La délégation parlementaire de la Section
canadienne qui a participé à la réunion de la Commission de la coopération et
du développement de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), tenue à
Cotonou, Bénin, du 28 au 30 avril 2009, a l'honneur de présenter son
rapport. Composée de monsieur Louis Plamondon, député et rapporteur à la
Commission, la délégation était accompagnée de monsieur François Michaud,
secrétaire administratif intérimaire de la Section.
Les sections suivantes étaient
représentées : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Canada, France,
Gabon, Haïti, Jura, Mali, Maroc, Niger, Québec, République centrafricaine,
République du Congo, Sénégal, Suisse, Tchad, Togo.
Mardi le 28 avril 2009
Au début des travaux de la Commission, le
président de l’Assemblée nationale du Bénin, monsieur Mathurin Coffi Nago,
souhaite la bienvenue aux participants ainsi que des débats fructueux.
L’ordre du jour ainsi que le compte rendu
et le relevé de décisions de la réunion du 6 juillet 2009 à Québec,
Canada, sont adoptés à l’unanimité.
Communication du président de la
Commission
Le président de la Commission, monsieur
Mahama Sawadogo (Burkina Faso), souhaite la bienvenue à tous les nouveaux
membres de la Commission et charge M. Plamondon, nouveau rapporteur de la
Commission, de transmettre à la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool, ancienne
rapporteure, le bon souvenir de tous les membres de la Commission et de la
remercier pour son excellente contribution au sein de la Commission.
Il mentionne sa participation à la
Conférence parlementaire de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève
en septembre 2008. À cet égard, il informe la Commission que la requête de
l’APF concernant le Comité de pilotage de l’OMC rencontre quelques problèmes
mais reste confiant quant à sa conclusion.
Le président informe les membres de la
Commission de la tenue du premier séminaire régionale parlementaire autour du
thème du commerce international. Ce séminaire fut organisé conjointement par
l’APF, l’OMC et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et s’est
déroulé à Ouagadougou, Burkina Faso, du 8 au 10 décembre 2008.
Il offre un aperçu fouillé du programme de
la présente séance et mentionne sa participation à la réunion du Bureau de
l’Assemblée, au siège des Nations unies, en janvier 2009.
Interventions devant la Commission
Traduire les objectifs du millénaire en
une loi sur la réduction de la pauvreté
Mme Ginette Karirekinyana, Directrice
de l’Agence Consultative en Éthique de la Coopération Internationale (ACECI),
une organisation non gouvernementale indépendante basée à Québec, présente son
agence et son projet.
ACECI plaide en faveur du facteur humain
dans les grands enjeux mondiaux comme la lutte contre la pauvreté. Son approche
est basée sur les droits de la personne, avec pour principe que s’il y a
pauvreté, il y a déni de droit. Mme Karirekinyana explique que, quoi que
multiples et complexes, les contraintes conduisant à la non-réduction de la
pauvreté ne sont pas insurmontables pour autant que les acteurs nationaux et
internationaux de développement observent rigueur, respect et responsabilité au
sens de l’impératif éthique.
Elle poursuit en affirmant que, pour
relever ce défi éthique collectif, une urgence s’impose : mener une
campagne afin de « Traduire les OMD en une loi type visant la réduction de
la pauvreté. » Mme Karirekinyana indique que c’est là le but de la 3e
édition des Grandes conférences diplomatiques Nord/Sud que le Niger abritera du
15 au 18 juin 2009.
Lors du débat, monsieur Plamondon souligne
que la loi antipauvreté n’est pas seulement un principe philosophique, elle a
obligé, par exemple, le gouvernement du Québec à agir de façon très concrète.
La Crise financière
M. Hervé Cronel, Conseiller spécial
du Secrétaire général de la Francophonie, transmet à la Commission les
salutations du Secrétaire général, M. Diouf, qui est très attaché à
l’Assemblée parlementaire de la Francophonie.
M. Cronel offre une présentation très
intéressante sur la présente crise financière mondiale. Cette crise,
contrairement à ce qui a été vécu par le passé, n’est guère cyclique mais bel
et bien systémique, insiste M. Cronel. Une crise d’un modèle où le crédit
sert de base, ce qui démontre que la crise financière est une crise de
l’endettement. Il poursuit en se penchant sur les conséquences de la crise en
Afrique subsaharienne. Quoiqu’on ne puisse ignorer la baisse réelle de la
demande envers les ressources naturelles des pays africains ainsi que des
investissements directs étrangers, M. Cronel croit que l’Afrique
subsaharienne pourrait en fait bénéficier de la baisse des coûts du transport
et des prix des produits d’entrée de gamme en quête d’acheteur, d’autant plus
que les développements au niveau des infrastructures et de la formation de la
main-d’œuvre sont indéniables.
