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Rapport

 

La délégation parlementaire de la section canadienne de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) qui a participé à la Conférence francophone Euro-Atlantique de l’Assemblée nationale hongroise les 30 et 31 octobre 2008 a l’honneur de présenter son rapport.  Composée de l’honorable Rose-Marie Losier-Cool, sénatrice, la délégation était accompagnée de M. Eric Janse, greffier adjoint et directeur général, Direction des affaires internationales et interparlementaires, Parlement du Canada.

Les pays suivants ont envoyé des parlementaires à la conférence : la Belgique, le Canada, la France, la Hongrie et la Suisse.

Contexte

La conférence a été organisée du fait que 2008 est l’année parlementaire francophone en Hongrie et marque le 15e anniversaire de la participation du Parlement hongrois à la Francophonie en tant que section associée de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie.  Même si la Hongrie ne compte que 60 000 francophones (pour une population de 10 millions), elle prend très au sérieux sa participation à la Francophonie et à l’APF.  La délégation a appris par exemple que pour bon nombre de Hongrois, si la Hongrie a pu devenir membre de l’OTAN, c’est en grande partie grâce à son adhésion à la Francophonie.  C’est ainsi que la Présidente de l’Assemblée nationale hongroise, Mme Katalin Szili, a invité plusieurs parlements francophones à participer à cette conférence commémorative.  Les organisateurs de la conférence ont choisi deux grands thèmes : « Le rôle des parlements francophones dans la consolidation de la démocratie » et « L’influence de la langue et de la civilisation françaises sur les sociétés en considération de la globalisation ».

Le jeudi 30 octobre 2008

Avant la conférence, la délégation a eu une réunion d’information avec l’ambassadeur du Canada en Hongrie et en Slovénie, M. Pierre Guimond, à l’ambassade canadienne.  La sénatrice Losier-Cool et M. Janse ont ensuite fait un exposé conjoint sur « La diplomatie parlementaire en français au Canada » à l’ambassade.  Cela faisait partie d’une série de conférences mensuelles sur l’heure du midi organisées par l’ambassade, sous le thème « Le français, langue de la diplomatie ».  Bon nombre de personnes présentes étaient des employés du ministère hongrois des Affaires étrangères qui souhaitaient améliorer leur connaissance du français, en prévision de 2011 où la Hongrie assumera la présidence de l’Union européenne.  L’ambassade du Canada, par ces conférences et par d’autres initiatives, aide les fonctionnaires hongrois à se préparer à travailler en français pendant cette période.


Le vendredi 31 octobre 2008

La conférence s’est tenue dans l’édifice historique de l’Assemblée nationale de Hongrie.  Les travaux ont débuté officiellement par un discours de la Présidente Szili.  Après avoir souhaité la bienvenue aux délégués, elle a rappelé la raison d’être de la conférence : célébrer le 15anniversaire de l’inclusion de la Hongrie dans la Francophonie.  Elle a indiqué que cette réunion était l’occasion de faire le point sur l’avancement d’un certain nombre de dossiers et de voir quels sont les défis à venir.  La Présidente Szili a rappelé que les principes de la Francophonie sont aussi ceux de la Hongrie, notamment le dialogue, la démocratie, les droits de la personne et la solidarité.  Elle a souligné à quel point la Hongrie est fière d’appartenir à la grande diversité de cultures représentées par la Francophonie, qui vont de l’Europe à l’Afrique, en passant par l’Amérique.  Elle a parlé de l’influence de la culture française sur la Hongrie, et a évoqué quelques écrivains et artistes hongrois qui ont étudié en France et qui ont enrichi la Francophonie.  En terminant, elle a souhaité aux participants des discussions fructueuses sur la meilleure façon de continuer à faire partager et à défendre les principes de la Francophonie.

Mme Rozsa Hoffmann, présidente de la section hongroise de l’APF et présidente du groupe d’amitié Hongrie-France, a ensuite pris la parole.  Elle a tracé l’historique de l’association du Parlement de la Hongrie avec l’APF, puis a souligné le rôle joué par l’Association dans le renforcement des relations bilatérales, la démocratisation et l’amélioration du niveau de vie de tous les citoyens, mais plus particulièrement des femmes et des jeunes.  Elle a noté que la conférence n’était qu’une façon de célébrer le 15e anniversaire de l’inclusion de la Hongrie dans la Francophonie, et que d’autres activités étaient prévues, notamment des visites officielles en France et en Suisse.  Mme Hoffmann a indiqué le rôle que les parlementaires doivent jouer pour s’assurer qu’il est donné suite aux éléments contenus dans les déclarations du Sommet de la Francophonie, par exemple la tenue d’élections justes et la lutte contre le terrorisme.  Elle a reconnu les nombreux défis de taille auxquels les membres de la Francophonie sont confrontés, mais elle estime qu’en travaillant ensemble et en utilisant le français comme langue de démocratie, il est possible de réaliser des progrès et de trouver des solutions.

