ALLOCUTION
DU SENATEUR DONALD H. OLIVER, MEMBRE DU COMITE EXECUTIF DE L’UIP, A LA
CEREMONIE INAUGURALE
Genève,
le 15 novembre 2012
Chers
collègues parlementaires,
Mesdames et Messieurs les représentants des
gouvernements et des organisations internationales,
Mesdames, Messieurs,
Soyez les bienvenus à la session annuelle de la
Conférence parlementaire sur l’OMC.
C’est avec grand plaisir que je vous accueille
ici au nom de l’Organisation mondiale des parlements, l’Union
interparlementaire. Rassemblant des législateurs de plus de 160 pays, l’UIP
s’enorgueillit d’accueillir en son sein toute la diversité géographique,
politique, culturelle et ethnique qui fait la richesse de la communauté
parlementaire internationale.
Cela fait près d’un siècle que notre organisation
a son siège à Genève, ville qui héberge de très nombreuses organisations
internationales, à commencer par l’ONU. Celles-ci servent des objectifs nobles
et accomplissent un travail des plus utiles. Toutefois, elles n’ont pas toutes
le même écho auprès des médias, des parlementaires et de la société civile que
l’Organisation mondiale du commerce. Pourquoi, me direz-vous.
A nos yeux, l’OMC se distingue des autres
organisations internationales. Elle est en effet investie du pouvoir d’édicter
des règles contraignantes et de rendre des arbitrages grâce à un mécanisme
concret de règlement des différends qui permet de résoudre les contentieux
commerciaux et de faire appliquer les accords. Aucune autre organisation ne
réunit les mêmes fonctions et attributions. Les règles qu’elle établit
dépassent largement le cadre traditionnel des tarifs douaniers et du commerce
des marchandises, et ont désormais un impact sur les affaires intérieures des
États. Les décisions de l’OMC ont une incidence directe sur l’économie de
nations entières, ainsi que sur le secteur privé.
C’est la raison pour laquelle, il y a dix ans,
les Membres de l’UIP ont décidé qu’un mécanisme effectif de contrôle
parlementaire était requis pour l’OMC.
Ils ont estimé que le commerce entre les pays
était un élément indispensable de la paix et de la coopération internationales.
Pour eux, dans un monde de plus en plus interdépendant, les questions de commerce
international ont pris une telle importance qu’elles ne peuvent plus être
laissées à la seule appréciation des gouvernements et des organisations
internationales.
A l’époque, l’UIP et le Parlement européen ont
associé leurs efforts pour donner une véritable dimension parlementaire à
l’OMC, et c’est ainsi qu’a vu le jour la Conférence parlementaire sur l’OMC
telle que nous la connaissons à présent.
Pour la deuxième fois consécutive, la session
annuelle de la Conférence se tient au Centre William Rappard, que les Genevois
ont coutume d’appeler la "maison du commerce". Un pont a donc été
jeté entre la Maison des parlements – c’est ainsi que les gens se réfèrent au
Siège de l’UIP - et celle du commerce.
Comment pourrait-on faire fi de cette symbolique
politique ? Après des années de doute et d’hésitation, l’OMC a finalement
décidé de s’ouvrir aux représentants élus des citoyens. La transparence de
l’OMC vis-à-vis du monde extérieur est donc désormais une réalité. C’est un
premier pas dans la bonne direction.
A ce sujet, je voudrais remercier le Conseil
général de l’OMC, qui a su comprendre l’importance politique de cette
ouverture. Je voudrais également exprimer la gratitude de la Conférence au
Directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, qui a toujours été favorable à cette
initiative. Ainsi qu’il l’a dit lui-même, « l’éclairage unique que les
parlementaires du monde entier sont en mesure d’apporter peut profiter à l’OMC
dans son ensemble ». Enfin, je remercie sincèrement l’ensemble du Secrétariat
de l’OMC de son aide et de sa coopération exemplaire.
L’OMC s’est proposée d’accueillir la présente
session malgré un calendrier de réunions déjà extrêmement chargé. Elle organise
en effet plus de 8 000 réunions par an. Je vous laisse imaginer ce que cela
représente. On comprend mieux dès lors pourquoi le Cycle de Doha est d’une
telle complexité !
Malheureusement les nouvelles qui nous
parviennent des salles de négociation de l’OMC ne sont pas très encourageantes.
Les pourparlers sont au point mort depuis quelques années déjà. Malgré cela, le
Directeur général de l’OMC a récemment laissé entendre que les travaux menés
dans le cadre du Programme de développement de Doha montraient des "signes
de mouvement" et que les principaux acteurs laissaient paraître un
"désir collectif de relancer les négociations", ce que, bien sûr,
nous espérons.
Demain, nous pourrons demander directement à M.
Lamy ce qu’il en est. Il nous rejoindra en effet pour une audition, qui sera en
bien des points semblable à celles que nous tenons avec les ministres dans nos
parlements.
