Du 20 au 23 juillet 2007, des membres
du Groupe interparlementaire Canada-États-Unis ont assistéà la réunion
annuelle de 2007 de la National Governors Association à Traverse
City, au Michigan. Le présent rapport résume certains des principaux thèmes
abordés pendant les séances plénières et certaines séances simultanées de cette
réunion, qui portait sur le thème de l'innovation.
SÉANCE PLÉNIÈRE INAUGURALE :
PROMOUVOIR L’INNOVATION GRÂCE À L’ÉDUCATION ET AUX INVESTISSEMENTS
Randall Stephenson, AT&T
ØL’innovation est le secret pour stimuler la productivité, qui à son
tour stimule la croissance de l’emploi, qui elle stimule la croissance
économique.
ØIl y a plusieurs piliers pour garantir une croissance économique
soutenue, notamment :
§Un système de communication abordable et
efficace pour tous. Il faut accroître la vitesse du commerce pour stimuler la
croissance de l’économie, et les communications sont nécessaires pour accélérer
le commerce. Les télécommunications représentent le plus grand catalyseur des
communications.
§Un marché libre et ouvert où les capitaux
circulent librement sans réglementation ou contraintes inutiles – des marchés
financiers sains sont nécessaires pour garantir des investissements dans les
infrastructures de télécommunications. Les investissements sont plus nombreux là
où les fardeaux réglementaires sont moindres. Il faut tenir compte des besoins
des régions rurales des États-Unis.
§Une main-d’œuvre instruite – pour connaître une
croissance soutenue, nous avons besoin de travailleurs instruits. À l’heure
actuelle, il n’y a pas suffisamment de travailleurs qualifiés dans certains
domaines et dans certaines régions. Le système d’éducation américain ne répond
pas aux exigences de l’économie mondiale, et il est particulièrement important
d’en exiger davantage des étudiants dans les secteurs des mathématiques et des
sciences. Il faudrait envisager de remettre des prix basés sur le rendement aux
étudiants.
ØL’Inde a su tirer profit de ces trois piliers
pour s’assurer d’une croissance économique soutenue. Auparavant, les
entreprises se tournaient vers l’Inde pour obtenir une main-d’œuvre à bon
marché; aujourd’hui, elles y trouvent des « cerveaux à bon marché ».
ØIl faut se poser deux questions fondamentales :
§Favorisons-nous ou ralentissons-nous les
investissements dans les télécommunications?
§Donnons-nous à nos jeunes les meilleures chances
possibles de réussir dans l’économie mondiale en exigeant beaucoup d’eux?
Eric
Schmidt, Google
ØLes technologies de l’information devraient être
vues comme une manière d’amener les gens à voir le gouvernement autrement.
ØAvec un taux de pénétration de 50 à 60 %, la large bande est
sur le point d’atteindre un « point de non-retour »; il faut
néanmoins continuer de favoriser son expansion.
ØPartout dans le monde, les gens veulent la même chose : une
famille, la santé, la prospérité, un niveau de vie et une qualité de vie
élevés, un emploi, etc.
ØLes humains ont besoin d’information.
ØIl est important de bâtir et de maintenir la confiance du public
envers Internet.
ØLa prochaine génération d’enfants ne traitera pas l’information
comme la génération actuelle.
ØIl faut transformer la « classe » en une « classe en
ligne » et il faut employer des méthodes d’enseignement fondamentalement
différentes.
ØLes élèves doivent apprendre comment penser, comment chercher,
comment analyser et comment mettre leurs connaissances en pratique.
ØLes États-Unis sont à l’avant-garde d’une révolution en ce qui
concerne l’éducation et l’accès à l’information.
SÉANCE
SPÉCIALE : DE L’ENSEIGNEMENT POSTSECONDAIRE À L’INNOVATION
Patrick
Callan, National Center for Public Policy and
Higher Education
ØLes enfants du baby-boom représentent la plus
vaste population de citoyens instruits de l’histoire des États-Unis, mais le
reste du monde possède une population instruite plus jeune.
ØAvec la retraite des baby-boomers, on s’attend à
ce que le niveau d’instruction moyen diminue aux États-Unis.
ØCe n’est pas que l’éducation se porte plus mal aux
États-Unis, c’est plutôt que l’éducation s’améliore dans le reste du
monde.
ØMême si les États-Unis possèdent une très vaste portion des
meilleurs collèges et universités au monde, le niveau d’instruction y diminue.
ØAux États-Unis, l’accès à l’éducation a plafonné, les taux de diplômation
sont faibles comparativement au reste du monde, et le coût exorbitant de
l’éducation pose un problème.
ØIl faut mettre en place une structure incitative plutôt qu’une
structure destinée à préserver le fonctionnement des institutions.
