La Section canadienne de l’Association
parlementaire du Commonwealth était représentée par l’honorable John McKay,
c.p., député et M. Bob Mills, député au Colloque parlementaire de la section du
Royaume-Uni de l’APC sur les changements climatiques tenu à Londres,
Royaume-Uni, du 26 au 30 novembre 2007, et a l'honneur de présenter son
Nous sommes arrivés à Londres le lundi
26 novembre, après avoir pris un vol de nuit en provenance du Canada. Les
représentants de la section britannique de l’Association parlementaire du
Commonwealth (APC, section du Royaume‑Uni) sont venus nous chercher à
l’aéroport Heathrow, puis nous ont escortés jusqu’à notre hôtel.
En soirée, nous avons assisté à une
réception où nous avons eu l’occasion de rencontrer les délégués des autres
pays du Commonwealth participant à la conférence, en plus des représentants de
quelques nations qui ne sont pas membres du Commonwealth. Le premier ministre
britannique, Gordon Brown, accompagné des Présidents de la Chambre des communes
britannique et de la Chambre des lords, a souhaité la bienvenue aux délégués.
Au cours des trois jours suivants, nous
avons observé un sentiment omniprésent chez nos collègues : la nette
volonté de prendre de toute urgence des mesures pour lutter contre les
changements climatiques. D’après ce que nous avons observé, la très grande
majorité des délégués présents à la conférence considéraient que la Conférence
des Parties de Bali ne marquerait que le début de négociations inévitablement
intenses et souvent litigieuses sur la nature de l’approche mondiale post-Kyoto
(après 2012) pour faire face aux changements climatiques. Les délégués ont
également exprimé l’espoir que les négociations permettent d’en arriver à un
consensus unanime entre tous les participants lors de la réunion de Copenhague
en 2009.
Pratiquement tous les intervenants
présents à la conférence étaient d’avis que les changements climatiques
constituaient une menace réelle et existentielle pour notre survie en tant
qu’espèce.
Même si tous les intervenants
s’entendaient pour dire que nous devons poursuivre nos efforts en vue de
réduire le plus possible les effets néfastes des changements climatiques sur
notre environnement commun, les délégués du Commonwealth ont souligné qu’il
faudrait également accorder de l’importance à la sensibilisation de la population. Malheureusement, comme certains des effets de ce phénomène sont irréversibles, il
est donc absolument nécessaire de s’adapter.
Une autre question soulevée lors de la
conférence était que, même si toutes les nations subiront les contrecoups des
changements climatiques, ce seront les régions les plus pauvres du monde qui
seront très certainement les plus gravement touchées. C’est d’autant plus
regrettable qu’il s’agit également des pays qui, en raison de leur extrême
pauvreté, sont les moins en mesure d’affronter les défis associés aux
changements climatiques.
Bon nombre de participants africains
étaient particulièrement préoccupés par la possibilité réelle que les
changements climatiques entraînent une migration massive des pays en
développement vers les pays développés, ce qui aurait des conséquences
sociales, politiques et économiques dramatiques pour tous.
Une autre question qui préoccupait les
Africains présents à la conférence était que le développement économique qu’ils
attendent depuis longtemps, et qui en est encore à ses premiers balbutiements
dans plusieurs pays, serait interrompu si l’entente post-Kyoto leur imposait la
même réglementation sévère des émissions que celle imposée aux pays occidentaux.
Ils nous ont indiqué qu’étant donné que
les pays développés avaient déjà tiré des avantages du développement
économique, tout en étant par le fait même responsable de la majeure partie des
changements climatiques, il allait de soi qu’ils devraient maintenant porter la
majeure partie du fardeau de la réduction de ses répercussions. Ils ont ajouté
qu’il serait tout à fait injuste d’avoir les mêmes attentes à l’égard des
nations dont les économies commencent tout juste à se développer. Il est raisonnable
d’indiquer que tous les participants à la conférence ont convenu que les
changements climatiques ont frappé beaucoup plus durement les pays les plus
pauvres, et que cette situation se poursuivra. Autrement dit, les pays en
développement ne doivent pas commettre les erreurs que les pays occidentaux ont
commises pendant qu’ils développaient leurs économies au cours des ères
précédentes.
Contrairement à ce dont nous
attendions, les représentants de certaines nations ne semblaient pas du tout
convaincus que les nouvelles technologies permettraient de réduire
considérablement la détérioration future de l’environnement mondial. Des
représentants provenant surtout de pays en développement ont indiqué que le
fait que les téléphones cellulaires, les satellites et les autres technologies
de communications sans fil aient rapidement devancé les anciens instruments de
communication conventionnels montrait bien que, si on appliquait cette force
pour contrer la dégradation de l’environnement, elle permettrait aux pays les
plus pauvres de lutter contre les changements climatiques.
Les grandes divergences d’opinion entre
les participants quant à leurs perceptions respectives de l’approche la plus
appropriée pour lutter contre les changements climatiques étaient très claires :
les délégués des pays industrialisés considéraient que la technologie était la
meilleure arme, tandis que les délégués des pays en développement misaient
plutôt sur une approche moins axée sur la technologie. Par exemple, les délégués canadiens, britanniques et australiens vantaient les
mérites des nouvelles technologies comme la séquestration du carbone, les
sources d'énergie de remplacement, le charbon épuré, etc., tandis que des
délégués des pays en développement croyaient qu’une approche spirituelle
pourrait avoir un certain effet dans la lutte contre les changements
climatiques.
Cet exemple frappant montre à quel
point il sera difficile de trouver un terrain d’entente chez des représentants
provenant de pays aussi différents. Il souligne également à quel point il est
important que les pays du G-8 plus 5, qui génèrent 70 % des émissions
mondiales, prennent l’initiative de trouver des solutions pour faire face à
cette menace imminente et bien réelle. De plus, il faudra bien expliquer aux
régions en développement comment ces solutions seront bénéfiques pour
l’environnement, sans toutefois nuire à leur croissance économique, qui reste
fragile.
Rapports sur les séances
Séance d’ouverture
Pendant la première séance à laquelle
nous avons participé, le GIEC nous a présenté un rapport à jour (le quatrième).
L’expert scientifique en chef du Royaume-Uni, M. David King, a
souligné qu’il nous fallait gérer les risques et élaborer un plan de lutte
contre les changements climatiques pour chaque pays. L’été dernier, le
Royaume-Uni a démontré qu’il fallait tenir compte des particularités des
conditions climatiques propres à chaque pays, parce qu’il a été aux prises avec
presque deux mois de sécheresse, immédiatement suivis d’importantes
inondations. En raison de situations comme celle-là, le Royaume-Uni dépense
environ 700 millions de livres (1,5 milliard de dollars
canadiens) par année pour contenir les inondations et réparer les dommages
qu’elles provoquent.
M. King nous a également informé
qu’au fur et à mesure que des quantités massives de carbone naturellement
séquestrées seront relâchées dans l’atmosphère, les conditions extrêmes ne
feront que s’exacerber : les régions du monde qui sont déjà arides
deviendront encore plus sèches et les zones qui sont déjà très humides le
deviendront encore davantage. Pour renforcer l’idée qu’il est possible de
réaliser des progrès lorsque la volonté politique de prendre des mesures
décisives existe, M. King a donné l’exemple de l’interdiction d’utiliser
des chlorofluorocarbones au cours des dernières décennies, qui a permis de
restaurer une partie de la couche d’ozone, et de la généralisation des
convertisseurs catalytiques chez les fabricants d’automobiles, qui a permis de
réduire les émissions toxiques générées par les voitures.
Il nous a toutefois rappelé que toute
la communauté internationale avait plus ou moins perdu une décennie au cours de
laquelle des progrès plus importants auraient pu être réalisés (depuis la
ratification du protocole de Kyoto). Sir David King a également souligné
que chaque pays a l’obligation morale de trouver des manières de réduire ses
émissions de carbone, de se tourner vers des solutions de remplacement à
faibles émissions de carbone et des stratégies de conservation, et d’opter pour
de nouvelles technologies dans le cadre de la campagne mondiale visant à
contenir la dégradation de notre environnement. D’un autre côté, le
développement doit également être durable, et dans un marché libre, il faut
fixer le prix du carbone de façon réaliste.
Le professeur King a présenté une liste
de quatre critères précis qui devraient être intégrés à l’entente sur les
changements climatiques qui suivra le Protocole de Kyoto :
1. Il faut trouver un niveau de
stabilisation qui fait l’unanimité.
2. Une cible et un échéancier clairs
pour chaque pays.
3. Un système d'échange de droits
d'émission de carbone qui est pleinement intégré à l’économie mondiale.
4. Le transfert en douceur des
technologies et des stratégies d’adaptation des pays économiquement avancés aux
pays moins développés.
Séance 2
Le point de vue du Royaume-Uni sur les changements climatiques
Au Royaume-Uni, la validité des données
scientifiques qui sous-tendent la théorie sur les changements climatiques n’est
plus contestée. Il s’agit maintenant d’une vérité largement acceptée, tant dans
le milieu politique que dans les milieux scientifique et universitaire. La
seule question qui ne fait pas encore l’unanimité : les cibles de
réduction des émissions qui sont nécessaires.
Le consensus britannique semble être que
ne rien faire pour lutter contre les changements climatiques sera beaucoup plus
coûteux à long terme que de prendre toutes les mesures qui s’imposent
maintenant pour éviter que la situation ne s’aggrave. Essentiellement, le choix
entre le développement économique et la protection de l’environnement — le
point de vue qui prédomine dans bon nombre de pays en développement et de pays
développés — est vu comme une fausse dichotomie par les Britanniques.
Le gouvernement britannique a établi un
plan ambitieux selon lequel il est possible de conjuguer développement
économique et faible croissance des émissions de carbone, sans que l’un ne soit
compromis en faveur de l’autre. L’histoire récente semble justifier leur
confiance puisqu’au cours de la dernière décennie, l’économie britannique a
connu une croissance considérable, mais elle a tout de même réussi à réduire
ses émissions de carbone. Même si la position britannique a été contestée par
certains délégués, le Royaume-Uni est décidé à dresser un bilan du carbone et à
adopter des lois sévères sur les émissions de carbone.
Une autre question soulevée par des
délégués de pays en développement était la possibilité d’instaurer un mécanisme
fondé sur le marché pour dédommager les nations qui acceptent d’arrêter de pratiquer
la déforestation dans les régions tropicales. Selon certaines estimations,
environ 18 % de toutes les émissions de CO2 sont attribuables à la
déforestation dans les régions tropicales et subtropicales. Le président de la
Guyane, qui a assisté à la conférence de l’APC au Royaume-Uni, s’est montré
réceptif face à cette idée, à condition qu’un mécanisme compensatoire fiable
soit mis en place.
Séance 3
Comme nous l’avons indiqué au début du
présent rapport, les conséquences des changements climatiques seront
effrayantes pour tous les pays, mais les défis que devront relever les pays en
développement seront plus imposants que ceux que devront relever les pays
développés, plus riches. Par exemple, ce sont les États qui se trouvent dans
des basses terres insulaires et des deltas qui sont le plus menacés par
l’élévation du niveau de la mer — États qui sont surtout situés dans les
Caraïbes, en Afrique, en Asie du Sud et dans le Pacifique Sud — toutes des
régions relativement sous-développées. De fait, on estime qu’avec l’élévation
du niveau de la mer, certaines îles pourraient disparaître complètement. Un
État comme le Bangladesh, qui se trouve en grande partie dans un delta,
pourrait perdre jusqu’à 17 % de sa masse terrestre actuelle.
Le Brésil, en particulier, est un
exemple intéressant qui démontre qu’il est important de transférer les
technologies appropriées pour aider les pays dont l’économie évolue rapidement
afin qu’ils s’adaptent aux mesures restrictives mises en place pour lutter
contre les changements climatiques. En effet, ce pays produit actuellement
46 % de son énergie à partir de sources renouvelables, principalement des
biocarburants.
Séance 4
Un autre thème dominant qui est
ressorti de cette conférence est que le monde atteindra bientôt un point de
non-retour en ce qui concerne les changements climatiques, et que si la
communauté internationale n’arrive pas au moins à stopper les changements
climatiques, ces derniers auront de graves conséquences pour l’humanité, et ce,
à plusieurs niveaux : l’économie, la sécurité et la pauvreté.
Ironiquement, même si l’efficacité
énergétique s’est améliorée au cours des dernières années, les pressions
exercées sur l’approvisionnement énergétique mondial par les économies en
pleine croissance (particulièrement la Chine et l’Inde) ont pratiquement annulé
les bienfaits environnementaux qui pourraient avoir résulté des améliorations
technologiques.
Tous les participants à la conférence
s’entendaient pour dire que le « maintien du statu quo » ne suffit
plus, et qu’à moins que des mesures radicales ne soient adoptées et mises en
œuvre par tous les grands émetteurs du monde, une catastrophe environnementale
nous guette. En fait, les changements climatiques que nous commençons tout
juste à observer aujourd’hui ont été causés par des changements atmosphériques
qui se sont produits il y a dix ans ou plus. La plupart des experts qui ont
pris la parole pendant la conférence ont convenu que nous disposons d’un délai
de grâce de tout au plus 15 à 20 ans pour prendre les mesures
nécessaires et ainsi éviter ce scénario catastrophique imminent.
Les énergies de remplacement —
nucléaire, éolienne, marémotrice, solaire, etc. — doivent toutes être des
éléments essentiels de notre arsenal collectif pour lutter contre les
changements climatiques; faute de quoi, des « changements climatiques
brusques et irréversibles » se produiront inévitablement.
Comme il fallait s’y attendre, de
nombreux délégués ont blâmé et condamné les États-Unis dans le dossier des
changements climatiques. Toutefois, on a également noté que les États-Unis ont
récemment changé leur discours officiel, qui est passé de « changements
climatiques dangereux » à « changements climatiques brusques et
irréversibles ». De nombreux délégués ont également convenu qu’au niveau infranational,
les États-Unis ont déployé plus d’efforts que beaucoup d’autres pays développés
pour réduire leurs émissions.
Les présentateurs ont cité les exemples
suivants – la fonte du pergélisol et la libération de dangereuses quantités de
méthane qui en a résulté, l’érosion de la calotte polaire, et l’assèchement des
forêts tropicales humides de l'Amazone – et ont indiqué qu’il s’agissait de
signes avant-coureurs de ce que l’avenir nous réserve, ni plus ni moins que les
« canaris de la mine de charbon », si nous ne prenons pas
immédiatement des mesures radicales.
Lors de la conférence, on a également
souligné que 80 % des gaz à effet de serre (GES) sont attribuables à
l’augmentation de nos besoins énergétiques. Actuellement, les GES qui se
trouvent dans l’atmosphère proviennent principalement des pays développés, mais
à l’avenir, une proportion de plus en plus importante des GES proviendra des
pays en développement. À l’heure actuelle, les États-Unis génèrent 25 %
des émissions totales de GES; la Chine, 25 %; l’Union européenne,
23 %; l’Inde, 19 %; et le reste du monde n’en produit que 18 %. Au
fur et à mesure que l’économie chinoise continuera de se développer, on
s’attend à ce que les émissions de ce pays, ajoutées à celles des États-Unis,
représente environ 50 % des émissions mondiales de GES. La dernière
question abordée pendant cette séance était qu’il existe actuellement des
Séance 5
Gérer les impacts : le rôle des législateurs
a) Niveau international (après
Kyoto)
En s’attaquant au problème dès
maintenant, on réduirait de beaucoup les coûts qu’il faudra payer plus tard.
Cependant, le succès de cette entreprise dépend en grande partie des
États-Unis, de la Chine et de l’Inde.
Il faudrait également en arriver à un
consensus établissant que l’augmentation de la température terrestre ne peut
pas dépasser deux degrés Celsius, et que nous ne pouvons permettre qu’il y ait
plus de 450 parties par million (P.P.M) de GES dans l’atmosphère. Pour
cela, il faudrait réduire les GES de 80 % d’ici 2050.
On estime que pour faire ce qui doit
être fait dans ce dossier, il faudrait débourser 1 % du PIB mondial, mais
que si on ne le fait pas, il faudra alors débourser de 5 à 20 % du PIB
mondial.
On prévoit également que l’augmentation
du coût des aliments sera comparable à l’augmentation des coûts énergétiques,
puisque le monde se tournera vers la biomasse pour produire de l’énergie. Il
faudra aussi éliminer les subventions pour les combustibles fossiles, qui sont
évalués à une somme variant entre 170 et 200 milliards de dollars par année.
Le défi que nous devons relever est
donc d’être en mesure de prospérer dans une économie plus équitable axée sur
l'émission de faibles quantités de carbone, où l’eau sera relativement rare, où
le pétrole sera plus limité qu’il ne l’est aujourd’hui, et où nous consommerons
l’énergie de manière hyperefficace, dans un système fermé.
Séance 6
La situation régionale
Encore une fois, la question
déterminante était un sentiment d’urgence. La Chine, en particulier, est le
pays qui devra relever les plus grands défis suite à l’abandon du
« scénario du statu quo ». Dans ce pays, l’industrialisation rapide
et la course à la prospérité ont peut-être été profitables pour
300 millions de Chinois; toutefois, si l’économie maintient son rythme
actuel, on s’attend à ce que d’ici 10 ans, 200 millions de Chinois
supplémentaires migrent vers les villes et deviennent plus prospères.
Comme il faudra trouver un compromis
entre la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles à l’échelle internationale
et l’envie irrépressible des Chinois de profiter d’une prospérité économique
toujours plus grande, si nous n’arrivons pas à convaincre absolument les
Chinois qu’ils doivent accepter d’opter pour une économie axée sur l'émission
de faibles quantités de carbone, cette initiative s’avérera inefficace.
Les États-Unis doivent changer leur
approche au niveau fédéral. Cependant, au niveau des États, on a observé
plusieurs signes encourageants, particulièrement en Californie au cours des
dernières années. Les faibles émissions de carbone doivent être placées au
centre de l’infrastructure économique étasunienne, tout en apaisant
l’inquiétude collective des Américains qui croient qu’en agissant de la sorte,
le pays perdra de nombreux emplois au profit de la Chine.
L’Union européenne, quant à elle, a
accepté la cible d’augmentation de température ne dépassant pas deux degrés
Celsius et s’est engagée à ratifier une entente internationale ayant force
obligatoire en vue de réduire les émissions sur le continent de 30 % d’ici
2020. Toutefois, si cette entente ne se concrétise pas, les émissions ne seront
réduites que de 20 % à cette date. L’Union européenne prévoit atteindre
cette cible en réalisant des gains de 20 % en utilisant l’énergie plus
efficacement, de 20 % à l’aide de sources d’énergie renouvelables, et de
10 % à l’aide de sources d’énergie de remplacement.
Le mouvement en faveur d’une économie à
faibles émissions de carbone prend de l’ampleur aux États-Unis. Comme c’est
souvent le cas dans d’autres secteurs, la Californie prend les devants. De
fait, elle a investi trois milliards de dollars dans des projets d’énergie
verte faisant appel à toute une gamme de technologies. D’ici 2012, cet État
souhaite instaurer un mécanisme « de plafonds et d'échange de crédits».
Une panoplie de solutions novatrices sont présentées et celles qui connaissent
du succès sont mises en œuvre à l’échelle de l’État. Comme le veut le dicton
californien : « Les gagnants vont au marché, les perdants vont à
Washington. »
Séance 7
Le défi des producteurs d’énergie
Voici le dilemme auquel sont confrontés
les fournisseurs d’énergie de partout dans le monde : le genre humain veut
plus d’énergie, mais il doit consommer l’énergie dont il dispose beaucoup plus
efficacement que par le passé parce que l’atmosphère ne peut soutenir une
qualité de vie acceptable sans que les émissions de carbone ne diminuent
considérablement dans un avenir immédiat.
Les forces qui sous-tendent ce
processus sont la croissance économique et démographique. Bref, nous devons
doubler la quantité d’énergie dont nous disposons tout en réduisant les
émissions de carbone de 50 %. Pour espérer réaliser cet exploit, il faut
mettre en place un incitatif économique efficace. Il faut fixer le prix du
carbone à l’aide d’un système mondial d'échange de droits d'émission. Il faut
également investir dans la recherche et le développement pour trouver de
nouvelles sources d’énergie, et uniformiser les normes et règlements sur les
émissions partout dans le monde.
Le défi est donc de retirer le carbone
des combustibles fossiles, parce que si vous ne vous trouvez pas à la table des
solutions, vous ne serez pas au menu. La technologie de la séquestration du
carbone est prête à être appliquée sur une grande échelle, et on estime qu’à elle
seule, elle permettrait de réduire les émissions de 20 %.
Paradoxalement, le milieu des affaires,
à l’échelle internationale, voit les changements climatiques à la fois comme un
risque commercial et comme une occasion d’affaires. Pour de nombreuses entreprises,
il y a un risque économique associé au respect de nouvelles lignes directrices
plus strictes sur les émissions. Toutefois, aux yeux des clients et des
employés potentiels, la réputation de l’entreprise risque d’être entachée si
l’entreprise ne semble pas se soucier de l’environnement. De nos jours, de plus
en plus d’employés hautement qualifiés exigent que les produits et pratiques de
l’entreprise pour laquelle ils travaillent soient plus respectueux de
l’environnement.
Séance 8
Le rôle des autres intervenants
a) Le rôle des médias – Nous n’arriverons pas à nos fins en effrayant les citoyens pour
qu’ils adoptent un comportement plus écologique. Les médias ont du mal à
expliquer correctement le dossier des changements climatiques en raison de sa
complexité, mais également parce qu’ils ont tendance à se concentrer sur ce qui
est simple, visible et immédiat. Les médias et le public aiment avoir des
certitudes. Cependant, les GES ne renferment pas vraiment de certitudes parce
qu’ils ne sont pas visibles, parce que la science qui les sous-tend n’est pas
toujours précise, et parce que leurs effets semblent souvent projetés très loin
dans l’avenir.
Les gouvernements et les organisations
non gouvernementales (ONG) doivent encourager les gens à apporter des
changements majeurs à leurs modes de vie, dont certains pourraient s’avérer
très pénibles, et ce, sans qu’il n’y ait de garantie de succès. Les suggestions
présentées pour ce faire comprenaient un mode de vie plus local et une moins
grande dépendance aux modes de transport à base de carbone. D’autres
suggestions étaient d’encourager ce qui fonctionne et de déconseiller ce qui ne
fonctionne pas, et de taxer les bonnes choses, et non pas les mauvaises.
b) Les énergies de remplacement – Pendant cette séance, nous avons eu une discussion très large sur
les solutions de remplacement qui permettraient de réduire l’utilisation des
combustibles fossiles, de même que sur l’importance des nouvelles technologies
comme la capture et le stockage de CO2 (séquestration). Le principal
thème de cette partie de la discussion était qu’il n’existe aucune
« solution magique » pour réparer les dommages qui ont déjà été
causés, mais que pour réussir, toute approche devra comprendre une combinaison
convenable de différentes technologies, pratiques et stratégies.
c) Le rôle des organisations non
gouvernementales (ONG) - La Fédération mondiale de
la faune, par exemple, est une ONG qui compte plus de cinq millions de membres
à l’échelle de la planète. De telles organisations permettent de lutter contre
les changements climatiques parce qu’elles comptent dans leurs rangs des
personnes très motivées. Malheureusement, les ONG ne peuvent tout faire
elles-mêmes. Par conséquent, la meilleure approche à adopter serait de mise sur
les efforts et l’énergie des ONG et de les conjuguer à la capacité
organisationnelle et opérationnelle des gouvernements.
Séance 9
Gagnants du prix Ashden pour le développement durable
Pendant cette séance, un certain nombre
de projets ont été présentés aux délégués. Il s’agissait de solutions
novatrices pour lutter contre les changements climatiques dans les pays en
développement. Les présentations portaient sur des projets dans les trois pays
suivants :
1) Bangladesh
: Des bateaux scolaires qui fonctionnent à l’énergie solaire et qui desservent
des élèves situés en aval et en amont de rivières, et qui n’auraient pas accès
à l’éducation autrement.
2) Tanzanie
: Utilisation de la biomasse pour produire des briques réfractaires et
construire des maisons beaucoup plus durables.
3) Philippines
: Construction de simples pompes à piston plongeur pour déplacer l’eau
grandement nécessaire, tant pour la consommation que pour l’agriculture.
Séance 10
La prochaine génération
Pendant la dernière séance, on a présenté
un certain nombre d’autres initiatives. On a ainsi décrit un projet scolaire
mis sur pied à Manchester, en Angleterre, où des étudiants jouent un rôle actif
dans l’inspection du bâtiment scolaire et des alentours, en tentant de
déterminer où il serait possible de réaliser des économies d’énergie.
Dans cette école, les étudiants ont
rempli une fonction éducative en sensibilisant leurs camarades de classe, leurs
enseignants et leurs parents à la question environnementale, tout en favorisant
un « virage écologique » dans leur environnement scolaire.
Pendant la séance finale, on a discuté
d’un autre programme baptisé « Sandwatch », qui vise à aider les pays
insulaires à surveiller leurs plages pour déceler des signes d’érosion.
Les présentateurs ont ensuite encouragé
toutes les personnes présentes à consulter le site Web
http://www.ashdenawards.org/finalists_UK_2007, où ils trouveront des vidéos
montrant comment différentes entreprises, institutions publiques et écoles du
Royaume-Uni ont intégré des programmes écologiques à leurs cultures
organisationnelles et activités quotidiennes.
La récapitulation prévoyait la
préparation d’un communiqué final, de même qu’un exposé de M. Malloch-Brown,
qui nous a avertis de ne pas entretenir trop d’espoirs face à la Conférence des
Nations Unies sur les changements climatiques qui se tiendra à Bali, en
Indonésie, parce qu’elle ne marquera que le début de négociations qui seront
inévitablement longues, ardues et très probablement litigieuses, et qui nous
mèneront à la réunion de Copenhague en 2009.
Respectueusement soumis,
M. Russ Hiebert, député,
président,
Section canadienne
de l’Association parlementaire du Commonwealth (APC) pour l’honorable John
McKay, C.P., député et M. Bob Mills, député.