fait pas
défaut.
3.Gestion des
ressources naturelles et protection de l’environnement – perspectives
régionales
M. Sergei
Geraimovich, sous-ministre au ministère des Ressources naturelles et de la
Protection de l’environnement de la République de Komi, présente un exposé sur
la gestion des ressources naturelles. Il souligne que la République compte
parmi les régions les plus riches en ressources naturelles de toute la Russie. Elle
recèle d’importantes réserves pétrolières, gazières et minérales, dont
145 champs gaziers et 6 mines de charbon. Les travaux de protection
de l’environnement sont prioritaires pour la République, surtout depuis le
grave déversement d’hydrocarbures survenu dans les années 1990.
M. Geraimovich souligne certains des travaux les plus remarquables
accomplis à cet égard, notamment la création d’une aire protégée de six
millions d’hectares, ce qui représente quelque 14,5 % du territoire
total de la République; l’élaboration de normes en matière d’utilisation des
terres; un projet de recherche sur le méthane; et un projet destiné à améliorer
et à surveiller la qualité de l’eau potable. Il termine en précisant que l’on
est à préparer un inventaire des aires protégées – on en compte
environ 137 – qui servira à préserver la faune et les environnements
naturels.
4.Soutien des peuples
autochtones dans la République de Komi
L’exposé sur le
soutien des peuples autochtones est prononcé par M. Valery Markov,
vice-président principal du conseil d’État de la République. La constitution
accorde certains droits particuliers aux Autochtones, notamment des droits
linguistiques et économiques et le droit à la protection de la culture komie.
Elle accorde également aux représentants komis le droit de participer au
conseil d’État de Komi, et de ce fait de participer au processus législatif. En
outre, des lois protègent les langues autochtones (le komi est enseigné dans
les écoles en tant que deuxième langue officielle) et l’élevage des rennes, à
titre d’activité économique et culturelle propre aux Komis, et soutiennent
d’autres activités économiques et entreprises autochtones traditionnelles.
Quelque
60 % de la population de la République de Komi est d’origine russe,
et 25 % d’origine komie. Les Komis comptaient pour 50 % de la
population au milieu du XXe siècle. Cette diminution radicale
est en grande partie due à l’afflux de Russes venus chercher de l’emploi dans
les secteurs de l’exploitation minière et pétrolière.
En réponse aux
questions des membres du Comité, M. Markov indique que l’égalité des sexes
et la participation des femmes à la vie de la société, particulièrement dans
les universités, vont en progressant. La République de Komi s’inspire
d’ailleurs de l’exemple de ses voisins de l’Arctique afin d’améliorer les
perspectives éducatives et économiques des femmes.
5.Participation des
universités de la République de Komi aux programmes d’échange internationaux
M. Georgy
Korsunov, adjoint du recteur, Relations externes de l’Université polytechnique
d’État à Ukhta, présente l’exposé sur ce point de l’ordre du jour.
Les établissements d’enseignement de la région de
l’Arctique et ceux d’autres pays entretiennent des relations de collaboration
très étroites. Ces relations se sont avérées d’une très grande importance pour
la République de Komi, car elles ont permis à des étudiants komis de suivre des
cours à l’étranger et d’enrichir les programmes éducatifs de la République.
Parmi les nombreuses ententes de coopération de cet ordre, M. Korsunov
cite les suivantes :
·Université d’été destinée
aux enseignants offerte par l’Université des sciences appliquées de Seinäjoki,
en Finlande.
·Programme pour jeunes
professionnels des secteurs de la foresterie et du commerce international donné
en Russie et en Finlande.
·Programme de
« baccalauréat en études nordiques (circumpolaires) » à distance
offert en anglais, en collaboration avec l’Université de Nordland en Norvège.
·Programme d’échange
d’étudiants North2North, entre la République de Komi et la Norvège, et
comportant des bourses d’études.
·Programme d’études conjoint
sur les régions de l’Arctique offert avec l’Université de Versailles, en
France.
