Une délégation
de trois parlementaires de la Section canadienne de ParlAmericas s’est rendue à
Caracas au Venezuela du 13 au 18 novembre 2011. Menée par l’honorable Pierrette
Ringuette, sénatrice, elle avait pour membres l’honorable Lawrence MacAulay,
C.P., député, et Mme Pauline Ayala, députée. Les parlementaires
étaient aidés de M. Leif-Erik Aune, secrétaire exécutif de la délégation,
et de M. Andre Barnes, analyste de la Bibliothèque du Parlement.
La visite
bilatérale avait pour but de renforcer les liens parlementaires entre le Canada
et le Venezuela, de promouvoir ParlAmericas et de discuter de questions
d’intérêt mutuel. Le Canada entretient avec le Venezuela des relations
diplomatiques ininterrompues depuis l’ouverture d’un consulat général à Caracas
en février 1948. Cinq ans plus tard, le Canada transformait son consulat en
ambassade et commençait à développer ses relations de commerce et
d’investissement avec le Venezuela.
Aujourd’hui
cette relation commerciale compte parmi les plus solides de l’hémisphère. En
2010, le Canada a exporté pour 544 millions de dollars de marchandises au
Venezuela, son quatrième plus gros marché d’exportation en Amérique latine et
dans les Caraïbes (à l’exclusion du Mexique). La même année, le commerce bilatéral
a totalisé 1,31 milliard entre ces deux pays, ce qui faisait du Venezuela
la sixième partenaire commercial dans l’hémisphère (à l’exclusion des
États-Unis et du Mexique). La délégation canadienne s’intéressait donc aux
secteurs où pourrait s’intensifier la coopération économique comme
l’agriculture, les ressources naturelles, la construction domiciliaire et le
pétrole et le gaz.
La délégation
souhaitait aussi explorer la possibilité de jeter les bases d’échanges
éducationnels, de partenariats et d’initiatives de renforcement des capacités
techniques entre le Canada et le Venezuela. En tant que pays riches en
ressources naturelles, le Canada et le Venezuela ont accumulé au fil du temps
un trésor de savoir-faire en matière d’intendance des ressources naturelles.
Ils jouissent aussi d’une vaste expérience de la mise en œuvre de plans et de
politiques conçus pour faire contribuer les ressources naturelles à la
prospérité de leurs habitants. La délégation canadienne tenait à faire
connaître les points de vue du Canada sur ces questions en échange de ceux de
ses vis-à-vis vénézuéliens.
ParlAmericas a
pour mission entre autres d’assurer la liaison entre les parlements de
l’hémisphère occidental. La visite bilatérale offrait à la délégation
canadienne une occasion en or de cultiver les relations parlementaires entre le
Canada et le Venezuela. C’était aussi l’occasion de faire la promotion de
ParlAmericas, auquel le Venezuela contribue financièrement. La délégation
voulait profiter de la visite pour partager des pratiques exemplaires avec ses
vis-à-vis en se concentrant sur les défis et les opportunités que tous les élus
ont en commun.
Réunion
avec l’ambassadeur et les gestionnaires des programmes politiques et
commerciales
Le 14 novembre
2011, la délégation canadienne a rencontré M. Paul Gibbard, ambassadeur du
Canada au Venezuela, ses gestionnaires des programmes politiques et
commerciales ainsi que la responsable de la sécurité de l’ambassade. Les
délégués ont d’abord bénéficié d’une mise au point de Mme Mary Blois,
responsable de la sécurité de l’ambassade, sur les meilleurs moyens d’éviter
les risques inutiles. L’insécurité citoyenne reste un grave problème à Caracas,
où les homicides, les enlèvements et les vols se multiplient de façon
alarmante. Le gouvernement redouble d’efforts depuis peu pour assurer la
sécurité des Vénézuéliens et des étrangers, mais il reste beaucoup à faire. En
réponse aux questions des délégués sur ce que fait l’ambassade pour assurer la
sécurité de ses employés, Mme Blois a noté que les responsables de la
sécurité des ambassades du Royaume-Uni, de la Suisse, de l’Allemagne et du
Danemark, entre autres, se rencontraient et communiquaient entre eux
fréquemment. Elle a ajouté que la Gendarmerie royale du Canada avait contribué
par son expertise au règlement des problèmes de sécurité citoyenne du Venezuela
en participant à une conférence internationale de commissaires de police qui
s’est tenue récemment au Venezuela.
