Du 15 au 18 août 2010,
l’honorable sénateur Dennis Dawson a dirigé une délégation de membres de la
Section canadienne du Groupe interparlementaire (GIP) Canada-États-Unis à la 50e Réunion
annuelle et au forum régional sur les politiques de la Conférence régionale de
l’Est (CRE) à Portland, dans le Maine. Les autres membres de la délégation
étaient l’honorable sénateur Robert Runciman, M. Christian Ouellet,
député, et M. Phil McColeman, député.
LA MANIFESTATION
La CRE, qui se réunit tous les ans, est
une association régionale de législateurs des États et des provinces de
19 gouvernements membres des États-Unis et du Canada (prière de se
reporter à l’annexe A). En facilitant la coopération entre ses
gouvernements membres, la CRE fait la promotion de solutions multi-États ou de
dimension régionale aux problèmes et aux défis qui se posent aux législateurs
des États et des provinces.
OBJECTIFS DE LA DÉLÉGATION POUR LA
MANIFESTATION
Le Canada et les 11 États de la
CRE entretiennent des relations mutuellement bénéfiques. Selon des chiffres
récents, près de 1,5 million d’emplois dans les États de la CRE sont
tributaires du commerce canado-américain, dont la valeur a récemment été
établie à 121,7 milliards de dollars dans la région : la valeur
des exportations des 11 États vers le Canada s’est élevée
à 37,2 milliards de dollars, tandis que leurs importations en
provenance du Canada ont atteint une valeur dépassant les 84 milliards
de dollars. En outre, des données récentes donnent à penser que les Canadiens
ont fait plus de 7,3 millions de séjours dans les États de la CRE au
cours d’une période de 12 mois et y ont dépensé près
de 2,1 milliards de dollars, tandis que les résidants des États de la
CRE ont fait environ 4,1 millions de séjours au Canada, y dépensant plus
de 1,7 milliard de dollars.
Le Groupe interparlementaire
Canada-États-Unis a pour objectif de trouver des points de convergence dans les
politiques nationales respectives, d’amorcer un dialogue sur les éléments de
divergence, d’encourager l’échange d’informations et de promouvoir une
meilleure compréhension entre législateurs sur des questions d’intérêt commun.
Les membres de la Section canadienne du GIP rencontrent régulièrement leurs
homologues fédéraux et, ces dernières années, ils ont assisté à des réunions de
gouverneurs et de législateurs des États. À ces manifestations, les délégués
canadiens saisissent l’occasion de tenir des conversations qui contribueront à
l’atteinte par le Groupe de ses objectifs, et de faire connaître la nature et
la portée de ces relations bilatérales.
Les délégués canadiens ont estimé que
la réunion annuelle de 2010 de la CRE avaient constitué une occasion précieuse
de discuter des nombreuses possibilités qui s’offrent au Canada et aux États de
l’Est des États-Unis de collaborer en vue de l’amélioration de la situation
économique de la région. La délégation canadienne a été particulièrement
heureuse de discuter du potentiel d’expansion des couloirs de transport de
l’Est afin de rehausser la vitalité économique et culturelle de la région.
Animé du sentiment que les membres de la Section canadienne du Groupe ont pu
réaliser leurs objectifs dans le cadre de cette manifestation, le GIP se
propose d’assister à d’autres réunions annuelles à l’avenir dans la CRE pour
poursuivre son action de promotion des intérêts canadiens dans l’Est des
États-Unis.
ACTIVITÉS PENDANT LA MANIFESTATION
À l’occasion de la réunion annuelle
de 2010, la CRE a traité un certain nombre de sujets, dont le commerce,
l’énergie propre et les transports. La délégation canadienne s’est réjouie de
pouvoir discuter d’un éventail de questions régionales d’importance nationale
pour le Canada et les États-Unis. La délégation a, en particulier, bénéficié de
discussions sur les nombreuses possibilités qui s’offrent au Canada et aux
États de l’Est des États-Unis de collaborer en vue de l’amélioration des
infrastructures de la région en matière de transport et d’énergie propre, ainsi
que des liens commerciaux entre les États de l’Est des États-Unis et les
provinces canadiennes. La délégation entrevoit avec intérêt de futures
discussions avec des responsables américains au sujet de l’avenir économique
prometteur de la région.
