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LANG Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 1re SESSION

Comité mixte permanent des langues officielles


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le mardi 11 juin 2002




¹ 1535
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger (Ottawa—Vanier, Lib.))
V         M. Pierre Boivin (président, Club de hockey Canadien inc.)

¹ 1540
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier (président, Réseau des sports inc.)

¹ 1545
V         

¹ 1550
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Benoît Sauvageau (Repentigny, BQ)
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Pierre Boivin
V         M. Benoît Sauvageau

¹ 1555
V         M. Gerry Frappier
V         M. Benoît Sauvageau
V         M. Pierre Boivin
V         M. Benoît Sauvageau

º 1600
V         M. Gerry Frappier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gérard Binet (Frontenac—Mégantic, Lib.)
V         M. Pierre Boivin
V         M. Gérard Binet
V         M. Pierre Boivin
V         M. Gérard Binet
V         M. Pierre Boivin
V         M. Gérard Binet
V         M. Pierre Boivin

º 1605
V         
V         M. John Herron (Fundy—Royal, PC)
V         Le sénateur Gérald A. Beaudoin (Rigaud, PC)
V         M. Pierre Boivin
V         Le sénateur Gérald A. Beaudoin
V         M. Pierre Boivin
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier

º 1610
V         Le sénateur Gérald A. Beaudoin
V         M. Gerry Frappier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier (Ontario, Lib.)
V         M. Gerry Frappier
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Gerry Frappier
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Gerry Frappier

º 1615
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Pierre Boivin
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Pierre Boivin
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. John Herron

º 1620
V         M. Gerry Frappier
V         M. John Herron

º 1625
V         M. Pierre Boivin
V         M. John Herron
V         M. Pierre Boivin
V         M. John Herron
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         Mme Sarmite Bulte (Parkdale—High Park, Lib.)
V         M. Pierre Boivin

º 1630
V         Mme Sarmite Bulte
V         M. Gerry Frappier
V         Mme Sarmite Bulte
V         M. Gerry Frappier
V         Mme Sarmite Bulte
V         M. Gerry Frappier
V         Mme Sarmite Bulte
V         M. John Herron
V         Mme Sarmite Bulte
V         M. Gerry Frappier
V         Mme Sarmite Bulte
V         M. Gerry Frappier
V         Mme Sarmite Bulte
V         M. Gerry Frappier
V         Mme Sarmite Bulte
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Benoît Sauvageau
V         M. Gerry Frappier
V         M. Benoît Sauvageau
V         M. Gerry Frappier
V         M. Benoît Sauvageau
V         M. Gerry Frappier
V         M. Benoît Sauvageau
V         M. Gerry Frappier
V         M. Benoît Sauvageau
V         M. Gerry Frappier

º 1635
V         M. Benoît Sauvageau
V         M. Pierre Boivin
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         Mme Yolande Thibeault (Saint-Lambert, Lib.)
V         M. Gerry Frappier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         Mme Yolande Thibeault
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         Le sénateur Gérald J. Comeau (Nouvelle-Écosse, PC)

º 1640
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         La sénatrice Viola Léger (Nouveau-Brunswick, Lib.)
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier
V         La sénatrice Viola Léger
V         M. Gerry Frappier
V         La sénatrice Viola Léger
V         M. Gerry Frappier
V         La sénatrice Viola Léger
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         La sénatrice Viola Léger

º 1645
V         M. Gerry Frappier
V         La sénatrice Viola Léger
V         M. Gerry Frappier
V         La sénatrice Viola Léger
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier
V         Le coprésident (M.Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier

º 1650
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Pierre Boivin
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Pierre Boivin
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Pierre Boivin
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Pierre Boivin

º 1655
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Pierre Boivin
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. John Herron
V         M. Gerry Frappier

» 1700
V         M. John Herron
V         M. Gerry Frappier
V         M. John Herron
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Gerry Frappier
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Gerry Frappier
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Gerry Frappier
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Gerry Frappier
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier

» 1705
V         M. Gerry Frappier
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Pierre Boivin
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Pierre Boivin
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Pierre Boivin
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Pierre Boivin
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Pierre Boivin
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Pierre Boivin
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Gerry Frappier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)

» 1710
V         M. Pierre Boivin
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Pierre Boivin
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         M. Gerry Frappier
V         M. Pierre Boivin
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Gerry Frappier
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Pierre Boivin
V         Le sénateur Jean-Robert Gauthier
V         M. Pierre Boivin
V         Le coprésident (M. Mauril Bélanger)










CANADA

Comité mixte permanent des langues officielles


NUMÉRO 044 
l
1re SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mardi 11 juin 2002

[Enregistrement électronique]

¹  +(1535)  

[Français]

+

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger (Ottawa—Vanier, Lib.)): Bonjour, mesdames et messieurs. Monsieur Boivin, président du Club de hockey Canadien et monsieur Frappier, président du Réseau des sports inc., soyez les bienvenus.

    Permettez-moi une mise en situation, parce que ce n'est pas tous les jours qu'on reçoit, au Comité des langues officielles, le Club de hockey Canadien et RDS. Nous avons reçu, la semaine dernière, Radio-Canada/CBC pour discuter de ce phénomène qu'est La Soirée du hockey et le fait qu'elle ne sera plus diffusée au réseau français de Radio-Canada. Certaines personnes se demandent pour quelle raison le Comité des langues officielles se mêle de cette question. Permettez-moi de vous dire que la préoccupation semble être liée au fait que si on est Canadien anglais, on peut regarder le hockey, notre sport national, à la télévision publique, d'un océan à l'autre, gratuitement, mais que si on est Canadien français, il faudra payer pour le regarder. On ne pourra pas le regarder à la télévision publique, d'un océan à l'autre. Il faudra passer par le câble ou par le satellite et payer.

    Donc, il y a, de l'avis de certains membres du comité, une iniquité entre CBC et Radio-Canada qui, elle, est assujettie à la Loi sur les langues officielles, autant que l'est le CRTC.

    C'est dans ce contexte qu'on s'est demandé comment cette situation s'était rendue là. Nous avons eu des commentaires et des réponses à nos questions de la part de Radio-Canada, soit de la part de M. Rabinovitch et de Mme Fortin, lors de cette rencontre. Vous avez reçu, je crois, ce qu'on appelle communément «les bleus», c'est-à-dire le procès verbal de cette réunion. Vous pouvez constater que les membres du comité étaient intéressés à poursuivre la discussion afin d'obtenir quelques éclaircissements concernant certaines affirmations.

    Alors, nous vous remercions d'avoir répondu si rapidement à notre invitation de venir comparaître aujourd'hui. Nous allons vous laisser la parole pour commencer. Par la suite, nous ferons un tour de table afin de vous poser des questions, comme c'est la coutume. Ça vous va?

    Alors, qui de vous deux veut commencer? Monsieur Boivin, la parole est à vous.

+-

    M. Pierre Boivin (président, Club de hockey Canadien inc.): Merci, monsieur le coprésident. Mesdames, messieurs les sénateurs et députés membres du comité, je vous remercie de votre invitation.

    Je comprends que, dans le cadre de votre mandat, l'entente de partenariat que nous avons conclue avec le réseau RDS soulève des questions légitimes. C'est pourquoi je voudrais, à titre d'introduction, vous fournir quelques renseignements concernant le Club de hockey Canadien de Montréal et la vente des droits de télédiffusion en français que nous et la Ligue nationale de hockey avons conclue avec RDS.

    Le monde du hockey a beaucoup évolué depuis 20 ans. L'univers de la ligue nationale d'aujourd'hui, avec ses 30 équipes, présente des défis importants pour la majorité des équipes. À ces défis communs, notamment pour les équipes qui évoluent dans des marchés de taille moyenne, s'ajoutent les défis spécifiques des équipes canadiennes, qui vous sont probablement plus familiers.

    Ces enjeux sont principalement les charges fiscales et les taux de change du dollar canadien, ainsi que l'écart qu'ils engendrent entre nos revenus perçus en dollars canadiens et les salaires des joueurs payés en dollars américains.

    Le Canadien de Montréal, comme toutes les autres équipes canadiennes du hockey professionnel, doit offrir à ses partisans une équipe compétitive tout en maintenant une grande rigueur de gestion. Notre masse salariale est inférieure à la moyenne des équipes de la ligue, mais les pressions à la hausse demeureront fortes jusqu'à la fin de la présente convention collective, en 2004.

    C'est à la lumière de ces contraintes et de nos objectifs de qualité de produit et, il faut le dire, de maximisation des revenus, qu'il faut analyser la vente des droits de télédiffusion des matchs du Canadien.

    Historiquement, les droits de télédiffusion des matchs du Canadien à la télévision francophone sont partagés entre le Canadien et la Ligue nationale de hockey. Les matchs du samedi soir et ceux des éliminatoires sont considérés comme des matchs nationaux et les droits de télédiffusion qui y sont reliés appartiennent à la ligue. Les droits sur les autres matchs du Canadien appartiennent à l'équipe.

    Nous avons créé, il y a quatre ans, une coentreprise avec la Ligue nationale de hockey en vue de négocier et de vendre ensemble les droits de télédiffusion sur tous les matchs du Canadien au réseau français de télévision du pays.

    L'entente que nous avons signée il y a quatre ans partageait la télédiffusion des matchs du Canadien entre Radio-Canada, TQS et le réseau RDS. En vertu de cette entente, qui expirait à la fin de la présente saison, Radio-Canada télédiffusait 25 matchs du samedi soir, deux événements dans le cadre du match des étoiles ainsi que quatre rondes des éliminatoires.

    Lorsque nous avons entrepris la négociation en vue de conclure une nouvelle entente, nous souhaitions avoir une entente avec les trois réseaux. Nous voulions toutefois nous assurer de plusieurs points tels que, en premier lieu, la télédiffusion des 82 matchs du Canadien, la préservation de l'accessibilité pour les partisans du Canadien, la télédiffusion du plus grand nombre de matchs possible des éliminatoires de la Coupe Stanley et la protection de nos revenus actuels et même, si possible, nous souhaitions les augmenter.

    Au fil des discussions, Radio-Canada a exprimé le souhait de réduire de façon importante le nombre de matchs télédiffusés ainsi que son investissement global dans le hockey. Le calendrier des éliminatoires présentait aussi des difficultés importantes pour leur programmation.

    Nous avons poursuivi les négociations en vue d'obtenir la meilleure entente possible avec Radio-Canada, tout en respectant nos objectifs. Toutefois, après plusieurs mois de négociation, nous avons réalisé qu'il nous serait impossible d'atteindre nos objectifs dans le cadre d'une entente avec les trois réseaux.

    Les discussions nous ont graduellement amenés à envisager une offre globale. Nous avons donc entrepris d'examiner avec le réseau RDS la possibilité de négocier une offre globale de diffusion pour l'ensemble des matchs du Canadien et pour les quatre rondes des éliminatoires de la Coupe Stanley, ainsi que le match des étoiles de la ligue.

    L'analyse de la pénétration de la télévision par câble et par satellite au Québec et au Canada, la disponibilité de RDS ainsi qu'une négociation serrée nous ont permis d'établir les paramètres d'une entente qui rejoint nos objectifs de coentreprise. En vertu de l'entente signée avec RDS, ce réseau devient le télédiffuseur francophone des matchs du Canadien et des éliminatoires de la Coupe Stanley. RDS assurera la télédiffusion en français des 82 matchs du Canadien, de 40 matchs des éliminatoires de la Coupe Stanley, du match des étoiles et du concours d'habileté des étoiles de la ligue.

¹  +-(1540)  

    L'entente est d'une durée de cinq ans et couvrira donc la période de 2002 à 2007. Cette entente est avantageuse pour nos partisans, pour nos partenaires d'affaires, ainsi que pour l'organisation. Le Réseau des sports est devenu le leader du sport télévisé au Québec et représente un partenaire naturel pour le Canadien, à l'échelle du pays.

    Le partenariat que nous avons conclu avec RDS nous permettra de concentrer nos efforts et d'investir le talent et les ressources de nos deux organisations en vue d'offrir un produit télévisuel repensé et amélioré qui répondra aux attentes des téléspectateurs et de nos partenaires d'affaires, en offrant à chaque match un produit excitant et une expérience captivante de hockey. Cette entente prévoit aussi que nous préserverons la présentation des matchs du samedi soir, une tradition à laquelle nos partisans sont très attachés.

