L’Association parlementaire Canada Afrique était représentée par
l’honorable Raynell Andreychuk, sénatrice, coprésidente de l’Association,
l’honorable Mauril Bélanger, C.P., député, coprésident de l’Association,
l’honorable Paul J. Massicotte, sénateur, M. Ted Menzies, député, Mme Johanne
Deschamps, députée, vice présidente et M. Pat Martin, député. La délégation
était accompagnée de M. Rémi Bourgault, secrétaire administratif de
l’Association, et de M. Michael Dewing, analyste de l’Association.
OBJECTIFS
L’Association parlementaire Canada Afrique a effectué une visite
bilatérale dans la République Unie de Tanzanie (Dar es Salaam et Arusha) et une
visite bilatérale dans la République de l’Ouganda (Kampala et Gulu) du 2 au 8
septembre 2007. Ces visites avaient pour objectifs :
·resserrer les liens bilatéraux;
·inciter les parlementaires à s’engager en
matière de démocratie et de gouvernance;
·resserrer les liens avec les organisations
régionales;
·se renseigner auprès des diplomates canadiens et
du personnel de l’Agence canadienne de développement international (ACDI) sur
le rôle que joue le Canada en Afrique de l’Est;
·rencontrer des représentants d’organisations non
gouvernementales qui ont des liens avec le Canada.
Pour atteindre ces objectifs, la délégation a rencontré des membres
des parlements de la Tanzanie et de l’Ouganda, des membres du Parlement
panafricain et de l’Assemblée législative est africaine, des hauts
fonctionnaires du Tribunal pénal international pour le Rwanda, des
représentants du gouvernement ougandais, des Nations Unies et d’organisations
non gouvernementales, des diplomates canadiens, des représentants d’entreprises
canadiennes et des journalistes locaux. La délégation a aussi visité un centre
de santé en Tanzanie et un camp pour personnes déplacées à l’intérieur de leur
propre pays en Ouganda.
Au cours de ces rencontres, la délégation a insisté sur le fait
qu’elle réunissait des députés et des sénateurs de tous les partis politiques.
Les membres de la délégation ont échangé avec leurs homologues africains sur
des questions comme la responsabilité et la corruption, la représentation des
femmes, le rôle de l’opposition, le rôle des organisations régionales, la paix
et la sécurité, ainsi que sur la façon dont les parlementaires canadiens
pourraient leur venir en aide.
LA
RÉPUBLIQUE UNIE DE TANZANIE : PRINCIPAUX ENJEUX
Bien que la Tanzanie soit l’un des pays les plus pauvres de la
planète, elle a fait des progrès considérables depuis qu’elle a adopté le
pluralisme politique en 1992. C’est un pays plurilingue, relativement stable,
où coexistent plusieurs ethnies et plusieurs religions, et qui a été épargné
par les conflits internes qui affligent ses voisins. La Tanzanie a tenu trois
élections générales, qui ont été considérées comme crédibles dans l’ensemble,
malgré certains problèmes à Zanzibar. L’économie a progressé à un taux annuel
moyen de 5,8 % entre 2000 et 2006 (1), et des progrès ont été
accomplis dans le domaine de l’enseignement primaire, de l’approvisionnement en
eau, de la santé infantile et de la lutte contre le VIH/sida. La Tanzanie
adhère aux objectifs du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique
(NEPAD); elle est censée subir une évaluation dans le cadre du Mécanisme
africain d’évaluation par les pairs du NEPAD (2).
Bien entendu, de nombreux défis demeurent. Par exemple, la
corruption est toujours une question préoccupante – la Tanzanie se classe au
94e rang de l’Indice des perceptions de la corruption 2007(3) de
Transparency International. La malaria fait plus de 100 000 victimes par année
et elle est la principale cause de mortalité infantile(4).
L’alimentation en électricité est irrégulière et ne suffit pas à la demande.
La Tanzanie est un acteur régional important. Elle est membre de la
Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté de
l’Afrique orientale (CAO). Toutefois, de nombreux Tanzaniens sont inquiets du
projet visant à transformer la CAO en fédération politique. Lors du 6e Sommet
extraordinaire qui a eu lieu le 20 août 2007, les chefs d’État de la CAO ont
convenu de retarder la fondation de la fédération politique et de se concentrer
sur la création d’un marché commun et d’une union monétaire d’ici 2012 (5).
Le fait que la Tanzanie soit membre à la fois de la CAO et de la SADC est une
question qui n’est pas encore résolue.
La Tanzanie joue un rôle dans la résolution des conflits au Rwanda
et elle accueille le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Elle a abrité
des centaines de milliers de réfugiés en provenance de pays voisins.
Le Canada et la Tanzanie coopèrent en matière de développement
depuis la fin des années 1960. Aujourd’hui, la Tanzanie figure parmi les 25
pays partenaires du développement (dont 14 sont en Afrique) dans lesquels
l’ACDI concentre la majeure partie de son aide bilatérale. En fait, depuis
l’accession de la Tanzanie à l’indépendance en 1961, l’aide au développement
fournie par le Canada totalise plus d’un milliard de dollars, et les
contributions annuelles sont passées d’environ neuf millions de dollars en 2000
à 62 millions de dollars en 2007 2008. En 2002, le Canada a annulé la dette de
la Tanzanie, qui s’élevait à 83,6 millions de dollars. En 2003, les deux pays
ont signé un accord permettant l’entrée en franchise de droit au Canada de
pratiquement tous les biens produits en Tanzanie. De nombreuses sociétés
canadiennes œuvrant dans les secteurs minier et énergétique sont présentes en
Tanzanie où elles ont fait des investissements évalués à deux milliards de
dollars.
Les programmes de l’ACDI en Tanzanie sont axés sur la gestion
publique, la santé et le VIH/sida, l’éducation et le développement du secteur
privé, de même que sur l’égalité entre les hommes et les femmes et
l’environnement, qui sont des thèmes plurisectoriels. Le Canada collabore avec
le gouvernement de la Tanzanie et d’autres donateurs en vue d’améliorer
l’efficacité de l’aide au développement.
