L’Association était représentée par
l’honorable Raynell Andreychuk, sénatrice, coprésidente; M. Deepak Obhrai,
député, vice-président; l’honorable Mauril Bélanger, C.P., député, ex
coprésident; et M. Guy André, député, membre de l’Association. La délégation
était aussi accompagnée de M. Rémi Bourgault, secrétaire administratif.
Objectif de la visite
Afin d’approfondir les objectifs de
l’Association, qui consistent à renforcer les relations parlementaires sur les
plans national, régional et bilatéral et de poursuivre notre travail avec le
Parlement panafricain et les assemblées régionales de l’Union africaine,
l’Association prend part à des visites bilatérales dans des pays clés
d’Afrique. Le premier sur notre liste était le Mozambique, où le Canada a
d’importants engagements en matière de subventions et d’aide au développement.
Le Mozambique est l’un des 25 pays partenaires du développement du Canada.
Depuis 2002, il est au nombre des pays d’Afrique pour lesquels l’Agence
canadienne de développement international (ACDI) augmentera l’aide financière
qu’elle destine à l’investissement dans les secteurs prioritaires. L’ACDI a
élaboré son nouveau cadre de programmes pour le Mozambique — qui privilégie
éducation, agriculture et développement rural, lutte anti-sida et gouvernance —
en étroite collaboration avec le gouvernement du pays.
L’un des mandats de l’Association
parlementaire Canada-Afrique est le développement, surtout dans la mesure où
celui-ci influe sur la démocratie parlementaire, la primauté du droit, les
droits de la personne et la coopération parlementaire internationale.
L’Association a assumé son rôle de supervision et à cet égard, elle a évalué
les objectifs du gouvernement, qui souhaite resserrer ses liens avec le
Mozambique et l’importance accordé pour aider le Mozambique dans le domaine du
développement démocratique. Cette visite a aussi été l’occasion de renforcer
les liens et la coopération parlementaires entre nos deux pays.
Afin d’optimiser ses ressources et son
temps, l’Association a ajouté Le Cap, capitale législative du pays, à sa
visite. Elle estimait qu’il était possible de consolider les liens du Canada
avec les parlementaires de l’Afrique du Sud. La délégation, sauf M. Obhrai, a
donc fait un court séjour au Cap.
Rencontres
Au Mozambique, la délégation a
rencontré les personnes suivantes :
§L’honorable Eduardo J. Mulémbwé, président de l’Assemblée de la
République du Mozambique
§Mme Isabel Manuel Nkavadeka, ministre des Affaires parlementaires
§M. Henrique Banze, ministre adjoint des Affaires étrangères et de la
Coopération
§M. Manuel J. Tomé, whip du gouvernement, FRELIMO
§Mme Maria José Moreno, whip de l’opposition, RENAMO
§Mme Virgínia Videira, députée, présidente de comité
§M. Leopoldo Ernesto, député, président de comité
§M. Ussmane Ali Daúto, député, président de comité
§M. Alexandre Meque, député, président de comité
§M. Eduardo Namburete, député, APNAC
§M. Alberto da Barca, Ética
La délégation est la première
délégation parlementaire canadienne à visiter le Mozambique depuis l’ouverture
de notre ambassade en 2004. La délégation a visité une école à l’extérieur de
Maputo. Cette expérience intéressante a permis de constater la volonté de la
population locale d’améliorer l’accès à l’éducation, malgré des moyens financiers
modestes. Les délégués ont aussi assisté à une réception dans le cadre de la
semaine de la Francophonie.
En Afrique du Sud, la délégation a
rencontré :
§Mme Peggy M. Hollander, vice-présidente du Conseil national des
Provinces, Parlement de l’Afrique du Sud,
§Mme Joyce Mabel Masilo, présidente, Comité des Services sociaux,
Assemblée nationale, Parlement de l’Afrique du sud
§M. Ben Turok, député
§Mme Celia-Sandra Botha, députée
§Mme Judith February, IDASA
§Dr Adekeye Adebajo, Centre de Résolution des conflits
Le Mozambique
Pays de 19,8 millions d’habitants
(2005) dont le PIB par habitant est estimé à 346 $ US (2005), le Mozambique a
fait des progrès remarquables depuis la fin de la guerre civile. Cependant,
suivant l’indice du développement humain de l’ONU en 2005, il se classe 168e
sur 177 pays.