    Grâce à cette entente, nous sécurisons des revenus importants qui nous permettront de poursuivre l'amélioration de l'équipe. Tous les matchs du Canadien pourront être suivis dans les régions couvertes par les droits du Canadien, mais aussi par les partisans de toutes les régions du pays qui peuvent, grâce au satellite ou au câble, recevoir la programmation de RDS.

    Nous sommes conscients que cette entente met un terme à la diffusion des matches du samedi soir à l'antenne de Radio-Canada. Cette situation causera des inconvénients à certains de nos partisans, et nous le regrettons, mais il s'agit à nos yeux du meilleur choix, et nous entendons tout faire pour minimiser les désavantages. Nous avons d'ailleurs beaucoup discuté de cette question avec RDS et nous leur sommes reconnaissants de la proposition qu'ils ont soumise à Radio-Canada en vue de retransmettre simultanément les matchs du Canadien du samedi soir. Malheureusement, la Société Radio-Canada a décidé de ne pas y donner suite, et nous respectons leur décision.

    Au cours des prochains mois, nous travaillerons en étroite collaboration avec l'équipe de RDS en vue de préparer les activités de la prochaine saison et de faire de ce partenariat une solution gagnante pour nos partisans, ainsi que pour tous les amateurs francophones du Québec et du Canada.

    Le Canadien de Montréal est l'une des équipes sportives les plus connues et les plus appréciées au Canada et dans le monde entier. Nous comptons tout mettre en oeuvre pour le demeurer et nous vous remercions de votre appui.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Merci, monsieur Boivin.

    Monsieur Frappier.

+-

    M. Gerry Frappier (président, Réseau des sports inc.): Madame la coprésidente, monsieur le coprésident, mesdames et messieurs les sénateurs et les députés, c'est à la fois un plaisir et un privilège que d'avoir été invité par votre comité à prendre la parole sur le présent sujet afin de présenter les caractéristiques de l'entente assurant la diffusion complète du hockey en français au Canada.

    Mon exposé portera sur les divers points de cette annonce récente selon laquelle le Réseau des sports, à la suite d'une entente avec le Club de hockey Canadien et la Ligue nationale de hockey, devient le diffuseur de langue française au Canada pour les cinq prochaines années de 124 matchs de hockey professionnel, principalement ceux du Canadien, et ce, à chaque année.

    À compter de l'an prochain, notre réseau diffusera, en fait, les 82 matchs de la saison régulière du Canadien de Montréal, 40 matchs des éliminatoires de la Coupe Stanley, le match des étoiles, ainsi que le concours d'habileté. À RDS, nous sommes fiers de cette entente qui constitue un ajout significatif à une programmation déjà impressionnante. Pour nous, il s'agit là d'une nouvelle étape fort significative dans l'évolution du Réseau des sports, qui pourra dorénavant offrir une programmation d'événements sportifs enrichis et de la plus haute qualité pour les amateurs de sport francophones du Québec et du Canada tout entier.

    Actuellement, RDS est le télédiffuseur de langue française pour tous les sports d'importance, incluant la course automobile de Formule 1 et de CART, les matchs de tennis internationaux, plus de 150 parcours de golf, le football des Alouettes, la Coupe Grey et le Super Bowl, sans oublier notre participation dans les Olympiques et le Mondial de soccer. Nous sommes véritablement le seul réseau ayant l'expertise et la capacité d'offrir une telle couverture aux francophones à travers le Canada.

    Si ce n'était de RDS, les Canadiens francophones ne pourraient en fait pas jouir de la majorité de ces événements sportifs de première importance, dans leur propre langue.

    Le fait d'être associé à une organisation sportive aussi célèbre et avec une histoire aussi riche que le Club de hockey Canadien est vraiment le rêve de tout télédiffuseur sportif. RDS s'engage fermement à améliorer sans cesse un produit qui s'appuie sur une tradition déjà bien établie et où le hockey a donné lieu à des rassemblements familiaux, devenant ainsi une partie intégrante du tissu culturel des Québécois et des francophones du Canada.

¹  +-(1545)  

+-

     Je sais que des millions de Canadiens francophones aimeraient se joindre à moi pour rendre hommage à la Société Radio-Canada, qui peut être fière d'avoir présenté le hockey pendant 50 ans.

    Dans le passé, nous avons eu l'occasion de travailler de concert avec la Société Radio-Canada à plusieurs reprises à l'occasion d'événements tels que les Olympiques ou les courses de Formule 1. L'entente entre RDS, le Canadien de Montréal et la Ligue nationale de hockey a suscité des préoccupations à l'effet que certains Canadiens francophones seraient privés de la La Soirée du hockey du samedi soir.

    Par conséquent, RDS a offert à la Société Radio-Canada une diffusion simultanée intégrale, ce qui aurait permis à tous les francophones du Canada de recevoir ces matchs. La Société Radio-Canada a rejeté cette proposition. Dans ce contexte, RDS amorce maintenant la préparation de la prochaine saison afin de relever les défis qui lui sont offerts. Le Canadien de Montréal et la Ligue nationale de hockey se sont également engagés sur cette nouvelle voie.

    Ce virage entrepris par le Canadien s'explique en grande partie par l'ampleur des changements subis par l'industrie télévisuelle depuis quelques années. L'arrivée des canaux spécialisés a obligé les réseaux de télévision traditionnels conventionnels a revoir leur mission, ainsi que leur mandat en matière de programmation. Le développement et la pénétration rapide de la télédiffusion par câble ou par satellite dans toutes les régions du pays ont considérablement élargi l'éventail d'émissions disponibles pour les consommateurs. L'ensemble des Canadiens francophones peuvent avoir accès à la programmation de RDS par l'entremise des réseaux par câble ou par satellite.

    Il importe également de souligner l'évolution propre à la télédiffusion des produits sportifs au cours des dernières années. À cet effet, le Canadien et le Réseau des sports s'inscrivent dans une tendance déjà bien établie amenant nombre d'événements sportifs tels que les matchs de la Ligue canadienne de football, la course automobile, ici au Canada, ou le golf et le basket-ball professionnel aux États-Unis, à être diffusés par l'entremise d'une chaîne ou des chaînes spécialisées. L'entente suit simplement une tendance établie par le marché qui est devenue essentielle à bien des égards.

    La télévision spécialisée demeure un type de divertissement parmi les plus diversifiés et les plus abordables de notre société, et cette entente nous permettra d'améliorer considérablement la qualité des services que nous offrons déjà à nos téléspectateurs. Eh oui, ici, à RDS, peut-être avec une certaine partialité, nous constatons qu'il n'y a pas d'amateurs de sport aussi sophistiqués, informés et exigeants que les partisans du Canadien de Montréal. Voilà qui nous amène au coeur du sujet.

    Notre entente avec le Canadien constitue un engagement mutuel à offrir un produit qui n'a d'égal que lui-même. Je n'ai nul besoin de rappeler aux membres du comité la compétition féroce existant au sein des ligues professionnelles et les défis additionnels auxquels sont confrontées les entreprises sportives canadiennes, tant sur le plan national qu'international. Notre implication dans cette entreprise pourrait se résumer en un seul mot: engagement. Nous savons que RDS est en mesure d'apporter ce qu'il faut pour que ce partenariat avec le Canadien et la couverture des matchs soient un produit alléchant et une entreprise encore plus prospère.

    RDS s'est engagé à investir financièrement de façon assez substantielle afin d'assurer la viabilité et la productivité de cette entente. Toutefois, notre investissement va au-delà des questions monétaires. Il s'agit en fait d'un investissement qui exigera de l'innovation et de l'imagination. RDS compte déjà dans ses rangs des commentateurs d'expérience et des plus informés qui, de par leur touche toute particulière, rendent nos couvertures d'événements exceptionnelles, alléchantes et captivantes.

    Nous disposons par ailleurs d'une technologie qui est à la fine pointe nous permettant d'offrir des analyses et des observations des plus pertinentes.

¹  +-(1550)  

    Je persiste néanmoins à croire que ce partenariat annonce une ère nouvelle quant à la couverture médiatique de l'une des plus célèbres équipes sportives professionnelles au monde. Il n'est pas exagéré de prétendre que le Canadien de Montréal est un élément d'importance au sein de la culture québécoise et canadienne, et nous prêterons toute l'attention requise pour permettre à ce joyau du patrimoine de continuer à croître.

    Nous sommes conscients de la lourde responsabilité qui reviendra au Réseau des sports en raison de cette entente, mais je suis convaincu que nous serons en mesure de relever ce défi. Nous continuerons de bâtir sur la base de ces services spécialisés de première classe que nous offrons déjà aux amateurs de sport francophones.

    En conclusion, j'aimerais vous remercier encore une fois de m'avoir donné la chance de prendre la parole aujourd'hui. Nous sommes maintenant prêts à répondre à vos questions. Merci.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Merci, monsieur Frappier.

    Monsieur Sauvageau, vous avez sept minutes.

+-

    M. Benoît Sauvageau (Repentigny, BQ): D'abord, monsieur Frappier et monsieur Boivin, je suis content de vous voir ici, mais d'un autre côté, si vous êtes ici, c'est parce qu'il y a un problème. J'aurais aimé vous rencontrer dans d'autres circonstances.

    Si vous me le permettez, avant de poser une question sur la diffusion de La Soirée du hockey, j'aimerais poser une question à M. Boivin sur les commandites. Vous savez que c'est un sujet qui est aussi d'actualité ici. Depuis 1999, il y a eu 5,5 millions de dollars de commandites. J'aimerais savoir si cela se fait avec le gouvernement ou de façon traditionnelle et si vous pouvez nous en parler.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Monsieur Boivin, vous avez été invité à comparaître devant ce comité pour parler de La Soirée du hockey et des tractations entourant cette question. Vous n'êtes aucunement obligé de répondre à cette question. D'ailleurs, je vous suggérerais de ne pas y répondre, parce que ce n'est pas la raison pour laquelle vous avez été invité ici, et mon collègue le sait.

+-

    M. Pierre Boivin: Monsieur le président, ce n'est pas que je ne veuille pas y répondre, mais je pense que nous sommes ici pour une autre question. De toute façon, je n'ai pas les informations pour répondre à cette question.

+-

    M. Benoît Sauvageau: Si vous pouviez les transmettre au Comité, ce serait intéressant.

    Messieurs, vous savez que les grands perdants de cette nouvelle transaction d'affaires sont les 20 ou 25 p. 100 de Québécois et Québécoises qui ne sont pas branchés par satellite ou par câble. De plus, une très grande portion des communautés francophones vivant en situation minoritaire n'auront pas accès à La Soirée du hockey non plus, entre autres le samedi soir.

    Radio-Canada nous a dit la semaine dernière, par l'entremise de M. Rabinovitch, être prête à continuer les négociations avec vous, mais que les négociations étaient rompues. De votre côté, vous nous disiez que vous étiez prêts à continuer les négociations avec Radio-Canada, mais que les négociations étaient rompues.

    Y a-t-il une possibilité de continuer les négociations? Est-ce que vous offrez à Radio-Canada de se priver de son temps de publicité le samedi soir en diffusant intégralement le match de hockey à partir des ondes de RDS sur celles de Radio-Canada, mais en la privant, par la même occasion, des recettes de publicité à cette heure de grande écoute? Est-ce ainsi que la négociation s'est terminée?

¹  +-(1555)  

+-

    M. Gerry Frappier: Permettez-moi de tenter de répondre à vos questions dans l'ordre que vous me les avez posées, la première question étant de savoir s'il y a encore place à la négociation. C'était bien votre première question.

    Ce n'est pas une négociation en soi. La négociation a eu lieu entre les télédiffuseurs et les détenteurs des droits du hockey, soit le Canadien de Montréal et la Ligue nationale de hockey. La négociation est maintenant rendue à terme. L'entente qui a été conclue est une entente d'exclusivité entre RDS, le Club de hockey Canadien et la Ligue nationale de hockey.

    Maintenant, on est loin d'être insensibles aux préoccupations du public francophone, et c'est dans cette optique, monsieur Sauvageau, qu'on a fait une offre à Radio-Canada qui, selon nous, répondait très exactement à l'enjeu, l'enjeu étant l'accessibilité, l'accès par tous les francophones à La Soirée du hockey le samedi soir. Cette offre de notre part faisait cela; ils ont choisi de ne pas l'accepter.

    Pour ce qui est du temps de publicité, votre deuxième question, c'est vrai, sauf qu'il n'y avait aucun coût de rattaché à l'entente pour Radio-Canada. Je crois que M. Rabinovitch avait bel et bien dit la semaine dernière que le hockey était déficitaire pour la Société Radio-Canada, mais qu'il était rentable pour CBC. Donc, déjà là, il y avait un écart pour eux. Je n'ai pas accès à leurs livres, mais je ne crois pas que l'offre que nous avons faite n'était pas favorable sur le plan financier. Nonobstant cela, nous leur avions offert quelque chose qui répondait aux enjeux, et ils ont dit non.

