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LANG Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING JOINT COMMITTEE ON OFFICIAL LANGUAGES

COMITÉ MIXTE PERMANENT DES LANGUES OFFICIELLES

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 9 juin 1998

• 1542

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone (Mont Royal, Lib.)): La séance du comité mixte permanent de la Chambre et du Sénat est ouverte. Nous avons le plaisir de recevoir aujourd'hui la Société Radio-Canada qui fera état de la mise en oeuvre de l'article 41 de la Loi sur les langues officielles.

[Français]

sur la mise en oeuvre de l'article 41 de la Loi sur les langues officielles du Canada.

[Traduction]

Au nom de mes collègues du comité, j'ai le grand plaisir de vous souhaiter la bienvenue. Je sais qui est le porte-parole. Auriez-vous l'obligeance de vous présenter.

[Français]

Qui va parler au nom de Radio-Canada?

Mme Micheline Vaillancourt (directrice générale, Télévision régionale et Affaires institutionnelles, Société Radio-Canada): Je m'appelle Micheline Vaillancourt et je suis directrice générale de la Télévision régionale de Radio-Canada et des Affaires institutionnelles. M'accompagnent aujourd'hui mes collègues M. Renaud Gilbert, directeur exécutif du Réseau de l'information; M. Yvan Asselin, directeur général de la programmation de la radio française; Mme Patricia Pleszczynska, directrice de la radio anglaise; et M. David Knapp, directeur de CBMT, la télévision anglaise à Montréal.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Merci bien.

[Traduction]

J'attire votre attention sur le fait que votre mémoire n'est arrivé que ce matin, ce qui n'a pas donné à notre comité le temps qu'il lui faut vraiment pour une institution aussi importante du Canada. Je tiens à vous faire savoir notre mécontentement relativement à l'arrivée tardive de votre mémoire. Vous aviez pourtant reçu un préavis généreux. Et au nom de notre comité, je vous prie de nous faire parvenir à l'avenir votre mémoire en temps plus opportun afin que nous ayons le temps de l'étudier comme il faut et de nous acquitter de notre devoir parlementaire de manière plus efficace. Merci.

[Français]

Mme Micheline Vaillancourt: Merci, madame la sénatrice. Nous prenons bonne note de votre remarque.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): La sénatrice est là. Moi, je suis députée à la Chambre des communes.

Le sénateur Jean-Claude Rivest (Stadacona, PC): Il y a des postes libres au Sénat, madame.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Peut-être, mais je suis très contente là où je suis.

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool (Tracadie, Lib.)): Elle dit qu'elle est trop jeune. C'est elle qui le dit.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): S'il vous plaît.

Mme Micheline Vaillancourt: Honorable sénatrice et sénateurs, mesdames et messieurs les députés, nous apprécions grandement, mes collègues et moi, l'occasion qui nous est donnée de venir échanger avec vous sur un volet important de notre rôle de radiodiffuseur public, soit la présence à nos antennes des régions et plus particulièrement celle des communautés de langue officielle en situation minoritaire.

• 1545

Avant de vous faire part de notre vision et de nos activités, je m'en voudrais de ne pas les situer dans le contexte qu'a vécu la Société au cours des dernières années. Comme vous le savez, la société a connu des compressions budgétaires de plus de 400 millions de dollars, soit une réduction du tiers de son budget. Il va sans dire que nous avons dû revoir de fond en comble nos façons de faire, notre organisation du travail, recourir aux nouvelles technologies et créer des synergies nouvelles réseau-régions et région à région. Cette période de restructuration est maintenant derrière nous, je l'espère, et aujourd'hui, c'est de nos activités, de notre quotidien et de notre avenir que nous voudrions vous entretenir.

Je tiens toutefois à vous souligner que la fin des compressions ne signifie pas pour nous la fin des changements. La multiplication des canaux, la fragmentation des marchés, l'émergence de nouveaux médias, la déréglementation, les changements technologiques et la transformation des médias traditionnels sont autant d'éléments qui continueront d'être de puissants facteurs de changement pour tout le système canadien de radiodiffusion.

Ces défis, nous sommes prêts à les relever et à continuer de faire de Radio-Canada—CBC un instrument de développement et d'épanouissement de tous les Canadiens et Canadiennes partout au pays. Il s'agit pour nous d'un privilège et d'une responsabilité d'importance majeure que d'entretenir le dialogue partout au pays avec les communautés minoritaires et de refléter à nos antennes, tant régionales que nationale, leur réalité et leurs préoccupations tout en contribuant à leur développement.

Il importe de rappeler que, dans bien des cas, Radio-Canada—CBC est le seul lien que les communautés ont entre elles. Notre principale raison d'être est, bien sûr, de produire et de diffuser des émissions de qualité à l'intention de nos auditeurs et téléspectateurs de l'ensemble du pays, mais qu'en est-il plus précisément des activités de programmation de la société en région?

À la télévision régionale française, nous produisons annuellement plus de 1 500 heures d'émissions pour les publics régionaux de la première chaîne. De ces heures, environ 250 sont diffusées sur le réseau national. Cela ne tient pas compte des segments d'émission et des reportages produits en région et diffusés nationalement dans les bulletins de nouvelles et les grands magazines d'information. À cela il faut ajouter plus de 2 000 heures produites chaque année par les régions pour le RDI.

Notre stratégie régionale consiste avant tout à répondre aux attentes des communautés où nous sommes la plupart du temps le seul télédiffuseur. À cette fin, nous avons développé, et nous continuons de le faire, une télévision de proximité. Nous avons également multiplié nos partenariats avec la communauté et avec le secteur de la production privée partout au pays. Rappelons que nous opérons 6 stations francophones et 12 bureaux en milieux minoritaires.

• 1550

Pour sa part, la radio française produit plus de 30 000 heures d'émissions régionales en heures de pointe. En plus, 20 p. 100 des heures nationales diffusées à la première chaîne proviennent des stations régionales. Soulignons que la radio exploite 11 centres de production francophone à l'extérieur du Québec. Les régions sont également présentes au réseau à la radio française, mais les régions sont davantage reliées entre elles par le biais de Radio 16, un service de production de chroniques et de revues de presse qui diffuse maintenant plus de 2 000 heures par année. Cinq stations en milieux minoritaires produisent régulièrement pour ce service. La radio française vient tout juste de conclure une entente pour offrir ses chroniques à l'Alliance des radios communautaires, en plus d'un service de manchettes nationales.

[Traduction]

Au Québec, CBC Radio One réalise chaque année plus de 4 000 heures de programmation, dont 385 heures sont diffusées au réseau national. CBC Radio Two réalise près de 1 500 heures chaque année. L'essentiel de cette production est diffusée à l'échelle nationale. Les réseaux communautaires québécois permettent aux anglophones des quatre coins de la province de se parler et de partager leurs préoccupations. Cette diffusion a toujours joué un grand rôle pour nos auditeurs à l'extérieur de Montréal qui n'ont aucun autre médium de langue anglaise traitant de leurs préoccupations quotidiennes. CBC Radio joue un rôle dans la mesure où il permet aux gens de Montréal de savoir ce qui se passe ailleurs dans l'anglophonie canadienne et aux Québécois qui n'habitent pas l'Île de Montréal de rester en contact avec la réalité montréalaise. En outre, il nous est permis de faire connaître au reste de l'auditoire national le vécu, les activités culturelles et les talents du Québec.

La télévision de langue anglaise au Québec réalise pour la région, pour les autres régions, pour le réseau national et pour Newsworld plus de 12 000 communiqués qui sont retransmis dans les émissions, les téléjournaux ou les reportages. Par exemple, l'explosion qui a eu lieu cet après-midi à Montréal a fait l'objet d'un reportage à l'antenne régionale de Newsworld et, en plus, nos images ont déjà été envoyées à d'autres diffuseurs ailleurs dans le monde.

Au Québec, nous réalisons 7,5 heures de nouvelles et d'affaires publiques par semaine. Nos bureaux de nouvelles de Montréal et de Québec travaillent en étroite collaboration avec nos collègues de la radio ainsi qu'avec la télévision de langue française.

[Français]

Pour être en mesure de bien servir les communautés et de répondre à leurs besoins et à leurs attentes, la société se doit d'être constamment à l'écoute des divers milieux. Ces nombreux échanges prennent diverses formes, que ce soit des rencontres entre nos vice-présidents et les responsables d'associations ou de nos dirigeants régionaux avec leurs communautés, ou encore la présence d'artisans aux activités et manifestations qui se déroulent partout au pays. L'an dernier, c'est plus de 1 000 rencontres de consultation formelles et informelles que nous avons tenues avec les communautés minoritaires.

Un autre volet de notre mandat est d'assurer l'ouverture transculturelle. Pour ce faire, les équipes des radios et des télévisions de CBC et Radio-Canada élaborent ensemble des projets qui s'inscrivent dans le quotidien de la population ou encore des projets d'envergure tels que la production de la grande série documentaire Une histoire populaire du Canada/A People's History of Canada.

• 1555

Cette fin de semaine, les radios française et anglaise ont célébré le 30e anniversaire de l'oeuvre de Michel Tremblay par une coproduction radiophonique dans les deux langues présentée devant public de la pièce Sainte-Carmen de la Main.

Notre appui aux communautés minoritaires s'étend au-delà des frontières du pays par le biais, entre autres, d'accords de jumelage interstations, d'échange de personnel et de diffusion d'émissions en provenance de différents pays. Bien évidemment, nos sites Internet, où nous jouons un rôle de leader tant en français qu'en anglais, représentent un moyen novateur additionnel d'accroître la présence de toutes nos régions sur la scène internationale.

Nous croyons sincèrement que nous avons su remplir notre mandat de radiodiffuseur public à l'endroit des communautés minoritaires partout au pays et nous nous engageons, comme vous pourrez le constater dans cet exposé et dans les documents que nous vous avons transmis, à jouer notre rôle de rassembleur.

Je vous remercie de votre attention. Nous sommes maintenant disposés à répondre à vos questions.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Merci, madame. Votre présentation était fort intéressante, surtout que vous avez mis l'accent sur les liens régionaux et transcanadiens. Je crois qu'on apprécie beaucoup cette clarification.

Madame la greffière, vous allez me garder en ligne droite. On commence par le Parti réformiste.

[Traduction]

M. Cliff Breitkreuz (Yellowhead, Réf.): Madame la présidente, je remercie les représentants de Radio-Canada d'avoir accepté de témoigner devant notre comité.

Je trouve intéressant le fait que vous parliez beaucoup des heures de programmation et des émissions, mais vous ne parlez pas du nombre de téléspectateurs qui regardent, par exemple, la télévision de langue anglaise au Québec ou la télévision de langue française dans les autres régions du pays. Sondage BBM a produit à cet égard des statistiques assez intéressantes. Par exemple, la télévision française de Radio-Canada compte environ 1 000 téléspectateurs aux heures de grande écoute à Toronto, où, d'après Statistique Canada, l'on retrouve environ 50 000 francophones. Même chose pour Regina et Edmonton. Où, d'ailleurs, les chiffres sont encore plus désastreux. D'après un rapport produit par le même bureau, l'auditoire de la télévision française de Radio-Canada était si peu nombreux à Regina et à Edmonton qu'on ne le retrouvait même pas dans les sondages. On n'arrivait pas à établir de statistiques. En fait, il y avait à Edmonton environ 300 téléspectateurs aux heures de grande écoute, et ils étaient moins de 100 à Regina aux mêmes heures.

Comment peut-on donc justifier de telles dépenses? À Edmonton, il en coûte 3 ou 4 millions de dollars, alors que la vaste majorité des francophones ne regardent pas la télévision de langue française et n'écoutent pas la radio de langue française.

[Français]

Mme Micheline Vaillancourt: J'aimerais bien vous dire que nous aimerions avoir un grand nombre de téléspectateurs, mais vous connaissez la situation des populations vivant en milieux minoritaires, plus particulièrement dans l'Ouest du pays. J'aimerais toutefois apporter un élément additionnel à ces chiffres dont vous parliez, les BBM.

• 1600

Dans ces provinces, la mesure est très imparfaite parce qu'il n'y a pas d'attention particulière accordée à la présence francophone. Les cahiers d'écoute sont envoyés au hasard et, comme la population est très dispersée et peu nombreuse, les chiffres qui nous reviennent ne sont pas des données fiables.

Nous faisons régulièrement ce qu'on appelle des retours à l'échantillon auprès des populations francophones. Comme vous pourrez le constater dans un petit document que nous avons déposé, La télévision régionale française de la Société Radio-Canada, la portée hebdomadaire de nos émissions est plus importante. Donc, vous avez les chiffres dans cette petite brochure.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Vous l'avez avec vous?

Mme Micheline Vaillancourt: Oui. Cette brochure est dans un document que nous allons mettre à votre disposition à la fin de la réunion. Vous y trouverez les chiffres des populations francophones dans chacune des grandes régions du pays, de même que la portée des émissions d'information.

J'aimerais aussi ajouter que le mandat de Radio-Canada fait de nous un radiodiffuseur national et qu'il est important pour les francophones de partout au pays d'être vus sur l'ensemble du réseau de Radio-Canada même si leur nombre n'est pas très important. Je puis vous assurer que nous maximisons vraiment l'efficacité des sommes que nous dépensons, que ce soit au RDI, à nos antennes nationales ou au niveau interrégional. Je puis vous assurer que nous dépensons chaque cent dans l'optique de maximiser ces dépenses.

Mon collègue de la radio aimerait peut-être ajouter quelque chose puisque la radio est également présente partout au pays.

M. Yvan Asselin (directeur général de la programmation, Radio française, Société Radio-Canada): Comme le mentionnait Micheline Vaillancourt, les données du BBM doivent être prises un petit peu au sens des grands nombres. Quand on arrive dans chacun des marchés, il est difficile d'établir avec exactitude le volume d'écoute. Par contre, au plan de la radio française, on a une donnée qui parle beaucoup. On a estimé le volume d'écoute à un million d'heures par semaine. Les francophones hors Québec consacrent un million d'heures par semaine à la radio de Radio-Canada.