Ce rapport résume les discussions
tenues en plénière et pendant certaines des délibérations parallèles qui se
sont tenues à la réunion.
RELATIONS CANADO-AMÉRICAINES
Les discussions canado-américaines ont
mis en relief l’importance du commerce bilatéral pour les deux pays. Les
participants ont insisté sur le fait que le Canada et les États-Unis
entretiennent la plus importante relation commerciale au monde, et diverses
personnes ont attiré l’attention sur le fait que les deux pays sont des
« partenaires de production », que leurs économies sont profondément
intégrées et que leurs relations commerciales recouvrent tous les grands
secteurs d’activité. Selon Mme Linda Menghetti, vice-présidente
du Emergency Committee for American Trade [Comité d’urgence sur le
commerce américain], en 2009, le Canada a absorbé approximativement
19,4 % des exportations américaines (plus que tout autre pays) et les
États-Unis ont été le pays de destination d’environ 77,6 % des
exportations canadiennes. Le pétrole et les produits énergétiques ont
représenté quelque 30 % des importations américaines en provenance du
Canada. De plus, il a été mentionné que le commerce et l’investissement
transfrontaliers rehaussent la compétitivité internationale des entreprises des
deux pays. En 2008, la valeur des investissements bilatéraux a atteint près
de 450 milliards de dollars.
Diverses observations ont été formulées
à propos des défis relatifs aux échanges commerciaux entre le Canada et les
États-Unis, dont les suivantes :
·les défis en matière de sécurité et
« l’épaississement » de la frontière
·des sentiments protectionnistes des deux côtés
de la frontière
·l’American Recovery and Reinvestment Act
[Loi américaine sur la reprise et le réinvestissement] de 2009
·diverses difficultés politiques et
bureaucratiques liées à l’harmonisation de la réglementation entre les divers
gouvernements
·les dépenses entraînées par les modifications
réglementaires.
La question de la sécurité préoccupait
grandement un certain nombre de participants. Mme Maryscott
« Scotty » Greenwood, directrice générale du Conseil des affaires
canado-américaines, société à responsabilité limitée, a souligné l’intérêt de
la population américaine pour un resserrement de la sécurité et des frontières
plus étanches. Toutefois, elle a évoqué la nécessité de mesures
« intelligentes » qui renforcent la sécurité sans perturber le
commerce. De nombreux participants se sont dits d’accord avec l’idée qu’il
serait possible de surmonter certains sentiments protectionnistes aux
États-Unis contre le libre-échange bilatéral si on faisait mieux connaître les
relations canado-américaines. Jacalyn Cilley, sénatrice du New Hampshire, a
affirmé que le citoyen américain moyen ne comprend pas l’importance des
relations économiques entre le Canada et les États-Unis, ce qui pourrait être
une des raisons des sentiments protectionnistes aux États-Unis.
Les participants ont convenu du fait
que l’action en faveur de la facilitation des échanges bilatéraux est une
priorité pour le bien-être économique des deux pays. M. Leo Galvine,
député à l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse, a fait remarquer qu’en
Europe et en Asie, divers pays approfondissent leurs relations économiques, ce
qui, à son tour, contribue à la montée en puissance de blocs économiques
régionaux à travers le monde. M. Galvine a fait valoir que pour garantir
le maintien de la compétitivité nord-américaine dans l’économie mondiale, le
Canada et les États-Unis doivent également s’employer à intégrer davantage
leurs relations économiques.
« BUY AMERICA » [ACHETER
AUX ÉTATS-UNIS]
L’American Recovery and Reinvestment
Act [Loi sur la relance et le réinvestissement aux États‑Unis] de 2009 (« Buy America » ou la Loi) est un objet de
préoccupation soulevé par un certain nombre de participants pendant les
discussions sur le commerce canado-américain. Certains intervenants font valoir
que cette loi d’achat aux États-Unis fait peser une menace de grande importance
sur les relations économiques entre le Canada et les États-Unis. Par exemple,
M. Donald Stephenson, sous-ministre adjoint aux politiques et
négociations commerciales au ministère des Affaires étrangères et du Commerce
international du Canada, a affirmé que la Loi a déjà perturbé
« l’équilibre et la psychologie » du marché nord-américain et a des
incidences sur les relations entre entreprises canadiennes et américaines qu’on
avait mis des années à développer.
