L’honorable Bryon Wilfert, C.P., député,
coprésident du Groupe interparlementaire Canada-Japon (GICJ) et Terence Young, député,
coprésident intérimaire du GICJ ont procédé à la visite annuelle des
coprésidents du GICJ à Tokyo, au Japon, du 19 au 24 février 2011.
L’objectif principal de la visite était de discuter de l’organisation de la 18e réunion
bilatérale des parlementaires canadiens et japonais qui doit se tenir au Japon.
La visite a également permis aux coprésidents de réaffirmer à leurs homologues
japonais l’importance des relations entre le Canada et le Japon. Les coprésidents étaient accompagnés de MmeElizabeth Kingston, secrétaire administrative du GICJ.
Objectifs
§Discuter
des objectifs et de l’organisation de la 18e réunion bilatérale
qui doit se tenir au Japon
§Faire
mieux connaître le Canada à Tokyo grâce à des rencontres stratégiques avec des
membres de la Diète, des représentants locaux et des chefs d’entreprises
japonaises et canadiennes.
§Renforcer
les liens entre les parlementaires des deux pays.
Tokyo
Les coprésidents ont amorcé leur visite à Tokyo en
participant à une séance d’information offerte par l’ambassadeur Jonathan
Fried. Les discussions avec les parlementaires japonais ont porté sur les
relations bilatérales, la situation politique nationale et internationale, le
commerce et les investissements (notamment la signature récente d’une
déclaration par laquelle les deux groupes s’engagent à promouvoir la conclusion
par les deux assemblées législatives d’un accord de partenariat économique
(APE), la paix et la sécurité ainsi que les prochaines réunions bilatérales du
GICJ et de la Ligue d’amitié des parlementaires Japon-Canada.
Relations bilatérales entre le Japon et le Canada
Le Japon demeure un élément clé des intérêts
stratégiques et économiques du Canada. Les deux pays entretiennent une relation
dynamique fondée sur des liens économiques et interpersonnels solides, en plus
de collaborer sur des questions de portée bilatérale et multilatérale touchant
notamment l’environnement et le développement de même que la sécurité.
Bien qu’il soit éclipsé par la croissance rapide
de la Chine, le Japon demeure l’une des plus fortes économies du monde et l’un
des principaux partenaires économiques et commerciaux du Canada. De plus, parce
qu’elle est axée sur la haute technologie, son économie offre à nos deux pays
maintes possibilités de partenariats dans nos secteurs prioritaires respectifs.
Les coprésidents sont arrivés au Japon à un moment
où le gouvernement était confronté à une multitude de préoccupations urgentes
sur les plans national et international, notamment le faible taux de
croissance, la force du yen responsable de la moins grande compétitivité des
exportations japonaises et les discussions difficiles à la Diète au sujet des
questions budgétaires. Depuis qu’il a été porté au pouvoir en juin 2010,
le premier ministre Kan a été la cible de nombreuses critiques pour ses
interventions à l’échelle nationale aussi bien qu’à l’étranger. L’adoption de
mesures législatives a toutefois été ralentie par le fait que la majorité des
sièges à la Chambre haute sont occupés par l’opposition, à savoir le Parti
libéral-démocrate du Japon (PLD). Bien qu’il soit au pouvoir, le Parti
démocratique du Japon (PDJ) ne dispose pas de la majorité des deux tiers
requise à la Chambre basse pour contrer les décisions de la Chambre haute
relativement aux projets de loi non budgétaires. Même si le premier
ministre Kan a réussi à remporter la course à la direction de son parti
contre Ichiro Ozawa en septembre 2010, il lui reste à démontrer qu’il va
continuer à empêcher l’éclatement de son parti devant les nombreux défis qui se
posent au parti et au pays.
