L’Association parlementaire canadienne
de l’OTAN a l’honneur de présenter son rapport sur la session annuelle de
printemps de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, qui s’est tenue à Berlin, en
Allemagne, du 23 au 27 mai 2008. La délégation canadienne était composée
du président de l’Association, le député Leon Benoit, des sénatrices
Raynell Andreychuk et Jane Cordy, des sénateurs Joseph A. Day et
Pierre Claude Nolin, de M. Scott Brison, député.
HISTORIQUE
Cette année, la session annuelle du
printemps s’est tenue à Berlin pour une troisième fois. La première session a
eu lieu quatre ans après la chute du mur de Berlin en 1993, en présence de
16 États membres de ce qui était alors l’Assemblée de l’Atlantique Nord.
En novembre 2000, Berlin a accueilli la 46e session annuelle de
l’Assemblée, qui venait d’être renommée Assemblée parlementaire de l'OTAN, et
qui comptait 19 parlements membres. Cette année, les 26 délégations
des pays membres de l’OTAN se sont réunies à nouveau, en présence de
législateurs de plus de 20 parlements non membres, notamment la Russie,
l’Ukraine, la Géorgie, l’Afghanistan et le Pakistan. En tout, quelque
340 parlementaires ont participé à la session annuelle.
Le président de l’Assemblée, José
Lello, a ouvert la séance plénière, puis Klaus Wowereit, maire de Berlin,
et Göran Lenmarker, président de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE, ont pris
la parole. Ces déclarations préliminaires ont été suivies d’une période de
questions avec le secrétaire général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer,
le commandant suprême des Forces alliées en Europe, le
général Bantz John Craddock, et le vice-chancelier et ministre
des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.
La session de Berlin était la troisième
fois que l’Assemblée parlementaire de l’OTAN servait de forum à des échanges
sur les femmes dans les forces armées. Ces échanges, tenus sur l’heure du midi,
étaient animés par la délégation canadienne à l’Assemblée parlementaire de
l’OTAN, et une soixantaine de participants y ont assisté.
La discussion, présidée par la
sénatrice Jane Cordy, avait pour but d’attirer l’attention des
parlementaires sur la nécessité de promouvoir la présence des femmes en
première ligne dans les missions de maintien de la paix. Selon la présentatrice
Charlotte Isaksson, conseillère principale en sexospécificité des forces
armées suédoises, il est essentiel de tenir compte de la sexospécificité dans
la préparation de tout déploiement militaire. De trop nombreuses opérations en
cours ne comportent aucune « vision d’ensemble », et la question des
femmes est encore trop souvent négligée lors de l’élaboration des plans
opérationnels. La présidente a toutefois noté que les chaînes de commandement
sont de plus en plus sensibilisées à la nécessité d’avoir des femmes au sein
des forces régulières. Les femmes obtiennent de « meilleurs
résultats » non seulement dans leurs échanges avec des femmes ou des
filles sur le terrain, mais aussi lorsqu’elles doivent composer avec
l’hostilité naturelle de la population pour les soldats étrangers. Mme Isaksson
a aussi indiqué que, malgré les ombres au tableau, les officiers supérieurs
sont plus conscients des implications de cette question et comprennent mieux la
Résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui mentionne explicitement
les effets des conflits armés sur les femmes et souligne l’importance de faire
participer les femmes au processus de paix.
Anja Ebnoether, directrice adjointe du
Centre pour le contrôle démocratique des forces armées (Genève), a présenté aux
participants un certain nombre de documents, publiés par le Centre, qui vise à
mieux faire comprendre la sexospécificité et à adapter ce concept aux
situations d’après-conflit. Elle a aussi parlé des difficultés énormes que pose
le recrutement de femmes dans la Police nationale afghane et des efforts
déployés par la communauté internationale pour résoudre ce problème. Elle a
exhorté les parlementaires à ne pas ménager leurs efforts pour sensibiliser
leurs assemblées à la nécessité d’une politique sur cette question dans leurs
forces armées. Pendant le débat qui a suivi, il a été question de la difficulté
de recruter des femmes, mais on a aussi évoqué les efforts de la Hongrie, de la
France et de l’Espagne, où l’enrôlement des femmes a doublé depuis 2000.
M. Daniel P. Fata, sous-secrétaire
adjoint à la Défense (politiques de l’Europe et de l’OTAN), département
américain de la Défense, a exposé le point de vue des États-Unis sur le sommet
de Bucarest devant la Commissionde la défense et de la sécurité.