L’ambassadeur
Gibbard a mis la délégation au courant de la situation politique compliquée et
complexe du Venezuela. Le gouvernement du Venezuela a beau vouloir instaurer un
gouvernement socialiste adapté au XXIe siècle, a-t-il dit, le
système reste excessivement centralisé. Le dispositif constitutionnel de freins
et de contrepoids se trouve donc érodé de bien des façons par un exécutif
dominant. L’ambassadeur Gibbard a déclaré que la visite de la délégation
canadienne contribuerait à renforcer l’indépendance de l’Assemblée nationale.
La popularité du gouvernement et de ses politiques est en baisse depuis
plusieurs années, mais la cote de confiance du président Chavez reste malgré
tout élevée. La principale réalisation de son gouvernement a été d’améliorer le
niveau des pauvres et des marginaux en assurant l’universalité d’accès aux programmes
sociaux (santé et éducation). Quant à l’opposition, c’est une coalition de
divers groupes, dont des partis d’extrême droite (qui ont préconisé par le
passé des méthodes non démocratiques de saisie du pouvoir) et d’extrême gauche
(parti marxiste-léniniste). L’opposition est composée en très grande partie de
centristes modérés. Bien que le débat politique soit fortement polarisé, les
divergences de vues sont mises de côté dans la pratique. Le régime du président
Chavez jouit d’une forte légitimité électorale puisqu’il y a eu 13 élections ou
référendums depuis son accession au pouvoir. Certains s’interrogent sur la
validité de ces élections, mais les observateurs internationaux constatent pour
la plupart qu’elles se déroulent dans le respect des règles. Il est néanmoins
arrivé que le gouvernement manipule le système à son avantage, par exemple, en
disqualifiant souvent et arbitrairement des candidats de l’opposition. À propos
du baromètre politique du Venezuela, l’ambassadeur a observé que tous les candidats
aux prochaines primaires de l’opposition se déclaraient de centre gauche alors
qu’en réalité au moins deux des favoris appartiennent à des parties de
centre droit. En fait, les partis politiques et la population elle-même sont
favorables à l’intervention de l’État dans l’économie sauf qu’on ne s’entend
guère sur les secteurs à prioriser et ceux qui devraient être contrôlés par
l’État.
Mme Christina
Prefontaine, conseillère politique, a exposé la politique de l’ambassade à
l’égard des organisations non gouvernementales (ONG). Il y a trois grandes
priorités pour les Amériques : la démocratie, la prospérité et la
sécurité. Pourvu que leurs activités cadrent avec les valeurs canadiennes,
plusieurs ONG sont subventionnées par l’entremise du Fonds canadien (que
l’Agence canadienne de développement international (ACDI) s’apprête à
transférer au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international
(MAECI)). L’aide aux ONG ne va pas sans complications au Venezuela. Le
gouvernement tend à se méfier d’elles parce que certaines ont déjà fait cause
commune avec l’opposition pour critiquer le gouvernement alors qu’une d’entre
elles au moins s’est carrément transformée en parti d’opposition. La sénatrice
Ringuette a souligné fermement la nécessité où se trouve l’ambassade de bien
choisir les ONG qu’elle soutient afin de ne pas se mettre à dos le gouvernement
vénézuélien.
Réunion
avec la chambre de commerce Venezuela-Canada
Après leur
séance d’information du 14 novembre avec l’ambassadeur, les délégués canadiens
ont rencontré des membres de la Chambre de commerce Venezuela-Canada dans le
cadre d’un déjeuner de travail à la résidence officielle de l’ambassadeur du
Canada. Ont participé à la discussion sur le climat des affaires au Venezuela
M. Eric Machum, ancien président de la Chambre de commerce; M. Victor
Tovar, président de la Chambre de commerce; M. Manuel Torres, membre de la
Chambre de commerce; l’ambassadeur Gibbard; et M. Guy Salesse, premier
délégué commercial à l’ambassade du Canada à Caracas.