Le Mozambique devient indépendant en
juin 1975, après dix ans de guerre entre le Front de libération du Mozambique
(FRELIMO) et le Portugal, pays qui l’a colonisé pendant 500 ans. Au cours des
17 années suivantes, un conflit entre le gouvernement du FRELIMO et la
Résistance nationale du Mozambique (REMAMO) a de graves effets sur le pays,
dont la destruction de nombreuses infrastructures tel que ponts, écoles et hôpitaux.
La guerre civile prend fin en octobre
1992; la paix revient avec l’intervention de la force de maintien de la paix de
l’Opération des Nations Unies au Mozambique. En 1994, le Mozambique connaît les
premières élections multipartites.
Après la guerre, le Mozambique
entreprend d’importants travaux de reconstruction : les liens de communications
sont rétablis, la structure sociale de base est restaurée et d’importantes
opérations de déminage et de démarcation sont effectuées. Parti de très loin en
1994, le Mozambique connaît un des taux de croissance économique annuelle les
plus élevés au monde (moyenne de près de 8 %/an).
De nombreux problèmes subsistent :
soins de santé, agriculture, éducation, vulnérabilité aux catastrophes
naturelles, taux de prévalence du sida. Malgré l’urbanisation croissante, la
majorité de la population continue de vivre dans les campagnes et l’agriculture
de subsistance demeure le gagne-pain principal de la plupart des Mozambicains.
Le gouvernement a réalisé d’importants
progrès dans la réduction de la pauvreté. Il a récemment diffusé la version
préliminaire de son deuxième « Plan d’action 2006-2007 pour la réduction de la
pauvreté absolue » (PARPA).
L’économie du Mozambique se diversifie
progressivement, bien que l’agriculture de subsistance reste fondamentale. Le
tourisme se développe; le secteur des ressources naturelles représente une part
de plus en plus importante de l’économie, et le Mozambique a montré sa capacité
à réaliser d’importants investissements dans des mégaprojets.
Relations avec le Canada
Le Mozambique est un partenaire de plus
en plus important du Canada en Afrique. Les relations entre le Canada et le
Mozambique se sont accrues avec la désignation du Mozambique comme « partenaire
du développement » de l’ACDI en 2003. Cela, joint à l’ouverture d’un
Haut-commissariat à part entière en 2004 à Maputo, a marqué un tournant
important et positif dans l’engagement du Canada à l’égard du Mozambique et de
la région.
Le Canada fournit une aide publique au
développement au Mozambique depuis son indépendance en 1975. Après le règlement
de paix et les premières élections multipartites en 1994, l’aide canadienne
s’est élargie pour incorporer l’aide électorale, des programmes de santé et
d’éducation, la réinstallation des réfugiés, la remise en état des chemins de
fer et le développement de la société civile.
Depuis 2003, l’aide canadienne vise
l’éducation, le développement agricole et rural (en particulier l’eau, les
services sanitaires et le microfinancement) et la santé, notamment la lutte
contre le sida. Ces domaines sont reconnus comme compatibles avec la stratégie
de réduction de la pauvreté du Mozambique. Le Canada participe surtout à
l’éducation, qui reçoit quelque 20 millions de dollars par année. Notre soutien
le plus visible au Mozambique est le financement de l’impression et de
l’édition de tous les manuels scolaires du niveau primaire, des cahiers
d’exercices et des guides à l’intention des enseignants, pour plus de trois
millions d’élèves.
Plus de 20 organisations canadiennes
sont actives au Mozambique, beaucoup depuis l’indépendance ou les années de
guerre. Leurs activités couvrent un large éventail : liens universitaires et
programmes de développement rural, stages pour les jeunes, réalisation de
programmes de grande envergure avec le gouvernement du Mozambique.
C’est en partie parce que le Mozambique
fait partie des pays de concentration de l’ACDI que l’Association tenait à
constater l’état des institutions au Mozambique et l’impact de l’aide offerte
par le Canada dans ce pays confronté à de si nombreux défis.