ØIl y a six points à ne pas oublier :
§Les États doivent être prêts à élaborer un
« programme public ».
§Ce programme public doit être assorti d’un
financement suffisant et de structures réglementaires appropriées.
§Il faut prendre en compte tout le cheminement
scolaire, de la maternelle à l’enseignement postsecondaire, et il faut
concevoir un programme scolaire qui garantira que les diplômés possèdent les
habiletés et compétences requises.
§Des chefs d’entreprise, des administrateurs d’établissements
d’enseignement supérieur et des représentants de tous les paliers du système
d’enseignement doivent participer au dialogue.
§Il faut déterminer comment le système
fonctionnera en période de récession, lorsque les budgets de l’État seront plus
serrés.
§En ce qui concerne l’enseignement supérieur, les
signaux du marché pourraient ne pas correspondre aux besoins des États.
Aims
McGuinness, National Center for Higher Education
Management Systems
ØLa nature du problème doit être claire, et il
faut exprimer clairement la nature du problème propre à chaque État. Il faut
plus particulièrement réfléchir à l’avenir de l’État, à sa population, à sa
qualité de vie et à la manière dont l’éducation y contribue.
ØÉtant donné qu’il y a des économies régionales différentes – dont
les besoins varient – dans tout État, il est passablement difficile de cerner
les « besoins de l’État ».
ØLorsqu’on élabore des solutions, il faut
consulter à la fois des intervenants du « côté de la demande » – les
entreprises, les agences de développement économique, etc. – et du « côté
de l’offre » – les établissements d’enseignement, etc.
ØLorsqu’on élabore un « programme
d’innovation », il faut reconnaître que les cadres réglementaires de
certains États remontent au 19e siècle.
ØCe n’est pas une question de « réglementation » proprement
dite, mais bien une question de « bonne » réglementation qui appuie
le programme et les objectifs.
ØIl faut étudier la relation entre les crédits, l’aide aux étudiants
et les frais de scolarité.
ØLes questions les plus importantes sont la durabilité et la
continuité.
ØLes initiatives ne peuvent être laissées uniquement au gouverneur;
d’autres législateurs et tous les intervenants clés doivent faire leur part.
ECONOMIC DEVELOPMENT AND COMMERCE
COMMITTEE : PRODUCTIVITÉ ET COMPÉTITIVITÉ – CRÉER DANS LES ÉTATS LES CONDITIONS
QUI LES MÈNERONT À UN SUCCÈS MONDIAL
Rey Moré, Motorola, Inc.
ØDans l’économie mondiale actuelle, la « recette » pour
être compétitif est insaisissable.
Ø« Ce qu’il faut » pour être compétitif change constamment.
ØLa « vitesse » d’accroissement de la compétitivité a doublé au
cours des cinq dernières années.
ØSi vous la mesurez, vous pouvez vous améliorer; si vous ne la
mesurez pas, vous ne pouvez pas vous améliorer.
ØIl faudrait mesurer le succès objectivement, en fixant des normes.
ØLes États devraient créer un environnement où les entreprises
veulent s’installer et croître.
ØLes entreprises devraient se poser des questions
sur les trois éléments suivants :
§Les clients – Savez-vous qui sont vos clients?
Connaissez-vous les sentiments de vos clients envers votre produit? Savez-vous
si vos clients vous préfèrent à vos concurrents et, si oui, pourquoi?
§Les coûts – Savez-vous quels sont les coûts
associés au gaspillage dans votre organisation?
§L’avenir – Possédez-vous les outils nécessaires
pour mesurer votre performance en ce qui concerne vos clients et vos coûts?
Avez-vous adopté une stratégie pour améliorer votre performance en ce qui
concerne vos clients et vos coûts?
ØLe rythme de la concurrence s’accélère et le monde est de plus en
plus petit.
ØAux yeux des entreprises, les processus décisionnels gouvernementaux
devraient être rapides, précis et clairs.
ØLes entreprises ont elles aussi besoin d’infrastructures, d’un
environnement stable et sûr, et d’une main-d’œuvre adaptée à l’avenir plutôt
qu’au passé et qui est capable de travailler en équipe.
ØIl faut inciter les jeunes à étudier dans les domaines des sciences,
des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques; il devrait y avoir une
équipe de football et une équipe de robotique dans chaque école.
Mark Peterson, The Proctor & Gamble Company
ØComme il n’est pas possible de tout faire à la perfection, les
firmes font de plus en plus appel à l’externe. Les organisations doivent
trouver de bonnes idées, peu importe si elles proviennent de l’intérieur ou de l’extérieur
de l’organisation.
ØCertaines organisations n’hésitent pas à se déplacer n’importe où
dans le monde et à s’associer à d’autres organisations – même des concurrents –
à condition que ce soit sensé d’un point de vue commercial.
ØDeux questions clés en affaires :
§Où devriez-vous « jouer »?
§Comment pouvez-vous gagner?
ØLe traitement des droits de propriété intellectuelle est un des plus
grands problèmes liés aux recherches menées conjointement par des universités
et le secteur privé; les organisations peuvent signer des accords de
collaboration avec des universités nationales, mais également avec des
universités étrangères.
Robert
Heard, Cimarron Capital Partners, LLC
ØIl faut investir dans des organisations qui ont
la capacité de prospérer et d’être rentables. Pour identifier ces
organisations, il faut se poser plusieurs questions :
§L’organisation dessert-elle un marché vaste ou
potentiellement vaste?
§L’organisation est-elle gérée par une bonne
équipe de gestionnaires?
§L’organisation a-t-elle adopté une stratégie
pour résoudre les problèmes importants?
ØComme la Terre est le marché, les organisations devraient se voir
comme des joueurs à l’échelle mondiale.
ØComme la Terre est le laboratoire, les organisations devraient
chercher les technologies dont elles ont besoin partout dans le monde.
ØComme la Terre est la banque, les organisations devraient attirer
des capitaux de plusieurs sources différentes.
ØLe plan de match de toute organisation qui souhaite croître
rapidement doit comporter une dimension étrangère.
ØLes organisations peuvent avoir de la difficulté à obtenir du
capital si elles sont de piètre qualité ou si elles cherchent au mauvais
endroit.
ØIl y a des investissements dans les collectivités où la « culture d’entrepreneurship » est bien ancrée,
culture qui a tendance à être locale et qui provient de la famille et de la
collectivité. Il faut que les gens se sentent confortables avec le fait de
prendre des risques, qu’ils n’aient pas peur d’échouer et qu’ils souhaitent
résoudre des problèmes de taille.
ØParmi les stratégies pour attirer des investissements pour les
entrepreneurs, mentionnons :
§La formation – Offrir de la formation aux
entrepreneurs et aux personnes qui les appuient. Chercher, partout dans le
monde, des stratégies de développement de l’entreprise.
§Le réseautage – S’assurer que les personnes se
connaissent les unes les autres – tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle
mondiale – et qu’elles travaillent d’égale à égale.
§Les investissements – Les États devraient
investir dans les collectivités et y importer des connaissances sur l’expansion
des entreprises, étant donné qu’il est possible que les collectivités changent
leur culture pour miser sur l’esprit d’entreprise. Tous les États comptent des
individus fortunés qui ont prospéré en lançant des entreprises et qui
souhaitent être des investisseurs providentiels. Les États doivent attirer du capital
de démarrage et de capital de risque afin que tout entrepreneur ayant une idée
digne d’intérêt puisse la concrétiser et la rendre disponible sur le marché.
DÉJEUNER :
LES MOTS QUI PORTENT FRUIT
Frank
Luntz, Luntz, Maslansky Strategic Research
ØLa politique n’est pas seulement une question de mots; les images
aussi sont importantes en politique, et les mots permettent de projeter des
images.
ØLe langage et les étiquettes comptent.
ØIl faut changer l’étiquette pour changer l’impact.
ØLes Américains s’intéressent à la culture pop, et non pas à la
politique.
ØLes Américains ne croient plus que les gouvernements sont capables
de tenir leurs promesses. Les politiciens ne devraient donc pas utiliser des
termes comme « promesse » ou « engagement » parce que les
électeurs les ont déjà entendus et que ces promesses et engagements ne se sont
pas concrétisés. Les gens veulent que les politiciens disent ce qu’ils pensent
et fassent ce qu’ils disent.
ØLes électeurs considèrent que les politiciens sont déconnectés de la
réalité; ils veulent que les politiciens tissent des liens avec eux et les
comprennent.
ØPour les gens, la franchise est la qualité la plus importante.
ØEn se tenant derrière un podium, on crée une barrière.
ØLes hommes veulent plus d’argent tandis que les femmes veulent plus
de temps.
ØLes gens s’intéressent aux médias auxquels ils croient plutôt qu’aux
médias qui les informent.
ØLes Américains croient que leur niveau de vie
diminue et que leur qualité de vie est pire que leur niveau de vie.
ØLe rêve américain : la réussite financière.
ØPour la plupart des gens, l’élaboration de programmes d’éducation,
de santé, etc. pour les enfants est beaucoup plus importante que les
changements climatiques.
ØLes gens s’opposent davantage au gaspillage des fonds publics qu’aux
taxes et impôts.
ØTout message devrait être répété trois fois.
ØLe mot « innovation » est puissant,
tandis que le mot « infrastructure » ne l’est pas; il faudrait employer
« routes et autoroutes » plutôt qu’« infrastructures ».
