Une délégation
de quatre parlementaires représentant la section canadienne du Forum
interparlementaire des Amériques (FIPA) s’est rendue au Pérou du 23 au
27 mars 2009. La délégation était dirigée par M. Ed Holder, député;
faisaient également partie de cette délégation l’honorable Percy Downe,
sénateur, l’honorable Lawrence MacAulay, C.P., député, et M. Paul Crête,
député. Les parlementaires étaient assistés par M. Leif-Erik Aune, secrétaire à
la délégation, et M. Michael Holden, analyste de la Bibliothèque du Parlement à
la délégation.
La visite de
la délégation au Pérou avait pour objet de discuter de la participation du
Canada et du Pérou au FIPA, et de permettre aux parlementaires de participer à
l’Atelier d’information sur le commerce avec des membres du Congrès péruvien.
Le Pérou est depuis longtemps un membre actif du FIPA; des membres du Congrès
péruvien étaient présents à la séance inaugurale de l'Assemblée plénière à
Ottawa en 2001 ainsi qu’à toutes les autres assemblées plénières jusqu’en 2005.
Toutefois, plus récemment, l’engagement du Pérou à l’égard du FIPA a diminué.
C’est pourquoi la délégation canadienne souhaitait rencontrer plusieurs membres
du Congrès péruvien pour les encourager à accroître leur participation au FIPA
ainsi que pour leur rappeler le rôle important de l’association comme
instrument par l’intermédiaire duquel les parlementaires des quatre coins des
Amériques peuvent se rencontrer pour discuter de questions de politique
gouvernementale d’intérêt et de préoccupation communes, ainsi que des pratiques
exemplaires sur la façon dont ces questions peuvent être abordées. La
délégation canadienne souhaitait notamment souligner la tenue de la 6e Assemblée
plénière du FIPA en septembre prochain à Ottawa et en profiter pour inviter les
membres du Congrès péruvien à y assister.
L’Atelier
d’information sur le commerce au Pérou était la quatrième activité de ce genre
proposée par le FIPA. La séance inaugurale de l’Atelier sur le commerce,
organisée à Ottawa en mars 2007, avait réuni des participants de huit pays
membres du FIPA. L’année suivante, une délégation canadienne a participé à un
atelier bilatéral similaire avec des parlementaires de Trinité‑et‑Tobago.
Enfin, un atelier régional pour les parlementaires d’Amérique centrale et du
Sud a eu lieu au Costa Rica en novembre 2008.
Le FIPA
accorde une grande importance aux ateliers sur le commerce. Compte tenu de
l’influence du commerce international sur la croissance, la prospérité et
l’expansion économiques, il est essentiel pour les parlementaires de tout
l’hémisphère d’avoir de solides connaissances sur les règles de commerce
international, sur les négociations ainsi que sur leurs répercussions plus
larges dans la sphère politique. Grâce à des ateliers de ce genre, le FIPA
s’est fixé comme priorité d’aider les parlementaires de tout l’hémisphère
entier à améliorer leurs compétences techniques sur des questions de commerce
international et de politique commerciale. En participant à cet atelier
bilatéral, la section canadienne espérait contribuer à l’atteinte de ce but.
La décision de
prendre part à un Atelier d’information sur le commerce avec le Pérou a été
prise à un moment particulièrement opportun. En effet, en mai 2008, le
Canada et Pérou ont signé un accord de libre‑échange et, pendant que la
délégation canadienne se trouvait au Pérou, le gouvernement du Canada a
présenté un projet de loi pour mettre en œuvre l’accord. L’Atelier
d’information sur le commerce était l’occasion pour les parlementaires des deux
pays de se réunir pour discuter des perspectives offertes par le libre‑échange
afin de renforcer les liens économiques entre le Canada et le Pérou, ainsi que
des défis ou des problèmes susceptibles de découler de l’accord.
ATELIER D’INFORMATION SUR LE
COMMERCE
L’Atelier
d’information sur le commerce s’est tenu sur deux jours, soit les 25 et
26 mars 2009. Il était organisé par le Congrès de la République du
Pérou et animé par le Centre de droit et de politique commerciale (CTPL) de
l’Université Carleton à Ottawa, ainsi que par le Consortium d'investigation
économique et social (CIES) à Lima, au Pérou. Le ministère des Affaires
étrangères et du Commerce international (MAECI) a contribué financièrement à
l’Atelier.
M. Anibal
Huerta Diaz, président de la Ligue d'amitié parlementaire Pérou-Canada, a
ouvert l’atelier. Dans son discours d’ouverture, il a souligné le rôle
important que joue le FIPA comme tribune dans le cadre de laquelle les
parlementaires peuvent travailler ensemble et collaborer à résoudre les
différends dans la région, dans le but ultime de promouvoir l’expansion
économique dans tout l’hémisphère. Il a insisté sur l’importance du commerce
comme outil d’expansion économique et sur l’occasion offerte par l’Atelier
d’information sur le commerce aux parlementaires de développer leurs propres
connaissances et compétences concernant les règles et les enjeux commerciaux.
L’ambassadeur
du Canada au Pérou, Ambassadeur Richard Lecoq, et le chef de la délégation
canadienne, M. Ed Holder, ont également prononcé un discours d’ouverture. Ambassadeur
Lecoq a mentionné les échanges fructueux qui existent déjà entre les
parlementaires canadiens et leurs homologues péruviens. Il a par ailleurs
souligné le fait que l’Amérique du Sud était une priorité en matière de
politique étrangère pour le Canada. Il a ensuite mis l’accent sur le caractère
opportun de ce séminaire en plus de rappeler que les pays devaient résister à
la tentation de se replier sur eux-mêmes pendant la crise économique mondiale
qui sévit actuellement et qu’ils devaient plutôt considérer le commerce comme
un élément essentiel d’une reprise à long terme. À cette fin, Ambassadeur Lecoq
a félicité le FIPA pour son rôle important dans l’approfondissement des
connaissances des parlementaires concernant le commerce et les enjeux y afférents,
ainsi que concernant la façon dont le commerce peut générer des richesses et de
l’activité économique, à l’échelle tant locale que mondiale.