Rencontres
La délégation a rencontré des
parlementaires, des ONG et le personnel et les enfants d’une école.
Rencontre avec le personnel et les
élèves d’une école primaire
Un des points forts du séjour au
Mozambique a été la visite de l’école primaire de Balane située dans le
district de Marracuene, à environ 30 minutes du centre de Maputo. On voulait
monter à la délégation canadienne les conditions d’enseignement pour les élèves
mozambicains ainsi que l’utilisation des manuels financés par le Canada.
Quelques mois plus tôt, les enfants
assistaient à leurs cours sous un arbre. Lors de la visite du « premier site »
de l’école, on a parlé de la participation communautaire à la construction et
au fonctionnement de l’école.
L’école primaire de Balane est une
école rurale pauvre : environ 211 élèves sont répartis par groupes d’âge. Elle
manque pratiquement de tout. Construite modestement avec des matériaux locaux et
un toit en acier, elle peut loger au maximum 30 enfants à la fois; elle est
loin de ressembler aux écoles du Canada. Les enfants s’assoient par terre et
écrivent en posant leur livre sur les genoux ou directement sur le sol. Malgré
cela et la chaleur inconfortable, on pouvait constater l’enthousiasme de ces
enfants.
Les enfants ont apprécié énormément la
visite des parlementaires et manifesté leur reconnaissance par des chants et
des danses selon la tradition mozambicaine. Une élève a pris la parole pour
remercier la délégation de sa visite et des cadeaux et rendre hommage au Canada
pour son appui à l’éducation, en particulier par la fourniture des manuels.
Les délégués ont pu constater à quel
point cette petite contribution canadienne à l’impression des manuels dans le
cadre d’un programme de l’ACDI et le don de matériel scolaire de base pouvait
améliorer la vie des enfants et des adultes du Mozambique.
L’éducation au Mozambique présente de
nombreux problèmes, dont certains résultent de trente ans de guerre coloniale
et civile. L’ACDI appuie notamment l’éducation avec son Programme de soutien
pour l’acquisition de matériel pédagogique au Mozambique. Le premier protocole
d’entente signé le 8 juillet 1996 prévoyait une somme initiale de 15 millions
de dollars qui fut portée par la suite à 20 millions. Ces fonds ont été
utilisés pour fournir environ 17 millions de manuels et cahiers à tous les
écoliers mozambicains de la première à septième année entre 2003 et 2005 –
touchant ainsi plus de 3 millions d’enfants par an. Étant donné l’évolution
positive du pays et ses grands besoins en éducation, le gouvernement canadien
(par le biais de l’ACDI) a lancé une seconde phase en 2005. Par le biais du
SEMM, le Canada est devenu le fournisseur le plus important de matériel
didactique pour l’école primaire au Mozambique.
Avant la visite à l’école, la
délégation a rendu une courte visite de politesse à la directrice locale du
District pour l’Éducation, Mme Verónica de Jesus.
Corruption
Abordée à plusieurs reprises, la
corruption a fait l’objet de discussion à deux réunions, l’une avec Ética,
organisation de la société civile mozambicaine financée par des donateurs qui
se voue à la promotion de l’intégrité et de l’éthique publiques et à la lutte
contre la corruption, l’autre avec M. Eduardo Namburete, député de l’opposition
RENAMO et membre du conseil exécutif du Réseau de parlementaires africains
contre la corruption (APNAC). Ces rencontres ont permis à la délégation de
constater que le Mozambique met en place des systèmes pour résoudre les
problèmes de corruption.
La rencontre avec l’ONG Ética a donné
la mesure de l’impact de la corruption sur le développement politique et
économique au Mozambique et de ce qui est fait pour la combattre. Légalement
établie depuis août 2001, Ética Moçambique est née de l’initiative d’un groupe
de leaders influents issus de la société civile : juristes, journalistes,
universitaires, gens d’affaires, prêtres et gens ordinaires. L’objectif d’Ética
Moçambique est de promouvoir et de renforcer l’intégrité, la transparence et
l’honnêteté ainsi que l’intérêt public par la défense des valeurs morales. Un
de ses principaux défis depuis sa création est l’éducation, car plusieurs
personnes ne savent pas ce qu’est la corruption.