ØLe terme « capitalisme » revêt une
connotation très négative, puisqu’il y suppose qu’il y a des gagnants et des
perdants. L’expression « libre marché », quant à elle, évoque
l’égalité des chances.
ØLes politiciens devraient parler de « questions
américaines » plutôt que de « questions
fédérales/étatiques/locales ».
ØLes électeurs veulent que les politiciens se concentrent sur les
résultats plutôt que sur les processus; expliquez-leur les résultats qui
découleront de vos actions, plutôt que la manière dont vous y parviendrez.
ØIl faudrait éliminer les photographies officielles devant le
drapeau. Les gens veulent de l’action, et non pas des mises en scène; ils
veulent qu’on les écoute, et non pas qu’on leur parle.
ØLes dix commandements :
§Employer un langage simple
§Être bref
§Établir sa crédibilité
§Être cohérent
§Être original
§Utiliser des éléments sonores et visuels
§Parler avec enthousiasme
§Visualiser
§Poser une question
§Fournir le contexte
ØMots/expressions pour le 21e siècle :
§Imagination
§Sans tracas
§Mode de vie
§Responsabilité
§Résultats/attitude gagnante
§Innovation
§Inspiration
§Efficacité et efficience
§Le droit de …
§Axé sur le patient
§Renouveler, revitaliser, rajeunir
§Investissement
§Conséquences
§Indépendant
§Tranquillité d’esprit
§Certifié
§100 % américain
§Prospérité
§Spiritualité
§Approche équilibrée
§Restaurer, ranimer, réinventer
NATURAL RESOURCES COMMITTEE :
INSTRUMENTS POLITIQUES DES GOUVERNEURS POUR LUTTER CONTRE LES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES
L’honorable Stephen Johnson, U.S. Environmental Protection Agency
ØLa qualité de l’air, de l’eau et de la terre s’est améliorée par
rapport à il y a dix ans.
ØLes changements climatiques constituent un problème mondial qui
exige l’adoption d’une stratégie mondiale.
ØL’Inde et la Chine dépasseront bientôt les pays développés quant à
leurs émissions de gaz à effet de serre.
ØLes États-Unis sont déterminés à être un bon « voisin
mondial ».
ØLe secteur des transports génère environ le tiers des émissions de
gaz à effet de serre aux États-Unis.
ØIl faut brûler le charbon plus efficacement et en générant moins d’émissions;
les réserves de charbon américaines sont suffisantes pour répondre aux besoins
énergétiques des Américains pendant au moins deux siècles encore.
ØOn devrait voir la responsabilité environnementale comme la
responsabilité de tous.
ØLa collaboration est essentielle à l’échelle mondiale, nationale et
locale.
Thomas
Peterson, Center for Climate Strategies
ØLe problème des gaz à effet de serre est
persistant et il prend de l’ampleur beaucoup plus rapidement que la croissance
de la population.
ØSi nous voulons nous assurer un avenir durable, nous devons prendre
des mesures de toute urgence.
ØIl faut adopter une approche diversifiée parce qu’il n’existe pas de
solution universelle. Il est primordial d’adapter les solutions à chaque État.
ØLes États font preuve de leadership depuis
longtemps, et le gouvernement fédéral a adopté certains des programmes d’États.
Jonathan Schrag, Lenfest Center for Sustainable Energy
ØLes changements climatiques constituent un problème à long terme.
ØIl faut imposer des coûts aux entreprises privées en fonction de
leurs émissions.
ØUn problème majeur : les combustibles fossiles sont très
abondants, mais la capacité de l’atmosphère et des océans d’absorber les
émissions est très limitée.
Robert Donkers, délégation de la Commission européenne aux États-Unis
ØIl faut prendre des mesures à l’échelle internationale pour lutter
contre les changements climatiques.
ØLe programme de l’Union européenne sur les changements climatiques
existe maintenant depuis un certain nombre d’années, mais ce n’est que
maintenant que les actions passées portent fruit. Comme il faut du temps avant
d’observer des résultats, il importe de prendre des mesures de toute urgence.
ØIl faut dissocier énergie et croissance économique.
ØLes pays développés doivent jouer un rôle de
premier plan en ce qui concerne les changements climatiques et, bien que les
pays en développement doivent agir eux aussi, ils doivent pouvoir favoriser
leur croissance économique.
ØIl faudrait transférer des technologies aux pays en développement.
ØMême si les plans d'échange d'émissions ne sont pas une panacée, ils
devraient faire partie des outils utilisés.
ØMême si la technologie constitue une piste de
solution importante, il faut également poser des gestes individuels, notamment
dans des secteurs comme les économies d’énergie.
Respectueusement soumis,
L’honorable
Jerahmiel Grafstein, sénateur, coprésident
Groupe interparlementaire Canada-États-Unis
Rob
Merrifield, député,
coprésident,
Groupe interparlementaire Canada-États-Unis