Le Canada et la Tanzanie collaborent également au sein du
Commonwealth et des Nations Unies. La Tanzanie a assuré la présidence initiale
de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, que soutient le
Groupe des amis de la région des Grands Lacs, coprésidé par le Canada. En
outre, le Canada aide la Tanzanie par l’intermédiaire du Programme d’aide à
l’instruction militaire (6).
A. Rencontres à Dar es
Salaam le 3 septembre
Rencontre avec l’honorable Anna
Abdallah, présidente, Comité des affaires étrangères
Mme Anna Abdallah occupe l’un des 75 sièges réservés aux femmes au
sein du Parlement. Elle est membre du parti au pouvoir, le Chama Cha Mapinduzi
(CCM), et elle a été titulaire de plusieurs portefeuilles, dont ceux de la
Santé et des Travaux publics.
Mme Abdallah a commencé par brosser un tableau de l’histoire
politique de la Tanzanie. Elle a ensuite exposé les changements constitutionnels
qui sont à l’étude pour améliorer la représentation des femmes au Parlement et
la faire passer de 30 %, ce qu’exige la réglementation actuelle, à 50 %.
Une discussion a eu lieu au cours de laquelle Mme Abdallah a décrit
aux membres de la délégation le système de sélection des présidents de comité
et du président du Parlement de la Tanzanie. Elle a aussi expliqué les
processus budgétaires, en insistant sur le rôle qu’y jouent les comités. Mme
Abdallah a fait l’éloge de l’aide que le Canada a apportée au Parlement
tanzanien, par exemple pour la révision du Règlement. Par contre, elle a
affirmé que les parlementaires tanzaniens avaient encore beaucoup à apprendre
sur le fonctionnement d’autres parlements. Les questions des membres de la délégation
ont porté sur la participation des femmes à la vie publique et sur la
participation de la Tanzanie à des organisations régionales comme la CAO et la
SADC. Mme Abdallah a clos la rencontre en promettant d’étudier la possibilité
de créer une association parlementaire Tanzanie-Canada.
Rencontre avec l’honorable
ambassadrice Gertrude Mongella, présidente du Parlement panafricain
En plus d’être la première présidente du Parlement panafricain, Mme
Gertrude Mongella est députée du parti au pouvoir, le CMM. Elle a déjà été
ministre du Tourisme et occupé le poste d’ambassadrice en Inde. Elle a été
secrétaire générale de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes de
l’ONU, qui a eu lieu à Beijing en 1995.
Mme Mongella a commencé par renseigner les membres de la délégation
sur l’évolution du Parlement panafricain depuis sa session inaugurale en 2004.
Elle a indiqué qu’elle n’avait ni ressource ni personnel au départ. Le
Parlement panafricain a œuvré pour établir des relations harmonieuses avec les
parlements nationaux des pays membres, qui ont peu de ressources à consacrer
pour faciliter le travail des cinq membres qu’ils y envoient. Elle a aussi
parlé de la nécessité d’harmoniser les lois des différents pays et elle a
affirmé que le Parlement panafricain devrait détenir les pouvoirs législatifs
nécessaires au traitement de questions comme la migration et les conflits.
Mme Mongella a ensuite parlé de la situation en Tanzanie. Elle a
expliqué que l’idée d’une représentation égale des femmes et des hommes était
acceptée, mais que les détails n’avaient pas encore été réglés. Elle a répondu
à une question sur la réduction de la pauvreté et sur les Objectifs du
Millénaire pour le développement (OMD) en insistant sur l’importance de
l’éducation, en particulier pour les filles. Elle a expliqué que l’enseignement
primaire ne posait plus de problème et que l’équilibre garçons-filles était en
train de se réaliser, mais qu’il fallait un plus grand nombre d’écoles
secondaires pour atteindre les OMD. Mme Mongella a aussi fait état des défis
que représente la promotion de la santé des mères. En réponse à une question
sur la forme que l’aide du Canada pourrait prendre, elle a mis en relief
l’importance du développement rural et le besoin d’enseignants, d’infirmières
et de sages femmes.
Déjeuner de travail avec des
représentants du milieu canadien des affaires
Le haut commissaire intérimaire, M. Reid Sirrs, a offert à la
résidence canadienne un déjeuner auquel ont été invités des représentants
d’entreprises canadiennes, notamment Artumas Energy Tanzania Ltd., Barrick Gold
Tanzania, IAMGOLD Tanzania Limited, Major Drilling Tanzania Limited, Tanzania
Telecommunications Co. Ltd., CPCS Transcom Ltd., TECSULT International Ltd. et
Développement international Desjardins (DID).
Au cours du déjeuner, les représentants d’entreprises ont décrit
leurs activités, donné un aperçu de la conjoncture sur le plan des affaires et
de l’investissement, et discuté des défis que comporte le travail en Tanzanie,
notamment l’insuffisance de l’infrastructure, la pénurie d’électricité et les
différences culturelles. Les participants ont aussi parlé de la responsabilité
sociale des entreprises, comme l’impact des projets énergétiques sur les
collectivités locales et l’embauche d’employés locaux par des entreprises
canadiennes. Les conversations ont porté en outre sur l’état actuel de
l’agriculture en Tanzanie, sur les besoins en matière d’enseignement et de
formation et sur les différences entre les secteurs des services financiers du
Canada et de la Tanzanie.
Visite du bureau et du projet de
Mennonite Economic Development Associates (MEDA)
Les membres de la délégation ont visité le bureau de Mennonite
Economic Development Associates (MEDA) en Tanzanie pour s’informer d’un projet
qui consiste à distribuer des bons pour des moustiquaires traitées à
l’insecticide. La malaria est la principale maladie mortelle en Tanzanie et ce
sont les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans qui sont le plus
à risque. Les moustiquaires traitées à l’insecticide entourent les lits et
empêchent les moustiques qui transmettent la malaria de pénétrer à l’intérieur.