Dans son
discours d’ouverture, M. Ed Holder, député, a fait observer que ces ateliers
sur le commerce avaient pour but de donner aux parlementaires l’occasion
d’approfondir leurs connaissances du système de commerce multilatéral et du
rôle qu’ils peuvent jouer dans l’élaboration, la définition de la portée et
l’orientation de la politique commerciale. M. Holder a également évoqué le
renforcement des relations économiques du Canada avec le Pérou et les
perspectives offertes par un accord de libre-échange bilatéral entre les deux
pays.
L’atelier
était composé de cinq séances traitant de divers sujets relatifs au commerce,
parmi lesquels :
·Règles et politiques commerciales;
·Rôle du Parlement dans le commerce et le
développement;
·Le commerce, la compétitivité et
l’expansion : perspectives et défis pour le Pérou;
·La main-d’œuvre, la pauvreté et l’égalité entre
les sexes dans le contexte de la libéralisation du commerce au Pérou;
·Principaux enjeux politiques des relations
économiques entre le Canada et le Pérou.
1. Règles et politiques commerciales
La séance
d’ouverture de l’Atelier d’information sur le commerce a essentiellement jeté
les bases du reste du séminaire. Mme Anne McCaskill, secrétaire
de la section canadienne du Secrétariat de l’Accord de libre-échange
nord-américain (ALENA), a prononcé une allocution intitulée « Règles et
politiques commerciales ». Elle y a décrit l’importance, d’une part, de
l’engagement parlementaire à l’égard des questions de commerce international
et, d’autre part, du contexte en évolution dans lequel cet engagement
s’inscrit. Elle a en outre fait observer que, comme de nombreuses forces étaient
en jeu, il était d’autant plus nécessaire que les parlementaires s’impliquent
davantage dans les questions de commerce international mais que, parallèlement,
la complexité et l’envergure grandissantes du système de commerce international
leur rendaient cette tâche de plus en plus difficile.
Mme McCaskill
a ensuite défini plusieurs facteurs qui rendent les questions de commerce
international toujours plus complexes. Parmi ceux-ci, citons la portée de plus
en plus large des négociations commerciales multilatérales; l’émergence de
nouvelles structures commerciales mondiales, parfois désignées par
« commerce d’intégration »; la multiplication des accords commerciaux
régionaux et bilatéraux à la suite de l’échec des négociations du Cycle de
Doha, menées sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC); et la
tendance croissance des règles commerciales à influer sur la politique et le
droit dans des domaines qui relevaient à une époque uniquement des États. Elle
a également abordé les multiples rôles que les parlementaires peuvent jouer
dans ces domaines, ainsi que les méthodes pour inciter les électeurs, les
négociateurs, les groupes d’intérêt et les autres intéressés à participer à
l’ordre commercial mondial.
À la suite de
cet aperçu de l’engagement parlementaire à l’égard des questions de politique
commerciale, Mme McCaskill a présenté quelques-unes des
principales caractéristiques des accords commerciaux internationaux, notamment
le concept fondamental de non-discrimination, qui comprend, d’une part, le
traitement national (autrement dit, veiller à ce que les intérêts étrangers
bénéficient d’un traitement qui n’est pas moins favorable que les intérêts
nationaux) et, d’autre part, le traitement de la nation la plus favorisée
(c’est-à-dire veiller à ce que les gouvernements ne favorisent pas un
partenaire commercial au détriment d’un autre). Parmi les autres sujets
abordés, mentionnons la libéralisation progressive, les codes de conduite
fondés sur des règles ainsi que le règlement obligatoire des différends.
Mme McCaskill
a conclu par une vue d’ensemble de l’état des négociations commerciales en
cours à l’OMC. Elle a fait remarquer que deux facteurs connexes contribuaient à
la stagnation des négociations commerciales multilatérales: l’incapacité de
parvenir à un consensus sur certains aspects des négociations commerciales, et
l’évolution des rapports de force à la table de négociation. Le premier touche
l’agriculture, l'accès aux marchés des produits non agricoles, les services,
les règles commerciales ainsi que le traitement spécial et le traitement
différencié. Le second découle du rôle accru joué par les pays en développement
et par les coalitions d’intérêt commun à la table de négociation, ainsi que de
l’influence croissante de la Chine sur la scène mondiale.
À la suite de
la présentation de Mme McCaskill, les parlementaires ont pu
poser leurs questions et faire des commentaires. Parmi les sujets abordés,
mentionnons l’évolution des accords commerciaux bilatéraux et l’existence
d’accords parallèles sur la main-d'œuvre et l’environnement; la nécessité de
prendre en compte les questions de développement humain et de justice sociale
dans la recherche sur les répercussions du commerce; et la relation entre les
accords commerciaux et la protection de l’environnement, notamment en ce qui a
trait à l’exercice de recours commerciaux et à l’imposition de sanctions
commerciales comme moyen pour faire appliquer les accords en matière
d’environnement.
Un des thèmes
majeurs de débat a été le protectionnisme dans le contexte du ralentissement
économique mondial. Plusieurs parlementaires ont fait observer que le sentiment
protectionniste tendait à s’accroître en période de difficultés économiques.
Les membres du Congrès péruvien ont notamment fait part de leur crainte que les
pays développés, qui jusqu’alors prônaient l’ouverture des marches et la
libéralisation du commerce comme agents d’expansion économique, se replient sur
eux‑mêmes et ferment leurs marchés aux pays en développement, dont la
croissance économique est devenue tributaire du commerce international. On a
généralement convenu que les parlementaires avaient un rôle important à jouer
dans la promotion des valeurs et des avantages du libre-échange. Pour le faire
efficacement, il leur faut être capable de cerner et d’évaluer les problèmes et
les politiques susceptibles d’entraver le commerce.