Faisons bon usage de cette occasion qui nous est
donnée de poser des questions et de faire des commentaires. J’imagine que nous
voudrons d’abord savoir où en est le Cycle de Doha et en quoi consistent ces
"premiers résultats" des négociations dont on parle tant.
Parallèlement, il serait intéressant d’entendre le point de vue de M. Lamy, par
exemple sur les difficultés que pose le multilatéralisme et sur les enseignements
à tirer de la crise économique et financière qui perdure.
Il ne faut pas non plus que nous hésitions à
poser ces questions aux ambassadeurs qui représentent nos pays respectifs
auprès de l’OMC. J’en vois un certain nombre dans la salle et je voudrais les
remercier de l’intérêt qu’ils portent à la Conférence.
Ce sont les ambassadeurs qui président les
différents conseils, comités et groupes de travail de l’OMC. De ce fait, ce
sont eux qui ont pour mission de faire avancer le processus ou – disons les
choses comme elles sont – de rendre le consensus un peu plus difficile.
Organisation entièrement pilotée par ses Membres, l’OMC dépend en grande partie
des diplomates en poste à Genève.
L’un d’entre eux, Son Excellence Shahid Bashir,
Ambassadeur du Pakistan, est assis à cette table avec moi et j’en profite pour
le remercier d’avoir accepté de s’exprimer devant la Conférence en sa qualité
de Président de l’Organe de règlement des différends de l’OMC. Deux autres
Ambassadeurs, ceux du Mexique et de la Suède, prendront part demain à notre
réunion-débat sur le commerce des services.
En tant qu’organisateurs de la Conférence
parlementaire sur l’OMC, nous sommes convaincus de son utilité pour faciliter
le dialogue direct entre les parlementaires et les représentants des
gouvernements qui prennent part aux négociations de l’OMC.
Ce n’est pas un hasard si cinq des parlementaires
qui ont siégé au Comité de pilotage de la Conférence de l’OMC se sont ensuite
vu confier des portefeuilles ministériels dans leur pays et ont été chargés des
négociations de l’OMC par leur Exécutif. Et réciproquement, le Rapporteur de la
Conférence, M. Benoît Ouattara, est un ancien ministre du commerce du Burkina
Faso.
Ce sont pour moi autant de raisons de penser que
nos discussions seront intéressantes et bénéfiques. Afin de donner davantage de
poids à notre débat en l’orientant sur des questions présentant un intérêt
particulier pour les parlementaires, le Comité de pilotage de la Conférence a
décidé de donner un thème global à la présente session, à savoir :
"Revenir aux fondamentaux : relier politique et commerce".
En effet, face à la situation dans laquelle se
trouve le Cycle de Doha, des initiatives politiques s’imposent. Les
parlementaires que nous sommes sont convaincus que le Cycle de Doha peut encore
produire des résultats équilibrés, ambitieux et de grande ampleur qui répondent
aux objectifs de développement.
Mais le thème de fond de notre session est
également politique et part du postulat que le commerce est un outil de
croissance économique, de création d’emplois et de réduction de la pauvreté.
Pour nous, les politiques commerciales doivent être le reflet d’objectifs
généraux de développement et être un moteur pour la prospérité. Quand nous
aborderons le sujet, n’oublions pas de discuter du rôle qui nous revient, à
nous parlementaires, dans l’élaboration de politiques commerciales,
industrielles, sociales et d’emploi intégrées et cohérentes.
Nous débattrons sur ce thème central dès
aujourd’hui et nous continuerons demain. Nous entendrons l’avis de délégués
parlementaires de pays tant développés qu’en développement. Nous pourrons aussi
profiter des avis éclairés d’experts de renommée internationale. Certains
d'entre eux font partie du groupe de réflexion de l'OMC sur l'avenir du
commerce et leur avis devrait être très intéressant.
A la séance de clôture, nous devrons adopter un
document final. Le Rapporteur, M. Ouattara en a rédigé l’avant-projet qui
a été publié sur le site web de l’UIP. Les parlements avaient jusqu’au 5
novembre pour soumettre leurs amendements – ce que nombre d’entre eux ont fait.
Ce soir, le Comité de pilotage parachèvera l’examen des amendements reçus et
établira un projet de texte révisé, qui sera remis à tous les délégués demain
matin et que j’espère nous serons en mesure d’adopter par consensus.
Les co-organisateurs de la Conférence ont investi
beaucoup de temps et d’énergie dans la préparation de cette session. A ce titre,
je voudrais remercier les dirigeants et le personnel du Parlement européen –
qui est notre partenaire – de leur contribution à ce processus. Nous espérons
que la présente session sera couronnée de succès et qu’elle donnera lieu à un
débat riche et constructif, dans la plus pure tradition parlementaire.
Sur ces mots, permettez-moi de déclarer la
session 2012 de la Conférence parlementaire sur l’OMC officiellement ouverte.
Je passe à présent
la parole au Vice-Président du Parlement européen, M. Georgios Papastamkos.