Du 16 au 19 mai 2008, des
membres des délégations canadienne et américaine du Groupe interparlementaire
Canada-États-Unis (GIP) se sont rencontrés à Santa Fe, Nouveau-Mexique à
l’occasion de la 49e réunion annuelle du GIP. Les États-Unis
étaient représentés par quatre sénateurs et huit membres de la Chambre des représentants et la délégation canadienne était composée de quatre sénateurs et
de treize députés (voir annexe).
Créé en 1959, le GIP a pour sa mission
de trouver des points de convergence dans les politiques nationales
respectives, de lancer le dialogue sur certains points de divergence,
d’encourager l’échange de renseignements et de promouvoir une meilleure
compréhension entre les législateurs américains et canadiens à propos de
sources de préoccupation communes. La réunion annuelle du GIP, qui se tient
tour à tour au Canada et aux États-Unis et à laquelle assistent des délégués du
Parlement canadien et du Congrès américain, constitue l’un des moyens
principaux pour atteindre les objectifs fixés. Au cours de cette réunion, tant
dans les séances plénières que celles des comités, les délégués s’emploient à
trouver les valeurs communes et des solutions à diverses questions bilatérales
et multilatérales qui préoccupent les deux pays.
À cette 49e réunion
annuelle, outre les séances plénières d’ouverture et de clôture, les délégués
ont participé à des discussions dans au moins une des trois séances des
comités.
Comité I: Coopération bilatérale en
matière d’environnement et d’énergie
·Incidence des changements climatiques en
Amérique du Nord
§Missions dans le passage du Nord-Ouest et dans l’Arctique
§Niveau d’eau des Grands Lacs et incidence sur la navigation
§Mesures législatives proposées aux États-Unis et au Canada à l’égard
des changements climatiques
·Coopération dans le domaine de l’énergie
§Accès aux réserves actuelles de combustibles fossiles: sables
bitumineux, gaz naturel liquéfié, Réserve faunique nationale de l’Arctique,
etc.
§Exploitation de sources d’énergie renouvelable: biocarburants,
énergie solaire, énergie éolienne, etc.
§Possibilités d’accroître la coopération bilatérale dans le secteur
de l’énergie
·Protection des ressources naturelles communes
aux deux pays
§Ressources hydriques: restauration environnementale des
Grands Lacs, voie maritime du Saint-Laurent, etc.
§Règlements dans le secteur maritime: protection des stocks de
poissons, Traité sur le droit de la mer et exploration du plancher océanique de
l’Arctique
§Investissement en conservation
Comité II: Coopération bilatérale en
matière de commerce et d’économie
·Renforcement des accords commerciaux bilatéraux
et multilatéraux actuels
§Respect de l’Accord de libre-échange nord-américain
§Négociations avec l’Organisation mondiale du commerce
§Avenir des accords de libre-échange multilatéraux régionaux et
internationaux
·Mise en œuvre d’accord pour résoudre certains
différends commerciaux
§Questions agricoles
§Bois d’œuvre
§Acier
§Droits de propriété intellectuelle
·Enjeux économiques et commerciaux communs
§Chine: sécurité des importations, monnaie et normes coercitives
§Politiques en matière d’investissements étrangers
§Initiatives de coopération économique entre le Canada et les
États-Unis
Comité III: Coopération bilatérale
en matière de défense, de sécurité et de questions humanitaires
·Initiative relative aux voyages dans
l'hémisphère occidental – Sécurité
frontalière
§Contrebande de tabac et d’autres marchandises
§Nouveau règlement américain et nouveau calendrier d’application
intégrale
§Passage frontalier Detroit-Windsor
·Coopération à la lutte mondiale contre le
terrorisme
§L’Afghanistan et l’avenir de l’Organisation du
Traité de l’Atlantique Nord (OTAN): missions, coopération/frictions et
élargissement
§Efforts internationaux pour cibler les réseaux
de financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction
massive
·Efforts sur le plan humanitaire
§Contribution du Canada et des États-Unis aux
missions de maintien de la paix au Darfour, en Somalie et dans les Balkans
§Promotion de réformes démocratiques en Amérique
latine, en Afrique et en Asie
Tel qu’indiqué ci-après, la 49e réunion
annuelle s’est conclue par l’adoption de 13 résolutions qui guideront en
partie les activités et les priorités de la section canadienne du GIP au cours
de l’année à venir et par la suite si nécessaire.
La 50e réunion annuelle
du GIP se tiendra au Canada. On prévoit que les délégués continueront de
chercher des solutions aux questions bilatérales et multilatérales qui
préoccupent les deux pays.
SÉANCE D’OUVERTURE
Au début de la séance d’ouverture,
chaque délégué s’est présenté et a précisé les secteurs auxquels il
s’intéresse. Les présidents américain et canadien du GIP ont ensuite rappelé
les neuf résolutions adoptées à la 48e réunion annuelle et ils
ont informé les délégués des mesures prises depuis la publication du bulletin
d’information du GIP de l’automne 2007. Les délégués ont entre autres
obtenu les renseignements suivants:
ØInitiative relative aux voyages dans l’hémisphère occidental: comme la mise en œuvre des volets terrestre et maritime de
l’Initiative relative aux voyages dans l’hémisphère occidental est prévue pour
juin 2009, le Canada surveillera avec les États-Unis le succès des efforts
de promotion de documents conformes aux exigences de cette initiative dans les
deux pays. Le Canada n’a pas l’intention d’imposer les mêmes exigences
documentaires. À l’heure actuelle, le département américain de la Sécurité intérieure a officiellement mis en œuvre des politiques exigeant que les voyageurs
présentent des pièces d’identité et une preuve de citoyenneté aux passages
frontaliers terrestres.
ØPropriété intellectuelle: lors du sommet
des dirigeants nords-américains, qui s’est tenu en avril 2008, le premier
ministre Harper et les présidents Bush et Calderón ont confirmé la prise de
mesures pour mieux protéger les inventeurs, les auteurs, les artistes et les
autres innovateurs, au moyen d’une stratégie d'action trilatérale sur la
propriété intellectuelle. Les dirigeants nords-américains ont également annoncé
l’établissement de relations plus fortes pour soutenir une application plus
efficace de la loi afin de lutter contre le commerce de produits contrefaits et
piratés. Par surcroît, le Canada et les États-Unis, ainsi que d’autres pays,
participent à des discussions sur un éventuel accord commercial
anticontrefaçon. Au Canada, le discours du Trône de 2007 et la réponse du
gouvernement fédéral à deux rapports de comités parlementaires indiquent que le
gouvernement a l’intention de renforcer la protection des droits de propriété
intellectuelle. Aux États-Unis, le Congrès envisage d’adopter une mesure
législative visant une réforme des brevets. Cette mesure axée sur la
rationalisation du processus d'octroi des brevets aiderait à réduire le vol de
propriété intellectuelle.
ØCommerce de bovins et de produits du bœuf en Amérique du Nord: les États-Unis permettent maintenant l’importation de presque tous
les bovins et les produits du bœuf canadiens, mais l’accès au marché américain
est limité en ce qui concerne les moutons et les chèvres. En pratique, les
bovins nés le 1er mars 1999 ou avant et la viande de bœuf
provenant d’animaux de n’importe quel âge peuvent être importés aux États-Unis.
Cependant, les chèvres et les moutons canadiens de plus de 12 mois qui
sont destinés à l’abattoir ou à l’engraissement, ou de n’importe quel âge s’ils
sont destinés à la reproduction, demeurent exclus du marché américain. Le
Canada permet l’importation en provenance des États-Unis de bovins et de viande
de bœuf provenant d’animaux de n’importe quel âge et, depuis le
2 mai 2007, autorise l’importation, toujours des États-Unis, de
petits ruminants destinés à n’importe quelle fin.
ØMenaces transnationales: le
13 mars 2008, la Chambre des communes a approuvé le maintien des
forces canadiennes à Kandahar jusqu’en juillet 2011, à condition que
l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) assure la rotation d’un
groupement tactique d’environ 1 000 soldats à Kandahar, au plus tard
en février 2009; que le gouvernement fédéral obtienne, au plus tard en
février 2009, des hélicoptères de transport de moyen tonnage et des véhicules
aériens sans pilote à grande performance; que le gouvernement fédéral avise
l’OTAN que le Canada mettra fin à sa mission à Kandahar en juillet 2011 et
que le retrait des troupes canadiennes de Kandahar soit terminé en
décembre 2011. Selon le nouveau mandat, la mission militaire canadienne
sera axée sur les trois volets suivants : former les forces de sécurité
nationale afghanes; assurer la sécurité de la reconstruction et des projets de
développement à Kandahar; et maintenir la responsabilité du Canada envers
l’Équipe provinciale de reconstruction à Kandahar. Enfin, lors du sommet de
l’OTAN en avril 2008, les États membres ont renouvelé leur engagement à
l’égard de l’Afghanistan, ils ont accepté de mettre davantage l’accent sur le
développement et la reconstruction et ils ont adopté un nouveau plan exhaustif
pour équilibrer et synchroniser les efforts militaires et civils. Des 40 pays
membres de la coalition, ce sont les États-Unis qui envoient le plus grand
nombre de soldats en Afghanistan, soit plus de 30 000.
ØChangements climatiques: en
mars 2008, le gouvernement du Canada a publié le Cadre réglementaire
sur les émissions industrielles de gaz à effet de serre; le pouvoir de
réglementation conféré en vertu de la Loi canadienne sur la protection de
l’environnement servira à mettre en œuvre ce règlement industriel, et le
gouvernement a lancé de nombreux programmes pour soutenir ce programme de
réglementation. De plus, le gouvernement a alloué des fonds à des initiatives
nationales d’adaptation aux changements climatiques et il participe à des
consultations sur l’efficacité énergétique des véhicules. Aux États-Unis, le
Congrès a adopté – et le président a signé – le Renewable
Fuels, Consumer Protection and Energy Efficiency Act de 2007, qui a haussé
la norme nationale d’économie de carburant. En outre, le Sénat américain est
disposé à envisager le projet de loi Lieberman-Warner qui contient des
dispositions prévoyant un système de plafonnement et d'échange. Par surcroît,
lors du sommet des dirigeants nords-américains en avril 2008, le premier
ministre Harper et les présidents Bush et Calderón ont indiqué que les pays
parties à l’Accord de libre-échange nord-américain échangent des renseignements
et examinent les possibilités de collaboration dans le but de réduire les obstacles
à l’élargissement de technologies propres, notamment le captage et le stockage
du carbone. Ils ont également souligné qu’ils s’emploient à améliorer la
qualité de l’air en Amérique du Nord.
ØÉnergie: lors du sommet des dirigeants
nords-américains en avril 2008, le premier ministre Harper et les
présidents Bush et Calderón ont abordé les questions suivantes: l’élaboration
d’un cadre en vue de l’harmonisation des normes d'efficacité énergétique;
l’échange d’information technique pour améliorer le marché nord-américain de
l’énergie; la création d’une vision régionale pour les biocarburants;
l’amélioration des réseaux d’électricité; une utilisation plus efficace de
l’énergie grâce à une efficacité énergétique accrue des véhicules; et échange
d’information et l’exploration de possibilités de collaboration pour réduire
les obstacles à l’élargissement de technologies propres, notamment le captage
et le stockage du carbone. Dans le budget de 2008, le gouvernement du Canada a
prévu des fonds au titre d’initiatives de captage et de stockage du carbone et,
en mars 2008, il a publié le Cadre réglementaire sur les émissions
industrielles de gaz à effet de serre. Aux États-Unis, le Congrès a
adopté – et le président a signé – le Renewable Fuels,
Consumer Protection and Energy Efficiency Act de 2007 qui améliore les
normes d’économie de carburant visant les voitures, les camions, les VUS, qui
réduit les émissions de gaz à effet de serre et qui prévoit des investissements
dans les biocarburants.
ØPrédédouanement: depuis la publication
du bulletin de l’automne 2007, il n’y a pas eu de progrès officiel en
matière de prédédouanement terrestre. Les points litigieux sont liés, d’une
part, à la législation canadienne sur la protection des renseignements
personnels qui interdit certaines pratiques d’inspection à la frontière,
pratiques qu’utilisent régulièrement les agents des douanes et de la protection
frontalière des États-Unis, et, d’autre part, au fait que le Canada refuse de
permettre aux agents américains de porter des armes lorsqu’ils se trouvent du
côté canadien de la frontière.
ØPassage frontalier Detroit-Windsor :
pour ce qui est d’une frontière plus intelligente et plus sûre, lors du sommet
des dirigeants nords-américains en avril 2008, le premier ministre Harper
et les présidents Bush et Calderón ont indiqué que des plans d’infrastructure à
long terme sont en cours d’élaboration et que des mesures sont prises pour
améliorer les services et pour réduire les goulots d'étranglement et la
congestion aux principaux passages frontaliers. Ces mesures visent entre autres
à coordonner les efforts des organismes fédéraux pour améliorer la capacité aux
principaux passages frontaliers; le passage Detroit-Windsor est l’un des deux
passages plus précisément mentionnés. Par surcroît, le 7 mai 2008,
certains médias ont laissé entendre que, du côté canadien, on avait choisi le
site du nouveau pont qui doit être construit à côté du pont Ambassador, dans le
cadre d’un partenariat public-privé, et que l’annonce officielle devrait être
faite avant la mi-juillet. Aux États-Unis, l’assemblée législative du Michigan
continue de débattre des propositions pour la construction d’un deuxième pont,
et il y a eu des tentatives pour mettre fin au financement d’une étude
actuellement en cours sur la question.
ØGrands Lacs: en septembre 2007, le
rapport préliminaire de l'examen de l'accord préparé sous les auspices du
Comité exécutif binational des Grands Lacs a été transmis aux gouvernements
concernés. À l’heure actuelle, le gouvernement du Canada examine les
recommandations contenues dans le rapport ainsi que celles de la Commission mixte internationale, pour établir s’il y a lieu d’apporter des changements à
l'Accord Canada-États-Unis sur la qualité de l'eau dans les Grands Lacs. De
plus, le plan d'action pour l'eau pure du gouvernement du Canada prévoit la
restauration et la protection du bassin des Grands Lacs grâce à l’accélération
d’efforts d’assainissement visant les sédiments contaminés dans les secteurs
préoccupants des Grands Lacs. Aux États-Unis, le comité sénatorial du commerce,
des sciences et des transports a approuvé une mesure législative qui réduirait
le transport d’espèces envahissantes dans l’eau de ballast. À la Chambre des représentants, le comité sur les transports et l’infrastructure se penche
actuellement sur une mesure législative qui ciblerait les espèces envahissantes
et qui amorcerait le processus de restauration des Grands Lacs.
Les délégués désignés ont ensuite fait
le point sur la situation politique de leur pays respectif. Un sénateur
démocrate a signalé que pendant la campagne à l’élection présidentielle de
2008, on a noté un niveau de participation sans précédent aux élections
primaires et aux caucus. On a également signalé que le sénateur McCain
présente, dans une certaine mesure, une voix indépendante sur certaines
questions, que le sénateur Obama devrait remporter l’investiture démocrate
en juin 2008 et que, suite aux élections de novembre 2008, les
démocrates devraient détenir davantage de sièges au Sénat. Un collègue de la Chambre des représentants a déclaré aux délégués que comme bon nombre de représentants
républicains se retiraient, le Parti républicain devrait faire une véritable
percée à la Gingrich.
Un sénateur républicain a affirmé aux
délégués que tout est possible: on peut être au sommet de la vague à un moment
donné et au creux de celle-ci l’instant suivant. On a également dit aux
délégués que les résultats de l’élection présidentielle seront
vraisemblablement serrés.
Du côté canadien, un député
conservateur a déclaré que les gouvernements minoritaires avaient tendance à
être dysfonctionnels et qu’on ne devrait pas s’attendre à des élections au
printemps, mais qu’il y en aurait toutefois au plus tard en octobre 2009
puisqu’on a adopté une mesure législative prévoyant des élections à date fixe.
Un collègue du Bloc québécois a signalé que certains députés de son parti
appuient dorénavant le Parti conservateur.
Un sénateur canadien a fermé la
discussion en soulignant que la popularité du Bloc québécois est à la baisse,
que les sondages sont de nature aléatoire et qu’on fait des progrès en dépit
des difficultés inhérentes à la situation de gouvernement minoritaire.
COMITÉ I: COOPÉRATION
BILATÉRALE EN MATIÈRE D’ENVIRONNEMENT ET D’ÉNERGIE
INCIDENCE DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
EN AMÉRIQUE DU NORD
A. Missions dans le passage du
Nord-Ouest et dans l’Arctique
À l’exception de l’île Hans et de deux
zones dans la mer de Lincoln, qui sont revendiquées par le Danemark, et d’une
partie de la mer de Beaufort, qui est revendiquée par les États-Unis, la
souveraineté du Canada sur les terres et les eaux de l’Arctique canadien n’est
pas contestée; elle est établie depuis longtemps et elle est fondée sur des
titres historiques. Cette reconnaissance incontestée de la souveraineté du
Canada a été reconnue lors du sommet de 2007 des dirigeants nords-américains,
quand le président Bush a déclaré que les États-Unis ne remettent pas en
question la souveraineté du Canada sur les îles de l’Arctique et qu’ils
appuient les investissements que le Canada a faits dans l’exercice de sa
souveraineté.
Le Canada considère les eaux de
l’Arctique canadien, y compris le passage du Nord-Ouest, comme des eaux
intérieures canadiennes, alors que les États-Unis les considèrent comme un
détroit international. Le différend entre le Canada et les
États-Unis – qui porte sur le statut juridique plutôt que sur la
propriété – peut être qualifié de différend encadré. Le Canada
autorise la navigation dans l’archipel de l’Arctique canadien, à condition que
soient respectées les dispositions relatives à la sécurité et à l’environnement
ainsi que les intérêts des Inuits. La Russie n’a émis aucune protestation au
sujet de la position du Canada qui considère le passage du Nord-Ouest comme des
eaux intérieures canadiennes. De 1992 à 2005, des navires russes ont traversé
le passage du Nord-Ouest à 22 reprises et ils ont respecté la
réglementation canadienne.
Enfin, aucun pays ne conteste
l’autorité du Canada en vertu de l’article 234 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS), qui s’applique aux zones
recouvertes de glaces, de mettre en œuvre un régime sévère de prévention de la
pollution jusqu’à la limite économique exclusive canadienne. À cet égard, le
Canada a adopté la Loi sur la prévention de la pollution des eaux
arctiques. Le changement de l’état des glaces n’aura pas d’incidence sur la
souveraineté du Canada, mais il pourrait obliger le Canada à adopter des
mesures supplémentaires d’application de la loi au fur et à mesure
qu’augmentera la navigation dans l’Arctique. Dans ce contexte, les
scientifiques canadiens estiment qu’il est peu probable que les changements
climatiques rendent le passage du Nord-Ouest praticable à la navigation
commerciale dans un avenir rapproché et qu’une route par le Pôle nord soit
ouverte avant le passage du Nord-Ouest.
B. Niveau d’eau des Grands Lacs et
incidence sur la navigation
Le niveau d’eau relativement bas dans
les Grands Lacs qui risque de ralentir le passage des navires ou le tirant
d’eau de ceux-ci et de faire augmenter le coût du transport – voire
les prix à la consommation – de certaines marchandises puisqu’il faut
davantage de voyages pour acheminer le même tonnage préoccupe les intérêts
publics et commerciaux de part et d’autre de la frontière canado-américaine.
C’est aux grands navires américains qui transportent les chargements les plus
lourds que cette situation nuit le plus. Un faible niveau d’eau pendant des
périodes prolongées peut également nuire à la compétitivité des ports, de la
voie maritime du Saint-Laurent et de l’industrie navale.
La Commission
mixte internationale (CMI) assure le contrôle de la régularisation du niveau
des eaux à divers endroits du système des Grands Lacs, au moyen d’ordonnances
d’approbation relatives à des ouvrages de régulation du débit. À l’heure
actuelle, la CMI examine la régularisation du débit et du niveau du système des
Grands Lacs à deux endroits, soit le débit sortant du lac Ontario dans le
fleuve Saint-Laurent près de Cornwall, en Ontario, et le débit sortant du lac
Supérieur près de Sault Ste. Marie, ainsi que l’état physique de la
rivière Sainte-Claire. La régularisation du débit sortant de ces deux lacs a
une incidence sur le niveau d’eau du système Grands Lacs-Saint-Laurent.
En 2000, la CMI a entrepris une étude bilatérale de cinq ans sur la régularisation du débit du
lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent. La régulation du niveau d’eau et
des débits s’effectue à Cornwall et à Massena, dans l’État de New York,
dans le cadre d’un projet hydroélectrique international. L’étude
bilatérale – qui a amélioré la compréhension de l’incidence de la
régularisation du débit sur l’environnement, la navigation de plaisance, les
inondations, l’érosion des berges, la production hydroélectrique et
l’utilisation de l’eau par les municipalités et les
industries – visait à créer un nouveau plan de régularisation qui
offrirait un avantage net au système et à ses utilisateurs, sans entraîner de
perte disproportionnée pour les intervenants ou dans un secteur géographique
donné. À ce jour, la CMI n’a pas réussi à établir un plan avantageux pour
l’ensemble des intervenants et des secteurs concernés.
Quoi qu’il en soit, en mars 2008, la CMI a publié son plan de 2007 dans lequel figurent ses propositions pour la régularisation du
niveau et du débit du système lac Ontario-fleuve Saint-Laurent. On estime que
ce plan offre un compromis entre les divers intérêts et régions concernés.
Toutefois, certains ont laissé entendre qu’il n’accordait pas une attention
appropriée à l’environnement. La CMI tiendra des consultations publiques sur
son plan et, suite aux changements qui y seront vraisemblablement apportés,
elle demandera au ministre des Affaires étrangères et au secrétaire d’État
américain d’en approuver la mise en œuvre. Lorsque la CMI sollicitera l’approbation du ministère des Affaires étrangères et du Commerce
international, celui-ci consultera les ministères fédéraux et provinciaux ainsi
que les Premières nations mis en cause.
Le gouvernement du Canada appuie les
efforts de la CMI à l’égard de consultations publiques et il estime que la
rétroaction de la population et des intervenants concernés aidera à établir une
nouvelle ordonnance d’approbation et un plan de régularisation pour le système
lac Ontario-fleuve Saint-Laurent ainsi qu’à formuler une position fédérale à
l’égard du plan de la CMI.
Par surcroît, en mars 2007, la CMI a entrepris une étude internationale de cinq ans sur le secteur supérieur des Grands
Lacs, pour étudier la gestion du niveau et du débit d'eau. Cette étude vise les
deux objectifs suivants : établir, dans un délai de rapport qui a été
ramené à deux ans, si la stratégie de régularisation actuelle du débit sortant
du lac Supérieur doit être améliorée pour mieux répondre aux besoins actuels et
émergents, et relever les changements physiques survenus dans la rivière Sainte-Claire,
voir comment ces changements affectent les niveaux d'eau dans le secteur
supérieur des Grands Lacs et, le cas échéant, préciser les options
d'atténuation appropriées, dans un délai de rapport maximal de cinq ans.
Au sujet de la rivière Sainte-Claire,
les résultats préliminaires suggèrent que l'érosion pourrait ne pas être le
principal facteur ayant entraîné la baisse du niveau des lacs et que d'autres
facteurs, notamment les changements climatiques, pourraient avoir une plus
grande incidence. Cependant, les conclusions finales ne seront pas formulées
avant 2009. Quoi qu’il en soit, on note des pressions pour que des
mesures immédiates soient prises. Par exemple, la Great Lakes Commission a affecté, à titre prioritaire, un crédit pour que le Corps
of Engineers américain entreprenne une étude technique visant à remédier
aux changements apportés par l'humain dans la rivière Sainte-Claire. En outre, la Georgian Bay Association (GBA) réclame la réduction immédiate de la capacité du
canal de la rivière Sainte-Claire.
Le gouvernement du Canada estime que
les solutions possibles aux faibles niveaux d'eau dans le secteur supérieur des
Grands Lacs ne pourront être trouvées qu’une fois qu’on aura une meilleure
compréhension de tous les facteurs pertinents. Dans ce contexte, on comprend
l’importance de l’étude de la CMI sur l’ensemble des facteurs qui ont une
incidence sur le niveau d’eau du secteur supérieur des Grands Lacs ainsi que
sur la façon de mieux régulariser le niveau.
C. Mesures législatives
proposées aux États-Unis et au Canada à l’égard des changements climatiques
Au Canada, des initiatives fédérales et
provinciales sont prises pour lutter contre les changements climatiques et
réglementer les émissions de gaz à effet de serre (EGES). Par exemple, en mars
2008, le gouvernement du Canada a publié son Cadre réglementaire sur les
émissions industrielles de gaz à effet de serre, qui renforce le cadre
réglementaire publié en avril 2007, qui fixe des objectifs à moyen et à
long terme en vue de réduire les émissions absolues de gaz à effet de serre (GES) par rapport aux niveaux de 2006, de 20 p. 100 d’ici 2020 et de 60 à
70 p. 100 d’ici 2050, et qui offre également un certain nombre
d’options de conformité. Ce cadre impose notamment des objectifs de réduction
de l’intensité des émissions à court terme par rapport aux niveaux d’émission
de 2006 pour tous les secteurs industriels concernés – de 18 p. 100
d’ici 2010 et une amélioration annuelle de 2 p. 100 par la suite
jusqu’en 2020. Il prévoit également des mesures destinées aux principaux
secteurs polluants, en l’occurrence l’exploitation des sables bitumineux et la
production d’électricité.
De plus, le gouvernement du Canada a
lancé un certain nombre de programmes afin d’encourager l’élaboration et le
déploiement de technologies d’énergie propre et de transport propre qui
aideront à réduire les émissions de GES. Ces programmes comprennent entre
autres l’Initiative écoÉNERGIE sur la technologie et le Programme écoÉNERGIE
pour l’électricité renouvelable. Par surcroît, le gouvernement a l’intention
d’investir dans des initiatives nationales d’adaptation au changement
climatique.
La Colombie-Britannique est l’une des
provinces qui a mis en œuvre des politiques pour lutter contre les changements
climatiques. En attendant l’approbation de la loi, la province a annoncé son
intention de mettre en place une taxe sur les émissions carboniques sans aucune
incidence sur les recettes, qui entrerait en vigueur le 1er juillet 2008.
De plus, la Colombie-Britannique est membre du Western Climate Initiative
(WCI), en vertu duquel la province réduira ses émissions de 33 p. 100
d’ici 2020 par rapport aux niveaux de 2005. Le Manitoba et le Québec font
également partie du WCI, tandis que l’Ontario et la Saskatchewan y sont des observateurs. L’objectif régional du WCI est de réduire, d’ici 2020,
les émissions de 15 p. 100 sous les niveaux de 2005. Les membres du
WCI ont accepté de fixer une cible régionale de réduction des émissions pour
établir, d’ici août 2008, un système axé sur le marché, comme l’échange de
droits d’émissions.
En plus de sa participation au WCI, le
Manitoba adhère également au Climate Registry, une collaboration entre
des États, provinces et tribus visant à élaborer et à gérer un système commun
de rapports sur les émissions de gaz à effet de serre. Le Manitoba fait
également partie du Midwestern Greenhouse Gas Accord (MGGRA) depuis novembre 2007.
Ce groupe s’est fixé un plan de travail, des cibles et un échéancier de
réduction des GES, un accord relatif à un plafond et aux échanges et un modèle
de règlement.
Tel qu’indiqué précédemment, le Québec
est membre du WCI. À l’instar de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve, de l’Île-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick, il a également un statut d’observateur à la Regional Greenhouse Gas Initiative (RGGI), selon laquelle, à compter du 1er janvier 2009,
les émissions de dioxyde de carbone provenant des centrales électriques de la
région seraient plafonnées aux niveaux de 2009 et ce plafond resterait en
vigueur jusqu’en 2014. Les États réduiraient alors progressivement les
émissions afin d’atteindre une réduction de 10 p. 100 d’ici 2018 par
rapport aux niveaux de 2009. En outre, le Québec a mis en place une taxe sur
les émissions carboniques entrée en vigueur le 1er octobre 2007.
Enfin, à l’instar du Manitoba, de la Colombie-Britannique, de Terre-Neuve-et-Labrador, de la Saskatchewan, de l’Ontario, de l’Île-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick, le Québec a
adhéré au Climate Change Registry. Lors de la réunion de l’été 2007
du Conseil de la fédération, tous les premiers ministres provinciaux se sont
engagés à adhérer au Climate Change Registry.
En janvier 2008, l’Alberta a publié sa
stratégie sur le changement climatique qui prévoit une réduction de
14 p. 100 des émissions de GES d’ici 2050, par rapport aux niveaux de
2005. On estime que 70 p. 100 de la réduction des émissions atteinte
d’ici 2050 résultera de la mise en place de mesures de capture et de stockage
de CO2.
Enfin, le gouvernement du Canada a
l’intention de conclure des accords d’équivalence avec toutes les provinces
intéressées qui établissent des normes provinciales coercitives sur les
émissions, au moins aussi rigoureuses que les normes fédérales.
Aux États-Unis, il n’y a aucune loi
fédérale exhaustive sur les émissions de gaz à effet de serre, mais l’Environmental
Protection Agency remanie considérablement diverses normes sur la
pollution. Par surcroît, en décembre 2007, le Congrès a adopté la Energy Independence and Security Act(EISA), qui a des répercussions sur
les GES et qui renforce notamment les normes sur l’efficacité énergétique des
véhicules.
Un certain nombre de projets de loi
afférents au changement climatique ont été proposés à la Chambre des représentants et au Sénat, notamment le projet de loi S.2191, la America’s Climate and Energy Security Act. Cette mesure législative, présentée
par les sénateurs Lieberman et Warner, devrait être étudiée au Sénat en
juin 2008. Si ce projet de loi est adopté, il établira un système
d’échange de droits d’émission exigeant une réduction de 70 p. 100
des émissions de GES des sources concernées, ce qui représente plus de
80 p. 100 des émissions totales des É.-U. À la Chambre des représentants, le Comité de l’énergie et du commerce publie des livres blancs sur
différentes questions relatives à la législation sur les changements
climatiques.
Qui plus est, en avril 2008, le
président Bush a annoncé un objectif de stabilisation des émissions de GES par
les États-Unis d’ici 2025. Cependant, aucun détail n’a été fourni quant à la
manière d’atteindre ce but.
Outre un large éventail de mesures
étatiques déjà en vigueur ou envisagées, notamment des normes sur le rendement
énergétique des automobiles et les normes connexes sur les émissions
d’échappement de GES; des normes pour les portefeuilles d'énergie renouvelable
régissant l’intégration de l’énergie renouvelable dans l’approvisionnement
énergétique actuel; des systèmes d’échange de droits d’émission; des normes sur
l’essence à faible teneur en carbone; la mise à jour des normes actuelles sur
les transports et l’imposition de nouvelles normes sur l’efficacité énergétique
des constructions – les États ont appuyé les initiatives et les
accords précités.
Par exemple, le Wisconsin, le
Minnesota, l’Illinois, l’Indiana, l’Iowa, le Michigan, le Kansas, l’Ohio et le
Dakota du Sud sont signataires du MGGRA. L’Arizona, la Californie, le Nouveau Mexique, l’Oregon, l’État de Washington, le Montana et l’Utah
sont membres du WCI alors que l’Alaska, le Colorado, l’Idaho, le Kansas, le
Montana, le Nevada et le Wyoming y ont le statut d’observateurs. La RGGI compte notamment sur la participation du Connecticut, du Delaware, du Maine, du New
Hampshire, du New Jersey, de l’État de New York, du Vermont et du Maryland. La Floride a pour sa part exprimé l’intérêt de devenir membre alors que le Massachusetts, la Pennsylvanie, le Rhode Island et le district de Columbia sont des observateurs. Enfin,
environ 40 États ont adhéré au Climate Change Registry.
D. Discussions sur
l’incidence des changements climatiques en Amérique du Nord
La question des changements climatiques
a suscité un vif intérêt tant auprès des délégués canadiens qu’américains. Les
discussions ont principalement porté sur l’urgence de s’attaquer au problème
dans les deux pays.
Les délégués ont amorcé les discussions
en déclarant que les Canadiens et les Américains exigent que des mesures soient
prises pour faire baisser les émissions de GES, dans le but de lutter contre
les répercussions néfastes des changements climatiques. Ils estiment qu’à défaut
de telles mesures, de graves conséquences frapperont de nombreuses régions du
monde, notamment l’Amérique du Nord qui pourrait faire face à une hausse du
niveau des eaux et à la fonte des glaces dans l’Arctique.
Les délégués américains ont prôné une augmentation
du financement destiné à la recherche sur l’incidence des changements
climatiques et sur des stratégies d’adaptation pour faire face aux changements.
Ils ont informé leurs pendants canadiens que de nombreuses mesures législatives
portant sur les changements climatiques ont été proposées au Sénat et à la Chambre des représentants. Au Sénat, on a présenté la America’s Climate and Energy Security Act qui établirait un système d’échange de droits d’émission
exigeant une réduction de 70 p. 100 des émissions de GES et, à la Chambre des représentants, le Comité de l’énergie et du commerce publie une série de livres
blancs sur différentes questions relatives à la législation sur les changements
climatiques.
Pour ce qui est du Canada, les délégués
ont indiqué que les initiatives canadiennes comprennent notamment la
publication, en mars 2008, du Cadre réglementaire sur les émissions
industrielles de gaz à effet de serre, qui renforce le cadre réglementaire
publié en avril 2007 et qui fixe des objectifs à moyen et à long terme en
vue de réduire les émissions absolues de gaz à effet de serre, ainsi que les
programmes lancés par le gouvernement fédéral pour soutenir le développement de
technologies propres et d’énergies renouvelables.
Les délégués des deux pays ont
également souligné que la Chine et l’Inde connaissent actuellement une
industrialisation rapide et que leurs émissions de gaz à effet de serre sont à
la hausse. À leur avis, les pays développés ne peuvent faire abstraction de
cette réalité. Par conséquent, le Canada et les États-Unis devraient chercher
des moyens de transférer certaines technologies dans le but d’aider ces
économies montantes à faire face aux changements climatiques.
COOPÉRATION DANS LE DOMAINE DE
L’ÉNERGIE
A. Accès aux réserves actuelles
de combustibles fossiles: sables bitumineux, gaz naturel liquéfié, Réserve
faunique nationale de l’Arctique, etc.
Jusqu’ici, l'Amérique du Nord a surtout
compté sur ses approvisionnements nationaux en gaz naturel et n’a importé
qu’une quantité limitée de GNL pour compléter sa production nationale.
Aujourd'hui, toutefois, les réservoirs conventionnels et les régions
productrices de l’Amérique du Nord commencent à vieillir et les taux de forage
doivent rester élevés pour maintenir la production au niveau actuel.
Parallèlement, la demande de gaz naturel continue d’être forte.
Compte tenu de la baisse de la
production de gaz naturel en Amérique du Nord et de la croissance prévue de la
demande, de nombreux projets d’installations ont été proposés au Canada
atlantique, au Québec et en Colombie-Britannique afin de soutenir l’importation
de GNL au Canada. Bon nombre de ces propositions ont été approuvées ou font
l’objet d’une évaluation environnementale ou d’un examen réglementaire. On
dénombre environ 60 projets d'importation de GNL en Amérique du Nord. On
s’attend à ce que la demande de GNL en Amérique du Nord, qui était de
3 p. 100 en 2007, atteigne 15 p. 100 en 2020.
Afin de rétablir l’équilibre entre la
baisse de la production et la hausse de la demande, le gouvernement du Canada
appuie la construction responsable de terminaux de GNL en Amérique du Nord. On
prévoit que les forces du marché dicteront le nombre d’installations qui
devront être construites au Canada et que les avantages connexes comprendront
notamment une nouvelle source d’approvisionnement en gaz naturel pour les
consommateurs, des possibilités d’emploi, un accroissement des recettes et la
possibilité d’expansion des pipelines canadiens. Le premier projet au Canada
doit débuter en décembre 2008, au Nouveau-Brunswick.
L’ouverture à l’exploitation pétrolière
et gazière de l’Arctic National Wildlife Refuge (réserve faunique
nationale de l’Arctique) en Alaska est une priorité pour l’administration Bush,
dans le cadre de sa politique énergétique nationale. Cependant, le Canada
s’oppose à ce projet à cause de son incidence sur la Première nation Gwich’in et sur d’autres collectivités autochtones du Yukon et des
Territoires du Nord-Ouest; la subsistance de ces groupes autochtones repose sur
la harde de caribous de la Porcupine, dont les aires de mise bas sont situées
dans la plaine côtière de l’Alaska censée renfermer des réserves de pétrole.
Par conséquent, le Canada continue de presser les États-Unis d’assurer la
protection permanente des habitats de la harde de caribous de la Porcupine, comme lui-même l’a déjà fait au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest.
L’Accord entre le Gouvernement du Canada et le Gouvernement des États-Unis
d'Amérique sur la préservation de la harde de caribous de la Porcupine, conclu en 1987, exige que le Canada et les États-Unis n’entreprennent aucune
activité susceptible de nuire à la harde de caribous de la Porcupine ou à son habitat. Les scientifiques canadiens estiment que la mise en valeur des
ressources pétrolières et gazières dans les aires de mise bas causerait de
graves dommages à la harde alors que les promoteurs du forage soutiennent que
cette activité peut être menée sans l’affecter.
L’ouverture de l’Arctic Refuge à
l’exploitation pétrolière et gazière exigerait l’accord du Congrès, mais
celui-ci a jusqu’ici refusé d’adopter une mesure législative à cet égard. En
2005 et 2006, le Congrès a examiné de nombreuses propositions, mais n’en a
adopté aucune. Comme les démocrates détiennent la balance du pouvoir au Sénat
et à la Chambre des représentants, il semble peu probable qu’on adopte un
projet de loi autorisant le forage. Par surcroît, les sénateurs Clinton, McCain
et Obama ont exprimé leur opposition au forage dans cette réserve faunique de
l’Arctique.
Au cours de la session actuelle du
Congrès, le sénateur indépendant Joe Lieberman a déposé le projet de loi S.
2316, qui ferait de la plaine côtière de l’Arctic Refuge une zone
officielle de nature sauvage, interdisant ainsi les activités pétrolières et
gazières. Outre le sénateur Lieberman, un indépendant et 24 démocrates appuient
cette mesure législative. Il s’agit en fait d’une version abrégée du projet de
loi of H.R. 39, que les représentants Ed Markey, démocrate, et
Jim Ramstad, républicain, ont présenté et qui a reçu l’appui de
147 représentants.
Les sénateurs républicains
Lisa Murkowski et Ted Stevens ont présenté le projet de loi S. 2758
qui vise à permettre le forage dans l’Arctic Refuge si le prix du
pétrole atteignait 125 $ le baril et demeurait à ce niveau ou le dépassait
pendant cinq jours. La moitié de la première tranche de 3,5 milliards de
redevances de concession provenant de l’exploration dans la plaine côtière
servirait à financer des projets d’énergie de remplacement en vue de réduire les
émissions de gaz à effet de serre. L’autre moitié aiderait à financer le Low-Income
Home Energy Assistance Program (programme d’aide énergétique aux ménages à
faible revenu), le Federal Weatherization Program (programme fédéral
d’isolation) et le Women, Infants and Children Nutrition Program
(programme pour la nutrition des femmes, des nouveau-nés et des enfants. De
plus, en
vertu du projet de loi H.R. 5437,
présenté par le représentant démocrate Mike Ross, la vente de concessions
pour la mise en valeur des ressources pétrolières et gazières de la plaine
côtière de l’Alaska serait permise une fois que les enchères des concessions
offertes seraient estimées à au moins 6 milliards de dollars. Ce projet de
loi est appuyé par trois représentants.
B. Exploitation de sources
d’énergie renouvelable: biocarburants, énergie solaire, énergie éolienne, etc.
Le Canada est en train de devenir une
superpuissance énergétique et il s’efforce de le faire
en respectant l’environnement, de façon à contribuer à l’atteinte des objectifs
environnementaux et de durabilité. L’énergie renouvelable représente environ 16
pour cent de l’approvisionnement énergétique primaire; l’hydroélectricité en
est la source la plus importante, mais on observe une croissance de l’énergie
fournie par la biomasse, l’énergie éolienne et les biocombustibles.
Au Canada, les gouvernements
provinciaux ont compétence exclusive pour ce qui est du développement et de la
gestion de leurs ressources énergétiques. Toutes les provinces favorisent
l’utilisation de l’énergie renouvelable, notamment au moyen de diverses mesures
obligatoires ou facultatives. De plus, lors de la réunion de 2007 du Conseil de
la fédération, les premiers ministres provinciaux se sont engagés à produire
collectivement 25 000 MW additionnels d’énergie renouvelable d’ici 2020 grâce à
des sources d’énergie renouvelable comme l’hydroélectricité, l’énergie
éolienne, l’énergie solaire et l’énergie marémotrice.
Le gouvernement fédéral finance
diverses initiatives écoÉNERGIE destinées à aider les consommateurs à utiliser
l’énergie plus efficacement, à accroître l’approvisionnement en énergie
renouvelable et à développer des technologies énergétiques plus propres. Il
s’agit notamment de l’Initiative écoÉNERGIE sur la technologie, de l’Initiative
écoÉNERGIE sur les énergies renouvelables, de l’Initiative écoÉNERGIE sur
l’efficacité énergétique et de l’Initiative écoÉNERGIE sur les biocombustibles.
La recherche et le développement s’inscrivent dans le cadre des programmes
Mesures d’action précoce en matière de technologie (TEAM) et Technologies du
développement durable Canada (SDTC). Les mesures fiscales comprennent entre
autres le taux accéléré de la déduction pour amortissement prévue par la
catégorie 43.2 et une déduction au titre des frais liés aux énergies
renouvelables et aux économies d'énergie au Canada. En outre, le gouvernement
fédéral joue un rôle direct dans le développement et la gestion des ressources
dans la plupart des zones extracôtières, ainsi que sur les terres autochtones
et d’autres terres fédérales.
Enfin, le Canada participe à différents
forums internationaux qui traitent des questions liées à l’énergie
renouvelable. Il est notamment signataire de l’accord de mise en œuvre du
déploiement des technologies d’énergie renouvelable de l’Agence internationale
de l’énergie (IEA-RETD) qui a mis en œuvre en septembre 2005. De façon
générale, le gouvernement du Canada estime que la coopération internationale,
notamment avec les États-Unis, pourrait accélérer le déploiement de technologies
axées sur l’énergie renouvelable.
C. Possibilités d’accroître la
coopération bilatérale dans le secteur de l’énergie
Le Canada et les États-Unis partagent
le réseau énergétique bilatéral plus grand et le plus interrelié au monde.
Fondé sur des politiques d’ouverture du marché énergétique et sur l’ALENA, ce
réseau offre au Canada un accès sûr pour l’exportation d’énergie aux États-Unis
et une source sûre d’approvisionnement pour ce dernier. Par surcroît, le Canada
est le fournisseur d’énergie étranger le plus important, le plus sûr et le plus
fiable des États-Unis, notamment en ce qui concerne le pétrole brut et
raffiné, le gaz naturel, l’uranium et l’électricité.
Les deux pays collaborent dans nombre
de secteurs liés à l’énergie et à l’environnement, notamment en vue de
renforcer la sécurité énergétique de l’Amérique du Nord, de réduire les
répercussions environnementales, d’augmenter l’investissement et le commerce
dans le domaine de l’énergie et de stimuler l’innovation en matière
énergétique. Le Canada souhaite coopérer avec les États-Unis pour le
développement de technologies visant à accroître la production des sables
bitumineux – activité essentielle au fonctionnement et à la sécurité
du marché nord-américain de l’énergie – d’une manière durable sur le
plan de l’environnement.
Tel qu’indiqué précédemment, le Canada
s’est fixé comme objectif de réduire de 20 p. 100 d’ici 2020 la quantité
absolue des émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 2006.
Il exige également que les nouvelles usines de sables bitumineux et les
centrales thermiques au charbon, dont le démarrage est prévu en 2012, mettent
en œuvre des méthodes de captage et de stockage de CO2 au plus tard en 2018. Le
budget fédéral de 2008 prévoit des crédits au titre du captage et du stockage
su CO2, entre autres pour un projet de démonstration et pour la recherche.
Pour ce qui est des sables bitumineux,
le Canada craint que l’article 526 de la Energy Independence and Security Act de 2007 des États-Unis, qui porte sur
l’approvisionnement et l’achat de carburants de remplacement, ne soit
interprété de manière à inclure les sables bitumineux, ce qui empêcherait le
gouvernement américain d’acheter des carburants provenant des sables
bitumineux.
Enfin, le Canada et les États-Unis
collaborent à l’élaboration de leurs régimes respectifs de rendement des
carburants afin de ne pas imposer un fardeau inacceptable aux fabricants
nord-américains d’automobiles. Le gouvernement du Canada espère que sa
réglementation sera en place d’ici la fin de 2008 et qu’elle s’appliquera aux
modèles de l’année 2011. Aux États-Unis, la Energy Independence and Security Act de 2007 exige que la norme d’économie
moyenne de carburant soit portée à 35 milles au gallon d’ici 2020, et que ce
resserrement s’applique aux modèles de 2011. Cette norme est une moyenne
combinée pour l’ensemble du parc de voitures de tourisme, de camionnettes et de
VUS. La loi établirait également une distinction entre les voitures automobiles
d’un fabricant produites au pays et celles qui sont produites à l’étranger,
pour faire en sorte que les fabricants ne produisent pas tous leurs petites
voitures à faible consommation à l’étranger.
D. Discussion sur la coopération
dans le domaine de l’énergie
D’entrée de jeu, les délégués canadiens
ont déclaré que le Canada et les États-Unis partagent le réseau énergétique
bilatéral le plus grand et le plus interrelié au monde. Les législateurs
américains ont pour leur part signalé que, avec l’augmentation du prix de
l’essence, les Américains commencent à se rendre compte que le Canada est un
fournisseur d’énergie important et à considérer ce dernier comme le fournisseur
d’énergie étranger le plus important, le plus sûr et le plus fiable
des États-Unis.
Un délégué américain a prôné la
coopération dans des projets énergétiques dans le Nord, particulièrement en ce
qui a trait au partage de la main-d’œuvre. On a souligné que des pénuries de
main-d’œuvre pouvaient retarder les projets de pipelines canadiens et
américains, et que si le déroulement des projets s’effectue par étapes, il
serait possible de partager la main-d’œuvre pour permettre la progression des
travaux selon le calendrier prévu.
Les délégués ont également discuté de
la coopération entre les deux pays en matière de développement d’énergies de
remplacement. Les délégués canadiens ont indiqué que le Canada est en train de
devenir une superpuissance énergétique et qu’il prend par la même occasion des
mesures pour respecter l’environnement, notamment en adoptant des technologies
axées sur l’énergie renouvelable. On a indiqué aux délégués que, au Canada,
environ 60 p. 100 de l’électricité provient déjà de sources d’énergie
renouvelables et que le Canada investit dans d’autres sources d’énergie
renouvelable dont l’énergie éolienne et l’énergie solaire. Les délégués ont
également été informés que le gouvernement du Canada offre de l’appui en
recherche et en développement, dans le secteur du marketing et au moyen de
mesures fiscales.
Les délégués américains ont indiqué la
présence d’investissements dans le secteur de l’énergie renouvelable également
dans leur pays et ils ont mentionné entre autres l’investissement d’envergure
dans les parcs éoliens du Texas. On a également souligné que les sources
d’énergie renouvelables sont généralement plus efficaces en combinaison avec des
sources d’énergie traditionnelles, dont le pétrole et le gaz naturel.
Les délégués des deux pays estiment
qu’il devrait y avoir davantage de coopération pour ce qui est du développement
de sources d’énergie renouvelable et de leur intégration dans un réseau
énergétique nord-américain. Les délégués estiment que tant le Canada que les
États-Unis doivent augmenter leurs investissements en recherche et
développement.
Enfin, les délégués ont également
discuté de la spéculation dont l’énergie fait l’objet et des répercussions de
celle-ci sur le prix de l’essence à la pompe. Les délégués américains craignent
que ce ne soit la spéculation sur le pétrole plutôt que la pénurie d’essence,
qui exerce des pressions à la hausse sur le prix de l’essence et que la Commission fédérale du commerce des États-Unis ne possède pas le pouvoir législatif
nécessaire pour faire enquête sur ces pratiques.
Les délégués canadiens ont également
exprimé certaines préoccupations quant à possibilité d’une telle spéculation et
ils ont suggéré d’étudier la question plus en profondeur. Les délégués des deux
pays ont souligné que leurs gouvernements respectifs devaient se pencher sur
l’incidence de la spéculation dans le secteur de l’énergie ainsi que sur la
nécessité de resserrer les mécanismes de surveillance pour contrer de telles
mesures.
PROTECTION DES RESSOURCES NATURELLES
COMMUNES AUX DEUX PAYS
A. Ressources hydriques:
restauration environnementale des Grands Lacs, voie maritime du Saint-Laurent,
etc.
L’Accord relatif à la qualité de l'eau
dans les Grands Lacs (AQEGL) est un mécanisme binational permettant de
restaurer la qualité de l'environnement et de prévenir toute dégradation
future, dans le but d'assurer la protection à long terme de l'écosystème du
bassin des Grands Lacs. Révisé pour la dernière fois en 1987, l’accord
réaffirme les droits et les obligations du Canada et des États-Unis en vertu du
Traité des eaux limitrophes de 1909. De plus, il donne à la Commission mixte internationale (CMI) le pouvoir de participer à la mise en œuvre de
l'accord et de rendre compte des progrès réalisés quant à l’atteinte des
objectifs visés.
En vertu de l'AQEGL, un « secteur
préoccupant » est un secteur géographique qui ne répond pas aux objectifs
généraux ou spécifiques de l'Accord, ce qui fait que son utilisation ou que sa
capacité de servir d'habitat aux organismes aquatiques est diminuée ou
susceptible de l'être. Dans la région des Grands Lacs, on dénombre
45 secteurs préoccupants, dont 14 au Canada et trois binationaux. Au
Canada, deux secteurs ont été radiés de la liste des secteurs préoccupants et
un troisième est désormais classé comme étant en voie de restauration. Le Plan
d'action pour l'eau pure du Canada prévoit des mesures pour restaurer et
protéger le bassin des Grands Lacs au moyen de l’accélération du nettoyage des
sédiments contaminés dans les secteurs préoccupants.
En 2007, des experts du gouvernement
ont effectué un examen binational du fonctionnement et de l’efficacité de
l’AQEGL et le gouvernement du Canada examine les recommandations présentées
dans le rapport binational d'examen de l'Accord et par la Commission mixte internationale (CMI) afin d’établir s’il faut modifier l’accord. Le Canada
est déterminé à collaborer avec les États-Unis pour maintenir et promouvoir une
approche binationale à l’égard de la gestion des Grands Lacs et le ministère des
Affaires étrangères et du Commerce international a mis en place un processus
pour discuter de l’avenir de l’accord et de la façon d’obtenir l’engagement des
autres niveaux de gouvernement et des intervenants concernés par les
Grands Lacs.
B. Règlements dans le secteur
maritime: protection des stocks de poissons, Traité sur le droit de la mer et
exploration du plancher océanique de l’Arctique
Le Canada et les États-Unis sont
membres de certaines organisations régionales de gestion des pêches (ORGP), notamment
l'Organisation des pêches de l'Atlantique Nord-Ouest (OPANO), la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA) et la Commission des pêches du Pacifique ouest et central (CPPOC). De plus, le Canada fait actuellement
des démarches pour devenir membre de plein droit de la Commission interaméricaine du thon tropical (CITT) dont les États-Unis font partie. Le Canada
et les États-Unis ont généralement une position similaire au sein de ces
organisations régionales, mais des divergences d'opinions sur des stocks
particuliers surviennent parfois, notamment dans le cas des stocks de limande à
queue jaune.
De nombreux traités bilatéraux ont été
conclus concernant les stocks de poisson. Par exemple, le Traité sur le saumon
du Pacifique exige que le Canada et les États-Unis mènent leurs activités de
pêche de manière à assurer un rendement optimal et une exploitation équitable
des stocks de saumon et règlemente les activités de pêche dans les régions
précisées par le Traité et prévoit que chaque pays doit recevoir des bénéfices
équivalant au rendement tiré de saumons originaires de ses eaux. Le Canada et
les États-Unis préparent actuellement le renouvellement des modalités du Traité
concernant la limite de capture.
Par surcroît, le Traité entre le
gouvernement du Canada et le gouvernement des États-Unis d'Amérique concernant
les thoniers (thon blanc) du Pacifique ─ les États-Unis
envisagent de se retirer ─ autorise un nombre précis de
thoniers de chaque partie à pêcher le thon blanc à l'intérieur de la zone
économique exclusive de 200 milles (ZEE) de l'autre partie et à vendre
leurs prises dans certains ports de l'autre partie. Les pourparlers concernant
le traité se poursuivent en vue de fixer l’effort de pêche autorisé pour 2009
et de résoudre d’autres problèmes de gestion.
Enfin, comme le Canada et les
États-Unis revendiquent tous les deux une région de pêche d'environ 259 km2
dans les eaux entourant l'île Machias Seal, le conflit se poursuit entre les
pêcheurs de homard canadiens et américains, principalement en raison des
régimes de gestion des pêches concurrents et de la rivalité à l’égard des fonds
marins. Le gouvernement du Canada et les représentants canadiens de la pêche au
homard sont déterminés à collaborer avec les États-Unis afin de résoudre les
questions d'accès, de gestion et d'application des règlements.
Le Canada a joué un rôle de premier
plan dans la négociation de l'UNCLOS et il a signé la Convention en 1982, mais la ratification a été retardée jusqu’en 2003 pour des
raisons concernant les parties de la Convention portant sur l'exploitation minière des fonds marins et les pêches. Les États-Unis ne sont pas partie à
l'UNCLOS, bien que l'administration Bush, une majorité au Sénat américain et le
Pentagone en appuient la ratification; celle-ci dépend du vote définitif du
Sénat.
Enfin, l'UNCLOS régit la fixation des
limites extérieures du plateau continental lorsque celui-ci s'étend au-delà de
la zone économique exclusive de 200 milles marins. Tout État côtier possédant
un plateau continental qui s'étend au-delà de 200 miles marins dispose de dix ans depuis le moment où il a ratifié l'UNCLOS pour présenter à la Commission des Nations Unies une demande concernant les limites de son plateau continental.
Le Canada a jusqu'en 2013 pour présenter sa demande. Ces limites sont
importantes puisqu’elles aident à établir avec précision la totalité de la
superficie visée sur laquelle un pays exercera ses droits souverains quant à
l'exploration et à l'exploitation des ressources naturelles des fonds marins et
de leur sous-sol.
C. Investissement en conservation
Le Canada et les États-Unis collaborent
à l’égard de certaines mesures de conservation, notamment le Plan
nord-américain de gestion de la sauvagine, la US Neotropical Migratory Bird Conservation Act et l’Initiative de conservation
des oiseaux de l’Amérique du Nord. En 1986, le Canada et les États-Unis
ont signé le Plan nord-américain de gestion de la sauvagine, auquel le Mexique
a adhéré en 1994. Ce plan compte sur la participation d’organismes
fédéraux, étatiques, provinciaux, territoriaux, d’organisations non
gouvernementales, d’intervenants de l’industrie et de propriétaires fonciers
indépendants. La US North American Wetlands Conservation Act
offre du financement pour protéger, améliorer, restaurer et gérer les
écosystèmes des milieux humides; maintenir et améliorer la distribution des
oiseaux migrateurs qu’on trouve dans les milieux humides; soutenir une
abondance de sauvagine et d’autres oiseaux migrateurs communs aux milieux
humides conformément aux objectifs des plans de conservation continentaux
visant la sauvagine, les oiseaux de rivage, les oiseaux de mer et les oiseaux
de terre. Les partenaires canadiens doivent fournir un pourcentage minimal de
financement qui s’ajoutera à celui des États-Unis, pour appuyer la conservation
de la sauvagine et des milieux humides au Canada.
Dans la US Neotropical Migratory Bird Conservation Act, on reconnaît l’importance de la
conservation des oiseaux migrateurs dans l’ensemble de l’hémisphère. Cette
mesure législative prévoit un appui financier et favorise la coopération
internationale à l’égard d’initiatives de conservation. Le programme de
subventions concurrentielles prévu dans la loi appuie les partenariats
public-privé aux États-Unis, au Canada, en Amérique latine et dans les
Caraïbes; 75 p. 100 du financement est réservé à l’Amérique latine et
aux Caraïbes, alors que 25 p. 100 est alloué aux États-Unis et au
Canada.
Enfin, l’Initiative de conservation des
oiseaux de l’Amérique du Nord vise à protéger, restaurer et améliorer les
populations et l’habitat des oiseaux du Nord de l’hémisphère au moyen d’efforts
coordonnés à l’échelle internationale, nationale, régionale et locale, axés sur
des données scientifiques et sur une gestion efficace. L’initiative lie les
programmes sur les oiseaux migrateurs et les investissements nationaux pour
assurer la biodiversité aviaire au Canada, aux États-Unis et au Mexique.
D. Discussion sur la
protection des ressources naturelles communes aux deux pays
La discussion sur les ressources
naturelles communes a principalement porté sur l’Arctique et sur les ressources
hydriques des Grands Lacs. Les délégués canadiens ont indiqué que
l’Arctique subit des pressions croissantes attribuables aux changements
climatiques et que, compte tenu de cette situation, la région fait face non
seulement à une augmentation de la navigation, mais aussi à de nouvelles
préoccupations en matière de défense et de souveraineté ainsi que de
développement de l’énergie. Selon un délégué canadien, cette situation présente
à la fois des possibilités et des défis; une préoccupation clé consiste
notamment à relever les défis de façon progressive et en temps opportun.
Les délégués américains ont exprimé des
préoccupations similaires et, selon eux, le Canada et les États-Unis pourraient
adopter une approche coopérative à l’égard de bon nombre de ces questions. À
titre d’exemple de coopération, ils ont cité le projet actuel de cartographie
conjointe de l’Arctique actuellement en cours.
Les délégués des deux pays estiment que
les gouvernements des États-Unis et du Canada devraient élaborer une stratégie
pour se pencher sur les problèmes communs en matière de sécurité, d’échanges
commerciaux, d’environnement, de revendications territoriales et de ressources
dans l’Arctique.
Pour ce qui est des Grands Lacs,
les délégués des deux pays ont exprimé certaines préoccupations au sujet de la
variation du niveau des eaux et de son incidence sur la navigation, de la
menace d’espèces envahissantes et de la qualité de l’eau. Ils ont également
fait part de préoccupations au sujet du nombre de groupes concernés par les
problèmes liés aux Grands Lacs, du manque de coordination apparent entre
ces groupes, de la durée de réalisation des études pertinentes et du délai
quant à la prise de mesures pour régler les problèmes. Les délégués estiment
que le temps des études est terminé et qu’il faut passer à l’action. Selon eux,
la meilleure façon de régler les problèmes et de prendre les mesures qui
s’imposent est de créer une administration binationale chargée de coordonner
les divers organismes qui s’occupent des questions portant sur les
Grands Lacs et de réagir aux menaces environnementales grandissantes en
temps opportun.
COMITÉ II: COOPÉRATION BILATÉRALE EN
MATIÈRE DE COMMERCE ET D’ÉCONOMIE
RENFORCEMENT DES ACCORDS COMMERCIAUX
BILATÉRAUX ET MULTILATÉRAUX ACTUELS
A. Respect de l’Accord de
libre-échange nord-américain
1. Contexte
Signé en 1993, l’Accord de
libre-échange nord-américain (ALENA) a entraîné une augmentation des échanges
commerciaux et des investissements entre le Canada, les États-Unis et le
Mexique et il a également amélioré la compétitivité. En outre, l’essor de la
technologie et de l’innovation ont fait croître la productivité, créé des
emplois et stimulé les mouvements de capitaux.
Toutefois, certains défis menacent la
prospérité nord-américaine, notamment les économies émergentes et l’apparition
de chaînes de valeur et d’approvisionnement mondiales intégrées qui ont une
incidence sur le commerce mondial. À la réunion de 2007 de la Commission du libre-échange, les ministres du Commerce ont convenu de travailler à des
initiatives sectorielles choisies, d’examiner comment les dispositions des
accords commerciaux récemment conclus peuvent servir de modèle pour améliorer
les pratiques de l’ALENA et d’élaborer un plan de travail économique visant à
accroître la compétitivité de l’Amérique du Nord. Ils ont également souligné la
nécessité de faire des progrès substantiels notamment en ce qui concerne la
libéralisation des règles d’origine de l’ALENA et une plus grande
transparence.
Le Canada demeure engagé à l’égard de
l’ALENA parce que cet accord joue un rôle clé pour ce qui est de la
compétitivité de l’Amérique du Nord, notamment en créant une plus grande
synergie dans les processus de production, en stimulant le mouvement des
capitaux, en permettant l’expansion de la technologie en temps plus opportun et
en améliorant la productivité. Par surcroît, le Canada estime que les règles de
l’ALENA ont créé un cadre commercial équitable et prévisible qui a haussé le
niveau de vie dans les trois pays signataires.
2. Discussion
Après avoir présenté la relation
commerciale entre le Canada et les États-Unis comme la relation économique la
plus importante au monde et avoir souligné que le Canada constitue le principal
marché d’exportation de 35 États américains, un délégué canadien a amorcé
la discussion en affirmant que, selon lui, au cours de la campagne électorale
américaine de 2008 et de la campagne électorale canadienne en vue d’élections
qui auront lieu au plus tard en octobre 2009, les électeurs des deux pays
accorderont de l’importance aux questions économiques. Ce délégué estime que
nos deux pays doivent soutenir la concurrence internationale et que l’Accord de
libre-échange nord-américain (ALENA) est un outil pour créer des emplois et
accroître la productivité. Il soutient que le Canada et les États-Unis ont
avantage à collaborer, notamment lorsqu’il s’agit de faire concurrence à des
pays où les coûts sont bas, comme la Chine. Un collègue a pour sa part souligné la nécessité de soutenir fermement l’ALENA.
Un législateur américain a affirmé
avoir voté contre l’ALENA parce que, à son avis, cet accord avait été mal négocié,
mais estime que ce n’est pas le moment opportun pour rouvrir l’ALENA. À son
avis, si les beaux discours sont inévitables en période de campagne électorale,
le Canada et les États-Unis demeurent les meilleurs alliés et partenaires
commerciaux et les gouvernements devraient réaffirmer leur engagement à l’égard
de relations commerciales fortes qui serviront les deux pays.
Une collègue américaine dont le point
de vue diffère passablement a déclaré que, selon elle, l’ALENA avait entraîné
davantage de perte que de création d’emplois et que, par conséquent, il faut se
pencher sur la question des échanges commerciaux et tenir un discours très
prudent. En outre, elle a affirmé qu’il faut évaluer les conséquences négatives
de l’ALENA et y remédier et qu’il faut allouer des fonds d’adaptation
structurelle. Elle a également souligné que les pays développés doivent donner
un coup de main aux pays en développement et elle a cité le modèle commercial
européen qu’elle a décrit comme un marché de nations et de personnes libres qui
croient dans la primauté du droit et qui ont axé leur programme commercial sur
des valeurs communes.
Un autre délégué canadien a indiqué que
nos deux pays ont des secteurs et des chaînes d’approvisionnement intégrées et
qu’ils doivent collaborer. Il a déclaré que les gens prennent des décisions en
fonction de leurs perceptions à l’égard des échanges commerciaux plutôt qu’en
fonction des faits et de la réalité et il a ajouté que le protectionnisme
desservirait le Canada et les États-Unis et qu’il ne correspond pas à
l’orientation prise dans le reste du monde. Enfin, il a déclaré que les pertes
d’emplois sont attribuables non à l’ALENA, mais plutôt à la concurrence que
nous livrent les économies émergentes.
Un certain nombre de délégués des deux
pays ont convenu que les échanges et les accords
commerciaux – notamment l’ALENA – avaient des répercussions
positives et négatives. À leur avis, il faut en faire mieux connaître les
avantages et se pencher sur les coûts.
Enfin, les législateurs ont parlé de la Chine. Ils ont présenté ce pays comme un producteur à faible coût qui applique des pratiques
prédatoires, offre de bas salaires, évolue dans un vide réglementaire et ne
respecte pas les règles d’équité en matière d’échanges commerciaux.
B. Négociations à l’Organisation
mondiale du commerce
1. Contexte
Certaines échéances sont déjà passées,
mais les négociations à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) se
poursuivent pour mener le cycle de Doha à bonne fin. Les négociations portent
sur divers secteurs, notamment l’agriculture, l'accès aux marchés non agricoles,
les services et les règles.
Le Canada participe activement aux
négociations de l’OMC et il s’efforce plus particulièrement d’uniformiser les
règles du jeu dans le secteur agroalimentaire, d’élargir l’accès au marché pour
les fournisseurs de biens et de services, de resserrer les règles concernant
les droits anti-dumping et compensateurs et les subventions, de réduire les
formalités administratives à la frontière et de mieux intégrer les pays en
développement au système commercial mondial. Les États-Unis jouent également un
rôle actif dans les négociations et on estime que la conclusion du cycle de
Doha constitue la grande priorité du président Bush en matière de négociations
commerciales. Le président souhaite en effet signer un accord d’ici la fin de
2008; tout accord éventuel sera ratifié par la prochaine administration
américaine.
Cela dit, certains croient que
l’incertitude et l’urgence ont augmenté depuis le 1er juillet 2007,
date à laquelle l’autorisation présidentielle en matière de promotion du
commerce a expiré et que l’administration américaine a effectivement perdu la
capacité de ratifier des accords commerciaux. Le représentant américain au
commerce a indiqué qu’il est possible de renouveler l'autorisation en matière
de promotion du Commerce advenant une percée éventuelle dans les négociations
en cours à l’OMC. À défaut de cette autorisation, certains pays estiment qu’un
projet d’accord susceptible d’être modifié par le Congrès américain pourrait
nécessiter davantage de concessions.
En général, le Canada et les États-Unis
collaborent dans le cadre des négociations à l’OMC, en dépit de divergences de
position à l’égard d’un nombre limité de questions, notamment les entreprises
commerciales d’État, la gestion de l’offre et la réduction à zéro dans le
calcul des marges de dumping dans les enquêtes sur de telles affaires. Le
Canada estime que les décisions concernant la structure de commercialisation de
la Commission canadienne du blé devraient être prises à l’échelle nationale.
Le Canada appuie la gestion de l’offre et s’oppose à la réduction à zéro.
2. Discussion
Les délégués ont brièvement parlé des
négociations en cours à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Un
législateur canadien a affirmé que ces négociations devraient se terminer cette
année. Pour sa part, un délégué américain a déclaré que comme dans le cas de
l’ALENA, les accords conclus à l’OMC pouvaient avoir des conséquences
imprévues.
C. Avenir des accords de libre-échange
régionaux et internationaux
1. Contexte
Étant donné que les négociations du
cycle de Doha à l’Organisation mondiale du commerce et que les négociations
concernant la Zone de libre-échange des Amériques ont achoppé et avancent
plutôt lentement, plusieurs pays, dont le Canada et les États-Unis, s’emploient
à conclure des accords commerciaux bilatéraux ou régionaux. Ces pays estiment
généralement que les accords commerciaux améliorent l’accès aux marchés,
offrent un plus vaste choix de produits et services à meilleur prix et
renforcent l’établissement de règles internationales.
Outre l’Accord de libre-échange
nord-américain (ALENA), le Canada a conclu des accords de libre-échange avec
Israël, le Chili et le Costa Rica ainsi qu’avec le Pérou et l’Association
européenne de libre-échange. Ces accords doivent être mis en œuvre au plus tard
le 1er janvier 2009. Enfin, des négociations sont
actuellement en cours avec la Colombie, la République dominicaine, le Marché commun des Caraïbes (CARICOM), la Jordanie, Singapour et la Corée. Les négociations avec le Groupe des quatre de l'Amérique
centrale sont dans une impasse. D’autre part, le Canada et Panama ont convenu
d’examiner la possibilité de négociations portent sur un accord de
libre-échange et le Canada et le Japon se sont entendus pour axer les
discussions sur l’établissement d’un dialogue en matière de commerce et
d’investissements.
Outre leur participation à l’ALENA, les
États-Unis ont conclu des accords de libre-échange avec le Chili, la République dominicaine, le Guatemala, le Salvador, le Nicaragua, le Costa Rica et le
Honduras. Les accords avec la Colombie et le Panama n’ont pas encore reçu
l’approbation du Congrès.
2. Discussion
Lors de la discussion sur les accords
commerciaux autres que l’Accord de libre-échange nord-américain et les
négociations actuellement en cours à l’Organisation mondiale du commerce, une
législatrice américaine a déclaré que les considérations géopolitiques – et
commerciales –sont importantes quand un pays cherche à engager des
négociations commerciales avec d’autres pays. Un collègue partage ce point de
vue et affirme qu’il faut se pencher sur les obstacles non tarifaires.
Un délégué canadien a pour sa part
affirmé que lorsqu’il s’agit de signer des accords commerciaux bilatéraux, il
faut que le partenaire commercial concerné soit digne de confiance. Il a ajouté
qu’il faut prendre des mesures concernant les obstacles commerciaux non
tarifaires.
MISE EN OEUVRE D’ACCORDS POUR
RÉSOUDRE CERTAINS DIFFÉRENDS COMMERCIAUX
A. Questions agricoles
1. Contexte
Lors de la réunion de l=Organe de règlement des différends de l=OMC, en
décembre 007, un groupe spécial de règlement des différends liés aux
subventions agricoles américaines a été constitué à la demande du Canada et du
Brésil. Ces deux pays affirment que le niveau des subventions agricoles
américaines qui faussent le commerce a dépassé les engagements que les
États-Unis avaient pris à l'OMC à l’égard des périodes 1999-2001 et 2004-2005.
Cette mesure appuie les objectifs que
vise le Canada dans les négociations de Doha, en l’occurrence de faire réduire
et de discipliner davantage les subventions agricoles. De plus, elle s’inscrit
dans le droit fil des préoccupations du Canada concernant l=orientation du nouveau US Farm Bill. Les
dispositions de cette nouvelle mesure législative prévoient la conservation de
la structure existante des programmes américains, notamment les programmes
relatifs aux produits agricoles de base qui pourraient avoir une incidence
directe sur les intérêts canadiens.
Enfin, les États-Unis permettent
maintenant l’accès au marché américain de presque tous les bovins et produits
de bœuf en provenance du Canada, notamment tous les bovins nés depuis le 1er mars 1999
et la viande de bœuf canadienne provenant d'animaux de n'importe quel âge. Le
Canada continue de demander l’accès au marché américain – et une
normalisation du commerce – pour les petits ruminants destinés à la
reproduction. À l’heure actuelle, les chèvres et les moutons en provenance du
Canada âgés de plus de 12 mois et destinés à être engraissés ou abattus ou
ceux de n'importe quel âge destinés à l'élevage n'ont pas accès au marché
américain. Comme les États-Unis affichent le même profil de risque en matière
d’ESB à l’échelle internationale, le Canada permet l’importation de bovins et
de viande de bœuf issue d’animaux de n’importe quel âge en provenance des
États-Unis. De plus, depuis le 2 mai 2007, le Canada autorise des importations
de petits ruminants américains, quelle que soit leur utilisation.
2. Discussion
Pendant la discussion sur les questions
liées à l’agriculture, les délégués se sont concentrés sur le nouveau US
Farm Bill de 2008. Les législateurs canadiens ont exprimé certaines
préoccupations au sujet de diverses dispositions de cette mesure législative,
notamment celles qui concernent le bois d’œuvre et la betterave à sucre. Un
délégué américain a répondu que les projets de loi agricoles américains font
invariablement l’objet de critiques. Il a ajouté que bien qu’on espère que le
soutien agricole prévu dans le Farm Bill se traduise par des dépenses de
la catégorie verte, les États-Unis appuieront au besoin les agriculteurs
américains. Le délégué américain a également noté la réduction de l’appui au
secteur du sucre.
En ce qui a trait aux dispositions sur
le bois d’œuvre et sur le commerce dans ce secteur contenues dans le Farm
Bill, le législateur américain a déclaré aux délégués que certains
intervenants américains estiment toujours que les pratiques commerciales
canadiennes ne sont pas équitables et que le Canada ne respecte pas les
obligations qui lui incombent en vertu de l’Accord sur le bois-d’oeuvre. Un
délégué canadien a répondu que le secteur forestier des deux pays éprouve de
sérieuses difficultés.
La discussion sur les questions
agricoles s’est terminée par l’observation d’un délégué américain qui a signalé
qu’on impute une grande partie du blâme à l’éthanol, notamment les pressions à
la hausse sur le prix du riz.
B. Bois d’œuvre
1. Contexte
L’Accord sur le bois-d’oeuvre a été
signé en septembre 2006 et on s’attendait à ce que l’industrie du bois
d’œuvre des deux pays bénéficie d’une certaine certitude pendant la durée de
cette entente, soit de sept à neuf ans. Or, depuis la signature de l’accord,
les intervenants de l’industrie, au Canada et aux États-Unis, ont subi un
sérieux préjudice. Par exemple, les producteurs canadiens ont été affectés par
la hausse de la valeur relative du dollar canadien, la baisse de la demande
américaine pour le bois d’œuvre, le repli du prix du bois d’œuvre et la
concurrence des marchés émergents.
Dans le cas d’accords de cette nature,
on s’attend à ce qu’il y ait de temps à autre des divergences de vue entre les
parties signataires. Par conséquent, l’accord comporte un mécanisme de
règlement des différends qui prévoit des délais pour la consultation et une
procédure d’arbitrage obligatoire. À l’heure actuelle, deux cas ont été soumis
à l’arbitrage en vertu de l’accord. Le premier porte sur le facteur
d’ajustement et le second sur les programmes forestiers sélectionnés en Ontario
et au Québec
En ce qui concerne le premier cas
d’arbitrage, le Canada soutient que le facteur d’ajustement s’applique au
Manitoba, à l’Ontario, au Québec et à la Saskatchewan depuis le 1er juillet 2007 alors que les États-Unis
affirment qu’il s’applique à ces régions ainsi qu’à la Colombie-Britannique et à l’Alberta depuis le 1er janvier 2007. Une
décision du tribunal rendue en mars 2008 donne gain de cause au Canada et
l’affaire en est maintenant à l’étape des mesures correctives. Pour ce qui est
du second cas d’arbitrage, les audiences débuteront le
9 décembre 2008.
D’autres litiges sont survenus depuis
la signature de l’accord. Les agents du représentant au Commerce des États-Unis
ont exprimé à plusieurs occasions leurs préoccupations concernant la
certification par le Canada des entreprises indépendantes de seconde
transformation. En outre, le département du Commerce et le bureau du
représentant américain au Commerce envisagent de mettre en place un système de
surveillance des importations et de délivrance de licences semblable au système
qui existe pour l’acier. Comme il n’est pas certain de la valeur qu’ajouterait
le système proposé aux efforts du groupe de travail technique chargé du rapprochement
des données, le Canada demande des précisions.
Enfin, il faut noter que l’accord
prévoit la création d’un Comité du bois d'ouvre résineux chargé de superviser
la mise en œuvre de l’accord, d’encadrer son élaboration et de superviser les
activités des groupes de travail techniques
2. Discussion
Les délégués ont discuté du bois
d’œuvre dans le contexte du Farm Bill proposé en 2008. Les commentaires
à ce sujet ont été énoncés précédemment.
Les dispositions contenues dans le Farm Bill
sur le bois d’œuvre proposent l’imposition de nouvelles exigences en matière
d’information et de déclaration aux importateurs américains de bois d’œuvre.
Les importateurs seraient notamment tenus d’indiquer le prix à l'exportation du
bois d’œuvre et les frais d’exportation estimés s’y appliquant; de déclarer
qu’ils ont effectué une enquête appropriée pour obtenir les documents de
l’exportateur et qu’ils ont consulté la publication du département du Commerce
sur les droits d’exportation; et de déclarer que – au mieux de leur
connaissance – le prix à l’exportation a été calculé comme il se doit
et correspond au prix figurant sur le permis d’exportation et que l’exportateur
a réglé les frais d’exportation ou s’est engagé à le faire. Des pénalités
seraient imposées aux importateurs qui enfreignent sciemment ces dispositions
et les vérifications comptables d’entreprises seraient autorisées.
C. Acier
1. Contexte
La stratégie nord-américaine de l'acier
vise notamment à trouver et à supprimer les obstacles au commerce de l’acier
dans l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Les producteurs d’acier
des pays de l’ALENA, conscients de la récente évolution du marché mondial, se
sont moins concentrés sur les préoccupations commerciales entre leurs pays pour
mettre davantage l’accent sur les défis communs que leur posent certaines
régions et certains pays, principalement la Chine à l’heure actuelle.
Comme les gouvernements des États
signataires de l’ALENA suivent l’évolution du marché de l’acier en Chine et mettent
en commun les renseignements dont ils disposent sur la question, ils sont en
mesure d’exprimer leurs préoccupations à l’égard de la politique et des
pratiques de la Chine en ce qui concerne l’acier, notamment les droits et les
contingents à l’exportation, les subventions et d’autres interventions
gouvernementales et les mesures qui ont un effet de distorsion sur le marché.
Ces préoccupations ont été exprimées dans le cadre de divers mécanismes de
consultatifs entre la Chine et chacun des pays signataires de l’ALENA, à
l’Organisation mondiale du commerce et à l’Organisation de coopération et de
développement économiques. La contestation présentée à l’OMC par les pays
membres de l’ALENA a été suspendue en novembre 2007 lorsque la Chine a accepté d’éliminer les subventions en question.
Enfin, le Comité nord-américain sur le
commerce de l’acier, auquel collaborent le gouvernement et l’industrie, a
préparé un résumé des obstacles aux commerces liés à la frontière mis en
lumière par l’industrie sidérurgique de chacun des pays signataires de l’ALENA.
En mars 2006, les ministres du Commerce des pays de l’ALENA ont indiqué
que le secteur de l’acier est l’un de ceux où il faudrait éliminer en priorité
les obstacles actuels au commerce. Le Comité nord-américain sur le commerce de
l’acier se concentrera sur les modalités relatives aux licences d’importation
en vue d’accroître l’efficacité, la transparence et la collaboration dans le
cadre de la collecte de données et de la préparation de rapports sur les
importations d’acier; les licences d’importation figurent parmi les questions
commerciales internes abordées par le Comité dans le cadre de la Stratégie nord-américaine pour l’acier.
2. Discussion
Un législateur canadien a amorcé la
discussion sur l’acier en indiquant que le Canada, les États-Unis et le Mexique
collaborent à l’égard des questions liées à l’acier et qu’il n’y a actuellement
aucun litige entre le Canada et les États-Unis. À son avis, nos pays unissent
leurs efforts pour soutenir la concurrence de l’industrie sidérurgique des pays
asiatiques.
Un collègue a exprimé un point de vue
similaire et a présenté l’industrie sidérurgique nord-américaine comme un bon
exemple de la collaboration entre le Canada et les États-Unis et il a indiqué
que la réglementation dans nos deux pays ne permettrait pas de produire de
l’acier de la même façon qu’en Chine. Un autre collègue a suggéré d’imposer une
taxe sur les produits importés de pays ayant des normes environnementales moins
strictes; à son avis, cette taxe uniformiserait les règles du jeu.
Les délégués américains n’ont pas fait
de commentaires sur la question de l’acier.
D. Droits de propriété
intellectuelle
1. Contexte
Le Canada et les États-Unis coopèrent
de diverses façons à l’égard des questions liées à la propriété intellectuelle,
notamment dans le cadre du Partenariat pour la sécurité et la prospérité de
l'Amérique du Nord, de l’Organisation mondiale du commerce et du projet
d’accord commercial relatif à la contrefaçon. En outre, le Canada soulève le problème
mondial de la contrefaçon et du piratage lors des sommets du G8 ainsi qu’aux
rencontres de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelleet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique.
Les États-Unis ont établi que le
dossier des droits de propriété intellectuelle constitue la question économique
la plus importante dans leurs relations bilatérales avec le Canada. Nos voisins
du Sud demandent, d’une part, le renforcement du régime d’application à la
frontière des droits de propriété intellectuelle et, d’autre part, la réforme
des lois canadiennes sur le droit d’auteur afin de mettre en œuvre et de
ratifier les traités relatifs à Internet de l'Organisation mondiale de la
propriété intellectuelle (OMPI) qu'il a signés en 1997.
Par surcroît, les États-Unis présentent
chaque année un rapport sur les lacunes qu’ils estiment exister chez ses
partenaires commerciaux en ce qui a trait au régime d’application des droits de
propriété intellectuelle. Depuis les 12 dernières années, le Canada figure
sur la liste des pays à surveiller, mieux connue sous le nom de rapport spécial
301. Toutefois, certains intervenants américains exercent des pressions sur le
gouvernement américain pour faire inscrire, en 2008, le Canada sur la
liste des pays à surveiller en priorité, compte tenu de l’absence de mesure
législative canadienne visant à renforcer le régime d’application des droits de
propriété intellectuelle.
Le gouvernement du Canada estime que le
régime canadien de protection et d'application des droits de propriété
intellectuelle est conforme aux obligations internationales qu’il a
contractées. Il y a récemment apporté des modifications, notamment en ce qui
concerne l'enregistrement non autorisé de films au moyen de caméscopes dans les
cinémas. De plus, dans le discours du Trône de 2007 et dans ses réponses à deux
rapports des comités parlementaires chargés d'examiner cette question, le
gouvernement du Canada a annoncé son intention d'améliorer le régime de
protection des droits de propriété intellectuelle au Canada. Enfin, il a
informé les Canadiens qu’une nouvelle législation serait adoptée en vue de
modifier la Loi sur le droit d'auteur.
2. Discussion
Un législateur canadien a dit aux
délégués qu’il prévoit la présentation, à la Chambre des communes, d’une mesure législative sur les droits de propriété intellectuelle vers la mi-juin 2008.
Il croit que ce projet de loi sera renvoyé à un comité parlementaire pour étude
lors de la reprise des travaux parlementaire à l’automne 2008. Il a
également souligné l’importance de trouver le bon équilibre à l’égard des
droits de propriété intellectuelle et il a reconnu le fait que les États-Unis
exercent des pressions sur le Canada dans ce dossier. De plus, le délégué
canadien a souligné que le Canada est signataire des traités relatifs à
Internet de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), mais
qu’il ne les a pas encore ratifiés. Enfin, il a indiqué que deux rapports de
comité permanent de la Chambre des communes ont été publiés sur les questions
relatives à la propriété intellectuelle.
Un délégué américain a félicité le
Canada d’avoir adopté en 2007 une mesure législative concernant
l’enregistrement non autorisé de films dans les cinémas, mais il a fait savoir
que le Canada figurera vraisemblablement sur la liste des pays à surveiller;
cette liste est liée au rapport spécial 301 du représentant au Commerce
des États-Unis. Il a exhorté le gouvernement du Canada à ratifier les traités
de l’OMPI, position que partage un de ses collègues américains.
Les délégués ont fait mention des
efforts internationaux concernant les droits de propriété intellectuelle,
notamment dans le cadre de l’OMPI et du Partenariat pour la sécurité et la
prospérité de l'Amérique du Nord, ainsi qu’à l’égard d’un éventuel accord
commercial relatif à la contrefaçon.
ENJEUX ÉCONOMIQUES ET COMMERCIAUX
COMMUNS
A. Chine: sécurité des importations,
monnaie et normes coercitives
1. Contexte
Au cours des derniers mois plusieurs
incidents impliquant des aliments et des marchandises en provenance de Chine se
sont produits, notamment en ce qui a trait à des ingrédients entrant dans la
composition de nourriture pour animaux, de dentifrice et de jouets. Les
dirigeants nord-américains ont convenu de renforcer la coopération et les
mécanismes trilatéraux en ce qui concerne la sûreté des importations,
et – en particulier – d’améliorer l’accès à des aliments et
à des produits de santé et de consommation sûrs. Leurs efforts à cet égard sont
axés sur la coopération et l’échange d’information, le renforcement des
systèmes réglementaires et d’inspection; l’uniformisation des normes de
sécurité concernant les produits et l’amélioration de la capacité continentale
de rappel.
Par exemple, aux États-Unis, le Sénat
et la Chambre des représentants ont adopté des mesures législatives distinctes
visant à réformer la Commission de surveillance des produits de consommation
(CPSC), et à rendre plus rigoureuses les normes en matière de sécurité des
jouets. Une commission mixte officielle s’emploiera à rapprocher ces deux
mesures afin que les deux Chambres s’entendent sur un projet de loi final. Ces
projets de loi pourraient donner à la CPSC le pouvoir de renforcer sa communication
d=information à Santé Canada quant aux incidents relatifs à la sûreté
des produits. Toutefois, en ce qui a trait à la sécurité alimentaire, certains
projets de loi qui ont été présentés prévoient notamment l’imposition de
nouveaux frais d=utilisation sur les produits alimentaires importés. Cette mesure
pourrait entraîner l’interfinancement par le Canada de l’inspection des
marchandises à haut risque provenant de pays tiers et importées aux États-Unis.
L’imposition de tels frais pourrait nuire aux entreprises et aux consommateurs
canadiens et américains.
Au Canada, la sécurité des importations
a été mentionnée dans le discours du Trône de 2007 et Santé Canada et l=Agence canadienne d,inspection des aliments (ACIA) ont mis au point
un plan d=action visant à améliorer la santé et la sécurité des Canadiens.
Pour faciliter la mise en œuvre de ce plan d=action,
deux projets de loi ont été présentés – C-51 et C-52. Si elles sont
adoptées, ces mesures législatives transformeront l=approche
du Canada en matière de réglementation de la sûreté des produits. De plus,
elles renforceront les programmes de sécurité et elles mettront l=accent sur la prévention, la surveillance et l’intervention rapide.
La Chine s’est
engagée à consacrer de nouvelles ressources au renforcement de son régime
d’inspection et on s=attend à une amélioration considérable sur le plan de la qualité des
produits d=ici deux à trois ans. Par surcroît, à l’occasion du forum
international de haut niveau sur la sécurité alimentaire tenu à Beijing en
novembre 2007, on a inauguré le comité conjoint Canada-Chine sur la santé.
On y discutera notamment des règlements sur les aliments, les médicaments et
les produits, des maladies infectieuses émergentes et de la promotion des
échanges scientifiques. De plus, le Canada a signé un protocole d’entente avec
l=Administration générale de la supervision de la qualité, de
l'inspection et de la mise en quarantaine (AQSIQ) de la Chine, afin d=accroître la coopération en matière de sûreté des produits de consommation.
Ce protocole d=entente prévoit la création de groupes de travail techniques sur des
produits présentant des préoccupations particulières et l’échange d’information
sur les exigences en matière de réglementation et les procédures de tests en
laboratoire. La Chine a signé des protocoles d’entente semblables avec les
États-Unis et l=Union européenne.
Pour ce qui est de la monnaie chinoise,
en juillet 2005, la Chine a pris une série de petites mesures pour que son
taux de change réagisse mieux aux forces du marché, même si elle continue de
contrôler de près la valeur de sa monnaie. On a reproché à la Chine de manipuler le taux de change en essayant de maintenir sa monnaie artificiellement
faible pour préserver la compétitivité de son secteur d'exportation. Au Congrès
américain, plusieurs projets de loi destinés à réagir à la politique monétaire
de la Chine ont été déposés, dont certains prévoient l'imposition de sanctions
à cette dernière. Le Trésor américain a souligné la nécessité de hausser la
valeur du taux de change pondéré en fonction des échanges de la Chine. Les pays membres du G7 et le Fonds monétaire international (FMI) partagent ce point de
vue. Ce dernier a d’ailleurs fait remarquer que la monnaie de la Chine est sous-estimée et qu'un taux de change plus souple l'aiderait à atténuer certaines de
ses difficultés économiques nationales.
2. Discussion
Au début de la discussion sur la
sécurité des produits provenant de Chine, les délégués ont fait état des
récents problèmes liés aux jouets et aux bijoux pour enfants contenant du
plomb. Ils ont notamment parlé des maladies et du décès d’un enfant. Ils ont
déclaré que les États-Unis avaient réagi entre autres en augmentant le
financement pour améliorer la sécurité des produits de consommation et en
présentant des mesures législatives au Congrès. Un législateur américain a
demandé si le Canada et les États-Unis ne devraient pas élaborer et mettre en
œuvre des normes conjointes sur la sécurité des produits de consommation. À son
avis, les normes et leur application, ont une importance vitale.
Un législateur canadien a souligné
qu’il est dans l’intérêt de la Chine de se pencher sur les problèmes
persistants concernant la sécurité et la qualité des produits qui sont
fabriqués sur son territoire. Un collègue a fait mention des problèmes qui
surviennent en l’absence de normes strictes relatives à la qualité des produits
dans des pays étrangers, notamment des pays en développement.
Un autre délégué américain a parlé des
problèmes qui surviennent quand certaines espèces envahissantes entrent aux
États-Unis et au Canada. Il a donné l’exemple des cérambycidés alors que les
délégués canadiens ont mentionné la carpe asiatique et le dendroctone du pin
comme autres exemples. Le délégué américain a indiqué que ce sont les
contribuables qui font les frais pour les dommages causés par ces espèces.
B. Politiques en matière
d’investissements étrangers
1. Contexte
Le Canada et les États-Unis ont adopté
une approche similaire en matière de politique sur les investissements
étrangers et de modèles de traités d'investissement. Cette similitude de vue a
favorisé la coopération sur des questions liées aux politiques d'investissement
dans les forums multilatéraux tels que l'Organisation de coopération et de
développement économiques et le Forum de coopération économique Asie-Pacifique.
En général, nos deux pays s'emploient à promouvoir l'acceptation de règles
d'investissement rigoureuses au sein de la communauté internationale.
Récemment, on observe un accroissement
des activités d'investissement étranger menées par des sociétés d'État et des
fonds d'investissement souverains. En décembre 2007, le ministre de
l’Industrie a rendu public les lignes directrices établies en vertu de la Loi sur Investissement Canada, dans le but de clarifier les facteurs d'évaluation de
l'avantage net puisqu’ils peuvent répondre aux questions liées aux
investissements de sociétés d'État étrangères. Par surcroît, le gouvernement
envisage également à l'heure actuelle l'élaboration d'un projet de loi qui
permettrait d'examiner des investissements étrangers pour des raisons de
sécurité nationale. Le Canada est le seul pays du G7 qui ne s’est pas doté
d'une telle loi.
Aux États-Unis, le gouvernement a
récemment modifié certaines dispositions de la Defence Production Act de 1950, qui confèrent au président le pouvoir
d'examiner certaines fusions, acquisitions et prises de contrôle par
l'intermédiaire du Committee on Foreign Investment in the United States.
2. Discussion
Les délégués canadiens ont amorcé la
discussion sur les politiques en matière d’investissement étranger en
soulignant la nécessité de faire une distinction entre le secteur privé et les
sociétés d’État. Ils ont également indiqué qu’il faut améliorer la divulgation
et la transparence, position appuyée par un législateur américain.
C. Initiatives de coopération
économique entre le Canada et les États-Unis
1. Contexte
Grâce à une intégration sans cesse
accrue, à un régime d’échanges commerciaux fondé sur des règles ainsi qu’à des
liens historiques sur les plans social, culturel et économique, les économies
du Canada et des États-Unis sont étroitement liées; la vigueur et la prospérité
de l’une a une incidence sur l’autre.
Le Canada et les États-Unis comptent
les échanges bilatéraux de biens et de services et la circulation des personnes
et de capitaux les plus importants au monde. La valeur des échanges de biens et
de services à la frontière commune totalise près de 2 milliards de dollars
par jour. Les deux pays sont, à titre individuel, le principal client et le
plus gros fournisseur de l’autre. Environ 73,5 p. 100 des biens et
services que le Canada exporte sont destinés aux États-Unis. Par surcroît,
approximativement 21,4 p. 100 des exportations en provenance des États-Unis
sont destinées au Canada qui constitue la principale destination d’exportation
étrangère pour 35 États américains. Le Canada achète plus de biens en
provenance des États-Unis que le Mexique et le Japon réunis, et le Canada
constitue un plus grand marché pour les marchandises américaines que ne l’est
l’Union européenne.
Outre leurs liens en ce qui concerne
les échanges commerciaux et les investissements, le Canada et les États-Unis
jouissent des plus importantes relations en matière de science, de technologie
et d’innovation à l’échelle mondiale. Des liens au plan de la recherche et du
développement se sont tissés entre les gouvernements, les universités, les
instituts et les entreprises des deux pays.
2. Discussion
Pour ce qui est des initiatives de
coopération entre le Canada et les États-Unis et de l’intégration de leurs
économies, les délégués se sont concentrés sur la crise actuelle du marché du
crédit dans les deux pays et ils ont soulevé certaines questions au sujet des
causes de cette situation ainsi que des politiques et des mesures législatives
qui sont nécessaires pour éviter qu’elle ne se reproduise.
Un législateur canadien a indiqué que
la turbulence du marché du crédit a nui aux entreprises et aux particuliers
dans les deux pays et il a recommandé la tenue d’une étude nord-américaine sur
la situation. Cette étude devrait chercher à établir, d’une part, si la
réglementation actuelle est adéquate et, d’autre part, si les interventions
gouvernementales sont appropriées. Un collègue qui abonde dans le même sens a
déclaré que les problèmes liés au papier commercial adossé à des actifs sont
attribuables aux cotes de crédit attribuées par les agences de notation.
Selon une déléguée américaine, il faut
retracer le mouvement des capitaux pour établir s’il y a eu collusion. De
l’avis de cette déléguée, il est important de savoir qui a dirigé le processus
international de titrisation.
COMITÉ III: COOPÉRATION BILATÉRALE
EN MATIÈRE DE DÉFENSE, DE SÉCURITÉ ET DE QUESITONS HUMANITAIRES
INITIATIVE RELATIVE AUX VOYAGES DANS
L’HÉMISPHÈRE OCCIDENTAL –SÉCURITÉ FRONTALIÈRE
A. Contrebande de tabac et d’autres
marchandises
1. Contexte
La contrebande de marchandises entre le
Canada et les États-Unis pose un problème de taille aux deux pays, depuis un
certain temps déjà. En 2006, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a indiqué que la contrebande – notamment de tabac, d’alcool, de produits de
contrefaçon et d’armes – est devenue une source importante de
recettes pour le crime organisé et qu’elle pose un défi aux autorités policières
des deux pays. Dans le cadre d’une coopération bilatérale, le Canada et les
États-Unis ont formé des équipes intégrées de la police des frontières (EIPF)
auxquelles participent des organismes d’application de la loi des deux pays.
Dans le cadre de l’évaluation des
menaces effectuée en 2007, l’EIPF a noté que le crime organisé qui sévit
dans les réserves situées à proximité de la frontière canado-américaine ou le
chevauchant est particulièrement inquiétant; on a notamment fait mention du
territoire d’Akwesasne qui chevauche une partie de l’Ontario, du Québec et de
l’État de New York. On a également avancé que les groupes criminels organisés
des deux pays empruntent de nombreux itinéraires pour transporter du tabac de
contrebande, de la marihuana, de l’ecstasy, de l’argent, des armes à feu et des
personnes de part et d’autre de la frontière.
Pour ce qui est de la contrebande de
cigarettes, on a souligné que la demande de cigarettes bon marché continue
d’alimenter le marché du tabac de contrebande et que ces ventes contribuent à
une importante économie clandestine d’une valeur de plusieurs milliards de
dollars. Par surcroît, on a indiqué qu’il existe deux principales sources
de tabac de contrebande : les réserves des Premières nations, qui
disposent de vastes capacités de distribution; et les importations de tabac de
contrebande et d’autres produits du tabac illicites, qui arrivent au Canada
dans des conteneurs maritimes.
En mai 2008, le gouvernement du
Canada a annoncé la mise en œuvre de la Stratégie de lutte contre le tabac de contrebande, une initiative de la GRC, et la création d’un groupe de travail du
gouvernement sur la question. Ce groupe, qui doit compter des représentants de
divers ministères et organismes chargés de se pencher sur la question, a pour
mission d’élaborer des mesures concrètes pour perturber et réduire la
contrebande de tabac.
2. Discussion
Les délégués ont discuté de la
contrebande en général, notamment de la contrebande de tabac, et ils ont
souligné la difficulté de faire respecter les lois sur les territoires
autochtones. Un délégué américain a dit que, suite aux différends liés aux
revendications territoriales des années 1970, il avait été décidé de créer
une nouvelle réserve, mais les gouvernements n’ont que très peu de pouvoir dans
ces territoires. L’État de New York State a tenté pendant des années
d’imposer une taxe sur l’essence et le tabac dans la réserve d’Akwesasne.
Un législateur canadien a indiqué qu’on
estimait que 40 p. 100 du tabac consommé dans le centre du Canada
provient de la contrebande et que 90 p. 100 de ces produits du tabac
sont fabriqués aux États-Unis. Il a dit aux délégués qu’il y a des débits de
tabac dans sa circonscription et que certaines personnes voyagent pendant des
heures pour se procureur des produits de tabac qui coûtent peut-être un dixième
du prix officiel. En réponse à la déclaration de principe proposée par un
délégué canadien pour lutter contre la contrebande de tabac, un législateur
américain a indiqué que bien que la contrebande de tabac parte des États-Unis
pour aller vers le Canada, les produits qui en découlent sont investis dans des
drogues illicites entre autres, et qu’il faut s’attaquer à l’ensemble des
activités de contrebande. Il a ajouté qu’il est également important d’être
réaliste plutôt qu’idéaliste et que, en ce qui concerne les saisies, les
gouvernements ont adopté une approche axée sur le périmètre, notamment autour
des limites de la réserve d’Akwesasne et d’autres secteurs similaires, mais
qu’il faudrait peut-être envisager d’autres approches.
À la suggestion d’un délégué canadien
de traiter la question comme un problème, un autre législateur canadien a
répondu qu’il préférerait voir des mesures concrètes, peut-être dans le cadre
d’un projet pilote. Un délégué américain a recommandé d’envisager le recours
aux EIPF existantes et à d’autres solutions pour trouver la meilleure formule.
Les délégués ont également convenu de la nécessité de faire un suivi de la
question et ils ont appuyé la suggestion du délégué américain de se servir de
leur comité et d’autres groupes dans chaque pays pour obtenir de l’information
sur la question et en faire ensuite la mise en commun.
B. Initiative relative aux
voyages dans l’hémisphère occidental: nouveau règlement américain et nouveau
calendrier d’application intégrale
1. Contexte
Le Canada et les États-Unis partagent
depuis longtemps la plus longue frontière non défendue au monde, mais les
attaques terroristes de septembre 2001 – ainsi que les problèmes
constants à la frontière des États-Unis et du Mexique, au Sud – ont
incité le Congrès américain à adopter certaines restrictions en 2005.
En 2006, le président Bush a promulgué un amendement retardant la mise en
œuvre de l’IVHO au plus tôt le 1er juin 2009, ou trois
mois après que le secrétaire d’État et son homologue à la Sécurité intérieure auront conjointement certifié la mise en place de mesures de sécurité
précises. Conformément à l’Initiative relative aux voyages dans l’hémisphère
occidental (IVHO), les citoyens américains et les non-résidents en provenance
du Canada, du Mexique et des Bermudes sont tenus de respecter les nouvelles
exigences documentaires concernant l’entrée aux États-Unis.
L’IVHO a été mise en œuvre en
janvier 2007 pour le transport aérien. La réglementation définitive de
l'IVHO a été publiée le 27 mars 2008 et précise qu'un passeport ou une
carte reconnue pour les voyageurs dignes de confiance (EXPRES ou NEXUS) sera accepté
aux postes frontaliers terrestres et maritimes à compter de juin 2009. D’autres
documents, notamment les permis de conduire améliorés pourront être acceptés
dans l’avenir. À titre de transition jusqu’à la mise en œuvre intégrale de
l’IVHO, depuis le 31 janvier 2008, les autorités américaines exigent
que les Canadiens et les Américains présentent une carte d'identité avec photo
délivrée par le gouvernement ainsi qu'une preuve de citoyenneté, comme un
certificat de naissance, pour entrer aux États-Unis ou pour transiter par ce
pays. Le gouvernement du Canada a alloué des fonds pour se préparer à l’IVHO,
mais il continue néanmoins de collaborer de près avec les autorités américaines
pour que tout plan concernant la mise en œuvre de l’IVHO soit non seulement
transparent mais également réaliste.
Le gouvernement du Canada comprend la
position des États-Unis et convient que ce pays a le droit d’imposer de telles
exigences, mais il appuie l’idée de retarder la mise en œuvre de l’IVHO, d’une
part, pour prolonger le délai pour l’obtention d’un passeport et, d’autre part,
pour permettre de trouver d’autres types de documents de voyage.
Essentiellement, le gouvernement estime que les milliers d’Américains qui
traversent quotidiennement la frontière pour venir au Canada ne consacreraient
peut-être pas le temps et l’argent nécessaires pour obtenir un passeport, ce
qui entraînerait inévitablement une baisse des déplacements transfrontaliers.
2. Discussion
Une déléguée américaine d’un État du
Nord a amorcé la discussion en disant que la frontière nord qui sépare les
États-Unis du Canada est différente de la frontière sud qui jouxte le Mexique.
Elle a ajouté que l’IVHO a eu des répercussions économiques et qu’il est
impossible de collaborer avec le secrétaire à la Sécurité intérieure, M. Chertoff. À son avis, ce dernier ne comprend tout simplement pas
la situation et fait des difficultés en exigeant maintenant des passeports et
d’autres documents même si d’après la loi, il ne peut le faire avant 2009. M. Chertoff souhaite également que les autorités canadiennes arrêtent et prennent les
empreintes digitales de quiconque change d’avis à la frontière et décide de ne
pas entrer aux États-Unis. La déléguée a indiqué qu’il est possible de passer
la frontière canado-américaine à divers endroits dans les Adirondacks et elle a
recommandé une utilisation accrue de documents comme la carte NEXUS.
Un délégué canadien a souligné
l’importance de l’IVHO pour le Canada et s’est dit frustré que M. Chertoff
ne tienne pas compte du fait que le président Bush a entériné le projet de loi
du Congrès visant à repousser la mise en œuvre de l’IVHO. Ce délégué estime
qu’au lieu de mettre l’accent sur une date précise de mise en œuvre, on devrait
s’employer à bien faire les choses et viser une mise en œuvre sans
perturbation. Il a indiqué qu’il y a certaines préoccupations communes en
matière de sécurité du fait que les Canadiens sont également une cible pour les
terroristes. Il a informé les délégués qu’un complot terroriste récemment
déjoué visait des vols d’Air Canada. Selon lui, les solutions proposées,
notamment les passeports biométriques, n’arrêteront pas les terroristes. Il
estime que la clé est de repérer les points de divergence et d’y travailler
jusqu’à être à l’aise à l’égard des lois de l’autre pays. Ce délégué prône la
coopération pour nous protéger des menaces venant de l’extérieur de l’Amérique
du Nord; il sera ensuite possible d’amincir la frontière du 49e parallèle.
Un délégué américain ne partage aucune
de ces deux positions. À son avis, à défaut de fixer une date précise pour la
mise en œuvre de l’IVHO, rien n’arriverait. Il a convenu que la frontière
canadienne représente une menace moindre que la frontière mexicaine, mais il a
dit estimer pratiquement impossible pour Washington de traiter les deux
frontières différemment parce que le caucus hispanique au Congrès américain
affirme qu’un traitement distinct soulèverait un problème racial. Le délégué a
déclaré important de se rappeler de cela et que compte tenu du nombre croissant
de terroristes nés aux États-Unis, les menaces n’ont pas toutes à traverser la
frontière et qu’on ne peut plus désormais se concentrer uniquement sur les
points d’entrée. Il s’est dit davantage préoccupé par ce qui se passe entre les
points d’entrée. Il a affirmé qu’il est possible de resserrer la sécurité
frontalière tant aux États-Unis que sur l’ensemble du continent et il a parlé
d’un exercice militaire auquel il a assisté, où la frontière canado-américaine
faisait l’objet d’une surveillance très efficace, notamment au moyen de
drones. À son avis, il est possible de conclure une entente efficace en matière
de sécurité frontalière.
Un délégué canadien a dit à ses
homologues américains que le Canada ne devrait pas être mis dans le même panier
que le Mexique. Il a ajouté que le problème de l’IVHO ne porte pas sur la
sécurité, mais que le processus affecte les économies des deux pays. Une
législatrice américaine a dit vouloir être favorable au Canada, mais que ce
dernier ne peut s’opposer aux États-Unis à ce sujet et qu’il est important
d’avoir une discussion réaliste et que si on se contente simplement de dire
qu’il n’y a pas de menace à la frontière nord, on perd alors de la crédibilité.
La déléguée a souligné l’importance de voir les lacunes et les failles de part
et d’autre et d’établir des normes afin de montrer que le Canada coopère dans
une mesure relativement plus considérable que le Mexique. Par la même occasion,
elle a déclaré que les Américains doivent mieux échanger l’information avec le
Canada. Elle a ajouté que les terroristes nés aux États-Unis ont le droit de
demander un passeport.
Un délégué américain a ajouté que les
deux pays devraient être prêts à modifier la situation et en mesure de le
faire. Un législateur canadien a suggéré de proposer un protocole qui
préciserait les mesures envisagées.
C. Passage frontalier
Detroit-Windsor
1. Contexte
Le Canada et les États-Unis
entretiennent l’une des plus grandes relations commerciales bilatérales au
monde et une proportion substantielle des ces échanges commerciaux ont lieu aux
quatre points du passage frontalier Windsor-Detroit, dont la capacité doit être
améliorée. Le pont Ambassador, un ouvrage de franchissement suspendu vieux de
80 ans appartenant à des intérêts privés, est le point le plus achalandé
du poste Windsor-Detroit et le passage frontalier le plus achalandé en Amérique
du Nord.
Les gouvernements du Canada et des
États-Unis ainsi que ceux des États américains et des provinces canadiennes
participent à un partenariat binational pour accroître la capacité de ce
passage frontalier. Dans le cadre de ce partenariat, on envisage diverses
possibilités visant l’ensemble du système de transport
frontalier – la traversée de la rivière, des esplanades d’inspection
et des voies d’accès – pour trouver une solution de bout en bout qui
répondra mieux aux besoins actuels et futurs tout en minimisant l’incidence sur
les collectivités avoisinantes et sur l’environnement. Outre l’examen de diverses
options pour un nouveau passage frontalier, le gouvernement du Canada collabore
avec ses partenaires binatoniaux pour élaborer un régime de gouvernance pour le
nouveau passage, qui prévoira un mécanisme de surveillance publique approprié.
L’entité chargée de la gouvernance sera uniquement responsable du pont et de
l’esplanade d’inspection.
Lors de l’édition 2007 du Sommet des
dirigeants nord-américains, les leaders politiques du Canada, des États-Unis et
du Mexique ont présenté le développement de l’infrastructure et de la capacité
frontalière dans la région Detroit-Windsor comme une priorité de haut niveau.
2. Discussion
Un délégué canadien qui représente une
circonscription frontalière a rappelé à ses collègues la résolution que le
Groupe interparlementaire Canada-États-Unis a adoptée l’an dernier et a demandé
l’appui des délégués cette année.
COOPÉRATION À LA LUTTE MONDIALE
CONTRE LE TERRORISME
A. L’Afghanistan et l’avenir
de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord: missions, coopération/frictions
et élargissement
1. Contexte
Le Canada et les États-Unis figurent au
nombre des membres fondateurs de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord
(OTAN), qui, suite aux attentats terroristes du 11 septembre 2001, a
invoqué pour la première fois les dispositions de défense collective de
l’article V du traité. Depuis 2001, la communauté internationale participe
en Afghanistan à des opérations militaires et à des activités de diverses
natures organisées sous l’égide des Nations Unies et qui visent à
renforcer le gouvernement élu de ce pays et à mater l’insurrection dirigée par
les talibans.
L’OTAN a pris la responsabilité de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan en 2003, et, en
2006, cette force était présente dans l’ensemble du pays. En mai 2008,
environ 47 000 soldats de 40 pays se trouvaient en Afghanistan à
titre de membres de la FIAS. Approximativement 20 000 autres soldats faisaient partie de l’opération distincte
Liberté immuable.
Les États-Unis continuent de consacrer
la plus grande partie de leur effectif militaire déployé à l’Irak, mais c’est
néanmoins eux qui fournissent le plus grand nombre de soldats en Afghanistan,
soit approximativement 35 000 hommes, dont 17 000 relèvent de la FIAS et 18 000 de l’opération Liberté immuable. Le Canada a déployé approximativement
2 500 militaires dans la province de Kandahar, dans le Sud de
l’Afghanistan; il s’agit de la plus grande opération militaire canadienne
depuis la guerre de Corée et, proportionnellement au nombre de soldats
déployés, les pertes de vie canadiennes sont les plus élevées parmi celles des
pays participant à la FIAS.
Le Canada et les États-Unis soutiennent
depuis longtemps que, pour mener à bien la mission de l’OTAN et pour partager
plus équitablement le fardeau que celle-ci représente, d’autres pays membres
devraient déployer davantage de soldats en Afghanistan et supprimer leur
opposition ou d’autres restrictions qui s’appliquent aux troupes déjà
déployées. Avant le sommet de l’OTAN, qui s’est tenu à Bucarest en
avril 2008, le gouvernement du Canada avait accepté la recommandation du
Groupe d'experts indépendant sur le rôle futur du Canada en Afghanistan,
également désigné comité Manley, qui recommandait que la mission militaire du
Canada en Afghanistan soit prolongée au-delà de 2009 uniquement si les alliés
fournissaient certains éléments d’équipement précis pour soutenir les
opérations et s’engageaient à envoyer des troupes additionnelles dans le Sud de
l’Afghanistan. Les États-Unis ont annoncé l’envoi de troupes supplémentaires ce
qui a satisfait à l’exigence en matière de troupes. Cet engagement a été rendu
possible grâce à la décision de la France de dépêcher des troupes
additionnelles dans l’Est de l’Afghanistan sous contrôle américain, permettant
ainsi le transfert des forces américaines.
Au sommet de Bucarest, les pays de
l’OTAN ont réitéré leur engagement à l’égard des objectifs de l’alliance
concernant l’Afghanistan, mais les partenaires européens demeurent préoccupés
en ce qui concerne la sécurité dans certaines régions, notamment au Kosovo et
en Bosnie. Le fait que peu d’alliés semblent disposés à déployer davantage de
soldats en Afghanistan ou à supprimer les restrictions qui s’appliquent à ces
troupes, demeure une source de tension.
2. Discussion
D’entrée de jeu, une déléguée
américaine a accueilli favorablement la coopération du Canada en Afghanistan et
elle s’est informée de la coopération entre les nations en matière de
renseignements de sécurité dans le cadre de l’effort mondial de lutte contre le
terrorisme. Pour ce qui est de l’Afghanistan, la déléguée a dit s’interroger
quant à l’avenir du rôle de l’OTAN. Un législateur canadien a répondu que
l’Afghanistan constitue un enjeu de taille pour le Canada. Il a affirmé que, à
son avis, comme le nombre de soldats de l’OTAN dans ce pays demeure trop
limité, cela nuit aux efforts de guerre et il faudrait vraiment intervenir avec
une position gagnante. Les délégués ont convenu qu’il faudrait réitérer la
résolution adoptée lors de la 48e réunion annuelle du GIP, qui
reconnaissait les sacrifices consentis par les Canadiens et les Américains en
Afghanistan, mais il ajouté qu’il faut souligner la faiblesse de la
participation de certains membres de l’OTAN.
Un délégué américain a confirmé que
certains membres de l’OTAN évitent les zones chaudes et il a notamment indiqué
que les forces allemandes n’intervenaient pas après le coucher du soleil. À son
avis, d’autres pays membres de l’OTAN devraient accepter d’affronter le feu des
balles. Il a toutefois ajouté que pour réussir, il faut se pencher sur la
culture du pavot et le trafic d’héroïne qui financement la rébellion. Le
délégué a dit qu’étant donné les pouvoirs considérables des provinces afghanes,
personne n’a jamais réussi à maîtriser l’Afghanistan. Selon ce délégué, nos
objectifs devraient être plus réalistes.
Une déléguée américaine qui a fait part
de sa déception à l’égard du président Karzaï a demandé comment il est
possible de s’attaquer au problème de l’héroïne. Un collègue a répondu qu’il
faut faire la vie à dure à ceux qui participent à cette industrie et leur
offrir des incitatifs pour qu’ils se tournent vers autre chose. Un délégué
américain, qui fait également partie de la délégation de son pays à l’Assemblée
parlementaire de l'OTAN, a recommandé que les délégués présentent toutes les
résolutions finales du GIP à la prochaine assemblée. Un délégué canadien a
convenu que l’objectif visé est d’amener les membres de l’OTAN à assumer leurs
responsabilités.
C. Efforts internationaux pour
cibler les réseaux de financement du terrorisme et la prolifération des armes
de destruction massive
Le Canada et les États-Unis font tous
deux partie du Groupe d'action financière sur le blanchiment de capitaux, ou
GAFI, un organisme intergouvernemental qui élabore et soutient des politiques
nationales et internationales pour combattre le blanchiment d'argent et le
financement d'activités terroristes. Le GAFI surveille les progrès réalisés par
les 34 pays qui en sont membres, en ce qui a trait à la mise en œuvre des
mesures nécessaires, il examine les techniques de blanchiment de capitaux et de
financement du terrorisme ainsi que les contre-mesures et il encourage
l'adoption et la mise en œuvre de mesures appropriées à cet égard. En 2004, les
représentants des pays membres du GAFI ont accepté de prolonger le mandat du
groupe jusqu'en 2012.
Le Canada a assumé la présidence du
GAFI de juillet 2006 à juin 2007 et, en juillet 2006, il est
devenu membre à part entière du Groupe Asie-Pacifique sur le blanchiment
d'argent (GAP). À l’heure actuelle, le Canada satisfait à sept des neuf
recommandations spéciales du GAFI portant sur le financement du terrorisme; il satisfera
à toutes les recommandations lorsque les nouvelles mesures réglementaires
entreront en vigueur en juin 2008.
Le Centre d'analyse des opérations et
déclarations financières du Canada (CANAFE) aide le Canada
à atteindre ses objectifs en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et
de financement anti-terroriste. Le CANAFE prépare des renseignements financiers
et collabore avec les organismes de sécurité intérieure, les institutions
financières, les entités déclarantes du secteur privé et les partenaires
internationaux.
Les délégués n’ont pas abordé la
question du blanchiment d’argent et du financement des activités terroristes.
EFFORTS SUR LE PLAN HUMANITAIRE
A. Contribution du Canada et des États-Unis
aux missions de maintien de la paix au Darfour, en Somalie et dans les Balkans
La contribution du Canada était
principalement axée sur l’appui aérien, par la location d’hélicoptères et
d’avions ainsi que le ravitaillement en essence. Le Canada a également prêté
plus de 100 véhicules blindés de transport de troupes et déployé des experts
sur le terrain. La contribution des États-Unis portait surtout sur le soutien
apporté au camp de la mission, notamment la construction et l’entretien de
toutes ses installations. Le Canada vient ainsi au deuxième rang des bailleurs
de fonds, après les États-Unis, pour ce qui de renforcer la capacité des pays
africains qui ont fourni des troupes dans le cadre de la mission ONU-UA au
Darfour.
AMISOM, soit la mission de l’Union
africaine en Somalie est l’opération de paix actuellement menée dans ce pays.
Le Canada ayant désigné le Soudan comme une région prioritaire, il ne fournit
pas de soutien financier à l’AMISOM. Les États-Unis traitent le Soudan et la Somalie comme des priorités et ils ont déjà fourni des programmes d’entraînement et du
soutien financier à ces pays.
Des observateurs militaires canadiens
ont commencé à se déployer dans la région en 1991. À l’heure actuelle,
huit membres des Forces canadiennes travaillent au quartier général de l’OTAN
(NHQSa), à Sarajevo. Le but principal du NHQSa est la réforme de la défense,
mais il assume également des tâches opérationnelles. De plus, le Canada assure
la rotation de trois policiers civils spécialisés chargés d’aider la Mission de police de l'UE à remplir son mandat.
Les délégués n’ont pas discuté de la
contribution des États-Unis et du Canada aux missions de maintien de la paix.
B. Promotion de réformes
démocratiques en Amérique latine et en Asie
Au Canada, dans le discours du Trône de
2007, le gouvernement a présenté quatre valeurs fondamentales qui doivent
guider la politique étrangère du Canada; l’une de ces valeurs est la
démocratie. L'aide du Canada à la démocratie vise à renforcer les systèmes
électoraux, les parlements, la société civile, les médias indépendants et les
partis politiques, qui sont des éléments grâce auxquels les citoyens peuvent
influer sur les décisions qui ont des répercussions dans leur vie. Un
certain nombre d'organisations canadiennes ont acquis une expérience
considérable à l'égard de certains aspects de la gouvernance démocratique; le
Canada a acquis une expertise dans l'assistance au processus électoral et la
surveillance des élections. Le Canada soutient les efforts déployés par l'Organisation
des États américains pour aider les États à mettre en œuvre les principes
démocratiques dans les Amériques.
Les délégués n’ont pas abordé la
question des réformes démocratiques en Amérique latine, en Afrique et en Asie.
SÉANCE PLÉNIAIRE DE FERMETURE
Lors de la séance de clôture, les
représentants de chaque comité ont présenté un sommaire des discussions qui ont
eu lieu lors des séances de leur comité et l’ensemble des délégués ont discuté
des projets de résolutions préparés par chacun des comités. Suite à ces
discussions, les délégués se sont entendus sur les 13 résolutions que voici:
1. CADRE ÉNERGÉTIQUE NORD AMÉRICAIN
Les membres du Groupe
interparlementaire Canada-États-Unis exhortent les gouvernements des États-Unis
et du Canada à établir un cadre énergétique nord-américain centré sur
l’investissement commun dans les sources d’énergie de remplacement et la
technologie, de même que les projets pilotes; une meilleure coopération en ce
qui a trait aux projets existants relatifs à l’énergie; et l’exploitation sûre
et efficace des ressources énergétiques naturelles. Les délégués ont aussi
recommandé que les gouvernements du Canada et des États-Unis examinent la
répercussion de la spéculation dans le secteur de l’énergie et le besoin
éventuel d’une augmentation des mécanismes de surveillance.
2. CHANGEMENT CLIMATIQUE
La réduction des émissions de gaz à
effet de serre en Amérique du Nord afin de lutter contre les effets des
changements climatiques mondiaux constitue une priorité urgente. Reconnaissant
la politique dynamique et les enjeux technologiques, les délégués recommandent
le partage global des connaissances et des expériences obtenues dans le cadre
d’initiatives écologiques prises à l’échelle fédérale, étatique, provinciale ou
territoriale et locale, aux États-Unis et au Canada. Les délégués soulignent
aussi le besoin d’entreprendre des recherches supplémentaires en matière
d’adaptation aux répercussions locales relatives aux changements climatiques et
de maintenir notre engagement avec les autres nations au moment où elles
conçoivent leurs stratégies d’adaptation et de réduction des impacts sur le
climat.
3. COOPÉRATION DANS L’ARCTIQUE
Afin de répondre aux défis et aux
possibilités qui se présentent dans la région arctique, le GIP Canada-États-Unis
recommande que les gouvernements du Canada et des États-Unis élaborent une
stratégie commune pour traiter des questions communes liées à la sécurité, au
commerce, aux préoccupations environnementales et à la culture ainsi qu’aux
revendications territoriales des autres nations.
4. RESSOURCES HYDRIQUES DES GRANDS
LACS
On a fait du progrès dans le but
d’améliorer la qualité de l’eau des Grands Lacs, mais les délégués recommandent
de créer une entité chargée de coordonner les multiples organismes
gouvernementaux qui évaluent actuellement la réapparition d’une zone morte dans
le bassin central du lac Érié et la prolifération d’algues nuisibles dans le
lac Ontario, le lac de l’Ours, le lac Muskegon et la baie de Saginaw, au
Michigan. Les délégués favorisent la coopération entre les gouvernements
américain et canadien à l’égard de cette initiative. Ils recommandent également
d’accélérer l’étude de la Commission mixte internationale (CMI) sur
l’augmentation des débits de la rivière Sainte-Claire, situation qu’on croit responsable d’érosion et de pertes en eau.
5. COMMERCE
Le GIP Canada-États-Unis recommande que
nos gouvernements continuent de soutenir le libre-échange réciproque entre nos
pays (entre autres en matière d’énergie), notamment avec l’Union européenne et
à l’Organisation mondiale du commerce.
De plus, nos gouvernements devraient
continuer de soutenir les secteurs bilatéraux intégrés et les chaînes
d’approvisionnement qui permettent à nos entreprises de faire concurrence en
particulier aux pays à faible prix de revient et à bas salaires.
Les efforts consentis par nos
gouvernements dans ces domaines auront des répercussions plus importantes si
une attention suffisante est aussi portée à la cogestion de notre frontière
commune, aux mesures d’ajustement structurel qui sont nécessaires et aux
conséquences imprévues des accords commerciaux.
Enfin, nos gouvernements devraient, en
priorité, entreprendre des études bilatérales dans deux domaines en
particulier, soit le commerce des produits automobiles (véhicules et pièces
compris) fabriqués à l’extérieur de l’Amérique du Nord, en accordant une
attention particulière aux barrières non tarifaires qui bloquent l’accès aux
marchés extérieurs, d’une part, et les produits d’acier importés en Amérique du
Nord par des pays à faible prix de revient et à bas salaires qui n’imposent pas
de normes environnementales et d’exigences règlementaires suffisantes, d’autre
part.
6. DROITS DE PROPRIÉTÉ
INTELLECTUELLE
Le GIP Canada-États-Unis recommande que
le gouvernement canadien – qui devrait être félicité pour avoir adopté le
projet de loi C-59 au sujet de l’enregistrement de films dans les cinémas –
confirme son engagement à l’égard des traités de l’Organisation mondiale de la
propriété intellectuelle qui ont été signés, mais qui n’ont pas encore été
ratifiés.
7. SÉCURITÉ DES PRODUITS DE CONSOMMATION
Le GIP Canada-États-Unis recommande que
nos gouvernements élaborent une approche harmonisée à l’égard de la sécurité
des produits de consommation sur le marché nord-américain, en accordant une
attention particulière aux pratiques d’application et de sécurité utilisées
dans les pays à faible prix de revient et à bas salaires – en particulier la Chine – qui constituent la source d’un éventail de biens qui entrent dans nos pays.
8. MARCHÉS FINANCIERS
Le GIP Canada-États-Unis recommande que
nos gouvernements prennent des mesures pour assurer une meilleure compréhension
des circonstances responsables de la crise actuelle du marché du crédit dans
les deux pays.
En outre, il faut prendre en
considération les changements règlementaires et les modifications législatives
nécessaires à une plus grande transparence et à une responsabilité accrue à
l’égard des mesures fédérales, pour faire en sorte que les marchés financiers
aient la vigueur nécessaire pour assurer la prospérité des deux pays.
9. AFGHANISTAN
Les délégués expriment de nouveau leur
reconnaissance en ce qui a trait à l’énorme sacrifice des Canadiens et des
Américains qui servent en Afghanistan. Lors du sommet de Bucarest qui s’est
tenu en avril 2008, les pays membres de l’Organisation du Traité de
l’Atlantique Nord (OTAN) se sont engagés à augmenter la coordination et à
mettre l’accent mis sur la reconstruction de l’Afghanistan ainsi que sur la
gouvernance de ce pays. La délégation demande aux pays européens membres de
l’OTAN de retirer leurs notifications d’opposition et d’assumer toutes leurs
responsabilités, à défaut de quoi, il faudra revoir l’avenir de l’OTAN.
10. INITIATIVE RELATIFE AUX VOYAGES
DANS L’HÉMISPHÈRE OCCIDENTAL (IVHO)
Les délégués recommandent que les
gouvernements du Canada et des États-Unis renforcent leur coopération pour
améliorer la sécurité des deux pays et la fluidité de la frontière commune en
faisant une utilisation accrue de la technologie et en mettant davantage
l’accent sur les points d’entrée externes. De plus, ils doivent faire davantage
pour échanger des renseignements et des politiques et établir un protocole afin
de minimiser les changements unilatéraux. La mise en œuvre d’un programme de
gestion de la frontière commune, prévoyant un effectif et une infrastructure
physique suffisants doit constituer une priorité pour les deux pays. Le bon
sens et les considérations de sécurité devraient guider les procédures de
passage de la frontière; par exemple, les cartes-passeports devraient être
valides pour les voyages aériens entre le Canada et les États-Unis, en
particulier à la lumière du fait que la carte NEXUS est permise en tant que solution de rechange au passeport pour les voyages aériens entre nos deux pays.
11. PASSAGES FRONTALIERS
DETROIT-WINDSOR
Le GIP Canada-États-Unis reconnaît le
besoin d’avoir un passage frontalier à Détroit-Windsor qui soit propriété de
l’État et administré par celui-ci, pour des raisons économiques et de sécurité,
et il insiste pour que l’occasion soit saisie de créer un passage frontalier modèle
qui réponde aux objectifs de sécurité sans compromettre les échanges
économiques. Les délégués reconnaissent qu’il faut se pencher sur certains
conflits locaux et les régler.
12. CONTREBANDE DU TABAC
Les gouvernements fédéraux du Canada et
des États-Unis devraient collaborer davantage pour lutter contre le grave
problème de la contrebande du tabac et d’autres marchandises entre les deux
pays. Les gouvernements des États, des provinces et des territoires ainsi que
les gouvernements des Premières nations en cause devraient collaborer, se
tourner vers les équipes intégrées de la police des frontières (EIPF)
existantes et chercher également d’autres solutions. D’ici six mois, il
faudrait présenter aux assemblées législatives nationales un rapport portant
sur les efforts déployés à cet égard.
13. SÉCURITÉ AÉRIENNE DANS LA RÉGION DU NORD-OUEST DU PACIFIQUE
Les délégués croient qu’il est
essentiel d’améliorer les renseignements communiqués concernant les voyages
aériens dans la région du Nord-Ouest du Pacifique. Afin de mieux assurer la
sécurité lors des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver ainsi que de contrôler
les activités transfrontalières illicites dans cette région, les organismes mis
en cause au Canada et aux États-Unis devraient rapidement élaborer une
politique en matière d’échange de renseignements concernant les voyages
aériens, y compris les directives en ce qui a trait aux aéronefs volant à une
altitude inférieure à 5 000 pieds. Cette politique devrait tenir compte de la sécurité et de la protection des renseignements dans les deux pays.
Respectueusement
soumis,
L’honorable Jerahmiel Grafstein, sénateur
Coprésident
Groupe interparlementaire Canada-États-Unis
Dean Del Mastro, député
Coprésident par intérim
Groupe interparlementaire Canada-États-Unis