Séance d’information sur l’initiative
relative aux voyages dans l’hémisphère occidental
La 47e Réunion annuelle débute par une
séance d’information proposée par des fonctionnaires du Département d’État
américain (DE) et du U.S. Department of Homeland Security (DHS) sur
l’Initiative relative aux voyages dans l’hémisphère occidental (IVHO). De façon
générale, la séance d’information expose les paramètres de l’Initiative et le
calendrier de sa mise en œuvre.
Les délégués se font expliquer que la mise
en œuvre de l’IVHO, en vertu d’un mandat du Congrès, relève d’un partenariat du
DE et du DHS. L’article 7209 du Intelligence Reform and Terrorism Prevention
Act de 2004, qui codifie une recommandation de la Commission du 11 septembre,
dispose que tous les voyageurs devront être munis d’« un passeport, autre
document ou combinaison de document jugé acceptable par le secrétaire du
Homeland Security comme preuve suffisante de la citoyenneté et de l’identité »
[traduction libre]. On prévoit que l’IVHO renforcera la sécurité aux frontières
dans l’hémisphère et facilitera les déplacements sans entraver la circulation
légitime des personnes et des biens.
Les fonctionnaires expliquent aux
délégués que, à compter du 31 décembre 2006, l’IVHO s’appliquera à tous les
voyages par transport aérien et maritime entre les États-Unis, d’une part, et
le Canada, le Mexique, l’Amérique centrale, l’Amérique du Sud, les Antilles et
les Bermudes, d’autre part. À compter du 31 décembre 2007, l’Initiative
s’appliquera également aux frontières terrestres. Selon eux, les exigences à
satisfaire pour les transports aériens et maritimes causeront probablement
moins de problèmes que ce ne sera le cas pour les transports terrestres.
D’après les fonctionnaires, environ 6
millions d’Américains auront besoin de documents approuvés pour le premier
volet de l’Initiative, et 1 million par la suite; au cours des cinq prochaines
années, on prévoit que 27 millions de personnes recevront des documents et que
les deux tiers d’entre eux les recevront au cours des 24 prochains mois. En
outre, les délégués sont informés que la demande de passeports aux États-Unis a
doublé dans les trois dernières années et que beaucoup plus d’Américains
renouvellent maintenant leur passeport que ce n’était le cas auparavant.
On explique également aux délégués que
:
·26 % des citoyens américains ont actuellement un
passeport, soit deux fois plus qu’au cours de la décennie précédente;
·40 % des Canadiens ont un passeport;
·il y a aux États-Unis 17 organismes qui
délivrent des passeports, avec 7 500 points de service dans d’autres organismes
gouvernementaux, et il devrait y avoir d’ici un an 9 000 points de service;
·3,1 millions de passeports ont été délivrés au
Canada en 2005-2006.
Les fonctionnaires parlent également de
la carte-passeport, une carte sûre de la taille d’une carte de crédit, qui
donne les droits d’un passeport établissant l’identité et la nationalité pour
les voyages par voie de terre, et qui coûte moins cher que le passeport
classique sous forme de livret.
Enfin, on explique aux délégués que le
Department of Homeland Security a engagé le dialogue avec ses voisins de
l’hémisphère sur les modalités de mise en œuvre de l’Initiative. Comme celle-ci
est actuellement imposée par la loi, le véritable enjeu consiste à trouver les
meilleures modalités d’application. Pour l’instant, il semble qu’aucune
possibilité ne soit écartée et tout se fera au moyen du processus de
réglementation. En guise de conclusion, ils signalent que la mise en œuvre de
l’Initiative est un défi à relever et que les délais sont serrés.
Séance plénière d’ouverture
La séance plénière d’ouverture de la
47e Réunion annuelle commence par la présentation des délégués et un engagement
à parvenir à des déclarations consensuelles dans chacun des trois comités. Il
est convenu que ces déclarations consensuelles serviront à rédiger une
déclaration commune sur les objectifs que les délégués souhaiteraient atteindre
en matière de politique.
On décrit ensuite le contexte politique
actuel de chacun des deux pays. Un député conservateur décrit la composition du
Parlement et explique la différence entre un gouvernement de coalition et un
gouvernement minoritaire qui, dit-il, n’a besoin de l’accord d’aucun autre
parti pour gouverner. Dans un Parlement où il est minoritaire, le parti au
pouvoir tente d’obtenir des appuis au cas par cas, notamment en ce qui concerne
les projets de loi de finance. Il dit encore aux délégués qu’il faudrait que
les trois partis de l’opposition se liguent pour pouvoir renverser le gouvernement.
Par contre, au Sénat, la situation est différente, car il y a nettement plus de
sénateurs libéraux que de sénateurs conservateurs. Selon lui, le gouvernement a
peut-être une faible minorité en nombre de sièges, mais il s’agit d’une
minorité relativement stable et il se maintiendra peut-être pendant deux ans.
Il conclut en disant que le Parti conservateur du Canada tend à être
relativement plus proche des États-Unis, ce qui augure bien pour l’avenir des
relations bilatérales.
Un député libéral fait remarquer qu’il
y a des divergences idéologiques entre les quatre partis aux Communes, mais
qu’ils sont unis sur un point : ils ne veulent pas d’élections à court terme,
pas plus que ne le veut la population canadienne. Les libéraux sont en train de
s’habituer au rôle d’opposition officielle après 13 ans au pouvoir. Il ajoute
que le Parti libéral du Canada a une grande expérience des enjeux bilatéraux.
Un sénateur libéral décrit le Sénat
comme un « contrepoids » au pouvoir exécutif et fait observer qu’il est arrivé
qu’il bloque ou défasse des lois du gouvernement, par exemple celle qui portait
sur le libre-échange. Il ajoute, à propos des relations bilatérales, qu’il ne
faut pas oublier que nos intérêts coïncident parfois, mais qu’ils divergent
aussi à l’occasion. Selon lui, l’axiome selon lequel « toute politique est
locale » est important, et il faut toujours se souvenir qu’aucun parti
politique au Canada n’est antiaméricain : tous les partis appuient les
relations bilatérales.
En précisant que les compétences
législatives du Sénat canadien sont égales à celles de la Chambre des communes
seulement jusqu’à un certain point – ce point étant les projets de loi de
finances –, un sénateur conservateur prédit qu’il est peu probable que les
sénateurs libéraux, majoritaires, se livreront à une obstruction importante. Un
collègue signale que tous les partis politiques au Canada souhaitent de bonnes
relations saines avec les États-Unis.
L’attention se porte ensuite sur la
situation politique américaine. Une représentante démocrate avance que les
États-Unis traversent une période de brassage et énumère des facteurs comme la
guerre contre le terrorisme, la hausse du prix de l’essence, le déficit
budgétaire, etc. Selon elle, le niveau de vie aux États-Unis est à la baisse, il
est de plus en plus coûteux d’obtenir une bonne éducation, les États-Unis ont
perdu leur avance technologique et doivent faire plus de
recherche-développement; l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et
d’autres accords commerciaux ont fait disparaître des emplois dans le secteur
manufacturier.
Un collègue républicain décrit les
relations bilatérales comme les relations commerciales les plus importantes,
raison pour laquelle nous devrions toujours nous efforcer de nous attaquer aux
problèmes dans un contexte bilatéral. À son avis, l’ALENA est une réussite et
est bénéfique pour tous les pays; cette réussite est importante pour le
Mexique, car la prospérité dans ce pays retient les Mexicains de s’enfuir vers
d’autres pays tels que les États-Unis.
Un autre représentant républicain fait
porter ses propos sur la perte de la base industrielle, les changements
économiques entraînés par la mondialisation et la pénurie de main-d’œuvre
spécialisée tandis qu’un collègue estime qu’il existe un lien entre l’immigration
illégale et les pressions à la baisse sur les salaires : tandis que l’économie
américaine est portée par une vague de prospérité, le travailleur américain
moyen n’a pas eu d’augmentation de son salaire réel depuis cinq ans. Enfin, un
autre collègue exprime l’opinion que les élections de mi-mandat aux États-Unis,
en novembre, pourraient toucher le Canada : les Républicains ont actuellement
un contrôle relativement solide, mais un certain nombre de sièges sont menacés.
Un sénateur républicain estime que les
partis sont en train de se bipolariser de plus en plus, et le centre est
dégarni : les Républicains évoluent vers la droite tandis que les Démocrates
vont davantage vers la gauche. Selon lui, les déficits commerciaux
s’alourdissent, le coût de l’énergie augmente et on ressent chez les Américains
un certain malaise, un sentiment d’incertitude.
Un sénateur démocrate souligne qu’il
faut travailler ensemble pour apporter des changements constructifs dans les
deux pays. Il parle plus expressément de la nécessité de conclure des ententes
sur la sécurité et la défense des deux pays. Il faut aussi attirer et garder
les employés les plus qualifiés, car il existe aux États-Unis un déficit de
capital humain.
Comité I – coopération bilatérale en
matière de commerce régional, de débouchés économiques et de renforcement de la
prospérité
La prospérité économique par des
accords sur des échanges libres et équitables
Contexte
Le Canada, qui est l’une des grandes
économies les plus ouvertes du monde, dépend énormément du commerce, ainsi que
des règles sur le commerce international efficaces, et appliquées efficacement.
Nous sommes le neuvième exportateur et le dixième importateur au monde, et, au
Canada, un emploi sur cinq dépend du commerce.
