La délégation parlementaire de la
Section canadienne de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) qui a
participé à la réunion de la Commission politique de l’APF tenue à Strasbourg
(France) les 10 et 11 avril 2008 a l'honneur de présenter son rapport.
Composée de madame Vivian Barbot, députée, la délégation était accompagnée de
monsieur Jean Michel Roy, secrétaire administratif de la Section.
Les sections suivantes étaient
représentées : Albanie, Belgique/Communauté française/Wallonie-Bruxelles,
Burkina Faso, Cambodge, Canada, Congo, France, Gabon, Jura, Macédoine,
Madagascar, Mali, Maroc, Niger, Ontario, Québec, République centrafricaine,
République démocratique du Congo, Roumanie, Sénégal, Suisse, Tchad, Togo,
Tunisie, Val d’Aoste.
Le jeudi 10 avril 2008
Avant le début des travaux, le
président de la Commission, monsieur André Schneider (France), a souhaité la
bienvenue aux membres de la Commission. Suite à ces mots de bienvenue, le
président de l’APF et président de l’Assemblée nationale du Gabon, monsieur Guy
Nzouba Ndama, s’est adressé aux délégués. Finalement, la présidente déléguée
de la Section française, madame Henriette Martinez, députée, a lu un message du
secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères et européennes
chargé de la Coopération et de la Francophonie, monsieur Alain Joyandet. Dans
son message, le secrétaire d’État a rappelé les propos du président de la
République, monsieur Nicolas Sarkozy, tenus lors de la Journée internationale
de la Francophonie et qui affirmait que « La francophonie est et
demeure une priorité de la diplomatie française ».
Par la suite, les thèmes suivants ont
été abordés par la Commission :
Le suivi de l’application de la
Déclaration de Bamako
Madame Amina Derbaki Sbaï (Belgique /
Communauté française / Wallonie-Bruxelles)a présenté le rapport.
Madame Sbaï a rappelé que les ministres et chefs de délégation des États et
gouvernements des pays ayant le français en partage, réunis le 3 novembre 2000
à Bamako, à l’occasion du Symposium international sur le bilan des pratiques de
la démocratie, des droits et des libertés dans l’espace francophone, avaient
alors adopté une importante déclaration qui constituait une avancée dans
l’histoire de la Francophonie.
En ce qui concerne la Commission
politique, celle-ci joue un certain rôle dans l’Observatoire de la démocratie
et des droits de l’Homme prévu par la Déclaration de Bamako. En plus de
participer aux réunions des réseaux institutionnels francophones et d’avoir des
relations étroites avec la Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits
de l'Homme (DDHDP), la Commission transmet à la Francophonie son rapport sur
les situations de crise politique dans l’espace francophone. Ce rapport et les
résolutions de l’APF contribuent d’une certaine manière au dispositif
d’observation et d’évaluation permanentes. La Commission a entrepris par
ailleurs diverses démarches afin de concourir davantage à cet Observatoire. Le
rapport sur les situations de crise politique dans l’espace francophone est
transmis aux différentes sections considérées comme en situation de crise dans
le but d’obtenir de leur part une contribution écrite. Cette procédure permet
aux différents points de vue de s’exprimer, voire de se confronter dans un
souci d’examen contradictoire.
De plus, l’APF, depuis juillet 2007, a
participé à deux missions. La première consistait à l’envoi d’une mission
d’information à l’occasion des élections législatives anticipées à Madagascar.
La seconde mission a été menée à l’occasion des élections législatives
anticipées du 14 octobre 2007 au Togo.
Finalement, l’élaboration et la
transmission par l’APF, à chaque section, d’un questionnaire exhaustif sur le
pouvoir législatif, ainsi que les réponses qui y ont été apportées, permettent
aujourd’hui de mieux comprendre le fonctionnement des différents parlements et
les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Il est à noter que la Section
canadienne a répondu au questionnaire.
Les conventions internationales et
régionales relatives aux droits de l’Homme
Madame Vivian Barbot (Canada) a présenté
le rapport. Madame Barbot a affirmé que non seulement
la ratification de traités internationaux sur les droits de la personne relève
du mandat de la Charte de la Francophonie, mais elle vient en fait compléter et
renforcer ce mandat.
