Du 21 au 25 avril 2008, l’honorable Bryon Wilfert, député,
coprésident du Groupe interparlementaire Canada–Japon (GICJ), a dirigé la
visite annuelle du coprésident du GICJ à Tokyo, au Japon. L’objectif principal
de la visite était de prendre appui sur la 15e réunion
bilatérale annuelle des parlementaires canadiens et des membres de la Diète qui
a eu lieu au Canada en août 2007 et de discuter des paramètres en vue de
la 16e réunion bilatérale entre les parlementaires canadiens et
japonais qui se tiendra au Japon en 2008. La visite a également permis au
coprésident de réitérer l’importance du partenariat entre le Canada et le Japon
à ses homologues japonais. M. Wilfert était accompagné de M. Paul
Cardegna, le secrétaire exécutif du GICJ.
Objectifs
ØAssurer le suivi de la 15e réunion
bilatérale du Groupe interparlementaire Canada–Japon et de la Ligue d’amitié de
la Diète Japon–Canada qui a eu lieu en août 2007 et discuter des objectifs
et des paramètres en vue de la 16e réunion bilatérale (Japon, 2008);
ØRehausser le profil du Canada à Tokyo en misant
sur l’engagement stratégique des membres de la Diète, des représentants locaux
et des entreprises japonaises et canadiennes;
ØRenforcer les liens entre les parlementaires du
Canada et du Japon.
Participants
La liste complète des personnes qui ont rencontré le coprésident
figure à l’annexe A du présent rapport.
Tokyo
Le coprésident a amorcé sa visite à Tokyo en participant à des
séances d’information très complètes offertes par l’ambassadeur Joseph Caron
ainsi que par des gestionnaires de programme de l’ambassade du Canada. Les
relations bilatérales, la politique nationale, le commerce et l’investissement,
l’environnement et le changement climatique, la paix et la sécurité de même que
les opérations de maintien de la paix et les réunions bilatérales futures entre
le GICJ et la Ligue d’amitié de la Diète Japon-C
Relations bilatérales entre le Japon et le Canada
Les deux parties ont convenu que le Japon et le Canada entretiennent
une relation privilégiée qui repose sur des valeurs semblables comme la
primauté du droit, une perspective similaire à l’égard des affaires, des
programmes sociaux solides et des traditions démocratiques de longue date. Les
deux pays sont en faveur d’un investissement commercial stable dans leurs
économies qui, de par leur nature, se complètent. Les intervenants des deux
pays approuvent l’augmentation des échanges à tous les échelons du gouvernement
et de la société et ils voient les avantages qui peuvent découler des projets d’investissement
conjoints à long terme et d’une meilleure intégration des économies et des
initiatives gouvernementales du Japon et du Canada. L’année 2008 marque
le 80e anniversaire de l’établissement des relations
diplomatiques entre le Japon et le Canada. Pour commémorer cet événement, le
coprésident a mentionné que le GICJ comptait organiser un symposium d’une
journée sur la Colline du Parlement à Ottawa intitulé « Le Japon sur la
Colline ». Cet événement aurait lieu le 14 mai 2008 et
rassemblerait des universitaires, des politiciens, des bureaucrates, des gens
d’affaires et d’autres intervenants qui participent aux relations bilatérales
entre le Japon et le Canada. Le symposium permettrait la tenue d’une
discussion exhaustive et animée sur les relations qu’entretiennent les deux
pays. Enfin, on a clairement indiqué que même si les relations sont déjà
solides, il est essentiel de déployer d’autres efforts pour les renforcer
encore davantage.
Politique nationale et internationale du Japon
On a informé le coprésident de la situation politique actuelle au
Japon. Les parlementaires japonais ont exprimé leur frustration envers
l’arrangement politique en cours. Le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir
contrôle la Chambre basse de la Diète japonaise, tandis que le Parti démocrate
du Japon (PDJ) – le parti d’opposition – contrôle la Chambre haute. La
division entre les deux Chambres rend difficile l’adoption de projets de loi et
a déjà entraîné le rejet, à la Chambre haute, de l’initiative du gouvernement
visant à augmenter la taxe sur l’essence.