Les membres de
la Chambre de commerce du Venezuela semblaient s’accorder pour dire que les
entreprises évoluaient actuellement dans des conditions moins qu’optimales à
cause des décisions politiques du gouvernement. Le climat des affaires est
fortement influencé par la politique. Il importe que les entreprises qui
opèrent au Venezuela distinguent entre les décisions qui se justifient
politiquement et celles qui se justifient économiquement et qu’elles se
rappellent que les impératifs politiques passent souvent avant les intérêts du
monde des affaires. Tout le monde convient cependant que les entreprises
peuvent prospérer au Venezuela moyennant de la patience et une vision à long
terme puisque l’industrie a été rentable par le passé et qu’elle le redeviendra
sûrement dans l’avenir. On rappelle que les entreprises ont particulièrement
intérêt à consulter leurs avocats et leurs comptables parce que les lois et les
règlements du pays tendent à subir des changements rapides et, à certains
égards, apparemment arbitraires. Il n’est pas rare, par exemple, que le
gouvernement s’empare unilatéralement de terres et de biens au Venezuela.
Cependant les choses auraient déjà commencé à changer pour le mieux. Un cas a
été fournit dans lequel un propriétaire de port à qui le gouvernement a demandé
récemment s’il voulait prendre en location les biens-fonds et les matériels
qu’il lui a confisqués parce qu’il s’est rendu compte qu’il n’avait pas les
compétences voulues pour exploiter rentablement un port.
À la fin du
déjeuner, la sénatrice Ringuette a remercié les membres de la Chambre de
commerce Venezuela-Canada d’avoir éclairé les délégués sur le climat et les
priorités économiques du Venezuela.
Réunion
avec des universitaires et des experts vénézuéliens
Après sa
réunion du 14 novembre 2011 avec la Chambre de commerce Venezuela-Canada, la
délégation canadienne a organisé à la résidence officielle de l’ambassadeur une
table ronde avec des universitaires et des experts vénézuéliens dont
MM. Steve Ellner et Angel Oropeza et le professeur Rodolfo Magallanes.
Les
professeurs ont chacun exprimé leurs vues sur la situation politique au
Venezuela. Ils s’accordent à dire que ce sont ses programmes sociaux qui font
la force de l’actuel gouvernement en élevant des couches auparavant marginalisées
de la société vénézuélienne et en les faisant parties prenantes de la vie
politique. L’opposition doit donc se montrer capable d’offrir aux Vénézuéliens
un ensemble intégré de propositions qui puissent concurrencer celles du
gouvernement. Un des points faibles du gouvernement, toutefois, c’est le manque
de politiques économiques claires et cohérentes. Le gouvernement a opté pour la
flexibilité aux dépens de la fixité des règles et de la stabilité
institutionnelle.
Les délégués
ont posé beaucoup de questions sur l’élection présidentielle de 2012 ainsi que
sur la santé et les perspectives du président Chavez. Les sondages annoncent
actuellement une lutte serrée. En réponse à une question de M. MacAulay au
sujet de ce qui se produirait si le président Chavez perdait, les experts ont
fait remarquer que l’avenir était incertain, mais que depuis plusieurs années
la politique vénézuélienne tendait vers la modération et le respect des
résultats électoraux. Selon Mme Ayala, il faudrait renforcer
les médias et les partis politiques afin d’empêcher la violence dans
l’éventualité d’un changement de gouvernement à l’issue de l’élection.
Au sujet des
privatisations qui ont eu lieu sous le président Chavez, les universitaires ont
noté que durant le ralentissement économique des années 1990, des sociétés
multinationales avaient acheté des pans entiers de l’économie vénézuélienne au
point de faire craindre aux gens qu’ils avaient perdu le contrôle de leur
économie. Les nationalisations peuvent donc être considérées comme un moyen de
redonner à la population un certain contrôle sur l’économie et les ressources.