Ética a donné une évaluation externe de
ce qui se passe au Mozambique. Signalons que son financement est précaire et
doit être renouvelé dans les prochains mois.
Le député de l’opposition Eduardo
Namburete a parlé à la délégation du problème de la corruption. Comme
parlementaire, il concentre son travail sur la promotion de la notion de
transparence et de bonne gouvernance comme condition préalable au développement
durable.
Monsieur Namburete est membre exécutif
du conseil d’administration d’APNAC — le Réseau du parlement africain contre la
corruption, qui fait partie de GOPAC, l’Organisation mondiale des
parlementaires contre la corruption qui reçoit un soutien du Fonds du Canada
pour l’Afrique – le programme de renforcement parlementaire du Canada.
Rencontres gouvernementales
Lors de la rencontre avec M. Henrique
Banze, ministre adjoint des Affaires étrangères et de la Coopération, la
délégation a réitéré la mission de l’Association et l’objectif de sa visite.
Par la même occasion, on a discuté des questions bilatérales intéressant le
Canada et le Mozambique.
Cette réunion a donné à la délégation
un aperçu des intérêts de politique étrangère du Mozambique. M. Banze a parlé
de la participation de son pays au NEPAD et à la SADC, relations qu’il a qualifiées
de vitales au développement des structures politiques et économiques du pays.
Sur l’intérêt du Mozambique à obtenir le statut d’observateur à la
Francophonie, il a parlé du rôle important du français avant l’indépendance et
de la volonté de rétablir des liens linguistiques et culturels relâchés depuis
30 ans. Comme avec les autres interlocuteurs, il a été question du sida, de son
impact sur le développement du pays et du besoin d’aide étrangère pour lutter
contre le problème. Le ministre adjoint a aussi fait un bref historique du pays
et du processus électoral au Mozambique.
Après la réunion avec le ministre
adjoint, la délégation a assisté à une brève cérémonie de signature du
renouvellement de l’accord de contribution de 10 millions de dollars entre le
Canada et le Mozambique, en faveur du Programme national du Mozambique pour le
développement agricole.
Depuis 2002 le Canada renforce son
soutien à l’agriculture au Mozambique, reconnaissant son rôle essentiel dans
l’économie (activité la plus importante du secteur privé) et dans la réduction
de la pauvreté.
PROAGRI (Programme national pour le
développement agricole) est un programme multidonateurs visant à améliorer
l’efficacité des programmes agricoles publics du Mozambique et à aider les
institutions à favoriser une croissance équitable et durable en milieu rural.
La cérémonie de signature a été couverte dans la presse écrite anglaise et
portugaise locale et dans les médias Internet.
De son côté, Mme Isabel M. Nkavadeka,
ministre des Affaires parlementaires au Bureau du Président, a expliqué que son
rôle au sein du gouvernement était de conseiller et d’informer le président sur
les affaires parlementaires. À cette fin, elle collabore étroitement avec le
Parlement et le bureau du président, ce qui fait qu’elle est non seulement très
bien informée, mais influente. Elle a évoqué le besoin de coopération dans le
domaine de la réforme législative et a parlé en détail du rôle positif que
l’Association parlementaire Canada-Afrique pourrait jouer à cet égard. La
ministre a bien accueilli l’offre de la délégation d’explorer les domaines où
elle pourrait offrir une aide technique et l’information sur le Programme
d’études des hauts fonctionnaires parlementaires (le Mozambique n’y a jamais
participé). Elle a parlé des défis que le Mozambique doit relever et a déclaré
que les institutions de son pays pouvaient certainement profiter du
savoir-faire canadien.
Pour l’instant, selon les discussions,
seulement le gouvernement peut présenter des projets de loi. Les parlementaires
ont besoin de formation pour pouvoir préparer des projets de loi et aussi
travailler pour bien représenter les citoyens de leur district, malgré la
situation économique.