+-

    M. Benoît Sauvageau: Je vous remercie.

    Monsieur Boivin, pendant plusieurs des 50 dernières années, le Club de hockey Canadien a été populaire. Il avait une bonne cote d'écoute et gagnait la coupe Stanley plus régulièrement qu'il ne l'a fait ces dernières années, bien que ça semble mieux aller présentement. Mais la société d'État diffusait du sport à la télévision d'État et nous, les parlementaires, devions défendre cette diffusion du sport national sur les ondes de la télévision nationale contre des gens qui disaient qu'il aurait dû y avoir davantage de culture et d'autres choses.

    Au cours de ces 50 dernières années, à plusieurs occasions, la Société Radio-Canada a dépanné, a aidé, a travaillé avec le Club de hockey Canadien pour assurer cette diffusion. Dans la négociation que vous avez eue avec RDS, est-ce que ce passé de 50 ans, cette assistance financière et autre a été prise en considération, ou si vous avez tout simplement pris une décision d'affaires, oubliant l'appui que cette société d'État vous a donné durant les 50 dernières années?

+-

    M. Pierre Boivin: Ce que je peux vous dire, c'est qu'on n'arrive pas facilement à une décision comme celle-là. Cinquante ans de tradition, de relations, de partenariat très intime, ce n'est pas facile à rompre. Donc, il fallait s'assurer que, à tous les égards, c'était la meilleure décision à prendre. Je ne qualifierais donc pas cette décision de décision facile. C'est une décision où tout a été pris en considération, surtout l'intime partenariat.

    Par contre, ce que je peux vous dire, c'est que depuis le début et même avant d'amorcer les discussions, on nous avait signalé de façon très claire que la Société Radio-Canada voulait réduire, et ce de façon significative, son investissement en temps et son investissement en dollars dans le produit du hockey du Canadien de Montréal ou dans les matchs éliminatoires, qui peuvent impliquer d'autres équipes, pour des raisons qui étaient les leurs, qu'ils nous ont bien expliquées et que, à la limite, je comprends. Mais c'est peut-être là qu'on a commencé à avoir une divergence en termes de stratégie et d'orientation qui a fait que cela nous a menés, en bout de piste, à l'entente qu'on a conclue avec le Réseau des sports, pour qui la vocation unique est la diffusion du sport et, en grande partie, du hockey.

+-

    M. Benoît Sauvageau: D'accord. Sans être un prophète de malheur, monsieur Frappier, quand vous disiez que la tendance nord-américaine fait que le sport, le golf, le basket-ball, etc. s'oriente davantage vers des chaînes spécialisées dans le sport, est-ce que vous étiez en train d'annoncer aux autres équipes canadiennes que le hockey en anglais à CBC allait bientôt disparaître aussi? Est-ce que c'est ce que l'on doit comprendre de votre message?

º  +-(1600)  

+-

    M. Gerry Frappier: Je n'ai pas une boule de cristal. Il est certain, monsieur Sauvageau, que le marché canadien anglophone, au départ, est plus large. Donc, il y a peut-être là une plus grande capacité de faire des économies d'échelle. C'est un peu plus difficile quand on opère dans un marché plus restreint. Ça fait longtemps déjà, monsieur Sauvageau, qu'il y a des divergences à ce niveau. Le match de la Coupe Grey qui est, si vous voulez, le match signature d'un produit sportif important et canadien à 100 p. 100, est à l'antenne de RDS depuis 10 ans et demeure à l'antenne de CBC. Cela demeure vrai pour les courses de Formule 1. Il y a énormément de propriétés sportives qui ont migré à l'antenne de RDS depuis bien des années et, dans un sens, cela sert bien la clientèle de RDS, qui n'est quand même pas négligeable à 2,5 millions d'abonnés.

    Reste à voir ce que l'avenir nous réserve, mais je pense qu'on a une mission et qu'on la remplit très bien. Sinon, énormément de propriétés ne seraient plus diffusées en français pour le bon plaisir du public francophone.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Merci. On y reviendra.

    Monsieur Binet.

+-

    M. Gérard Binet (Frontenac—Mégantic, Lib.): Merci, monsieur le président.

    Bonjour, monsieur Boivin et monsieur Frappier. C'est sûr que votre venue au Comité des langues officielles aujourd'hui soulève beaucoup la question du fait que le hockey sera encore télédiffusé à la chaîne anglaise, alors qu'il ne le sera plus à la chaîne française, mais vous en avez bien expliqué les raisons.

    Lors de notre rencontre de la semaine dernière avec Radio-Canada, on n'a jamais entendu dire que M. Gillette avait rencontré Radio-Canada. Je ne veux pas vous dénigrer, monsieur Boivin, mais est-ce que M. Gillette, le propriétaire, a rencontré personnellement la direction de Radio-Canada afin de vraiment prendre conscience des 50 ans de tradition du hockey et de notre attachement à cette émission?

+-

    M. Pierre Boivin: Je peux vous dire qu'avant et pendant les négociations, M. Gillette a rencontré à maintes reprises les représentants de la Société Radio-Canada, de RDS et de TQS, ce dernier étant un autre réseau associé au Canadien de Montréal. Il n'a pas été présent de façon continue, mais l'a certainement été à différentes étapes du processus. Je peux vous assurer qu'en ce qui a trait à Radio-Canada, en aucun temps, que ce soit en personne ou par téléphone, je n'ai eu de contacts avec M. Rabinovitch, Mme Fortin ou même M. Daniel Gourd.

    Or, si on prend en considération l'engagement qui a été nécessaire pour bien comprendre l'ampleur des enjeux et arriver à la meilleure décision possible dans le cadre de ce dossier très complexe, je peux vous dire qu'on a pour notre part fourni tous les efforts que nous pouvions. Je dirais qu'il en a été de même pour la Ligue nationale de hockey, représentée à chaque réunion par son vice-président exécutif et son chef des opérations, qui étaient en contact constant avec le commissaire de la ligue, ce qui a permis à ce dernier de suivre le processus sur une base hebdomadaire.

+-

    M. Gérard Binet: Pour terminer, je voudrais vous demander si le gouvernement canadien a été un partenaire essentiel pour le Club de hockey Canadien. On sait que ça n'a pas toujours été facile.

+-

    M. Pierre Boivin: Pourriez-vous répéter la question?

+-

    M. Gérard Binet: Est-ce que le gouvernement canadien a été un partenaire essentiel pour le Club de hockey Canadien? On sait qu'au Canada, la situation du hockey n'est vraiment pas facile.

+-

    M. Pierre Boivin: Je m'excuse, mais je n'ai pas compris la dernière partie de votre question.

    Vous avez demandé si le gouvernement canadien avait été un partenaire essentiel, mais je n'ai pas compris la suite.

+-

    M. Gérard Binet: On sait qu'au Canada, la situation du hockey n'est pas facile. Est-ce que le gouvernement canadien est un partenaire essentiel?

+-

    M. Pierre Boivin: Je ne suis pas sûr que le mot «partenaire» soit juste, parce que dans le domaine du sport professionnel, le gouvernement n'est pas un partenaire, pas plus pour le Canadien de Montréal que pour les autres équipes. En tant qu'équipe canadienne évoluant dans le milieu du sport professionnel en Amérique du Nord, nos enjeux sont importants. Un facteur non négligeable est notre dollar canadien. Je peux dire que depuis quelques semaines, ça va mieux, et on espère que la tendance va se maintenir. Parce que travailler avec un dollar qui vaut 62c., 63c. ou 64c., c'est très difficile.

    Par contre, toutes sortes de commissions ont été mises sur pied au fil des années. Je pense que le gouvernement nous a toujours prêté une oreille attentive. Je sais aussi qu'au fil des années, il y a eu plusieurs échanges entre la ligue, représentée par M. Bettman, et notre premier ministre.

    À mon avis, la ligue est consciente de l'intérêt que porte le gouvernement au hockey et consciente également que ce dernier est le sport national du Canada. À ce point de vue, on peut dire que le gouvernement a été un bon partenaire.

º  +-(1605)  

[Traduction]

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Monsieur Herron.

+-

    M. John Herron (Fundy—Royal, PC): Je vais céder mon tour au sénateur Beaudoin.

[Français]

+-

    Le sénateur Gérald A. Beaudoin (Rigaud, PC): Moi, je pars du principe que le hockey est notre sport national, que la Société Radio-Canada est de compétence fédérale et que le Club de hockey Canadien, évidemment, fait partie du secteur privé.

    Or, à mon avis, on a le devoir de maintenir une certaine égalité entre les réseaux anglophone et francophone. Je pense que c'est dans la nature même des choses. S'il n'existe pas de législation ou d'ententes permettant de maintenir un degré d'égalité entre ce qui se fait en anglais et ce qui se fait en français, à un moment donné, notre sport national risque de ne plus être notre sport national. Tout est là, d'après moi.

    M. Rabinovitch dit que le problème est la vente des droits et qu'ils ne peuvent rien faire à cet égard. Depuis que j'ai entendu cette réponse, je me dis qu'il va peut-être falloir légiférer, que ce soit dans le domaine de la radiodiffusion ou de l'égalité des langues. 

    Il me semble que ce n'est pas nécessairement une question de négociation, mais il reste que c'en est une de législation. Il faut arriver à une certaine égalité. Est-il absolument impossible que le réseau francophone soit à peu près l'égal du réseau anglophone? C'est ce qui m'inquiète.

    Ma question s'adresse à tous les deux.

+-

    M. Pierre Boivin: Je peux, pour ma part, vous donner une réponse partielle. Votre question est très valable, mais parmi ceux qui sont ici, malheureusement, personne ne peut y répondre. Par contre, je peux vous dire avoir constaté, entre la Société Radio-Canada sur le marché francophone et CBC sur le marché anglophone, une grande différence en termes de structure et d'alignement stratégique. Si on compare l'importance du contenu sportif à CBC à celle de la Société Radio-Canada, on constate que ce n'est pas la même mesure. Je ne dis pas qu'un des deux a raison et que l'autre a tort, mais ce n'est simplement pas la même mesure.

    De la même manière, si on parle de la diffusion du hockey, le modèle économique de CBC et celui de la Société Radio-Canada sont très différents. Je pense aussi que les objectifs de la Société Radio-Canada, à l'origine des négociations pour le renouvellement des droits, étaient très différents; on le sait, étant donné qu'on est partenaires avec la ligue et que la ligue a fait partie des deux négociations. Ce sont donc les mêmes hommes qui ont participé aux deux négociations avec la même entreprise, mais avec deux divisions différentes représentées par des personnes différentes et dont les objectifs et les budgets étaient, de toute évidence, différents. Pour comprendre pourquoi on en est là aujourd'hui, il faut peut-être chercher du côté de CBC et de la SRC. Les résultats sont très différents, mais les engagements économiques à l'égard des anciennes ententes étaient très différents aussi.

+-

    Le sénateur Gérald A. Beaudoin: Est-ce que vous nous dites que l'égalité des deux réseaux, sur le plan linguistique, est en pratique absolument impossible?

+-

    M. Pierre Boivin: Non, je pense qu'en théorie, elle est possible. Mais en pratique, il faut que les deux réseaux aient les mêmes stratégies et qu'ils aient, proportionnellement du moins, les mêmes budgets.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Ça va?

+-

    M. Gerry Frappier: J'aimerais revenir à l'exemple que j'avais donné à M. Sauvageau: la CBC présente énormément de football provenant de la Ligue canadienne de football et tout est diffusé à l'antenne du Réseau des sports. Déjà, on peut voir que ce genre de choses existe. Mais ici, les enjeux et la pression s'élèvent, étant donné qu'il s'agit d'un sport plus global qui suscite l'intérêt d'un plus vaste public. Cela se comprend, mais il ne faut pas non plus tomber dans le piège de l'émotivité.

    Je voudrais aussi, monsieur le sénateur, souligner qu'il serait bon de ne pas sous-estimer l'antenne de RDS. On a une très belle antenne qui rejoint 2,5 millions de personnes et dont on est fiers. On est encore en croissance et on sert très bien notre public francophone. Je peux me vanter de pouvoir vous dire qu'il n'y a pas un seul réseau dans le monde qui offre, en termes de contenu sportif, une grille de programmation aussi variée et aussi riche que celle offerte par RDS au public francophone canadien. Il n'y en a pas un seul, et de cela, nous sommes fiers.