À la fin de la
réunion, la sénatrice Ringuette a remercié l’hôte et les invités au nom de la
délégation canadienne. Grâce à la franchise et à l’ouverture avec lesquelles
ils ont exprimé leurs vues, a-t-elle déclaré, la délégation a pu cerner de plus
près les enjeux qu’elle voudra aborder dans ses discussions avec les
parlementaires vénézuéliens.
Réunion
avec des députés vénézuéliens du Parlement latino-américain (Parlatino)
Le 15 novembre
2011, la délégation canadienne a rencontré des députés vénézuéliens du
Parlement latino-américain (Parlatino) à l’occasion d’un petit déjeuner de
travail dans les locaux de l’Assemblée nationale du Venezuela. Assistaient à la
réunion présidée par M. Rodrigo Cabezas, député et chef de la délégation
vénézuélienne au Parlatino, M. Roy Daza, député; M. Walter Gavidia,
député; M. José Ramon Sanchez, député; Mme Delsa
Solorzano, députée; Mme Carolus Wimmer, député; Mme Dalia
Yanez, députée; et M. Timoteo Zambrano, député.
Après avoir
salué les Canadiens, M. Cabezas les a entretenus du Parlatino, instance
fondée en 1964 pour favoriser l’intégration de l’Amérique latine et des
Caraïbes. Pour faire partie du Parlatino, les parlements doivent être
démocratiquement élus au suffrage populaire. M. Cabezas a ensuite fait
état de ses vues sur l’intégration régionale. En Amérique latine, a-t-il noté,
l’intégration est de nature dynamique et ses objectifs sont à long terme. Les
clefs du succès dans les relations internationales sont, selon lui, la
coopération, la solidarité et l’intégration. S’il y a une leçon à tirer des
crises du passé, c’est que la solution des problèmes économiques passe par la
concertation internationale. D’où l’importance que les parlementaires
vénézuéliens attachent à leur participation à la Communauté des pays d’Amérique
latine et des Caraïbes (CELAC) et à l’Alliance bolivarienne pour les Amériques
(ALBA). Les élus vénézuéliens ont noté que la CELAC tiendrait sa prochaine réunion
en décembre et que l’intégration des 24 pays membres se poursuivrait. Un cadre
bilatéral de respect mutuel entre les pays, ont-ils précisé, leur paraît être
une importante condition préalable à l’approfondissement de leurs liens
économiques.
Il a aussi été
question des secteurs économiques où la coopération entre le Canada et le
Venezuela pourrait se développer. Étant donné que la ceinture pétrolière de
l’Orinoco renferme un pétrole brut lourd comme les sables bitumineux du Canada,
il y a dans ce domaine des possibilités évidentes d’échanges de renseignements
et de techniques. Les délégués canadiens ont indiqué que le Canada est disposé
à partager son savoir-faire avec le Venezuela par le truchement d’échanges
éducationnels, de partenariats et d’initiatives de renforcement des capacités
techniques. Les échanges éducationnels entre le Canada et le Venezuela font
l’objet d’une discussion. La sénatrice Ringuette a évoqué la possibilité que
des professeurs d’université à la retraite enseignent au Venezuela et Mme Ayala
que des étudiants vénézuéliens étudient au Canada. La sénatrice Ringuette a
ajouté qu’en tant que parlementaires, ils avaient en commun le mandat
d’améliorer l’égalité des chances. Elle a félicité le Venezuela d’avoir
amélioré la santé et l’éducation de ses citoyens tout en soulignant qu’un monde
des affaires dynamique est essentiel au maintien des programmes sociaux.
M. MacAulay a déclaré que le Canada et le Venezuela avaient beaucoup à
gagner l’un de l’autre et qu’il aimerait entendre les parlementaires
vénézuéliens parler de leur façon d’aborder les enjeux communs aux deux pays
comme le logement et les droits de la personne.
Les délégués
canadiens ont souligné à plusieurs reprises que la nomination d’un ambassadeur
du Venezuela au Canada serait chaudement accueillie et contribuerait grandement
à la poursuite du dialogue entre le Venezuela et le Canada.
À la fin de la
réunion, les parlementaires des deux pays ont exprimé l’avis que des rencontres
comme celle-ci offraient d’excellentes occasions de communiquer directement les
uns avec les autres. Au nom de la délégation canadienne, la sénatrice Ringuette
a remercié les députés vénézuéliens du Parlatino et déclaré espérer que leur
réunion servirait de tremplin à d’autres.
Réunion
avec des membres des comités de l’assemblée nationale du Venezuela
Après sa
réunion du 15 novembre avec les députés vénézuéliens du Parlatino, la
délégation canadienne a rencontré des présidents et des membres de comités
permanents de l’Assemblée nationale du Venezuela. Assistaient à la rencontre
M. Saul Ortega, président du comité des affaires étrangères; M. Luis
Acuña, président du comité du pétrole et du gaz; Mme Marleny Contreras,
présidente du Groupe d’amitié Venezuela-Canada de l’Assemblée nationale; et
Mme Liris Sol Velasquez, membre du comité de la famille.
Après avoir
souhaité la bienvenue aux délégués canadiens, M. Saul Ortega a noté que
ses collègues et lui misaient beaucoup sur la réunion parce qu’ils voulaient
approfondir la relation avec le Canada. Le président de l’Assemblée nationale,
M. Fernando Soto-Rojas, se fait un devoir, a-t-il déclaré, d’encourager
les députés à former des groupes d’amitié et à pratiquer la diplomatie
parlementaire parce qu’il estime que c’est un bon moyen de représenter les
citoyens vénézuéliens, de favoriser l’intégration et de participer à des
discussions dont tous les pays retirent des avantages. Au nom des délégués
canadiens, la sénatrice Ringuette a remercié les députés de leur accueil. Elle
a observé que le Canada et le Venezuela avaient beaucoup d’objectifs en commun
tels la volonté d’améliorer la qualité de vie et l’accès à l’éducation. Selon
elle, il leur est possible, en tant que parlementaires, de discuter de
questions importantes. Cependant, a-t-elle ajouté, les Canadiens espèrent qu’au
nom de la poursuite officielle de ce dialogue, la nomination d’un ambassadeur
du Venezuela au Canada est imminente.
Pendant la
discussion, des questions d’actualité et des enjeux d’intérêt commun sont venus
sur le tapis. Selon M. Acuña, il y a deux domaines où le Canada et le
Venezuela pourraient coopérer et échanger des données techniques. D’abord,
comme l’augmentation du niveau de vie des Vénézuéliens a conduit à une
augmentation de la consommation entre autres d’électricité, le gouvernement est
à la recherche de moyens de répondre à la demande. En outre, le gouvernement
vient de lancer des plans pour construire en deux ans deux millions de
logements avec les voies publiques et les écoles qui vont avec, ce qui suppose
un grand effort d’urbanisme. Les députés vénézuéliens ont noté qu’ils étaient
ouverts à l’idée d’une participation internationale à ces projets et qu’ils
étaient conscients du savoir-faire du Canada dans ces domaines. Il a aussi été
question des défis auxquels fait face le Venezuela comme le surpeuplement des
villes, l’urbanisation et la monté du prix des produits de base.
Selon les
députés vénézuéliens, le défi de leur pays consiste à faire des progrès sociaux
et économiques et à investir dans le capital humain de façon efficiente. Parmi
les succès enregistrés sur ces fronts, ils citent la diversité croissante de
l’Assemblée nationale, où les femmes et les autochtones exercent des fonctions
importantes, l’amélioration du système de santé, l’augmentation du taux de
diplomation universitaire, l’inclusion des pauvres et des marginaux. On cherche
par ailleurs, entre autres, à améliorer la production alimentaire, à réduire ou
à éradiquer certaines maladies dont le sida et la fièvre jaune, à généraliser
les immunisations de base et à investir davantage dans la médecine préventive.
La justice économique n’est pas seulement une priorité des députés
vénézuéliens, mais d’un grand nombre de pays sud-américains.
Trouvant
inquiétant que l’autosuffisance alimentaire du Venezuela ne soit que de
4 % environ, la sénatrice Ringuette a invité les députés à passer par
l’intermédiaire des délégués canadiens pour établir au Canada des contacts qui
puissent les aider à augmenter leur production alimentaire. M. MacAulay a
déclaré que les Canadiens pouvaient faire profiter les Vénézuéliens de leur
expérience en matière de production et de distribution d’électricité et
d’exploitation minière. Il a ajouté qu’il aimerait entendre ses homologues
vénézuéliens lui parler de leur façon d’aborder des enjeux communs aux deux
pays comme le logement et les droits de la personne. Notant que le Venezuela
traversait une période critique de son histoire, Mme Ayala a fait valoir
le savoir-faire dont disposait le Canada en matière de construction immobilière
et d’infrastructure urbaine.
À la fin de la
réunion, les parlementaires tant vénézuéliens que canadiens ont déclaré
souhaiter que les enjeux dont ils avaient discuté se traduisent par des détails
concrets au niveau diplomatique. La sénatrice Ringuette a remercié les députés d’avoir
pris le temps de les rencontrer. Elle a déclaré que les Canadiens avaient
autant à offrir aux Vénézuéliens que les Vénézuéliens aux Canadiens. Au
Venezuela comme au Canada, a-t-elle ajouté, la prospérité des générations
futures passe par la saine gestion des ressources et de la richesse.
Visite à el
sistema
L’après-midi
du 15 novembre 2011, la délégation canadienne a visité deux éléments du réseau
vénézuélien d’orchestres de jeunes, la Fundación del Estado para el Sistema
Nacional de las Orquestas Juveniles e Infantiles de Venezuela, mieux connue
sous le nom d’El Sistema. Elle a été accueillie par M. David
Astana, membre fondateur de l’Orchestre symphonique Simon Bolivar;
Mme Karina Ochoa, doyenne des programmes de musique de chambre;
M. Rodrigo Guerrero, directeur adjoint aux affaires internationales et au
développement institutionnel; et Mme Yosbel Duche, directrice du Centre
préscolaire Paix et Joie Los Mayas.
El Sistema est un programme social d’enseignement de
la musique sous toutes ses formes à 468 000 élèves de 284 écoles. Les
enfants ont en général de sept à 15 ans, mais certaines écoles en accueillent
dès l’âge de deux ans. Le programme s’adresse en priorité aux quartiers pauvres
afin de contrer chez les jeunes quelque chose l’attrait que peuvent exercer les
bandes et la criminalité. Ainsi, outre l’instruction musicale, El Sistema
cultive la fierté et la confiance des participants et leur donne un sentiment
d’appartenance à la collectivité. Plusieurs anciens élèves deviennent
enseignants, a-t-on fait remarquer avec fierté. M. Guerrero a déclaré que
le but était de porter à un million le nombre de participants à El Sistema.
À noter en passant que le Nouveau-Brunswick s’est doté d’un plan pour établir
chez lui un réseau semblable à El Sistema.
Réunion
avec le président de l’assemblée nationale du venezuela
Le 16 novembre
2011 au matin, la délégation canadienne a rencontré à l’Assemblée nationale du
Venezuela le président de l’Assemblée nationale, M. Fernando Soto-Rojas.
Après avoir souhaité la bienvenue aux délégués canadiens, le président leur a
fait part de ses vues sur la diplomatie parlementaire et les relations
internationales en notant que l’équilibre économique international évoluait
rapidement et que le dialogue devrait remplacer les conflits armés. Il a ajouté
qu’il pensait comme Simon Bolivar qu’une alliance était possible entre tous les
peuples de la terre. En tant que président de l’Assemblée nationale, a-t-il
déclaré, il cherche entre autres à établir des relations respectueuses avec
l’opposition qui, après avoir refusé de présenter des candidats aux élections
générales de 2005, l’a fait en 2010.