Rencontres parlementaires
Dans les entretiens avec des
parlementaires, la délégation a parlé franchement et très ouvertement de la
structure, du rôle et des limitations du parlementarisme mozambicain tout en
trouvant beaucoup de points communs entre les comités de l’un et l’autre
parlement.
On s’est étonné de part et d’autre qu’il
n’y ait que 8 comités au Mozambique alors qu’il y en a en plus de 32 au Canada,
dans les deux Chambres. La délégation a rencontré des représentants de 4 des 8
comités (planification et budget, relations internationales, droits juridiques
et sociaux, égalité des sexes et environnement).
Il a aussi été question de corruption
et de lutte anti-corruption; de dépendance à l’égard de l’aide internationale
et de son impact sur le Parlement; d’éducation; du sida; des rapports
hommes-femmes; de développement rural. La délégation de l’association a
contribué à renforcer le soutien du Canada dans les domaines de la gouvernance,
de la problématique hommes-femmes et de la lutte contre le sida.
Les rencontres avec Mme Maria José
Moreno, whip de l’opposition RENAMO, et M. Manuel Tomé, whip du gouvernement
FRELIMO, ont permis à la délégation de comparer la vision des deux partis
politiques, qui s’affrontaient pendant la guerre civile et doivent maintenant
se côtoyer au Parlement.
Pour conclure la visite au Mozambique,
la délégation a rencontré l’honorable Eduardo J. Mulémbwé, président de
l’Assemblée de la République du Mozambique, après une visite de l’Assemblée. Le
président s’est dit content de voir que le mandat de l’Association comprenait
le renforcement des liens entre le Canada et le continent africain. Le
Mozambique peut probablement apprendre du Canada. Le président mentionne que
l’Assemblée créera prochainement un groupe d’amitié Mozambique-Canada.
La coprésidente a tenu à remercier le
président pour l’accueil réservé à la délégation au Mozambique, qui a pu ainsi
rencontrer des personnes intéressantes et avoir des discussions franches et
informatives. La délégation multipartite est satisfaite des efforts déployés
par le Canada au Mozambique et souhaite que cela continue, car le Mozambique
semble sur la bonne voie, en œuvrant à son développement sans conflit.
La délégation a transmis les meilleurs
vœux de la part des Présidents du Parlement du Canada et informé le Président
du programme d’études des hauts fonctionnaires parlementaires.
Autres renseignements
Dès la première journée, le personnel
du Haut-commissariat a offert à la délégation une séance d’information sur le
Mozambique et ses défis. Cette séance a été fort appréciée et jugée nécessaire
par les délégués, étant donné la complexité de certains enjeux au Mozambique.
Durant leur séjour au Mozambique, les
membres de la délégation ont pu se faire une idée générale de la présence
francophone dans ce pays en assistant, en compagnie de nombreux représentants
de la communauté francophone, à une réception et un à concert d’une interprète
canadienne organisés dans le cadre de la semaine de la Francophonie.
De plus, six représentants de la
communauté canadienne travaillant dans plusieurs domaines au Mozambique ont été
invités à un petit déjeuner. La délégation a pu ainsi se rendre compte de la
diversité de leurs activités et connaître leurs opinions sur le Mozambique.
Commentaires
Conformément au mandat de l’Association
et aux objectifs de la mission, on a profité de la visite pour nouer des liens
entre parlementaires et mieux comprendre les enjeux et les problèmes du
Mozambique. En particulier, la délégation tenait à mieux comprendre pourquoi le
Mozambique était un pays prioritaire pour l’aide canadienne et ce que le Canada
faisait ici au juste à cet égard.
Les réunions ont permis à la délégation
de constater à quel point le pays a su maîtriser son passé turbulent, mais
aussi que les succès sont fragiles, qu’il reste d’importants problèmes, comme
la corruption, le sida et l’absence d’infrastructures qui influent sur
l’administration et le développement du Mozambique.
Il a aussi été question de l’importance
de la démocratie et de la bonne administration pour la croissance et le
développement, ainsi que du rôle que la communauté internationale, dont le
Canada, à cet égard, malgré le « succès » du Mozambique par rapport aux autres
pays africains. L’Association parlementaire Canada-Afrique reconnaît les
réalisations du Mozambique et souligne le soutien que le Canada apporte à son
développement sur les plans bilatéral et régional (NEPAD, SADC).