L’un des premiers objectifs de la
Francophonie est de devenir une partie viable du système international – de
pouvoir mettre en valeur et renforcer un dialogue multilatéral. L’une des
façons les plus efficaces d’y parvenir est de renforcer ce système en signant,
ratifiant et respectant les instruments qui le structurent. La Déclaration de
Bamako, selon laquelle « Francophonie et démocratie sont
indissociables », soutient ces objectifs.
Le fait de signer et de ratifier des
traités internationaux sur les droits de la personne renforce le système
institutionnel international dont la Francophonie fait partie. Ainsi, la
ratification valorise les besoins et les objectifs de la Francophonie elle-même
tout en faisant ressortir la légitimité de l’instrument international et des
institutions qui représentent la Francophonie.
En ratifiant des traités, les membres
de la Francophonie contribuent à créer des liens, un terrain commun et un
échange d’informations entre les pays, ce qui favorise la compréhension et la
collaboration internationale au sein de la Francophonie et au-delà. En outre,
grâce aux principes de réciprocité et de légitimité, le système international
sera à son tour plus enclin à appuyer les pays membres de la Francophonie
lorsqu’ils en auront besoin, que ce soit pour le développement, le soutien
envers un système juridique national ou autrement.
Il ressort que le fait de ratifier des
traités internationaux sur les droits de la personne peut accroître la
légitimité de la Francophonie en général et celle de ses signataires
individuels en particulier. La ratification entraîne un sens des
responsabilités pour les États membres sur la scène nationale et
internationale. Il devient ainsi plus facile pour la Francophonie et ses
membres de se faire entendre, de promouvoir leurs principes à l’échelle
internationale et de jouer un rôle potentiellement plus influent dans la prise
de décisions internationales. La ratification suscite le respect de la
communauté pour les États membres de l’APF et la Francophonie dans son
ensemble, à titre de champions des droits de la personne et des valeurs
démocratiques sur la scène mondiale.
La ratification de traités
internationaux sur les droits de la personne sert également à défendre les
valeurs de la Francophonie dans le contexte de la mondialisation, puisqu’elle
tend à réduire le risque de voir apparaître un régime juridique international
qui ne correspondrait pas aux valeurs que défend la Francophonie. En ratifiant
ces traités, les pays membres de la Francophonie peuvent gagner une place à la
table de négociations pour non seulement se faire entendre dans la marche vers
la mondialisation, mais aussi jouer un rôle dans l’orientation de cette
marche. À cet égard, l’APF se veut un noyau solide, car elle représente un
groupe de pays organisés autour d’une même langue et préconisant des valeurs
culturelles communes favorables à la solidarité. Ces pays partageant par
ailleurs une ambition politique reposant sur ces valeurs et s’inscrivant dans
le principe fondamental qu’est le respect du droit international.
Selon cette perspective, en ratifiant
des traités internationaux sur les droits de la personne, les États membres de
la Francophonie contribuent à conforter la place enviée du français à titre de
langue traditionnelle de la diplomatie, tout en protégeant les normes
culturelles si chères à la Francophonie. La ratification ne peut qu’améliorer
la capacité des États membres de la Francophonie à orienter le cours de la
mondialisation et du droit international, en imposant le respect pour la
diversité culturelle et le pluralisme et en incarnant un exemple parfait de
pluralisme organisé au sein de la communauté internationale.
Étant donné que la Francophonie se
compose d’une grande diversité de pays des quatre coins du globe, réunis par
des notions communes de langue et de culture, la Francophonie, en ratifiant des
instruments internationaux sur les droits de la personne, peut contribuer à
faire entendre la voix du monde en développement et même commencer à influer
sur les questions internationales en jeu.
Outre les avantages spécifiques qu’en
retirent les membres de la Francophonie, le fait de ratifier des traités
internationaux fait aussi avancer les normes en matière de droits de la
personne, que ce soit sur la scène nationale ou internationale.
En conclusion, le régime des droits de
la personne se veut un phénomène en constante évolution qui requiert le soutien
de tous les partenaires internationaux pour prospérer. À cet égard, les
membres de la Francophonie peuvent jouer un rôle prépondérant dans la création
d’un système international reposant sur la justice, l’équité et les droits de
la personne. Ce faisant, ils ne pourront que renforcer les valeurs adoptées et
préconisées par la Francophonie et les faire adopter par le reste du monde.
Les situations politiques dans l’espace
francophone
Monsieur Bongnessan Arsène Yé (Burkina
Faso) a présenté le rapport. Monsieur Yé a indiqué que l’APF est un observateur attentif des pratiques de la démocratie, des droits
et des libertés dans l’espace francophone. L’APF joue en ce sens un rôle actif
en tant que « vigie de la démocratie » et propose des mesures qui
servent à accompagner les parlements et les gouvernements des pays en situation
de crise.
