Du 1er au 4 août 2013, les
deux vice-présidents de la Section canadienne du Groupe interparlementaire
Canada-États-Unis – à savoir le sénateur Michael L. MacDonald et le sénateur Wilfred
Moore, c.r. – ont dirigé une délégation de la Section canadienne à l’occasion
de la rencontre annuelle de 2013 de la National Governors Association
(NGA). Ont également assisté à la rencontre, qui se tenait à Milwaukee, au Wisconsin,
l’honorable Mike Lake, C.P., député, M. Bob Dechert, député, et M. Jean
Rousseau, député. La délégation était accompagnée de Mme Angela
Crandall, secrétaire de direction de la Section canadienne, et de Mme June
Dewetering, conseillère principale de la Section canadienne.
LA RENCONTRE
Fondée il y a plus de 100 ans lorsque le
président Theodore Roosevelt a réuni les gouverneurs pour discuter des
ressources du pays, la NGA se fait la porte-parole de 50 États, trois
territoires et deux États libres associés. Non seulement la NGA représente‑t-elle
les gouverneurs au Capitole et devant l’Administration américaine pour les
dossiers fédéraux qui les concernent, mais elle s’occupe aussi d’élaborer et de
mettre en œuvre des solutions à divers problèmes de politiques publiques.
La NGA se réunit tous les ans, une fois l’été et
une fois l’hiver, sous l’égide d’un président, d’un vice-président et d’un
comité exécutif formé de neuf membres. Les gouverneurs participent aux
activités de quatre comités permanents (Développement économique et commerce;
Éducation et main-d’œuvre; Santé et sécurité intérieure; Ressources naturelles)
et, à l’occasion, de comités spéciaux bipartisans et des groupes de travail
ponctuels. Lors de la rencontre annuelle de 2013, chacun des quatre comités
permanents s’est réuni.
Les activités de cette année (tant à l’hiver qu’à
l’été) avaient pour thème « Pour de meilleurs résultats nets :
employer des personnes handicapées ». Cette initiative a été sélectionnée
par le président de la NGA, Jack Markell, gouverneur du Delaware. La prochaine
présidente de la NGA, Mary Fallin, gouverneure de l’Oklahoma, a quant à elle
sélectionné le thème « L’Amérique au travail : l’éducation et la
formation pour les emplois de demain » pour les rencontres de la NGA de
2014.
OBJECTIFS DE LA DÉLÉGATION POUR LA RENCONTRE
Les membres de la Section canadienne du Groupe
interparlementaire assistent aux rencontres d’hiver et d’été de la NGA depuis
plusieurs années. Lors de cette rencontre annuelle, les délégués canadiens ont
pu poursuivre leur dialogue avec les gouverneurs sur des enjeux d’intérêt
commun ou sur des questions d’intérêt pour le Canada. Plus particulièrement,
ils se sont entretenus avec les gouverneurs Neil Abercrombie (Hawaii),
Terry Branstad (Iowa), Lincoln Chafee (Rhode Island), Dennis Daugaard (Dakota du
Sud), Mark Dayton (Minnesota), Mary Fallin (Oklahoma), John Hickenlooper
(Colorado), Dannel Malloy (Connecticut), Jack Markell (Delaware), Martin
O’Malley (Maryland), Peter Shumlin (Vermont), Earl Ray Tomblin (Virginie-Occidentale)
et Scott Walker (Wisconsin), de même qu’avec de nombreux chefs d’entreprise et
d’autres participants venus des quatre coins des États‑Unis.
Les discussions avec les gouverneurs et les autres
participants aident les membres du Groupe interparlementaire à trouver des
points de convergence dans les politiques nationales des deux pays, à instaurer
un dialogue sur les divergences entre celles-ci et à favoriser l’échange
d’informations, sans compter que ces entretiens permettent aux parlementaires
canadiens et américains de mieux comprendre les préoccupations qu’ils ont en
commun. Ces réunions constituent aussi pour la Section canadienne une occasion
précieuse de s’informer et de se prononcer sur des dossiers qui intéressent les
États et touchent le Canada. On prévoit que la Section canadienne continuera de
participer aux réunions de l’été et de l’hiver.