Il est évident que le Mozambique en
tant que démocratie multipartite est encore à ses balbutiements. La délégation
estime qu’il est essentiel de consolider les progrès démocratiques du Parlement
du Mozambique.
L’Afrique du sud
L’Afrique du Sud est un pays de 45,7
millions d’habitants (2003) dont le PIB par habitant est évalué à 5 857 $ CAN.
Malgré ces chiffres, suivant l’indice du développement humain de l’ONU en 2004,
le pays se classe 119e sur 177 pays.
Depuis la transition historique qui l’a
menée de l’apartheid à la démocratie multiraciale, l’Afrique du Sud est devenue
un modèle de tolérance et de résolution des conflits ainsi que le modèle d’une
économie africaine moderne, dynamique et transparente. Elle joue un rôle
diplomatique sur le continent en tant qu’un architecte du Nouveau Partenariat
pour le développement de l'Afrique (NEPAD).
Le traumatisme et les fractures
provoqués par les années d’apartheid n’ont pas empêché l’Afrique du Sud de se
métamorphoser en une démocratie multipartite et stable. Cela dit, les défis à
surmonter demeurent colossaux pour le gouvernement dirigé par le Congrès
national africain (ANC). L’Afrique du Sud connaît des difficultés importantes
avec le sida.
Le Parlement de l’Afrique du Sud se
compose du Conseil national des provinces et de l’Assemblée nationale. Le
Conseil national de provinces se compose de 90 membres élus au scrutin
indirect. De son côté, les 400 membres de l’Assemblée nationale sont élus au scrutin
direct, mais proportionnel.
Nos rencontres nous ont permis de
comprendre le système électoral et le fonctionnement du Parlement en Afrique du
Sud.
Il faut noter qu’il existe toujours des
tensions entre les différents partis politiques et les défis qui se posent à ce
pays potentiellement riche sont très grands.
Rencontres
La délégation a passé une journée de
travail au Parlement au Cap, le vendredi 24 mars 2006 après le séjour au
Mozambique. Elle a tenu des réunions informelles avec des représentants du gouvernement,
pris le déjeuner avec des députés du gouvernement et de l’opposition et
rencontré dans le cadre de deux séances des ONG qui surveillent la démocratie
parlementaire en Afrique du Sud et en Afrique australe.
Rencontres parlementaires
La délégation a rencontré Mme P.M.
Hollander, vice-présidente du Conseil national des provinces, ainsi que Mme
Joyce Masilo, députée et présidente du Comité des services sociaux. Ces
réunions cordiales ont été une excellente occasion de témoigner l’intérêt et le
soutien du Canada au développement de la démocratie parlementaire en Afrique du
Sud et en Afrique australe. Dans les deux cas, les échanges ont été productifs
et ont permis à la délégation de s’informer des vrais défis du système
parlementaire dans l’Afrique du Sud de l’après-apartheid.
Pendant un déjeuner, la délégation a
rencontré des députés du gouvernement et de l’opposition; le professeur Ben
Turok du Congrès national africain (ANC) et Mme Celia-Sandra Botha de
l’Alliance démocratique (DA). La discussion stimulante et informative entre les
convives a porté sur le rôle des partis politiques au Canada et en Afrique du
Sud et fait une comparaison particulièrement intéressante du rôle du Sénat
canadien et du Conseil national des provinces. On a également comparé le
système électoral à circonscriptions à la représentation proportionnelle et
parlé de questions comme la discipline de parti, la liberté d’action des
députés et la possibilité pour les élus de changer de parti, dont la
possibilité est prévue par la constitution sud-africaine.
Les délégués et les invités se sont
entendus sur le besoin de renforcer les contacts parlementaires entre nos deux
pays et les députés de part et d’autre ont convenu de façon informelle d’y
travailler par l’entremise de l’association, du Centre parlementaire à Ottawa
et d’autres instances.