·Plusieurs groupes de travail
et projets de recherche mis en œuvre avec la collaboration de l’Université de
l’Arctique à Barents.
·Collaboration entre
l’Université technique d’État à Ukhta et, notamment, l’Université de
l’Arctique, le programme Fulbright, le Kazakhstan (programmes d’échanges
d’étudiants) et le ministère des Affaires étrangères des États-Unis (programmes
d’anglais).
6.Changements
climatiques pendant l’ère quaternaire dans la partie européenne de la Russie
Ce point de l’ordre
du jour fait l’objet d’un exposé par Mme Lyudmila Andreicheva,
chef de département à l’Institut de géologie du Centre des sciences de Komi de
l’Académie des sciences de Russie. Mme Andreicheva présente les
résultats des recherches qu’elle a effectuées sur le sujet. Elle en arrive à la
conclusion que les températures sont en fait moins élevées aujourd’hui qu’au début
de la période quaternaire, celle au cours de laquelle l’homo sapiens a
fait son apparition. Elle précise qu’il y a 300 000 ans, les
températures étaient supérieures d’environ un à deux degrés à celles
d’aujourd’hui et qu’elles étaient plus élevées de deux à quatre degrés il y a
180 000 ans. Et bien que les modèles de températures connaissent des
fluctuations, elle indique que les récentes périodes de température élevée sont
plus froides que les précédentes d’environ un degré.
B.Réunion du Comité permanent des parlementaires
de la région arctique, le 28 septembre 2011
L’ordre du jour de
la réunion du Comité permanent est légèrement modifié par rapport à celui qui a
été distribué avant la réunion. L’ordre du jour révisé et le procès-verbal de
la réunion tenue à Reykjavik les 9 et 10 juin sont approuvés.
1.10e Conférence
des parlementaires de la région arctique
Les membres du
Comité conviennent que la 10e Conférence des parlementaires de
la région arctique aura lieu du 5 au 7 septembre 2012 à
Akureyi, en Islande.
Mme Gretarsdottir, de la délégation
islandaise, rend compte des préparatifs en vue de la tenue de la Conférence, au
cours de laquelle il est proposé d’aborder les trois grands thèmes
suivants :
·Le développement durable
·La responsabilité sociale
des entreprises, tout particulièrement dans les petites collectivités
·L’amélioration du
développement humain dans l’Arctique
Ces thèmes seront
mieux définis au fur et à mesure de la planification. Parmi les autres
questions à préciser, on mentionne l’analyse approfondie du financement du
développement commercial dans le Nord, compte tenu de la crise financière, et
la mise en œuvre de mesures concrétisant les recommandations stratégiques
découlant des études scientifiques.
Le président du
Comité recommande de nommer un rapporteur pour chacun des trois sujets qui font
l’objet de la Conférence. Il est proposé de nommer des représentants du Canada,
de la Finlande et de la Suède à cette fonction. Les membres de toutes les
délégations indiquent qu’ils doivent d’abord vérifier auprès des autorités de
leur pays s’il leur est possible d’agir à titre de rapporteurs et qu’ils en
informeront le Comité lorsqu’ils le sauront.
2.Gouvernance de
l’Arctique, une région en pleine évolution
Les membres du
Comité discutent des propositions présentées dans la version préliminaire
révisée du document intitulé Governance of the Arctic in an Evolving Arctic
Region, daté du 9 août 2011. De façon générale, les membres
appuient ces propositions. Le président du Comité analyse celles qui ont été
mises à jour à la suite des discussions qu’ont eues les membres du Comité lors
de la réunion tenue à Reykjavik en juin 2011. Il fait remarquer aux
membres que l’entente proposée en matière de recherche et sauvetage constitue
une nouvelle structure de gouvernance au sein du Conseil de l’Arctique. Il leur
demande de réfléchir à la manière dont le Comité pourrait utiliser cette
nouvelle structure pour influer sur les travaux du Conseil. Les membres
discutent de l’importance d’accroître leur participation à cet organisme, au
niveau ministériel, de manière à pouvoir y intervenir plus efficacement.
On suggère que les
pays de l’Arctique examinent de près les conséquences de l’ouverture de
nouvelles routes maritimes en Arctique et qu’ils envisagent la possibilité
d’élaborer une stratégie commune en matière de transport maritime dans la
région.
Après avoir examiné le document, les membres du Comité font
les suggestions suivantes :
·Modifier l’ordre des
chapitres. On suggère de traiter d’abord du Secrétariat permanent du Conseil de
l’Arctique puis, dans l’ordre, des budgets, de la vision de l’avenir de
l’Arctique et du Conseil de l’Arctique à titre d’organisme international.
·Ajouter de nouvelles
sections sur la pollution maritime, la sécurité maritime, les ressources
naturelles, le bien-être des humains et la gestion des écosystèmes.
·Rendre davantage compte du
point de vue des organismes autochtones bien que, comme le président du Comité
le souligne, deux d’entre eux ont participé à l’élaboration de ce document. Ni
l’un ni l’autre de ces organismes n’est canadien.
Les membres du
Comité conviennent que le document révisé rend fidèlement compte des
discussions qui se sont déroulées à Reykjavik.
3.Proposition visant la
présidence tournante du CPPRA
La délégation
islandaise réitère sa proposition selon laquelle [traduction] « la
présidence du Comité sera assumée à tour de rôle par les différents membres,
idéalement pour une période de deux ans chacun ». La proposition est
approuvée par le Comité. Il n’est pas clair si cette décision aura une
incidence sur la façon dont le président du comité est choisi. Il est importe
de noter qu’aucune décision n’a été prise sur un ordre de rotation. Il est en
outre entendu que le président ne pourra pas toujours rester en fonction
pendant deux ans, compte tenu des changements qui peuvent survenir à la suite
d’élections dans son pays. La proposition est approuvée par le Comité.
4.État des travaux
du CPPRA
Chaque délégation
fait le point sur l’évolution de la question de l’Arctique dans son pays. Un
résumé détaillé de ces exposés figure dans l’ébauche de procès-verbal de la
réunion annexée au présent rapport.
5.Prochaine réunion
du CPPRA
La prochaine
réunion du Comité se tiendra en Suède, du 13
au 15 février 2012.
6.Questions ajoutées à
l’ordre du jour
Pas d’autre
question.
C.Visite de sites culturels dans la République de
Komi
Comprendre,
promouvoir et préserver les cultures autochtones compte parmi les mandats
importants du CPPRA. Le pays hôte, la Russie, a donc organisé plusieurs
visites de sites ayant une valeur culturelle particulière. Les délégués ont
ainsi visité le village d’Yb et plus particulièrement le Centre finno-ougrien
qui y a récemment été ouvert. Ce centre culturel et éducatif sert de carrefour
de la promotion des cultures finno-ougriennes. Il comporte des salles de
conférence et de réunion ainsi qu’un centre d’art et de métiers d’art.
Les délégués ont
également visité le centre d’artisanat populaire de Zaran, situé à
S Vylgort, et le musée de l’institut de géologie. Les délégués canadiens
ont à cette occasion porté une attention particulière aux commentaires sur les
sables bitumineux en Russie. Les délégués ont pu examiner des échantillons
géologiques et des cartes des gisements de sables bitumineux russes, ce qui
leur a permis de constater que la Russie dispose de réserves de sables
bitumineux considérables, sans doute comparables à celles du Canada. Les
délégués canadiens considèrent qu’il s’agit là de renseignements très précieux
puisque la question des sables bitumineux russes est rarement abordée dans le
cadre des discussions sur l’exploitation des fossiles combustibles et les
changements climatiques.
Respectueusement
soumis,
M. Peter Goldring, député Association parlementaire
Canada-Europe