Lors du débat, monsieur Plamondon souligne
que le modèle canadien de gestion de l’offre pourrait être un modèle
intéressant pour les pays en développement.
Les négociations commerciales du cycle
de Doha de l’OMC
S. E. M. l’ambassadeur Samuel Amehou
fait une présentation exhaustive des négociations commerciales du cycle de Doha
de l’OMC, son historique, son processus et ses nombreux défis. Il conclut en
soulignant la nécessité pour toutes les parties de faire preuve de réalisme et
de flexibilité, car un échec signifierait un report indéfini des espoirs de
rééquilibrer le système commercial multilatéral. Il rappelle que les
parlementaires, en tant que représentants des peuples, peuvent aider à
raisonner les négociateurs.
Le Traité révisé de l’OHADA
M. Hervé Cronel, Conseiller spécial
du Secrétaire général de la Francophonie, fait une présentation sur le traité
révisé de l’OHADA, l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires. L’OHADA, créé en 1993, est un facteur majeur d’intégration et
d’attractivité pour les investissements privés en Afrique de même que pour la
libre circulation des biens, des personnes et des capitaux entre pays
africains. M. Cronel présente l’historique, la structure, la problématique
et le financement de l’OHADA.
Normalisation et développement dans la
Francophonie
M. Hervé Cronel, Conseiller spécial
du Secrétaire général de la Francophonie, fait, au nom de
M. Alain Durand, Secrétaire général du Réseau Normalisation et
Francophonie, une présentation sur le Réseau Normalisation et Francophonie
(RNF). Les défis du développement au 21e siècle sont nombreux
et la normalisation, dans un cadre plus particulièrement scientifique et
technologique, a un rôle déterminant à jouer dans l’affirmation de la performance
et de la compétitivité des entreprises et dans la satisfaction des besoins des
consommateurs et citoyens. Le RNF, s’appuyant sur une communauté de
normalisateurs, métrologues, qualiticiens et certificateurs disposant d’une
langue et d’une culture partagées, peut amener des succès réels.
Mercredi le 29 avril 2009
La République centrafricaine et les OMD
Suivant une modification à l’ordre du
jour, monsieur Alexandre Ferdinand N’Guendet, député et 2e
vice-président de l’Assemblée nationale de la République centrafricaine, fait
une présentation sur la situation actuelle dans son pays et sur ses besoins
criants afin d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD).
Présentation et examen des projets de
rapports
Suivi du Sommet de Ouagadougou :
Contribution de la Francophonie à l’adoption de stratégies nationales de
développement durable et à la formulation de politiques nationales de gestion
des écosystèmes et des ressources naturelles
Le rapporteur, monsieur
Louis Plamondon, député (Canada), rappelle les origines de ce sujet
récurrent à la Commission. Lors du Sommet de Ouagadougou en 2004, l’OIF s’est
vu confier la mise en œuvre de décisions en faveur du développement durable
dans l’espace francophone. L’OIF a inclus ces décisions dans son cadre
stratégique décennal et sa programmation pluriannuelle. Dans cette
programmation, la Mission D, intitulée « Développer la coopération au
service du développement durable et de la solidarité » intéresse tout
particulièrement la Commission. Le maître d’œuvre de la Mission D est
l’Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie, rattaché à
l’OIF et établi à Québec.
La programmation 2006-1009 de la
Mission D étant dans sa dernière année, un bilan doit être fait. Force est
de constater cependant que le Sommet de la Francophonie de Québec s’est fait
avare de détails sur la programmation quadriennale 2009-2012. Pour l’essentiel,
les actions menées par l’OIF et l’IEPF, son opérateur désigné en matière de
développement durable, se résument au réseautage, à la mise en commun et de la
diffusion des connaissances, des savoirs scientifiques et techniques et des
meilleures pratiques, en langue française, par la voie de formations ou de
documentation, ainsi qu’aux accompagnements des pays en développement
francophones dans les grands forums internationaux. Ce sont là donc des
activités importantes et essentielles, axées judicieusement sur les pays du Sud
francophones, quoique peu visibles auprès des populations et des
parlementaires.
Quant à la nouvelle programmation, il
appert que celle-ci devrait s’inscrire dans la continuité de la programmation
2006-2009, tout en accordant plus d’importance aux questions de droit
environnemental.
Le suivi des négociations commerciales
internationales menées dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce
(OMC)
En l’absence de monsieur M.
Germain Chevarie, député et vice-président de la Commission (Québec), le
président de la Commission, lui-même co-rapporteur sur ce thème, présente le
document. Le président fait un bref rappel des négociations commerciales
internationales du cycle de Doha amorcé en novembre 2001 sous l’égide de l’OMC.