À propos des efforts de l’Alliance en Afghanistan, il a indiqué que l’adoption
du document sur la vision stratégique de l’OTAN et l’élaboration d’un plan de
mise en œuvre politico-militaire constituaient un beau résultat. Il a souligné
l’importance des efforts supplémentaires consentis par les Alliés, notamment la
France. Parmi d’autres initiatives en matière de capacité de défense,
M. Fata a demandé aux Alliés d’augmenter les dépenses militaires au seuil
convenu de 2 % du PIB, et a indiqué que le secrétaire américain à la Défense
avait proposé d’augmenter le PIB de 0,2 % par année en vue d’atteindre cet
objectif. Concernant l’élargissement de l’OTAN, il s’est dit déçu que la
Géorgie et l’Ukraine n’aient pas reçu de Plans d’action pour l’adhésion (PAA) à
Bucarest. Il a rappelé que le PAA n’est qu’une étape dans le processus
d’adhésion, et que même si les deux pays n’étaient pas prêts à devenir membres
de l’Alliance, ils étaient, d’après lui, prêts à recevoir un Plan d’action pour
l’adhésion. Il considérait néanmoins que le libellé de la déclaration du sommet
sur cette question était un pas dans la bonne direction.
En guise de conclusion, M. Fata a mis
l’accent sur le rôle joué par l’Association parlementaire de l’OTAN pour
appuyer les efforts de l’Alliance. Il s’est dit persuadé que les membres de
l’Assemblée, en leur qualité de députés, sont remarquablement bien placés pour
éduquer leurs collègues et leurs électeurs, et pour proposer de nouveaux
projets à leurs gouvernements et à l’Alliance. Il a souligné l’importance des
communications stratégiques et de la diplomatie publique, et a encouragé les
membres à faire en sorte que les troupes déployées se sentent épaulées par leur
pays.
Les membres ont ensuite discuté de la
contribution de l’Assemblée au Concept stratégique de l’OTAN, et étudié les
différents rapports provisoires de la Commission.
Il y eut ensuite un exposé sur l’état
de la sécurité en Afghanistan, présenté par le lieutenant-général Karimi, chef
des opérations, armée nationale afghane (ANA), et le maréchal de l’Air
Christopher H Moran, commandant adjoint, commandement des forces interarmées
de l’OTAN de Brunssum. Le lieutenant-général Karimi s’est dit résolu à
améliorer continuellement les capacités de l’armée et la formation qui y est
donnée, et a indiqué que pour aider efficacement les forces occidentales à
renforcer la sécurité, l’ANA doit être plus importante que ce qui a été prévu.
Il a dit espérer qu’à l’avenir, le principal rôle de la FIAS serait d’offrir de
la formation et du mentorat aux forces de sécurité afghanes, à mesure qu’elles
assument d’elles-mêmes la direction et l’exécution des opérations.
Le maréchal de l’Air Moran a
présenté le volet opérationnel de la situation en Afghanistan. Il a rappelé le
mandat de la FIAS, et a soutenu que, d’après lui, il ne comportait aucune
limite quant au fait de garantir un environnement sûr au gouvernement afghan, à
l’ONU et aux autres intervenants étrangers. Il a ensuite défini les quatre
phases du développement en Afghanistan, et a indiqué que nous entrons
actuellement dans la troisième phase (stabilisation) et que l’Alliance doit se
préparer à la quatrième phase (transition). L’Alliance doit donc penser à la
meilleure façon de préparer la remise du pouvoir à l’ANA.
M. Moran a aussi indiqué qu’il est
toujours difficile de coordonner les efforts des différents organismes civils
et militaires au pays. Il a rappelé que si les progrès ne sont pas aussi
rapides qu’on pourrait l’espérer, il y a bel et bien progrès. Il a conclu sa
présentation en soulignant qu’il est important que les États membres pressent
leurs chefs d’État et leurs gouvernements à tenir leurs engagements.
La Commission a aussi entendu
M. Franz Joseph Jung, ministre de la Défense de la République fédérale
d’Allemagne, qui a parlé des relations transatlantiques et des relations entre
l’OTAN et l’UE. Il a décrit les nouvelles menaces et les nouveaux défis
auxquels est confrontée l’OTAN. À propos des missions, il a indiqué que le
sommet de Bucarest était important parce qu’il a donné une orientation claire à
la FIAS. En ce qui a trait aux relations entre l’OTAN et les États-Unis,
M. Jung a rappelé aux membres les récentes déclarations des présidents des
États-Unis et de la France en faveur d’une politique de défense européenne
solide. Il y voyait un changement positif, estimant qu’une telle politique doit
être promue en collaboration avec l’OTAN.
À la séance conjointe de la
Commission des sciences et des technologies et de la Commission sur la
dimension civile de la sécurité, un groupe d’experts a fait un exposé sur
la sécurité énergétique en Europe et sur le rôle de la Russie. Le groupe
comprenait entre autres M. Roland Götz, chercheur, Division de la recherche,
Fédération de Russie et CEI, Institut allemand des affaires internationales et
de sécurité, et de Mme Margarita Balmaceda, professeure
agrégée, John C Whitehead School of Diplomacy and International Relations,
Seton Hall University, New Jersey, États-Unis.
M. Götz a présenté les tendances
actuelles et futures de l’approvisionnement et de la demande en énergie en
Europe, en mettant l’accent sur l’essence et le gaz, et le rôle de premier plan
joué par la Russie (contrairement aux prévisions précédentes). Il a indiqué
que la consommation de pétrole ne devrait pas augmenter de manière
significative au cours des 20 à 30 prochaines années en Europe. Près du
tiers du pétrole consommé par les Européens provient de Russie. Selon
M. Götz, les livraisons de pétrole russe en Europe devraient demeurer
stables, les Européens étant plus susceptibles d’importer du pétrole de la
région de la mer Caspienne.