On a aussi
parlé des subventions, des obstacles non tarifaires au commerce et de
l’exercice de recours commerciaux. Les parlementaires ont dit craindre que,
dans le contexte d’incertitude économique mondial, la conformité avec les
règles commerciales diminue, puis ont fait remarquer que l’utilisation de
subventions et d’autres soutiens internes était à la hausse. L’importance du
règlement obligatoire des différends comme moyen pour traiter ces questions a
aussi été soulevée, ainsi que les limites du règlement des différends; les
accords commerciaux ne peuvent résoudre tous les différends commerciaux, et la
conformité avec les décisions du groupe spécial chargé d'examiner le différend
n’est pas garantie. En outre, dans une économie mondiale intégrée, relever les
tarifs douaniers en représailles à cette non-conformité pourrait s’avérer
contre-productif.
Enfin, les
parlementaires se sont penchés sur l’évolution des rapports de force à l’OMC.
Depuis longtemps, de nombreux pays se disaient préoccupés que la libéralisation
des échanges commerciaux était dominée par les États‑Unis et l’Union
européenne. Toutefois, d’autres acteurs de poids sont récemment apparus,
notamment la Chine, l’Inde et plusieurs autres pays faisant partie de
coalitions Sud-Sud et de groupements régionaux. Si la participation accrue de
ces pays au système de commerce multilatéral est une bonne chose, il n’en
demeure pas moins qu’elle représente un défi, car la conclusion d’accords à
l’OMC, un processus qui repose fondamentalement sur le consensus, devient de
plus en plus difficile.
2. Rôle du Parlement dans le
commerce et le développement
La deuxième
séance de l’Atelier d’information sur le commerce a commencé par deux
présentations. La première, donnée par Mme Anne McCaskill,
s’intitulait « Rôle du Parlement dans le commerce et le
développement ». Cette présentation, qui s’appuyait sur celle qu’elle
avait faite à la séance précédente, traitait plus en profondeur du rôle des
parlementaires dans la politique commerciale internationale et présentait les
outils dont ont besoin les parlementaires pour jouer leur rôle efficacement, à
l’échelle tant nationale qu’internationale.
M. McCaskill
a fait observer que les parlementaires avaient trois rôles à jouer concernant
les enjeux de politique commerciale. Le premier est, en sollicitant la
participation des électeurs et des groupes d’intérêts particuliers, d’établir
un lien essentiel entre les citoyens et l’État. Deuxièmement, les
parlementaires jouent un rôle essentiel en matière de surveillance et de mise
en œuvre des politiques commerciales, des négociations et des accords connexes.
Enfin, la diplomatie au sein des parlements et entre ceux-ci est primordiale,
car elle aide à générer de nouvelles informations et méthodes pour faire face
aux enjeux commerciaux, permet d’approfondir les connaissances et les
compétences techniques, et peut aider à résoudre les différends et à trouver un
consensus au‑delà des frontières internationales.
Parmi les
outils dont les parlementaires ont absolument besoin, citons l’information.
Dans un premier temps, il faut que les parlementaires aient accès au personnel
nécessaire et à une aide suffisante pour la recherche. Les comités ou commissions
parlementaires sont un autre moyen utile pour les parlementaires d’obtenir de
l’information sur les enjeux liés au commerce. Au Canada, les comités offrent
une structure institutionnelle, ont le pouvoir d’entreprendre des enquêtes, de
réaliser des études et de tenir des audiences, et sont chargés d’examiner les
lois. En conclusion, Mme McCaskill a souligné que les réseaux
interparlementaires constituent une précieuse source d’information, de
consultation et de coopération. Par l’intermédiaire des associations
parlementaires, qu’il s’agisse de groupes régionaux comme le FIPA, ou de
groupes multilatéraux plus grands comme l’Union interparlementaire (UIP), les
parlementaires établissent des liens avec des homologues avec lesquels ils
peuvent échanger des idées et des sujets de préoccupation concernant les enjeux
politiques commerciaux; discuter de sujets d’intérêt commun; et échanger des
solutions politiques et des pratiques exemplaires.
La seconde
présentation a été donnée par M. Ignacio Basombrío, président du Peruvian
Center for International Studies (CEPEI). M. Basombrío a d’abord donné un
aperçu des réformes économiques et structurelles apportées au Pérou et dans
d’autres pays de la région au cours des 20 dernières années. Il a souligné
que le Pérou avait respecté les programmes de réforme économique et qu’il avait
accompli des progrès considérables en matière de croissance économique ces
dernières années. Il a toutefois ajouté que la crise économique actuelle
démontrait clairement que les marchés n’avaient pas toutes les réponses pour
l’expansion économique, et que l’État et les parlementaires avaient eux aussi
un rôle essentiel à jouer.
M. Basombrío
a aussi fait part de sa crainte concernant les rapports entre le pouvoir
exécutif et le pouvoir législatif au Pérou. Selon lui, le pouvoir exécutif a
trop de pouvoir, son contrôle politique est limité et il n’existe aucun
mécanisme efficace permettant aux deux pouvoirs de travailler ensemble.
Le reste de la
présentation de M. Basombrío a principalement traité des mécanismes
politiques nécessaires au Pérou pour améliorer la participation des
parlementaires aux négociations et accords de libre‑échange ainsi que
leur surveillance. Il a donné à entendre que, eu égard à la complexité
technique des accords internationaux, la capacité des législateurs péruviens à
participer davantage à la politique et aux accords commerciaux pourrait être
limitée par le manque d’aide à la recherche et aux analyses. Il est
particulièrement important que le Congrès joue un rôle plus actif dans la
négociation d’accords de libre‑échange, car sa capacité à influer sur les
accords commerciaux diminue grandement une fois ces accords signés. Selon
M. Basombrío, le Pérou devrait songer à s’inspirer du système canadien à
cet égard.