Les coprésidents ont beaucoup entendu parler de la
signature récente par le Canada et le Japon de la Déclaration conjointe de 2010
sur la coopération en matière de politique, de paix et de sécurité, que les
premiers ministres Harper et Kan ont ratifiée en novembre 2010 à l’issue
de la réunion de l’APEC à Yokohama, au Japon. Fondée sur les programmes
d’action Canada-Japon de 1999 et 2005 pour la coopération en matière de paix et
de sécurité, la Déclaration conjointe prévoit des initiatives visant à
améliorer les capacités de consolidation de la paix et de résolution des
conflits des deux pays, à favoriser la non-prolifération et le désarmement
nucléaire dans le monde et à renforcer la primauté du droit au niveau
international. Les discussions conjointes porteront sur une vaste gamme de
questions, notamment la lutte contre le terrorisme et le crime organisé
transnational, la sécurité énergétique mondiale, la sécurité maritime, les
interventions en cas de catastrophe naturelle, l’aide humanitaire et la gestion
des risques liée aux catastrophes ainsi que la cybersécurité.
Scène politique nationale et internationale
Les coprésidents ont soulevé la question de la Convention
de La Haye de 1980 sur les aspects civils de l’enlèvement international
d’enfants et pressé le Japon d’y adhérer, vu le grand nombre de cas
d’enlèvements qui ne sont pas résolus parce que des enfants sont amenés au
Japon à la suite de divorces ou de séparations. Cette Convention assure
une protection aux enfants en faisant en sorte que leurs intérêts supérieurs
soient déterminés par le pays où se trouve leur résidence habituelle. Il y a
actuellement 37 cas mettant en cause des familles canadiennes.
Les coprésidents se sont aussi réjouis de la nomination
d’un attaché militaire accrédité à l’ambassade du Japon à Ottawa et ont
félicité les membres de la Diète qui ont joué un rôle déterminant dans cette
réalisation.
Le Canada cherche à accroître ces privilèges
d’accès aux aéroports dans la région de Tokyo, plus précisément à l’aéroport
Haneda, étant donné que Narita est située à plus d’une heure de route du
centre-ville de Tokyo et que Haneda n’offre actuellement que des droits
d’atterrissage de nuit, ce qui n’est pas pratique pour les correspondances vers
d’autres régions du Japon et de l’Asie. Il est mentionné que des travaux
d’agrandissement sont actuellement en cours à l’aéroport Haneda, ce qui devrait
ouvrir un plus grand nombre de créneaux aux compagnies aériennes canadiennes,
mais vraisemblablement pas avant 2013. Les coprésidents ont exprimé l’espoir
que ces travaux puissent être accélérés.
Les coprésidents ont aussi abordé la question de
l’accès du bœuf canadien aux marchés japonais. En 2005, le Japon a autorisé les
exportations canadiennes de bœuf provenant de bovins de moins de 21 mois à
son très lucratif marché, mais le Canada n’a pas cessé de lui demander
d’augmenter la limite d’âge pour permettre l’exportation de viande provenant
d’animaux de 30 mois et moins, ce qui constituerait une première étape
vers l’ouverture complète du marché aux produits bovins.
Situation politique
Le 4 juin 2010, la Diète a élu Naoto Kan
au poste de premier ministre à la suite de la démission de Yukio Hatoyama. M.
Kan est le sixième titulaire de ce poste en quatre ans. Les deux derniers
titulaires appartiennent au PDJ. Le premier ministre Kan est l’un des membres
fondateurs du PDJ et est arrivé au pouvoir auréolé d’une réputation de
dirigeant efficace. Le gouvernement est confronté à une multitude de
préoccupations urgentes sur les plans national et international, notamment le
faible taux de croissance, la force du yen, des négociations difficiles avec
les États-Unis sur l’alliance des deux pays en matière de sécurité, la dette
publique et le déclin démographique. La prise de mesures législatives
audacieuses sera toutefois difficile étant donné que les partis d’opposition
sont majoritaires à la Chambre haute. Le PDJ qui tient les rênes du pouvoir ne
possède pas les deux tiers de majorité requise pour contrer les décisions de la
Chambre haute relativement aux projets de loi non budgétaires.
Les coprésidents ont fait part de leur
préoccupation concernant l’adhésion du Japon à la Convention de La Haye de
1980 sur les aspects civils de l’enlèvement international d’enfants. Vu le
grand nombre de cas d’enlèvements qui ne sont pas résolus parce que des enfants
sont amenés au Japon à la suite de divorces ou de séparations, le Canada presse
le Japon de ratifier cette Convention qui assure une protection aux
enfants en faisant en sorte que leurs intérêts supérieurs soient déterminés par
le pays où se trouve leur résidence habituelle. Bien que le Japon ne soit pas
encore signataire de la Convention, certains membres de la Diète ont
indiqué aux coprésidents qu’ils assureraient un suivi de cette question. Il y a
actuellement 37 cas d’enlèvements mettant en cause des familles
canadiennes.
Commerce et investissement
Bien qu’il soit éclipsé par la croissance rapide
de la Chine, le Japon demeure l’une des plus fortes économies du monde et l’un
des principaux partenaires économiques et commerciaux du Canada. Son vaste
bassin de consommateurs avertis en fait un pays au potentiel énorme pour les
exportateurs canadiens. De plus, les fabricants et exportateurs japonais sont à
l’avant-garde sur le plan des technologies, du design et de la recherche et
développement.
Le Japon a été très touché par la récession
mondiale : il a dû faire face à un resserrement de son crédit intérieur, à
l’effondrement de ses marchés boursiers et à une chute vertigineuse de ses
exportations. Tous s’entendent pour dire que la reprise économique sera longue
et ardue et qu’il faudra absolument assainir les finances publiques. La crise
économique a provoqué la mise à pied massive de travailleurs permanents, qui
ont été remplacés par des travailleurs non permanents, ce qui a créé un
déséquilibre considérable entre ces deux catégories d’emploi. Cette situation a
instauré un curieux climat pour les discussions concernant la conclusion d’un
accord de partenariat économique avec le Japon. Les coprésidents se sont
penchés avec insistance sur ce sujet au cours de leurs réunions. Pour les
Japonais, le point le plus important dans ces discussions était les droits de
douane applicables aux produits agricoles. Le gouvernement du PDJ espère
profiter des discussions sur l’Accord de partenariat économique afin
d’entreprendre des réformes essentielles et durables du secteur agricole. À ce
sujet, les coprésidents ont indiqué que le Canada pourrait constituer pour le
Japon une source stable de bœuf, de porc, de blé, de canola et d’autres
produits, sans pour autant nuire à ses exportations de riz et d’agrumes. Ils
ont également souligné que le Canada détient les deuxièmes plus importantes
réserves pétrolières au monde et qu’il pourrait donc constituer pour le Japon
une source de pétrole équitable, durable et stable.
Paix et sécurité
La coopération entre le Canada et le Japon en
matière de paix et de sécurité est fondée sur des valeurs et des intérêts
communs et bien établis, ce qui permet de discuter de coopération bilatérale et
multilatérale sur une foule de questions régionales et internationales, comme
la situation en Corée du Nord, le Moyen-Orient et l’Afghanistan. En raison de
restrictions constitutionnelles (article 9) limitant sa capacité de
déploiement de troupes, le Japon contribue aux efforts en Afghanistan, mais
seulement sur le plan financier, versant 5 milliards de dollars pour
la reconstruction et la réintégration. Bien que le PDJ n’ait pas changé sa
politique sur l’Afghanistan, on se questionne actuellement sur le rôle des
Forces d’autodéfense. Le Canada aimerait que le Japon déploie davantage de
troupes. Il y a actuellement 130 soldats japonais en Afghanistan.
On a aussi discuté du débat en cours au Japon sur
le déménagement de la base militaire américaine d’Okinawa. Ce point a été
soulevé dans le cadre de discussions sur les relations entre le Japon et les
États-Unis.