Rencontres avec des ONG
La délégation s’est réunie avec
l’Institut pour la démocratie en Afrique du Sud (IDASA), ONG établie au Cap qui
étudie le développement démocratique et, en particulier, avec Mme Judith
February, chef de son Service de surveillance de l’information politique. Il a
été question des préoccupations de la société civile vis-à-vis de l’éthique au
Parlement et du gouvernement en Afrique du Sud ainsi que du système de
nomination des hauts fonctionnaires par opposition aux nominations politiques.
Le programme s’est terminé par une
table ronde au Centre de résolution des conflits (CCR), que préside le Dr
Adekeye Adebajo et à laquelle a participé tout son personnel de programme.
Les exposés du personnel du CCR ont porté sur le maintien de la paix, le règlement des conflits, la problématique
hommes-femmes, le sida, la sécurité humaine, la collecte de fonds et plusieurs
autres sujets connexes. Il y a eu ensuite une discussion informative sur les
problèmes de l’Afrique australe et de l’Afrique du Sud elle-même. Il a surtout
été question du besoin de formation en résolution des conflits à tous les
niveaux de la société et au gouvernement. On a passé en revue un certain nombre
de cas concrets dans ce domaine et discuté en détail de la relation entre la
sécurité humaine et le sida.
Cette table ronde a été utile et
informative. En conclusion, tout en faisant remarquer qu’ils ne peuvent pas
faire de recommandations de financement, les parlementaires canadiens ont
déclaré qu’ils appuieraient certainement des initiatives conjointes entre le CCR et des partenaires canadiens.
Autres renseignments
Au Parlement d’Afrique du Sud, la
délégation a été reçue par le chef du protocole; elle a bénéficié d’une séance
d’information et d’une visite des lieux, dont l’Assemblée nationale et le
Conseil national des provinces.
Commentaires
Cette visite nous a renseignés sur
l’évolution de la démocratie parlementaire en Afrique du Sud et en Afrique
australe. Elle a surtout servi, cependant, à souligner le soutien du Canada au
rôle du Parlement en Afrique du Sud.
Le programme d’une journée a donné
l’occasion de mieux comprendre l’état actuel du parlementarisme dans cette
démocratie relativement jeune. Dans les réunions informelles et formelles avec
les responsables gouvernementaux, les parlementaires canadiens ont pu montrer à
leurs homologues sud-africains qu’ils s’intéressaient vraiment au processus
démocratique dans leur pays et qu’ils étaient prêts à collaborer et à échanger
avec eux. Ils ont pu ainsi faire comprendre à l’Afrique du Sud que le Canada
est disposé à aider au maintien et au renforcement du parlementarisme
sud-africain, message important à transmettre à ce pays phare de l’Afrique
australe.
Au déjeuner comme dans les réunions
avec les ONG, la délégation a véhiculé le même message et obtenu des
renseignements utiles sur l’état actuel de la démocratie parlementaire en
Afrique du Sud et en Afrique australe.
Conclusion
Globalement, la visite au Mozambique et
en Afrique du Sud s’est révélée un succès puisqu’elle a permis d’atteindre les
objectifs que s’était fixés l’Association. Le Canada joue un rôle important,
positif et nécessaire dans ces deux pays et l’Association continuera à suivre
l’évolution de la démocratie et des institutions parlementaires dans ces pays
encore fragiles.
L’Association devra envisager d’autres
visites de ce genre. Leur impact à court et à moyen terme et les réseaux
qu’elles permettent d’établir sont inestimables. Plusieurs autres pays africains
obtiennent de l’aide du gouvernement canadien et ont aussi besoin de
l’attention d’organismes parlementaires comme notre association.
Remerciements
La délégation tient à exprimer sa
gratitude au personnel du Haut-commissariat du Canada au Mozambique et au
Consulat du Canada au Cap en Afrique du Sud pour l’avoir aidée dans les
préparatifs de la visite et des entretiens. La délégation est reconnaissante au
haut-commissaire James K. Hill au Mozambique et au consul général Christopher
Brown au Cap pour leur soutien et leur disponibilité durant la visite.
Respectueusement
soumis,
La
coprésidente, l’honorable Raynell Andreychuk, sénatrice,