La prospérité économique future de
notre pays demeure liée à un régime de commerce international ouvert,
transparent et fondé sur des règles aux niveaux multilatéral, régional et
bilatéral. Le Canada estime que ce régime doit être caractérisé par des règles
prévisibles et applicables, un meilleur accès aux marchés mondiaux et
l’ouverture aux échanges mondiaux, tandis que sont préservés les valeurs et les
intérêts fondamentaux du Canada.
C’est pour cette raison que le Canada
continue de réclamer une réforme fondamentale en agriculture et d’autres
changements pendant les négociations du Cycle de Doha, à l’Organisation
mondiale du commerce (OMC) dont :
·l’élimination la plus rapide possible des
subventions aux exportations;
·des réductions substantielles voire
l’élimination des mesures de soutien intérieur qui faussent les échanges;
·des améliorations substantielles et
significatives de l’accès au marché pour les produits agricoles et
alimentaires;
·un meilleur accès au marché pour les biens et
services;
·des règles plus claires et meilleures sur les
recours commerciaux;
·des règles solides et exécutoires sur la
facilitation du commerce;
·des avantages réels pour les pays en
développement.
De plus, le Canada demeure convaincu
des bienfaits de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), il continue
d’appuyer les négociations sur la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA),
et il lance ou poursuit des entretiens et des négociations de caractère
régional et bilatéral avec d’autres pays.
Discussion
Un député amorce la discussion en disant
que le Canada fonde de « grands espoirs » sur les négociations du Cycle de Doha
à l’OMC, où le Canada appuie un meilleur accès au marché et une diminution des
soutiens intérieurs pour l’agriculture. En réclamant des règles qui soient les
mêmes pour tous, il précise que l’agriculture est la plus grosse pierre
d’achoppement. Il signale enfin que le Canada est favorable à des entreprises
commerciales d’État qui respectent les obligations en matière de commerce
international. Un collègue appuie sa position sur l’agriculture, faisant
remarquer que les entretiens commerciaux semblent toujours s’enliser lorsqu’il
est question d’agriculture.
Un représentant réagit en félicitant le
Canada de son appui à une plus grande libéralisation de l’économie et à l’exploitation
de nouveaux débouchés commerciaux. Il est lui aussi en faveur de la réduction
des barrières et de l’accès à de nouveaux marchés, mais il fait remarquer que
le plus grand fossé qui sépare les États-Unis et l’Union européenne est celui
du soutien à l’agriculture. Il conclut en disant qu’il continue d’appuyer les
négociations sur la Zone de libre-échange des Amériques et que le
protectionnisme progresse dans le monde entier : nous devons promouvoir la
prospérité en Inde et en Chine, et avoir des échanges commerciaux avec elles
ensuite.
Les discussions se poursuivent avec un
député qui préconise la collaboration entre nos pays pour faire croître et pour
soutenir le secteur manufacturier en Amérique du Nord et pour protéger la
propriété intellectuelle. Il ajoute que l’ALENA a été bénéfique pour le Canada,
malgré des préoccupations périodiques, et il fait remarquer que les États-Unis
sont beaucoup plus prompts à signer des accords de commerce bilatéral. Enfin,
il signale que les subventions à l’agriculture sont beaucoup plus basses au
Canada qu’aux États-Unis et dans l’Union européenne. Un collègue appuie sa
position sur l’ALENA, dans lequel il voit la pierre angulaire d’un renforcement
de la compétitivité en Amérique du Nord.
Selon un autre représentant, le Brésil
constitue le vrai problème et il compte parmi un certain nombre de pays qui
continueront de résister dans un avenir prévisible à l’ouverture de leur marché
industriel. Il fait porter ses observations sur l’énergie et plus
particulièrement sur l’éthanol. Il fait savoir aux délégués que la teneur en
éthanol de l’essence au Brésil est de 60 p. 100 et que, avec un gisement
pétrolier récemment mis en exploitation, ce pays est maintenant en situation
d’autarcie énergétique. Par contre, le Brésil est en train de devenir une
catastrophe environnementale à cause du déversement des déchets toxiques de la
production d’éthanol.
Le représentant soutient que l’éthanol
est peut-être le seul moyen pour les agriculteurs de réduire leur dépendance à
l’égard des subventions, mais il ajoute qu’il faudra un autre Farm Bill avant
qu’on ne puisse faire vraiment confiance à l’Union européenne. Selon lui, les
États-Unis s’apprêtent à augmenter la production d’éthanol, et les
installations de production appartiennent souvent à des agriculteurs ou à des
collectivités rurales : les agriculteurs peuvent transformer leur maïs en
éthanol, au lieu de l’exporter à perte, et réaliser des bénéfices relativement
élevés. Il croit néanmoins, avis que partage un collègue qui a présenté un projet
de loi sur les carburants renouvelables à la Chambre des représentants, que les
États-Unis n’ont pas une infrastructure suffisante pour commercialiser
l’éthanol auprès du consommateur. Enfin, il prédit qu’il faudra prolonger les
négociations du Cycle de Doha, comme on a dû le faire pour le Cycle d’Uruguay.
À propos du prochain Farm Bill, un
collègue fait remarquer que la situation financière des États-Unis est
aujourd’hui bien différente de celle de l’époque où le dernier Farm Bill a été
adopté; il prévoit que le prochain sera moins généreux. Il estime que l’énergie
est le facteur déterminant, position qui reçoit l’appui d’un collègue, selon
qui l’énergie est critique et déterminera tout ce que nous ferons. Ce collègue
parle aussi de la diminution de l’offre des installations de fabrication et
soutient que le gouvernement n’accorde aucune importance particulière à la
fabrication.
Un sénateur canadien exprime son
opinion sur divers sujets liés au commerce : l’Union européenne ne va pas
réduire ses subventions agricoles de façon significative; les deux pays
devraient cerner et exploiter des créneaux sur le marché; les accords
commerciaux favorisent la prospérité et la croissance. En dépit de cette
opinion sur les subventions agricoles, un collègue sénateur et un député
insistent sur le fait que nous devons continuer à réclamer de l’Union
européenne qu’elle réduise ses aides.
Le renforcement de la capacité
commerciale dans les économies en développement et les microéconomies de
l’hémisphère occidental
Contexte
Le Canada croit que le commerce peut
être un outil important pour susciter l’activité économique, ce qui peut
favoriser l’émergence d’économies saines et atténuer la pauvreté. Il ne faut
pas oublier non plus l’importance d’autres facteurs comme la stabilité
économique, la bonne gouvernance, des services de santé et d’éducation
satisfaisants, etc.
L’une des façons dont les pays du monde
entier, dont le Canada, aident les économies en développement est qu’ils ont
recours à divers aspects du Programme de Doha pour le développement, qui met en
lumière les besoins et les préoccupations des pays en développement dans le
monde entier. Le Canada estime qu’il y aura des possibilités de croissance et
de prospérité pour les pays en développement si nous atteignons d’autres
objectifs au cours des négociations à l’OMC, dont une réforme fondamentale de
l’agriculture mondiale, des améliorations marquées de l’accès au marché pour
les biens et services et des règles exécutoires régissant la facilitation du
commerce.
Outre sa participation à divers
programmes de travail importants pour les pays en développement, le Canada est
en faveur d’un traitement spécial et différentiel ainsi que d’activités d’aide
technique et de renforcement des capacités en matière de commerce soigneusement
ciblées et financées de façon durable.
Au nombre des autres initiatives en
matière de commerce et de développement, il faut signaler le tarif de
préférence général, le tarif des pays les moins développés, le tarif des pays
antillais du Commonwealth et des règles d’origine libérales.
Enfin, dans le contexte du processus de
la ZLEA, le Canada appuie la prise en considération des disparités de
développement économique entre les pays participants et le Groupe consultatif
des petites économies.
Discussion
Un sénateur canadien lance la
discussion sur le sujet. Il décrit le Pacte de l’automobile comme le plus grand
créateur d’emploi dans la région; néanmoins, l’industrie intérieure de
l’automobile perd des parts de marché, ce qui entraîne des pertes d’emplois. Un
représentant répond en signalant que l’industrie de l’automobile – qui est une
source majeure d’emplois dans le secteur manufacturier et d’applications de
technologies de pointe – intègre les trois partenaires de l’ALENA, et il
souligne qu’il faut penser stratégiquement comme Nord-Américains. Selon lui,
les États-Unis ont besoin de meilleures politiques en matière de réglementation
et de fiscalité et il faut offrir des incitatifs à la productivité. Un député
signale des changements au Canada concernant la fiscalité des entreprises et
l’amortissement accéléré dans certains secteurs.
Les délégués discutent de questions de
capital humain, et un sénateur canadien parle de l’exode des cerveaux et des
carences de la formation professionnelle. Ces facteurs nous font perdre une
partie de notre capacité d’apprentissage pour l’avenir. Un collègue signale les
difficultés que les barrières interprovinciales suscitent pour la mobilité de
la main-d’œuvre et d’autres problèmes de main-d’œuvre dans une série d’industries.
Se plaçant du point de vue des
États-Unis, un représentant signale que son pays forme des ingénieurs, mais
qu’ils partent à l’étranger après avoir obtenu leur diplôme. Selon lui, les
États-Unis doivent être disposés à importer les compétences qui n’existent pas
sur le marché intérieur et les pénuries de certains types de main-d’œuvre
spécialisée font augmenter les salaires, ce qui, parfois, prive les entreprises
de leur compétitivité. Il signale en outre que les entreprises américaines font
face à des pressions intenses concernant les transferts technologiques
lorsqu’elles pénètrent des marchés asiatiques. Un collègue parle de coûts
importants légués par le passé qui tiennent au vieillissement de la population,
puisqu’un montant de 1 500 $ pour les soins de santé est compris dans le coût
de chaque voiture.
Les possibilités de meilleurs
mécanismes de règlement des différends
Contexte
Depuis quelque temps, le Canada
s’inquiète du fonctionnement du régime de règlement des différends prévu au
chapitre 19 de l’ALENA. Ces dernières années, il est arrivé quelques fois que
les délais prévus au chapitre 19 ne soient pas respectés et, dans certains cas,
les autorités américaines chargées des enquêtes, le Département américain du
commerce et la U.S. International Trade Commission ont refusé de se plier aux
décisions des groupes spéciaux. Cela est arrivé par exemple dans le dossier du
bois d’œuvre, ce qui a suscité au Canada des critiques contre le processus de
règlement des différends.
Discussion
Le dossier du bois d’œuvre est le point
de départ des discussions sur le règlement des différends. Un sénateur canadien
signale que, même si le règlement de ce différend est constructif, nous devons
voir ce qui a mal marché pour éviter de commettre les mêmes erreurs à l’avenir.
À son avis, il nous faut un système de règlement des différends plus
transparent et plus juste qui n’entraîne pas des contestations judiciaires
coûteuses pour l’industrie dans les deux pays. Il soutient que le chapitre 19
de l’ALENA n’est peut-être pas le meilleur mécanisme ni le plus efficace et que
le Canada préfère le processus de l’Organisation mondiale du commerce, qui est
peut-être plus solidement fondé sur des règles, plus efficace et plus juste. Il
exhorte nos gouvernements à collaborer pour mettre au point un meilleur
mécanisme. Un sénateur américain convient qu’il faut se doter d’un processus
qui permettra de mieux résoudre ce genre de problème.
Un représentant pose une question sur
ce que devrait être la « répartition du travail » entre l’ALENA et l’OMC dans le règlement d’un différend et il demande s’il n’y aurait pas lieu de faire appel à des
instances différentes selon les divers types de différends. Il signale aussi
qu’il faut faire participer le Mexique et qu’on doit trouver un terrain
d’entente sur le rôle que doit jouer le contexte international dans le
règlement des différents. Un collègue évoque le fait qu’on cherche parfois les
instances les plus favorables, et le sénateur canadien convient que le problème
existe : si les résultats ne vous conviennent pas à un endroit, vous vous
adressez ailleurs. Un député est d’avis qu’il faut plus de clarté sur le groupe
auquel il faut recourir dans telle ou telle circonstance, celui de l’OMC ou celui de l’ALENA.
Un sénateur canadien demande si la
Commission mixte internationale (CMI), qui est binationale et impartiale, peut
convenir pour régler les différends. Un représentant répond que, même si la
Commission est très utile pour résoudre les différends portant sur des faits,
il n’est pas d’accord pour qu’on lui renvoie des différends comme celui du bois
d’œuvre, car elle n’a pas forcément les compétences voulues.
Les délégués s’entendent sur le fait
qu’il faut collaborer pour créer un meilleur mécanisme qui pourrait s’appliquer
au dossier du bois d’œuvre d’abord et, s’il est fructueux, s’étendre à d’autres
différends et être intégré à l’ALENA.
Les zones frontalières et leur
importance pour les économies des deux pays
Contexte
L’accord commercial entre le Canada et
les États-Unis – et ensuite entre le Canada, les États-Unis et le Mexique – a
favorisé des liens plus nombreux et plus variés entre les deux pays. Les
relations transfrontalières régionales prennent de l’importance, acquièrent une
plus grande portée et revêtent une nature différente et concernent plus
particulièrement les zones adjacentes et les régions situées le long de la
frontière. Les facteurs clés semblent être la géographie, l’histoire, la
démographie, les couloirs de transport, les liens économiques, les similitudes
socioculturelles et la présence d’une organisation transfrontalière.
Au fur et à mesure que ces relations
régionales prennent de l’ampleur, de nouveaux protagonistes participent
davantage à la gestion des relations bilatérales et on propose de moyens
inédits d’aborder les enjeux binationaux.
Discussion
Les délégués parlent brièvement de la
question des régions transfrontalières. Des députés soulignent l’importance des
réseaux de transport, des portes d’entrée, des « institutions
institutionnalisées » – comme la Pacific Northwest Economic Region, ou PNWER,
et les rencontres entre les premiers ministres de l’Atlantique et les
gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre – qui sont présentés comme des modèles de
succès.
Les observations portent ensuite sur
divers sujets bilatéraux d’irritation comme l’Initiative relative aux voyages
dans l’hémisphère occidental, la fermeture de la frontière à certaines
catégories de bétail et de bœuf et les prix des médicaments.
Conclusion
Par suite des délibérations du Comité
I, les délégués à la 47e Réunion annuelle conviennent d’adopter les résolutions
suivantes :
Reconnaissant l’objectif de promouvoir
la productivité et la prospérité et ainsi qu’un relèvement du niveau de vie des
citoyens et des entreprises dans les deux pays, les délégués exhortent les
gouvernements canadien et américain ainsi que les législateurs fédéraux des
deux pays, à prendre rapidement les mesures suivantes :
1.élaborer un plan de sécurité énergétique par lequel, en une
décennie, les partenaires de l’Accord sur le libre-échange nord-américain
(ALENA) parviendront à l’autarcie énergétique. Ce plan devrait être axé sur les
sources renouvelables et non renouvelables d’énergie, et il doit envisager des
normes minimums pour l’énergie renouvelable.
2.mettre sur pied un groupe de travail, nommé par le Parlement du
Canada et le Congrès américain et composé de législateurs fédéraux des
commissions et comités compétents dans les deux pays, pour élaborer un
mécanisme de règlement des différends juste, efficace et durable applicable au secteur
du bois d’œuvre à l’avenir.
3.entreprendre avec le gouvernement du Mexique une étude comparative,
dans le secteur pharmaceutique, de la recherche, des prix, des marges
bénéficiaires, de la commercialisation, etc. dans des pays du monde entier.
4.chercher, indépendamment et conjointement, à conclure de nouveaux
accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux. Il faudrait aussi trouver les
moyens de mobiliser de nouveau les pays de l’Amérique du Sud pour les
négociations sur une Zone de libre-échange des Amériques. En ce qui concerne
les accords commerciaux, les gouvernements devraient travailler de concert pour
inciter l’Union européenne à réduire ses subventions agricoles.
5.collaborer ensemble et avec les États et provinces intéressés ainsi
qu’avec le secteur privé pour favoriser le développement de régions économiques
binationales.
6.agir conjointement pour préserver et élargir la base manufacturière
des deux pays et faciliter le perfectionnement professionnel et la mobilité de
la main-d’œuvre, et instaurer un régime fiscal qui favorise la compétitivité.
Il faudrait entreprendre une étude bilatérale sur la productivité du secteur
manufacturier, l’industrie automobile constituant la priorité.
7.reconnaître l’impact de la règle proposée sur les contrôles à
l’exportation de produits américains de haute technologie au Canada sur les
citoyens canadiens qui travaillent dans les industries de technologie de pointe
aux États-Unis et étudier avec soin les points de vue présentés par le Canada à
cet égard.
8.élaborer et mettre en œuvre en coopération, par l’entremise des
organismes compétents des deux pays, une vaste stratégie de lutte contre la
menace de grippe aviaire. Il faudrait coordonner les ressources pour mieux
observer et contrôler les oiseaux migrateurs qui volent d’un pays à l’autre et
peuvent être infectés. En outre, les organismes devraient contrôler les grands
couloirs migratoires nord-sud qui passent au-dessus de grandes régions
productrices de volaille – pour améliorer la probabilité de détecter les
oiseaux infectés avant que ne soient touchées les populations de volailles. Les
organisations sanitaires compétentes des deux pays devraient communiquer
régulièrement pour faciliter une alerte précoce au sujet de tout incident et
s’intéresser à tous les cas où des humains peuvent être touchés.
Comité II – coopération internationale
sur des questions touchant la sécurité, la défense et la démocratisation
La réforme des nations unies
Contexte
Le Canada n’a pas toujours été d’accord
sur les moyens employés par l’administration américaine et le Congrès pour
réclamer la réforme des Nations Unies – notamment le non-versement de la
quote-part des États-Unis, dans les années 1990 –, mais les deux pays ont
généralement travaillé ensemble sur ces questions au cours des dernières
années. En 2003, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a lancé une
importante initiative de réforme de l’organisation, commandant tout d’abord un
rapport à un Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis
et le changement et proposant ensuite un ensemble de réformes qu’il espérait
faire adopter à un sommet, en septembre 2005. Bien qu’un certain nombre de
questions complexes et litigieuses comme la réforme du Conseil de sécurité
n’aient pas été réglées au Sommet mondial, les dirigeants ont accepté de mettre
sur pied la Commission de consolidation de la paix, de remplacer la Commission
des droits de l’homme, discréditée, par un nouveau Conseil des droits de
l’homme, d’appuyer la notion de responsabilité de protéger et d’apporter des
réformes à la gestion de l’ONU. Les entretiens se poursuivent dans un certain
nombre de domaines, notamment au sujet de la responsabilité de protéger, et le
secrétaire général a publié en mars 2006 des propositions de restructuration du
Secrétariat de l’ONU. Étant donné que le mandat de Kofi Annan prendra bientôt
fin, le Canada s’est récemment fait le champion d’une idée : adopter un
processus plus structuré pour le choix du secrétaire général.
Discussion
Un Canadien amorce la discussion en
rappelant qu’il faudra bientôt choisir un nouveau secrétaire général de l’ONU.
Entre autres sujets, la composition du Conseil de sécurité prête toujours à
controverse. Si on convient que l’ONU est plutôt utile qu’inutile, la question
consiste à savoir comment faire contrepoids à certaines des pressions qui lui
ont enlevé une partie de son efficacité.
Un délégué américain dit qu’il a
récemment consacré beaucoup de temps aux enjeux de l’ONU et signale qu’on a
tenté d’améliorer son nouveau Conseil des droits de l’homme pour s’assurer que
le système fonctionne et que les bonnes personnes y soient représentées. Pour
ce qui est de la réforme du Conseil de sécurité, la Russie et la Chine ont fait
savoir clairement qu’elles ne voulaient pas que le Japon y soit représenté.
L’enjeu plus vaste est la réforme de l’ONU elle-même, y compris la
prolifération des mandats qui sont souvent dépassés et dont bon nombre sont
hostiles à Israël. Le cas du Japon fait ressortir la nécessité de changements,
puisque ce pays se situe au deuxième rang pour l’importance des contributions,
derrière les États-Unis, et appuie la réforme, mais ne peut pourtant pas
accéder au Conseil de sécurité. Les États du G77 doivent comprendre que, à
moins qu’on ne s’entende sur d’importants changements à l’ONU, ils pourraient
perdre l’ensemble de l’organisation.
À un Canadien qui demandait ce que les
États-Unis souhaitaient comme réformes à l’ONU, l’Américain a répondu que Kofi
Annan et la commission Gingrich-Mitchell avaient cerné un certain nombre de points,
dont la nécessité d’un nouveau système comptable, la transparence, la
divulgation de renseignements financiers et la dénonciation des irrégularités.
Ce sont des moyens de base d’assurer la responsabilisation. Il répète qu’il
faut revoir les mandats, ce qui pourrait se faire tous les cinq ans, à moins
que les mandats ne tombent automatiquement. L’Américain répond à une question
d’un Canadien sur le financement que les États-Unis paient environ 22 p. 100 du
budget ordinaire et des missions spéciales de l’ONU. Il ajoute que, pour le
moment, un grand enjeu est celui des suites qu’on y donnera aux recommandations
de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur l’Iran.
Un délégué canadien dit que nous
voulons tous des résultats mesurables et des comptes sur l’argent dépensé à
l’ONU. La difficulté consistera à les obtenir malgré les intérêts acquis de
ceux qui profitent du statu quo. Le grand enjeu, pour lui, est de transformer
l’ONU, qui est un lieu de discussion et de lobbying pour différents dossiers,
et d’en faire un arbitre honnête dans les crises mondiales. Si nous croyons
qu’il s’agit maintenant du début d’une nouvelle ère, la décision sur le choix
du prochain secrétaire générale est très importante parce qu’elle a valeur de
symbole. Pour des raisons d’équilibre, le choix devrait se porter sur un
Asiatique. Les États-Unis ont un droit de veto, mais peuvent-ils influencer les
critères de ce choix? Le leadership est très important pour les objectifs
américains et canadiens. Les États-Unis ont pris leurs distances par rapport à
la communauté onusienne au sujet de la question irakienne. L’ONU vient
d’adopter la proposition du Canada sur la responsabilité de protéger et, bien
que le Conseil de sécurité doive avoir des capacités en matière de sécurité,
cela ne veut pas dire qu’il faut posséder une force militaire permanente. Pour
ce qui est du Conseil de sécurité, une idée serait d’offrir à certains pays de
devenir membres sans avoir de droit de veto. Un autre Canadien explique que la
responsabilité de protéger veut dire que, lorsqu’un gouvernement souverain ne
protège pas les droits fondamentaux de sa population ou qu’il existe une grave
menace à la sécurité, la communauté internationale peut intervenir malgré la
notion westphalienne de souveraineté. Le principe de la responsabilité de
protéger a émergé, à la base, au lendemain du drame du Rwanda.
Un délégué américain répond qu’il
s’agit essentiellement d’un mécanisme de police. L’ONU a derrière elle toute
une histoire sur ce plan, et c’est pourquoi la Corée est aujourd’hui un pays
libre et prospère. Pourtant, l’Américain moyen ne croit pas que l’ONU soit
efficace – il pense qu’elle ne fait que prendre notre argent. Quant au Conseil
de sécurité, il estime que, idéalement, il ne devrait y avoir que trois pays à
table, sans communistes ni pays qui retournent au communisme, mais seulement
des pays qui garantissent les droits des administrés. Il faut aussi avoir des
discussions sérieuses sur la nature des divers régimes. Nous ne pouvons pas
nous inquiéter seulement des « États en déroute »; l’Allemagne nazie n’était
pas un État en déroute.
Un Canadien ajoute qu’il faut faire
quelque chose dans un proche avenir au sujet des pays en développement qui
veulent étendre le système de l’ONU et y protéger leurs propres intérêts. L’ONU
est censée être une association collégiale de pays, mais ce délégué craint
qu’il n’y ait à l’intérieur de l’Organisation des forces qui veulent la
transformer en gouvernement mondial, ce qui n’a jamais été le but visé. Il n’y
a pas très longtemps, nous avons eu des ministres qui préconisaient la création
d’une armée permanente de l’ONU. Le Tribunal pénal international est une
monstruosité et ce n’est qu’une question de temps avant qu’un citoyen des
Amériques ne fasse l’objet de poursuites.
La non-prolifération des armes
nucléaires et le terrorisme (défense antimissiles)
Contexte
La communauté internationale reconnaît
depuis longtemps la nécessité de prévenir la prolifération des armes
nucléaires, et l’élément central des efforts internationaux sur ce plan demeure
le Traité de non-prolifération (TNP). L’effondrement de l’Union soviétique a
suscité la crainte que certains États voyous ou même des terroristes
n’acquièrent des éléments nucléaires incontrôlables, mais c’est seulement après
les attentats terroristes du 11 septembre 2001 que le gouvernement américain a
établi explicitement un lien entre les États voyous, les armes de destruction
massive et les terroristes. Dans ce nouveau contexte, les États-Unis se sont
retirés du Traité missile antimissile balistique (MAB) qui avait interdit le
déploiement de moyens nationaux de défense contre les missiles pendant la
Guerre froide, et ils ont annoncé qu’ils développeraient et déploieraient une
capacité de défense contre les missiles pour se protéger, ainsi que leurs
alliés, contre les missiles de longue portée.
Vers la fin de 2004, le président Bush
a publiquement invité le Canada à se joindre aux efforts des États-Unis pour
développer et déployer des systèmes de cette nature. Même si le gouvernement
fédéral du Canada avait auparavant accepté de modifier l’accord sur le NORAD
pour autoriser le transfert de données d’alerte aux missiles aux commandements
américains chargés de ces dispositifs de défense, il a refusé d’aller plus
loin. Après les élections générales de janvier 2006, le nouveau gouvernement
fédéral du Canada a fait savoir que, si les États-Unis faisaient une nouvelle
proposition au Canada dans ce domaine, il serait disposé à l’étudier et qu’il
saisirait le Parlement de la question avant de signer.
Discussion
Un Américain signale que, même si le
gouvernement fédéral précédent du Canada a refusé de participer au programme
américain de défense antimissiles, le nouveau ministre canadien de la Défense
s’est dit prêt à revoir la question. Il demande une explication de la position
du Canada.
Un Canadien commence par signaler que
le Canada ne considère pas que la relation avec les États-Unis dans le cadre du
NORAD fasse partie intégrante de la défense antimissiles. Un autre Canadien
ajoute que le gouvernement précédent du Canada avait donné en privé des
indications favorables aux États-Unis sur la participation du Canada, après
quoi le président Bush avait abordé la question en public. Le gouvernement
fédéral du Canada a ensuite dit non pour des raisons politiques. La position du
nouveau gouvernement fédéral du Canada veut que, s’il y a une proposition
précise, il l’étudie, et il s’est engagé, avant de signer, à soumettre la
question au Parlement qui pourra en débattre et voter.
En réponse à une question sur l’état du
débat sur la défense antimissiles aux États-Unis, un Américain dit que, même si
le pays fait des dépenses pour poursuivre le travail sur le bouclier
antimissiles, ce n’est pas suffisant pour vraiment rendre le système
opérationnel. (La Chambre a récemment retiré de l’argent au budget du
bouclier.) Comme il y a des doutes sur la technologie employée, que les
évaluations ne montrent pas que la Corée du Nord peut toucher la côte
californienne avec un missile et qu’il y a beaucoup d’autres questions
urgentes, la question n’a pas été débattue autant qu’elle aurait dû l’être. À
son avis, le débat sera plus nourri à l’avenir, au fur et à mesure que les
problèmes du Moyen-Orient se résorberont et qu’on prendra conscience que la
Chine et l’Iran peuvent constituer des menaces.
Un autre Canadien fait remarquer que
son parti s’oppose au bouclier antimissiles et à l’arsenalisation de l’espace.
Il soutient que la certitude de la destruction assurée empêcherait la Corée du
Nord ou l’Iran de s’attaquer aux États-Unis. Un Canadien fait remarquer que les
terroristes ne sont pas rationnels et ne songent pas à la dissuasion.
Un Américain dit que les Canadiens sont
jusqu’à un certain point les victimes de l’opinion publique européenne sur des
questions comme celle-là. Il ne comprend pas les préoccupations au sujet de
l’arsenalisation de l’espace, étant donné qu’un bouclier antimissiles efficace
préviendrait les attaques de missiles de longue portée. (Les adversaires
trouveraient alors d’autres moyens.) L’unilatéralisme dont l’administration
Bush a fait preuve au début de son mandat en a troublé plus d’un. Songeons
notamment à la dénonciation du Traité MAB et l’annonce du bouclier
antimissiles. La secrétaire d’État, Condoleeza Rice est peut-être en train
d’améliorer la situation. À cause des pressions budgétaires, il y aura un
examen de plus en plus rigoureux du Pentagone et d’autres budgets pour veiller
à ce que nous ne consacrions pas d’argent à des armes inutiles. Les Européens
vont également réfléchir à la question. Un Canadien soutient que ceux qui sont
pragmatiques en politique commenceraient à changer d’opinion s’il pouvait être
prouvé qu’un dispositif de défense antimissiles peut être efficace.
La sécurité à la frontière
Contexte
Bien que, par le passé, le Canada et
les États-Unis se soient toujours vantés d’avoir en commun la plus longue
frontière non défendue du monde entier, les attentats terroristes du 11
septembre 2001 ont immédiatement modifié cette situation. Il est vrai que les
deux pays ont rapidement négocié un accord sur la frontière intelligente visant
à accroître la sécurité sans perturber le commerce, mais, dans les années qui
ont suivi, des Américains ont continué de soutenir que leur frontière nord
n’était toujours pas sûre et constituait donc une menace pour les États-Unis.
Discussion
Un Canadien continue sur la lancée de
la discussion précédente sur la défense antimissiles en soutenant qu’il y
d’énormes possibilités, comme les attentats du 11 septembre l’ont montré, qu’un
faible nombre de personnes infligent à peu de frais des dommages énormes. C’est
là la menace proche que nous devrions chercher à contrer en Amérique du Nord.
Si la frontière est fermée, le préjudice pour l’économie canadienne sera égal
voir supérieur à celui subi par les États-Unis. Beaucoup de Canadiens ne
comprennent pas qu’on adopte une approche symétrique des frontières nord et
sud. Cela nuit à nos relations. L’observation de Hillary Clinton voulant que
les terroristes responsables des attentats du 11 septembre soient venus du
Canada a provoqué l’indignation des Canadiens.
Un Américain répond qu’il est très
difficile d’établir une différence entre les frontières lorsqu’on légifère. Un
traité bilatéral permettrait d’améliorer la situation et aurait plus de poids
que toute loi adoptée par le Congrès. (La Chambre des représentants n’a aucune
responsabilité en ce qui concerne la ratification des traités.)
L’appui à la démocratisation
Contexte
Bien que la plupart des démocraties
réclament depuis longtemps l’adoption de normes démocratiques dans le monde
entier et aient greffé des conditions relative à la gouvernance et d’autres
programmes à leur aide au développement, on insiste davantage depuis quelques
années sur la promotion de la démocratie à l’étranger. Les États-Unis ont depuis
longtemps des activités de cette nature par l’entremise d’un certain nombre
d’organisations nationales clés – comme la National Endowment for Democracy –
qui intègrent et exportent l’expertise américaine dans ce domaine. Dans son
deuxième discours inaugural, le président Bush a souligné que la promotion de
la démocratie dans le monde, et plus particulièrement au Moyen-Orient, était la
clé d’une paix et d’une prospérité durables. Bien que le Canada appuie la
promotion de la démocratie à l’étranger, surtout au moyen du financement que
l’Agence canadienne du développement international (ACDI) accorde pour les
programmes de gouvernance et par l’entremise d’organisations régionales comme
l’Organisation des États américains (OEA), il n’a pas d’institutions nationales
semblables à celles des États-Unis.
Discussion
Un Canadien commence par dire que le
nouveau gouvernement fédéral du Canada voudrait renforcer la contribution
canadienne au soutien de la démocratisation à l’étranger. S’il est vrai que,
relativement, le Canada dépense plus que les États-Unis en aide à l’étranger en
général, il dépense moins pour le développement de la démocratie. Il signale
l’existence du Centre international des droits de la personne et du
développement démocratique, à Montréal, créé il y a plus de dix ans par le
Parlement du Canada.
Un Américain signale que l’Organisation
pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a fait un excellent travail
pour soutenir la démocratisation sur ce continent – notamment par des missions
d’observation des élections et d’autres activités – au point que le
gouvernement de Russie a menacé de couper sa participation financière parce que
l’OSCE avait remporté un grand succès en Ukraine et ailleurs. Il est important
de considérer la primauté du droit, la formation des juges et des procureurs et
l’élaboration de codes pénaux, etc. Nous devrions voir quel soutien nous
accordons à l’OSCE et quels sont les moyens les mieux adaptés à chaque cas. Un
collègue américain souligne l’importance des contacts personnels, ajoutant que
l’approche traditionnelle des contacts entre gouvernements revient à tenter de
régler les problèmes à coup d’argent. Un Canadien reconnaît l’importance des
contacts personnels, soutenant que les Taïwanais qui ont étudié en Amérique du
Nord ont ramené chez eux les valeurs nord-américaines.
Un Canadien ne partage pas cet
enthousiasme pour la promotion de la primauté du droit et de la bonne
gouvernance dans les pays en développement, disant qu’un système fondé sur les
juges et les avocats est un système où des gens mettent la main dans le
tiroir-caisse. Les Britanniques sont partis de la base, formant tout le monde,
depuis les officiers militaires jusqu’aux étudiants en Grande-Bretagne, ce qui
a fait ressortir des intérêts communs. Si nous voulons injecter de l’argent,
nous devrions le faire directement en encourageant ces gens à venir étudier
hors de leur pays.
L’Américain répond en attirant
l’attention sur le cas de la Serbie, qui a formé ses juristes et est maintenant
en train de juger des criminels. Le problème dans la région, c’est que nous
nous fions à des types de l’ancien régime. Le Barreau américain a vraiment aidé
à instaurer la primauté du droit. La chose la plus pratique que nous puissions
faire, c’est trouver les formules qui ont le mieux marché et soutenir les
efforts du même type. Il ajoute que la mort de l’ancien président Yougoslave
Slobodan Milosevic est un coup dur, parce qu’il a échappé au prononcé de la
sentence.
Un Canadien soutient que les
Britanniques ont en fait coopté les membres des élites et en ont fait des
Britanniques. La « diplomatie ouverte » est la notion clé. Le Canada et les
États-Unis ont commis une erreur énorme en abandonnant des programmes qui
étaient fructueux en la matière. L’ancienne Information Agency des États-Unis
et ses centres d’information revêtaient une énorme importance. Maintenant, nous
pouvons mener la même action par des moyens électroniques, en proposant tout en
ligne. Il préconise une résolution du comité visant à élaborer ces programmes et
à coopérer en la matière, et à chercher à informer les « jeunes pays en
développement » sur les institutions démocratiques et le moyen de résoudre les
problèmes de gouvernance par la primauté du droit et une magistrature
indépendante, et par des systèmes économiques qui permettent aux gens de monter
dans leur société.
Un Américain appuie l’intervention sur
la primauté du droit, citant James Madison : « La justice est le but du
gouvernement... jusqu’à ce que la liberté se perde dans cette entreprise. » On
ne peut avoir de libéralisme de libre marché avant d’instaurer la primauté du
droit. La corruption ne doit pas miner cette démarche. L’an dernier, on a mis
sur pied la Democracy Assistance Commission de la Chambre des représentants,
qui compte maintenant neuf Républicains et sept Démocrates. Cette commission
étudie la situation des nouveaux parlements, qui peuvent avoir connu une
histoire de démocratie, mais qui ont également subi l’oppression. Elle a établi
une coopération avec un certain nombre de pays, dont le Kenya, le Timor
oriental, l’Indonésie et la Macédoine. Des représentants de certains de ces
pays se trouvaient récemment à Washington et ont eu des contacts avec des
législateurs américains. Nous tendons à nous frapper la poitrine et à sermonner
les autres, mais nous ne sommes pas des experts, au fond : la démocratie est
partout une œuvre inachevée. La Democracy Assistance Commission prévoit aller
au Liban, au Libéria, en Ukraine, en Géorgie, peut-être en Irak et peut-être
dans des pays de l’hémisphère occidental. Le financement provient surtout de
l’Agency for International Development (USAID). Cet effort s’inscrit pour les
États-Unis dans la lutte mondiale contre le terrorisme.
Le même Américain parle également du
recul de la démocratie dans notre hémisphère et des menaces qui pèsent sur
elle, surtout au Venezuela. Nous devons nous interroger sur la substance de la
primauté du droit et sur les moyens d’y amener les autres pays. Il faut le
faire au moyen des institutions et de la culture autochtones. Si nous avons des
problèmes en Amérique du Sud, c’est parce que ces pays sont le produit des pays
colonisateurs qu’ont été l’Espagne et le Portugal, plutôt que de l’Angleterre,
et que leur expérience de la décolonisation a été différente. Nous tendons à être
des sociétés très individualistes. Comment favoriser la démocratie dans une
culture tribale ou communautaire, comme en Afrique? Quel que soit le système
instauré, il doit être adopté avec le consentement des administrés. Il doit y
avoir une démarche d’harmonisation. Or, nous n’avons pas fait un très bon
travail sur ce plan.
Un Canadien répond que le Canada a
beaucoup à offrir grâce à l’image plus favorable dont il jouit dans le monde en
développement, ce qui lui permet de jouer un rôle important. Il y a des
centaines d’anciennes personnalités politiques canadiennes qui travaillent sur
des projets du National Endowment for Democracy à l’étranger. Le nouveau
gouvernement fédéral du Canada envisage d’imiter certains de ces programmes. De
plus, le Canada collabore étroitement avec le Commonwealth et la Francophonie,
car de nombreux pays qui ont besoin d’aide sont membres de ces organisations.
Un Américain fait observer que les
entreprises, les syndicats et les deux partis politiques ont tous un rôle à
jouer à cet égard aux États-Unis. Les quatre principaux groupes sont les
suivants : International Republican Institute, National Democratic Institute, AFL-CIO et Chambre de commerce.
Un Canadien signale que certains ne
sont pas très heureux lorsque le soutien à la démocratie comporte un lien avec
l’action militaire, car ils ont l’impression que les objectifs ne sont pas
partagés par ceux que nous tentons d’aider. Nous devons reconnaître que cette
opinion existe et essayer de faire comprendre que l’instauration de la
démocratie n’est pas toujours incompatible avec la stabilisation d’un pays par
des moyens militaires. Un Américain ajoute que ce débat a lieu régulièrement
aux États-Unis depuis les années 1980, notamment à propos du Nicaragua. Comment
imposer l’autodétermination? Le président Bush a déclaré que c’était son
objectif en Afghanistan et en Irak.
Un Canadien soutient qu’il y a eu dans
le monde musulman un énorme rejet des valeurs occidentales, et il ajoute que
cela a également un effet sur les sociétés non musulmanes. On assiste à une
guerre des valeurs. Nous devrions prendre les devants dans tous les aspects de
la diplomatie ouverte. Il y a des élites non démocratiques dans certains pays,
et nous devons décider avec quelle énergie nous allons traiter avec elles. De
plus, la démocratie ne se traduit pas toujours par une promotion des droits de
la personne. En Amérique du Sud, elle a eu pour résultat l’apparition de
nouvelles élites qui ont des intérêts à protéger. Il préconise une résolution
montrant que nous reconnaissons qu’il est important de rendre nos valeurs
convaincantes dans le monde. Nous devons agir résolument pour proposer notre
système à l’étude des autres, qui pourraient peut-être l’adopter. Nous ne
devons pas tenter de l’imposer.
Organisation du traité de l’atlantique
du nord (OTAN)
Contexte
Dans les années qui ont suivi la fin de
la Guerre froide, l’Organisation du Traité de l'Atlantique (OTAN) a subi
d’importants changements. Les États membres ont non seulement établi des
relations avec la Russie et décidé d’élargir l’alliance pour y accueillir
d’anciens membres de l’Organisation du Traité de Varsovie, mais ils ont aussi
réagi à l’effondrement de l’Union soviétique en redéfinissant le rôle de
l’OTAN. L’Organisation continuerait d’incarner le lien transatlantique entre
l’Europe et l’Amérique du Nord, mais elle ne se contenterait plus de faire de
la dissuasion et de réagir aux attaques lancées contre ses États membres;
désormais, elle travaillerait également à assurer la stabilité dans une zone
euro-atlantique plus vaste. Ce changement a permis à l’OTAN de mener sa
première mission hors de son territoire, en Bosnie-Herzégovine, dans les années
1990. Par la suite, l’Alliance a fait une incursion hors de la zone
euro-atlantique pour la première fois lorsqu’elle a décidé d’assumer le
commandement et la coordination de la Force internationale d’assistance à la
sécurité en Afghanistan. Outre ces changements, les États-Unis ont amené
l’OTAN, au cours des dernières années, à simplifier sa structure de commandement,
et les États membres se sont efforcés d’améliorer la capacité de déploiement et
d’utilisation de leurs forces.
Discussion
Un député canadien se dit fervent
partisan de l’OTAN et ajoute que l’alliance est une organisation à la fois
militaire et politique qui compte maintenant 26 membres. Les membres de l’Union
européenne viennent d’adopter la Politique européenne de sécurité et de défense
(PESD), qui pourrait compromettre la participation des États-Unis et son
influence au sein de l’OTAN, ce qui a des conséquences pour les deux pays de
l’Amérique du Nord. Le député craint que l’initiative européenne ne fasse
éclater l’OTAN, laissant les deux parties isolées, de part et d’autre de
l’Atlantique.
Un Américain dit qu’il travaille au
sein de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN et soutient qu’il y a eu un
changement ces dernières années. Comme nous travaillons tous ensemble en
Afghanistan, différents pays ont trouvé leur créneau et nous travaillons
ensemble de plus en plus, par exemple dans le domaine des déploiements
flexibles. Les Européens n’ont pas l’infrastructure voulue pour se débrouiller
seuls. Il croit que nous sommes en meilleure position sur ce plan que nous ne
l’étions il y a un ou deux ans. La prochaine réunion ministérielle est censée
traiter du rôle futur de l’OTAN et des prochaines étapes à franchir.
Un Canadien signale que le Canada a
entrepris une reconstruction assez importante de sa capacité militaire. Les
Libéraux ont entrepris ce travail, que le nouveau gouvernement accélère. Les Canadiens
ont profité des « dividendes de la paix » avant et après la fin de Guerre
froide. Le Sénat canadien a beaucoup étudié les besoins en matière de réforme
et de nouvelles ressources dans le dispositif militaire. Avec la présence de 2
200 soldats en Afghanistan et d’autres déploiements, les ressources militaires
sont passablement sollicitées. La capacité deviendra beaucoup plus importante
d’ici deux ou trois ans, et la capacité de transport, notamment, sera plus
grande. Le Canada est loin d’avoir fait ce qu’on était en droit d’attendre de
lui à l’OTAN.
Un autre Canadien se pose des questions
sur l’avenir de la mission de l’OTAN, maintenant que la Guerre froide est
terminée. Un Canadien fait valoir que l’OTAN est en train de devenir de plus en
plus le bras militaire de l’ONU, car il s’agit de la seule force multilatérale
prête à intervenir; elle est présente en Afghanistan, et il est question
qu’elle intervienne au Darfour.
Un Américain signale que la mission de
l’OTAN a changé; alors qu’il s’agissait de confronter l’Union soviétique et
elle vise maintenant de façon plus générale à assurer la sécurité en Europe. Il
y a eu deux élargissements successifs, mais il dit que toute l’Europe doit être
couverte et que tous les pays européens doivent finir par en être membres. Un
autre Américain fait valoir que la stabilité dans les Balkans sera assurée
lorsque la Serbie, la Croatie, la Macédoine, etc. seront membres de l’OTAN et
de l’Union européenne.
Un Canadien demande pourquoi les
différents pays souhaitent la présence des États-Unis. Un Américain répond que
les États-Unis assurent la sécurité. Pendant la Guerre froide, l’Union
soviétique était la menace; aujourd’hui, c’est le terrorisme international.
Mais l’OTAN a besoin d’une mission clairement définie pour le XXIe siècle. Un
Canadien soutient que ce fut un recul pour l’OTAN lorsque les États-Unis sont
allés en Irak sans avoir l’appui de beaucoup de membres de l’alliance.
Un délégué américain souligne de
nouveau la nécessité que l’OTAN définisse sa mission. La question difficile est
la suivante : qu’est-ce qui doit déclencher une intervention de l’OTAN? Le
Darfour est un exemple. Il faut évaluer la situation d’après le paradigme de la
mission, et, pour l’instant, cela demeure nébuleux.
Le narcotrafic et le trafic des êtres
humains
Contexte
Le narcotrafic et le trafic des êtres
humains sont deux problèmes qui font l’objet d’une collaboration entre le
Canada et les États-Unis aux niveaux multilatéral et bilatéral. De façon
générale, dans le narcotrafic, la marijuana et les drogues synthétiques passent
du Canada vers les États-Unis tandis que l’héroïne et la cocaïne passent des
États-Unis au Canada. L’ancien gouvernement fédéral du Canada avait annoncé son
intention de décriminaliser la possession de petites quantités de marijuana,
mais le nouveau gouvernement a annulé cette décision. Les États-Unis ont été un
chef de file dans les efforts visant à combattre le trafic des êtres humains.
Ils ont notamment créé l’Office to Combat and Monitor Trafficking in Persons, et
ils publient un rapport annuel sur la question. En 2005, le Canada a créé trois
nouvelles infractions pénales qui portent expressément sur le trafic des êtres
humains, et, à la Gendarmerie royale du Canada, on a officiellement mis sur
pied un centre national de coordination chargé de lutter contre le trafic des
êtres humains.
Discussion
Un Canadien dit que, après le bois
d’œuvre, la marijuana est la principale exportation de la Colombie-Britannique
vers les États-Unis. Le gouvernement actuel du Canada a décidé de ne pas donner
suite aux efforts de son prédécesseur visant à décriminaliser la possession de
petites quantités de marijuana. Un délégué américain signale que beaucoup
d’argent acquis grâce au narcotrafic aboutit entre les mains de terroristes. Un
Canadien ajoute que, tôt ou tard, des cartels de la drogue causeront de plus
graves problèmes dans les Antilles. Nous devrions discuter de ces problèmes
avant qu’ils ne deviennent trop importants.
Pour ce qui est du trafic des êtres
humains, un Américain estime qu’il s’agit d’un problème grave sur lequel le
Canada et les États-Unis devraient continuer à travailler ensemble. Un Canadien
partage cet avis. Il signale que le Canada a récemment renforcé son action en
la matière, notamment en prévoyant des sanctions pour cette infraction. Il
reconnaît que les États-Unis et le Congrès ont pris l’initiative dans ce
dossier, notamment en créant l’Office to Combat and Monitor Trafficking in
Persons.
Chine
Contexte
La Chine est depuis longtemps reconnue
comme un acteur clé sur la scène internationale, mais son expansion économique
phénoménale des dernières années en a fait un protagoniste dominant dans
l’économie mondiale, car elle fait diminuer les prix mondiaux de tout ce
qu’elle fabrique et fait augmenter les cours mondiaux de tout ce qu’elle
achète. Elle est aussi un partenaire économique essentiel des États-Unis. Le
gouvernement américain a répondu en encourageant la Chine à reconnaître ses
responsabilités à titre de « protagoniste responsable » du système mondial, tout
en insistant sur la nécessité de se préparer, au cas où la puissance mondiale
croissante de la Chine ne soit pas pacifique. La possibilité qu’une entreprise
d’État chinoise achète une société minière canadienne a suscité des
protestations en 2004, pendant une visite au Canada du président chinois Hu
Jintao, en 2005, mais les deux pays ont accepté de renforcer leurs relations en
en faisant un « partenariat stratégique ». Parallèlement, le Canada et les
États-Unis continuent d’exprimer leurs préoccupations au sujet des droits de la
personne et d’autres enjeux en Chine.
Discussion
Un délégué américain commence par
affirmer que la Chine et l’Inde sont deux pays complètement différents, étant
donné que la Chine est un État totalitaire et que tout y est fait pour la plus
grande gloire de l’État. Il soutient que nous, dans l’Ouest, voulons être
aimés. Lorsque les Chinois cherchent à dévaluer ce que nous représentons, à
voler notre propriété intellectuelle, etc., ils font un travail de sape. Il
estime que nous faisons mine de ne rien voir lorsque la Chine soutient l’Iran.
La Chine est un pays communiste qui n’a jamais rompu avec son passé. Nous ne
devrions pas traiter avec la Chine tant que nous ne pourrons pas croire qu’elle
a opté pour la démocratie et le respect des droits de la personne.
Un Canadien fait remarquer que le
Canada aborde très différemment ses relations avec la Chine. Le Canada estime
que, si on déclare que la Chine est un ennemi, il y a de bonnes chances pour
qu’elle le devienne. La politique canadienne, depuis Trudeau jusqu’à nos jours,
a consisté à entretenir un dialogue, à faire du commerce, à échanger des
visites et à rappeler aux Chinois qu’ils ont un certain parcours à faire s’ils
veulent créer une société qui accorde la priorité aux droits et à la sécurité
de la personne. Il a constaté une évolution non seulement de l’économie, mais
aussi du régime politique de la Chine. Un très important dialogue se poursuit
dans les milieux politiques et universitaires sur la façon de maintenir la
stabilité et d’adapter la gouvernance à une forme d’autorité plus horizontale.
Le gouvernement chinois est fragile, et sa capacité militaire ne se compare
même pas à celle des États-Unis. La Chine est très efficace dans le système
multilatéral. L’Américain ne pense pas que l’Organisation de coopération de
Shanghai vaille grand-chose. La Chine a fourni aux consommateurs américains des
produits bon marché, ce qui a entraîné un déficit commercial. Il a été déçu de
la façon dont les États-Unis ont géré la récente visite du président chinois,
Hu Jintao. Les États-Unis semblent vouloir lui faire la leçon, ce qui ne lui
cause aucun préjudice. Une relation d’opposition fait le jeu des Chinois.
Un Américain répond que, selon lui, le
président Bush a essayé de faire comprendre que les Américains attendent des
Chinois qu’ils soient des membres responsables de la communauté commerciale
internationale, aussi bien sur le plan bilatéral que dans le contexte de l’OMC. L’économie américaine est intégrée à celle de la Chine. L’objectif des Américains est donc
d’amener les Chinois à être des citoyens responsables et à prendre conscience
qu’ils sont des protagonistes qui comptent. De plus, le gouvernement américain
a refusé au président taïwanais le droit d’atterrir peu avant la visite du
président Hu. L’Américain soutien que la Chine a changé de politique envers
Taïwan. Les Chinois travaillent avec la Corée du Nord. Sur le plan militaire,
la question qui se pose est celle de savoir quel est le rôle que doit jouer la
croissance de sa puissance militaire. Il suffit de retourner à Taïwan et en
Corée du Sud pour voir que ces pays ont parcouru un long chemin.
Un autre Canadien répond que la Chine
est un pays totalitaire, tandis que les deux autres régimes sont autoritaires,
ce qui fait une grande différence. La Chine a soutenu activement de mauvais
acteurs comme le Soudan et le Myanmar sur la scène mondiale. Il se dit en
faveur d’une forme d’engagement constructif. Le Canada ferme les yeux sur une
vaste entreprise d’espionnage industriel, comme en témoigne la réaction du
gouvernement au clonage du Blackberry. Il dit que, au fond, il est en faveur de
la politique d’engagement constructif ferme préconisé par Bush.
Un Américain dit que nous devons
définir ce que nous attendons de la Chine, par exemple le respect des droits de
la personne, aller là-bas et l’obtenir. Nous avons eu bien des gens qui sont
allés en Chine, mais sans aucune coordination. Nous manquons à notre tâche dans
des détails de cette nature.
Un Canadien répond que Kissinger et
Nixon savaient quel genre de gouvernement la Chine avait lorsqu’ils y sont
allés en 1979. Ce dont nous discutons, c’est des moyens de gérer des relations
avec la Chine qui fassent de ce pays un protagoniste important. Un délégué
américain signale que la relance des relations des États-Unis avec l’Inde n’a
pas échappé aux Chinois.
Un délégué américain dit qu’il respecte
les Chinois et comprend leurs objectifs et leurs méthodes. Ils mettent à
l’épreuve notre détermination, comme nous l’avons constaté lors de la capture
d’un avion de renseignement américain, en 2001. Il estime que, pour commercer
avec un pays libre, il faut respecter les droits de la personne. Mais pour
l’instant, c’est trop pour la Chine. Il estime que le déficit commercial montre
que les Chinois sont en train de gagner. Ils bousculent l’Église catholique en
nommant des évêques sans le consentement du pape. Ils se rapprochent du
président Hugo Chavez et aident l’Iran, et personne n’a été puni pour les
crimes de la place Tiananmen. Voyez ce qu’ils ont fait à Hong Kong : ils ont
insisté sur la stabilité et la prospérité. Rien d’autre.
Un Canadien répond que cette image de
la Chine est dépassée d’une dizaine d’années. Dans la Chine d’aujourd’hui, on
n’insiste plus sur le marxisme, et les Chinois ont un esprit d’entreprise qui
effraie. Les entreprises d’État sont si peu efficaces qu’elles ne peuvent pas
rester à la hauteur des entreprises privées. Quant aux droits de la personne,
il y aura toujours des choses qui ne nous plairont pas en Chine. Ce qui le trouble,
c’est que les Chinois cherchent d’avantage à se faire des amis dans le monde
entier et que, pour l’instant, ils réussissent mieux que les États-Unis.
Conclusion
Par suite de leurs débats au Comité II,
les délégués à la 47e Réunion annuelle adoptent les résolutions suivantes :
Les délégués appuient et préconisent
une politique de réforme énergique aux Nations Unis, réforme qui porterait sur
le mandat actuel; le financement et l’administration; et les questions de
gouvernance, y compris le rôle du Conseil de sécurité, les critères de choix et
le rôle du bureau du secrétaire général. Cette réforme devrait établir un
calendrier, des normes de résultats mesurables et un examen à intervalles
fixes.
Dans les enjeux canado-américains de la
sécurité publique et de la prospérité, y compris la défense contre le
terrorisme, nos deux pays devraient collaborer étroitement pour établir une
structure bilatérale en matière de sécurité qui soit un prolongement de
l’actuel accord bilatéral sur la frontière intelligente ou une nouvelle
relation fondée sur un traité.
Les délégués croient qu’il est de la
plus haute importance pour la prospérité en Amérique du Nord que les
considérations économiques et commerciales soient conciliées avec les
préoccupations d’une approche de la gestion de la frontière fondée sur le
risque.
Dans le renforcement de la démocratie,
nos pays doivent continuer à engager des ressources suffisantes – surtout au
plan des ressources humaines et de la diplomatie ouverte – pour favoriser des
droits fondamentaux inaliénables et la primauté du droit dans la culture et les
coutumes des peuples afin de s’adapter et d’obtenir le consentement des
administrés et d’assurer la justice.
Les délégués affirment l’importance du
lien transatlantique entre l’Amérique du Nord et l’Europe et encouragent nos
pays à tirer au clair et à définir la mission de l’Organisation du Traité de
l'Atlantique Nord dans le monde, notamment en ce qui concerne la guerre contre
le terrorisme.
Les délégués appuient la poursuite des
efforts et de l’aide des deux pays dans la lutte contre la contrebande de
drogues et les passages clandestins d’êtres humains.
Comité III – coopération bilatérale
concernant la frontière, l’environnement et d’autres enjeux
Une frontière satisfaisante et sûre
L’Initiative relative aux voyages dans
l’hémisphère occidental (IVHO) reçoit beaucoup d’attention de la part des
délégués canadiens et américains à la 47e réunion annuelle.
Pendant les délibérations du Comité III consacrées à la question, les délégués des deux pays admettent que l’Initiative fait l’objet
de vifs débats de part et d’autre de la frontière. Des députés canadiens
craignent qu’elle n’ait de graves répercussions économiques pour le Canada en
restreignant la possibilité de franchir la frontière facilement. Les délégués
américains admettent cette réalité, mais ils soutiennent qu’il faut une forme
d’identification acceptable pour vérifier la citoyenneté et l’identité. Ils
affirment également que le défi, pour les États-Unis, consiste à concilier
l’ouverture des frontières, pour faciliter le libre-échange, et les
préoccupations en matière de sécurité.
Les participants canadiens sont
conscients qu’il n’est pas possible de stopper l’Initiative et, tout au long
des échanges, ils cherchent avant tout à faire retarder la mise en œuvre pour
assurer une transition en souplesse vers ce nouveau régime. Ils insistent sur
le fait que la mise en œuvre doit se faire de façon ordonnée, et non précipitée
: une mise en œuvre rapide pourrait avoir pour conséquence que les documents
seraient de piètre qualité et qu’il faudrait beaucoup de temps pour obtenir des
documents acceptables. Les délégués canadiens sont d’avis que, si le processus
était échelonné sur une plus longue période, il y aurait plus de chance que les
documents soient bons et que plus de voyageurs soient munis de documents que ce
ne serait actuellement le cas. Cela aiderait à atténuer les effets
préjudiciables sur les économies des deux pays.
Les délégués américains considèrent
avec sympathie la position canadienne et admettent qu’il pourrait y avoir des
problèmes si l’Initiative est mise en œuvre dans les délais actuellement
prévus. Ils signalent aussi qu’il est important de s’assurer que le document
utilisé pour vérifier la citoyenneté et l’identité est « le bon ». Ils
admettent aussi que l’Initiative pourraient avoir des conséquences économiques
négatives de part et d’autre de la frontière. Néanmoins, peu importe ce qu’est
ou pourrait être le délai, l’Initiative sera réalisée.
Dans l’ensemble, il y a un engagement
commun à examiner de plus près l’Initiative afin d’en réduire au minimum
l’impact négatif.
Les ressources et la production
énergétiques dans l’hémisphère
Le débat entre les participants tourne
autour du fait qu’il est essentiel de coopérer pour élaborer une stratégie
énergétique nord-américaine si on veut assurer la sécurité énergétique de
l’hémisphère. Les délégués disent que c’est d’autant plus vrai que les coûts de
l’énergie sont à la hausse et que les marchés mondiaux de l’énergie sont
instables.
La préservation de nos ressources
naturelles communes et l’amélioration de la qualité de l’air et de l’eau
Les délégués des deux pays affirment
qu’il existe une assez bonne coopération entre nos deux pays en matière
d’environnement et de ressources naturelles. Ils soulignent toutefois qu’il
faudra plus de coopération au cours des prochaines années pour aborder
correctement les enjeux environnementaux et s’assurer que les ressources sont
protégées de part et d’autre de la frontière. Les délégués canadiens font
remarquer qu’il y a toujours des points de friction comme le lac Devils, la
dérivation d’eau de la Missouri vers le bassin de la Rouge et les espèces
envahissantes dans le lac Champlain.
Les délégués admettent l’existence de
ces problèmes et disent que la qualité de l’eau et l’accès à des réserves d’eau
suffisantes sont des enjeux importants aux États-Unis. La qualité de l’eau
devrait être un élément essentiel de l’effort de coopération des deux pays en
matière d’environnement pour garantir l’avenir de cette ressource précieuse.
Comme un délégué le fait remarquer, l’environnement ne connaît aucune
frontière.
La sécurité de nos rues
Les échanges des participants sur ce
thème sont axés sur l’usage de plus en plus répandu du crystal meth. Les
délégués américains disent qu’il faut tenir compte, en plus d’une consommation
accrue, de la difficulté de la réadaptation des consommateurs. Il est très
difficile de les traiter, une fois qu’ils sont « accros » et qu’il est très
facile et très peu coûteux de devenir dépendant de cette drogue.
Les délégués sont conscients que le
problème prend de l’ampleur au Canada, qu’il est ancré dans l’ouest du Canada,
mais qu’il se propage vers l’Est.
Les délégués conviennent qu’il faut de
toute urgence une vaste stratégie pour prévenir la consommation de
métamphétamines et traiter ceux qui ont déjà une dépendance.
Conclusion
Par suite des délibérations du Comité III, les délégués à la 47e Réunion annuelle conviennent d’adopter les résolutions suivantes :
·Les délégués reconnaissent que l’Initiative
relative aux voyages dans l’hémisphère occidental (IVHO) fait l’objet de débats
considérables de part et d’autre de la frontière canado-américaine pour des
raisons diverses, notamment les risques d’importantes conséquences
préjudiciables sur le plan économique. Toutefois, les délégués reconnaissent
également que l’Initiative continue d’aller de l’avant et sera mise en œuvre.
Au cours d’échanges animés, les délégués reconnaissent également que les
détails finals des modalités d’application de cette mesure de sécurité à la
frontière sont toujours à l’étude au Département d’État et au Homeland Security
Department. Les délégués s’entendent pour dire que la mise en œuvre de l’IVHO
mérite un examen plus approfondi dans les deux pays s’il veut s’assurer qu’elle
soit efficace, efficiente et conviviale avant d’être mise en œuvre.
·Les délégués reconnaissent qu’il sera essentiel
de coopérer pour élaborer une stratégie énergétique nord-américaine. Notre
sécurité énergétique future dépendra du développement et de la mise en œuvre de
nouvelles technologies. Le transfert de ces technologies dans le monde
permettra de lutter contre les problèmes mondiaux que sont la pollution de
l’air et les changements climatiques. Il faudrait encourager les deux pays à
devenir des chefs de file dans le monde dans les domaines suivants :
conservation; captation et séquestration du carbone; gazéification du charbon;
utilisation efficace des combustibles fossiles; mise en valeur et exploitation
de très nombreuses sources d’énergie de remplacement.
·Les délégués appuient la poursuite des efforts
et de l’aide des deux pays dans la lutte contre la contrebande de drogues et
les passages clandestins d’êtres humains.
·Les délégués exhortent les gouvernements des
États-Unis et du Canada à élaborer et à mettre en œuvre en coopération, par
l’entremise de leurs organismes pertinents, des stratégies plus complètes en
matière d’environnement pour améliorer la qualité de l’eau et de l’air le long
de leur frontière commune, en accordant une attention spéciale, mais non
exclusive, aux cours d’eau et plans d’eau jugés les plus à risque, dont les
Grands Lacs, le lac Champlain, la voie maritime du Saint-Laurent et le lac
Devils.
·Les délégués exhortent les gouvernements du
Canada et des États-Unis à accorder une attention immédiate, par l’entremise de
leurs organismes compétents, y compris ceux qui s’occupent de l’application de
la loi, de la santé, de la prévention et du traitement de la toxicomanie, à
l’élaboration et à la mise en œuvre, en coopération, d’une vaste stratégie
conçue pour lutter contre le problème croissant de la consommation de
métamphétamines dans les collectivités des deux pays. Plus expressément, les
deux pays devraient s’efforcer de mieux contrôler l’offre de pseudophédrine,
principal précurseur employé dans la fabrication des métamphétamines, en
contrôler la vente par les pharmacies d’Internet, et d’offrir une stratégie
plus complète pour prévenir la consommation de métamphétamines et traiter ceux
qui en sont déjà dépendants. Les délégués entendent demander la permission pour
que, par voie législative, on exige dans les deux pays que les organismes
gouvernementaux compétents fassent rapport, dans les 90 jours suivant
l’adoption d’une mesure à cet effet, mais au plus tard le 1er octobre 2006, sur
l’impact des métamphétamines sur la santé de la personne, la vie de la famille,
la criminalité et d’autres problèmes sociaux associés à la consommation de
cette drogue. Les délégués conviennent également que les programmes de
prévention et de traitement portant sur les risques de cette drogue et le
traitement des toxicomanes doivent être revus et qu’on doit prendre des
décisions pour implanter ces programmes dans les régions où la consommation des
métamphétamines est importante, par exemple dans des zones rurales.
Séance plénière de clôture
Pendant la plénière de clôture, les représentants des comités
résument les délibérations de chacun et les délégués adoptent les résolutions
proposées par les comités, résolutions présentées plus haut. Il est établi que
ces résolutions doivent former la base d’un plan de travail pour l’année à
venir.
Respectueusement soumis,
L’hon.
Jerahmiel Grafstein, sénateur
Coprésident
Groupe interparlementaire Canada-États-Unis
Rob
Merrifield, député
Coprésident
Groupe interparlementaire Canada-États-Unis