º  +-(1610)  

+-

    Le sénateur Gérald A. Beaudoin: Je n'ai rien attaqué.

+-

    M. Gerry Frappier: Non, mais je vous... Il ne faut quand même pas oublier qu'on est accessibles à tout le monde. Personne au Canada est dans l'impossibilité de recevoir le signal. Ce n'est pas gratuit, j'en conviens, mais l'accessibilité est universelle.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Monsieur Frappier, je ne voudrais surtout pas que vous vous sentiez visé.

    M. Gerry Frappier: Pas du tout.

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Vous êtes le président d'une société et vous êtes appelé à la développer pour le bénéfice de vos actionnaires et de vos bailleurs de fonds. Personne ne remet cela en question. Ce n'est dans les intentions ni du sénateur ni des autres membres du comité. Vous faites simplement ce que vous avez à faire et nous faisons de même.

+-

    M. Gerry Frappier: C'est compréhensible. Je respecte cela.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Et nous espérons qu'à un moment donné, nos objectifs pourront se rencontrer.

    Sénateur Gauthier, ensuite Mme Thibeault.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier (Ontario, Lib.): Merci, monsieur le président.

    Je vais, pour ma part, approcher la question d'un autre point de vue. Je suis malentendant, et j'ai un appareil ici qui me permet de lire ce que je n'entends pas. Nous sommes trois millions au Canada. RDS, à ce que je sache, ne fait pas le sous-titrage de ses émissions. Selon la définition du CRTC, êtes-vous un grand diffuseur, un diffuseur moyen, ou un petit diffuseur?

+-

    M. Gerry Frappier: On est assujettis à nos propres conditions de licence qui nous sont données par le conseil. Donc, la catégorisation de notre antenne dépend des politiques et des conditions imposées, monsieur le sénateur.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Monsieur Frappier, je ne veux pas vous faire de peine, mais c'est selon le revenu. Si vous avez plus de 10 millions de dollars de revenu annuel, vous êtes un grand diffuseur. Si vous avez entre 5 et 10 millions de dollars de revenu annuel, vous êtes dans la moyenne. Si vous êtes en bas de ça, vous êtes un petit diffuseur. La raison pour laquelle je vous pose la question, c'est que pour un grand diffuseur, le CRTC exige qu'on donne le sous-titrage en temps réel. Si vous êtes dans la moyenne, soit entre 5 et 10 millions de dollars de revenu, on s'attend à ce que vous donniez le sous-titrage. Si vous êtes en bas de 5 millions de dollars de revenu, on encourage les diffuseurs à mettre le sous-titrage pour des gens comme moi. Et il y en a trois millions.

    On arrive à suivre le jeu dans certains sports, comme le hockey, par exemple. Si on connaît un petit peu le hockey et si le caméraman est assez habile, on peut suivre le jeu. Mais au football, c'est très frustrant pour un homme sourd. Savez-vous pourquoi? Parce que la caméra suit la maudite balle. Donc, on ne voit plus le jeu. J'ai joué au football dans ma jeunesse et c'est le jeu défensif qui m'intéresse. Il n'y a pas moyen de suivre cela à la télévision. Dans les courses, on peut regarder ce qui se passe: on n'est pas fous, mais les gens comptent beaucoup sur les explications des experts.

    Vous avez une bonne équipe à RDS, à ce qu'on me dit. Il y a des gens qui m'ont même dit que vous étiez les meilleurs dans la ligue. J'ai répondu que vous n'étiez pas très forts dans le sous-titrage. Avez l'intention de nous l'offrir? Est-ce que ç'est dans vos plans?

+-

    M. Gerry Frappier: Je vais me permettre de répondre à la question, même si ce n'est pas précisément relié à l'enjeu en particulier. Je veux simplement dire que nous répondons à 100 p. 100 aux exigences et aux conditions de notre licence. Le conseil reconnaît, monsieur le sénateur, que le sous-titrage en temps réel pour un événement sportif, c'est le plus grand défi technologique qui puisse exister.

    Pour toute diffusion en direct, que ce soit un bulletin de nouvelles à Radio-Canada ou un match de football à RDS, on a tous la même problématique. On n'est peut-être pas les meilleurs, mais on n'est pas pires que les autres. C'est certain qu'on participe à tous les comités et à tous les efforts qui sont faits dans l'industrie pour tenter de trouver une solution acceptable et économique pour tout le monde.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Laissez-moi vous dire qu'entre les deux réseaux, anglais et français, le système anglais est beaucoup plus avancé au niveau du sous-titrage que le système français. Ça se comprend: on n'a pas d'écoles de formation actuellement au Canada.

+-

    M. Gerry Frappier: Savez-vous pourquoi, monsieur le sénateur? C'est parce que les logiciels aujourd'hui ont énormément de difficulté à décoder la langue française afin, technologiquement, de la réinterpréter dans du texte. C'est pour cette raison que tous les diffuseurs francophones ont le même problème en ce qui concerne la diffusion en direct.

º  +-(1615)  

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: En Afghanistan, ils ont des petites machines qui permettent de traduire l'anglais dans la langue locale.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): On va essayer de revenir à La Soirée du hockey, si vous permettez.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Ma question s'adresse à M. Boivin.

    Monsieur Boivin, quand M. Rabinovitch est venu ici la semaine passée, il nous a dit qu'il avait eu une entente verbale avec vous ou avec le Club de hockey Canadien, et qu'il a été surpris d'apprendre que vous aviez changé d'idée. Pourquoi avez-vous changé d'idée?

+-

    M. Pierre Boivin: Premièrement, nous n'avons pas changé d'idée parce qu'il n'y avait pas d'entente verbale. Je pense qu'il y a peut-être eu, à l'intérieur de la Société Radio-Canada, une communication qui a été mal interprétée. Moi, je n'ai jamais eu d'entretiens avec M. Rabinovitch ni avec Mme Fortin. Toutes les discussions se sont tenues avec M. Daniel Asselin. J'ai aussi lu les «bleus», et il n'y avait pas d'entente verbale finale. Il y a eu beaucoup de discussions, mais pas d'entente finale.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Merci.

    Ça va, sénateur Gauthier?

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Entre une entente verbale et une entente finale, il y a une distinction.

+-

    M. Pierre Boivin: Non, je vous dis qu'il n'y avait pas d'entente finale ni d'entente verbale. Pour bien préciser, tout au long--et tous les diffuseurs le savaient--, pour nous, il s'agissait de faire les trois ententes simultanément et non pas de les faire une à la suite de l'autre. Il y a trois réseaux et il y a un inventaire de matchs à placer. Au départ, notre intention était de pouvoir placer les 82 matchs sur les trois réseaux. Donc, c'est un jeu qui devait se faire dans lequel on arrivait à combler nos attentes.

    À partir du moment où la Société Radio-Canada n'a plus voulu diffuser de matchs des éliminatoires, sauf si le Canadien y était, ce qui est impossible et qui est une condition inacceptable... La ligue ne peut jamais accepter de vendre un droit conditionnel à ce qu'une équipe participe aux éliminatoires. Il n'y a pas de garantie que le Canadien de Montréal—on espère toujours qu'il va s'y rendre—va se rendre aux éliminatoires à chaque année. Donc, on ne peut pas vendre des droits de matchs avec ce genre de condition. Mais à partir du moment où la Société Radio-Canada nous a fait part de cette intention, on devait placer cet inventaire-là. Cela a changé la dynamique de façon importante. Donc, toute discussion avec Radio-Canada était toujours conditionnelle à ce qu'on puisse régler les trois ententes.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Merci.

    Monsieur Herron.

[Traduction]

+-

    M. John Herron: Merci, monsieur le président.

    J'aimerais participer au débat proprement dit, mais je vais d'abord admettre que j'ai un parti-pris puisque j'entreprends ces discussions comme partisan des Maple Leafs de Toronto. Toutefois, monsieur, j'ajouterai qu'un des événements les plus marquants auxquels j'ai assisté est le dernier match joué par le Canadien dans l'ancien Forum de Montréal. Étant un inconditionnel des Maple Leafs, le seul fait d'entrer dans cet établissement était une expérience intimidante.

    Le Forum, cette institution, ce bâtiment, et l'institution du Canadien de Montréal elle-même transcendent la seule équipe de hockey. Dans le Québec rural, le Canada rural et le Canada francophone, d'ailleurs, le Canadien de Montréal a toujours réuni les gens pour une action commune un soir de chaque semaine. C'est sans doute une des concessions les plus prospères du point de vue de cette fidélité, fidélité à l'institution et à son histoire légendaire, et elle a toujours été étroitement liée à CBCdans les deux langues officielles.

    J'ai fait une petite enquête rapide dans ma circonscription du Nouveau-Brunswick. L'on disait autrefois que ma circonscription était anglophone, mais 14 000 personnes sont bilingues à Fundy—Royal. J'ai vérifié auprès de mon câblodistributeur local à l'instant, et la chaîne RDS n'est pas offerte par lui, donc ces personnes n'y auront pas accès. Les collectivités francophones de l'extérieur du Québec ainsi que quantité de collectivités canadiennes n'auront pas accès à RDS qui a pourtant admirablement bien réussi à couvrir toute une gamme d'événements sportifs en plus du hockey.

    La chaîne RDS est elle-même un produit de grande qualité et je ne cherche pas à la déconsidérer, mais les parties présentes et CBCdoivent trouver une solution à ce problème pour garantir un accès gratuit à la soirée du hockey les samedis soirs pour la population francophone. Évidemment, ce ne sera pas facile.

    Si RDS a véritablement fait une offre à CBC pour que celle-ci puisse diffuser le hockey gratuitement au moyen de son réseau, pourquoi est-ce si difficile pour elle d'accepter que la description commentée ne sera pas assurée par son propre personnel? Pourquoi est-ce une si grande pierre d'achoppement?

º  +-(1620)  

+-

    M. Gerry Frappier: Nous avons négocié avec l'équipe directement pendant cinq à six mois et nous en sommes arrivés à une entente très complexe. A priori, on ne s'attendait pas à une négociation aussi difficile et l'équipe ou la ligue ne s'y attendait pas non plus. Mais c'est ainsi que se sont déroulées les choses.

    C'est une entente fort complexe qui déborde la seule valeur monétaire des droits. Sans entrer dans les détails, puisque cette entente est confidentielle—j'espère que vous comprendrez—nous devons respecter tous les aspects de la transaction commerciale convenue avec l'équipe et la ligue. Il faut protéger l'aspect commercial de l'entente.

    Cette expérience nous a fait comprendre qu'il pourrait y avoir un problème. Nous avons évidemment reconnu que cela pourrait avoir une incidence importante sur un certain nombre de téléspectateurs francophones au pays, et c'est pourquoi nous avons fait cette offre à CBC. Dans le cadre de cette offre—et je répète que nous n'essayons pas de nous féliciter—nous reconnaissions que si la Société Radio-Canada acceptait, le nombre de nos télespectateurs reculerait considérablement en raison de ce partage. Nous acceptions l'idée d'être relégués au second plan le samedi soir pour permettre à cette vieille tradition de se perpétuer. La SRC a préféré rejeter l'offre.

    Vous devez toutefois comprendre qu'elle a choisi de le faire par le passé. Avec la Formule 1, par exemple, c'est toujours le cas. Lorsque nous télédiffusons le Grand Prix de Montréal, l'auditoire est beaucoup plus important que lors d'un match régulier le samedi soir. C'est donc acceptable pour la course automobile—qui est d'ailleurs l'événement annuel le plus important à avoir lieu en un seul week-end à Montréal et à séduire tant de téléspectateurs—, mais la formule n'est pas acceptable pour les samedis soir.

    Je dois respecter la transaction commerciale dans l'intérêt de mon entreprise et de mes téléspectateurs. Je dois toutefois aussi respecter la population francophone et les téléspectateurs francophones. Je crois que notre offre tenait compte de tous ces paramètres, mais elle a été rejetée. Dès lors, il a fallu se tourner vers l'avenir et ne pas se répandre en excuses ou continuellement défendre la valeur des produits que nous offrons à nos téléspectateurs.

    En terminant, j'espère que les gens nous accorderont la possibilité de leur montrer ce que l'on sait faire. Les gens attendent en grand nombre que l'on fasse nos preuves.