J'aimerais aussi insister sur le fait qu'au-delà des données d'écoute, il y a des témoignages réguliers concernant l'importance de la radio française dans chacun des milieux francophones, notamment lorsqu'il y a des événements comme on en a connu au Manitoba, lors des inondations. Tout à coup, on a senti que la population francophone du Manitoba était autour de la radio française à Winnipeg, qu'elle était constamment à l'écoute de cette station pendant ces événements.

Une autre manifestation, qui vient celle-là d'un événement positif, a eu lieu récemment en Alberta, à Bonnyville. Des francophones ont tenu eux-mêmes à s'ériger une antenne dans leur milieu tellement l'absence du signal en français était pénible dans cette localité-là. Donc, c'est à la fois par des données d'écoute et des manifestations d'attachement, surtout dans les plus petites communautés, que l'on peut sentir toute l'importance de notre radio dans ces milieux.

Regardez le nombre de personnes qui travaillent dans nos stations dans ces milieux-là. Un nombre somme toute très limité de personnes réussissent à produire de 35 à 40 heures d'émissions pertinentes par semaine pour ces milieux. C'est important pour le sens que revêt ce pays au plan des deux communautés.

[Traduction]

M. Cliff Breitkreuz: Il existe une manière certaine de déterminer l'ensemble des téléspectateurs ou le comportement de ceux-ci, et il s'agirait pour ces stations de compter sur leurs propres moyens, au lieu de vivre aux frais du contribuable, et l'on verrait alors si elles pourraient rester en ondes ou non. Si les gens sont prêts à acheter de la publicité, pourquoi le contribuable canadien devrait-il payer pour ce genre de service?

• 1605

[Français]

M. Louis Plamondon (Richelieu, BQ): J'ai seulement une courte question parce que je sais que la convocation a été surtout demandée par les représentants des minorités francophones, qui avaient beaucoup de questions quant aux émissions produites par Radio-Canada qui sont destinées à la population. Je leur laisserai donc beaucoup d'espace. Ce que je veux, c'est un petit détail.

La radio a établi une nouvelle forme de partenariat avec l'Université de Montréal en ce qui a trait à la diffusion de cours universitaires. J'aimerais avoir plus de détails là-dessus. C'est tout.

M. Yvan Asselin: C'est une entente unique au monde. C'est une première. Il y a, à la chaîne culturelle, une série qu'on appelle Université@radio.net. C'est à la fois une émission de radio et une série de cours disponibles sur le Net. Les gens peuvent s'inscrire à la fois à la radio et sur le Net. Ce sont des cours crédités. C'est la première fois qu'un lien s'établit directement entre des gens éloignés des professeurs. Les travaux sont corrigés, et il y a une relation directe entre le professeur, qui est aussi l'animateur de la série, et le Net.

On en est actuellement à la troisième série. On va diffuser, à partir du début septembre, la troisième série à la chaîne culturelle. La première diffusion à la radio a rejoint à peu près 25 000 auditeurs au quart d'heure, ce qui, à la chaîne culturelle, représente un grand succès, si l'on considère les gens qui auraient été rejoints par ces contenus à l'intérieur d'institutions universitaires ou autrement pour l'extension de la connaissance. C'est quelque chose d'assez extraordinaire. Pour l'instant, c'est avec l'Université du Québec à Montréal, l'UQAM, et on songe à étendre cela à l'Université de Montréal et éventuellement à d'autres universités francophones du pays.

M. Louis Plamondon: Merci.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Est-ce que vous avez terminé? Monsieur Coderre.

M. Denis Coderre (Bourassa, Lib.): Premièrement, bienvenue à ce comité. Évidemment, quand on parle de Radio-Canada ou de la société comme telle, anglophone ou francophone, on peut parler de plusieurs dossiers parce que cela touche tellement de choses.

M. Breitkreuz représente probablement une position très, très minoritaire dans l'ensemble du Canada. Je ne pense pas qu'on doive remettre en question le rôle important de la société, puisque chaque francophone ou anglophone de ce pays doit pouvoir avoir accès à ses services de radio et de télévision. C'est important puisque le Canada est un pays bilingue. Je crois qu'on doit respecter cela ainsi que votre mandat.

J'ai certaines questions quant aux priorités. Évidemment, comme Montréalais, je ne sais pas nécessairement tout ce qui se passe à Saint-Boniface ou à Regina, mais j'entends certaines rumeurs. Donc, j'aimerais vous poser quelques questions là-dessus. J'aimerais aussi qu'on parle un peu du principe comme tel, du rôle que doit jouer la Société Radio-Canada par rapport à ses choix, tant au niveau de la programmation qu'à celui de certains choix administratifs qui ont, à mon avis, des impacts directs sur la programmation même ou sur la diffusion du message.

Des rumeurs veulent que du côté de la production—c'est de cela qu'on avait discuté l'autre fois, madame la présidente—, on veuille construire quelque chose à Regina afin qu'on puisse faire beaucoup plus de production francophone. Est-ce le cas? Où en est-on dans le dossier?

Mme Micheline Vaillancourt: Comme je vous le rappelais, à la suite des réductions budgétaires, nous avons mis l'accent sur la protection de la présence en information, puisque Radio-Canada est le seul radiodiffuseur francophone à avoir des points d'ancrage partout au pays. Donc, nous avons protégé au maximum cette présence en information et également notre présence au RDI.

Deuxièmement, nous nous sommes dit que, compte tenu de la rareté des ressources en région, nous voulions utiliser les ressources, les artisans, le matériel et les équipements pour produire des émissions de télévision qui répondent aux attentes et aux besoins de nos communautés minoritaires.

M. Denis Coderre: Est-ce qu'à Regina...

Mme Micheline Vaillancourt: Je vous donne un exemple.

M. Denis Coderre: Madame, excusez-moi. On est limités dans le temps, et je voulais juste savoir si, oui ou non, on a décidé d'investir dans des studios à Regina pour augmenter la production francophone dans la région. Répondez-moi oui ou non.

• 1610

Mme Micheline Vaillancourt: Non. Nous utilisons ce que nous avons pour produire des émissions jeunesse comme Clan destin ainsi que des émissions avec le secteur indépendant. Nous voulons développer la production en partenariat avec le secteur indépendant.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Excusez-moi. Vous avez déjà eu des studios de production dans l'Ouest du Canada pour le secteur francophone. Qu'est-il arrivé de ces studios de production du côté français? Ce qui appartenait déjà à Radio-Canada est-il fermé?

Mme Micheline Vaillancourt: Non. Nous utilisons les infrastructures. Dans l'Ouest du pays, nous sommes pour ainsi dire reçus par nos collègues du réseau anglais. Les infrastructures appartiennent à nos collègues du réseau anglais. Nous avons certes modifié les infrastructures qui étaient consacrées au français, parce que nous avons changé le format de production de nos émissions d'information, mais nous n'avons pas ajouté de nouveaux moyens. Nous avons transformé les moyens existants, puisque nous produisons maintenant à partir de notre salle des nouvelles en interaction avec les journalistes. Rien n'a été ajouté à ces infrastructures de production.

M. Denis Coderre: Madame Vaillancourt, les compressions budgétaires ont en premier lieu des répercussions sur la politique régionale, notamment sur les émissions pour les francophones hors Québec. Au nom de ce contrôle budgétaire, allez-vous nous dire encore aujourd'hui que vous ne pouvez pas nous garantir qu'il y aura davantage de production pour les francophones hors Québec, ou si vous pouvez nous dire aujourd'hui que, vu que les compressions budgétaires sont chose du passé, vous allez investir davantage plutôt que d'offrir des millions et des millions de dollars pour obtenir la diffusion des Jeux olympiques et jouer la game des télévisions privées? Vous devriez avoir beaucoup plus un rôle culturel, à mon avis, et investir beaucoup plus pour qu'on puisse voir ce qui se passe chez les francophones hors Québec.

Mme Micheline Vaillancourt: Vous m'avez demandé si les coupures étaient terminées. Je vous ai dit dans ma présentation que je croyais que ces réductions budgétaires étaient terminées. La façon d'injecter des sommes additionnelles est une décision qui relève de nos dirigeants à Radio-Canada, mais je peux vous assurer qu'en ce moment, nous essayons d'accroître le plus possible cette production en région en travaillant avec les associations et les communautés et aussi en développant le secteur de la production indépendante, ce que nous avons réussi à faire. Quatre projets ont été réalisés en partenariat avec le secteur indépendant dans les régions de l'Ouest. Il y a un an, il n'y avait aucun projet en développement. Donc, nous sommes très soucieux de développer cette industrie, de la rendre à maturité. C'est une façon d'injecter des fonds nouveaux dans la production.

M. Denis Coderre: Madame Vaillancourt, vous parlez très bien, mais très longuement. Ma question est simple. Êtes-vous prête à affirmer à ce comité aujourd'hui que la Société Radio-Canada va investir des fonds supplémentaires pour assurer la survie de la production d'émissions pour les francophones hors Québec? Est-ce que vous allez injecter de l'argent nouveau? Pour moi, comme Montréalais, c'est facile, car je vis dans une province où il y a 80 p. 100 de francophones, mais ce n'est pas le cas à Saint-Boniface ou à Regina. Je veux m'assurer qu'à Saint-Boniface, où il y a 100 000 francophones de plus, on investisse dans la culture, dans des émissions de qualité de cette région-là pour qu'on puisse apprendre à les connaître et pour qu'ils puissent faire passer leur message. Êtes-vous prête à vous engager aujourd'hui, étant donné que les coupures budgétaires sont chose du passé, à investir davantage pour assurer la survie de cette population par l'entremise de vos émissions?

Mme Micheline Vaillancourt: Monsieur, je peux m'engager pour les budgets dont je suis responsable. Ce sont ceux des régions. Je peux vous dire que je vais respecter cela quand je vais dépenser les sommes qui sont les miennes.

Pour ce qui est d'investir davantage, c'est une question qu'il faut adresser à nos dirigeants.

M. Denis Coderre: Avez-vous fait des demandes d'augmentation de budget?

Mme Micheline Vaillancourt: Nous en faisons régulièrement, cher monsieur. Vous pouvez être certain de cela.

M. Denis Coderre: Madame la présidente, étant donné que vous avez demandé une précision, est-ce que je pourrais poser une dernière question?

Mme Micheline Vaillancourt: Je vais demander à M. Asselin de vous répondre pour la radio.

M. Yvan Asselin: Monsieur Coderre, au cours de la dernière année, nous avons redirigé des sommes de façon à ce que Toronto, Winnipeg et Moncton s'ajoutent aux stations qui ont des créneaux réguliers à l'antenne nationale. De plus, on vient d'ouvrir dans l'est du Nouveau-Brunswick une antenne de la chaîne culturelle qui a doublé le potentiel d'auditoire de cette dernière au Nouveau-Brunswick.

• 1615

M. Denis Coderre: C'est probablement de la pure perception, mais je sens qu'il y a davantage une politique régionale à la radio qu'à la télévision. Il y a une émission qui s'appelle Tournée d'Amérique. J'écoute souvent des émissions en provenance de Moncton. Je pense qu'au niveau de la radio, cela va beaucoup mieux.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Pourriez-vous poser votre question plus tard, s'il vous plaît?

M. Denis Coderre: Monsieur Gilbert, l'avenir est peut-être d'avoir une télévision nationale, mais est-ce qu'à ce moment-là, on ne devrait pas avoir RDI et Newsworld étant donné qu'on s'enligne de plus en plus vers un partenariat avec les indépendants? Est-ce que vous pensez qu'à l'avenir, pour assurer la survie de ce message à tous les niveaux des communautés, on devrait plutôt mettre l'accent sur RDI at large et Newsworld?

M. Renaud Gilbert (directeur exécutif, Réseau de l'information, Société Radio-Canada): Je ne vous dirai certainement pas qu'il faut fermer la première chaîne. Ce que je peux vous dire, cependant, c'est que nous nous étions engagés devant le CRTC à faire en sorte que le tiers de notre production originale soit faite en région et que le quart de notre production soit faite hors Québec, et c'est ce qu'on fait. Je peux vous dire cela.

Nous n'avons aucunement l'intention de diminuer cette proportion. Je pourrais même dire qu'à cause de l'évolution de la production de nos émissions spéciales et à cause du fait que la première chaîne a installé des camions satellites à la fois à Moncton et à Ottawa, on diffuse beaucoup plus souvent en direct de ces régions, pas seulement des villes mais aussi de la campagne. On va partout où il y a une activité qui nous semble importante.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Merci. Sénateur Comeau, s'il vous plaît.

Le sénateur Gérald J. Comeau (Nouvelle-Écosse, PC): Vous avez dit, madame Vaillancourt, que vous étiez en mesure de répondre aux besoins des Canadiens en situation minoritaire partout au Canada. Je viens d'une région qui s'appelle la Baie Sainte-Marie, en Nouvelle-Écosse. Il y a d'autres régions comme celles de l'île Madame, Chéticamp et autres, mais je vais m'en tenir à la Baie Sainte-Marie. C'est la région où il y a le plus grand nombre de francophones en Nouvelle-Écosse et nous ne recevons toujours pas le RDI. Je pense que c'est diffusé un peu partout au Canada sauf en Nouvelle-Écosse et, si je me rappelle bien, l'île Madame n'a pas encore le service non plus.

J'aimerais vous donner un exemple d'une chose qui est arrivée il y a quelques années. Nous sommes habitués, en Nouvelle-Écosse, à recevoir presque toutes nos communications en anglais. Ce sont des émissions américaines. Il y a quelques années, on a commencé à recevoir des émissions de Radio-Canada en français, mais il s'agissait en grande partie d'émissions qui visaient les Québécois, qui ne nous touchaient pas. Alors, il s'est développé une habitude en Nouvelle-Écosse: presque toute la communication médiatique se fait en anglais.