MEDA est une association de femmes et d’hommes d’affaires
compatissants qui investissent dans la vie de familles pauvres partout dans le
monde. Bien que l’association collabore avec l’ACDI depuis plus de 20 ans, ce
projet de distribution de moustiquaires n’est pas financé par l’ACDI. Le
gouvernement de la Tanzanie a chargé MEDA de la logistique du programme
national de bons, appelé Hati Punguzo. Les femmes fournissent une petite somme
supplémentaire d’environ un dollar pour obtenir une moustiquaire dans un
commerce. En plus d’encourager l’utilisation des moustiquaires, le programme
contribue à sensibiliser la population à la malaria tout en appuyant le
développement du secteur privé, principalement dans les régions rurales.
Au bureau de MEDA, la délégation a rencontré M. Tim Piper, le
responsable du programme MEDA en Tanzanie, ainsi que plusieurs coordonnateurs
de projet, qui ont décrit le système de suivi des bons au moyen duquel MEDA
surveille le programme jusqu’au niveau des centres de santé. Environ 4 300
centres de santé et 5 000 détaillants participent au programme, et environ 2,6
millions de bons avaient été échangés au moment de la visite. Des données non scientifiques
indiquent que l’incidence de la malaria diminue. De plus, les femmes se rendent
en plus grand nombre dans les centres de santé pour y subir un examen médical,
et elles consultent plus tôt pendant leur grossesse.
La délégation a ensuite visité le Magomeni Reproductive and Child
Health Centre et rencontré sa directrice, la Dre Ester Mwantum, et son
personnel. Elle y a aussi rencontré une dizaine de jeunes femmes qui étaient
venues prendre un bon et les a accompagnées à une pharmacie avoisinante où elles
se sont procuré une moustiquaire. En suivant le cheminement d’un bon à partir
du bureau de MEDA jusqu’à une pharmacie en passant par un centre de santé, la
délégation a eu un aperçu des effets que peut avoir un projet relativement
modeste sur la vie de personnes qui comptent parmi les plus vulnérables de la
Tanzanie.
B. Rencontres au Tribunal
pénal international pour le Rwanda à Arusha le 4 septembre
Arusha est le siège du Tribunal pénal international pour le Rwanda
(TPIR), créé en 1994 par le Conseil de sécurité des Nations Unies afin de
poursuivre en justice les personnes responsables du génocide au Rwanda. Le TPIR
est composé de trois chambres de première instance et d’une chambre d’appel au
sein desquelles siègent 16 juges indépendants. Le Bureau du procureur est
responsable de la collecte des éléments de preuve et des poursuites, et le
Greffe se charge de l’administration du TPIR (7).
Le premier procès s’est ouvert en janvier 1997. En mai 2007, le TPIR
avait prononcé 27 jugements concernant 33 accusés, dont 28 ont été reconnus
coupables et cinq ont été acquittés. En plus des 33 cas qui ont été jugés et
des deux cas (concernant cinq personnes) qui en étaient à l’étape de la
rédaction du jugement, neuf procès concernant 22 accusés étaient en cours, huit
détenus attendaient leur procès, et 18 personnes formellement accusées
demeuraient introuvables. La stratégie d’activité du TPIR prévoit que les
procès, qui visent de 65 à 70 personnes, seront achevés à la fin de 2008 et que
ses travaux seront terminés à la fin de 2010 (8).
Rencontre avec le juge Hassan
Bubacar Jallow, procureur pour le TPIR, et des membres du personnel du Bureau
du procureur
Avant de travailler pour le TPIR, le juge Hassan Bubacar Jallow a
siégé comme procureur général et ministre de la Justice de la Gambie, comme
juge à la Cour suprême de la Gambie et comme juge à la Chambre d’appel du
Tribunal spécial pour la Sierra Leone. Le Conseil de sécurité l’a nommé
procureur du TPIR en 2003 et a renouvelé son mandat pour quatre ans en septembre
2007.
Le juge Jallow a commencé la rencontre en expliquant que 90
nationalités sont représentées au TPIR et que ses travaux sont fondés sur les
principaux systèmes juridiques mondiaux, y compris la common law, le droit
civil et la loi islamique. Les délégués ont indiqué que le travail du TPIR
intéressait tout particulièrement le Canada à cause de la communauté rwandaise
qui y vit et du procès pour crimes de guerre contre un Rwandais qui se
déroulait à Montréal.
Le juge Jallow a affirmé que le Canada avait été d’un grand soutien,
faisant remarquer que de nombreux cadres supérieurs du TPIR étaient des
Canadiens, que le Canada avait aidé à la réinstallation des témoins et de leur
famille et que le TPIR avait collaboré étroitement à des enquêtes avec la Gendarmerie
royale du Canada. Il a donné des précisions sur les problèmes entourant la
réinstallation des familles des témoins.
Le juge Jallow a ensuite parlé des plans du TPIR. Il s’attend à ce
que tous les procès soient terminés à la fin de 2008 et à ce que les procès en
appel soient instruits jusqu’en 2010. Il a dit espérer pouvoir déférer à
d’autres pays les cas des 16 suspects qui sont toujours en liberté.
En réponse aux questions de la délégation, le juge Jallow et des
membres de son personnel ont expliqué la stratégie d’activité du TPIR, qui
repose sur la détermination de la gravité des crimes. Étant donné le nombre
important d’auteurs de crimes et le temps limité, les personnes inculpées de
crimes moins graves seront renvoyées devant des tribunaux nationaux. Les
critères d’évaluation de la gravité d’un crime incluent le statut politique de
l’inculpé, le degré de participation au crime en question et la nature du
crime. En ce qui concerne ce dernier critère, le TPIR veut tout
particulièrement intenter des poursuites pour des infractions avec violence
sexuelle. Une centaine de personnes répondent aux critères touchant les crimes
graves.