+-

    M. John Herron: Je ne doute pas que la chaîne RDS puisse offrir des produits de grande qualité et je crois que les téléspectateurs en seront impressionnés. Je vous rappellerais toutefois qu’il est question d’une tradition, la soirée du hockey le samedi soir diffusée par un média francophone. Quantités de collectivités n’auront plus accès à ce produit. Voilà le problème. Vous avez offert une solution.

    Je souhaiterais poser la question suivante à M. Boivin.

    À mon avis, cette histoire d’amour entre la population et le Canadien de Montréal est profondément enracinée dans l’attachement historique qu’a cette population au moyen de diffusion du produit, qu’il soit question des ondes radio ou du médium plus traditionnel de la télévision par CBC. Après l’échec des négociations ou, du moins, leur interruption, pouvez-vous offrir quelques paroles réconfortantes aux membres du comité qui sont inquiets? Quelqu’un au sein de l’organisation du Canadien de Montréal est-il responsable du dossier et peut-il demander que vous continuiez à y travailler? Ou avez-vous déjà déclaré que c’était du passé, que vous avez tourné la page et que vous ne reviendrez pas en arrière?

    Êtes-vous disposé à revenir en arrière et à défendre cette position? Quelqu’un se fera-t-il le champion de cette cause, d’assurer l’accès au hockey en français à la population francophone?

º  +-(1625)  

+-

    M. Pierre Boivin: La réponse à cette question comporte quelques volets. D'abord, tout au long de ce processus, nous estimions que le danger principal résidait dans le fait de ne pas voir tous les matchs télédiffusés plutôt que de ne pas être à l'antenne. C'était une éventualité réelle, une issue possible, et c'était la conséquence directe d'une décision prise par les réseaux de télévision de réduire le nombre de matchs diffusés et, par ailleurs, leur investissement général dans le sport. C'est une décision stratégique qu'ils ont prise, mais malheureusement, elle a été préjudiciable au progrès que nous tentions de réaliser.

    À l'heure actuelle, l'entente est conclue avec RDS. La chaîne possède 100 p. 100 des droits de diffusion des matchs du Canadien de Montréal ainsi que les matchs des séries éliminatoires de la LNH. Ainsi, bien que bon nombre de personnes au sein de notre comité d'organisation travaillent toujours activement dans le dossier de la télédiffusion, nous devons maintenant tourner notre attention vers l'automne prochain et trouver des moyens de travailler étroitement avec RDS pour améliorer notre produit et faire davantage pour les partisans et les abonnés à cette chaîne. Ce n'est donc plus au Canadien de Montréal de décider si une autre solution existe. L'entente est conclue avec RDS au moment où l'on se parle.

+-

    M. John Herron: À votre avis, c'est donc un fait accompli. Il n'y aura pas de diffusion sur le réseau francophone des matchs de hockey la saison prochaine, un point c'est tout.

    

+-

    M. Pierre Boivin: Je réitère que je ne souhaite pas réécrire l'histoire que nous avons vécue au cours des deux à trois dernières semaines, mais manifestement, CBC a reçu des offres à deux occasions différentes qu'elle a préféré rejeter. Elle a même réitéré cette position la semaine dernière lorsqu'elle a comparu devant votre comité. À ce moment-ci, dans l'intérêt du jeu et de nos partisans, RDS et le Canadien de Montréal doivent se tourner vers l'avenir et tenter de planifier l'année à venir. C'est entre nos mains. C'est l'avenir.

+-

    M. John Herron: Ma toute dernière observation, monsieur le président, est que...

    Je suis désolé d'avoir autant insisté sur la question. Je sais que vous exploitez tous les deux une entreprise et que vous devez réaliser des bénéfices. C'est un élément important des affaires. Toutefois, je sais que cette évolution créera une onde de choc dans les collectivités francophones canadiennes, pas seulement dans la province de Québec. J'espère que vos entreprises trouveront le moyen de redresser la situation d'une façon ou d'une autre. Je crois toujours que nous devons tenter d'atteindre cet objectif.

    Merci, monsieur.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Madame Bulte.

+-

    Mme Sarmite Bulte (Parkdale—High Park, Lib.): Je vous remercie tous les deux d'être venus. Je veux poursuivre dans la même veine que M. Herron. En fait, nos questions sont très similaires.

    Contrairement à M. Herron, même si j'habite à Toronto et que je représente une circonscription de Toronto, étant née à Hamilton et ayant grandi là-bas, j'ai toujours été partisane du Canadien de Montréal et le demeure encore aujourd'hui. Je tenais à le souligner. Tous les habitants de la ville de Toronto ne sont pas nécessairement partisans des Meaple Leafs. Cela étant dit, je suis aussi partisane des Tiger-Cats de Hamilton, alors voilà.

    Laissez-moi revenir à la dernière question de M. Herron, monsieur Boivin. Je sais que M. Herron vous a demandé si l'on se trouvait devant un fait accompli. Permettez-moi de faire appel à ma formation et à mon expérience en droit. Un contrat vous lie à RDS. Essentiellement, il n'est pas question d'un fait accompli. Un contrat est un contrat, un point c'est tout. Si vous engagiez de nouvelles négociations, vous vous trouveriez en violation de contrat, n'est-ce pas?

+-

    M. Pierre Boivin: Vous avez tout à fait raison.

    Encore une fois, je ne veux pas enfoncer le clou, mais nous avons entrepris des discussions informelles avec les réseaux l'automne dernier et entamé le processus formel au début janvier. Nous n'avons pas conclu cette entente du jour au lendemain. Le processus dure depuis cinq à six mois. Nous avons eu une dizaine de réunions avec les représentants de la SRC en personne ou dans le cadre d'autres discussions. Nous leur avons donné toutes les occasions de répondre à l'appel ou de monter au marbre comme on le dirait dans un autre sport.

    Nous nous sommes retrouvés dans une situation moins qu'optimale du point de vue de l'inventaire et des revenus. En définitive, nos partisans allaient être privés d'un certain nombre de matchs. C'est ce qui explique notre situation actuelle. Mais vous avez tout à fait raison, au point où nous en sommes, nous serions en violation de contrat si nous tentions d'engager de nouvelles négociations.

º  +-(1630)  

+-

    Mme Sarmite Bulte: Monsieur Frappier, je souhaiterais quelques précisions pour être certaine de bien vous comprendre. Vous avez pris l'exemple des courses automobiles lorsque vous avez dit que la SRC s'était déjà servie de votre signal, de votre description commentée et de votre personnel par le passé. Ai-je raison?

+-

    M. Gerry Frappier: Ils se servent intégralement de notre alimentation.

+-

    Mme Sarmite Bulte: Ils se servent intégralement de votre alimentation. C'est le jargon de la télédiffusion.

    Lorsque Robert Rabinovitch a comparu devant nous, il semblait dire—et je n'ai peut-être pas tout à fait raison puisque je n'ai pas la transcription—que l'utilisation de son propre personnel était un fait inusité. En se servant de votre signal ou alimentation, la SRC peut-elle faire appel à son propre personnel lorsqu'elle diffuse les courses automobiles? Comment cela fonctionne-t-il?

+-

    M. Gerry Frappier: Si vous voulez parler du personnel d'antenne, de nos artistes annonçeurs et de toute la mise en forme du produit, c'est l'alimentation de RDS à Radio-Canada dans son intégrité. C'est juste.

+-

    Mme Sarmite Bulte: Encore à propos des courses automobiles, comme exemple, Radio-Canada peut-elle ajouter quoi que ce soit à l'alimentation que vous lui fournissez lorsqu'elle y fait appel?

+-

    M. Gerry Frappier: Je ne suis pas certain de bien saisir votre question.

+-

    Mme Sarmite Bulte: J'essaie de comprendre ce qui suit: Lorsque M. Rabonovitch a comparu devant nous, il semblait dire que ce ne serait pas souhaitable pour la SRC d'avoir recours au personnel d'un autre réseau et à l'alimentation d'un autre réseau...

+-

    M. John Herron: ...pour la description commentée.

+-

    Mme Sarmite Bulte: Oui, pour la description commentée. Lors des courses automobiles, la SRC fait-elle appel à ses propres commentateurs?

+-

    M. Gerry Frappier: Non.

+-

    Mme Sarmite Bulte: C'est précisément à cela que je veux en venir.

+-

    M. Gerry Frappier: Le Grand Prix de Montréal a eu lieu dimanche dernier. Que vous le regardiez à la SRC ou à RDS, vous regardiez exactement la même chose, la même structure publicitaire et tout le reste.

+-

    Mme Sarmite Bulte: Encore une fois, c'est précisément là où je veux en venir. La SRC s'est déjà servie de l'alimentation d'un autre réseau, et ce, sans y ajouter quoi que ce soit.

+-

    M. Gerry Frappier: C'est juste.

+-

    Mme Sarmite Bulte: Merci.

[Français]

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Monsieur Sauvageau.

+-

    M. Benoît Sauvageau: Pour préciser ce que demandait Mme Bulte, lorsqu'on a dit à Mme Fortin que l'on osait espérer que ce n'était pas une longue réponse qui voulait dire qu'il n'y aurait plus de hockey l'année prochaine à Radio-Canada, elle a répondu ce qui suit:

    

Je pense qu'il faut que RDS nous revienne avec une proposition acceptable. Si RDS ne revient pas avec une proposition acceptable, c'est un non définitif.

    Et la proposition reste la même.

+-

    M. Gerry Frappier: Peut-être qu'on ne s'entend pas sur la définition du mot «acceptable», mais pour nous, la proposition était plus qu'acceptable, en termes de réponse à l'enjeu dont nous discutons aujourd'hui.

+-

    M. Benoît Sauvageau: On sait qu'au Québec, environ entre 75 à 80 p. 100 des gens ont le câble ou la télévision par satellite. Le taux de pénétration de RDS est d'à peu près 75 à 80 p. 100 dans les foyers québécois. Pourriez-vous nous dire si vous avez une statistique sur les foyers canadiens hors Québec?

+-

    M. Gerry Frappier: On n'a pas cette information précise. Je peux vous dire qu'il y a peut-être un million de francophones hors Québec, selon Statistique Canada. Notre base d'abonnés hors Québec est d'à peu près 460 000 foyers. Alors, on n'est pas une antenne conventionnelle. Je ne suis pas ici pour dire qu'on a à 100 p. 100 la même portée que Radio-Canada ou TVA.

+-

    M. Benoît Sauvageau: Je veux un ordre de grandeur.

+-

    M. Gerry Frappier: L'ordre de grandeur est à peu près celui-là.

+-

    M. Benoît Sauvageau: D'après vous, à peu près 40 p. 100 des francophones vivant en situation minoritaire peuvent...

+-

    M. Gerry Frappier: Je parle de foyers.

+-

    M. Benoît Sauvageau: Oui, de foyers.

    Qu'est-ce qui pourrait arriver entre vous et Radio-Canada pour que reprennent les discussions afin qu'on puisse avoir du hockey le samedi soir l'année prochaine? Est-ce que Radio-Canada devrait accepter, comme elle l'a fait pour le Grand Prix, de diffuser les matchs tels quels, ou est-ce qu'il pourrait y avoir une autre discussion?

+-

    M. Gerry Frappier: C'est difficile. Premièrement, comprenez que la tradition du samedi soir se poursuit: elle change d'antenne. Alors, la tradition demeure. J'ai entendu de vive voix le refus de Radio-Canada et je l'ai relu à la suite de la réunion tenue ici la semaine dernière. Leur non me semble très catégorique. C'est difficile pour nous, mais on doit tourner la page maintenant.

º  +-(1635)  

+-

    M. Benoît Sauvageau: J'ai une dernière question. Je sais qu'elle sera irrecevable. Vous n'avez pas à y répondre, mais je veux quand même qu'elle soit portée au compte rendu. Si vous voulez y répondre, vous pourrez le faire par écrit. Sinon, vous ne pourrez jamais y répondre. J'aimerais savoir, monsieur Boivin, de quelle façon sont négociées les commandites du Club de hockey Canadien avec le gouvernement fédéral. Vous pouvez répondre au comité par écrit si vous ne pouvez répondre présentement. Ces commandites sont de l'ordre de 5, 5 millions de dollars environ au cours des trois dernières années.

+-

    M. Pierre Boivin: Si vous me dites à qui on doit répondre, je demanderai aux gens qui sont responsables de ces dossiers-là de vous formuler une réponse; cela ne pose aucun problème. Il s'agit de nous dire à qui faire parvenir notre réponse.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Si vous voulez y répondre, c'est au greffier du comité que vous devez faire parvenir votre réponse.

    Une voix: Parfait. Je vous remercie.