J'aimerais vous donner l'exemple d'une radio communautaire qui a été mise sur pied avec un très petit budget et un personnel très restreint. Elle a le plus haut taux d'écoute dans la région la plus francophone en Nouvelle-Écosse. Pourquoi? Parce qu'elle parle comme les gens de la place. Cette radio a commencé à diffuser de la musique acadienne, la musique des Acadiens de la place, plutôt que de la musique western. Vous ne me croirez pas, mais on s'était habitués à écouter la musique western anglaise et, tout à coup, on s'est mis à diffuser de la la musique western française, et les gens l'aiment mieux que l'autre. Cependant, nous ne recevons toujours pas de communications en français, sauf pour le poste de télévision de Radio-Canada qui, en bonne partie, ne touche pas les gens de la Nouvelle-Écosse.

Depuis plusieurs années, nous demandons à notre câblodiffuseur de nous offrir RDI dans la région. Il refuse catégoriquement et je vais le nommer. C'est M. Joe Shannon, qui est propriétaire de ce poste. Il a adopté l'attitude des réformistes, qui voudraient qu'il y ait un Québec francophone et un Canada anglophone.

• 1620

Cela ferait bien l'affaire des réformistes qu'on puisse avoir un Québec complètement francophone. On oublierait les anglophones au Québec, ils s'en iraient et le reste du Canada deviendrait un Canada anglais dans un système américain.

Madame, il ne faut pas abandonner les régions qui ont besoin de ce service, parce que si les gens de ces régions francophones, qui sont en situation minoritaire, pensent qu'ils sont oubliés, comme c'est le cas actuellement dans quelques régions comme la nôtre, les idées réformistes deviendront la réalité. Nous ne voulons pas de cela pour le Canada.

Si les gens des régions francophones de la Nouvelle-Écosse savaient qu'il y a des francophones en Alberta, en Colombie-Britannique, en Saskatchewan et au Manitoba, ils se rendraient compte qu'il n'y a pas que des réformistes dans l'Ouest. Ils verraient qu'il y a des francophones dans les autres provinces, mais pour cela, il faut qu'ils le sachent. Une des façons de de leur faire savoir, c'est de leur donner accès à RDI.

Je ne vous demande pas de me faire des excuses. Que diable peut-on faire avec ce M. Joe Shannon?

Mme Micheline Vaillancourt: Il y a deux volets à votre question. Vous avez parlé de la question de la télévision de proximité en disant que la radio communautaire offrait des émissions très proches des intérêts de la communauté. Il faut toujours se rappeler que la télévision de Radio-Canada, c'est un réseau national. Donc, évidemment, elle ne peut pas être aussi locale que vous le souhaitez. Cependant, nous avons mis l'accent sur ce type de télévision de proximité.

Vous êtes intéressé à savoir ce qui se passe en Atlantique. Dans ma petite brochure, je vous donne les titres des émissions que nous produisons avec la communauté pour la région des provinces de l'Atlantique. On a Trajectoires, un magazine culturel, ainsi que Temps d'affaires, des émissions qui sont faites avec le secteur indépendant. On a une émission de culture et de variétés. On sait à quel point sont importants les artistes et les écrivains. Donc, nous avons une émission qui s'appelle Double étoile. Nous travaillons aussi avec les écoles, parce que nous savons qu'en région minoritaire, les jeunes sont importants. Alors, on fait une émission avec les écoles francophones des provinces de l'Atlantique qui s'appelle Musikotrip. On a d'ailleurs gagné un prix. Nous produisons aussi à l'occasion toutes sortes de spectacles régionaux qui sont aussi diffusés nationalement.

En ce qui a trait à la diffusion de chaînes francophones, vous savez qu'il est parfois même difficile de diffuser la première chaîne. Certains petits câblodistributeurs ne sont pas obligés de diffuser le réseau national. Donc, nous devons nous battre et exercer des pressions pour qu'on diffuse la première chaîne.

En ce qui a trait à la diffusion de RDI, Renaud Gilbert va certainement pouvoir vous faire part de toutes ses péripéties auprès des câblodistributeurs pour qu'il soit distribué, particulièrement dans le cas que vous venez de soulever. Renaud.

M. Renaud Gilbert: Je voudrais commencer par remercier le sénateur Comeau d'avoir pris la peine d'écrire une lettre d'appui à la démarche que faisait RDI auprès du câblodistributeur de la Baie pour qu'il distribue RDI. Je dois vous signaler qu'il ne s'agissait pas d'une lettre d'un seul paragraphe disant simplement: «On vous appuie. Allez-y.» Au contraire, c'était une lettre très structurée et écrite du coeur. On disait: «Écoutez, je vis dans une communauté qui a besoin d'un service en français. De grâce, fournissez-lui le service.»

Cette lettre a été envoyée en avril 1995, et je vous en remercie. J'en ai ici une copie. Le sénateur Comeau a aussi pris l'initiative d'adresser une lettre à notre président, et j'ai aussi cette lettre ici. Je dois vous dire qu'après avoir reçu la lettre que le sénateur a envoyée au mois d'avril 1995, on est allés sur place dès l'été suivant pour essayer de convaincre M. Shannon ou Rush Communications, qui est responsable de la distribution dans la Baie Sainte-Marie, de diffuser RDI mais on n'a pas réussi. C'était à l'été 1995. Depuis l'été 1995 à ce jour, on est intervenus à au moins cinq ou six reprises lors de conversations téléphoniques, par le biais de réunions des câblodistributeurs et par le biais de la communauté qui faisait la demande de service.

• 1625

Le 1er janvier 1995, RDI était distribué dans environ 5 millions de foyers. Il faut dire qu'il y a 1,8 million de foyers qui sont reconnus comme étant dans le marché francophone. Cela veut dire que dès le 1er janvier 1995, RDI était distribué dans 3,2 millions de foyers qui étaient dans des marchés anglophones. À la fin de l'année 1995, on était à 5,8 millions. L'année suivante, on est montés à 6,6 millions et, actuellement, on atteint à peu près 7 millions de foyers.

RDI est actuellement distribué à environ 80 p. 100 des abonnés francophones. Je situe cela dans un contexte. Newsworld, pour mes collègues anglophones, est distribué à environ 90 p. 100 des abonnés du câble de tout le pays. C'est donc dire que Newsworld n'est pas non plus distribué partout au pays. Donc, au fond, nous sommes à 8 ou 9 p. 100 de la distribution de Newsworld.

Après trois ans et demi, après beaucoup d'efforts et de persévérance et avec le soutien de beaucoup de communautés francophones du pays, on a réussi à distribuer dans 7 millions de foyers. On a eu un coup de main du président du CRTC qui, à l'époque, était M. Spicer. Il y a des câblodistributeurs qui ont eu un comportement exemplaire. Je pense notamment à Rogers, Shaw et Fundy qui ont donné un coup de pouce pour que d'autres câblodistributeurs se joignent à ce mouvement, mais malheureusement, après trois ans, je dois reconnaître qu'il y a des gens intraitables.

Donc, il nous serait difficile de passer de 80 à 90 ou 100 p. 100. Je n'oserais pas dire qu'on tourne en rond, mais c'est devenu extrêmement difficile. Donc, d'une certaine façon, pour aller plus loin, il faudrait compter sur le temps, mais regardez la progression de Newsworld pendant les cinq dernières années. Cela n'a pas évolué beaucoup non plus, pour toutes sortes de raisons. D'une certaine façon, si on veut aller plus loin, il faudra que ce soit par la coercition. Cela, nous ne pouvons pas le faire nous-mêmes.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Un moment, s'il vous plaît. Avec votre appui, sénateur Comeau, le comité pourrait envoyer une lettre. Nous pourrions faire une démarche conjointe pour signaler notre désaccord quant à l'intransigeance de cette compagnie de câblodistribution que le CRTC n'a pas été capable... Cela m'étonne, surtout que Keith Spicer était là à l'époque. Je ne peux pas vous assurer qu'on va réussir, mais ils sauraient au moins que l'oeil de la communauté canadienne Canada est là et qu'on trouve cela vraiment dégueulasse.

Le sénateur Gérald Comeau: La communauté acadienne de la Nouvelle-Écosse en serait très reconnaissante.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Le comité est-il d'accord qu'une lettre soit...

M. Louis Plamondon: Je dois quitter, mais j'aimerais simplement, avec le consentement du comité, déclarer mon appui à la proposition que vous avez faite. J'y suis favorable. Donc, si vous êtes d'accord, je vote en faveur de cette proposition.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Merci, sénateur Comeau. Vous allez revenir au deuxième tour. C'est au tour de Mme Vautour.

Mme Angela Vautour (Beauséjour—Petitcodiac, NPD): Merci de votre présentation. Je dois dire que du côté personnel, Radio-Canada et CBC télévision et radio m'ont certainement bien servie au cours des trois ou quatre dernières années. J'ai eu la chance de rencontrer beaucoup de journalistes lors des différentes entrevues que j'ai faites.

• 1630

J'aimerais vous poser quelques questions au sujet des grosses coupures que vous avez subies. Je suis une Acadienne du Nouveau-Brunswick. Est-ce que vous seriez d'accord pour dire qu'il y a possiblement moins de journalistes et moins de programmation pour les francophones depuis les dernières coupures? Quel a été l'impact de ces coupures?

Mme Micheline Vaillancourt: Moins de journalistes? Non. Lors de nos réductions budgétaires, la priorité était de protéger au maximum le secteur de l'information. Donc, nous avons, surtout dans les provinces de l'Atlantique où il y a un apport important à l'ensemble des émissions réseau, protégé au maximum le service de l'information et les journalistes. C'est dans nos stations de l'Ouest canadien qu'il y a eu des réductions en termes de journalistes. Notre plan initial était de produire un Ce soir pour les quatre provinces de l'Ouest et de faire un Ce soir d'une heure au lieu de quatre Ce soir d'une demi-heure comme c'était le cas. Compte tenu de l'importance des compressions, soit le tiers de notre budget, nous avions peu de flexibilité pour produire un Ce soir.

Comme vous le savez, il y a eu un tollé de protestations. Nous avons fait une tournée de consultation auprès des populations, et les gens de partout sont venus nous dire qu'ils voulaient garder leur Ce soir parce que c'était leur lien avec la communauté. Nous avons donc révisé nos positions, réaligné notre plan et présenté un nouveau plan au conseil d'administration, qui l'a accepté.

Évidemment, cela s'est traduit par des réductions de postes. Nous étions obligés d'en faire, mais nous avons effectué une réorganisation de façon à nous donner plus de souplesse, en utilisant les nouveaux moyens de production et en utilisant notre nouvelle organisation du travail et nos nouvelles conventions collectives. Je peux vous dire que notre directeur des stations de l'Ouest, M. Bonneville, vient tout juste de terminer une tournée de consultations auprès des populations et que ces dernières se sont dites très satisfaites de la nouvelle formule des Ce soir. Je les ai aussi rencontrées l'automne dernier, alors que nous venions à peine de commencer. Il n'y avait que quelques mois que ces nouveaux Ce soir étaient en ondes, et déjà les gens nous manifestaient leur intérêt.

Donc, pour le Ce soir, il n'y a pas eu de diminution d'heures de présence. Progressivement, comme je le mentionnais à monsieur tout à l'heure, nous avons développé des émissions de proximité. Je vous dirai qu'il y en a plus qu'avant, parce qu'on travaille de plus en plus avec des partenaires. On travaille avec la communauté, les associations et aussi le secteur indépendant. En utilisant les fonds de production, que ce soit celui de Téléfilm ou celui des câblos, nous avons pu produire davantage. Ce n'est pas encore une production très abondante. Évidemment, les communautés en voudraient plus. On va essayer d'en faire plus. Mais c'est déjà une augmentation par rapport à ce qu'on faisait, et on a l'intention de continuer.

On a injecté l'année dernière des sommes additionnelles dans les provinces de l'Atlantique, Nous avons pu, grâce à des sommes qui nous ont été allouées par Ottawa, injecter de l'argent pour protéger le car de reportage de Moncton et toute l'équipe qui rayonne partout dans les provinces de l'Atlantique. Nous avons également injecté des ressources dans les stations de l'Ouest après les réductions budgétaires. J'aimerais pouvoir vous dire que je vais encore en ajouter, mais les décisions se prennent à Ottawa.

Mme Angela Vautour: Vous avez dit que Radio-Canada était national. Oui, il est national, mais national pour qui? Vous savez qu'on a un poste de radio chez nous, Radio Beauséjour, dont la cote d'écoute est énorme, cela parce qu'il parle des gens de chez nous et de ce qui se passe chez nous. Qu'on le veuille ou non, c'est le poste qu'on écoute.

• 1635

Radio-Canada doit être aussi être consciente que lorsqu'elle fait des émissions chez nous, il faut vraiment attirer l'attention des gens. Il faut que les gens soient capables de s'y connecter. À RDI, à 11 h 30, on a l'émission L'Atlantique en direct. On se plaint de ce que les reportages viennent d'en dehors de l'Atlantique. On devrait essayer de rester davantage au niveau régional pendant cette période-là. On entend souvent des nouvelles du Québec, alors qu'on veut avoir le plus de temps d'antenne possible pour l'Atlantique.

Mme Micheline Vaillancourt: Bien sûr, on essaie toujours de faire en sorte que la télévision soit le plus locale possible. Le cas de Moncton qui produit le Ce soir des provinces de l'Atlantique en est un bel exemple. Malgré la multiplication des chaînes et des signaux francophones, on constate que le Ce soir de Moncton est en progression constante. Sur la première chaîne, il y a chaque soir quatre heures de grande écoute. Ce n'est pas beaucoup d'heures pour diffuser toute la programmation, que ce soit des téléromans, des grandes séries, du cinéma ou du sport. Il y a donc un goulot d'étranglement.