Le juge Jallow a aussi parlé de l’héritage que léguera le TPIR,
surtout en ce qui concerne les familles des témoins. Si elles sont obligées de
vivre à l’hôtel pendant des années avant d’être réinstallées et qu’elles ne
sont pas protégées contre des actes de vengeance, un précédent fâcheux sera
créé et les témoins seront réticents à collaborer avec de futurs tribunaux.
Le juge Jallow a ensuite décrit les défis que présente l’utilisation
de trois langues au sein du TPIR, à savoir l’anglais, le français et le
kinyarwanda. Son personnel et lui ont expliqué le système de protection de
l’identité des témoins, la difficulté de trouver des suspects dans d’autres
pays, l’échange de renseignements concernant les suspects avec d’autres pays et
les précédents créés par le TPIR, en particulier dans les cas de violence
sexuelle.
Rencontre avec M. Adama Dieng,
greffier, TPIR
Avant de travailler au TPIR, M. Adama Dieng a occupé le poste de
greffier de la Cour suprême du Sénégal et celui de secrétaire général de la
Commission internationale de juristes. Il a été nommé greffier du TPIR en 2001.
M. Dieng a commencé par remercier le Canada pour son aide. Il a
parlé de la nature du génocide rwandais, de la nécessité d’une réconciliation
et du rôle que joue le TPIR dans ses efforts pour favoriser la réconciliation.
Il a passé en revue la situation ethnique au Rwanda et au Burundi et a parlé de
l’efficacité des mesures prises pour apaiser les tensions, comme le partage du
pouvoir.
En réponse aux questions de la délégation, M. Dieng a fait état de
la situation des détenus et des cas des journalistes rwandais qui ont été jugés
pour génocide ou propagande haineuse. Il a aussi donné des précisions sur le
budget du TPIR, de même que sur sa structure et son fonctionnement.
Rencontre avec le juge Dennis C.M.
Byron, président du TPIR
Le juge Dennis C. M. Byron, de Saint Kitts et Nevis, a été juge en
chef de la Cour suprême des Caraïbes orientales. Il est arrivé au TPIR en 2004
et a été élu président en mai 2007. Le juge Byron est aussi président du
Commonwealth Judicial Education Institute, établi à Halifax en Nouvelle Écosse.
Le juge Byron a commencé par parler du travail du TPIR, qui, selon
lui, a bien rempli le mandat que lui ont confié les Nations Unies. Il a
récapitulé les questions liées à la fermeture du TPIR, prévue en 2010,
notamment le maintien en poste et la réaffectation du personnel, et la
nécessité d’assurer la protection à long terme des témoins.
En réponse aux questions, le juge Byron a décrit comment le TPIR
recueille et gère les éléments de preuve et expliqué les difficultés que
comporte l’évaluation de la crédibilité des témoins. Il a aussi expliqué que
l’admission en preuve reposait à la fois sur la common law et le droit civil.
À la suite de la rencontre, la délégation a visité une salle
d’audience.
C. Rencontres à
l’Assemblée législative est africaine à Arusha le 4 septembre
Arusha est aussi le siège de la CAO (Communauté de l’Afrique
orientale) et de l’Assemblée législative est africaine. La CAO est une
organisation régionale regroupant le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda, le Burundi
et le Rwanda. Les trois premiers pays ont en commun l’anglais comme langue
officielle et une tradition juridique fondée sur la common law. En juillet
2007, le Burundi et le Rwanda, qui ont en commun le français comme langue
officielle et une tradition juridique fondée sur le droit civil, y ont adhéré.
L’Assemblée législative est africaine est composée de 27 membres
élus indirectement – neuf de chacun des pays fondateurs – et de cinq membres
d’office. Ils sont choisis par les assemblées nationales de leurs pays
respectifs. Ils sont obligés de représenter une diversité de points de vue et
il doit y avoir des femmes. Avec l’arrivée du Burundi et du Rwanda à la CAO, le
nombre de membres de l’Assemblée législative augmentera de 18 pour passer à un
total de 45. La première législature a été entamée en 2001 et la seconde en
juin 2007(9).
Rencontre avec l’honorable
Abdirahin Abdi, président de l’Assemblée législative est africaine
L’honorable Abdirahin Abdi est député de la République du Kenya. Il
a été membre de la première législature de 2001 à 2006, et il a été élu sans
opposition à la présidence de l’Assemblée législative en juin 2007.
M. Abdi a commencé par raconter l’histoire de la CAO. Il a passé en
revue la structure de l’Assemblée législative est-africaine, décrit la méthode
de sélection des membres et fait état de son financement. Il a ensuite expliqué
les défis que présente l’arrivée du Rwanda et du Burundi, dont le besoin de
renforcer les moyens d’action. Il a aussi parlé du processus d’intégration de
la CAO et de l’application des lois de l’Assemblée législative est-africaine
dans les pays membres.
En réponse aux questions, M. Abdi a donné des détails sur les
relations de la CAO avec l’Union européenne, sur le fonctionnement de l’union
douanière de la CAO et sur ses relations avec le Parlement panafricain.
Rencontre avec les membres du
Comité permanent des communications, du commerce et de l’investissement de
l’Assemblée législative est africaine
La délégation a rencontré le Comité permanent des communications, du
commerce et de l’investissement, qui tenait sa première réunion de la nouvelle
session. La délégation a été accueillie par la présidente du Comité,
l’honorable Catherine N. Kimura.
Dans un dialogue ouvert avec la délégation, Mme Kimura et les
membres du Comité ont expliqué l’ordre du jour de la réunion, qui portait sur
l’examen de trois projets de loi. Ils ont aussi parlé de la politique douanière
de la CAO, du commerce des services et du projet de marché commun, ainsi que
des défis que comporte l’intégration du Rwanda et du Burundi à la CAO et de
l’impact du commerce avec la Chine et l’Afrique du Sud sur la région.