+-

    Mme Yolande Thibeault (Saint-Lambert, Lib.): Monsieur le coprésident, messieurs, on vient d'établir qu'au Québec, environ 20 p. 100 des foyers n'ont pas accès à RDS parce que ce n'est pas gratuit.

    Je pense que je ne me tromperais pas si je disais que les foyers que vous ne rejoignez pas sont surtout ceux des personnes âgées, qui ont moins d'argent, mais qui ont soutenu le Canadien depuis plus de 50 ans. Ce sont aussi les familles à faible revenu, bien sûr, qui n'ont pas d'argent pour aller voir le hockey au Centre Molson; certainement pas. L'autre groupe est celui des étudiants, qui sont votre marché de demain. Ce sont ces gens-là qui, le samedi soir, vont manquer le hockey; je trouve cela excessivement triste.

    Nous sommes le Comité des langues officielles. Dans les communautés francophones hors Québec, je trouve cela encore plus dramatique. D'après ce que vous nous dites, il y a encore de 20 à 30 p. 100 des gens qui ne pourront pas prendre votre signal dans des milieux où La Soirée du hockey est peut-être un de leurs seuls liens avec le milieu français. Alors, peut-être que vous avez des commentaires à faire, mais je ne trouve pas cela correct.

+-

    M. Gerry Frappier: Le lien pour les francophones hors Québec demeure. Radio-Canada ne sera peut-être pas là pour les matchs du Canadien le samedi soir, mais elle est là avec 24 heures de programmation sur 24 quand même, tout comme TVA, qui est également une antenne nationale. Alors, je ne crois pas que l'on prive les francophones hors Québec d'accéder à leur culture.

    On n'est pas insensibles au niveau du hockey. On n'est pas insensibles à cet enjeu. Je crois qu'on a tenté, avec l'offre qui a été faite et qui a été rejetée, de répondre à cela. Une fois qu'il y a une entente commerciale, madame Thibeault, je me dois, comme tête dirigeante de l'entreprise, de mener à bien l'entente qui a été conclue.

    Je crois également que mon entreprise--et je ne parle pas seulement de RDS; je parle de la maison mère de RDS--a une conscience, une responsabilité sociétale, et c'est dans cette optique qu'on a fait une offre.

    Il faut comprendre que l'offre qui a été faite à Radio-Canada était néfaste pour RDS. On l'a faite pour des raisons plus grandes que l'aspect affaires. Elle a été rejetée. Alors, à partir de là, il est difficile pour nous de pouvoir imaginer autre chose. On doit tourner la page.

    Si vous me permettez de me vanter un peu avec ma petite casquette RDS, on est quand même, au niveau de la télévision spécialisée dans son ensemble, un moyen de divertissement très abordable, relativement parlant, comparativement à bien de choses. Aller voir un film, un spectacle, sortir souper et payer une gardienne coûte beaucoup plus cher qu'autrefois. Relativement parlant, la télévision spécialisée demeure très abordable, malgré tout le respect que nous avons et notre pleine connaissance du fait que tout le monde ne peut pas se l'offrir.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Ça va?

+-

    Mme Yolande Thibeault: Ça va pour le moment. Merci.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Merci.

    Sénateur Comeau.

+-

    Le sénateur Gérald J. Comeau (Nouvelle-Écosse, PC): Merci, monsieur le président.

    Je n'ai pas suivi l'évolution de ce dossier et je le regrette en fin de compte, parce que je suis très frustré cet après-midi d'entendre les commentaires que j'entends ici. On dit que 75 p. 100 des foyers québécois sont abonnés à RDS et que la quasi-totalité des auditeurs des communautés francophones en situation minoritaire ne pourront plus avoir accès à La Soirée du hockey, sauf s'ils s'abonnent à RDS. Je n'ai aucun commentaire négatif à faire à l'endroit de RDS, mais beaucoup de communautés en situation minoritaire au Canada... On ne s'appelle pas des francophones hors Québec; on s'appelle des Canadiens dans des provinces qui sont à forte majorité anglophones. Je suis très frustré d'entendre ces commentaires à l'effet que les négociations sont finies, que le livre est fermé. Si les francophones en situation minoritaire veulent écouter La Soirée du hockey en français, c'est fini. Bonjour! Comme quelqu'un l'a dit à un moment donné: «Pouf! Ils sont finis ces francophones hors Québec.» 

    Je ne peux pas accepter cela, monsieur le président. Je ne m'en prends pas à ces individus. Ce sont des gens d'affaires qui ont à répondre à leurs investisseurs, mais les investisseurs ne s'intéressent pas à la francophonie canadienne.

    Je viens d'une communauté où le câblodistributeur a refusé de nous offrir les services de RDI en français. Il a refusé. Maintenant, est-ce qu'on doit dire à ces gens-là qu'il faut qu'ils s'abonnent à Bell ou qu'ils aient la télévision par satellite? Que ça ne leur coûtera pas tellement cher? Qu'ils n'auront qu'à sortir une fois de moins par semaine? Ce n'est pas vrai. Beaucoup de ces gens-là, dans ces communautés, ne peuvent pas se permettre d'avoir la télévision par satellite.

    Alors, vous êtes en train de dire que c'est un autre groupe, un autre service qu'on va enlever aux francophones hors Québec. C'est fini: on va abandonner ces gens-là.

    Je dis non, monsieur le président. Je ne veux pas m'en prendre à ces gens, mais je suis très frustré d'entendre M. Rabinovitch et ces individus qui sont ici nous dire que c'est fini, que les livres sont fermés. It's a done deal. Je pense qu'on l'a dit tout à l'heure: business is business. C'est fini.

    Je ne peux pas dire beaucoup plus, monsieur le président, mais ce livre-là n'est pas fermé. Je vous avoue qu'il n'est pas fermé.

    Fin de mon commentaire.

º  +-(1640)  

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Merci, monsieur Comeau.

    Voulez-vous réagir, messieurs?

    Sénateur Léger.

+-

    La sénatrice Viola Léger (Nouveau-Brunswick, Lib.): Je ne serai peut-être pas dans la même ligne, mais je sais que vous allez me le signaler. M. Rabinovitch a dit une chose que j'ai comprise, mais dont vous n'avez pas parlée. Il a dit que les propriétaires sont américains. Alors vous avez fait un deal avec quelqu'un qui a un objectif et c'est la raison pour laquelle vous devez faire cela. C'est pour cette raison que je comprends. Je suis de votre côté.

    Maintenant, je passe à autre chose qui n'a peut-être pas de lien avec cela. Quel travail le comité et le gouvernement peuvent-ils faire afin que RDS devienne une station incluse dans la base. Peut-on aller voir Rogers demain? Est-ce que c'est difficile, ça? Pour ne pas fermer le dossier, on travaillerait à faire en sorte que RDS entre dans la base. On a une télévision et...

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): On en a fait la demande ou on parle d'en faire la demande.

+-

    M. Gerry Frappier: On appelle cela, en jargon de base-ball, une curve; c'est une grosse courbe qui vient d'être lancée.

+-

    La sénatrice Viola Léger: Oui, c'est bien.

+-

    M. Gerry Frappier: C'est une question intrigante qui provoque beaucoup de réflexions. On vient de faire renouveler notre licence pour les sept prochaines années. On a une licence pour un service spécialisé dans le sport, donc qui est disponible par câble et par satellite. Il faudrait complètement repenser, non seulement la condition de la licence actuelle du réseau, mais toute la façon de redistribuer notre signal dans l'ensemble du Canada. Honnêtement, la question est trop philosophique et trop complexe pour que je puisse y répondre intelligemment sur le champ.

+-

    La sénatrice Viola Léger: Est-ce que nous pouvons l'étudier?

+-

    M. Gerry Frappier: On peut sûrement y réfléchir. J'essaie de penser. Je me mets dans la peau d'un câblodistributeur ou d'un fournisseur. Les fournisseurs de services spécialisés ont fait tous leurs assemblages en fonction de RDS et de plusieurs autres canaux, entre autres même des canaux qui appartiennent à la Société d'État. Alors, c'est une grosse courbe, madame.

+-

    La sénatrice Viola Léger: Eh bien, on parle de sport.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Si vous désirez faire partager le fruit de votre réflexion, ne vous gênez pas. Faites-le parvenir au greffier et nous le ferons circuler parmi tous les membres du comité.

+-

    M. Gerry Frappier: D'accord.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Sénatrice Léger.

+-

    La sénatrice Viola Léger: Je ne m'y connais pas assez; je le sais très bien. Je ne suis pas naïve au point de ne pas savoir que pour entrer dans les grandes chaînes, il doit y avoir une autre structure et tout le reste, mais ça nous donnerait peut-être quelque chose pour arriver à résoudre le problème des francophones qui n'auront pas le sport parce qu'ils ne peuvent pas payer le supplément. Vous faites partie du paquet, pas du premier paquet, car vous avez beaucoup de projets, mais RDS entre...

º  +-(1645)  

+-

    M. Gerry Frappier: On est au premier étage, effectivement.

+-

    La sénatrice Viola Léger: Vous êtes au premier étage.

+-

    M. Gerry Frappier: En effet. On en avait parlé plus tôt: entre 80 et 82 p. 100 des gens s'abonnent à l'étage.

+-

    La sénatrice Viola Léger: D'accord. C'est tout. Merci.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Si vous me le permettez, j'aurais quelques questions à poser moi-même.

[Traduction]

    Monsieur Herron, votre tour suivra. Ne craignez rien, je ne veux pas vous couper l'herbe sous le pied.

[Français]

    La semaine dernière, M. Rabinovitch nous a laissé entendre qu'il y avait, dans l'entente intervenue entre RDS, le Club de hockey Canadien, la Ligue nationale de hockey et la Société Radio-Canada, une clause qui permettait, s'il y avait entente bilatérale entre RDS et la Société Radio-Canada, de continuer la diffusion à Radio-Canada de 25 matchs le samedi pour la durée de cette entente bilatérale.

    Avons-nous raison de croire cela?

+-

    M. Gerry Frappier: Qu'il y a une clause dans le contrat de RDS avec la ligue qui permettrait de conserver le samedi soir?

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Qu'il y a une clause qui permettrait à RDS de conclure un marché avec la Société Radio-Canada permettant la continuation, sous une forme ou une autre, de La Soirée du hockey à Radio-Canada. Est-ce que c'est le cas?

+-

    M. Gerry Frappier: Ce n'est pas précisément pour Radio-Canada. Je ne veux pas entrer dans les détails de l'entente, mais il y a des clauses dans le contrat qui donnent au Réseau des sports une souplesse quant à la distribution de certains matchs.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): La dernière question que j'ai posée à M. Rabinovitch, je crois--et mon collègue M. Herron va revenir là-dessus tout à l'heure--visait à savoir si Radio-Canada était ouverte à une coproduction? On a répondu oui. Je vais y revenir.

    Je veux saisir autre chose. Si j'ai bien compris, RDS, à ce moment-ci, n'a pas l'intention de faire d'autres offres à Radio-Canada.

+-

    M. Gerry Frappier: Effectivement.

+-

    Le coprésident (M.Mauril Bélanger): Est-ce que RDS est ouvert à des offres de la Société Radio-Canada?

+-

    M. Gerry Frappier: À ce point-ci, on ne le peut plus. Je choisis d'être honnête avec vous. Il faut comprendre qu'on a entamé un processus qui a duré six mois. Dans ce processus, nous sommes arrivés à une entente d'exclusivité. Cette entente se doit d'être respectée maintenant. Ce qu'on nous demande, je crois, de la part de Radio-Canada, c'est de se préoccuper d'enjeux autres que l'enjeu du public.

    Je crois que notre responsabilité commune est de tenter de faire le mieux possible pour servir le public francophone. L'enjeu est là. Ce n'est pas une question d'ego ni de savoir qui est en contrôle, qui ne l'est pas, qui vend du temps de publicité, qui n'en vend pas. Cela n'est pas l'enjeu. Autant RDS que Radio-Canada doivent mettre de côté tout l'aspect émotif et revenir à la vraie problématique qui était, effectivement, la disponibilité pour tout le public francophone. L'offre que nous avons faite répondait à cet enjeu à 150 p. 100.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Mais cela ne répond pas à nos préoccupations, monsieur Frappier.

+-

    M. Gerry Frappier: Malgré tout le respect que je dois à Radio-Canada, ce n'est pas à moi d'avoir cette préoccupation-là.

º  +-(1650)  

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Laissez-moi continuer.

    Vous avez parlé de licence tout à l'heure. Vous avez des conditions de licence. Radio-Canada a aussi des conditions de licence. J'y ai fait allusion à deux reprises. Eux s'engageaient à rediffuser, pour des raisons culturelles et sociales, des matchs de hockey de la Ligue nationale de hockey.