RDI est une chaîne spécialisée et donne plus de créneaux aux régions. Radio-Canada va demander de nouvelles chaînes pour s'impliquer davantage, pour multiplier sa présence, parce que c'est vraiment le développement de l'industrie qu'on est en train de vivre. Il y a une fragmentation croissante et une multiplication des chaînes, et Radio-Canada national doit être présent parmi ces chaînes.

Renaud pourrait certainement ajouter des renseignements additionnels à ce que vous avez dit sur le caractère peut-être parfois un peu trop francophone de certaines émissions,...

Mme Angela Vautour: Montréal, Montréal et Québec.

Mme Micheline Vaillancourt: ...ou du moins trop québécois.

M. Renaud Gilbert: Nous avons choisi de faire un effort systématique pour rendre compte de ce qui se passe partout dans le pays. Il s'agit donc d'information. Il y avait deux reproches qui étaient faits à Radio-Canada avant l'existence de RDI. Le premier reproche, c'est qu'on ne savait pas ce qui se passait à l'extérieur du Québec. Le deuxième reproche, c'est qu'on ne savait pas ce qui se passait à l'intérieur du Québec. C'était donc à la fois trop montréalais et trop québécois: Québec, Québec, colline parlementaire, etc.

Donc, on a fait un effort systématique pour donner du temps d'antenne aux stations régionales pour qu'elles puissent rendre compte de ce qui se passe dans ces régions. Je considère que le temps d'antenne qu'on consacre quotidiennement à ce qui se passe à l'extérieur du Québec est considérable.

D'autre part, à certains moments, il faut faire des ajustements. Par exemple, vous parliez de l'heure de diffusion de certaines émissions. Il y a trois mois, j'étais à Moncton. J'étais allé écouter des gens de la communauté qui m'ont dit: «On n'aime pas se faire couper notre émission; on n'aime pas que le matin, on nous parle continuellement des accidents qui se passent au coin de la rue Ste-Catherine.» Donc, on a apporté un certain nombre de correctifs et je vous en donne des exemples.

Avant d'interrompre des émissions qui viennent de l'Atlantique ou des stations d'Ottawa et de Winnipeg, on parle aux gens. S'ils considèrent que le sujet est important et qu'il est nécessaire d'écouter les invités, on essaie d'éviter de les couper.

De manière systématique, à l'émission du matin, on a introduit des nouvelles en provenance de l'Atlantique entre 7 h 30 et 9 h 30. Forcément, si on parle de ce qui se passe dans l'Atlantique tôt le matin, on va reprendre ces nouvelles pendant le reste de la journée, parce que les gens ont tendance à transporter les nouvelles d'un bulletin à l'autre.

En fin de semaine, c'était le premier anniversaire de la traversée du pont de la Confédération à pied. On était là le samedi après-midi et on a rediffusé cette émission-là le dimanche après-midi. Notre équipe de Moncton a investi le Réseau de l'information en disant: «Nous aussi, on est propriétaires de cela et il y a des émissions qu'on peut faire en dehors du créneau sacré de 11 heures à 12 heures.» S'il y a des choses importantes qui se passent à 15 heures, pourquoi n'en parlerions-nous pas? C'est ce qu'on essaie de faire systématiquement pour tout ce qui se passe au pays.

• 1640

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Merci.

[Français]

Je sais que vous devez quitter.

Mme Angela Vautour: Je peux rester jusqu'à 17 heures.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Madame la sénatrice, à vous la parole.

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool): Merci de votre dernier commentaire. Cela faisait partie de ma question. Je suis heureuse d'apprendre que vous allez systématiquement essayer de transmettre une image plus nationale.

On m'a fait le commentaire que RDI et la Société Radio-Canada étaient presque un facteur d'assimilation. Les gens étaient tellement fatigués d'entendre parler seulement de ce qui se passe sur les ponts et dans les dépanneurs de Montréal qu'ils passaient au poste anglais pour avoir des nouvelles plus nationales.

Je voudrais poser une question. Je ne sais pas jusqu'à quel point ce sera utile pour le comité, mais cela va certainement satisfaire ma curiosité. Je me pose souvent cette question lorsque je regarde le Téléjournal. Est-ce que le ou la journaliste qui présente le Téléjournal a le feu vert quant à ce qu'il ou elle va dire aux nouvelles et surtout quant à la priorité des nouvelles? Plus précisément, est-ce qu'une nouvelle concernant le premier ministre du Québec a priorité sur une nouvelle concernant le premier ministre du Canada? On parle souvent de cette dernière nouvelle en deuxième lieu. Qui a l'autorité en cette matière?

Je ne sais pas qui de vous va répondre. Madame Vaillancourt, vous êtes affectée aux budgets.

Mme Micheline Vaillancourt: À la programmation. J'ai déjà travaillé au Téléjournal, madame. J'ai commencé ma carrière à Radio-Canada, au Téléjournal.

La décision éditoriale est un processus complexe, et la personne qui lit le bulletin n'est pas celle qui prend les décisions. D'abord, il y a l'affectateur, le matin, qui choisit parmi l'information disponible partout au pays. Ensuite c'est le chef de pupitre qui rédige ce qu'on appelle le line-up, c'est-à-dire les nouvelles et l'ordre dans lequel elles seront présentées. Donc, c'est vraiment le chef de pupitre qui a le dernier droit de regard sur la présentation des bulletins de nouvelles. Ensuite le lecteur ou la lectrice respecte cet ordre-là, selon les décisions qui ont été prises.

Renaud, qui vit cela quotidiennenent à RDI, peut vous raconter l'histoire plus en détail. Renaud.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Est-ce au niveau national, au niveau du Québec, au niveau du Nouveau-Brunswick ou au niveau de l'Ontario que les décisions sont prises? Est-ce qu'il y a un chef de pupitre? Est-ce que les chefs de pupitre des autres provinces ont leur mot à dire? On aimerait bien savoir.

M. Renaud Gilbert: Le processus à la première chaîne et le processus à la deuxième chaîne sont des processus semblables mais différents, compte tenu des mandats qu'on peut donner aux émissions.

Je vais vous donner un exemple. Qu'est-ce qui détermine qu'on va diffuser une nouvelle ou qu'on ne la diffusera pas? Le premier critère de sélection est l'intérêt public. Est-ce que cette histoire est d'intérêt public? Premièrement, est-elle suffisamment importante pour qu'on la porte à la connaissance de toute la population? Normalement, c'est comme cela qu'on fonctionne, ce qui fait que parfois on ouvre le Téléjournal avec une nouvelle internationale et parfois avec une nouvelle qui vient d'une région parce qu'elle revêt une dimension nationale.

Qu'est-ce qui fait que notre crédibilité est préservée en tant qu'institution? Je vous reparlerai de RDI. Toute notre activité journalistique repose sur trois principes, au fond.

• 1645

Il y a d'abord l'exactitude. On essaie de faire en sorte que ce qu'on raconte en ondes corresponde aux faits.

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Pardon, monsieur Gilbert. Êtes-vous en train de me dire que la qualité de votre service tient au fait que vous rapportez les nouvelles, plutôt que de les fabriquer? Est-ce bien ce que vous venez de dire?

[Français]

M. Renaud Gilbert: Je vais vous donner un exemple très simple. J'ai fait l'analyse d'une journée de diffusion de nouvelles à RDI. À RDI, dans une journée normale, on diffuse à peu près 125 sujets de nouvelles. Au Téléjournal, quand on en diffuse 15, c'est beau. Dans une journée normale à RDI, on diffuse 75 reportages. Dans une journée normale au Téléjournal, on diffuse sept ou huit reportages.

Vous demandez:

[Traduction]

est-ce que vous rapportez les nouvelles ou est-ce que vous les fabriquez?

[Français]

Eh bien, quand vous êtes au Téléjournal, vous risquez de faire la nouvelle d'une certaine façon parce que vous faites une sélection de nouvelles. La sélection est beaucoup plus serrée. À RDI, je diffuse 75 reportages dans une journée normale. Au Téléjournal, il s'en retrouve seulement sept ou huit. Alors, forcément, vous faites des choix et les choix sont beaucoup plus difficiles.

Ce que j'essayais de dire tout à l'heure, c'est qu'on essaie d'être le plus possible conformes à la réalité. Deuxièmement, on essaie de faire en sorte que ce qu'on fait soit équitable et, d'une certaine façon, respectueux à la fois des gens et des nouvelles elles-mêmes.

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool): Que veut dire respectueux des gens? Jusqu'à quel point le chef de pupitre peut-il contrôler les commentaires gratuits de certains journalistes? Je ne peux pas vous donner d'exemples ici, mais si vous en voulez, je vais m'asseoir un jour et les écrire.

M. Renaud Gilbert: Quand vous prenez le dernier rapport du commissaire aux langues officielles, qui est ici, et que vous devez le résumer dans huit lignes, forcément, vous faites des choix. Vous essayez de de ne pas dénaturer la réalité. Vous faites une entrevue avec le commissaire aux langues officielles qui dure deux minutes 30 secondes et vous n'en diffusez que huit secondes. Est-ce que ce sont les bonnes huit secondes? Ce n'est pas facile. Il y a une certaine complexité dans cette opération.

M. Denis Coderre: En fait, il faut faire un choix.

M. Renaud Gilbert: Tout à fait.

M. Denis Coderre: Je vous parie un café que ce soir, la première nouvelle au Téléjournal sera l'Accueil Bonneau qui a sauté.

M. Renaud Gilbert: Très probablement.

M. Denis Coderre: J'ai bien deviné?

M. Renaud Gilbert: Très probablement.

M. Denis Coderre: L'Accueil Bonneau a sauté. Qu'est-ce que c'est? Vous voyez, elle vient du Nouveau-Brunswick. L'Accueil Bonneau... Écoutez Radio-Canada et vous allez comprendre.

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Si vous écoutiez Radio-Canada, vous le sauriez.

M. Denis Coderre: Je le comprends et je l'accepte parce que c'est clair. Il y a 30 blessés. Vous avez fait une émission spéciale. D'ailleurs, vous avez même fait un choix. Vous avez enlevé L'Ouest en direct pour parler de l'Accueil Bonneau.

Dans un contexte national, est-il correct de présenter la tragédie de l'Accueil Bonneau comme première nouvelle? Vous avez seulement 23 minutes au Téléjournal. Est-il normal qu'à ce moment-là... Je ne pose pas un jugement de valeur parce que je comprends très bien où vous allez, mais dans un contexte national, au lieu de parler comme l'autre fois des maisons qui coulent à Vancouver, où il se passait peut-être autre chose à ce moment-là, par exemple l'arrivée de Bill Van der Zalm au Parti réformistes... Quand vous choisissez les nouvelles dites nationales, ne devriez-vous pas vous assurer qu'il y ait au moins un quota par région plutôt que de dire qu'étant donné que 84 p. 100 des francophones sont au Québec, la nouvelle nationale pour RDI ou le Téléjournal en français, c'est ce qui se passe au Québec? Ce n'est pas un jugement, mais un simple commentaire.

M. Renaud Gilbert: Pour contrer le problème dont vous parlez, à RDI—et je réponds un peu à la question de Mme Cool—, on associe les régions à la diffusion d'un certain nombre de nouvelles. Par exemple, l'Atlantique fait son émission et choisit les éléments qui sont diffusés dans le cadre de l'émission. De notre côté, tout ce qu'on fait, c'est jouer un rôle de coordination par rapport à ces émissions-là pour éviter que les gens se répètent, pour éviter que les gens aillent ailleurs dans le monde. Mais ce sont eux qui choisissent. Quand vous regardez l'édition Atlantique à 23 h 30, ce n'est pas fait à Montréal. C'est fait en région.

M. Denis Coderre: Je parle du Téléjournal. Je parle de politique nationale. Entre vous et moi, si Lucien Bouchard n'était pas allé au meeting des premiers ministres de l'Est du Canada et des gouverneurs, cela n'aurait pas été la première nouvelle. Cela aurait fait L'Atlantique en direct parce que cela se passe là-bas. Dans le fond, c'est cela qu'ils veulent dire, et je les comprends.

• 1650

La réalité, c'est qu'au Téléjournal, on parle principalement des nouvelles du Québec. Quand il y a des choses hors de l'ordinaire, on en ajoute peut-être un peu, mais ce n'est pas la priorité.

M. Renaud Gilbert: Je vais vous parler d'une analyse systématique qui a été faite. Il y a des comparaisons qui se font entre les bulletins de nouvelles comme le bulletin de nouvelles de TVA, The National et le bulletin de nouvelles de Radio-Canada...

M. Denis Coderre: TVA, c'est une télévision privée.

M. Renaud Gilbert: Pour revenir à la question de M. Breitkreuz, jusqu'à quel point le Parlement serait-il disposé à subventionner une télévision qui ne serait pas regardée?

Quand j'analyse le bulletin de nouvelles de TVA et celui de Radio-Canada à 22 heures, je me rends compte que le Québec est très présent dans le bulletin de TVA. Comme par hasard, il n'est pas tout à fait aussi présent dans le bulletin de Radio-Canada. Il y a des raisons à cela.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Excusez-moi. Je pense qu'on a perdu le fil. C'est maintenant à M. Jaffer.

[Traduction]

M. Rahim Jaffer (Edmonton—Strathcona, Réf.): J'aimerais avoir l'opinion de M. Knapp et Mme Pleszczynska. Nous savons que la programmation régionale a souffert des compressions—cela ne fait aucun doute. Pouvez-vous me dire si à votre avis Radio-Canada a envisagé de nouveaux moyens de fournir des services dans ce contexte?

Par exemple, si l'on pouvait privatiser divers domaines, est-ce que cela faciliterait la prestation des services? On pourrait examiner certaines activités de Radio-Canada, telles que la mise en marché, la distribution et des aspects de la production. Nous avons besoin de fonds pour conserver ces choses. Si on ne peut trouver ces fonds dans le secteur public, peut-on envisager d'autres options? Y a-t-il des avantages à privatiser ces activités? Quelles sont vos idées à ce sujet?

Mme Patricia Pleszczynska (directrice, Services de la radio de langue anglaise au Québec, Société Radio-Canada): En ce qui concerne la radio expressément, la radio n'est pas commerciale, donc la question de la privatisation ne se pose pas pour nous pour le moment. Notre licence est fondée sur le fait que notre radio n'a pas de caractère commercial.

Nous envisageons de manière régulière des partenariats et des commandites, particulièrement dans le secteur des activités culturelles. Nous avons des partenariats avec la revue Saturday Night. Nous avons eu par le passé des partenariats avec Tilden et d'autres entreprises privées chaque fois qu'il s'agissait d'organiser des manifestations culturelles très considérables et coûteuses. Nous avons des partenariats avec le Festival de Stratford. Il y a des domaines où nous recherchons l'apport supplémentaire du secteur privé pour financer des activités. Mais pour ce qui est de la diffusion quotidienne de Radio One et de Radio Two, qui sont des entreprises sans but lucratif, et c'est la base même de notre licence, la question de la privatisation ne se pose pas pour nous.

Vous avez raison de dire que la programmation régionale a souffert des compressions. La programmation nationale a souffert aussi. À la radio de langue anglaise, ainsi que dans d'autres secteurs de la société, nous avons subi des compressions de l'ordre de 30 p. 100. Cependant, malgré ces compressions, la radio anglaise de Radio-Canada, lorsqu'elle a établi ses priorités, a maintenu la proportion de programmation nationale et régionale. Nous avons tâché de conserver l'équilibre que nous avions et nous y sommes parvenus, à savoir l'équilibre de programmation nationale par rapport à la programmation régionale qui existait avant les compressions. À la radio, les heures de grande écoute sont régionales ou locales. L'émission du matin, l'émission du midi, l'émission de fin de journée—se sont les heures de grande écoute à la radio, et elles sont à caractère local. Elles sont régionales par nature ainsi que dans la programmation.

Ce que nous avons également fait, entre autres choses, pour nous assurer d'optimiser la gestion de nos ressources partout au pays, nous avons valorisé et restructuré le système de regroupement pour la programmation de telle sorte que les reportages multiservices, tout le matériel enregistré que nous avons au pays, sont rediffusés dans des émissions provenant de différents centres du pays.

Par exemple, une entrevue ou un discours de M. Manning à Québec sera retransmis. On en fera parvenir un extrait à toutes les stations du pays, et cet extrait sera retransmis dans d'autres émissions partout au pays aussi.

• 1655

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Est-ce que vous exigez des frais pour ça afin de payer les droits d'auteur?

Mme Patricia Pleszczynska: Nous n'exigeons pas de frais de nos stations de radio.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Si vous distribuez le discours de M. Manning, vous disposez du droit d'auteur?

Mme Patricia Pleszczynska: Il s'agirait de l'enregistrement public de ses propos. Il s'agirait d'un événement public que nous enregistrerions, et ce n'est que dans ce contexte que nous l'utiliserions. S'il y a des droits d'auteur à payer, soyez sûr que nous les payerons. Nous avons une section à la Société qui y voit.

M. Rahim Jaffer: Si vous pouvez percevoir des droits sur un discours de M. Manning, nous serions très heureux d'y participer.

Mme Patricia Pleszczynska: Merci beaucoup.

Je tiens seulement à ajouter une dernière chose pour vous expliquer comment nous utilisons au maximum nos crédits régionaux. Au cours de la dernière année, nous nous sommes assurés que tous nos radios-journaux à l'heure étaient régionalisés. Donc pour ce qui est de savoir où se situe le processus décisionnel, au niveau des nouvelles, c'est au niveau des stations régionales qu'il réside, et c'est le rédacteur assigné à chaque salle de nouvelles régionales qui décide. Exception faite des très grands radios-journaux du matin, World Report et World at Six, les radios-régionaux à l'heure et à la demi-heure sont régionalisés selon les priorités régionales, tout comme c'est le cas des nouvelles nationales et internationales.

M. David Knapp (directeur, Services de télévision de langue anglaise au Québec, Société Radio-Canada): Côté télévision, pour ce qui concerne la distribution, nous envisageons en fait de nouveaux moyens de distribuer le signal de CBMT au Québec, et pour ce qui est des indicatifs de station que vous voyez au début de l'heure ou entre les émissions, nous comptons y parvenir en établissant des liens informatiques avec nos stations de l'Ontario étant donné que nous sommes dans la même zone horaire pour la distribution des programmes.

Nous, ainsi que toutes nos régions du pays, avons souffert des compressions budgétaires. On a décidé en haut lieu de maintenir la programmation à l'heure du dîner et la programmation régionale dans chaque région. Au 1er avril dernier, nous avons perdu 17 employés dans le cadre de notre dernière compression à Montréal. Pour conserver le service, nous avons changé le centre d'intérêt de l'émission en privilégiant davantage le traitement en studio de l'actualité et en délaissant les reportages de longueur variable qui parvenaient des quatre coins de la province.

Nous ne recevons pas autant de nouvelles des quatre coins de la province que nous le voudrions parce que nous avons moins de monde pour ça. Ce qui ne veut pas dire que nous ne traitons pas de l'actualité dans les diverses localités. Nous tâchons de faire sortir notre émission du studio aussi souvent que nous pouvons. Rappelez-vous la tempête de verglas de janvier où nous étions présents en direct dans presque toutes les localités. Ce ne sont pas tant les gens de Montréal qui ont vu nos émissions mais beaucoup plus ceux d'entre nous qui regardaient Newsworld, qui captaient notre émission à 18 heures, et notre auditoire de Montréal, qui a acheté le vidéo que nous avons réalisé à la fin de la tempête de verglas. Les fonds que nous avons recueillis ainsi ont été versés à la Croix-Rouge, et ce fut un grand succès en soi.

Les compressions limitent effectivement les incursions en province., Nous planifions, par exemple, de déplacer l'émission plus tard cet été vers les cantons de l'Est où nous concentrerons notre attention sur les enjeux qui concernent l'auditoire anglophone.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Je me demandais seulement si vous alliez finir par vous souvenir que nous constituerons une minorité au Canada, au Québec.

M. Rahim Jaffer: J'ai terminé. Avez-vous autre chose?

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Avez-vous traité des questions électorales de dimanche dernier?

M. David Knapp: Je pense que nous avons entendu une certaine coprésidente en ondes hier.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Je vous remercie vivement d'avoir télédiffusé mon image et mon entrevue, si c'est le cas. J'étais ailleurs et je n'ai rien vu.

Je demeure curieuse. Qu'avez-vous fait hors de l'île de Montréal où cette question est absolument vitale?

M. David Knapp: Nous avons traité de la question en profondeur afin de faire savoir à nos auditoires comment ils pouvaient s'inscrire sur la liste électorale.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Avez-vous trouvé un moyen de l'expliquer? Je n'ai toujours pas compris.

M. David Knapp: Comme je l'ai dit, nous avons traité de votre cas particulier.

• 1700

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Étant donné que nous parlons du secteur de langue anglaise, je me demandais, un peu en pince-sans-rire, comment vous alliez faire... lorsque M. Jaffer vous interrogeait au sujet des services de langue anglaise. Comment faites-vous pour maintenir les services de langue anglaise sans reporters locaux à l'extérieur de Québec, dans l'Outaouais, en Estrie, à Chicoutimi, au Lac St-Jean, en Gaspésie?

M. David Knapp: Permettez-moi de céder la parole à ma collègue de la radio, qui a plus de bureaux au Québec que du côté télévision. Nous travaillons en étroite collaboration avec la salle de nouvelles de Montréal et avec nos collègues francophones de la SRC et de RDI. Nous partageons la même base informatique, nous savons donc de quelles questions ils traitent. Nous nous servons également des reporters locaux de langue anglaise partout dans la province. Nous avons encore ces reporters locaux. Nous avons encore nos recherchistes.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Donc si vous voulez couvrir à la télévision une question particulière en Gaspésie...

M. David Knapp: Nous décidons alors si nous allons couvrir l'événement à partir de Montréal ou de Québec.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): C'est ce que je veux savoir. Est-ce que Radio-Canada envoie une équipe pour faire un reportage sur une région de langue anglaise?

M. David Knapp: S'il y a une équipe libre, nous enverrons une équipe de Québec, s'il s'agit de la Gaspésie, qui est plus près.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Qui décidera de la priorité à attribuer pour couvrir un secteur de langue anglaise et qui décidera s'il faut envoyer une caméra de Québec au plus vite? Qui décide ça? Les services de M. Gilbert ou les vôtres?

M. David Knapp: Les nôtres. S'il s'agit d'une entrevue en anglais et que c'est quelque chose que nous voulons faire, les réalisateurs de l'émission prendront la décision et trouveront les moyens d'agir. Si les moyens que nous avons sont tels que nous pouvons emprunter une équipe de nos collègues francophones de Québec ou de l'un de leurs bureaux dans le nord du Québec, c'est ce que nous ferons.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Est-ce qu'ils vous envoient une facture?

M. David Knapp: Nous avons d'excellentes relations de travail avec eux, et je ne veux rien y changer.

[Français]

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Les francophones hors Québec ont une préoccupation quant à la radio et à la télévision. Ils percevaient, sans doute avec raison, la télévision de Radio-Canada comme étant très montréalaise, très québécoise, bien que d'autres régions du Québec disent qu'elle est très montréalaise. C'est très relatif. Je suis très satisfait que vous en soyez conscients et je pense que vous avez très bien fait le point. Je n'irai pas plus loin, contrairement à certains de mes collègues qui veulent parler de quotas ou je ne sais quoi. Il faut quand même faire confiance aux journalistes et à leur sens professionnel. Je pense qu'à Radio-Canada...

Si on va plus loin que cela, on arrive au genre de préoccupation très sympathique de ma collègue Mme Losier-Cool qui dit: «Pourquoi voit-on Lucien Bouchard dans les Maritimes?» Je la connais et je sais qu'elle n'aurait pas fait la même remarque si Jean Charest avait été premier ministre du Québec. À ce moment-là, elle ne l'aurait pas remarqué comme par hasard. C'est parce qu'elle n'aime pas voir Lucien Bouchard.

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool): Non, ce n'est pas ce que j'ai dit, pas du tout. J'ai demandé si on voyait le premier ministre d'une province avant le premier ministre du Canada.

Le sénateur Jean-Claude Rivest: On ne peut pas demander à des journalistes de Radio-Canada de déterminer si le premier ministre du Québec plaît ou non à une partie de l'opinion publique. Aux bulletins de nouvelles ou aux émissions d'information de RDI, sur le plan quantitatif et sur le plan qualitatif, il ne faut pas cesser ce faire des efforts pour donner une présence réelle à la francophonie hors Québec. Je pense que vous l'avez très bien compris et que vous faites des efforts à cet égard.

Il y a sans doute place pour de l'amélioration, mais cela devient plus compliqué parce qu'il n'y a pas seulement les nouvelles. Comment répondre à la même préoccupation de la francophonie à l'extérieur du Québec quand il s'agit, par exemple, d'émissions dramatiques ou même de variétés? Je parle des grandes émissions réseau, pas des émissions qui peuvent être produites par... Dans les téléromans, qui ont une écoute très large, qui ont la faveur du public, les valeurs et la réalité québécoises sont encore omniprésentes. Je n'oserais pas avancer de chiffres, mais je n'ai pas entendu dire que dans La petite vie, Pôpa et Môman avaient un cousin acadien. Enfin, vous comprenez ce que je veux dire.

• 1705

Là cela devient très compliqué parce que vous entrez dans le processus de décision des administrateurs ou dans la création. Dans quelle mesure Radio-Canada peut-elle déterminer qu'on n'adaptera pas tel roman qui est purement québécois, mais qu'on va peut-être adapter un roman acadien ou un roman de la francophonie d'autres régions du Canada? Il y en a certainement de très bons. C'est une question que je me pose.

Prenons l'exemple des talk-shows, des émissions de variétés et des téléromans et de la réalité de la francophonie hors Québec. En tout cas, je ne ne me rappelle pas l'avoir vu passer. Je vous le dis bien franchement.

M. Renaud Gilbert: La côte de sable en 1959.

Le sénateur Jean-Claude Rivest: J'étais trop jeune.

Mme Micheline Vaillancourt: Vous avez parfaitement raison. Il est extrêmement difficile d'être présent à l'extérieur. Puisque je travaille beaucoup avec les communautés francophones à l'extérieur du Québec, je fais souvent une comparaison avec la production cinématographique qui ne se fait pas partout aux États-Unis, mais principalement à Hollywood. Tout ce problème de la décentralisation de la production culturelle est une question qui nous préoccupe beaucoup à Radio-Canada.

Notre stratégie—je ne sais pas si elle va réussir—a recours à des moyens intéressants. Nous essayons d'abord de produire pour les auditoires régionaux. Par exemple, en Acadie, on est en train de produire une série qui s'appelle Double étoile avec des artistes de la francophonie des provinces de l'Atlantique ainsi que des autres provinces. On produit interrégionalement. On essaie aussi de faire des choses entre nous. Si ces émissions sont de calibre, on va évidemment les diffuser par la suite au réseau. Mais on commence à travailler en ce sens parce que ces émissions-là répondent aux besoins de la communauté. On connaît toute la vie et toute l'effervescence culturelle qu'il y a en Acadie et dans les provinces de l'Atlantique, et c'est pourquoi nous entreprenons ces projets.