Le débat qui a
suivi a surtout porté sur les rapports de force entre le pouvoir exécutif et le
pouvoir législatif du gouvernement, au Canada comme au Pérou. Il a été
mentionné que, dans le cas du Pérou, quatre facteurs contribuaient à ce
sentiment de déséquilibre, à savoir : la description par les médias et le
milieu universitaire du Congrès comme étant bureaucratique et inefficace; le
manque de fonds pour améliorer le soutien technique pour le Congrès; l’absence
d’un système de flux d’information continu entre les deux pouvoirs; et la
nécessité pour le Congrès de devenir plus efficace en éliminant le
chevauchement inutile de lois et de règlements et en améliorant leur efficacité
en général.
3. Le commerce, la compétitivité et l’expansion : perspectives
et défis pour le Pérou
La dernière
séance de la première journée de l’Atelier d’information sur le commerce
portait principalement sur les perspectives et les défis que constitue la
libéralisation du commerce pour le Pérou, avec une présentation de
M. Eduardo Morón, chercheur principal et professeur au Centre de
recherche de l’Universidad del Pacifico (CIUP). Dans son allocution,
M. Morón a abordé quatre grands thèmes : la définition d’économie
ouverte, les avantages et les désavantages de l’ouverture économique, les mécanismes
pour réaliser l’ouverture et favoriser la croissance, ainsi que des réflexions
sur l’expérience du Pérou en ce qui a trait à la libéralisation du marché.
M. Morón
a fait un survol de la façon de mesurer l’ouverture économique, des
publications économiques sur les retombées de la libéralisation du commerce et
des résultats du Pérou par rapport aux autres pays d’Amérique latine. Il a
remarqué qu’il existait une relation d’ordre général selon laquelle l’ouverture
entraîne une croissance économique qui, elle, réduit la pauvreté. Malgré cette
relation générale, il insiste que, à elle seule, l’ouverture économique
n’entraîne pas nécessairement une réduction de la pauvreté; d’autres facteurs
jouent un rôle déterminant pour amplifier ou diminuer les retombées de
l’ouverture économique. Il a ajouté que le développement de l’infrastructure,
la souplesse de la main-d’œuvre, l’éducation et le bon gouvernement sont tous
des éléments cruciaux d’une stratégie d’expansion économique.
Il est
ressorti clairement des données économiques présentées par M. Morón que
les pays qui ont ouvert leur marché dans les années 1980 et 1990
(« mondialistes ») ont en général connu une croissance plus rapide
que les pays dont les marchés sont demeurés fermés (« non mondialistes »).
Le reste de sa présentation s’est concentrée sur les mécanismes au moyen
desquels l’ouverture économique contribue à la croissance, y compris favoriser
l’avantage comparatif, attirer les investissements et les importations qui
augmentent la productivité, améliorer l’accès au marché, et imposer une
discipline politique aux processus institutionnels.
Le débat qui a
suivi portait surtout sur le rôle du commerce en tant que producteur de
richesse et sur le besoin de politiques efficaces de redistribution pour que tous
bénéficient des retombées du commerce. Il y avait consensus sur la nécessité
d’en faire plus pour que l’ouverture économique soit durable et pertinente sur
le plan social. On a fait remarquer que l’État joue un rôle important dans la
redistribution des revenus et de la richesse, mais que les politiques fiscales
et les transferts publics en Amérique latine ne sont pas suffisamment
redistributifs – les revenus disponibles dans la région ne sont pas distribués
plus équitablement que les revenus avant impôts.
On a aussi
abordé la question des répercussions potentielles du ralentissement économique
sur le commerce et l’incidence économique à court terme des accords de
libre-échange. Le Pérou a bénéficié du commerce et de l’ouverture, mais un
ralentissement du commerce et de la croissance économique pourrait entraîner
une baisse de l’emploi. En même temps, un rajustement économique à court terme
est souvent nécessaire lorsqu’un accord de libre-échange entre en vigueur. Ces
effets à court terme, qui pourraient coïncider avec le ralentissement
économique, peuvent donner l’impression que le libre-échange nuit à l’emploi,
ce qui fait naître des doutes sur le bien-fondé du libre-échange et de
l’ouverture économique.
4. La main-d’œuvre, la pauvreté et l’égalité entre les sexes dans le
contexte de la libéralisation du commerce au Pérou
La deuxième
journée de l'Atelier d’information sur le commerce a débuté par une table ronde
d’experts à propos de certains enjeux plus vastes liés à la libéralisation du
commerce. Le débat était animé par Mme Norma Correa, chargée de
projet au Consortium d'investigation économique et social (CIES). Le groupe
d’experts était composé de M. Waldo Mendoza, chef du département
d’économie à la Pontifica Universidad Católica del Peru (PUCP) et président du
conseil d’administration du CIES, de Mme Janina León,
professeure agrégée au département d’économie de PUCP et de M. Juan
Chacaltana, chercheur principal au Research Center for Development and
Participation (CEDEP).
M. Waldo
Mendoza a pris la parole en premier et a principalement traité du commerce
international et de la pauvreté. Il a signalé deux enjeux contemporains au
Pérou qui ont trait au commerce et à la pauvreté : l’accord de
libre-échange conclu récemment entre les États-Unis et le Pérou ainsi que le
contexte économique international au sein duquel les échanges commerciaux
s’effectuent.
Selon
M. Mendoza, une partie importante des activités économiques au Pérou se
retrouve dans les secteurs des ressources naturelles, notamment l’exploitation
minière et l’agriculture. Ces secteurs ont affiché une forte croissance dans
les dernières années, principalement en raison des deux enjeux précités. Avant
l’accord de libre-échange É.-U.-Pérou, les É.-U. avaient octroyé, de manière
unilatérale, un accès préférentiel au marché aux marchandises péruviennes, ce
qui avait augmenté la production (particulièrement en agriculture) et
l’exportation au Pérou. Au même moment, l’explosion des prix des produits de
base à l’échelle mondiale avait fait augmenter la valeur des exportations
péruviennes, favorisant l’expansion économique au pays.