    Selon vous, est-ce que le CRTC devrait intervenir pour s'assurer que Radio-Canada respecte ses conditions de licence?

+-

    M. Gerry Frappier: C'est à moi que vous posez la question?

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Oui.

+-

    M. Gerry Frappier: Je crois qu'une condition de licence ne peut pas précisément identifier qu'il doit y avoir diffusion d'un match de hockey 25 fois par année un soir quelconque. Il y a au-delà de 8 000 heures de programmation dans l'année, monsieur le président. On parle de 75 heures au total ici. Alors, je ne crois pas qu'une condition de licence puisse reposer sur quelque chose d'aussi précis.

    Je vais me permettre un dernier commentaire philosophique. Je ne voudrais pas me trouver dans les souliers de M. Boivin s'il savait, quand il entreprend une négociation, qu'un des diffuseurs a tout le temps un droit acquis sur un bout du package. Comment peut-il aller chercher la valeur que mérite son produit s'il sait au départ qu'en vertu d'une mesure législative ou d'autre chose, un de ses partenaires aura toujours quelque chose; il est mort au champ gauche.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): J'ai une dernière question pour vous, monsieur Frappier. Vous avez dit que Radio-Canada a refusé votre offre. D'accord. Est-ce que les renseignements que nous avons eus à l'effet que Radio-Canada a fait une offre de 2 millions de dollars et que vous l'avez également refusée sont exacts?

+-

    M. Gerry Frappier: Oui, c'est exact.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Monsieur Boivin, pouvez-vous nous dire pourquoi le Canadien de Montréal négocie séparément des autres équipes de la Ligue nationale de hockey? C'est ce qu'on nous a dit.

+-

    M. Pierre Boivin: En fait, il faut faire attention. Comme je l'expliquais dans mon commentaire d'ouverture, il y a deux types de produits de matchs. Il y a les matchs qui appartiennent au club et il y a les matchs qui appartiennent à la ligue, donc à l'ensemble des 30 équipes. Ce qui est unique dans le cas du Canadien de Montréal, c'est la coentreprise qui a été mise en place il y a environ cinq ans avec la Ligue nationale de hockey pour la mise en marché des droits francophones. Donc, les matchs qui appartiennent à la ligue sont ceux des éliminatoires, ceux du samedi soir et nos matchs sont finalement les autres matchs de saison régulière sur semaine. Dans le but de travailler ensemble pour optimiser la valeur de ces droits, parce que le marché francophone est beaucoup plus petit en termes de téléspectateurs et dans son enveloppe économique que le marché canadien ou nord-américain, par exemple quand on parle des droits américains, on a une situation unique par rapport aux autres équipes canadiennes. On a cette coentreprise avec la ligue, parce qu'on opère dans un marché unique, soit le marché de la francophonie.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Vous ne serez peut-être pas en mesure de répondre à ma question, mais si la Société Radio-Canada--je ne parle pas de la télévision française ou de la télévision anglaise, mais de la Société Radio-Canada--disait vouloir négocier l'ensemble, tant au réseau anglais qu'au réseau français, avec la Ligue nationale de hockey plutôt que de le faire séparément, comment le Club de hockey Canadien réagirait-il?

+-

    M. Pierre Boivin: Cela ne s'est pas fait. À la limite, je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi cela ne s'est pas fait historiquement. Cela ne s'est pas fait cette année. Je ne pense pas que cela aurait nécessairement posé un problème. Il aurait fallu accélérer la renégociation des droits francophones qui ne suivaient pas nécessairement le même calendrier que les droits anglophones, mais dans le cas des matchs du samedi soir, qu'ils soient dans le marché anglophone ou francophone, ils ont toujours été négociés séparément. Ce fut le cas encore cette fois-ci.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Vous n'auriez pas d'objections à ce que Radio-Canada négocie cela dans une entente, dans une enveloppe. On nous a dit que la ligue s'y opposait.

+-

    M. Pierre Boivin: Non, je ne pense pas que ce soit le cas. Que je sache, la question n'a jamais été soulevée.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Merci.

    Il me reste encore deux questions à poser. Je vais citer M. Rabinovitch. Vous avez certainement lu ses commentaires de la semaine dernière. Je cite un premier commentaire:

[Traduction]

Mais je ne sous-estimerais pas le problème. Le problème, c'est qu'une décision d'affaires a été prise par des étrangers auxquels appartient le Canadien de Montréal, ils empruntent la même route qui a mené tout droit à la ruine des Expos de Montréal dont j'ai été témoin puisque j'ai dû vendre l'équipe. À mon avis, ce n'est qu'une question de temps, si l'on s'aventure sur cette pente dangereuse, le Canadien de Montréal risque de se trouver ailleurs qu'à Montréal. Ce serait terrible. Je parle à titre de Montréalais.

[Français]

    J'aimerais entendre vos commentaires là-dessus et sur un autre commentaire de M. Rabinovitch qui dit, et je cite:

[Traduction]

Je crois qu'ils commettent une grave erreur pour l'équipe à long terme, sans parler des Canadiens et plus particulièrement des francophones, en ne rendant pas la diffusion disponible à tout le monde. Mais nous n'avons pas la main-mise sur les droits. Ils ont choisi l'acheteur de ces droits, et ce n'était pas une question de prix.

[Français]

    J'aimerais avoir vos commentaires sur ces deux citations de M. Rabinovitch, s'il vous plaît.

+-

    M. Pierre Boivin: Premièrement, je ne ferai pas de commentaires sur les propos de M. Rabinovitch. Il a droit à ses impressions et à ses opinions. Ce que je peux vous dire, c'est qu'effectivement, depuis l'été dernier, le Canadien de Montréal est majoritairement la propriété d'un Américain, de la famille Gillette, mais en copropriété avec les entreprises Molson, qui ont été le propriétaire pendant 30 ou 35 ans. Je peux vous dire qu'il y a un engagement ferme et complet à tous les niveaux, non seulement de garder cette entreprise à Montréal, mais de faire en sorte qu'elle puisse performer et répondre aux exigences des partisans, donc de ramener la tradition gagnante, et je pense que les résultats de cette année démontrent l'engagement des propriétaires envers cette franchise.

    Je considère que ce sont des propos faux qui ne sont pas du tout reliés à la situation dont on discute ici. Je peux vous assurer que ce n'est pas une inquiétude que l'on partage au niveau des propriétaires et de l'administration.

º  +-(1655)  

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Vous n'êtes pas d'accord sur le commentaire:

[Traduction]

«Ce n'était pas une question de prix».

[Français]

Vous n'êtes pas d'accord sur cela non plus?

+-

    M. Pierre Boivin: Je ne suis pas d'accord du tout. Je vous ai dit du début qu'au début des négociations, on s'est fait dire que la Société Radio-Canada voulait réduire considérablement le nombre de matchs, qu'elle voulait se désinvestir des éliminatoires, à moins que le Canadien y participe. Or, c'est une fin de non recevoir. C'est une demande à laquelle il nous est impossible de nous conformer. On ne dévoilera pas les propos tenus lors des négociations ni les montants, mais les offres qui nous ont été faites du début ont établi une dynamique très, très difficile. C'était un désinvestissement important dans le hockey.

[Traduction]

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Monsieur Herron.

+-

    M. John Herron: Pour mes propres fins puisque je suis un abonné fidèle de la télé par satellite de Bell, je voudrais d'abord parler de la question du partenariat. Je comprends très bien que vous devez faire progresser le dossier et voir à vos intérêts, mais, en définitive, vous relèverez votre image de marque, votre propre produit, avec le concours de RDS. Ce sera sans doute avantageux pour votre entreprise comme pour le hockey. C'est un projet enthousiasmant.

    Prenons l'exemple du football américain. Je regarde le football américain assez assidûment, et mon émission d'avant-match préférée est la NFL GameDay...en fait, elle s'appelle maintenant Sunday NFL Countdown. Elle est animée par Chris Berman, et le réseau ESPN produit l'émission d'avant-match qui est remarquable dans son genre. ESPN diffuse également le match du dimanche soir.

    ESPN est entré dans un partenariat étroit avec le réseau ABC, pour l'émission Monday Night Football. Le réseau ESPN se donne beaucoup de peine pour faire la promotion du match diffusé sur le réseau ABC. Lors de ce match diffusé sur le réseau le mardi soir, Chris Berman, qui travaille pour ESPN, participe même à une coproduction à titre de commentateur principal pour le match et, à l'occasion, il se joint même aux activités de la mi-temps. C'est manifestement une production hybride assurée par un réseau national et un réseau spécialisé dans le sport qui font équipe pour les fins de cette coproduction. Ce modèle est un franc succès car il a contribué à rehausser l'image de Monday Night Football sur la chaîne ABC, mais aussi en rehaussant l'image de l'équipe d'ESPN qui assure la programmation d'avant-match.

    Je ne crois pas que ce soit inconcevable d'imaginer que, alors que votre image de marque prendra de plus en plus de place au sein de RDS, l'histoire légendaire—à la Monday Night Football—qu'a la Société Radio-Canada avec les matchs de hockey diffusés en français le samedi soir puisse être un hybride naturel à l'image du succès américain dont je vous ai parlé. Peut-être la description commentée pourrait-elle faire l'objet d'un partenariat quelconque. Ce n'est pas plus impensable de dire que la SRC pourrait faire la promotion d'un match et, du même coup, faire la promotion du réseau RDS. Au lieu d'avoir un point de vue antagoniste, on peut essayer de concevoir une formule avantageuse pour tous.

    Le président s'est toujours voulu un facilitateur. Je crois que c'est la raison pour laquelle il a posé la question à CBC la semaine dernière. S'ils sont disposés à envisager la possibilité d'un hybride du genre ABC-ESPN, cela semble être une solution raisonnable qui comblerait non seulement les besoins des deux réseaux, mais permettrait une diffusion des matchs de hockey en français et rehausserait l'image de marque, l'histoire légendaire de la Soirée du hockey au Canada, en français, avec le nouveau logo de RDS.

    Pouvez-vous faire quelques observations sur ce concept?

+-

    M. Gerry Frappier: Certainement.

    En ce qui concerne l'exemple précis du football donné par M. Herron, je dirais que ce genre de partenariat est beaucoup plus facilement établi lorsque les parties intéressées relèvent de la même société de portefeuille. ESPN et ABC appartiennent à la même société mère et il est donc sans doute beaucoup plus aisé pour elles de recourir à ce genre de publicité croisée et de promotion mutuelle.

    Mettant cet exemple de côté pour le moment, nous avons déjà contracté ce genre d'entente avec d'autres télédiffuseurs, dont Radio-Canada. Pour la couverture olympique, si vous regardiez les Olympiques en direct de Sydney en 2000 ou de Salt Lake City l'hiver dernier, ce genre de coproductions était chose courante. Certains de nos employés travaillaient pour leur réseau et une partie de leur personnel travaillait pour le nôtre, selon l'expertise nécessaire et la disponibilité du personnel d'antenne qui devait commenter un match de hockey, par exemple, ou tout autre événement sportif couvert à l'époque. Nous faisions la promotion l'un de l'autre.

    Si une entente commerciale est inspirée par cette philosophie, ce genre de choses se produira. Ces ententes sont d'ailleurs courantes entre Radio-Canada et RDS aujourd'hui. Mais cette fois, les négociations étaient différentes. Trois entreprises concurrentes tentaient de faire de leur mieux. Comme nous le savons tous, nous avons conclu une entente exclusive à l'issue des négociations.

    Je ne voudrais pas trop insister, mais ce qui m'importe, c'est l'issue du match, et je crois que c'est le cas pour vous aussi, monsieur Herron. L'issue du match, c'est une solution qui plaira à toutes les parties intéressées et plus particulièrement aux téléspectateurs. Je crois sincèrement que nous avions conçu une solution parfaite, mais elle a été rejetée.

»  +-(1700)  

+-

    M. John Herron: Étant moi-même rompu au marketing, je crois tout de même que vous pourriez améliorer votre image de marque florissante en vous appuyant sur une institution. Vous avez l'occasion d'acheter 50 ans d'histoire puisqu'elle a déjà été écrite. Cette histoire est vivante et elle a beaucoup évolué. RDS a une occasion en or de s'identifier à une institution à laquelle elle ne pourrait faire prendre tant d'importance si rapidement si elle n'avait pas toute une histoire derrière elle. Je crois que ce serait une motivation supplémentaire à conclure une telle entente.

