Du 10 au 13 août 2008, l’honorable
Carol Skelton, c.p., députée, et M. Guy André ont représenté le Groupe
interparlementaire Canada-États-Unis (GIP) à la réunion annuelle de la
Conférence régionale des États de l’est du Conseil des gouvernements d’État (CRÉE/CGÉ)
à Atlantic City, New Jersey.
Le CRÉE/CGÉ se compose de 17 membres,
soit dix États du Nord-Est, du Maine au Delaware, Porto Rico, les U.S. Virgin
Islands et les provinces canadiennes du Québec, du Nouveau-Brunswick, de
Terre-Neuve-et-Labrador, de l’Ontario, de la Nouvelle-Écosse et de
l’Île-du-Prince-Édouard.
Cette année, la réunion annuelle a
traité de divers thèmes, dont l’énergie, les transports et les relations
Canada-États-Unis.
ÉNERGIE
Les débats de spécialistes ont mis
l’accent sur deux questions liées à l’énergie – le coût élevé du mazout
domestique et les sources d’énergie renouvelable. Pour ce qui est du mazout
domestique, les spécialistes ont déclaré que malgré la baisse des prix par
rapport aux sommets historiques de l’été, les ménages du Nord-Est continueront
de payer des prix records pour se chauffer cet hiver.
En effet, le ménage moyen paiera le
mazout domestique de 30 à 50 p. 100 plus cher que l’hiver dernier et
environ 35 p. 100 plus cher le gaz naturel. Les ménages à revenu
modique seront particulièrement touchés par ces prix élevés, ce qui pourrait
les obliger à choisir entre les besoins essentiels tels que l’énergie et la
nourriture, à moins de pouvoir obtenir une aide financière pour compenser
l’augmentation du prix du mazout.
Mark Wolfe, directeur général de la National
Energy Assistance Directors’ Association (NEADA), a fait remarqué que, par
le passé, beaucoup de familles se tournaient vers le Federal Low-Income Home
Energy Assistance Program (LIHEAP) pour de l’aide. Cette année, toutefois,
les fonds seront loin de répondre à tous les besoins à moins que le Congrès ne
vote d’augmenter les dépenses.
Dans le domaine de l’énergie
renouvelable, les discussions ont souligné les efforts déployés par les États
au moyen de mesures innovatrices, de politiques et d’investissements favorisant
l’utilisation d’énergies renouvelables pour la production énergétique. On a
fait valoir que plus de la moitié des États dans la région ont des normes pour
les portefeuilles d’énergie renouvelable (NPER) ou exigent que les services
publics commencent à utiliser l’énergie renouvelable pour une partie de leurs
ventes d’électricité avant une certaine date. Les États collaborent activement
en vue d’atteindre ces objectifs et ils ont réalisé des progrès technologiques
en matière de développement d’énergie renouvelable.
Des représentants du New Jersey ont
indiqué que leur État avait réalisé des progrès considérables cette année en
vue de promouvoir l’utilisation d’énergies renouvelables. Le gouverneur Jon Corzine
du New Jersey a rendu public un plan directeur proposant d’augmenter de
22,5 p. 100 les sources d’énergie renouvelable d’ici 2020. L’État a
adopté des mesures législatives importantes, dont la Global Warming Response
Act, et il souscrit à la Regional Greenhouse Gas Initiative en vue
de concrétiser ses objectifs écologiques et énergétiques ambitieux. Jeanne Fox,
présidente du New Jersey Board of Public Utilities, a dit aux délégués
que si le New Jersey réussit à relever les défis énergétiques, l’État aura une
occasion sans précédent de se positionner pour mieux concurrencer sur la scène
régionale et internationale.
Tout en accueillant ces initiatives,
les délégués ont exprimé des inquiétudes au sujet de l’absence de financement
des énergies renouvelables et du fait que l’échéancier de mise en œuvre des
sources de ce type d’énergie variait d’un État à l’autre. Ils ont également
souligné qu’en ce qui concerne les NPER, aucun mécanisme n’était prévu pour
obliger les États à s’y conformer. Afin de développer davantage les énergies
renouvelables, les délégués ont demandé aux États d’accorder des crédits
d’impôt, de créer des zones d’énergie renouvelable et d’investir davantage dans
le domaine de l’énergie renouvelable.
POLITIQUES DES TRANSPORTS
Frank McArdle de la National Surface
Transportation Policy and Revenue Commission, a ouvert l’atelier en donnant
une sombre perspective de l’état des infrastructures du transport. Il a déclaré
que des points de vue du fond, de la politique et des finances, l’infrastructure
en Amérique est en piteux état. Les dépenses n’ont pas évolué au même rythme
que la croissance démographique et économique.
M. McArdle a dit aux délégués que,
si l’on veut régler ce problème, il est crucial de comprendre que, en fin de
compte, les transports sont un élément indispensable de l’économie. Il a
réclamé des investissements privés importants, l’adoption de normes nationales,
l’augmentation du financement fédéral dans des projets de transport et
l’établissement d’un organisme indépendant du processus législatif pour
examiner les frais d’utilisation et fixer les tarifs de transport.
RELATIONS CANADA – ÉTATS-UNIS
Cet atelier a discuté de l’ALÉNA et de
ses avantages pour le Canada et les États-Unis. Des représentants du
département d’État américain ont dit aux délégués que contrairement à l’avis de
certaines personnes, l’ALÉNA a créé des emplois, radicalement amélioré les
relations commerciales et stimulé le commerce entre le Canada, les États-Unis
et le Mexique.
Ces représentants ont précisé que les
exportations de biens manufacturés, de combustibles minéraux, de pétrole et
d’acier ont augmenté radicalement depuis l’adoption de l’ALÉNA. Ils ont
également souligné que l’ambassade des États-Unis a délivré plus de
150 000 visas de travail à des Canadiens l’année dernière et plus de
200 000 à des Mexicains au cours de la même période.
Ils ont indiqué toutefois que l’Accord
fait face à des difficultés dans les dossiers de la sécurité frontalière, de
l’environnement et des eaux des Grands Lacs. Bien que les trois pays se soient
réunis en Nouvelle-Orléans en avril dernier pour trouver des solutions en vue
de surmonter ces difficultés, y compris l’adoption de normes énergétiques,
l’élaboration d’un cadre de coopération réglementaire et la prise de décisions
conjointes en matière de réglementation sur l’homologation de nouveaux
pesticides, il reste du travail à faire pour éliminer les irritants entre les
pays.
Les délégués ont exhorté les
représentants fédéraux à continuer de collaborer avec les dirigeants mexicains
et canadiens à l’appui de l’Accord. Ils croient qu’il faut un leadership fort
pour que l’ALÉNA puisse offrir l’occasion d’accroître la présence des régions
dans le monde et non le contraire.
RÉSOLUTIONS DE LA RÉUNION
Un certain nombre de résolutions ont
été adoptées à la réunion annuelle, dont :
1.Appuyer un système de transport national
Compte tenu de l’importance cruciale du
système de transport pour l’économie du fait qu’il permet le mouvement des
biens et des personnes et du fait que l’infrastructure des transports fait face
à une insuffisance de financement chronique, le CRÉE/CGÉ exhorte le Congrès à
étudier la possibilité de participer à une coentreprise avec les États en vue
de créer un système de transport terrestre durable.
2.Appuyer un programme robuste d’investissement dans des mégaprojets
de transport
Étant donné que les améliorations que
requièrent les systèmes de transport aérien, routier, ferroviaire, maritime et
navigable sont souvent complexes et coûteuses à entreprendre pour les
organismes d’État, et que les mégaprojets font souvent intervenir plusieurs
administrations politiques, le CRÉE/CGÉ préconise l’utilisation de sources de
financement, de critères d’admissibilité et de mesures de soutien des
mécanismes institutionnels nouvellement autorisés qui font intervenir tous les
ordres de gouvernement ainsi que le secteur privé afin de procéder aux
améliorations cruciales à large échelle qui sont nécessaires dans les domaines
clés de l’infrastructure des transports, plus particulièrement les principaux
corridors nationaux.
3.Appuyer une intervention vigoureuse dans les opérations de transport
Étant donné que la congestion routière
et ferroviaire augmente le coût de faire des affaires et affaiblit la vitalité
économique et la compétitivité mondiale des États du Nord-Est et que, en mai
2006, le département des transports a annoncé sa National Strategy to Reduce
Congestion on America’s Transportation Network (dont une composante
importante est l’accord de partenariat urbain aux termes duquel le département
agit en partenariat avec certaines régions métropolitaines pour démontrer des
stratégies avérées dans la réduction de la congestion), le CRÉE/CGÉ appuie
l’augmentation des investissements et souscrit aux principes de l’accord de
partenariat urbain.
4.Promouvoir le fret ferroviaire
Étant donné que le gouvernement fédéral
est directement intéressé à promouvoir un système de transport de marchandises
efficace et que le réseau de fret ferroviaire a besoin d’investissements de
capitaux privés, le CRÉE/CGÉ exhorte le Congrès à envisager des initiatives
législatives telles qu’un programme de crédit d’impôt à l’investissement, qui
incitera le secteur privé à investir des sommes considérables à l’échelle
nationale en vue d’accroître la capacité ferroviaire nationale et de rejeter
les efforts visant à modifier le régime réglementaire actuel, car cela dissuaderait
les investisseurs à investir des capitaux dans l’infrastructure ferroviaire.
5.Programme d’aide énergétique pour les familles à faible revenu (Low-Income
Home Energy Assistance Program – (LIHEAP))
Compte du succès qu’a connu le LIHEAP
et son efficacité pour répondre aux besoins énergétiques des personnes âgées à
faible revenu, des personnes handicapées et des familles de petits salariés; du
fait que le coût du mazout domestique devrait augmenter cet hiver, du fait que
le fardeau énergétique dans le Nord-Est est plus élevé qu’ailleurs au pays à
cause des hivers froids et de l’absence de subvention du fédéral pour
l’électricité, le CRÉE/CGÉ exhorte le Congrès à augmenter le financement du
LIHEAP de 3,14 milliards de dollars en 2008 et de le financer à hauteur de
5,1 milliards de dollars en 2009.
CONCLUSIONS
Les
délégués ont insisté sur la nécessité de s’attaquer aux problèmes soulevés à la
réunion annuelle dans une perspective bipartisane et de coopération entre le
gouvernement fédéral et le secteur privé. La question des transports et de
l’énergie est trop importante pour être réglée au niveau de l’État seulement.
Selon les participants, l’approche coordonnée de tous les acteurs est l’unique
façon réaliste de la régler.
Respectueusement
soumis,
L’hon. Jerahmiel Grafstein, sénateur
coprésident
Groupe interparlementaire
Canada-États-Unis
Dean Del
Mastro, député
coprésident par intérim
Groupe interparlementaire
Canada-États-Unis