Mme Linda Menghetti,
vice-présidente de l’Emergency Committee for American Trade, met en
relief divers inconvénients, pour les États-Unis, liés à l’élargissement des
dispositions de la Loi sur l’achat aux États-Unis, et notamment :
·les approvisionnements sont plus lents, plus
compliqués et plus onéreux
·moins de projets et d’améliorations des
infrastructures
·représailles internationales contre certaines
entreprises américaines (p. ex., par l’adoption de politiques
protectionnistes similaires ou allant plus loin encore, ou en refusant aux
entreprises américaines l’accès à certains marchés étrangers).
Selon Mme Menghetti,
certaines estimations donnent à penser que l’acquisition de biens et de
services de la part de l’ensemble du gouvernement représente généralement de
10 % à 15 % du produit intérieur brut (PIB) d’un pays. De plus,
on estime que les marchés mondiaux des approvisionnements pourraient, en
puissance, s’élever à « environ 12,8 billions de dollars pour la
totalité des approvisionnements et 4,8 billions de dollars en
approvisionnements contestables. » [traduction]
Mme Scotty Greenwood,
souligne la nécessité de meilleures communications entre le Canada et les
États-Unis en ce qui concerne la Loi sur l’achat aux États-Unis. On fait
remarquer que des communications plus approfondies dans des secteurs de
divergence sont nécessaires pour garantir la poursuite de la vigueur des
relations canado-américaines. M. Stephenson indique que le Canada est
disposé à négocier avec les États-Unis des accords de plus grande portée sur
les marchés publics.
ÉNERGIE PROPRE
Les discussions sur l’énergie propre
mettent en relief l’intérêt répandu dans l’Est des États-Unis pour la mise en
place d’une infrastructure plus durable dans le secteur de l’énergie. De
nombreux participants font observer que les États de la Nouvelle-Angleterre
sont fortement résolus à assurer la mise en place d’une énergie plus propre
dans la région. On indique qu’en 2002, la valeur des investissements dans
l’énergie propre a atteint 4 milliards de dollars, et on prévoit des
investissements de 5 milliards dans un proche avenir.
On s’entend généralement pour estimer
que la mise au point d’un bouquet de technologies de l’énergie propre aurait de
nombreuses retombées dans la région, notamment :
·protéger la région contre la montée des prix de
l’énergie et des pénuries d’énergie à l’avenir
·équiper la région d’une infrastructure durable
dans le domaine de l’énergie afin de répondre aux besoins d’une population en
augmentation
·réduire les émissions de gaz à effet de serre de
la région et faciliter une action contre les changements climatiques
·orienter l’économie de la région vers un modèle
plus durable pour le XXIe siècle.
D’un autre côté, on s’entend pour
considérer que l’élaboration d’une énergie propre se heurte toujours à divers
défis, particulièrement liés aux économies d’échelle, étant donné que de
nombreuses technologies pour de l’énergie propre ne peuvent pas encore
rivaliser avec les technologies traditionnelles. De plus, diverses
préoccupations d’ordre technologique ou liées aux infrastructures se posent,
dont, par exemple, les défis associés au financement et à la mise en place des
infrastructures de transmission nécessaires pour permettre l’intégration à
grande échelle des nouvelles technologies d’énergie renouvelable.
De nombreux participants insistent
aussi sur les avantages de l’efficacité énergétique comme éventuel
« moteur de la croissance économique ». On note que l’investissement
dans l’efficacité énergétique procure un large éventail de retombées
environnementales et économiques, dont des économies d’énergie et une
diminution des dépenses. Les participants conviennent de ce que l’efficacité
énergétique devrait être préconisée en même temps que la mise au point de
nouvelles sources d’énergie propre, afin de tirer le meilleur parti possible des
ressources et investissements d’aujourd’hui et de demain.
