L’Association parlementaire canadienne
de l’OTAN a l’honneur de présenter son rapport sur la réunion de la
Sous-commission sur la défense transatlantique et la coopération en matière de
sécurité, tenue à Berlin les 5 et 6 novembre 2007. La délégation canadienne
était composée de M. Claude Bachand, député, et Mme Cheryl Gallant, députée.
Au début des travaux, les responsables
allemands ont fait le point des déploiements hors zone de leurs forces armées
depuis 1990. Le secrétaire d’État, qui qualifie la Bundeswehr d’« armée
parlementaire », a rappelé à tous que la participation de forces armées
allemandes à des opérations internationales était assujettie à l’approbation du
Bundestag. Il a ensuite expliqué que le fondement juridique de la procédure
d’approbation parlementaire relative aux opérations militaires en dehors du
territoire allemand avait été adopté en mars 2005.
L’amiral Lange a indiqué que la
transformation des forces armées allemandes a pour objet de renforcer
l’efficacité de la Bundeswehr en termes de mobilité, de renseignement et de
reconnaissance, de commandement et de contrôle, de surviabilité et de
protection des forces, du soutien et de soutenabilité et d'efficacité
opérationnelle. Les forces allemandes, a-t-il précisé, pourront prendre en
charge une vaste gamme de tâches, depuis des opérations de guerre à forte
intensité, jusqu’à des missions de maintien de la paix à faible intensité.
M. Lange a également mis en exergue le
problème de la difficulté du recrutement, à une époque où la natalité est en
baisse et où les budgets sont soumis à de rudes contraintes. Pour faire face à
la situation, la Bundeswehr s’est employée à améliorer les perspectives de
carrière et de promotion, et a mis l’accent sur l’aide apportée aux soldats et
à leurs familles au cours des missions. S’il est vrai que les forces armées
allemandes ont, au fil de cette transformation, parcouru un chemin important,
l’amiral Lange note que de nombreuses améliorations seront encore nécessaires –
particulièrement en ce qui a trait à la déployabilité stratégique.
M. Karl Lamers, vice-président de la
Commission de la défense du Bundestag et chef de la délégation allemande auprès
de l’AP-OTAN, a rappelé aux membres qu’avec 3 250 hommes actuellement
en déploiement en Afghanistan, l’Allemagne est le troisième plus gros
contributeur de troupes de l’Alliance dans ce pays. Il a également souligné
que le Bundestag doit bientôt se prononcer sur une prolongation des mandats de
la FIAS et de l’OEF et dit s’attendre à de vastes majorités en faveur de
celle-ci.
La délégation a appris que la mission
des troupes allemandes en Afghanistan s’étend à six grands
domaines : le soutien aux autorités afghanes, la protection des
forces amies, le désarmement et l’intégration, la formation des forces de sécurité
afghanes, l’aide humanitaire et le secours en cas de catastrophe.
Pour Mme Citha D. Maass, du
Centre indépendant de recherches Stiftung Wissenschaft und Politik (SWP), les
problèmes de sécurité en Afghanistan se répartissent en quatre catégories :
luttes pour le pouvoir entre factions afghanes, criminalité, trafic de
stupéfiants et insurrection. Relevant que l’OTAN était confrontée à de
« vives critiques » en raison de sa conduite actuelle des opérations
en Afghanistan, elle a suggéré que l’Alliance recible ses efforts sur les
principales tâches à accomplir, c’est-à-dire celles en rapport avec
l’établissement d’un cadre de sécurité local à l’intention des acteurs civils
engagés dans la reconstruction. Cela ne signifie pas pour autant que l’OTAN doive
s’engager dans des activités de reconstruction en tant que telles. Selon Mme
Maass, chaque province se trouve confrontée à une combinaison différente de
risques en matière de sécurité, ce qui exclut tout recours à une stratégie
d’envergure nationale pour stabiliser l’Afghanistan. Pour améliorer la
situation, il faudrait plutôt s’appuyer sur une démarche consistant à adopter
des mesures spécifiques pour chaque province. Durant les échanges qui ont
suivi, tous se sont entendus pour dire que la production de stupéfiants reste
un obstacle de taille sur la voie devant mener au redressement de
l’Afghanistan.
Plusieurs intervenants ont rappelé la
contribution positive des équipes de reconstruction provinciales à la
stabilisation et à la reconstruction du pays. Les échanges ont permis de
dégager un vaste consensus selon lequel le rétablissement d’une paix stable et
durable en Afghanistan prendra du temps, et que l’OTAN doit se préparer à
assurer une présence à long terme.
Les différents orateurs ont aussi reconnu
l’importance qu’a la diplomatie publique pour l’opération en cours en
Afghanistan. À ce sujet, M. Robert Hochbaum, membre de la Commission de la
défense du Bundestag et de la délégation allemande auprès de l’AP-OTAN, a
souligné combien le rôle des médias est important.
Parlant de la transformation de l’OTAN,
tous ont convenu que celle-ci reste indispensable à la sécurité
euro-atlantique. M. Pohl, du ministère allemand des Affaires étrangères, a
aussi souligné combien les partenariats de l’OTAN restaient importants. Dans ce
contexte, il s’est félicité du rôle que joue le Conseil de partenariat
euro-atlantique (CPEA) en tant qu’enceinte de choix pour les échanges de vues
entre alliés et partenaires.
M. Henning Riecke, de l’Association
allemande pour la politique étrangère, a abordé le débat en cours sur la
pertinence pour l’Alliance d’un nouveau concept stratégique. Pour lui, un tel
concept stratégique devrait remplir plusieurs fonctions, et comporter notamment
un « énoncé de la mission » explicitant les tâches et missions
essentielles de l’OTAN et établissant un cadre pour la doctrine et la
planification. D’après M. Riecke, trois écoles de pensée se distingueraient
aujourd’hui dans ce domaine. La première est d’avis qu’un nouveau concept
stratégique pourrait donner lieu à un rapprochement entre alliés. La seconde
considère que le concept stratégique actuel permet d’ores et déjà d’appréhender
les défis que doit surmonter l’Alliance. Enfin, une troisième école met en
garde contre le lancement de négociations sur un nouveau concept, car de tels
échanges pourraient encore approfondir certains différends entre États
membres. D’après M. Riecke, un nouveau concept stratégique devrait
expliciter le sens qu’il convient de donner à l’article V dans un
environnement de sécurité en mutation, et permettre à l’OTAN de faire face aux
nouvelles menaces à la sécurité.
Le programme de la réunion s’est conclu
par une visite au Commandement opérationnel de la Bundeswehr basé à Geltow,
près de Potsdam.
Respectueusement
soumis,
M. Leon Benoit, député
Président
Association parlementaire
canadienne de l’OTAN (AP OTAN)