Le député Sukh Dhaliwal a représenté la
Section canadienne de l’Association parlementaire du Commonwealth (APC), à
titre d’observateur, lors de la 33e Conférence régionale des
Caraïbes, des Amériques et de l'Atlantique de l’APC, qui s’est tenue au
CusinArt Resort & Spa, à Anguilla, du 28 juin au
3 juillet 2008.
En tant que représentant de la Section
canadienne de l’Association parlementaire du Commonwealth (APC), j’ai eu le
privilège de participer à la 33e Conférence régionale des
Caraïbes, des Amériques et de l'Atlantique de l’APC, qui a eu lieu au CuisinArt
Resort & Spa, à Anguilla, du 28 juin au 3 juillet 2008. Les
autres pays participants étaient :
Anguilla Antigua-et-Barbuda
Bahamas Barbade
Bermudes Îles
Vierges britanniques
Îles Caïmans Dominique
Guyana Jamaïque
Montserrat Saint-Kitts-et-Nevis
Sainte-Lucie Trinité-et-Tobago
Îles Turks et Caicos Royaume-Uni
(statut d’observateur)
La Conférence, organisée par la Section
anguillaise de l’APC, a réuni des parlementaires pour débattre autour du thème
« The Role of the Legislature in Controlling and/or Contributing to
over-development » (le rôle de l’assemblée législative dans le contrôle et
l’essor du surdéveloppement). De nombreux invités de marque étaient présents,
dont Robert Hughes, un important député de l’opposition à Anguilla.
Lors de la cérémonie d’ouverture, un
discours a été prononcé par l’honorable David Carty, président de l’Anguilla
House of Assembly. Il assume aussi la présidence de la Section régionale et de
la Section anguillaise de l’APC. M. Carty a rappelé que l’APC comble le
manque fréquent de formations offertes aux parlementaires. Grâce à ses pairs,
il a été en mesure d’acquérir les compétences qui caractérisent un bon
président. Il a de plus souligné l’émergence d’une tendance inquiétante, à
savoir que les organisations non gouvernementales et les médias sont en train
de supplanter les parlementaires de l’opposition. Les parlementaires doivent
donc se demander si l’opposition dispose des pouvoirs nécessaires pour
s’acquitter de ses responsabilités démocratiques.
Les activités prévues pour les
participants incluaient une visite guidée de l’île, huit séances thématiques et
plusieurs réceptions. Ce programme a permis de nombreux échanges fructueux
entre les délégués. Durant la Conférence, les délégués ont pu discuter de
questions d’actualité locales et internationales dans une optique de changement
pour les générations futures. Une vaste gamme de sujets ont été couverts
pendant les séances :
·Séance 1 : une véritable indépendance de
l’assemblée législative est plus urgente maintenant que jamais en raison du
développement actuel de nos territoires (Jamaïque).
·Séance 2 : l’assemblée législative n’est
pas en bonne position pour promouvoir le développement politique ou social, et
doit donc se contenter de veiller à ce que les lois soient adoptées
conformément aux règles établies (Trinité-et-Tobago).
·Séance 3 : à quel point la formation sur
les centres financiers offshore et la technologie est-elle essentielle pour que
l’assemblée législative réponde adéquatement aux problèmes de développement
(îles Caïmans)?
·Séance 4 : le développement a tellement
bouleversé notre culture que nous risquons de perdre ce qui nous distingue en
tant que peuple unique des Caraïbes (Barbade).
·Séance 5 : regard sur les véritables
impacts du surdéveloppement et mesures de protection pratiques pour y faire
face (îles Vierges britanniques).
·Séance 6 : comment faire la distinction
entre les crises de croissance du développement et la présence de
surdéveloppement (Anguilla)?
·Séance 7 : l’investissement à
l’étranger : un handicap plus qu’un atout dans nos pays (Bermudes)?
·Séance 8 : l’impact des changements climatiques
sur le développement (Anguilla).
Le surdéveloppement, le thème central
de la Conférence, est un enjeu d’actualité dans les pays des caraïbes qui
connaissent une croissance rapide. La myriade de grands hôtels et de centres de
villégiature qui voient le jour dans ces îles précipite le changement.
Ces pays savent qu’ils ont besoin du
développement pour faire croître leur économie et améliorer la qualité de vie
de leurs citoyens, mais elles peinent à suivre le rythme en raison de leurs
infrastructures et leurs services sociaux. Anguilla, le pays hôte, est aux
prises avec des problèmes d’infrastructure particulièrement épineux. De plus,
l’évacuation des eaux usées et l’élimination des déchets s’avèrent
problématiques pour plusieurs États.
Les pays des Caraïbes vivent aussi des
changements rapides dans leur culture et la composition de leur société, ce qui
les amène à se demander si certains changements ne surviennent pas trop
rapidement. Le crime est par ailleurs devenu un grand sujet de préoccupation aux
Bahamas.
Face à ces défis, on convient de plus
en plus de la nécessité de mettre en place une planification adéquate,
responsable et transparente. Ces pays comprennent de plus en plus l’importance
des consultations pour assurer un développement équilibré.
Il y avait toutefois désaccord à la
Conférence quant à la capacité de l’assemblée législative d’orienter une
nouvelle politique sociale, mais on convenait que les femmes devaient jouer un
plus grand rôle dans les parlements des Caraïbes à prédominance masculine et
qu’on devrait leur confier la gestion de portefeuilles importants sur le plan
économique, comme l’industrie et les finances, et non seulement des
portefeuilles à caractère social.