TRANSPORTS
Pendant les discussions sur les
transports, divers conférenciers et participants mettent en évidence les
avantages de l’amélioration des couloirs de transport canado-américains dans la
région de l’Est des États-Unis, particulièrement le couloir Montréal-Boston-New
York. Un large accord se fait sur l’idée que l’équipement de la région de l’Est
avec une infrastructure de transport plus perfectionnée, une infrastructure
du XXIe siècle, revêt une importance cruciale pour
rehausser la compétitivité économique et la vitalité culturelle de la région.
En particulier, les délégués soulignent la nécessité de meilleurs réseaux
autoroutiers, de trains « plus rapides » et de frontières plus
accessibles. On signale que les couloirs de transit dans la région de l’Est de
l’Amérique du Nord sont inférieurs à ceux d’autres régions, particulièrement en
Europe, où les frontières sont ouvertes et où l’infrastructure des transports
est de qualité supérieure.
Un accord général se dégage parmi les
participants sur le fait que les avantages des investissements dans les
infrastructures des transports sont vastes et de longue durée. On souligne
notamment les avantages suivants :
·amélioration du commerce entre le Canada et les
États-Unis en raison de la facilité du transport des biens par-delà la
frontière
·dynamisation du tourisme bilatéral dans la
région de l’Est de l’Amérique du Nord
·création de possibilités d’emploi à court et à
long terme par suite de l’accroissement de l’activité économique et du tourisme
dans la région
·renforcement de la présence des États de l’Est
des États-Unis et des provinces canadiennes dans l’économie mondiale.
D’un autre côté, on fait également état
de grands défis à des investissements à grande échelle dans des projets de
transport transfrontaliers (à savoir, des trains à grande vitesse), y compris
le coût élevé de la plupart des projets, la viabilité incertaine de l’obtention
de sources de financement à long terme et des problèmes de sécurité
transfrontalière. La plupart des participants sont d’accord pour estimer qu’un
degré élevé de sécurité à la frontière, qui est importante à la fois pour le
Canada et pour les États-Unis, peut être intégré dans les futurs plans de
transport et n’a pas à entraver nécessairement le développement économique de
la région. En guise d’exemple, on signale que les dispositifs américains de
prédédouanement à la frontière pourraient être installés dans les gares
canadiennes pour faciliter le passage de la frontière dans le cas des trains
transfrontaliers à grande vitesse.
Quelques échanges ont lieu également
sur la viabilité économique de l’amélioration de l’infrastructure de transport
dans les couloirs de transit de la région de l’Est de l’Amérique du Nord. M. Joung H. Lee,
directeur adjoint aux finances et à l’expansion des affaires à l’American
Association of State Highway and Transportation Officials [Association
américaine des responsables des autoroutes des États et des transports],
explique qu’aux États-Unis, la demande d’investissements dans les autoroutes
provenant des voitures particulières est parallèle à la croissance
démographique, s’établissant à environ 1 % par année, tandis que la
demande de transport de marchandises par camion est parallèle à la croissance
économique, se situant à approximativement 2 % à 3 % par
année. Il estime que le coût de l’amélioration des autoroutes, dans l’hypothèse
d’un taux de croissance de 1 % à 1,4 % des milles-véhicules
parcourus (MVP) par année, se situe entre 132 milliards
et 166 milliards de dollars. Si on prend en compte les autres
infrastructures de transport, estime M. Lee, il faut un montant
annuel de 225 à 240 milliards de dollars pour les autoroutes,
les ponts, le transport en commun, le transport ferroviaire de marchandises et
le transport interurbain de voyageurs.
On discute
de mécanismes potentiels de financer de nouvelles infrastructures des
transports, y compris des péages, des partenariats publics-privés et de la
fiscalité (p. ex., une taxe sur le carburant). Toutefois, on fait
remarquer que chaque mécanisme présente des avantages et des inconvénients
qu’il faut évaluer au cas par cas. De manière générale, un accord est dégagé
sur le fait que tous les gouvernements doivent être impliqués à la fois politiquement
et financièrement afin d’établir avec succès une vision à long terme des
transports pour la région.
Respectueusement
soumis,
L’hon. Janis G. Johnson, sénateur
coprésidente
Groupe interparlementaire
Canada-États-Unis
Gord Brown,
député
coprésident
Groupe interparlementaire
Canada-États-Unis