Le plus récent rapport sur cette question
a été présenté lors de la réunion qui a eu lieu à Québec, en juillet 2008. Lors
de cette réunion, les membres de la Commission se sont dits préoccupés par
l’impasse prolongée dans les négociations commerciales ainsi que par la crise
alimentaire sévissant dans plusieurs États de la Francophonie. Ils ont
également réitéré leur attachement à l’aboutissement du Cycle de Doha en
adoptant une Résolution sur les négociations commerciales multilatérales
menées dans le cadre de l’OMC.
La crise économique mondiale actuelle
ajoute aux difficultés du Cycle de Doha mais également à son urgence. En effet,
la crise ne manquera pas de se répercuter sur le commerce international et sur
les négociations qui s’y rapportent. Déjà, le défi de l’OMC consiste à tenter
de réfréner les élans protectionnistes qui se manifestent et à convaincre ses
membres que la conclusion de Programme de Doha peut faire partie de la solution
à la crise.
Depuis 2003, l’Union interparlementaire et
le Parlement européen organisent conjointement chaque année une à deux
Conférences parlementaires sur l’OMC. Après une tentative infructueuse, l’APF a
obtenu le statut de « participant » de plein droit aux futures
conférences.
Se prévalant de ce statut, l’APF a été
représentée par le président et le vice-président de la Commission de la coopération et du développement lors de la Conférence parlementaire de l’OMC de septembre 2008. Durant les travaux, la délégation de
l’APF est intervenue à trois reprises, notamment pour faire valoir la nécessité
d’impliquer directement les chefs d’État et de gouvernement dans les
négociations afin de débloquer la situation et, en outre, pour discuter de
l’idée d’une exception agricole sur l’exemple de l’exception culturelle dans
les négociations du Cycle de Doha.
Monsieur Sawadogo souligne les
activités de la Commission liées aux négociations menées sous l’égide de l’OMC,
à savoir sa participation à la Conférence parlementaire sur l’OMC, sa
participation au Comité de pilotage de la Conférence parlementaire sur l’OMC,
l’organisation de séminaires parlementaires régionaux en partenariat avec l’OMC
et l’OIF, l’audition de représentants de l’OMC et des gouvernements des
sections membres, et les actions de l’OIF dans le processus de l’OMC.
En conclusion, il souligne que, quelle que
soit l’issue que connaîtront les négociations, la Commission se doit de continuer
à en assurer le suivi et de poursuivre ses actions de sensibilisation sur ces
importantes questions auprès des parlementaires de l’espace francophone. Enfin,
l’APF doit miser sur la détermination de positions communes pour l’espace
francophone en matière de commerce international, guidées non pas seulement par
des intérêts mercantiles, mais aussi par un souci d’équité et de solidarité. Il
est capital de veiller ainsi à ce que l’issue des négociations commerciales ne
contrevienne pas aux engagements pris dans le cadre d’autres conventions et
accords internationaux soucieux de servir l’intérêt des populations.
L’intelligence économique dans les pays
francophones
Le rapporteur, monsieur
Jean-Pierre Dufau (France), présente ce sujet, nouveau thème au sein de la
Commission.
L’intelligence économique comprend, sur le
plan opérationnel, des actions de veille (acquérir l’information stratégique
pertinente), de sécurité (ne pas laisser connaître ses secrets) et d’influence
(propager une information ou des normes de comportement et d’interprétation qui
favorisent sa stratégie). Les pouvoirs publics se voient dévolus un rôle de
stratège dans la définition des moyens à mettre en œuvre pour préserver leur
place dans l’économie mondialisée et assurer l’indépendance et le niveau de vie
de leur population. La défense des intérêts nationaux passe par le
développement et l’exploitation des avantages comparatifs. La finalité de
l’intelligence économique est donc la compétitivité au service de la
souveraineté.
Monsieur Dufau compare l’intelligence
économique en France, au Maroc, au Québec et au Canada et conclut en soulignant
que la paix économique par la coopération, l’intelligence économique comme
partage de l’information stratégique, tel peut être le message adressé aujourd’hui
par la francophonie dans un monde toujours tenté par les confrontations
belliqueuses, qu’elles soient militaires ou économiques.
La crise alimentaire et la hausse des
prix
Monsieur Mohamed Najib Boulif
(Maroc), à titre de rapporteur, présente les origines de la crise et l’état
actuel de la situation.
La généralisation de la hausse des prix
des aliments de base et des denrées de première nécessité dans la plupart des
pays du monde, et ceux en voie de développement essentiellement, est le
résultat du processus de la mondialisation et de l’interconnexion planétaire.