Deux séances – l’une présentée par
les îles Caïmans et l’autre par les Bermudes – ont permis d’examiner
l’importance de l’investissement direct à l'étranger (IDE) et son impact sur le
développement des États insulaires. De nombreux citoyens se demandent si l’IDE
constitue un handicap ou un atout dans leurs communautés se demandant si
certaines sociétés paient leur juste part puisque les seuls impôts qu’elles
paient sont les droits d’importation sur leurs produits.
Afin d’accroître la responsabilité
sociale d'entreprise chez les investisseurs, on propose de demander aux sociétés
de jouer un plus grand rôle dans la communauté en offrant des bourses d’études
à la population locale. L’idée est vue comme un moyen d’améliorer le niveau
d’éducation et de compétence des populations.
De nombreux immigrants fortunés sont en
train d’acheter les meilleures terres des Caraïbes, et ce, au détriment de la
population locale. Le boom dans la construction de grandes propriétés
appartenant à de riches étrangers morcelle les terres disponibles et appauvrit
certains résidants.
Une autre séance, présentée par la
Barbade, portait principalement sur les effets du développement sur la culture
locale. De nombreux membres de l’APC craignent de perdre leur culture caraïbe
en raison de la vague d’immigration qui transforme la composition ethnique et
culturelle de leurs pays. Cette question a toutefois soulevé un débat et de
profonds désaccords.
La population des Caraïbes augmente
rapidement et de nombreux pays n’ont pas suffisamment d’écoles pour faire face
à cette croissance. Les enseignants manquent de formation appropriée. La
situation pourrait faire baisser le niveau d’instruction de la population et
même nuire à la préservation de la culture.
La Conférence a mis en évidence
l’importance d’une politique publique axée sur les enfants, l’éducation et les
perturbations sociales. Les délégués estimaient que les infrastructures, tant
sociale que matérielle, étaient importantes pour le développement culturel.
La dernière séance de la Conférence,
présentée par l’île d’Anguilla, traitait de l’impact des changements
climatiques sur le développement. Bien que de nombreux économistes aient
considéré l’environnement comme une sorte de produit de luxe que seules les
nations riches peuvent se permettre, la Conférence a révélé une tout autre
réalité : même dans les pays sous-développés, l’environnement devient un
enjeu clé.
Les délégués des Caraïbes s’inquiètent
de l’avenir qu’ils réservent à leurs enfants et à leurs petits-enfants. Ils ont
souligné le besoin d’incitatifs fiscaux pour investir dans les technologies
vertes et l’innovation. Les principales préoccupations dans la région sont les
combustibles fossiles, l’agriculture et l’utilisation des terres.
Le réchauffement climatique est perçu
par les délégués comme la plus grave menace écologique pour l’humanité. Kent
Hughes Butts, analyste de l’armée américaine, a déclaré que les changements
climatiques sont devenus un enjeu de sécurité crucial de l’après-guerre
froide.
L’effet du réchauffement climatique sur
le niveau des mers s’avère critique pour les États des Caraïbes. La hausse du
niveau d’eau pourrait en effet faire disparaître les plages, le principal
moteur de l’économie de ces pays, et même à la limite rayer certains États de
la carte.
En ma qualité d’observateur canadien,
j’ai pu établir un rapport avec les principales leçons apprises par les
Canadiens en matière d’environnement. Nous sommes conscients qu’il faut changer
notre comportement. On reconnaît aussi de plus en plus que les appels à
l’action ne sont tout simplement pas suffisants pour opérer le changement qui
s’impose. Il faut plutôt assigner un prix à la pollution et ne plus laisser les
pollueurs utiliser notre atmosphère comme une décharge gratuite. Pour ce faire,
nous pouvons réduire les impôts perçus sur ce que nous voulons favoriser, comme
les revenus et les investissements, et imposer plutôt ce que nous voulons le
moins, comme la pollution et les déchets. Une telle mesure est à la fois bonne
pour la planète et bonne pour le portefeuille des électeurs. Les délégués étaient généralement d’accord sur ces points.
Il faut des solutions novatrices, du
courage et un engagement à l’égard de l’environnement. Les délégués étaient
persuadés qu’il n’est pas nécessaire de sacrifier l’économie au profit de
l’environnement, et que la prospérité économique peut être atteinte en même
temps que la durabilité de l’environnement.
Il s’agissait de la première conférence
de l’APC à laquelle je participais, et je crois que l’Association et ses
membres méritent des félicitations pour leur contribution à l’avancement de la
démocratie parlementaire par l’amélioration des connaissances et de la
compréhension de la gouvernance démocratique. Ils ont permis aux participants
de la Conférence de s’enrichir et ont joué un rôle essentiel dans la promotion
d’une multitude de questions fondamentales.
En définitive, j’ai été très
impressionné par la qualité des exposés et la profondeur des discussions. En
réseautant et en tirant profit des expériences de chacun, les parlementaires
ont tous contribué de façon importante à l’atteinte d’objectifs communs. Je
tiens également à remercier le pays hôte et la Section anguillaise de l’APC
pour leur accueil chaleureux qui, selon mes découvertes, est typique de la
culture des Caraïbes. Enfin, je suis reconnaissant à la Section canadienne de
l’APC pour sa contribution au succès de la Conférence.
Respectueusement
soumis,
M. Russ Hiebert, député, président pour Sukh Dhaliwal, député
Section canadienne de l’Association parlementaire du Commonwealth (APC)