RÉPUBLIQUE
DE L’OUGANDA : PRINCIPAUX ENJEUX
Comme la Tanzanie, l’Ouganda est l’un des pays les plus pauvres de
la planète, mais il a fait des progrès considérables au cours des dernières
années. La situation politique y est relativement stable, sauf dans le Nord,
depuis l’accession au pouvoir du président Yoweri Museveni en 1986. Le
pluralisme politique a été adopté en 2005, et des élections ont eu lieu en
février 2006. Au cours des deux dernières décennies, l’économie ougandaise a
progressé, avec une croissance moyenne du revenu par habitant de 3,2 % par
année. De plus, l’Ouganda a fait des progrès considérables dans la réduction de
la pauvreté, l’éducation des enfants et la lutte contre le VIH/sida(10).
L’Ouganda, qui est membre de la CAO, a montré de l’intérêt pour une
accélération du processus d’intégration.
Toutefois, des défis considérables demeurent. La guerre civile dans
le Nord de l’Ouganda impliquant la Lord’s Resistance Army (LRA), que l’on peut
assimiler à une secte, a duré deux décennies, fait des dizaines de milliers de
victimes et forcé environ deux millions de personnes à se réfugier dans des
camps pour personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. En 2006, le
gouvernement et la LRA ont engagé des pourparlers à Juba au Soudan et conclu
une trêve(11). Les pourparlers se poursuivent, mais la mise en
accusation de cinq commandants de la LRA par la Cour pénale internationale a
empêché les deux parties de parvenir à un accord de paix définitif(12).
La jeune démocratie ougandaise est aussi aux prises avec des défis
majeurs. Avant les élections de 2006, le Dr Kizza Besigye, chef du parti
d’opposition, le Forum pour le changement démocratique, a été arrêté et accusé
de trahison, de terrorisme et de viol. Un tribunal a ajourné son procès pour
lui permettre de participer aux élections, et il a été acquitté par la suite de
l’accusation de viol. Son procès pour trahison a repris en juin 2007.
En mars 2007, des juges ougandais ont entamé une grève d’une semaine
pour protester contre la réarrestation, sous de nouveaux chefs d’accusation, de
six partisans de l’opposition qui avaient été accusés de comploter une
rébellion avec le Dr Besigye et qui avaient été mis en liberté sous caution. Le
gouvernement a affirmé qu’ils avaient été arrêtés sous de nouvelles
inculpations. En réaction à la grève des juges, le président Museveni a indiqué
que la police appliquerait dorénavant des procédures plus transparentes pour
arrêter de nouveau des suspects libérés par les tribunaux(13).
L’Ouganda doit faire face à d’autres défis, comme le taux élevé de
croissance démographique, le conflit qui sévit toujours dans le Nord, les
catastrophes naturelles, comme la récente inondation, et la pénurie
d’électricité. La question de la corruption demeure préoccupante; l’Ouganda se
classe au 111e rang de l’Indice des perceptions de la corruption 2007 de
Transparency International(14).
Le Canada accorde à l’Ouganda une aide au développement depuis 1965.
Aujourd’hui, l’ACDI se concentre exclusivement sur l’enseignement de base(15).
Le Canada joue également un rôle dans les efforts visant à faire cesser la
guerre civile dans le Nord et a contribué à différents projets de stabilisation
et de consolidation de la paix dans cette région. La somme la plus importante –
1,5 million de dollars – a été fournie au Bureau de la coordination des
affaires humanitaires des Nations Unies pour appuyer les pourparlers de paix de
Juba(16).
Les intérêts du Canada en Ouganda sont représentés par le Haut
commissariat au Kenya, mais un conseiller politique, M. Bryan Burton, a été
affecté à Kampala pour coordonner les efforts liés aux pourparlers de paix de
Juba. Le Canada collabore avec l’Ouganda dans le cadre du Commonwealth. En
novembre 2007, l’Ouganda accueillera la Réunion des chefs de gouvernement des
pays du Commonwealth et, au moment de la visite de la délégation canadienne,
des efforts importants étaient déployés pour assurer la réussite de cette
réunion.
A. Rencontres à Kampala
le 6 septembre
Rencontre avec le très honorable
Apolo Nsibambi, premier ministre et chancelier de l’Université Makerere
Le très honorable Apolo Nsibambi est premier ministre de l’Ouganda
depuis 1999. Antérieurement, il a été ministre de l’Éducation et des Sports et
ministre de la Fonction publique. Il occupe aussi le poste de chancelier de
l’Université Makerere, qu’il quittera en octobre 2007.
Le premier ministre Nsibambi a commencé par passer en revue les
relations entre l’Ouganda et le Canada. Il a fait un survol de la tournure des
événements dans le Nord de l’Ouganda et a parlé de l’impact qu’aura la récente
découverte de pétrole dans l’Ouest du pays.
En réponse aux questions de la délégation, le premier ministre
Nsibambi a donné des détails sur les négociations avec la LRA. Il a aussi parlé
de la participation de l’Ouganda à la CAO. En ce qui concerne la corruption, il
a parlé du code de leadership de l’Ouganda, du Comité des comptes publics du
Parlement (qui est présidé par un membre de l’opposition) et de l’inspecteur
général du gouvernement. Il a aussi expliqué pourquoi certains membres de
l’opposition avaient été arrêtés de nouveau après leur mise en liberté sous
caution.
Pour terminer, le premier ministre Nsibambi a affirmé que les
parlementaires canadiens pouvaient apporter une aide à l’Ouganda en organisant
des échanges et en contribuant à la formation des parlementaires.
Rencontre avec l’honorable Edward
Ssekandi, député et président du Parlement ougandais
L’honorable Edward Ssekandi, député depuis 1996, est devenu
président du Parlement ougandais en 2001. Auparavant, il avait été vice
président pendant trois ans.