Toutefois,
cette situation a beaucoup changé. Les prix des produits de base ont chuté, ce
qui signifie que les exportations péruviennes ont perdu de leur valeur sur le
marché international. Pendant ce temps, l’accord de libre-échange entre les
É.-U. et le Pérou marque la fin de l’accès préférentiel du Pérou au marché
américain, puisque les tarifs péruviens sur les marchandises américaines,
particulièrement les produits de l’agriculture, commenceront à diminuer. Ce
faisant, l’offre de produits américains à moindre coût pourrait, dans certains
cas, faire baisser les prix reçus par les fermiers péruviens pour leurs
marchandises. La combinaison de ces facteurs pourrait avoir des répercussions
importantes sur les producteurs agricoles du Pérou, qui sont nombreux à compter
parmi les personnes les plus pauvres du pays.
Mme Janina
León a ensuite pris la parole et traité de l’activité économique, de l’emploi
et de l’égalité hommes-femmes. Elle a insisté sur l’importance des échanges
commerciaux comme moteur de croissance économique, sans lesquels, selon elle,
il n’y aurait pas de nouveaux emplois pour les femmes.
Mme León
a aussi présenté un survol de l’état du marché de l’emploi pour les femmes au
Pérou. Elle a précisé que les femmes des régions urbaines gagnent plus que
leurs homologues des régions rurales, mais que les femmes en général sont
encore moins présentes sur le marché, ont un plus haut taux de chômage, des
salaires moindres et travaillent moins d’heures que les hommes.
En raison de
l’absence de données fiables sur les sexes et le travail au Pérou, Mme León
a mis l’accent sur deux études de cas spécifiques portant sur les femmes qui
sont de plus en plus actives sur le marché du travail en raison de
l’exportation. Dans les deux études de cas, dont l’une portait sur
l’exportation d’artisanat et l’autre, à plus grande échelle, sur la production
agricole fondée sur l’exportation, on a conclu que les échanges commerciaux
favorisaient la participation des femmes, généraient des emplois pour les
femmes, réduisaient la pauvreté et amélioraient l’accès aux services sociaux et
médicaux (qui sont offerts, dans bien des cas, par des entreprises privées et
non par l’État).
Toutefois, Mme León
a donné à entendre que l’actuel ralentissement économique pourrait renverser
cette tendance, car moins d’exportations signifie moins d’emplois, des salaires
moindres et une augmentation de la pauvreté. De plus, si les entreprises
cessent leurs activités en raison des mauvaises conditions économiques, cela
pourrait réduire l’accès aux services sociaux et médicaux pour les femmes.
Le dernier à
prendre la parole a été M. Juan Chacaltana, qui a parlé de l’emploi, du
commerce et des jeunes. Il a d’abord fait un survol des conditions du marché du
travail au Pérou. Il y a eu un fulgurant essor de l’emploi au Pérou ces
dernières années, notamment des emplois officiels ou « enregistrés ».
L’augmentation des emplois officiels a été particulièrement forte dans
certaines villes hors de Lima, et dans les secteurs primaires, notamment
l’agriculture.
Toutefois, les
jeunes, soit les personnes âgées de 15 à 29 ans, ont peu profité de cet
essor de l’emploi. De plus, l’avenir est sombre pour les jeunes, puisqu’ils
semblent les premières victimes des ralentissements économiques cycliques.
On a aussi
souligné que les emplois les plus intéressants pour les jeunes sont dans des
moyennes et grandes entreprises axées sur l’exportation. Ces entreprises
offrent de meilleurs salaires aux jeunes, et, bien que l’écart entre les
conditions de travail des jeunes et celles des travailleurs plus âgés soit plus
important que dans le marché du travail en général, les possibilités de
carrière pour les jeunes sont également meilleures.
M. Chacaltana
a conclu en mentionnant un défi politique important au Pérou, soit la nécessité
d’intégrer les jeunes à la société. Le quart d’entre eux sont sans emploi et ne
sont pas aux études, et il arrive souvent qu’ils se tournent vers le crime,
l’extorsion et le vol.
En raison de
la longueur des présentations et du retard pris au début de la séance, il
restait peu de temps pour le débat. Les parlementaires ont tout de même eu
l’occasion d’aborder les répercussions possibles des accords de libre-échange
entre le Pérou et les États-Unis et le Canada sur la croissance économique au
pays ainsi que les enjeux relatifs au système d’éducation au Pérou et au besoin
d’une réforme pour améliorer les possibilités d’emploi pour les personnes en
marge de la société.
5. Principaux enjeux politiques des relations économiques entre le
Canada et le Pérou
La dernière
séance de l’Atelier d’information sur le commerce portait principalement sur
les relations économiques bilatérales Canada-Pérou. Comme pour les séances
précédentes, on a débuté par une table ronde d’experts. Le groupe d’experts
était composé de M. Álvaro Diaz, conseiller au ministère du Commerce et du
Tourisme du Pérou, M. Luis Carlos Rodrigo Prado, président de la Chambre
de commerce Canada-Pérou et M. Claudio Herska, du Peruvian Institute of
Business Management. La discussion était animée par M. Javier
Portocarrero, directeur exécutif au CIES.
M. Álvaro
Diaz a pris la parole en premier et présenté un bref aperçu de l’accord et du
processus de négociation, auquel il a participé étroitement. Selon lui, le
principal élément de l’accord était l’élimination des tarifs, bien qu’il
comporte d’autres dispositions importantes dans des domaines comme la
protection des investissements et les règles d’origine. L’accord inclue
également deux accords parallèles sur la main-d’œuvre et l’environnement. L’accord
sur la main-d’œuvre vient confirmer la Déclaration sur les droits des
travailleurs de l’Organisation internationale du travail (OIT)et comprend et comprend un certain soutien au
renforcement des capacités concernant les normes d’éducation et les compétences
techniques au Pérou.
M. Diaz
s’est montré optimiste quant au potentiel de l’accord d’améliorer les relations
économiques Canada-Pérou. Il a ajouté que les négociateurs canadiens étaient,
selon son expérience, les meilleurs qu’il ait côtoyés, en termes de capacité à
négocier de manière respectueuse et transparente.