Quant à Mme Balmaceda,
elle a surtout parlé de la dépendance énergétique dans les pays de transit de
l’ancienne Union soviétique. Les oléoducs des anciennes républiques soviétiques
sont connectés à la Russie, qui a réussi à prendre le contrôle du marché des
ressources énergétiques (gaz et pétrole), mais aussi des infrastructures de
distribution. Les pays tributaires de l’énergie ont tenté de diversifier leurs
approvisionnements en établissant des liens avec l’Asie centrale, mais
l’efficacité de ces actions a été fortement limitée par les relations
contractuelles monopolistiques de la Russie avec les pays d’Asie centrale. La
Russie, par l’entremise de Gazprom, a également réussi à créer des entreprises
intermédiaires dans les pays issus de l’Union soviétique. La diversification
géographique ne suffit donc pas; elle doit être jumelée à une diversification
contractuelle.
Après examen de ses différents rapports
provisoires, la Commission a discuté de la contribution de l’Assemblée au
nouveau concept stratégique de l’OTAN. Le sénateur Pierre Claude Nolin (Canada)
a fait valoir que ce nouveau concept devrait tenir compte de cinq éléments
majeurs :
·L’OTAN doit se concentrer sur l’Article 2
du Traité, à savoir que le développement économique fait partie intégrante de
la sécurité;
·Les préoccupations environnementales doivent
être intégrées aux questions de sécurité;
·L’OTAN doit tenir compte des intérêts
spécifiques des pays du Nord;
·L’OTAN devrait établir des paramètres clairs
quant au partage des obligations;
·L’OTAN doit revoir et approfondir le sens de ses
rapports avec l’UE.
Dans le même ordre d’idées, Jan Arid
Elingsen (Norvège) a indiqué que l’OTAN doit définir clairement ses objectifs
avant d’entreprendre une nouvelle mission et les expliquer à la population
locale (électeurs). L’OTAN doit régler le problème des cybers attaques et
améliorer sa coopération à cet égard. Finalement, il a mentionné que l’OTAN
doit résoudre la question de la sécurité énergétique.
Les membres de la Commission de
l'économie et de la sécurité ont entendu M. Douglas Bereuter,
président de la Fondation pour l’Asie et ancien président de l’Assemblée
parlementaire de l’OTAN, qui a expliqué la mission et la structure de la
Fondation pour l’Asie. Il a souligné que la fondation joue surtout un rôle
subventionnaire, par le biais de la société civile et de gouvernements
partenaires en Asie. Sa mission consiste à « contribuer au développement
d'une région Asie-Pacifique paisible, prospère, juste et ouverte ». Les quatre
grands domaines de compétence de la Fondation sont les suivants :
·La réforme et le développement économiques
·La gouvernance, le droit et la société civile,
notamment la formation électorale, l'envoi d'observateurs, etc.
·Les relations internationales
·La responsabilisation des femmes, notamment par
un meilleur accès à l'éducation et au système de justice, et par la lutte
contre la traite des femmes et des enfants
M. Bereuter a aussi donné un
aperçu des activités de la Fondation en Afghanistan. Il a noté que des progrès
ont été réalisés, mais qu’il reste beaucoup à faire pour renforcer les
institutions publiques essentielles, de manière à surmonter les obstacles qui
nuisent à la crédibilité et à la légitimité du gouvernement. Il a ajouté que
l’ONU joue un rôle vital dans ce pays et que même si elle manque de ressources,
elle s’est forgé une excellente réputation.
Après examen de ses différents rapports
provisoires, la Commission a discuté de la contribution de l’Assemblée au
nouveau concept stratégique de l’OTAN. M. Benoit (Canada) a souligné qu’il
fallait se pencher sur le problème de la distribution des ressources et qu’il
était important de conjuguer l’aspect militaire et la distribution de l’aide.
La Commission politique a amorcé
sa séance en examinant le rapport provisoire sur le nouveau programme politique
de l’OTAN, présenté par la sénatrice Raynell Andreychuk (Canada). Un large
débat a suivi. En réponse aux commentaires formulés, la sénatrice Andreychuk a
convenu que les relations entre l’OTAN et l’UE diffèrent de celles de l’OTAN
avec les autres organisations internationales. Elle a ajouté que la nouvelle
version du rapport allait étoffer la section portant sur les relations entre
l’OTAN et l’UE et qu’elle songeait à en faire un chapitre distinct. La
sénatrice Andreychuk a également noté que le succès en
Afghanistan et dans les Balkans
passaient par une coopération plus étroite entre les deux organisations. Elle a
terminé en disant qu’elle était en faveur d’une politique d’ouverture pour la
Géorgie et l’Ukraine.
Respectueusement soumis,
M. Leon Benoit, député
Président
Association parlementaire canadienne de l’OTAN (AP OTAN)