M. André Bugnon, président du Conseil national suisse, s’est ensuite adressé aux participants.  Il a indiqué que les relations entre la Suisse et la Hongrie remontent à très loin et que la Suisse a beaucoup de respect pour ce peuple qui a mené un long combat pour la liberté d’expression.  Il a souligné qu’il faut continuellement renforcer les principes démocratiques et a donné comme exemple la nature de plus en plus multiculturelle de la société suisse.  Il a indiqué que le français est un outil d’intégration important et que le multilinguisme favorise l’harmonie, l’unité et la consolidation de la démocratie.

La sénatrice Losier-Cool a ensuite pris la parole.  Elle a commencé par expliquer la nature bilingue du Canada, garantie par la Constitution.  Elle a ensuite indiqué que les Canadiens ont pleinement confiance en la démocratie parlementaire, en tant que système de gouvernance, et que c’est ainsi que les parlementaires fédéraux en font la promotion sur la scène internationale.  La participation du Canada à la Francophonie est un élément clé de sa politique étrangère, parce que cela lui permet d’avoir un accès privilégié à 55 pays et gouvernements.  Elle a indiqué que dans le cadre du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, le Canada a récemment été l’hôte du 12Sommet de la Francophonie.  Compte tenu de l’impact de la mondialisation, notamment sur la population, il est de plus en plus important que les parlements et les parlementaires, et non pas seulement les gouvernements, tentent de relever les défis internationaux (la crise économique mondiale, par exemple).  C’est pour cette raison que le Parlement du Canada participe activement à diverses associations parlementaires internationales comme l’APF.

La sénatrice a ensuite parlé du travail du Réseau des femmes parlementaires de l’APF qu’elle préside depuis 2007.  Elle a décrit les différents ateliers qui ont été organisés pour permettre aux femmes parlementaires de partager leurs expériences et leurs connaissances, et pour tenter de trouver des solutions à de nombreux problèmes, comme la santé reproductive, la lutte contre le viol et les mutilations génitales féminines.  Elle a aussi indiqué d’autres moyens dont disposent les parlementaires canadiens pour promouvoir la démocratie, notamment les visites officielles et les activités tenues par les Présidents du Sénat et de la Chambre des communes, ainsi que les missions d’observation des élections.  Elle a parlé du Programme d’études des hauts fonctionnaires parlementaires du Parlement du Canada, qui permet à des employés de parlements ou d’assemblées législatives d’autres pays de se renseigner sur les différents services de procédure, d’administration et de recherche du Parlement canadien.  Elle a conclu en indiquant que la diplomatie parlementaire demeurera pour le Canada un moyen de faire partager son savoir-faire, mais aussi l’occasion d’apprendre d’autres pays, et que l’utilisation de la langue française facilitera ce processus.

M. Robert del Picchia, sénateur français et président du Groupe d’amitié France-Hongrie, a ensuite rappelé le slogan de l’Union européenne : « Unie dans la diversité ».  Il a expliqué que les échanges entre parlementaires contribuent au renforcement de la démocratie.  Il a noté par exemple qu’aux réunions de l’Union interparlementaire (UIP), quelque 150 pays sont représentés. Une cinquantaine de ces pays sont aussi membres de l’APF; il s’agit donc d’un réseau très utile auquel il est possible de faire appel lorsque certaines résolutions sont débattues par l’assemblée de l’UIP.  Il a ensuite indiqué comment les États membres de la Francophonie se portent à la défense des autres membres lorsque leurs systèmes sont la cible d’attaques.  Il a donné comme exemple les missions actives et vigilantes d’observation des élections.  Il a conclu en affirmant que les parlementaires ont des droits, mais aussi des devoirs, dont celui d’obliger leurs propres gouvernements à répondre de leurs actes.

Mme Claude Greff, députée de l’Assemblée nationale française, a ensuite pris la parole.  Comme les intervenants précédents, elle a félicité la Hongrie de sa participation active à la Francophonie au cours des 15 dernières années, et plus particulièrement de sa participation à l’APF.  Abordant le thème de la mondialisation, elle a indiqué qu’il s’agit d’un enjeu particulièrement important compte tenu de la crise économique actuelle et de la menace constante de l’« américanisation » pour les petites cultures.  Elle a d’ailleurs rappelé que par le passé, le français était souvent la langue employée par l’élite, notamment les diplomates, mais que ce n’est plus le cas.  À l’échelle internationale, le français est une langue vivante et une langue de travail qui permet à des gens de nombreux pays et plusieurs continents de travailler ensemble à l’heure de la mondialisation.  Ce sentiment de solidarité et de coopération est une des forces de la Francophonie, qui lui permet de rechercher collectivement des solutions aux problèmes mondiaux.

M. Freddy Deghilage du Parlement de la Communauté française de Belgique a clos la première partie de la conférence.  Il a rappelé que la Francophonie est en constante évolution.  Un de ses avantages est qu’elle est extrêmement diversifiée, ce qui en fait un agent mobilisateur.  Par exemple, l’APF compte à la fois des membres nationaux et infranationaux, de sorte que certains de ses membres sont très près des citoyens.  Il a souligné qu’il n’est pas nécessaire que le français soit une première langue pour jouir des avantages de la Francophonie.  La mondialisation est pour la Francophonie l’occasion de mettre à l’épreuve sa capacité de s’adapter et de contribuer au bien-être collectif.

Dans la deuxième partie de la conférence, plusieurs universitaires s’intéressant d’une manière ou d’une autre à de la Francophonie ont pris la parole.  Un professeur de droit hongrois a par exemple indiqué que le secteur juridique est un autre domaine de coopération pour la communauté francophone internationale.  Il a rappelé que les tribunaux internationaux se fondent souvent sur le système de common law anglais, qui diffère du Code civil français.  La coopération entre juristes francophones pourrait permettre d’éviter que cette réalité n’ait des conséquences négatives.

Un autre universitaire a souligné l’importance de créer de nombreuses écoles de langue pour promouvoir la réconciliation et la résolution de problèmes entre groupes ethniques, nations et pays.  Un autre a indiqué que la Francophonie a une vaste assise géographique et qu’elle représente une importante puissance planétaire, mais qu’elle a néanmoins des défis à relever.  Il a parlé de l’usage de plus en plus répandu du « franglais », de même que de la prédominance de l’anglais dans le secteur des technologies de l’information.  Pour faire contrepoids, a-t-il souligné, une association internationale de spécialistes francophones des technologies de l’information a été créée au sein de la Francophonie.

Un des temps forts de la conférence a été lorsqu’un professeur d’université a invité deux de ses étudiants à dire quelques mots à l’assemblée.  On a pu entendre deux interventions émouvantes sur la manière dont l’utilisation du français a transformé la vie de ces deux jeunes, et sur l’importance de préserver et de promouvoir la langue.

Le reste de la conférence a été consacré à des échanges et des interventions ponctuelles.  Par exemple, un député hongrois du Parlement de l’Union européenne (UE) a expliqué que l’utilisation du français devait y être constamment encouragée.  Un sénateur français lui a fait écho en avançant l’idée de maintenir et de renforcer l’emploi du français au Parlement de l’UE.  Ce qui a mené à une discussion sur la possibilité de créer une section de l’APF au Parlement de l’UE.  On a toutefois signalé que financièrement, cela s’avérerait difficile, à un moment où les fonds disponibles sont déjà largement sollicités.  La chaîne TV-5 Monde a été citée comme exemple d’une ressource importante pour la Francophonie, et on a indiqué qu’il était primordial de continuer de la financer suffisamment.  Enfin, un intervenant hongrois a noté que l’anglais prédomine souvent dans le domaine militaire, mais qu’il est toujours souhaitable de maintenir l’usage du français, particulièrement chez les officiers.  Il a signalé que des formations spéciales en français sont offertes par les forces armées en prévision de la présidence de l’UE qu’assumera la Hongrie en 2011.

En conclusion, les participants ont convenu que cette conférence ne devrait être que le début d’un dialogue continu entre la Hongrie et les autres membres de la Francophonie.  Promouvoir la démocratie et s’adapter à la mondialisation ne sont que deux des défis auxquels est confrontée la Francophonie.  Travailler ensemble nous permettra de trouver des solutions qui sont avantageuses pour tous.

En soirée, la délégation a été invitée à une activité organisée par l’ambassade : la projection du nouveau film de Jean-Claude Labrecque, Infiniment Québec.  La sénatrice Losier-Cool a fait la présentation du film à l’auditoire qui s’était réuni à l’Institut français de Budapest.

La délégation souhaite remercier la Présidente Szili d’avoir invité le Parlement du Canada à participer à cette conférence, qui a non seulement permis de renforcer les relations parlementaires entre le Canada et la Hongrie, mais aussi de consolider les liens entre membres actifs de l’APF.

La délégation tient aussi à remercier l’ambassadeur Pierre Guimond et le personnel de l’ambassade du Canada à Budapest pour leur contribution à l’organisation d’un programme réussi.

Respectueusement soumis,

 

Rose-Marie Losier-Cool, sénatrice
Membre de la section canadienne de
l’Assemblée parlementaire de la Francophonie

 

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