Cependant, ce qu’il faut remarquer, c’est
que les conséquences de cette crise alimentaire planétaire sur les pays ne
sont pas les mêmes. En effet, dans les pays les plus pauvres, le budget
alimentaire constitue déjà plus de 70 % du budget total d’un ménage
(contre 10-20 % dans les pays développés), ce qui signifie que le
doublement des prix alimentaires de ces trois dernières années entraînera
l’aggravation de la pauvreté de pas moins de 100 millions d’Africains des
pays à bas revenus.
Monsieur Boulif offre plusieurs pistes de
solutions. Il est clair que l’aide internationale n’est pas la solution à long
terme pour sortir de la crise, mais la fin du protectionnisme des pays
développés en matière agricole serait un bon départ. Une « révolution
verte » dans les pays en voie de développement est également essentielle
afin de préserver les ressources (eau, terre, écologie, etc.) tout en profitant
d’investissements étrangers.
Gouvernance économique
Les co-rapporteurs, madame Amissétou Affo
Djobo Oloude (Bénin) et monsieur André Burri (République et canton du
Jura), offrent une présentation détaillée sur la gouvernance économique.
En un premier temps, monsieur Burri
souligne que la Francophonie a déjà pris certains engagements dans le domaine
de la gouvernance économique mais qu’elle devrait raffermir son action car elle
est essentielle pour le développement économique durable et responsable.
Pour arriver à une saine régulation on
doit disposer d’un arsenal de prescriptions législatives, d’une surveillance de
l’application et de la bonne exécution de ladite législation, mais aussi
d’institutions gouvernementales et non gouvernementales qui se consacrent à
cette tâche des plus ardues. Il ne faut surtout pas sous-estimer la force des
nouveaux acteurs qui apparaissent à côté des États pour aider à la régulation
sans enfreindre les principes de souveraineté nationale.
Il faut évidement aussi être conscient
du fait qu’avec la mondialisation nous avons à faire à un choc des cultures au
niveau de la notion de gouvernance, de réglementation, de transparence
économique et de responsabilité sociale, ce qui explique, entre autres, les
différences que l’on peut rencontrer sur le sujet de la gouvernance économique
d’un continent à l’autre.
Monsieur Burri parle ensuite de la
gouvernance au niveau mondial, avec plusieurs exemples venant de l’OCDE, du G8,
de l’OMC, de l’UE, etc. Il offre ensuite des exemples au niveau des pays et
régions membres de l’APF, avec la France, la Belgique, le Val d’Aoste, le Jura
et le Canada, pour finalement conclure avec les tristement célèbres affaires
Enron et Parmalat.
En un deuxième temps, madame Dobo offre
une définition de la Banque mondiale pour le concept de gouvernance économique,
à savoir « la manière dont le pouvoir est exercé dans la gestion des
ressources économiques et sociales d’un pays en vue du développement », où
les principes de transparence, de responsabilité et d’habilitation jouent un
rôle primordial.
Elle offre une analyse de cas de quelques
pays de l’APF, à savoir l’Égypte, Madagascar, le Gabon, le Cameroun et le
Bénin. Elle conclut en soulignant que la gouvernance économique en Afrique, par
rapport à d’autres régions du monde, doit servir d’instrument de réduction de
la pauvreté. Réduire la pauvreté exige des pratiques de responsabilité sociale
fondées sur des valeurs éthiques comme le respect des employés, la prise en
compte des attentes de la société civile et la protection de l’environnement.
Par conséquent, l’élaboration et l’application des principes de la gouvernance
doivent aller au-delà des normes de gestion économique et financière pour
analyser les enjeux par rapport aux attentes et intérêts des populations.
Les titres fonciers
M. Hervé Cronel, Conseiller spécial
du Secrétaire général de la Francophonie, présente une communication portant
sur la sécurisation des titres fonciers dans les pays de l’espace francophone,
dossier important qui est lié avec les travaux menés par le notariat
francophone.
Concluant les travaux, le président de la
Commission a évoqué le suivi des résolutions adoptées par la Commission et la
participation de quelques membres de la Commission aux travaux de la Ve session
du Parlement Francophone des jeunes qui se tiendra au mois de juillet prochain.
La délégation a également profité de son
séjour au Bénin pour y rencontrer le Consul honoraire du Canada au Bénin,
monsieur Joseph-Louis Hounton. La délégation a pu profiter de ses connaissances
approfondies du Bénin et de cette région d’Afrique et remercie une fois de plus
le Consul honoraire pour son chaleureux acceuil.
Respectueusement soumis,
Louis Plamondon, député
Membre de la Section canadienne de
l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF)