Le député de Niagara‑Ouest‑‑Glanbrook,
qui représentait la Section (fédérale) canadienne de l’Association
parlementaire du Commonwealth au Colloque de la Section du Royaume‑Uni de
l’APC de 2007, tenu à Londres et à Bristol, en Angleterre, ainsi qu’à
Bruxelles, en Belgique, du 10 au 22 juin 2007, conformément au
paragraphe 34(1) du Règlement, a l’honneur de présenter le rapport.
J’ai eu l’honneur de représenter le
gouvernement du Canada au Colloque de la Section du R.‑U. de l’APC tenu
au Royaume‑Uni et en Belgique en juin 2007. M. Denis Arthur Allchurch, député provincial de la Saskatchewan, a également participé à ce
colloque à titre de représentant du Canada.
Ont assisté au colloque des
représentants des pays et territoires suivants : l’Afrique du Sud,
l’Australie, le Botswana, le Canada, les îles Caïmans, les Îles Salomon,
l’Inde, le Kenya, la Malaisie, Montserrat, la Namibie, le Nigeria, la Nouvelle‑Zélande,
l’Ouganda, le Pakistan, Sainte‑Hélène, Singapour, le Sri Lanka, et le
Swaziland. Les délégués étaient principalement des parlementaires représentant
leur gouvernement fédéral, provincial ou d’État. Un certain nombre de délégués
occupaient le poste de Président ou de vice‑Président au sein de
l’assemblée parlementaire de leur gouvernement.
Le grand thème du colloque
parlementaire de 2007 était « La gouvernance du Royaume‑Uni ».
L’objectif premier du colloque était de veiller à ce que les parlementaires
aient une meilleure compréhension de la gouvernance du Royaume‑Uni et de
la structure continentale plus large.
À cette fin, les délégués ont été
informés à propos de la scène politique et parlementaire à Westminster. Plus
particulièrement, nous avons acquis des connaissances ayant trait à la
dévolution et au gouvernement local au R.‑U., visité des circonscriptions
électorales, abordé la question de la gouvernance supranationale et de son
incidence sur le Royaume‑Uni, discuté de la contribution de l’APC au
Commonwealth et tissé des liens avec des collègues de la Section du R.‑U.
de l’APC.
En plus de porter sur un grand nombre
de sujets, le colloque s’est déroulé dans quatre villes : Bristol,
Cardiff, Londres/Westminster et Bruxelles.
« La gouvernance à l’échelon
supranational » a fait l’objet d’un débat, comme il convient, tant à
Bruxelles qu’à Westminster. À Westminster, le très honorable Geoff Hoon,
député, ministre des Affaires du Commonwealth, des Affaires étrangères et de
l’Europe, a donné aux délégués un aperçu de l’Union européenne. M. Hoon
souscrit à l’idée que l’Union européenne est une tribune où la Grande‑Bretagne
peut faire mieux entendre sa voix. Il a fait valoir à quel point il est
important que la Grande‑Bretagne ait une place à la table de l’Union
européenne pour veiller à ce que les politiques, qu’elles soient
environnementales, économiques ou autres, non seulement profitent à la Grande‑Bretagne,
mais encore ne lui portent pas préjudice.
En guise de préparation à notre visite
à Bruxelles et au quartier général de l’UE, notamment, le très honorable
lord Anderson, de Swansea, a présidé une séance multipartite à laquelle
des députés conservateurs, travaillistes et libéraux‑démocrates ont
exprimé leurs points de vue sur les défis et les enjeux pour la Grande‑Bretagne
au sein de l’Union européenne, ainsi que sur les forces et les faiblesses du
travail dans une structure de gouvernance supranationale.
Après cette séance, nous sommes partis
pour Bruxelles en empruntant l’Eurostar. Voyager à bord de l’Eurostar a été une
expérience tout à fait spéciale; c’est un exemple de ce que nous pourrions faire
si nous améliorions l’infrastructure au Canada.
C’est dans le décor de la ville de
Bruxelles qu’ont eu lieu plusieurs séances durant lesquelles nous avons discuté
de questions de gouvernance dans l’Union européenne. Dès notre arrivée à
Bruxelles, nous avons rencontré M. Michael O’Neill, conseiller, Commerce et
Développement, et M. Paul Heardman, chef de la Section parlementaire
européenne, Bureau de la représentation permanente du Royaume‑Uni au sein
de l’Union européenne. Ils nous ont donné un aperçu des relations entre l’UE et
la Grande‑Bretagne. Si, dans l’ensemble, d’aucuns sont favorables à ce
que la Grande‑Bretagne entretienne des relations avec l’UE, on sent que
les avis diffèrent sur la gouvernance au R.‑U. ainsi que sur la présence
du R.‑U. dans de l’Union européenne. Après avoir entendu les exposés à
Westminster et les points de vue exprimés par les représentants de la
perspective continentale, on a eu l’impression qu’il y avait discordance entre
Londres et Bruxelles sur la question de la gouvernance, de façon générale.
D’une part, Londres reconnaît qu’il est plus facile d’influer sur la politique
de l’UE en siégeant à la table. D’autre part, les parlementaires britanniques
semblent craindre que le pouvoir national ne ne glisse graduellement aux mains
de Bruxelles. Rien n’a mis cette crainte davantage en évidence que la
résistance britannique à l’adoption de l’euro comme monnaie. Outre la monnaie,
des points de vue discordants ont été entendus en ce qui concerne la politique
agricole, les droits de la personne, l’immigration et le commerce.
Nos visites à la Commission européenne
et au Parlement européen ont été centrées sur la politique commerciale de l’UE,
les relations de l’UE avec l’OMC, les politiques de relations extérieures de
l’UE et les politiques de développement de l’UE. Nous avons également discuté
des possibilités et des défis que représentent tant l’immigration que l’asile
politique au sein de l’Union européenne. M. Peter Bosch, chef du Secteur REFLEX
et de la Section de l’immigration et de l’asile politique, a jeté un éclairage
intéressant sur cette question. Durant nos discussions, nous avons traité des
défis et des avantages qui se présentent à la Grande‑Bretagne à mesure
qu’elle s’entrelace de plus en plus à la structure de l’UE.
Toutes les séances sur l’UE ont été des
plus utiles; celle portant sur l’immigration et l’asile politique a intéressé
d’une façon particulière la plupart des délégués, à des degrés divers. Par
exemple, d’une part, mes collègues de l’Australie, de la Grande‑Bretagne
et de la Nouvelle‑Zélande, notamment, ont fait écho à ma préoccupation
relative à la nécessité de modifier nos politiques d’immigration afin de
compenser la pénurie de travailleurs qualifiés et non qualifiés dans chacun de
nos pays. D’autre part, les délégués du Nigeria et du Sri Lanka, entre autres,
se sont plaints de ce que les pays développés drainent leur bassin de
main-d’œuvre, ce qui contribue à ralentir leur rythme de croissance économique
et à diminuer leur productivité.
Comme je suis président du Comité
permanent des ressources humaines, du développement social et la condition des
personnes handicapées, j’ai été vivement intéressé par la discussion sur
l’immigration durant ce colloque et par l’audition d’autant de points de vue
divergents, le Comité des ressources humaines étant en train d’étudier la
question de l’employabilité. Pendant les discussions tenues durant le colloque
avec des collègues des deux côtés du débat sur le travail, l’ampleur des défis
présentés par le travail m’est apparue très clairement. Nous ne faisons pas que
livrer concurrence aux autres pays industrialisés pour attirer des immigrants à
partir d’un bassin de main‑d’œuvre mondial se rétrécissant sans cesse.
Nous livrons aussi concurrence aux pays développés qui ne souhaitent peut-être
pas non plus voir des citoyens productifs quitter leur pays. Le Canada a une
occasion en or de profiter maintenant de tout ce qu’il peut offrir aux
immigrants travailleurs et habiles, en élaborant une stratégie d’immigration
globale à long terme qui lui permettra de rester hautement concurrentiel et
productif dans une économie et un marché mondiaux en perpétuel changement.
L’attention des délégués s’est ensuite
tournée vers une autre question vitale : le commerce. M. Jacques
Wunnenburger, chef des Accords de partenariat économique 2 et de la Direction
générale du commerce, a informé les délégués sur les progrès réalisés par l’UE
dans la conclusion de nouveaux accords avec des partenaires économiques
mondiaux. En tant que membre du Comité permanent du commerce international et
soucieux du fait que nous avons conclu très peu d’accords de commerce
international entre 1995 et 2006, je me suis vivement intéressé à la méthode de
négociation menant à la conclusion d’accords commerciaux et de partenariats. Il
est à la fois rassurant et agréable de savoir que nous ne faisons plus du
sur-place comme pays commerçant, mais que nous travaillons plutôt sur une
politique commerciale internationale plus dynamique, comme en font foi nos
négociations avec la République dominicaine et la communauté des Caraïbes. M.
Patrick Child, chef de cabinet du Commissaire aux relations extérieures et à la
politique du voisinage européen, a donné aux délégués un aperçu des relations
au sein de l’UE ainsi que des renseignements plus détaillés sur cette question.
Après la Commission européenne, notre
délégation a rencontré le Parlement européen. Des séances ont été tenues pour
faciliter des discussions en diagonale sur une variété de sujets, des
politiques régionales aux économies régionales en passant par la sécurité
régionale. C’est par ces séances qu’a pris fin notre séjour à Bruxelles.
À Londres, nous avons traité des
questions de la dévolution et de la Commission électorale. Un groupe de
discussion multipartite, présidé par le très honorable John McFall, député
travailliste, a centré son attention sur la question de la dévolution ou de
l’autonomie gouvernementale. Nous avons exploré non seulement les dimensions
politiques de la dévolution, mais encore ses dimensions financières. Les
délégués ont présenté des points de vue très variés sur les propositions et les
différentes formes de dévolution. Ainsi, les députés de l’Australie ont
souligné le processus comparatif du Royaume-Uni. En 1979, des propositions ont
été faites afin, essentiellement, d’instituer un Parlement d’Écosse et une
Assemblée nationale du Pays de Galles, tels qu’ils existent actuellement.
Cependant, les propositions initiales ont été rejetées par une majorité
qualifiée lors d’un référendum tenu en Écosse et au Pays de Galles. En fait,
les parlementaires de la Grande‑Bretagne, du Pays de Galles, de l’Écosse
et de l’Irlande du Nord ont accordé une grande importance aux demandes de
dévolution ainsi qu’à leur propre quête d’identité nationale et de pouvoirs
décisionnels. En discutant de ces questions, nous avons eu l’impression que les
systèmes comportant une multitude de partis politiques sont souvent complexes
et que les complexités liées à la représentation proportionnelle pourraient ne
pas constituer l’approche la plus efficace pour les systèmes politiques de
chacun des États.
La séance suivante a porté sur la
Commission électorale. Les délégués ont été impressionnés par M. James Younger,
président de la Commission électorale. Celui-ci a présenté un portrait complet
de l’organisme indépendant établi par le Parlement du R.‑U, qui a pour
objectifs officiels de veiller à l’intégrité du processus démocratique et de
promouvoir la confiance publique dans ce dernier. Par exemple, la Commission
enregistre les partis politiques, veille à ce que soient comprises et observées
les règles relatives au financement des partis et des élections, rend publiques
les sources de financement des partis et des candidats, établit les normes pour
le déroulement des élections et veille à l’équité de la délimitation des
circonscriptions électorales des gouvernements locaux en Angleterre, notamment.
Étant donné qu’elle fait office de conscience du système électoral, la
Commission électorale a de nombreuses responsabilités ayant trait à l’organisation
de référendums régionaux, nationaux et à l’échelle du R.‑U., aux termes
de la Political Parties, Elections and Referendums Act de 2000.
Après cette séance, les délégués ont eu
l’occasion d’échanger des points de vue entre eux sur ce qu’ils avaient entendu.
J’ai eu l’honneur d’être élu par mes collègues pour présider cet échange. Les
délégués des États africains ont soulevé la question des programmes d’aide
étrangère et d’aide au développement. Les délégués des pays donateurs et ceux
des pays bénéficiaires ont exprimé des points de vue divergents sur des
questions comme la perception des pays bénéficiaires de l’ingérence des pays
donateurs, et la volonté des pays donateurs de veiller à ce que les fonds
parviennent vraiment à leurs destinataires. Nous avons également discuté de la
nécessité de concilier ces points de vue et de faire de l’aide étrangère un
outil visant à améliorer la qualité de vie dans les États bénéficiaires ainsi
qu’à assurer la paix et la stabilité internationales.
Nos hôtes ont très bien organisé le
colloque grâce auquel les délégués ont pu apprécier toute la majesté physique
et politique du Royaume‑Uni. Après de courtes présentations à la Council House, à Bristol, nous avons eu droit à une visite de la ville, qui comprenait un
tour de bateau tout à fait spécial dans le port. Les députés du gouvernement
local nous ont fait part des défis auxquels sont confrontées les municipalités
lorsqu’elles sont à la recherche de financement pour divers projets, notamment.
La glorieuse histoire de la Grande-Bretagne comme puissance mondiale a vraiment
pris tout son sens pour moi lorsque j’ai visité le British Empire and
Commonwealth Museum. M. Gareth Griffiths, directeur du musée, nous a fait faire
une visite guidée non officielle du musée et de l’exposition intitulée
« Breaking the Chains ». Cette exposition souligne le rôle de
pionnier qu’a joué le R.‑U. en légiférant contre l’esclavage. Il a été
particulièrement intéressant d’observer la dynamique dans la salle avec la
présence de nombreux collègues africains.
Les participants se sont ensuite rendus
à Cardiff, au Pays de Galles. Durant notre tour de ville à pied, nous avons
visité l’exquise Opera House. Nous avons ensuite visité la très belle Assemblée
nationale du Pays de Galles, qui a été ouverte le 1er mars 2006 :
une splendeur architecturale réalisée avec du pin rouge canadien.
À notre retour à Westminster, nous
avons poursuivi la discussion sur la gouvernance, traitant cette fois du rôle
de la Chambre des lords. La baronne Hayman, Présidente de la Chambre des lords,
a fait un exposé intéressant sur le rôle que la Chambre haute joue dans le
système de gouvernance britannique. Il a été fascinant d’apprendre à quel point
la Chambre des lords n’a pas changé et à quel point elle a déjà évolué et continue
d’évoluer. Il reste certes encore des lords héréditaires, mais un nouveau
processus de sélection plus démocratique a été institué, sous l’égide d’une
commission non partisane. En effet, chacun des partis à la Chambre des communes présente une liste de candidats pour les postes devenant vacants à la
Chambre des lords. Les candidats inscrits en tête de liste sont interviewés, et
un choix final est présenté au premier ministre. L’objectif de ce processus
est, notamment, que la Chambre des lords devienne de plus en plus
représentative de la société britannique. Les résultats préliminaires montrent
que ces efforts portent fruit, la Chambre des lords commençant à mettre en
œuvre des projets nationaux et locaux reflétant l’opinion publique et faisant
appel à toutes les composantes de la société. Quoi qu’il en soit, lorsque l’on met cela en parallèle avec la réforme du Sénat au Canada, force est de constater à quel point
notre système est plus progressiste et à quel point il pourrait l’être encore
plus avec un Sénat élu.
La partie la plus intéressante du
colloque et de la discussion sur la gouvernance avec tous les collègues du
Commonwealth a été la période des questions. Celle‑ci a d’ailleurs revêtu
une importance particulière puisque c’était la dernière période à laquelle
prenait part le premier ministre Tony Blair, qui a quitté son poste une semaine
plus tard. M. Blair a habilement répondu aux questions sur une foule de sujets,
de la santé à l’immigration, de la sécurité nationale à l’environnement et de
l’impôt sur le revenu à l’Iraq.
En écoutant les questions et réponses,
on constate assez clairement que la gouvernance démocratique au R.‑U. ne
s’est pas seulement maintenue, mais qu’elle progresse. Westminster est au cœur
d’une structure de gouvernance au sein de laquelle la monarchie se fait
toujours sentir et qui est renforcée par le rôle de la common law, les coutumes
et les consensus fondés sur les lois. Comme pour toute démocratie, l’absence de
constitution présente des avantages et des inconvénients; que ce soit le fait
que le gouvernement puisse suspendre les règles s’il n’est guère freiné par les
dispositions d’une constitution ou que la gouvernance puisse être modifiée afin
de refléter l’émergence d’une union politique et économique sur le continent. Quoi
qu’il en soit, il ne fait aucun doute que les institutions démocratiques
restent fortes.
En conclusion, l’ensemble des
discussions, des observations et des échanges entendus durant le colloque de
l’APC témoigne, selon moi, de l’importance que continue d’avoir pour les
membres du Commonwealth la gouvernance démocratique en Grande‑Bretagne,
qui a commencé il y a des siècles. Les parlementaires de l’Afrique et des pays
en développement ont donné leurs points de vue sur les écarts économiques et
sociaux entre les pays du Commonwealth. Les défis auxquels sont confrontées les
nouvelles démocraties en matière d’éducation, de santé et de pauvreté ont été
régulièrement abordés. À cet égard, l’avenir du Commonwealth a également été
soulevé; de façon générale; je constate avec plaisir que nous partageons le
point de vue que le Commonwealth reste inestimable, compte tenu de sa capacité
inégalée de fournir des liens vitaux aux États membres pour de nombreuses
années encore.
Je compte rester en contact avec
d’autres délégués qui ont assisté au Colloque de la Section du R.‑U. de
l’APC et je m’emploierai à faire en sorte que les idées du colloque restent.
Nous avons tous convenu que l’APC joue et peut continuer de jouer un rôle
important en incitant le Commonwealth à se faire entendre davantage et à être
plus actif sur la scène internationale en parlant de l’importance d’une bonne
gouvernance par la démocratie parlementaire ainsi que de valeurs communes
fondamentales comme l’égalité, les droits de la personne et la tolérance.
Ce fut un insigne honneur pour moi que
de représenter le Parlement canadien à ce colloque. J’espère que j’aurai
l’occasion de faire part de mes expériences à d’autres qui partagent mon
attachement aux politiques et aux pratiques d’une bonne gouvernance.
Respectueusement
soumis,
M. Russ Hiebert, député, président, pour, M. Dean Allison, député
Section canadienne de l’Association parlementaire
du Commonwealth (APC)