Les médias avaient été invités à assister à cette rencontre avec le
président Ssekandi. Il a commencé par donner un aperçu de l’histoire
parlementaire de l’Ouganda et de la composition actuelle du Parlement. En
réponse aux questions de la délégation, il a expliqué comment les députés
représentant des groupes d’intérêt comme les travailleurs, les jeunes et les
personnes handicapées sont sélectionnés. Il a exposé les relations du Parlement
ougandais avec le Parlement panafricain et l’Assemblée législative est
africaine. Il a aussi parlé du fonctionnement du régime multipartite de
l’Ouganda, dont le rôle des comités, le financement des partis politiques, le processus
budgétaire et la situation des partis d’opposition.
Rencontre avec Mme Kabakumba
Labwoni Matsiko, députée et whip en chef du gouvernement, et avec d’autres
députés du Mouvement de résistance nationale (NRM)
Mme Kabakumba Labwoni Matsiko est ministre des Affaires
parlementaires et whip en chef du gouvernement. Elle est députée depuis 1996.
Elle était accompagnée de plusieurs autres députés du parti au pouvoir, le
Mouvement de résistance nationale (NRM).
Les médias avaient été invités à assister à cette rencontre. Mme
Kabakumba a commencé par décrire le rôle du whip en chef du gouvernement, les
relations entre le NRM et les partis d’opposition, et le rôle des caucus de
parti. Soulignant que le jeu des partis est quelque chose de nouveau en
Ouganda, elle a parlé de la nécessité de renforcer les moyens d’action des
députés. Selon Mme Kabakumba, le Canada pourrait aider les députés ougandais à
se familiariser avec le fonctionnement de la démocratie pluripartite.
En réponse aux questions, Mme Kabakumba a expliqué le système de
sélection des candidats des partis et le financement des campagnes électorales.
Au sujet de la transparence, elle a décrit le fonctionnement des tribunaux
spéciaux anti corruption et des comités parlementaires comme le Comité des comptes
publics. Elle a aussi expliqué le maintien de la discipline de parti, le
fonctionnement de l’administration parlementaire et les méthodes visant à
améliorer la représentation des femmes.
Rencontre avec le professeur Morris
Ogenga Latigo, député et chef de l’opposition, et d’autres députés de
l’opposition
Le professeur Morris Ogenga Latigo, du Forum pour le changement
démocratique (FDC), est le chef de l’opposition parlementaire. Il est devenu
député en 2001. Il était accompagné de M. Kassiano Ezati Wadri, du FDC, de M.
Erias Lukwago, du Parti démocratique, de M. John Livingston Okello Okello, du
Congrès populaire de l’Ouganda, et de Mme Susan Nampijja, du Parti
conservateur.
Les médias avaient été invités à assister à la rencontre. Le
professeur Ogenga Latigo a affirmé que, sur le plan institutionnel, l’Ouganda
n’était pas encore prêt pour des partis d’opposition, malgré l’excellent
soutien du personnel parlementaire. Il a affirmé que le plus grand défi était
de convaincre le public de la nécessité de faire une place à l’opposition dans
le processus politique. Il a ensuite décrit le rôle de surveillance que joue
l’opposition au sein du Comité des comptes publics. Il a aussi parlé des
problèmes à l’extérieur du Parlement, comme les procès en cours contre des
membres du FDC.
M. Okello Okello a parlé des réformes nécessaires, comme une
commission électorale plus indépendante et la possibilité pour les partis
d’opposition d’organiser des rassemblements politiques sans l’intervention de
la police. M. Lukwago a parlé de la nécessité d’entreprendre des réformes
institutionnelles pour séparer le NRM des institutions de l’État, et il a
affirmé qu’un régime pluripartite ne peut pas fonctionner si les partis
d’opposition sont considérés comme des ennemis de l’État. Il a ensuite fait
état des problèmes auxquels les partis politiques sont confrontés, comme
l’interdiction de rassemblements, qui les empêche d’entrer en contact avec
l’électorat. Mme Nampijja a affirmé que l’opposition était divisée et qu’il
fallait que les partis d’opposition apprennent à travailler ensemble. M. Wadri
a fait remarquer que les jeunes ne connaissent pas le pluripartisme et il a
reproché aux médias d’être des porte parole du gouvernement et de manquer
d’esprit critique à son égard.
Au cours de l’échange qui a suivi, les chefs des partis d’opposition
ont dit qu’ils aimeraient rencontrer les chefs de gouvernement à l’occasion de
la Réunion des chefs de gouvernement des pays du Commonwealth qui aura lieu à
Kampala, et ils ont demandé de l’aide pour organiser des rencontres. Ils ont
expliqué que le principal défi des partis d’opposition était le manque de
contacts avec les médias et l’absence de moyens d’action. De plus, le
financement des partis pose problème du fait que les donateurs risquent d’être accusés
de trahison s’ils font un don à un parti d’opposition.
Les rencontres de la délégation avec le président du Parlement et
les députés de l’opposition ont fait l’objet de reportages le lendemain dans
deux journaux de Kampala, le Daily Monitor et The New Vision.
Rencontre avec la professeure
Maggie Kigozi, directrice exécutive de l’Uganda Investment Authority
La professeure Maggie Kigozi est médecin de profession. En 1999,
elle a été nommée directrice exécutive de l’Uganda Investment Authority,
l’organisme gouvernemental chargé de promouvoir et de faciliter
l’investissement en Ouganda. Elle est aussi professeure agrégée à l’Université
Makerere et chancelière de l’Université Nkumba.
Elle a commencé par décrire le travail de l’Uganda Investment
Authority. Elle a présenté un survol du climat des investissements en Ouganda,
passé en revue les relations commerciales avec le Canada et décrit les
exigences que doivent remplir les investisseurs étrangers. Elle a parlé de la
nécessité d’achever et d’informatiser le registre foncier, du fonctionnement
des tribunaux, de la réglementation relative à l’expropriation et des
arrangements en matière de redevances pour l’industrie pétrolière. Elle a aussi
parlé des plans régionaux pour l’infrastructure, des avantages de la
participation de l’Ouganda à la CAO et des progrès réalisés en vue de la
création d’une fédération politique. Elle a fait le point sur la sécurité dans
l’Ouest et le Nord de l’Ouganda, et elle a parlé des procédures de passation
des marchés du gouvernement. Mme Kigozi a aussi fait état des possibilités
d’investissement dans l’industrie des télécommunications.
B. Rencontres à Gulu le 7
septembre
Rencontre avec M. Esteban Sacco,
chef du bureau auxiliaire de Gulu, Bureau de la coordination des affaires humanitaires
(BCAH) des Nations Unies
M. Esteban Sacco a accueilli la délégation au bureau auxiliaire du
BCAH à Gulu, la deuxième ville en importance de l’Ouganda, située à environ 300
kilomètres au nord de Kampala. Il a fait le point sur la sécurité dans le Nord
de l’Ouganda, qui, d’après lui, s’améliore constamment. Il a souligné qu’il
n’est plus nécessaire d’avoir une escorte militaire pour visiter les camps de
personnes déplacées et que les personnes habitant ces camps peuvent maintenant
en sortir pour aller exploiter leurs terres. Il y en a qui s’installent dans
des camps plus petits, plus près de chez eux.
En réponse aux questions, M. Sacco a parlé du régime foncier, des
méthodes traditionnelles de règlement des conflits et du retard dans le
développement du Nord de l’Ouganda. Il a expliqué en quoi les organisations non
gouvernementales (ONG) contribuent à pallier les lacunes dans les services
sociaux et a décrit le rôle du BCAH dans l’identification des lacunes et
l’établissement d’un consensus sur la façon d’y remédier.
Rencontre avec des ONG partenaires
La délégation a ensuite rencontré des représentants de huit ONG
œuvrant dans le Nord de l’Ouganda, qui ont tous présenté un bref exposé.
Canadian Physicians for Aid and
Relief œuvre dans les secteurs de la santé infantile et maternelle, de
l’hygiène, de la lutte contre le VIH/sida, de l’aide à la subsistance et
de la sensibilisation aux dangers des mines terrestres. L’organisation
aide aussi les rescapés des mines et construit des cases pour les personnes
handicapées. De plus, elle met en œuvre un projet de consolidation de la
paix à l’intention des jeunes dirigeants.
L’organisation Peace for All
International est financée grâce aux dons de la population canadienne.
Elle œuvre au repeuplement bovin, distribue des broyeurs à maïs et appuie
des projets de consolidation de la paix à l’intention des jeunes.
Christian Children’s Fund Inc.
travaille au développement de la société civile et se concentre sur le
rétablissement des moyens de subsistance, la violence fondée sur le sexe,
les soins à domicile, la protection des enfants, l’approvisionnement en
eau et l’hygiène. L’organisation a reçu un soutien financier du Fonds pour
la paix et la sécurité mondiales (FPSM) du gouvernement du Canada. Ce qui
la préoccupe surtout, c’est le manque de suivi dans le financement des
projets; par exemple, un projet qui devait durer un an n’a pu se
poursuivre après trois mois parce que les fonds n’ont pas été renouvelés.
American Refugee Committee
International s’occupe surtout des personnes déplacées, de la gestion des
camps et du suivi des personnes qui rentrent chez elles. Grâce à un
soutien financier du FPSM, l’organisation a géré pendant trois mois un
projet pilote de prévention des conflits, mais le renouvellement des fonds
n’a pas été approuvé. Le représentant de l’organisation a expliqué les
difficultés et le gaspillage d’énergie que cela représente lorsqu’il n’y a
pas de suivi.
ActionAid International Uganda
travaille en partenariat avec le FPSM pour aider les femmes des camps de
personnes déplacées à avoir accès à la justice. L’organisation les informe
des services juridiques qui sont disponibles et aide à l’installation de
kiosques de police.
L’Associazione Volontari per il
Servizio Internazionale est une organisation italienne qui a reçu un
soutien financier du FPSM pour un programme de sensibilisation aux dangers
des mines terrestres. Elle apporte une aide financière aux rescapés et
appuie un projet de poterie à l’intention de certains d’entre eux. Le
deuxième versement servira à acheter du matériel de bureau pour le groupe
de rescapés en vue de la commercialisation de la poterie.
Vision mondiale œuvre dans
divers secteurs : consolidation de la paix, éducation, mines terrestres,
approvisionnement en eau, hygiène et réintégration sociale des enfants qui
ont été enlevés. L’organisation participe à des projets de promotion de la
paix et de réconciliation par la formation de leaders culturels et par une
formation sur les questions foncières et la résolution des différends.
War Child Canada participe au
projet Northern Uganda Child Legal Defense Project, financé par l’ACDI.
L’organisation verse des fonds à des avocats membres du barreau ougandais
qui défendent les droits des enfants au sein du système juridique du pays,
et elle fournit une aide juridique aux jeunes défavorisés. Elle est en
train d’effectuer un sondage de base pour évaluer la situation
relativement aux droits des enfants et d’élaborer des manuels de
formation.
Déjeuner de travail avec le colonel
Walter Ochora, commissaire résident du district de Gulu, et avec M. Norbert
Mao, président du conseil local du district de Gulu
Le colonel Walter Ochora est un ancien officier de l’armée,
maintenant à la retraite, qui exerce les fonctions de commissaire résident du
gouvernement pour le district de Gulu. M. Norbert Mao est le président du
conseil local et un ancien député.
Le colonel Ochora a commencé par relater les faits saillants de sa
carrière. Il a dirigé un coup d’État qui a renversé l’ancien président Milton
Obote en 1985 et a été membre du groupe rebelle, Uganda People’s Democratic
Army, qui s’est battu contre le président Museveni pendant cinq ans. Par la
suite, il a joué un rôle actif dans le processus de paix et il assure
maintenant la liaison entre le gouvernement et la LRA.
Le colonel Ochora a ensuite présenté un survol de la situation dans
le Nord de l’Ouganda. Il a parlé ouvertement des mesures nécessaires pour
convaincre la population que l’accord de paix est réel, telles que le
rapatriement des soldats de la LRA. Il a aussi parlé de l’implication du
gouvernement soudanais dans la LRA et des moyens de traduire en justice les
chefs de la LRA, comme des méthodes traditionnelles. Il a ensuite abordé les
problèmes qui subsisteront après la conclusion de l’accord de paix. Il a donné
l’exemple d’une jeune fille qui revient de la brousse avec quatre enfants qui
ne sont pas acceptés par ses parents. Sans tribu, ces enfants seront laissés
pour compte.
Visite du camp pour personnes
déplacées de Koch Goma dans le district d’Amuru
Les membres de la délégation ont été amenés en voiture, par un
chemin boueux, au camp de Koch Goma à environ 24 kilomètres au sud ouest de la
ville de Gulu dans le district voisin d’Amuru. Ils ont fait une visite du camp
et y ont rencontré les dirigeants, ainsi que des travailleurs humanitaires.
Plus de 10 000 personnes vivent dans ce camp, mais le jour de la visite de la
délégation, il n’y avait pratiquement que des enfants et des personnes âgées.
Les autres étaient parties travailler dans leurs champs à environ six
kilomètres de là. La délégation a été enchantée de pouvoir rencontrer des
enfants, qui se sont pressés autour des visiteurs.
Au cours de la visite, les membres de la délégation ont pris
connaissance des problèmes de santé qui touchent les habitants du camp, comme
la malaria, les infections respiratoires et la diarrhée, et de la pénurie de
médicaments au centre de santé local. Ils ont appris qu’on n’y offre qu’un
enseignement très élémentaire, avec deux enseignants pour 200 élèves de la première
à la cinquième année. Ils ont été informés des problèmes causés par les
éléphants qui détruisent les récoltes et par les mines terrestres et les engins
non explosés.
RENSEIGNEMENTS
SUPPLÉMENTAIRES
La délégation a assisté à des séances d’information animées par des
représentants canadiens du ministère des Affaires étrangères et du Commerce
international du Canada et de l’Agence canadienne de développement
international (ACDI) à Dar es Salaam en Tanzanie, à Kampala en Ouganda et à
Nairobi au Kenya.
La délégation a assisté à un dîner donné à Dar es Salaam par
l’honorable Anna Abdallah, députée, à un dîner à Kampala en compagnie de M.
Timothy Pitt, chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires
(BCAH) des Nations Unies en Ouganda, et à une réception à Nairobi avec des
universitaires et des journalistes kényens offerte par M. Bhupindar Liddar,
représentant permanent adjoint au PNUE et UN-Habitat & représentant spécial
du Canada auprès du Forum urbain mondial.
CONCLUSION
Les visites en Tanzanie et en Ouganda ont permis à la délégation de
mieux comprendre les défis auxquels sont confrontés les pays de la Communauté
de l’Afrique orientale, qui tentent de s’accommoder des conflits du passé, de
régler les conflits actuels et de réaliser l’intégration. Les discussions entre
les membres de la délégation et leurs homologues africains ont été sincères et
ouvertes. Les parlementaires tanzaniens et ougandais ont parlé avec franchise
du besoin qu’ont leurs pays de mieux comprendre le fonctionnement de la démocratie.
Ils ont dit apprécier la visite de la délégation. De son côté, la délégation
canadienne a été encouragée par la diffusion de reportages dans les médias
ougandais sur ses rencontres avec des parlementaires ougandais.
La délégation a convenu avec les parlementaires africains que le
Canada devrait participer à la formation des parlementaires et de leur
personnel en matière de démocratie pluripartite. Elle estime aussi que le
gouvernement du Canada devrait promouvoir la démocratie en encourageant les populations
africaines à reconnaître la légitimité des partis d’opposition. La Réunion des
chefs de gouvernement des pays du Commonwealth qui aura lieu à Kampala en
novembre 2007 est une excellente occasion pour le gouvernement du Canada de
transmettre ce message.
Grâce aux rencontres avec des diplomates et des responsables
canadiens, la délégation a pu prendre connaissance du rôle que joue le Canada
dans les secteurs du développement, du commerce, de l’immigration et de la
défense au sein de la région. De plus, les rencontres avec des représentants
d’ONG et d’entreprises canadiennes ont permis à la délégation de mieux
comprendre les problèmes auxquels sont confrontés les pays de l’Afrique
orientale qui tentent de combattre la pauvreté et de sortir du sous-développement.
La délégation a été encouragée de voir que des efforts sont déployés pour
aborder ces problèmes et qu’ils sont coordonnés, en grande partie, avec les
administrations et les populations locales.
Partout où elle est allée, la délégation s’est fait expliquer que,
pour changer les choses en Afrique, il fallait un engagement à long terme. Les
groupes qui travaillent dans le Nord de l’Ouganda, en particulier, ont insisté
sur le maintien de l’engagement du Canada, même après le rétablissement de la
paix. Ils ont souligné qu’il faudra des années pour résoudre les problèmes des
orphelins, pour régler celui causé par les mines terrestres et les engins non
explosés et pour opérer la réconciliation.
REMERCIEMENTS
La délégation tient à remercier le personnel du Haut commissariat du
Canada en Tanzanie pour son aide dans l’organisation d’une visite éclairante en
Afrique orientale, en particulier M. Reid Sirrs et Mme Inès Le Minter. Elle
tient aussi à remercier le haut-commissaire du Canada au Kenya, M. Ross Hynes,
ainsi que son personnel, en particulier M. Ian McKinley, M. Robert Logie et M.
Bhupindar Liddar. La délégation est tout spécialement reconnaissante à M. Bryan
Burton, conseiller politique du Canada en Ouganda, pour son aide dans la
coordination de la visite en Ouganda.
Respectueusement soumis,
La coprésidente,
L’hon. Raynell Andreychuk, sénatrice
Association parlementaire
Canada-Afrique
Le coprésident¸ L’hon. Mauril Bélanger, C.P. député
Association parlementaire
Canada-Afrique
(1) BBC, « Country Profile: Tanzania
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