Le rapporteur a noté qu’en relation à
l’article 5.6 du règlement de l’Assemblée qui porte sur la suspension d’une
section où l’ordre constitutionnel de l’État est renversé et que le parlement
de cet État est dissous ou privé de ses pouvoirs, aucune section membre n’était
formellement sous le coup d’une telle mesure.
Ce rapport préliminaire est consacré aux
sections dont la situation politique est sous observation : Haïti, laMauritanie
et la République démocratique du Congo. Il est également question des derniers
événements politiques survenus en Côte d’Ivoire, au Liban et au Darfour dont la
crise a des répercussions importantes pour deux sections membres, soit la
République centrafricaine et le Tchad.
Finalement, certaines situations sont
abordées soit celle du Burundi, des Comores, de la Guinée, des manifestions
contre la vie chère et de la question touarègue au Mali et au Niger.
Le vendredi 11 avril 2008
Déclaration sur les situations
politiques dans l’espace francophone
La Commission a pris position vis-à-vis
les situations suivantes qui suscitent des inquiétudes au sein du monde
parlementaire :
·Burundi – Une
résolution condamnant les attentats contre les parlementaires et appelant à la
poursuite du dialogue politique.
·Côte d’Ivoire –
Une résolution demandant l’organisation d’élections le plus rapidement
possible.
·Liban – Une
résolution condamnant les attentats politiques et appelant à la poursuite du
dialogue.
·Crise du Darfour
– Une résolution exhortant la communauté internationale et les organisations
régionales à impulser l’organisation d’un dialogue politique régional.
·Situation à l’est de la République
démocratique du Congo – Une résolution visant à
intensifier le désarmement et la démobilisation des belligérants.
De plus, la Commission politique a fait
sienne la déclaration du Comité directeur du Réseau des femmes parlementaires
sur les violences à l’égard de la population civile à l’est de la République du
Congo.
Le suivi du cadre stratégique
décennal
Monsieur Henri-François Gautrin
(Québec) a présenté le rapport. Monsieur Gautrin a rappelé que lors de la
XXXIIIe Session, tenue à Libreville en juillet 2007, l’Assemblée
avait adopté, sur proposition de la Commission politique, une résolution sur la
réforme institutionnelle et administrative de l’Organisation internationale de
la Francophonie (OIF).
Cette résolution exprimait la
satisfaction de l’Assemblée envers la réforme en cours et exhortait l’OIF à
poursuivre ses efforts de rigueur dans l’exécution des programmes, notamment par
la mise en place et la validation d’indicateurs de performance. Par contre,
l’Assemblée exprimait certaines préoccupations face au ratio du budget consacré
aux frais de fonctionnement et aux programmes; aux contributions statutaires
des États et aux arriérés de cotisation.
Les politiques migratoires
Monsieur Jérôme Lavou (République
centrafricaine) a présenté le rapport. Monsieur Lavou a souligné que le problème des flux migratoires met à nu l’inégalité entre les
riches et les pauvres entre ceux qui bénéficient de la paix et de la sécurité
et ceux qui en sont privés.
Pour le rapporteur les causes des flux
migratoires sont nombreuses et variées. La migration constitue pour les
Africains d’une façon générale, la réponse à une série complexe de facteurs: la
pauvreté, une population de plus en plus nombreuse, les guerres ou les conflits
armés, l’instabilité politique, la mauvaise gouvernance, le népotisme et la
corruption, les mauvaises conditions de travail, le chômage, le bas niveau des
salaires et l’isolement professionnel et finalement l’immigration soutenue par
certains pays riches.
Les conséquences des flux migratoires sont
nombreuses tant sur le plan des relations internationales que pour le continent
africain. Sur le plan des Relations Internationales, les fonctions
traditionnelles de l’État (la sécurité, la législation, la solidarité) sont
remises en cause. Sur le continent africain, la fuite des cerveaux
constitue le coût le plus significatif de la migration pour les pays Africains.
La prochaine réunion de la Commission
aura lieu le 6 juillet prochain dans le cadre des travaux de la XXXIVe
Session de l’APF à Québec.
Respectueusement
soumis,
Vivian Barbot, députée
Membre de la Section canadienne de
l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF)