La
délégation parlementaire de la Section canadienne qui a participé au Séminaire
du Réseau des femmes parlementaires de l’APF sur la Convention sur
l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes
(CÉDEF) tenu à Port-au-Prince (Haïti) les 3 et 4 mai 2007 a l'honneur de
présenter son rapport. Composée de l’hon. Rose-Marie Losier-Cool, sénatrice et
vice-présidente du Réseau des femmes parlementaires, la délégation était
accompagnée de monsieur Jean Michel Roy, secrétaire administratif de la
Section.
Huit
parlementaires haïtiennes ont
participé aux travaux du Séminaire : quatre représentantes du Sénat
incluant la vice-présidente, madame Edmonde Supplice Beauzille, la présidente de la Commission des droits des femmes, madame Céméphise Gilles, la 1ère secrétaire, madame Evelyne
Cheron, et quatre représentantes de la Chambre des
députés.
Le
jeudi 3 mai 2007
Ouverture
des travaux
La
sénatrice Rose-Marie Losier-Cool, vice-présidente du Réseau, a présidé
l’ouverture des travaux. Dans son discours d’ouverture, la sénatrice a rappelé
qu’à la demande du Parlement haïtien, l’APF avait organisé
un séminaire à Port-au-Prince en mars 2007 lors duquel les conférenciers
étaient des parlementaires venant du Bénin, du Burkina Faso, de la France, du
Québec et de la Suisse. Ceux-ci avaient traité des fonctions législative et de
contrôle du Parlement, des mécanismes de stabilité
gouvernementale et des groupes politiques au Parlement.
Quant au
Réseau, la sénatrice a mentionné que son objectif est de
promouvoir une meilleure participation des femmes à la vie politique,
économique, sociale et culturelle de leur pays mais aussi de l’ensemble de
l’espace francophone. Plus spécifiquement, les femmes parlementaires ont, en
créant le Réseau, voulu renforcer la place et le rôle des femmes au sein de
l’APF et dans les parlements membres en encourageant les échanges d’expérience
et la solidarité entre les femmes parlementaires francophones.
La sénatrice a
ajouté que le Réseau a une double vocation. À titre d’organe politique, il
délibère sur tout sujet d’intérêt commun à ses membres et il permet aux
sénatrices et députées d’apporter le point de vue des femmes aux sujets
débattus par l’APF. Il se réunit lors de la Session annuelle de l’APF et
apporte sa contribution par ses débats et propositions. De plus, le Réseau
œuvre au chapitre de la coopération, notamment en organisant des séminaires sur
la CÉDEF et en y consacrant une partie importante de son énergie à faire
connaître cette Convention adoptée en 1979 et ratifiée par quelques 184 pays,
dont Haïti en 1981. 76 de ces pays sont également parties au protocole
facultatif qui s’est greffé à la CÉDEF en 1999. Depuis 2004, l’APF a organisé
quatre séminaires sur la CÉDEF au Mali, à Madagascar, au Gabon et en Tunisie. Le
Séminaire de Port-au-Prince est le cinquième et le premier à se dérouler au
sein de la Région Amérique.
La
sénatrice a finalement défini la Convention en ces termes : La CÉDEF est un accord international sur les droits des femmes qui demande
aux États l’ayant ratifiée de prendre les mesures nécessaires à la pleine
jouissance par les femmes de leurs droits. La CÉDEF est donc le principal
instrument juridique international de promotion des droits des femmes.
Cependant,
près de 30 ans après l’adoption de la CÉDEF, plusieurs de ses dispositions ne
sont toujours pas respectées. Beaucoup de lois nationales renferment des
dispositions contraires aux droits des femmes. La CÉDEF elle-même est
affaiblie par un trop grand nombre de réserves dont beaucoup contredisent ses
objectifs. De plus, trop peu de pays ont jusqu’ici ratifié le protocole
facultatif de 1999, pourtant important.
Bien que la
marche vers une véritable égalité des sexes bute sur des obstacles enracinés
dans les mentalités, la lenteur des progrès est souvent due au manque de
volonté politique de nos États. Les parlementaires – en tant que représentants
du peuple – ont donc un rôle important à jouer en ce sens. Les parlementaires
doivent notamment s’assurer que les projets de loi sont conformes aux principes
et aux dispositions de la CÉDEF.
Intervention
du représentant de l’OIF
Son
Excellence monsieur Amado Pitroipa, ambassadeur de l’Organisation
internationale de la Francophonie (OIF), coordonnateur des programmes de l’OIF
auprès des États Caraïbes, a
rappelé que le Séminaire s’inscrivait dans une perspective de consolidation de
la démocratie en Haïti et a
invité les membres de la presse présents à soutenir les femmes parlementaires
dans leur effort d’intégration à la vie politique.
Intervention
du représentant du Centre parlementaire canadien
Monsieur
François Desruisseaux, coordonnateur du Projet d’appui au Parlement haïtien au Centre parlementaire canadien a
rappelé les grandes lignes du Projet en ces termes :
Créé en
décembre 2006 avec financement de l’agence canadienne de développement
international le Projet d’appui au parlement haïtien (PAPH) du Centre
parlementaire a comme objectif de contribuer au renforcement de la gouvernance
politique et à la promotion du dialogue national. Le but principal du PAPH est
d’augmenter l’efficacité de la Législature haïtienne par une participation
structurante des parlementaires, hommes et femmes, à la bonne gouvernance du
pays.
Le projet
est structuré autour de quatre composantes :
1) Le
développement des capacités des parlementaires (député(e)s et sénateurs,
sénatrices) et de l’effectif parlementaire (hommes et femmes);
2) L’amélioration
des relations entre l’exécutif et le législatif par la promotion du dialogue
entre les deux niveaux;
3) L’ouverture
du Parlement aux citoyens, citoyennes; et
4) Une
gestion et un fonctionnement plus efficaces des services législatifs et
administratifs des deux chambres parlementaires.
Intervention
de la ministre à la condition féminine et aux droits de la femme
Madame Marie
Laurence Jocelyn Lassègue, ministre à la condition féminine et aux droits de la
femme, a fait une présentation sur l’application de la CÉDEF en Haïti. La ministre a rappelé que la Convention
avait été ratifiée par le Parlement haïtien le 20 juillet 1981 et que tout de suite après la ratification, un
décret avait statué sur la majorité des femmes mariées. Ainsi, les époux
étaient désormais considérés comme égaux devant la loi.
Un autre pas
de géant pour Haïti a été la
promulgation du décret de juillet 2005, décriminalisant l’adultère et du même
coup éliminant la discrimination qui persistait dans ces cas. L’assassinat de
l’épouse surpris en flagrant délit d’adultère par son conjoint n’est maintenant
plus excusable. L’adultère ne constitue désormais qu’un motif de divorce. Ce
décret renforce aussi le caractère criminel du viol en le faisant passer du
crime contre l’honneur, au crime contre la personne.
Intervention
d’une experte de la CÉDEF
Madame
Ahoua Ouadréogo, experte de la CÉDEF de 1992 à 2000, a fait une présentation
des articles fondamentaux de la CÉDEF et du protocole facultatif additionnel à
la Convention qui renforce davantage la protection et la promotion des droits
des femmes en offrant un droit de recours au niveau international lorsque
toutes les voies de recours au niveau national sont épuisées. Madame Ahaoua
Ouadréogo a de plus parlé du Comité CÉDEF dont le mandat est de faire le suivi
des progrès enregistrés dans l’application de la Convention. Finalement,
Madame Ahoua Ouadréogo a fait état de l’application de la CÉDEF au Burkina
Faso.
Intervention
de la représentante canadienne
La
sénatrice Losier-Cool a fait une présentation sur l’application de la CÉDEF au
Canada en faisant état des rapports périodiques du Canada
aux Nations Unies sur la CÉDEF.
Parlant de ces
rapports périodiques, le Canada en a soumis cinq aux Nations Unies depuis sa
ratification de la CÉDEF en décembre 1981 : le premier en juin 1983, le
deuxième en janvier 1988, le troisième en septembre 1992, le quatrième en
septembre 1995 et le plus récent, le cinquième, en avril 2002. Ce dernier
rapport, ne couvrant la situation canadienne que jusqu’en mars 1998, a par
ailleurs été mis à jour par le biais d’un addendum en décembre 2002,
couvrant la situation canadienne jusqu’à cette nouvelle date. Ce document
supplémentaire confirme notamment la ratification par le Canada en octobre 2002
du protocole facultatif de la CÉDEF.
En plus de
détailler dans son plus récent rapport périodique les initiatives provinciales
et territoriales, le Canada y explique aussi son Plan fédéral pour l’égalité
entre les sexes de 1995, dont la responsabilité est partagée entre plus de
20 ministères fédéraux placés sous la coordination du ministère de la Condition
féminine. Ce Plan, quinquennal à l’origine, a été prolongé de cinq ans
et renommé Programme d’action pour l’égalité entre les sexes.
Les huit
objectifs du plan canadien sont l’instauration d’une analyse comparative entre
les sexes dans toutes les activités fédérales, l’amélioration de l’autonomie et
du mieux-être financier des femmes, l’amélioration du mieux-être physique et
psychologique des femmes, la réduction de la violence faite aux femmes et aux
filles dans la société, la promotion de l’égalité entre les sexes dans
l’ensemble de la vie culturelle canadienne, la promotion de l’égalité entre les
sexes dans l’ensemble de la fonction publique fédérale, l’intégration des
perspectives de femmes dans les affaires publiques et la promotion de l’égalité
entre les sexes à l’échelle mondiale.
Par ailleurs, le
Comité CÉDEF lors de son examen, en janvier 2003, du Cinquième rapport
périodique du Canada a observé l’existence de disparités législatives entre
les diverses provinces et territoires de la fédération canadienne et a
notamment insisté sur l’importance d’une application uniforme de la CÉDEF au
sein des frontières canadiennes, quel que soit le membre de notre fédération en
cause.
Prenant note
du redressement financier de notre pays, lequel venait depuis peu de régler son
déficit budgétaire, le Comité a également recommandé que le Canada en fasse
davantage dans sa lutte contre la pauvreté féminine, contre la violence faite
aux femmes et contre la discrimination socio-économique dont sont victimes les
femmes autochtones ou immigrantes. Enfin, le Comité a encouragé le Canada à
accroître le nombre de femmes dans des postes de décision à tous les niveaux.
Intervention
d’une experte du Comité CEDEF
Madame
Huguette Bokpe Gnacadja a fait une présentation sur la procédure de soumission
au Secrétaire général des Nations Unies des rapports des États parties de la
CÉDEF sur les mesures d’ordre législatif, judiciaire, administratif ou autre
qu’ils ont adoptées pour donner effet aux dispositions de la Convention et sur
les progrès réalisés à cet égard. Ce rapport est examiné par le Comité CÉDEF.
La présentation portait également sur le suivi de la mise en œuvre de la
Convention et du rôle des parlementaires.
Intervention
de la représentante de la Communauté française de Belgique
Madame
Brigitte Defalque, députée bourgmestre, a fait une présentation sur la parité
hommes-femmes en Belgique.
Le
vendredi 4 mai 2007
Intervention
d’une experte des Nations Unies
Madame Nadine Puechguirbal a fait une
présentation sur le genre et la parité en Haïti, sur les
défis qui y sont liés ainsi que sur la responsabilité des parlementaires.
En terminant, madame Puechguirbal a
invité les parlementaires haïtiennes
à témoigner de leur expérience politique. Celles-ci ont décrit les diverses
embûches rencontrées lors de leur parcours électoral et ont parlé de la place
qu’occupe la femme haïtienne en
politique.
Respectueusement
soumis,
Rose-Marie
Losier-Cool, sénatrice
Membre de la Section canadienne de l’APF