La situation dans la péninsule coréenne et les
ambitions nucléaires de la République populaire démocratique de Corée
constituent d’autres enjeux importants pour les Japonais en matière de
politique étrangère. Les coprésidents ont indiqué que le Japon devait jouer un
rôle plus actif dans le domaine des affaires étrangères et de la sécurité et
modifier l’article 9 de sa Constitution. De plus, les « pourparlers
à 6 » revêtent encore plus d’importance étant donné qu’il circule
depuis longtemps des allégations d’enlèvements de citoyens japonais par la
Corée du Nord. Les coprésidents ont indiqué que le Canada appuie ses pourparlers,
ainsi que la poursuite du dialogue avec la Corée du Nord afin de favoriser la
réunification de la péninsule coréenne.
Consultations bilatérales
Les coprésidents ont rencontré leurs homologues de
la Ligue d’amitié des parlementaires Japon-Canada. Il a été convenu que la 18e réunion
bilatérale aurait lieu au Japon au cours de l’automne 2011, et serait
assortie d’une possible visite de délégation à Okinawa, au Japon.
Divers
Chambre de commerce canadienne au Japon
Pendant leur séjour à Tokyo, les coprésidents ont
rencontré des représentants de la Chambre de commerce canadienne au Japon
(CCCJ), qui regroupe des gens d’affaires et des entrepreneurs de tous les
secteurs et encourage le développement du commerce entre le Canada et le Japon
depuis 1975. La CCCJ compte 300 membres, représente 40 secteurs
d’activité et est la plus ancienne chambre de commerce canadienne en Asie. Au
fil des ans, elle est devenue une organisation solide et compétente qui joue un
rôle essentiel dans la promotion du commerce entre le Canada et le Japon.
Les membres de la CCCJ ont été heureux d’apprendre
que les parlementaires japonais et canadiens avaient récemment signé une
déclaration conjointe, à l’occasion de la 17e réunion
bilatérale, qui les engage à encourager leurs gouvernements respectifs et les
autres intervenants concernés à prendre les mesures nécessaires pour relancer
les négociations devant mener à un accord de partenariat économique entre les
deux pays. Les membres de la CCCJ ont fait valoir que les États-Unis et l’Australie
avaient tous deux une présence économique visible en Asie et que le Canada
devrait faire davantage à cet égard.
L’une des manières de souligner l’importance des
relations entre nos deux pays est d’entamer des discussions en vue de conclure
un accord de partenariat économique. Les premiers ministres Martin et Kiozumi
ont signé une entente en 2005, et la Chambre de commerce souhaite la reprise
des discussions. Pour l’instant, le Japon semble plus axé sur les marchés
asiatiques, d’où la difficulté de faire des affaires au Japon en cette période
économique. Les membres de la CCCJ ont reconnu que les entreprises japonaises
revoient actuellement leurs priorités pour suivre l’évolution des marchés
mondiaux, dans un contexte où la montée du protectionnisme, la faible
consommation et la sensibilité aux prix sont devenues la norme. Ils craignent
que le Japon ne se perçoive comme la « vieille Asie », plus
particulièrement lorsqu’on le compare au titan économique qu’est devenue la
Chine.
Conclusion
Le Parlement du Canada et la Diète du Japon
entretiennent des relations privilégiées fondées sur un respect mutuel, des
objectifs économiques similaires et un attachement aux traditions sociales et
culturelles. Enrichies par des visites comme les visites annuelles des
coprésidents, ces relations permettent aux deux institutions de reconnaître
l’importance du partenariat nippo-canadien et d’acquérir une meilleure
compréhension des questions d’actualité propres au contexte politique et
économique de l’un et l’autre pays. Cette visite des coprésidents du GICJ à
Tokyo s’est avérée une occasion en or de renforcer les liens déjà établis avec
le Japon, mais aussi d’en tisser de nouveaux. Elle a de plus permis aux coprésidents
d’engager avec leurs homologues les discussions nécessaires en vue de la
planification et de l’organisation de la 18e réunion bilatérale
au Japon.
Un résumé des frais de déplacement est annexé au
présent rapport.