La même chose se produit ici, en Ontario-Outaouais, où nous avons des séries d'émissions que nous produisons d'abord pour les auditoires régionaux et que nous rediffusons par la suite au réseau. Cet été, deux séries qui sont produites ici dans la région seront diffusées au réseau: Vie de chalet et Chez nous.

Dans l'Ouest, on aurait évidemment besoin d'une masse critique pour faire des Petite vie ou de grandes séries dramatiques. On a besoin d'ateliers, de décors, de costumes, etc. On ne peut donc pas en faire partout. Dans l'Ouest, on s'est spécialisés dans la production de documentaires et on en a déjà entrepris quatre qui seront diffusés cette année et l'an prochain.

En Ontario, on est en train de faire une adaptation d'un grand roman bien connu en Ontario, La vengeance de l'orignal, que l'on étudie dans toutes les écoles. Ce projet en est à la phase du développement et nous évaluons la possibilité de produire une série dramatique.

Mais évidemment, il faut ensuite entrer dans la grande mécanique de la diffusion du réseau, où on retrouve à peu près deux heures et demie d'émissions en heure de grande écoute et où tout converge. C'est la même chose que le Téléjournal dont vous parlait tout à l'heure Renaud. On diffuse plusieurs centaines de nouvelles, mais quand on arrive au Téléjournal, on n'en diffuse qu'une dizaine. La même chose se produit quand on arrive aux heures de grande écoute. L'expérimentation de la culture est très difficile.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): C'est très beau, mais je pense qu'on devrait laisser la parole au sénateur Rivest pour qu'il puisse poser une autre question.

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Mme Vaillancourt peut continuer.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): D'accord, mais laissons-lui d'abord reprendre son souffle.

Mme Micheline Vaillancourt: Alors, voilà, c'est la présence. Yvan veut ajouter quelque chose.

M. Yvan Asselin: Si vous me le permettez, je ne prendrai que 10 secondes pour vous dire qu'il faut aussi voir les choses dans leur complémentarité. Comme il y a la télévision, la radio, la première chaîne et la chaîne culturelle, nous essayons de bâtir et de nourrir la création pour que des auteurs puissent éventuellement se produire sur de plus grandes scènes et de façon systématique. Je sais que vous avez exprimé une certaine réticence face aux quotas, mais je vous donnerai simplement l'exemple de la création d'émissions dramatiques à la chaîne culturelle, où on a décidé qu'au moins 40 p. 100 des textes seraient commandés à l'extérieur de Montréal. On en commande donc maintenant systématiquement en Acadie et en Ontario français. On encourage aussi un concours de nouvelles dans l'Ouest. Tout cela se tient.

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Autrement dit, vous ne faites que commencer à prendre en compte ce grand pays qu'est le Canada. Si vous ne faites que commencer à songer à tout cela, je remercie Dieu que votre famille ait immigré ici. Mais vous ne faites que commencer, n'est-ce pas? Vous construisez une vision nationale.

[Français]

En français, c'est beau.

M. Yvan Asselin: Je ne parle pas de choses récentes, madame Finestone. Je ne fais que vous rappeler qu'en commandant des textes à des auteurs de partout au Canada, on fait en sorte que ces auteurs grandissent et qu'ils aient la chance de se produire pour les médias, ce qui élargira éventuellement leur bassin potentiel pour soumettre des oeuvres qui pourront peut-être être diffusées à la télévision et un peu partout.

• 1710

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Puisque mon ami Coderre m'a invité à être critique à l'endroit de la Société Radio-Canada, je formulerai la remarque suivante. C'est bien, ce que vous venez dire sur la chaîne culturelle, mais la chaîne culturelle française vire à la téléuniversité. Moi qui aime la musique, je me mets souvent à l'écoute du réseau anglais, que je trouve bien meilleur. Et quand je ne suis pas satisfait du réseau anglais, je syntonise Burlington. J'ai mes trois postes préférés. Le réseau français de Radio-Canada semble aimer faire appel à des professeurs d'université. L'émission où on expliquait la couleur des pharaons dans le cadre de la série sur l'Egypte faisait pas mal téléuniversité. Je dois admettre que c'était très intéressant. Lorsqu'on nous présente un concert de musique classique au réseau anglais de la radio—je vais vous avantager—, on nous explique la musique en deux phrases. À la chaîne culturelle, il nous arrive un professeur de cégep de quelque part qui vient nous expliquer comment Mozart se sentait le matin quand il avait...

[Note de la rédaction: inaudible]. C'est correct, c'est probablement juste et c'est toujours très intéressant, mais ça m'énerve. Vous comprenez?

Une voix: Vous n'êtes pas assez curieux.

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Mon message étant passé, revenons aux minorités. Je fais peut-être partie d'une minorité. Donc, félicitations au réseau anglais de Radio-Canada. À la radio, vous l'avez. Ça marche: boum, boum.

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): C'est très bien.

[Français]

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool): Est-ce que je peux poursuivre la discussion sur la radio?

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Mon message est passé?

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Ce sera bientôt à votre tour.

[Français]

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool): Moi aussi, j'aimerais passer mon message. Je suis d'accord avec vous pour la radio anglaise; la musique est plus à notre goût. Tout à l'heure, ce que je vous demandais vraiment, c'est si une nouvelle au sujet d'un premier ministre provincial dépassait celle au sujet du premier ministre du pays.

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Si le premier ministre du Québec avait été Jean Charest, vous l'auriez trouvé bien fin.

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier Cool): Non, ce n'est pas ce que j'ai dit de toute façon. Je suis davantage une adepte de la radio que de la télévision, que je ne regarde que très peu. J'aime beaucoup la radio et je suis très heureuse d'apprendre qu'on peut se mettre à l'écoute de la chaîne radio FM dans le nord-est, à Bas-Caraquet. C'est une demande que je faisais à Louise Imbeault il y a 10 ans lors d'une rencontre comme celle-ci. Elle avait alors dit que la demande n'était pas suffisante. On a incité les gens à en faire la demande et au bout de 10 ans, on y a acquiescé.

J'ai entendu certains propos l'autre jour au sujet de la fréquence, propos que devront peut-être me confirmer des techniciens. Je voyage beaucoup en voiture et j'aimerais savoir si un jour je pourrai partir de Toronto et me rendre à Baie Sainte-Marie en écoutant la radio anglaise et en syntonisant la même fréquence, 103,3, tout au long de mon trajet.

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Avec le numérique, pourquoi pas?

[Français]

M. Yvan Asselin: Je vais m'aventurer un petit peu sur le terrain, parce qu'au plan technique, vous me perdriez rapidement. Cette technologie existe en Europe pour le FM, mais nous ne l'utilisons pas ici. Elle viendra avec le numérique. Elle permettra à la radio d'aller chercher elle-même la fréquence au fur et à mesure que vous vous déplacez.

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier Cool): Nous pourrions voyager d'un bout à l'autre du Canada en syntonisant la même fréquence?

M. Yvan Asselin: C'est une des choses qui sont à l'étude.

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Mais pourquoi ne faisons-nous pas cela? Je tiens à ce que vous sachiez qu'à mon arrivée ici en 1984, c'est la première question que j'ai posée à Radio-Canada: pourquoi ne puis-je pas syntoniser Radio-Canada partout où je me trouve? Pourquoi ne pouvez-vous pas conserver le même indicatif? Pourquoi ne pouvez-vous pas rester au 940 partout au Canada sur la chaîne AM et à la fréquence 103,1 pour le FM partout au Canada?

[Français]

M. Yvan Asselin: Malheureusement...

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Parce que vos lignes de retransmission ne sont pas assez solides?

[Français]

M. Yvan Asselin: Je prendrai votre question en délibéré et je vous donnerai une réponse. Je souhaiterais, moi aussi, que cette technologie soit à notre portée puisqu'elle existe déjà. Peut-être est-ce une question de proximité. Vous savez que dès janvier, on commencera à produire sur la bande numérique dans les grands marchés et que cela viendra automatiquement avec le numérique. Il serait peut-être coûteux d'implanter cette technologie sur le FM alors qu'on prévoit passer assez bientôt au numérique.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Est-ce que vous prenez la responsabilité de chercher la solution?

M. Yvan Asselin: Oui, et à tout le moins de vous revenir avec une réponse précise.

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier Cool): Merci.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Madame Vautour.

• 1715

Mme Angela Vautour: Je ne ferai que quelques commentaires parce que je dois partir sous peu. J'aimerais revenir un peu sur les émissions. Je pense qu'il y a quelques facteurs et, à moins que vous soyez en désaccord avec moi, je crois qu'il faut aussi regarder ce qui se passe du côté de l'Atlantique puisque, qu'on le veuille ou non, il y a eu des coupures partout. Il y a du talent en Atlantique, mais il nous faut des ressources pour l'exploiter. Ce manque de ressources représente un grave problème pour les gens de chez nous. Les Acadiens ont essayé de faire fructifier leurs talents, et je suis certaine qu'il est très difficile pour le réseau d'essayer de mettre tout cela ensemble. J'espère qu'un jour, on donnera un peu la priorité à la culture.

Je dois avouer qu'au niveau local, l'émission Ce soir est excellente. Son équipe est toujours là pour nous apporter les nouvelles et c'est la même chose à CBC. Bien qu'il y ait toujours de petites plaintes, je suis personnellement satisfaite du traitement qu'on a eu jusqu'à maintenant. En terminant, j'aimerais émettre un commentaire

[Traduction]

pour faire savoir à Radio-Canada qu'aux élections fédérales, il n'y a qu'une seule station de télévision qui m'a montrée en direct lorsque j'ai appris que j'avais remporté mon siège. C'est Radio-Canada qui est venue chez moi. Tous les autres journalistes étaient chez le candidat de l'opposition. Localement, ça a fait du bruit.

M. David Knapp: Espérons que nous avons bien fait notre recherche.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): On sais rapidement qui sont les gagnants.

Mme Angela Vautour: J'imagine que leurs calculs étaient exacts pour celle-là.

Je dois partir parce que j'ai autre chose dans environ cinq minutes. Je tiens à vous remercier de nouveau.

[Français]

Merci beaucoup. Continuez à améliorer les postes pour les groupes minoritaires.

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Avez-vous pris connaissance de ce budget? Je sais que ça ne fait pas partie de ça.

Mme Angela Vautour: Oui, ça va avec le budget aussi.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Merci.

M. Cliff Breitkreuz: Angela, il est rassurant de savoir que Radio-Canada était présente à la célébration de votre victoire. C'est formidable.

Mme Angela Vautour: Oui. On en a couvert la partie importante.

M. Cliff Breitkreuz: Sénateur Comeau, vous avez mentionné les francophones de l'Ouest du Canada. Vous serez peut-être surpris d'apprendre que la plupart des francophones de l'Ouest ont soutenu le parti que je représente. C'est parfaitement compréhensible parce que les francophones de l'ouest canadien sont tout aussi préoccupés que les Canadiens d'ailleurs par l'emploi de leurs impôts. Ils se rendent compte que les lois fédérales en matière linguistique sont essentiellement inutiles, comme on l'a dit ici dans la mesure où toute l'industrie de la radiodiffusion est concernée. Le député de Montréal ne semble pas comprendre que Radio-Canada n'a d'autres ressources que le contribuable. C'est de lui que vient l'argent. Donc bien sûr c'est à Ottawa qu'on exerce le contrôle parce que c'est là que se trouvent les cordons de la bourse.

M. Denis Coderre: C'est votre syndrome du dinosaure encore?

M. Cliff Breitkreuz: Ah, Denis la Peste. C'est là que se trouvent les cordons de la bourse et c'est là qu'on décide de tout, tout comme le premier ministre dit à mon collègue, Denis la Peste, comment on vote à la Chambre des communes.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Et votre chef ne vous dit rien de ce genre, bien sûr.

M. Cliff Breitkreuz: Pas aussi souvent.

Mais mon Dieu, c'est encore pire que je croyais, parce que votre propre document montre que la situation est pire que ce que disaient les statistiques plus tôt. Ce n'est pas 2,3 p. 100 de la population canadienne; c'est 2,3 p. 100 de la population francophone.

J'imagine que ce que les téléspectateurs font, ce que les Canadiens font... Ils devraient vous faire savoir qu'ils n'aiment pas ce qu'ils voient à la télévision; c'est pourquoi ils l'éteignent. On me dit, et bien sûr c'est la même chose au réseau anglais, qu'aux heures de grande écoute, il y a beaucoup de cochonneries à la télévision de Radio-Canada. Chose certaine, ce n'est pas montrable aux enfants. C'est essentiellement du matériel pour adultes.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): C'est pas mal bon. Il vous arrive d'en regarder?

M. Cliff Breitkreuz: Non.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): C'est votre problème à vous. Vous parlez sans connaissance de cause.

M. Cliff Breitkreuz: Oui, et c'est du matériel pas mal bon pour les adultes. Si vous dites que c'est bon, vous devez aimer la pornographie et ce genre d'ordures.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Vous vous êtes trompé de poste. Pourquoi ne vous mettez-vous pas à l'écoute de ce que l'on appelle le Canada anglais?

M. Cliff Breitkreuz: Vous pouvez comprendre pourquoi les cotes d'écoute sont à la baisse, les chiffres sont nuls. Qui rend des comptes ici? À quoi d'autre pouvez-vous vous attendre si personne ne regarde ou n'écoute? C'est la réalité.

• 1720

[Français]

Mme Micheline Vaillancourt: Je ne saurais trop vous répéter, monsieur, que nous avons un mandat de radiodiffuseur national et que nous sommes là pour parler de la réalité canadienne à l'ensemble du pays, aux populations francophones mais aussi aux populations francophiles. Nous considérons que c'est notre mandat et nous allons continuer de le faire. Je vous répète que cette comptabilité est très discutable, et mon collègue de la radio vous a fait part des mêmes conclusions.