Le second à
prendre la parole a été M. Luis Carlos Rodrigo, qui a mis l’accent sur les
avantages attendus de l’accord pour le Pérou, à savoir, l’occasion qu’il offre
au pays d’améliorer ses normes et sa réglementation. Selon lui, cet accord de
libre-échange, ainsi que les deux accords parallèles, représentent un moyen
important d’obliger le Pérou à mettre en œuvre un cadre juridique plus efficace
et transparent et à hausser ses normes concernant les droits des travailleurs
ainsi que le degré d’application des règlements environnementaux et la
responsabilité sociale des entreprises.
La dernière
présentation a été celle de M. Claudio Herska et portait sur l’accord de
libre-échange Canada-Pérou dans le contexte du ralentissement économique
mondial, et notamment sur trois enjeux spécifiques. Premièrement, la
réglementation et la réforme du marché. Il a précisé que les secteurs bancaires
au Canada et au Pérou sont relativement stables et insisté sur l’importance du
flux de capitaux pour assurer une reprise rapide de l’économie dans les deux
pays.
Deuxièmement,
l’augmentation du protectionnisme dans le monde. Selon M. Herska, les
subventions, les droits antidumping et les droits compensateurs, ainsi que les
obstacles non tarifaires, sont tous à la hausse, et c’est ce protectionnisme
grandissant qui nuira à la croissance économique du Canada et du Pérou si rien
n’est fait pour le contrer.
Le troisième
enjeu compte deux volets, soit l’environnement et les services publics.
Concernant l’environnement, M. Herska a affirmé que le Pérou avait eu de
mauvaises expériences dans le passé en ce qui a trait aux investissements du
secteur privé, notamment dans les secteurs primaires comme l’exploitation minière.
Plusieurs entreprises ont entamé des activités d’exploitation minière qui ont
par la suite été abandonnées, ou qui sont demeurées en plan lorsque
l’entreprise a fait faillite. En raison de lacunes dans la réglementation et
l’application des lois, de nombreux sites d’exploitation minière ont causé de
graves dommages à l’environnement. Bien que les pratiques actuelles
d’exploitation minière au Pérou se soient nettement améliorées, l’image des
entreprises étrangères souffre toujours en raison de ces projets datant de 20 à
30 années, et les investissements dans le domaine minier font encore
l’objet d’une forte résistance de certains groupes au Pérou.
En ce qui
concerne les services publics, M. Herska estime que le gouvernement
péruvien a un imposant défi à relever dans la prestation de services dans les
régions éloignées du pays. Une question connexe est le besoin de répondre aux
divers besoins des nombreux groupes indigènes du Pérou. Selon M. Herska,
les occasions sont nombreuses pour le Canada et le Pérou de partager leurs
pratiques exemplaires à cet égard.
Le débat qui a
suivi a donné lieu à un vif échange avec plusieurs membres indigènes du Congrès
péruvien, qui ont prétendu qu’aucune information n’avait été fournie sur les
détails de l’accord de libre-échange Canada-Pérou, ce qui empêchait les
parlementaires élus d’exprimer une opinion sur ses modalités. Cette affirmation
a été vigoureusement contestée par les trois conférenciers, selon lesquels l’un
des défis constants en matière de libre-échange et de mondialisation est que
les idéologies s’affrontent, ce qui rend difficile la tenue d’un débat
rationnel.
Le reste de la
discussion a porté sur deux sujets, à savoir le commerce et l’environnement, et
la réforme en éducation. En matière d’environnement, on a mentionné que le
problème principal de l’exploitation minière au Pérou ne résidait pas dans la
réglementation en tant que telle, mais dans son application. Rappelons que la
réputation des entreprises minières au Pérou est entachée en raison des actions
posées il y a 20 ou 30 ans. Mais, à ce jour, l’exploitation minière
demeure une activité favorable à l’économie, générant des emplois et des
revenus importants pour les collectivités locales.
En matière
d’éducation, les parlementaires ont soulevé la nécessité de réformes
importantes. Le gouvernement a approuvé un plan d’éducation national, mais ce
plan fait face à une forte résistance dans certains milieux. Le Pérou affiche
l’un des pires rendements de toute l’Amérique latine en termes de résultats
scolaires. Les parlementaires ont constaté qu’il y a une pénurie d’enseignants
et trop d’universités de piètre qualité. Les étudiants décrochent un diplôme
universitaire, mais manquent de compétences et sont endettés, ce qui suscite
déception, attentes vaines et problèmes sociaux. En conséquence, le Pérou
pourrait bientôt faire face à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée.
AUTRES RÉUNIONS
En plus de
participer à l’Atelier d’information sur le commerce, la délégation canadienne
a eu l’occasion de rencontrer plusieurs membres du Congrès péruvien. Ces
réunions visaient à prôner une participation accrue des parlementaires
péruviens au FIPA et d’inviter les membres du Congrès péruvien à la 6e assemblée
plénière du FIPA à Ottawa en septembre 2009.
La délégation
canadienne a aussi rencontré des représentants d’entreprises canadiennes qui
exercent leurs activités au Pérou afin d’en apprendre davantage sur les
problèmes et les défis auxquels font face les Canadiens qui commercent et
investissent au Pérou. Les membres du Parlement du Canada ont aussi eu la
chance exceptionnelle de visiter le site d’un projet de reconstruction après
séisme de l’Agence canadienne de développement international (ACDI).
1. Réunions avec les membres
du Congrès péruvien
La délégation
canadienne a passé la journée du 24 mars dans des réunions avec des
membres du Congrès péruvien. La délégation a rencontré des membres de la Ligue
parlementaire Canada-Pérou, des parlementaires péruviens actifs au sein du FIPA
ainsi que des parlementaires indigènes.
Au cours de
ces réunions, les membres de la délégation canadienne et leurs collègues
péruviens ont discuté d’une large panoplie de sujets. Par exemple, ils ont
parlé des relations économiques Canada-Pérou et de l’accord de libre-échange
récemment signé par les deux pays, du ralentissement économique à l’échelle
mondiale et de la stratégie du Pérou pour faire face aux défis relatifs à ce
ralentissement. En outre, les parlementaires ont échangé des opinions et des
idées à propos des affaires étrangères en Amérique latine et des problèmes de
développement du Pérou, à savoir sa dépendance aux secteurs primaires pour
stimuler la croissance économique et la nécessité de réformes juridique et
institutionnelles au pays.
La délégation
a rencontré Mme Hilaria Supa, présidente du groupe des
parlementaires indigènes. Ils ont principalement discuté de la diversité
culturelle et de la pauvreté en région rurale. En effet, les parlementaires se
sont penchés sur les questions des communautés isolées du Pérou et des
répercussions de la foresterie et de l’exploitation minière dans ces régions.
En outre, ils ont soulevé des préoccupations quant aux effets possibles des
accords de libre-échange entre le Pérou et des pays comme les États-Unis et le
Canada sur les groupes indigènes, l’environnement et la culture locale. Selon
eux, ces questions méritent une plus grande attention. Les membres de la
délégation canadienne ont quant à eux traité des questions politiques
concernant les Premières nations du Canada, y compris la pauvreté et les
efforts déployés pour corriger les erreurs du passé en matière de mauvais
traitement des populations autochtones du Canada.
À la clôture
de ces réunions, on a souligné que le FIPA était l’occasion idéale pour les
parlementaires de tout l’hémisphère de discuter des enjeux précités, ainsi que
d’en arriver à des consensus et de favoriser l’entente mutuelle. Les assemblées
plénières du FIPA sont particulièrement importantes pour permettre aux
parlementaires non seulement d’échanger des idées sur les politiques, mais
aussi de bâtir des réseaux personnels. On a souligné que des politiques
gouvernementales sont souvent le fruit de relations personnelles établies lors
de forums tels le FIPA.
Plusieurs
membres du Congrès péruvien ont exprimé leur volonté de participer à
l’assemblée plénière du FIPA en septembre.
2. Réunion avec le Président
du Congrès du Pérou
Au cours d’une
pause entre deux séances de l’Atelier d’information sur le commerce, la
délégation canadienne a eu l’honneur de rencontrer le Président du Congrès,
M. Javier Velásquez. Pendant cet entretien, le Président Velásquez a
remercié la délégation canadienne de sa visite au Pérou et exprimé son
enthousiasme quant au rôle important que joue le FIPA dans la solidification
des relations dans l’hémisphère. De plus, il a rappelé les efforts déployés au
Pérou pour consolider les réformes économiques et ouvrir les marchés. Le
Président Velásquez a souligné le rôle du Canada en tant que partenaire à cet
égard.
Au nom de la
délégation canadienne, M. Ed Holder a remercié le Président Velásquez de
son hospitalité et mentionné qu’il était important pour les parlementaires
canadiens de pouvoir rencontrer leurs homologues des autres pays de
l’hémisphère afin de discuter de politiques et d’échanger des idées. En outre,
il a parlé des progrès accomplis pendant l’Atelier d’information sur le
commerce et noté que cet atelier est un excellent moyen d’accroître les
connaissances et les capacités en matière de commerce des parlementaires des
deux pays, afin qu’ils soient, comme l’a indiqué le Président Velásquez, plus
aptes à prendre des décisions politiques importantes.
M. Holder
a réitéré son invitation au Président Velásquez d’assister à l’assemblée
plénière du FIPA en septembre, lui rappelant que le Pérou a régulièrement
assisté aux réunions du FIPA par le passé et apporté une précieuse contribution
aux discussions.
3. Réunion au Ministère des
Affaires étrangères
À la suite de
l’Atelier d’information sur le commerce, la délégation canadienne s’est rendue
au ministère des Affaires étrangères du Pérou afin d’y rencontrer
M. Néstor Popolizio Bardales, ambassadeur et sous-secrétaire aux Affaires
américaines, ainsi que des fonctionnaires de son ministère. Il s’agissait de la
première occasion pour la délégation de rencontrer un fonctionnaire chargé de
la mise en œuvre de la politique commerciale au Pérou. De plus, les Canadiens
ont pu poser de plus amples questions sur des enjeux et des préoccupations dont
il a été question lors de l’Atelier d’information sur le commerce et des réunions
plus tôt dans la semaine avec les membres du Congrès péruvien.
La politique
péruvienne en matière de commerce et de développement et la relation économique
entre le Canada et le Pérou étaient au centre des discussions.
L’ambassadeur Popolizio a offert son soutien à l’accord de libre-échange
Canada-Pérou et souligné qu’un tel accord constituait une base solide pour la
plate-forme politique de développement économique du Pérou. Également, il a
précisé que la libéralisation du commerce trouvait un large appui au Pérou et
que l’établissement d’accords de libre-échange avec plusieurs puissances
économiques mondiales était motivé par deux facteurs : le désir
d’améliorer l’accès aux marchés pour les exportations du Pérou et d’attirer les
investissements directs étrangers ainsi que la nécessité d’aider le Pérou à
réformer ses lois et règlements pour progresser vers les normes internationales
dans ces domaines. L’ambassadeur Popolizio a aussi manifesté son désir que
le Canada adopte la législation nécessaire à la mise en œuvre de l’accord de
libre-échange bilatéral le plus rapidement possible.
En ce qui a
trait à la politique de développement, la délégation canadienne a discuté de la
participation de l’ACDI au Pérou et du fait que le Pérou a récemment été désigné
comme une destination prioritaire pour le Canada en matière de soutien au
développement. La délégation a conclu que, bien que le Pérou soit un pays à
revenu intermédiaire, il fait face à des défis considérables et à une extrême
pauvreté dans certaines régions.