    Je crois que vous avez raison de dire qu'il est plus facile pour ABC et ESPN d'en venir à une telle entente, mais la formule fonctionne. Elle fait réellement la promotion simultanée de la diffusion du dimanche soir et du lundi soir. Et les commentateurs de la description intégrale des rencontres sont différents. Ce sont deux produits tout à fait différents.

    Si la SRC est prête à envisager une coproduction, si elle y voit un créneau intéressant, et si l'entente est intéressante, je crois qu'il serait souhaitable que vous en discutiez. Si l'entente est acceptable, procédez. Si elle ne répond pas à vos attentes, rompez de nouveau les négociations. Je crois que le jeu en vaut la chandelle.

+-

    M. Gerry Frappier: Cela nous donne certainement matière à réflexion, mais c'est très difficile pour nous. Nous devons à présent respecter les limites et les dispositions de notre entente. Je me préoccupe autant que vous de l'incidence que cela aura sur nos télespectateurs francophones, qu'ils soient au Québec ou ailleurs. Cela ne m'empêche toutefois pas de dormir le soir puisque je sais que j'ai présenté une offre qui abordait le problème de front—et encore une fois, sans vouloir vous contredire—je l'ai fait en sachant l'incidence que cela aurait sur les cotes d'écoute de mon entreprise et, par conséquent, sur la valeur intrinsèque de mon réseau.

    J'aurais fait du tort aux résultats que l'on escomptait obtenir autrement. Si je n'avais abordé la question que d'un point de vue d'affaires, j'allais nuire à ces résultats. En déposant cette offre, je comprenais qu'on le faisait pour le plus grand bien du plus grand monde, mais où trace-t-on les limites de notre responsabilité? Quelles sont les responsabilités de la SRC?

+-

    M. John Herron: Je vous remercie beaucoup d'être venu témoigner.

[Français]

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Sénateur Gauthier.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: J'aurais deux ou trois petites questions.

    Je n'ai pas trop compris ce qu'on a dit tout à l'heure. Monsieur Frappier, êtes-vous un grand diffuseur, un moyen diffuseur ou un petit diffuseur, selon la définition du CRTC?

+-

    M. Gerry Frappier: Nous sommes un grand diffuseur.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Donc, le sous-titrage est exigé, mais vous ne le donnez pas. Depuis 1995, toutes les licences qui ont été données par le CRTC incluaient l'exigence d'avoir le sous-titrage en temps réel. Je n'ai pas encore capté votre signal.

+-

    M. Gerry Frappier: On respecte intégralement les conditions d'une licence, monsieur le sénateur.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Je vous soumets que si vous n'avez pas de sous-titrage...

+-

    M. Gerry Frappier: Aucun diffuseur, petit, moyen ou grand, n'a encore réussi à faire du sous-titrage en temps réel en français, peu importe la définition ou la taille. Le problème est universel; il touche tous les diffuseurs en temps réel.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Ça s'en vient. On va travailler là-dessus et le CRTC aussi. Préparez-vous.

+-

    M. Gerry Frappier: Je le sais. On en est très conscients.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Quand vous négociez pour une émission de télévision, un match de hockey, est-ce que vous négociez la vidéo ou l'audio, ou les deux, la vidéo étant l'image du match et l'audio...?

»  +-(1705)  

+-

    M. Gerry Frappier: Les deux.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Monsieur Boivin, Radio-Canada a conclu une entente de cinq ans avec la Ligue nationale de hockey pour le réseau anglais. Est-ce vrai?

+-

    M. Pierre Boivin: Oui.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Pour le réseau français, on a échoué. Si Radio-Canada décidait de prendre l'image du match de hockey qu'elle diffuse en anglais et de mettre le son, l'audio, en français... C'est possible de le faire aujourd'hui, avec la technologie qui existe dans toutes les télévisions. Il y a une puce qui permet d'utiliser ce qu'on appelle le SCEN, le second canal d'émission sonore. On peut changer du français à l'anglais, si c'est disponible, évidemment. Pourquoi Radio-Canada ne pourrait-elle pas utiliser la même vidéo du match de hockey qu'elle a acheté et mettre du français en option?

+-

    M. Pierre Boivin: Il faut comprendre que les matchs qu'ils ont achetés n'incluent pas les matchs du Canadien. Il y en aura certains. À chaque année, il y en a peut-être cinq ou six qui sont diffusés sur le réseau anglais dans le reste du pays, mais majoritairement, les deux matchs du samedi soir sont des matchs des autres équipes canadiennes qui affrontent d'autres équipes du circuit. Donc, ce n'est pas la même problématique.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: D'accord.

+-

    M. Pierre Boivin: Ce ne sont pas les mêmes droits non plus. Les droits qu'ils ont acquis de ces équipes-là ne leur permettent pas de faire la diffusion dans le marché francophone. Ils ont acheté des droits anglophones; il faut le comprendre. Donc, même s'ils pouvaient le faire en vertu de la technologie, en vertu des droits qu'ils ont achetés, ils n'auraient pas la permission de le faire.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: [Note de la rédaction: inaudible] et le marché aux francophones.

+-

    M. Pierre Boivin: Oui. Ce sont deux ensembles de droits qui sont vendus séparément.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Donc, ils ne peuvent pas se servir de la vidéo et mettre l'audio dans une autre langue.

+-

    M. Pierre Boivin: Technologiquement, oui, mais par droits acquis, non.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Légalement, non.

+-

    M. Pierre Boivin: Légalement, non.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Monsieur Frappier, je vais utiliser mon «créole nordique». C'est une expression qu'on utilise en Ontario français. Quand j'étais jeune, on jouait au hockey et on avait des pucks, et non pas des rondelles, et on «shootait» dans les goals. Vous me comprenez? Parfois on manquait, mais parfois on «scorait». Vous comprenez ce que je viens de dire? C'était notre langage.

    Depuis l'époque où j'étais tout jeune que j'écoute les matchs de hockey avec les commentaires appropriés, et le français s'est amélioré de beaucoup avec l'utilisation des sports comme véhicule au Québec en général et au Canada français. Je peux vous en parler en connaissance de cause. C'est un petit peu difficile pour nous. Vous comprendrez les commentaires qu'ont fait plus tôt Mme Léger et d'autres, dont M. Comeau.

    Les communautés vivant en milieu minoritaire ont de la difficulté à accepter que les gros aient décidé qu'il n'y aurait plus de hockey le samedi soir. Il va falloir qu'ils aillent à la taverne du coin s'ils veulent regarder le hockey. S'ils sont chanceux, il y aura une soucoupe à la taverne. Je pense que RDS diffuse également par satellite, n'est-ce pas?

    Vingt pour cent des gens au Québec et trente pour cent des gens à Montréal ne sont pas branchés. C'est une clientèle quand même assez importante. Quel est le pourcentage chez les francophones hors Québec? Je ne le sais pas, mais on me dit qu'au Nouveau-Brunswick, Rogers, le câblodistributeur, rejoint une grande partie de la population acadienne. Mais ils n'auront pas la partie de hockey en français à partir de l'automne prochain.

+-

    M. Gerry Frappier: Il y a plusieurs francophones au Nouveau-Brunswick qui sont des abonnés de RDS. C'est un des marchés hors Québec les plus surdéveloppés pour nous.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Merci, sénateur. Votre temps est écoulé. Avez-vous une dernière question?

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Oui.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): D'accord. Posez une dernière question.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Ça va.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Monsieur Frappier ou monsieur Boivin, pouvez-vous me dire à qui appartiennent les droits francophones des autres équipes de hockey canadiennes? Je ne parle pas du Canadien de Montréal.

»  -(1710)  

+-

    M. Pierre Boivin: Ils leur appartiennent, si c'est pour les matchs locaux.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Est-ce qu'ils ont été achetés par un diffuseur quelconque?

+-

    M. Pierre Boivin: Non.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Non?

+-

    M. Gerry Frappier: C'est une bonne question.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): On pourra demander à Radio-Canada pourquoi elle ne les a pas achetés ou pourquoi elle ne veut pas les acheter. J'imagine qu'ils sont à vendre.

+-

    M. Gerry Frappier: Oui.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Et RDS ne les a pas achetés.

+-

    M. Gerry Frappier: Non, pas encore.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): La question que je voulais vous poser, monsieur Boivin, est la suivante: est-ce que vous, comme représentant du Club de hockey Canadien, ou monsieur Frappier auriez objection à ce que le réseau français de Radio-Canada fasse un peu comme le sénateur Gauthier le suggérait, qu'il diffuse à La Soirée du hockey des matchs en français des équipes avec lesquelles CBC a conclu une entente? Auriez-vous une objection à cela?

+-

    M. Gerry Frappier: Il faudrait que je comprenne mieux. Peut-être, Pierre, si tu me le permets...

+-

    M. Pierre Boivin: Malheureusement je n'ai pas la réponse exacte à cela. Il faudrait que je puisse parler à la ligue, parce qu'il y a une notion qui m'échappe au niveau des matchs en anglais et en français. Si vous me le permettez, j'aimerais vous revenir là-dessus afin de ne pas vous induire en erreur. La question des droits de diffusion est quand même assez technique, alors je veux être sûr de ne pas vous induire en erreur.

+-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): On peut vous inviter de nouveau, monsieur Boivin.

    Je commence à me demander si on ne devrait pas inviter Radio-Canada de nouveau et peut-être aussi la ligue, mais ce sont mes collègues et moi, collectivement, qui en déciderons.

    Sénateur Gauthier, aviez-vous levé la main pour poser une autre question?

    Allez-y.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: C'est la même question que tu as développée. Je ne comprends pas très bien.

    Comment définissez-vous le marché francophone et le marché anglophone? Je sais comment le CRTC les définit, mais vous, comment les définissez-vous? Vous avez parlé d'un marché francophone et d'un marché anglophone.

+-

    M. Gerry Frappier: Voulez-vous dire en termes de droits?

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: C'est M. Boivin qui a fait le commentaire.

+-

    M. Pierre Boivin: Au niveau des affaires, c'est en grande partie défini par l'antenne et la programmation des diffuseurs. S'il n'y as pas de diffuseur, il n'y a pas de marché. Enfin, il y a un marché, mais il n'est pas rejoint.

    De notre côté, encore une fois, pour être sûr de ne pas vous induire en erreur, il faudrait que je vérifie comment techniquement, légalement, la Ligue Nationale sépare les droits anglophones des droits francophones pour ce qu'on appelle les matchs nationaux.

+-

    Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Pourriez-vous nous envoyer la réponse, s'il vous plaît?

+-

    M. Pierre Boivin: Oui, définitivement.

-

    Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Comme personne d'autre ne demande la parole, si vous me le permettez, je vais clore le débat.

    Monsieur Boivin, tout à l'heure, vous mentionniez qu'il y avait une plus grande prépondérance du sport à CBC qu'à Radio-Canada. Je crois me souvenir d'avoir vu les chiffres suivants à cet effet: 3,8 p. 100 à CBC contre 2,2 p. 100 à Radio-Canada, SRC. Il faudrait vérifier, mais c'est juste pour le bénéfice de nos spectateurs, des gens qui sont ici. Je mentionne cela à titre de renseignement.

    Lors du renouvellement de sa licence, CBC avait peut-être parlé de réduction de sa présence sportive, alors que ce n'était pas le cas pour Radio-Canada, et dans les conditions de licence de Radio-Canada, on fait allusion au sport.

    Je pense que vous avez perçu ici qu'il y a une volonté d'équité en matière de langues officielles. C'est notre rôle, comme comité. La situation du départ est que les Canadiens anglais de ce pays peuvent regarder leur sport national à leur télévision publique gratuitement, alors que ce n'est plus vrai pour les Canadiens français du pays. Cette préoccupation est la nôtre. Ils pourront, pas tous mais 70 p. 100, 80 p. 100 d'entre eux, selon où ils demeurent, payer pour le regarder. C'est une réalité.

    Bravo, monsieur Frappier. Vous avez bien représenté votre société, mais notre problème reste entier. À la lumière de ce qu'on a appris aujourd'hui, peut-être qu'on voudra poursuivre la chose, parce qu'il semble y avoir des divergences entre ce que nous avons entendu la semaine dernière et ce que nous avons entendu aujourd'hui. Alors, on verra. Ce sera à mes collègues d'en décider.

    Quant à moi, il ne me reste qu'à vous remercier d'avoir accepté si rapidement notre invitation, c'est fort apprécié, et à souhaiter que la belle tradition du Canadien de Montréal puisse continuer au réseau public.

    La séance est levée.