En ce qui a trait à l'offre d'émissions en soirée, j'aimerais vous dire que nous respectons tous les codes des radiodiffuseurs publics et souligner qu'à Radio-Canada, nous avons des exigences encore plus sévères en ce qui a trait à la violence et à la représentation de stéréotypes entre autres. Notre politique est stricte et nous l'appliquons strictement.

Une partie importante du financement de Radio-Canada provient des recettes publicitaires, lesquelles s'élèvent à plus de 110 millions de dollars pour le réseau français. Il est évident que ces données ont aussi un impact sur le choix des émissions et sur notre programmation.

Renaud Gilbert aimerait ajouter quelques commentaires.

M. Renaud Gilbert: J'aimerais simplement signaler que le budget de RDI est de l'ordre de 30 millions de dollars et que 85 p. 100 de cette somme provient des abonnés, c'est-à-dire du tarif à l'abonné, et 15 p. 100 des ventes publicitaires. Aucune subvention parlementaire n'est investie dans RDI.

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Merci beaucoup.

Pour le prochain tour, je me demande si vous ne pourriez pas nous parler de la relation, s'il y en a une, avec TV5, et si TV5 retransmet les produits culturels de très haute qualité de Radio-Canada ou de CBC, ce qui comprend la musique, les concerts et les ballets, etc., que Radio-Canada produit. Quelle est cette relation et dans quelle mesure leur budget vous touche-t-il?

[Français]

Mme Micheline Vaillancourt: Je siège au conseil d'administration de TV5 Québec Canada, et nous offrons régulièrement du matériel de Radio-Canada français et aussi, quand l'occasion se présente, du matériel produit par nos collègues de CBC. Dans les documents que nous vous avons fournis, nous indiquons certaines des productions qui sont diffusées par TV5 ici, au Canada.

La programmation de TV5 est de 10 à 15 p. 100 canadienne. Vous savez que la raison d'être principale de TV5 consiste à offrir les émissions fortes de la Francophonie. Nous avons donc des émissions qui viennent de tous les pays francophones d'Europe, et de 10 à 15 p. 100 de la programmation au Canada provient de Radio-Canada et des autres radiodiffuseurs francophones qui siègent également au conseil d'administration.

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Quel pourcentage est payé par la France?

[Français]

Mme Micheline Vaillancourt: La France assume 6/9 des frais de TV5; le Québec et le Canada, 1/9; la Belgique, 1/9; et la Suisse, 1/9. En France, la grille est différente. Radio-Canada diffuse près de 70 p. 100 de tout le matériel en provenance du Canada sur les réseaux de TV5 Europe-Asie-Afrique. Notre téléjournal est diffusé tous les jours et nous faisons un remontage hebdomadaire d'Enjeux et du Point. Nos grands magazines d'information sont aussi diffusés partout en Europe.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): En Afrique aussi? Oui?

Le sénateur Jean-Claude Rivest:

[Note de la rédaction: Inaudible].

Mme Micheline Vaillancourt: Madame la présidente, c'est TV5 qui libère et paie les droits lorsqu'il y a par exemple des droits musicaux ou des cachets d'artiste à payer. Il y a aussi des téléromans qui ont été diffusés. C'est TV5 qui libère les droits, et non Radio-Canada.

• 1725

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Est-ce que TV Ontario et Radio-Québec sont des concurrents pour vous?

[Français]

Mme Micheline Vaillancourt: Nous siégeons au même conseil d'administration, tout comme mon collègue de Télé-Québec Jacques Bensimon et TVA, puisque TV5 Québec Canada est un consortium des radiodiffuseurs francophones. Nos stations affiliées, deux représentants du gouvernement fédéral et deux représentants du gouvernement québécois y siègent également. L'offre d'émissions est mise sur la table et ceux qui bâtissent la grille choisissent les émissions pour TV5 Québec Canada. La même chose se fait en France pour les TV5 Europe.

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Merci.

Monsieur Gilbert, auriez-vous l'obligeance de nous remettre la lettre de M. Comeau. Merci.

[Français]

Mme Micheline Vaillancourt: Vous savez, il y a tellement peu de chaînes francophones qui sont offertes aux communautés qui vivent à l'extérieur du Québec que nous ne pouvons pas être contre le fait qu'on multiplie le nombre d'offres et le nombre de canaux francophones.

En ce qui a trait à notre position, le CRTC nous a demandé de lui soumettre nos commentaires et notre position d'ici le 25 juin prochain. Nous sommes à préparer notre position et nous comparaîtrons devant le CRTC en juillet prochain.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Est-ce qu'on travaille de concert avec un radiodiffuseur ou un télédiffuseur français aux États-Unis, par exemple au Maine, au Vermont ou au New Hampshire,

[Traduction]

où il y a une population importante de langue française, et si on ne le fait pas, pourquoi? Quelles mesures avez-vous prises pour assurer la présence du réseau de langue française dans le nord-est des États-Unis?

[Français]

Mme Micheline Vaillancourt: Comme vous le savez, TV5 est présentement aux États-Unis, et notre présence sur la grille de TV5 États-Unis est d'à peu près le tiers de la programmation qui est offerte—pas seulement celle de Radio-Canada, mais de l'ensemble des diffuseurs. TV5 USA a commencé ses opérations en début d'année aux États-Unis. Nous sommes repris par certains câblodistributeurs, dont ceux de la Floride. Cela nous cause beaucoup de problèmes parce que le FCC revient régulièrement contre nous parce que nous ne possédons évidemment pas les droits de diffusion sur le territoire américain. Nous avons travaillé entre autres avec TVA et Télé-Québec en vue d'offrir un service de télévision francophone en Floride. Je dois vous dire que c'est très complexe.

En ce qui a trait à la Nouvelle-Angleterre, nous y sommes captés, puisque la loi le permet à moins de 100 milles, et nous comparaissons régulièrement devant le FCC pour obtenir certaines redevances. Mais en ce qui a trait à une action vraiment concertée, il est très difficile et très coûteux de diffuser sur le marché américain.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Le libre-échange est très difficile, surtout dans le secteur culturel.

Mme Micheline Vaillancourt: En effet.

Le sénateur Gérald Comeau: En terminant, j'aimerais vous remercier pour l'appui que vous vous donnerez à notre communauté. Je le souligne à nouveau parce que c'est très important pour nous. J'ai l'intention d'en faire rapport aux leaders de la communauté de ma région, dont ceux du Richelieu.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone):

[Note de la rédaction: Inaudible].

Le sénateur Gérald Comeau: J'ai grandement apprécié les réponses que nous ont données nos témoins. J'entends des commentaires élogieux à votre sujet de la part des gens de ma région. J'apprécie beaucoup la sympathie que vous démontrez à l'égard de notre communauté.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Monsieur Coderre.

M. Denis Coderre: Dennis the Menace. Il s'est peut-être trompé avec Bleu nuit, mais ça, c'est un autre poste. I'll explain later. Don't worry.

J'aimerais d'abord dire que je donne toute ma confiance à RDI. Vous savez que je travaille entre autres sur le dossier de Louis Riel. J'ai été à même de constater comment on peut avoir une symbiose entre L'Ouest en direct et Le Québec en direct, même sur le plan national.

Vous dites que lorsque vous êtes sur le terrain, un dossier peut être traité de façon nationale, mais toujours avec une saveur locale parce que ça intéresse certains secteurs. J'ai été à même de le constater moi-même. Je crois qu'on peut vous en remercier parce qu'il est vrai que cela a été fait de façon objective et que la logistique, à tout le moins, était là. Même des gens de Saint-Boniface m'ont appelé pour exprimer leur satisfaction quant à la façon dont a été traité le dossier. Il faut vous en féliciter.

• 1730

Madame Vaillancourt, avez-vous bien dit que Radio-Canada allait demander encore d'autres chaînes? N'en avez-vous pas assez?

Mme Micheline Vaillancourt: Quand on regarde l'évolution de la télévision, on constate que de plus en plus, on s'en va vers des constellations. La fragmentation des auditoires fait en sorte que les gens regardent de plus en plus les chaînes spécialisées. Nous voyons cette fragmentation chez nos collègues anglophones, qui ont débuté avant nous, et nous la vivons aussi. Certaines télévisions qui n'existaient pas il y a à peine 10 ans vont parfois chercher entre 15 et 20 p. 100 du marché.

M. Denis Coderre: De quoi parle-t-on?

Mme Micheline Vaillancourt: Radio-Canada a décidé de s'impliquer, comme vous le savez, avec RDI dans une chaîne. Nous avons déposé, seul ou en partenariat avec d'autres, des demandes pour d'autres chaînes spécialisées, notamment une chaîne culturelle, un réseau des arts en partenariat avec la chaîne française ARTE, laquelle sera un partenaire investisseur en argent et en émissions. Nous avons aussi déposé une demande pour une chaîne classique avec le réseau TVA.

M. Denis Coderre: Juste de la musique?

Mme Micheline Vaillancourt: Une chaîne classique au sens nostalgique, si je puis dire. On utilisera de vieilles séries ainsi que du patrimoine audiovisuel de la télévision.

Un député: Bleu nuit.

Mme Micheline Vaillancourt: Nous avons également proposé une chaîne histoire avec un autre partenaire. Nous considérons que les émanations du rôle principal de Radio-Canada—s'il doit y en avoir—seront dans le secteur de l'information, dans le secteur de la culture, donc dans le réseau des arts et celui de la citoyenneté, y compris l'histoire, et dans le secteur de l'économie et de la consommation.

M. Denis Coderre: Vous venez de nommer les trois points majeurs: l'histoire, la culture et l'information. Au lieu d'avoir une grosse boîte Radio-Canada qui coûte un milliard de dollars et qui exige une logistique épouvantable, est-ce qu'on pourrait avoir à l'avenir—on pourrait faire un autre débat, mais on ne le tiendra pas—une spécialisation des chaînes, tout en ayant une diffusion nationale pour les anglophones et francophones de partout? Ne serait-ce pas préférable pour les contribuables? Est-ce qu'on ne devrait pas mettre beaucoup plus l'accent, de même que l'argent, sur RDI, votre chaîne culturelle et votre chaîne historique, et faire la même chose au niveau de la radio plutôt que de s'empêtrer dans une grosse structure, une grosse boîte où une chatte perdrait ses petits? Est-ce qu'on ne pourrait pas ainsi régler un problème d'administration des fonds publics d'une part et accroître grandement votre efficacité d'autre part? L'impact de RDI dans le monde des nouvelles, y compris au niveau de la francophonie, est très certain.

Mme Micheline Vaillancourt: Il me faudrait deux jours pour répondre à la question que vous avez posée, mais j'y reviendrai et je vous répondrai.

Il reste cependant qu'à court terme, et tous les experts et les analystes de la radio s'entendent là-dessus, on aura toujours dans la plupart des pays industrialisés un ou deux systèmes de télévision généralistes. Je crois que dans un pays, nous avons besoin d'une télévision rassembleuse. Il ne faut pas oublier qu'à la première chaîne, aux heures de grande écoute, nous avons jusqu'à 30 p. 100 du marché. RDI, qui est un succès phénoménal, va chercher environ 2 p. 100 du de marché. Vous voyez donc que les enjeux ne sont pas encore les mêmes. Excusez-moi, Renaud. Peut-être aurais-je dû dire 6 p. 100 ou parfois même 7 p. 100 de part de marché. Je ne voudrais pas sous-estimer votre part.

J'ai beaucoup travaillé au projet du réseau des arts. Ce sont des projets qui me tiennent beaucoup à coeur, mais je pense qu'un radiodiffuseur national généraliste aura probablement sa raison d'être pendant encore 10, 15 ou 20 ans. On ne sait pas quel sera l'avenir. Nous deviendrons peut-être tous des chaînes spécialisées, mais je pense que ces télédiffuseurs auront toujours leur raison d'être pendant encore une dizaine d'années.

M. Denis Coderre: À ce moment-là, ne serait-il pas préférable que nous gérions mieux les budgets de la chaîne actuelle et respections davantage l'article 41 de la Loi sur les langues officielles? Vous savez que le commissaire a émis des plaintes. Ne devrions-nous pas régler cela plutôt que d'investir plus d'argent dans des chaînes spécialisées?

Mme Micheline Vaillancourt: Nous n'investissons pas l'argent de Radio-Canada. Comme Renaud vous le mentionnait tout à l'heure, le RDI se finance avec les recettes d'abonnement à la câblodistribution et un peu de publicité. Ce sera exactement la même chose dans le cas des chaînes que nous proposons.

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Donc, le résultat final ici, c'est qu'on ne demande pas de crédits supplémentaires pour ces nouvelles émissions.

Merci beaucoup.

M. Cliff Breitkreuz: J'ai une petite question.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Oui, mais nous devons adopter les deux résolutions que nous avons.

M. Cliff Breitkreuz: Merci, madame la présidente.

• 1735

Au sujet de cette incursion aux États-Unis et de la difficulté que vous avez et tout cela, qui financera cela? D'où viendra l'argent, ou est-ce qu'il y a une demande là-bas et est-ce que c'est là-bas qu'on va payer?

Mme Micheline Vaillancourt: Nous avons demandé 10 $ par mois.

M. Cliff Breitkreuz: Est-ce que ça viendra du câble?

Mme Micheline Vaillancourt: Oui, du câble et du satellite. C'est le satellite en direct et la câblodistribution aux États-Unis. Les clients, les abonnés, doivent payer pour ce service.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Ce que je trouve tout à fait regrettable, c'est que les Américains ont parfaitement le droit d'envahir nos ondes, d'occuper l'audiovisuel, les studios de cinéma, nos écrans et nos salles de cinéma, mais nous n'avons pas le droit nous de donner à tout le moins à nos Canadiens français qui séjournent en Floride l'hiver l'accès à leurs stations de télévision. C'est tout simplement odieux.