Au nom de la
délégation, la sénatrice Ringuette a remercié M. Soto-Rojas de tout ce
qu’il a fait pour ouvrir les portes aux délégués canadiens pendant leur séjour
à Caracas. Elle a noté que le Canada et le Venezuela avaient de solides liens
historiques et que, en renforçant leur dialogue, ils auraient beaucoup à
apprendre l’un de l’autre sur le relèvement des défis qu’ils ont en commun et sur
l’amélioration de l’égalité des chances des citoyens et de la qualité de vie
des générations futures. Elle a demandé au président de rappeler au ministre
des Affaires étrangères que les Canadiens attendaient avec impatience la
nomination d’un ambassadeur du Venezuela au Canada. Elle a enfin invité
M. Soto-Rojas à visiter Ottawa.
Réunion
avec le groupe d’amitié parlementaire Venezuela-Canada
Après sa
réunion avec le président Soto-Rojas, la délégation canadienne s’est rendue
avec lui à une cérémonie de signature du Groupe d’amitié parlementaire
Venezuela-Canada. Parmi les assistants, il y avait M. Paul Gibbard,
ambassadeur du Canada au Venezuela; M. Saul Ortega, président du comité
des affaires étrangères; Mme Marleny Contreras, chef du groupe
d’amitié Venezuela-Canada; Mme Maria Elena Delgado,
secrétaire du groupe d’amitié; Mme Liris Sol Velásquez, députée;
M. Victor Clark, député; Mme Janeth Arocha, directrice du Bureau
des affaires nord-américaines, ministère des Affaires étrangères; et Mme Ana
Carolina Da Silva, directrice des affaires internationales à l’Assemblée
nationale.
La cérémonie
avait pour but de rétablir le Groupe d’amitié parlementaire Venezuela-Canada.
Fondé en juillet 2006, le groupe avait cessé ces activités ces dernières
années. Le président Soto-Rojas a ouvert la cérémonie par quelques observations
sur les relations internationales depuis la Seconde Guerre mondiale. Il a aussi
souligné l’importance du rôle du parlement dans un régime de primauté du droit.
Selon lui, il faut déployer des efforts systématiques pour garantir aux gens le
droit de vivre dans des états libres et souverains sous des gouvernements issus
de régimes électoraux justes et participatifs.
M. Ortega
a déclaré souhaiter que le Venezuela et le Canada mettent sur pied un groupe de
travail officiel pour approfondir leurs relations diplomatiques.
Mme Contreras a noté que le Venezuela et le Canada étaient des amis de
longue date et que, par la cérémonie de signature, ils s’engageaient à
renforcer et à consolider leurs liens. Au nom de la délégation canadienne, la
sénatrice Ringuette a déclaré que c’était un honneur pour la délégation de
prendre part à la cérémonie. Grâce au dialogue, a‑t-elle ajouté, les deux
pays pourraient accomplir beaucoup sur le plan de l’égalité des chances et des
relations d’amitié au nom de la prospérité des générations futures. Selon elle,
l’événement d’aujourd’hui était un excellent premier pas. L’ambassadeur Gibbard
a remercié les députés de l’Assemblée nationale du Venezuela de leur
chaleureuse hospitalité envers la délégation canadienne. Il a rappelé qu’une
des priorités du gouvernement canadien était de renforcer les relations avec
l’Amérique du Sud et que de nombreuses occasions s’offraient au Venezuela et au
Canada pour collaborer en vue de leur prospérité commune. Il a déclaré espérer
que le Groupe d’amitié parlementaire Venezuela-Canada pourra s’acquitter de
cette importante tâche. Les délégués ont ensuite signé deux textes identiques
portant rétablissement du Groupe d’amitié parlementaire Venezuela-Canada. L’un
des textes restera à l’Assemblée nationale du Venezuela et l’autre sera envoyé
au Parlement canadien par l’entremise de l’ambassade du Canada au Venezuela.
Respectueusement soumis,
M. Randy Hoback, député
Président Section
canadienne de ParlAmericas