La délégation
canadienne a aussi profité de l’occasion pour poser des questions sur le
système d’éducation et sur les activités d’exploitation minière au Pérou. En ce
qui concerne la réforme de l’éducation, la délégation a compris que le Pérou a deux
défis à relever, soit le manque d’infrastructures adéquates d’enseignement et
la qualité de l’enseignement. Quant à la question de l’exploitation minière,
les membres ont discuté de certains des problèmes sociaux et environnementaux
associés aux activités d’exploitation minière par le passé. La délégation a
appris que l’exploitation minière informelle est souvent la source de ces
problèmes.
L’ambassadeur Popolizio
a aussi mentionné à la délégation la possibilité d’une visite officielle au
Canada du président du Pérou, Alan Garcia. On a proposé que cette visite
coïncide avec l’adoption de l’accord de libre-échange Canada-Pérou.
M. Holder a proposé que cette visite officielle ait lieu au moment de
l’assemblée plénière du FIPA en septembre.
4. Réunion avec des gens
d’affaires canadiens au Pérou
La dernière
réunion de la délégation canadienne s’est tenue à l’ambassade du Canada à Lima,
où les membres ont rencontré des représentants d’entreprises canadiennes qui
exercent des activités au Pérou. Plus d’une dizaine d’entreprises étaient
représentées. La plupart d’entre elles œuvrent de près ou de loin dans le
domaine de l’exploitation minière, mais d’autres entreprises, entre autres
celles des services financiers, étaient également présentes.
Les thèmes de
l’exploitation minière au Pérou et de l’accord de libre-échange Canada-Pérou
ont dominé la conversation. Au sujet de l’ALE Canada-Pérou, il s’est dit que
l’accord favorisera l’augmentation des échanges entre les deux pays, tout en
contribuant à la transparence et à des normes réglementaires plus élevées au
Pérou. L’accord rehaussera également la confiance des investisseurs envers le
Pérou et facilitera les nouveaux projets d’investissement dans ce pays. Tous se
sont entendus pour dire qu’il serait coûteux de reporter la mise en œuvre de
l’accord Canada-Pérou, puisque les entreprises américaines jouissent d’un atout
concurrentiel au Pérou en raison de l’accord de libre-échange É.‑U.-Pérou
déjà en vigueur.
Au sujet du
secteur de l’extraction, les entreprises canadiennes ont décrit certaines de
leurs activités en matière de responsabilité sociale des entreprises :
leur apport au développement économique local, y compris, dans certains cas, le
versement d’un pourcentage de leurs bénéfices aux régions du pays qui ne
reçoivent pas beaucoup d’aide de l’État. Les entreprises ont également discuté
des préoccupations environnementales et sociales soulevées par l’exploitation
minière au Pérou. Elles ont fait remarquer que la résistance à l’exploitation
minière était largement attribuable aux dégâts causés à l’environnement par les
conséquences désastreuses de l’exploitation minière irresponsable du passé. À
l’heure actuelle, une certaine exploitation minière non officielle cause des
problèmes, mais le gouvernement du Pérou manquerait de moyens ou de volonté
pour la réglementer.
Néanmoins, la
situation actuelle de l’exploitation minière s’est grandement améliorée :
tous les projets des 10 à 15 dernières années étaient conformes aux normes
internationales, une loi est en vigueur exigeant que les entreprises ferment
adéquatement les exploitations minières, l’application et le respect des normes
environnementales se sont améliorés, le gouvernement du Pérou redistribue
maintenant 50 % de l’impôt sur les mines aux collectivités où les
activités minières ont lieu. La délégation a d’ailleurs appris que cette
politique a causé quelques difficultés dans les collectivités, qui souvent ne
sont pas outillées pour gérer ces importantes sommes d’argent.
5. Visite du site d’un
projet de l’ACDI
La dernière
journée, la délégation du Canada, accompagnée de l’ambassadeur du Canada au
Pérou, Ambassador Lecoq, a visité le site du projet de reconstruction de l’ACDI
à Chincha Baja, à 300 kilomètres au sud de Lima. Chincha Baja est l’une des collectivités ravagées par le tremblement de terre du 15 août 2007,
qui a fait 529 morts et détruit ou endommagé plus de
100 000 foyers.
Dans les jours
qui ont suivi le séisme, le gouvernement du Canada s’est engagé, par
l’intermédiaire de l’ACDI, à investir 2 millions de dollars pour
l’évacuation et le sauvetage dans la région. La moitié de cette somme est
parvenue par des voies d’aide multilatérale comme la Fédération internationale
de la Croix-Rouge, et l’autre moitié a été versée à des projets bilatéraux
locaux. Une somme supplémentaire de 11 millions de dollars a été approuvée
plus tard pour les réparations et la reconstruction à long terme.
La délégation
voulait visiter à Chincha Baja deux projets menés par un organisme non
gouvernemental local, « Amigos de Siempre », et par le club Rotary du
Canada, avec l’appui financier de l’ACDI. Le premier, qui a reçu
60 000 $ en financement d’urgence de l’ACDI, était la reconstruction
d’une école primaire. L’ambassadeur Lecoq et la délégation du Canada l’ont
visitée avec des élèves de l’école, qui ont accueilli la délégation par des
discours, des danses traditionnelles et des poèmes. L’ambassadeur Lecoq et la
délégation ont aussi participé à l’inauguration de l’une des salles de classe
qui vient d’être reconstruite et ont remis des cadeaux aux enfants.
Le deuxième
projet était la reconstruction d’un centre local d’enseignement professionnel,
qui a reçu 500 000 $ de l’ACDI. Il servira à l’éducation et à la
promotion de l’éducation des femmes pauvres de la collectivité en leur offrant
la possibilité de terminer leurs cours primaire et secondaire pour prendre part
au programme technique-production du centre. L’ambassadeur Lecoq et la
délégation du Canada ont assisté à la cérémonie marquant le début des travaux
et ont placé les premières pierres.
Respectfully submitted,
M. James
Bezan, député
Président, Section canadienne du
Forum interparlementaire des Amériques
(FIPA)