Mesdames et messieurs, tout d'abord, merci beaucoup. Nous allons maintenant passer à la question de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick qu'a soulevée notre collègue, le sénateur Comeau. Chose certaine, vous avez donné réponse à plusieurs insinuations et questions d'une manière très efficace pour ce qui concerne la diffusion régionale. Il y avait un grand malaise au sujet de la prétendue absence de reporters locaux, au sujet du prétendu manque de représentation et de distribution équitable sur les réseaux français du Canada autre que dans le Québec français. Il ne me reste plus qu'à dire que la description que vous donnez est jolie, et les députés, j'en ai la conviction, vont vous écouter dans leurs voyages. Espérons qu'ils seront tous heureux du beau portrait que vous nous avez présenté.

Donc, au nom de mes collègues, merci beaucoup pour votre temps, votre énergie, votre patience et vos nouvelles informations. Bonne chance à ma station préférée.

[Français]

Mme Micheline Vaillancourt: Merci de votre appui et de votre écoute.

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Vous nous pardonnerez si nous retournons maintenant à notre ordre du jour.

Vous avez le budget devant vous et vous avez également une copie du cinquième rapport.

Très bien. Parlez-nous du sous-comité, s'il vous plaît. Vous étiez ici et moi non.

Une voix: Oui, vous y étiez.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): J'y étais?

[Français]

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool): Il s'agit du cinquième rapport.

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Excusez-moi, j'étais ici.

Vous avez devant vous le cinquième rapport où votre sous-comité fait état de sa séance du mardi 2 juin 1998 et s'entend pour recommander que la réception pour le commissaire Victor Goldbloom, commissaire aux langues officielles, ait lieu le jeudi 1er octobre 1998; que l'honorable Diane Marleau témoigne devant le comité à l'automne; que le Consortium francophone de l'éducation témoigne devant le comité à l'automne; que le comité se rende dans les localités des minorités anglophones et francophones des 10 provinces au cours du mois d'octobre pour discuter de la mise en oeuvre de la partie 7 de la Loi sur les langues officielles.

Êtes-vous d'accord?

[Français]

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Cela coûte 200 000 $?

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Je ne suis pas rendue à cette page-là. Auriez-vous l'obligeance de commencer à la page où nous sommes. Il ne s'agit que d'un rapport.

Je tiens à vous dire que les instructions données par le sous-comité du programme à la greffière étaient très floues; on disait seulement que nous irions dans les 10 provinces et que nous irions dans les principales localités des minorités. Tout d'abord, il faut obtenir l'argent, après quoi nous déciderons où nous irons. Mais pour faire ça, il faut choisir une ville par province. Pour l'Ouest, nous prenons une ville par province.

J'aimerais simplement vous expliquer comment nous sommes arrivés à ce chiffre. Pour avoir une idée générale du coût, c'est le déplacement qui coûte le plus cher. Le déplacement par personne revient à environ 7 500 $ ou 8 000 $ et nous n'y pouvons rien.

• 1740

Vous partez de Vancouver et vous faites étape dans toutes ces villes. Le voyage durera trois ou quatre semaines. Il ne s'agit pas d'aller d'un bout du pays à l'autre sans escale. En fait, cela fait pratiquement 86 000 $. Neuf membres du comité participeront. Ce comité compte 27 personnes. Il faudra que l'interprétation et le personnel suivent. Le budget total se monte à 214 582,40 $. C'est ce que cela coûte pour nous déplacer. C'est le coût estimé.

[Français]

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Est-ce que nous visiterions les 10 provinces?

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Oui, et pas seulement les grandes villes.

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Bien que j'aie cru comprendre que certains membres ont proposé que l'on visite les 10 provinces, je crois qu'on devrait faire quatre ou cinq voyages, soit visiter le Québec, l'Ontario, les Maritimes et l'Ouest.

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): C'est tout ce qu'il y a.

[Français]

Le sénateur Jean-Claude Rivest: En visitant les 10 provinces, on risque d'entendre les mêmes choses. Ce serait du tourisme. Cela nous amènerait au festival à tel endroit et à des événements du genre; on ne ferait que cela. Si on visite les 10 provinces, on augmente les coûts de façon considérable et excessive. Je suis d'accord que l'on visite toutes les régions, mais pas les 10 provinces.

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool): Je suis d'accord pour qu'on identifie des régions. Nous pourrions aussi, comme l'a fait le Comité mixte spécial sur la garde et le droit de visite des enfants que préside Mme Pearson, voyager par train de temps en temps, par exemple pour nous déplacer de Toronto à Montréal ou d'Ottawa à Montréal. Cela nous permettrait de limiter nos dépenses et de réduire ce budget qui s'élève déjà à 214 000 $.

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Je comprends. Notre collègue Mme Vautour avait demandé qu'on aille à peu près partout dans les Maritimes. Visiter chacune des provinces est, à mon avis, une dépense d'argent incroyable. Notre mandat ne consiste pas à faire du tourisme ou à aller encourager sur place les expressions culturelles. Le Comité des langues officielles a un mandat très spécifique. Je suis d'accord qu'on y aille, mais il me semble qu'il nous suffirait de visiter les régions, quitte à ce qu'on en identifie cinq. On ne s'attardera pas bien longtemps au Québec parce que ce n'est pas là qu'est le gros problème de la Loi sur les langues officielles. Alors, on y passera rapidement.

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): En tant que francophone, comment le savez-vous?

[Français]

Le sénateur Jean-Claude Rivest: On est d'accord pour s'arrêter à Montréal, mais il faudrait s'arrêter plus longtemps dans les Maritimes et dans l'Ouest, et peut-être à Vancouver. Ne visitons pas 10 provinces, mais plutôt cinq endroits au maximum: le Québec, l'Ontario, l'Ouest, peut-être la Colombie-Britannique ou les Territoires du Nord-Ouest et les Maritimes. That's it, mais pas chaque province.

Peut-être que les autres membres du comité aimeraient exprimer leur opinion.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Je vous poserai la question suivante: quelles provinces et quels endroits des Maritimes désirez-vous visiter?

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Je ne sais pas. Demandons à nos collègues des Maritimes.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Sénateur Rivest, lors de la rencontre du sous-comité, à laquelle assistait M. Coderre,...

M. Denis Coderre: Oui, j'étais là.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): ...elle nous a demandé de visiter trois endroits au Nouveau-Brunswick seulement.

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Je sais, mais ce serait du tourisme.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Je vous communique ce qu'elle nous a demandé. On a essayé de l'accommoder en acceptant d'aller au moins à Moncton, mais elle insistait pour qu'on aille absolument à Caraquet et à Baie something or other.

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Saint-Mathieu.

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool): Saint-Sauveur.

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Saint-Sauveur.

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool): Saint-Sauveur, mais pas dans les Laurentides.

La coprésidente (l'hon. Sheila Finestone): Non, pas dans les Laurentides.

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool): Non, non, en Acadie, à Bathurst.

[Traduction]

M. Rahim Jaffer: Je sais que c'est une chose importante à faire. Je me demande si on a réfléchi à la possibilité de couvrir plus de terrain sans voyager? Des conférences téléphoniques avec différentes régions n'auraient-elles pas un certain mérite? Nous pourrions déterminer ensemble quelles sont, par exemple, les principales régions francophones. Nous pourrions les choisir et entrer en communication avec elles par le biais de la technologie, ce qui, à mon avis, nous coûterait moins cher que nous déplacer. Je ne sais si cette possibilité est envisageable. Je sais que cela se fait. Nous avons recouru à la technique des conférences téléphoniques en Alberta sur plusieurs questions.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Ce que vous dites m'intéresse beaucoup. J'aimerais en savoir un peu plus sur votre expérience. La nôtre a été terrible. C'était il y a un an et demi. On a l'impression que les gens sont tellement loin.

• 1745

Pour déterminer l'efficacité de l'article 7 de la Loi sur les langues officielles, il nous faut rencontrer la population en face à face et lui faire savoir que cet article n'a pas été adopté à la légère et que nous voulons nous assurer qu'il répond à nos attentes, ou bien il est inutile. Ces contacts à distance manquent totalement de chaleur. Tout du moins c'était ce qu'on pensait jusqu'à présent mais cela a peut-être changé.

Je n'ai absolument aucune idée. Cela ne fait pas beaucoup d'argent. Cela semble incroyable, mais cela ne fait pas beaucoup d'argent pour un comité qui examine le nouvel article d'une loi majeure régissant une des valeurs fondamentales du Canada, sa nature bilingue. Ceci dit, il existe peut-être d'autres bons moyens de le faire à moindres coûts.

[Français]

M. Denis Coderre: Écoutez, il est sûr qu'on pourrait commencer à se comparer à d'autres comités qui font des voyages éclair dans divers pays d'Europe. Il est normal que les membres de notre Comité mixte des langues officielles puissent aller sur le terrain. Si c'est juste cela, on devrait dire que tous les comités parlementaires devraient faire des téléconférences pour entendre les représentations des gens.

Or, je crois que Comité mixte des langues officielles doit aussi aller sur le terrain, sortir de la froideur des bâtiments pour aller voir sur place comment les gens vivent et ce qu'ils vivent effectivement. On a également le mandat de comprendre un environnement et de s'en imprégner pour voir un petit peu ce qui se passe.

Moi aussi, j'ai trouvé que la somme de 214 000 $ était très élevée. Il est clair qu'on doit faire des choix et qu'on ne doit pas nécessairement aller dans les 10 provinces. Il y a des musts. Si on va dans l'Ouest, il sera important et pertinent de visiter Saint-Boniface et Vancouver, par exemple. Plutôt que d'aller dans les quatre provinces Maritimes, on pourrait en choisir deux, restreindre nos déplacements et démontrer à la population que le principe est essentiel, mais que dans un souci de bonne gestion et de gestion de la perception, on ne fait pas du tourisme commandé.

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Si on allait à deux endroits,...

M. Denis Coderre: Si on allait à deux endroits par région?

Le sénateur Jean-Claude Rivest: ...on pourrait prendre l'autobus entre les deux destinations.

M. Denis Coderre: On pourrait s'organiser. J'aimerais également, madame la présidente, qu'on puisse avoir accès à une ventilation du budget et qu'on nous indique précisément quelles dépenses sont prévues. Je serais prêt à voter, mais j'aimerais que la motion indique, par exemple, que des voyages sont prévus dans une ville de chacune des régions du Canada. Deuxièmement, il faudrait indiquer les frais relatifs à la traduction et à d'autres activités précises afin que la motion soit le plus juste possible et que l'on puisse justifier l'importance du montant demandé.

Il est sûr que si les 16 membres du comité doivent y participer, il faut arrêter de niveler vers le bas. Il faut aller sur le terrain et parler aux Canadiens et aux Canadiennes pour les comprendre. Il faut vivre ce qu'ils vivent. Je pense que de cette façon, on règle tous les problèmes.

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Je regrette que nous n'ayons pu vous donner un budget plus complet.

[Français]

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool): Le Comité des langues officielles devrait peut-être consulter les bureaux régionaux, qui l'aideraient à faire ses choix.

La première demande de visite que j'ai reçue provenait de la personne responsable du bureau de l'Atlantique, à Moncton. Cette personne m'avait suggéré que l'on visite l'une de ses centrales, à Charlottetown ou à Halifax, et m'avait dit qu'elle pourrait inviter des représentants de communautés françaises à venir nous rencontrer.

M. Denis Coderre: Une visite par endroit, c'est déjà beaucoup.

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool): Oui, c'est déjà beaucoup. Nous pourrions faire la même chose dans l'Ouest et limiter le nombre de voyages. Nous pourrions passer par eux.

Le sénateur Jean-Claude Rivest: Mme Vautour a peut-être élargi le nombre de consultations par enthousiasme.

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool): Oui, oui, oui.

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Nous pourrions faire la chose suivante. J'ai vraiment besoin de votre coopération. Pour être franche avec vous, l'idée de traverser tout le pays ne m'enthousiasme pas—je l'ai déjà fait plusieurs milliers de fois—mais je crois qu'il nous faut faire quelque chose.

• 1750

Est-ce que vous voudriez modifier le texte et suggérer, à la quatrième ligne, que le personnel nécessaire se rende dans cinq régions, les Maritimes, le Québec, l'Ontario, les provinces centrales et la Colombie-Britannique? En allant en Colombie-Britannique vous pourriez peut-être aller aussi à Whitehorse ou ailleurs, ou quand vous serez au Québec, etc., mais parlons de cinq régions et faisons retravailler le budget par le personnel. Il faut arriver à un chiffre inférieur, c'est certain.

Nous ne serons pas obligés d'accepter, mais il me faut au moins un plan pour faire approuver un budget. S'ils décident de ne pas m'accorder d'argent pour voyager, nous en resterons-là, c'est tout. Il faudra attendre une autre année et une autre session de la Chambre ou quelque chose.

M. Rahim Jaffer: Toute décision finale sera donc présentée à ce comité pour approbation.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Absolument.

M. Denis Coderre: Je crois que nous pouvons nous mettre d'accord sur le principe. Ils nous proposeront un nouveau budget. Mais nous sommes d'accord qu'il faut nous rendre dans cinq régions avec le personnel.

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): D'accord? Le chiffre du budget reflétera le changement et nous avons donné à la greffière instruction de procéder à ce changement.

[Français]

La coprésidente (la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool): Est-ce que la prochaine réunion aura lieu jeudi? Est-ce que le budget révisé sera alors prêt?

[Traduction]

La coprésidente (Mme Sheila Finestone): Oui, jeudi. Ce sera la seule question à l'ordre du jour. N'importe comment, il faudra que nous soyons là, il y a des votes.

Je vais donner ces chiffres au sous-comité du budget et je vous rapporterai sa réponse. Merci beaucoup.

La séance est levée.