TRAVAUX MENÉS DURANT LA RENCONTRE
La rencontre annuelle de 2013 de la NGA comprenait
les séances de travail suivantes :
·Les outils des États
pour limiter les coûts des soins de santé (séance d’ouverture)
·Favoriser
l’innovation en milieu de travail pour combler les lacunes liées aux
compétences, créer des emplois et relever le revenu des familles (Comité de
l’éducation et de la main-d’œuvre)
·S’occuper de nos
anciens combattants (Comité de la santé et de la sécurité intérieure)
·Surmonter les défis
du XXIe siècle en matière de sécurité intérieure (Comité de la santé
et de la sécurité intérieure)
·En construction :
obtenir un consensus à l’échelle nationale sur les infrastructures (Comité du
développement économique et du commerce et Comité des ressources naturelles)
·Plan de match pour
2020 : ce que les gagnants de demain doivent accomplir aujourd’hui
(déjeuner)
·Promouvoir la réforme
des services correctionnels (séance spéciale)
·Le rôle de l’État sur
le plan de la cybersécurité (séance de clôture)
Le présent rapport résume les principaux points
abordés lors de la séance plénière et lors des réunions de certains comités
permanents.
LES OUTILS DES ÉTATS POUR LIMITER LES COÛTS DES
SOINS DE SANTÉ
Jeffrey Brenner, Camden Coalition of Healthcare Providers
·Les fonds affectés au programme Medicaid sont
mal dépensés, et 25 % des patients âgés de Medicaid sont réadmis à
l’hôpital dans les 30 jours.
·Les États-Unis doivent trouver comment dispenser
de meilleurs soins à un moindre coût; le pays dépense deux fois plus pour son
système de santé que tout autre pays.
·Le système de santé des États-Unis est trop
compliqué.
·Le système de santé des États-Unis n’a pas
besoin de plus de médecins; il a plutôt besoin d’un personnel infirmier et de
travailleurs sociaux plus déterminés.
·Les États-Unis devraient réinvestir dans les
soins de santé en dehors du milieu hospitalier; il devrait amener les soins aux
gens au lieu d’amener les gens aux soins.
·À long terme, il faudrait songer à :
§réglementer
les fournisseurs de soins de santé;
§se
servir du leadership qu’offre le bureau du gouverneur de façon à recentrer les
questions de santé;
§opter
pour la simplicité;
§revoir
le modèle de gestion des cas par téléphone;
§« libérer
les données » et les utiliser différemment;
§trouver
un moyen de soutenir et de mettre à l’essai les innovations en santé;
§ramener
la responsabilisation au niveau de la collectivité.
FAVORISER L’INNOVATION EN MILIEU DE TRAVAIL POUR
COMBLER LES LACUNES LIÉES AUX COMPÉTENCES, CRÉER DES EMPLOIS ET RELEVER LE
REVENU DES FAMILLES
Joseph Carbone, The WorkPlace
·Les États-Unis sortent de leur pire récession depuis
la Crise de 1929.
·La récente récession a laissé en héritage une
catégorie de personnes qui sont « inemployables ». Ce n’est pas de
leur fait; elles sont plutôt « victimes » de la situation.
·Les « inemployables » :
§sont
issus de tous les domaines;
§sont
souvent âgés de 50 ans et plus;
§en
ont assez de chercher du travail et sont susceptibles d’arrêter de se chercher
un emploi;
§ont
des compétences qui deviennent désuètes avec le temps, car ils ne s’en servent
pas;
§liquident
les biens qu’ils ont cumulés;
§sont
atteints de dépression et ont perdu confiance en eux;
§ont
des chances relativement faibles de retourner sur le marché du travail.
·Le Département du travail des États-Unis devrait
considérer le groupe des « inemployables » comme un groupe spécialisé
qui a besoin d’outils et d’un soutien particuliers pour réintégrer le marché du
travail.
·Le taux de chômage officiel ne tient pas compte
des travailleurs découragés, des gens sous-employés et des travailleurs à temps
partiel qui préféreraient travailler à temps plein.
·En période de chômage élevé, les employeurs en
demandent peut-être davantage aux employés et peuvent vouloir les payer un peu
moins.
·Une façon de briser ce cycle de chômage est le
programme Plateforme vers l’emploi (Platform to Employment), qui prévoit
des séances de mentorat et une subvention des salaires pour les employeurs.
Teresa Wahlert, Iowa Workforce Development
·Aux États-Unis, l’Iowa est un microcosme, et le
taux de chômage varie grandement d’un comté à l’autre; certaines régions sont
confrontées à une pénurie de main-d’œuvre tandis que certains, sans emploi
depuis longtemps, n’ont pas les compétences recherchées.
·En Iowa, 12 % des emplois sont peu
spécialisés, tandis que 38 % de la population de l’État est peu
spécialisée; en ce qui concerne les emplois et les travailleurs moyennement
qualifiés, les taux, en comparaison, sont de 56 % pour les emplois et de 33 %
pour la population de l’État.
·Des efforts doivent être faits pour jumeler les
travailleurs compétents aux entreprises qui les recherchent et pour aider les
gens à acquérir les compétences recherchées.
·Il faudrait s’attacher à aider les gens à
trouver une carrière plutôt qu’un emploi.
·Il importe de se demander quelles sont les
compétences en pensée critique nécessaires pour aujourd’hui et demain.
EN CONSTRUCTION : OBTENIR UN CONSENSUS À
L’ÉCHELLE NATIONALE SUR LES INFRASTRUCTURES
L’honorable Anthony Foxx, secrétaire du
Département des transports des États-Unis
·Les transports sont un « pont vers les
possibilités » pour les particuliers, les familles et les entreprises; ils
sont importants pour l’économie des États-Unis et le style de vie de la population.
·Les transports font avancer l’Amérique et
donnent à cette dernière les moyens d’être concurrentielle.
·Les partis politiques doivent transcender les
lignes de parti sur les questions de transport de la même façon que les
gouvernements des différents ordres (fédéral, États et locaux) doivent
collaborer entre eux.
·La participation du secteur privé peut donner le
coup de pouce nécessaire au lancement d’un projet.
·Avec le leadership au niveau étatique et local, les
gouvernements peuvent faire bouger les choses.
·Il faut trouver une façon logique de répondre
aux besoins en matière de transport.
Représentant Bill Shuster, Chambre des
représentants des États-Unis
·Le gouvernement fédéral aurait intérêt à se
tourner vers les États pour trouver des idées et de l’inspiration; cela dit, il
arrive parfois que la meilleure chose à faire pour le gouvernement fédéral est
de rester à l’écart.
·Afin de réussir, les gouvernements fédéral et
d’État doivent travailler de façon concertée.
·Le temps, c’est de l’argent. Il faut continuer à
investir dans les infrastructures, et notamment dans les transports; les infrastructures
sont l’épine dorsale de l’économie.
·L’inefficacité mène à la hausse des coûts.
·Les États-Unis doivent transporter les
marchandises et relier les différentes régions du pays; autrement, ils ne
seront pas une nation.
·Le gouvernement devrait s’acquitter de trois
responsabilités pour les citoyens :
§assurer
la sécurité;
§préserver
la justice;
§ériger
et entretenir les infrastructures.
·À propos des transports, les législateurs
doivent travailler de façon bipartisane, et le gouvernement fédéral devrait
accorder aux États une plus grande latitude.
·Il faut inciter les gens à délaisser les
autoroutes au profit des services ferroviaires.
·Afin de pouvoir soutenir la concurrence sur les
marchés mondiaux, les exportateurs ont besoin d’un système de transport des
marchandises efficace; les infrastructures sont un outil parmi d’autres de la
compétitivité.
·Le secteur privé devrait faire partie des
solutions.
PLAN DE MATCH POUR 2020 : CE QUE LES GAGNANTS
DE DEMAIN DOIVENT ACCOMPLIR AUJOURD’HUI
Matt Thornhill, projetBoomer
·Autrefois, les gens envisageaient l’avenir avec
optimisme; aujourd’hui, l’avenir leur semble incertain, et ils ne sont pas
convaincus que leurs enfants auront une vie meilleure que la leur.
·S’il était possible de prédire l’avenir avec
certitude, on pourrait alors s’adapter et réagir; un aspect de l’avenir dont on
peut être presque certain, c’est qu’il y aura des soubresauts.
·Puisque prédire l’avenir comporte des risques,
on peut envisager différents scénarios : aspects positifs, aspects
négatifs et probabilités.
·En ce qui concerne l’année 2020, nous devons
nous préparer en vue de trois « métatendances valant leur pesant
d’or » et trois « mesures ».
·Voici les trois métatendances « valant leur
pesant d’or » :
§démographique
– il y aura moins de jeunes et plus de gens âgés, et il importe de reconnaître
que les générations ne sont pas homogènes;
§sociétale
– les « post-boomers » (qui sont « hypercollaborateurs » et
chez qui on dénote « un taux élevé de trouble de la personnalité
narcissique ») s’élèvent; cette génération est passée à l’âge adulte avec Facebook,
la violence en milieu scolaire, la diversité, un style parental trop invasif,
Internet, les attentats terroristes du 11 septembre et le recyclage;
§culturelle
– la notion de « but » a été remplacée par celle de « profit »
comme facteur de motivation.
·Voici les trois « mesures » :
§internes
– les organisations énoncent, communiquent et enseignent leurs valeurs, les
intègrent à leur culture et à leur image de marque; les employeurs pourraient
vouloir embaucher des gens qui partagent déjà leurs valeurs;
§externes
– il est important pour les gens de vivre et de remplir leur promesse
« organisationnelle » et « individuelle » chaque jour, ce
qui devrait les motiver;
§intentionnelles
– il importe de se rendre compte que les générations diffèrent les unes des
autres, et que la génération à laquelle appartient une personne signifie
qu’elle se comportera de telle ou telle manière.
Promouvoir la
réforme des services correctionnels
Steve Aos, Washington State Institute for Public Policy
·Il nous faut des programmes fondés sur des
données probantes; de telles données sont nécessaires pour établir ce qui
fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
·L’État de Washington se sert de données
probantes pour déterminer les programmes qui parviennent à réduire le taux de
criminalité.
·L’État de Washington concentre ses efforts sur
des programmes qui réduisent le taux de criminalité et font épargner de
l’argent aux contribuables.
Ashbel T. Wall II, Rhode Island Department of Corrections
·Il importe d’utiliser les fonds publics de façon
responsable.
·Les coûts de soins de santé des détenus font
partie des coûts de base associés au système correctionnel.
·La population carcérale est en grande partie en
mauvaise santé (maladies transmissibles, maladies chroniques, maladies mentales
et problèmes de toxicomanie).
·La Cour suprême des États-Unis a déterminé que
les détenus ont droit aux mêmes normes de soins que dans le reste de la
communauté.
·Pour améliorer les processus, il faut songer aux
éléments suivants :
§les
dossiers médicaux électroniques;
§la
participation de tierces parties pour traiter les demandes de remboursement de
frais médicaux;
§des
taux négociés de remboursement des frais de soins hospitaliers;
§des
systèmes d’information de gestion Medicaid;
§un
examen des hospitalisations de courte durée.
·Sur le plan de la prestation des services, il
faut songer aux éléments suivants :
§des
cliniques de traitement des maladies chroniques « derrière les murs »
pour prendre en charge les problèmes de santé;
§le
déplacement de spécialistes dans les établissements pénitenciers pour réduire
les coûts liés au transport aux cabinets des médecins;
§la
télémédecine;
§le
recours à des infirmiers et à des infirmières praticien(nes).
·Sur le plan des médicaments et de l’équipement, il
faut songer aux éléments suivants :
§les
achats en vrac auprès des sociétés de gestion pharmaceutiques;
§l’examen
des médicaments d’ordonnance;
§le
respect des formulaires;
§la
création d’un consortium multi-étatique pour effectuer des achats à prix
réduit.
·Sur le plan des soins de santé et de la
réinsertion des détenus, il faut songer aux éléments suivants :
§les
taux de récidive, qui peuvent être élevés;
§les
répercussions du défaut de répondre aux besoins en matière de santé en
« spirales descendantes »;
§les
avantages d’une meilleure coordination des soins de santé à la libération.
Le rôle de l’État
sur le plan de la cybersécurité
Matt Devost, Terrorism Research Center, Inc. et UniversitéGeorgetown
·Le nombre de menaces augmente, et les menaces
font peur; cela dit, il faut les mettre en contexte.
·Les organisations et les particuliers doivent
réfléchir aux questions suivantes :
§Qui,
ou quoi, est votre agresseur le plus probable? Par exemple, s’agit-il d’un
agresseur externe ou interne, d’un pays ou d’un groupe d’intérêts en
particulier, etc.?
§Quelle
est la cible probable d’un agresseur?
§Quelle
serait l’incidence de l’attaque? Par exemple, l’incidence serait-elle décisive,
une nuisance, un embarras, etc.?
§Quelles
sont les vulnérabilités?
§Comment
faudrait-il protéger les systèmes les plus importants?
·Afin de gérer le risque, il faut réfléchir aux
menaces et aux répercussions.
·Il importe de déterminer les éléments qui
constituent les menaces les plus graves, les plus lourdes de conséquences et
les plus importantes.
·Parmi les systèmes et les données essentiels,
notons :
§les
infrastructures essentielles;
§les
systèmes de sécurité publique;
§les
données personnelles des citoyens;
§les
systèmes de transactions financières et les données connexes.
·Même s’il n’existe aucune « solution
miracle », il existe cependant des « concepts en or » qui
renforcent la sécurité; à ce sujet, il faut songer aux éléments suivants :
§l’examen
critique des données;
§l’évaluation
et la prise de conscience;
§la
formation et la sensibilisation;
§l’atténuation
et la gestion du risque;
§l’intervention
et les mesures;
§le
renseignement sur les menaces et l’échange d’informations.
·Le « cyber » ne se concentre pas
toujours sur la prévention; il faut également s’intéresser à l’intervention en
cas d’incident.
·Même s’il n’est pas toujours possible de
prévenir un événement, il est possible de mieux le gérer et d’atténuer
davantage l’incidence.
Respectueusement soumis,
L’honorable Janis G. Johnson
sénatrice et coprésidente Groupe interparlementaire
Canada‑États-Unis
Gord Brown, député
coprésident Groupe interparlementaire
Canada‑États-Unis