D’après des sondages d’opinion, ni l’un ni l’autre des partis ne
semble avoir un soutien suffisant pour remporter une majorité de sièges lors
des prochaines élections. Les deux partis ont décidé d'attendre la fin du
sommet des dirigeants du G8 qui se déroule à Hokkaido, au Japon, en
juin 2008, pour tenir des élections nationales. À la suite de ce sommet,
le moment où auront lieu les futures élections fera probablement l’objet d’un
grand nombre de conjectures et de discussions. À l’intérieur du pays, le Japon
continue de vivre une crise en raison du vieillissement de sa population et de
l’augmentation des coûts que cette crise entraînera pour les services sociaux.
Ce problème a largement contribué à l’accroissement de la dette nationale du
Japon.
Au chapitre des relations internationales, le Japon était prêt à
accueillir le sommet des dirigeants du G8 et avait entrepris récemment de
renforcer les relations avec la République de Corée et la Chine dans l’espoir
de créer une collaboration économique plus étroite entre les trois pays
asiatiques. En janvier 2008, le Japon a adopté une loi spéciale qui lui
permet de continuer à ravitailler les navires alliés qui sillonnent l’océan
Indien, initiative qui fut appréciée du Canada et de tous les autres pays
alliés engagés dans la lutte internationale contre le terrorisme. Le projet de
loi a fait l’objet d’un débat considérable dans la Diète japonaise et son
adoption a été retardée par la Chambre haute contrôlée par le parti
d’opposition. La Chambre basse a finalement voté en faveur de l’annulation de
la décision de la Chambre haute et de l’adoption du projet de loi.
Commerce et investissement
Malgré la vigueur des échanges commerciaux entre le Japon et le Canada,
M. Wilfert a insisté sur le fait que les deux pays peuvent tirer parti
d’une meilleure intégration économique. Il a réitéré que le Canada pourrait
représenter une source stable de pétrole, de bœuf, de porc, de blé, de canola
et d’autres produits pour le Japon. Il a indiqué que le Japon était déjà le
deuxième plus important marché d’exportation pour le porc canadien et que le
Canada était une source de pétrole plus démocratique et plus stable que le
Moyen-Orient.
Le Canada considère que le cadre économique conjoint de 2005 devrait
constituer le point de départ des discussions menant à la négociation d’un
accord de libre-échange entre les deux pays. Les Japonais ont montré de la
réticence à s’engager dans d’autres discussions en vue d’un accord de libre-échange
en raison des répercussions que ce type d’accord aurait sur l’industrie
agricole du Japon. Les parlementaires japonais ont fait observer que le lobby
agricole au Japon est très puissant et qu’il était parvenu, dans le passé, à
résister aux accords de libre-échange avec des pays dont le secteur agricole
était fort. Le Japon a exprimé la crainte que la participation à un accord de
libre-échange avec le Canada ne nuise grandement à l’agro-industrie japonaise à
une époque où le Japon tente d’accroître son indépendance alimentaire.
M. Wilfert a fait valoir qu’un accord de libre-échange avec le Canada
entraînerait une baisse du prix des produits alimentaires pour les citoyens
japonais, ce qui était essentiel dans un contexte où le cours élevé du pétrole
fait grimper les coûts.
Le coprésident a également indiqué que la vulnérabilité des sources
d’énergie du Japon pourrait être atténuée au moyen de l’accroissement des
investissements du Japon dans la production de pétrole des sables bitumineux du
Canada ainsi que dans l’expertise canadienne au chapitre des technologies
environnementales comme l’énergie nucléaire, l’énergie hydroélectrique,
l’énergie solaire et éolienne et les biocarburants. Enfin, on a mentionné au
Japon que le Canada demeure résolu à faire valoir l’importance d’un accès
élargi aux marchés intérieurs japonais pour les produits du bœuf canadien.
Environnement et changement climatique
Le changement climatique et le réchauffement climatique ont été des
sujets prédominants lors des réunions de M. Wilfert à Tokyo. Tant le
coprésident que les parlementaires japonais qu’il a rencontrés ont convenu que
tous les pays – développés et en développement – devaient prendre des mesures
pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Une « stratégie
sectorielle », où une industrie donnée est ciblée pour la réduction de ses
émissions à l’échelle internationale, plutôt qu’une stratégie nationale
générale, était perçue comme un moyen plus efficace d’assurer la mise en œuvre
uniforme des méthodes de production respectueuses de l’environnement. En
revanche, les deux parties étaient conscientes du fait que toutes les
industries devaient tôt ou tard réduire leurs émissions.
M. Wilfert a souligné que le Canada visait à fabriquer des
carburants plus propres et des voitures plus économiques et qu’il désirait
exporter vers le Japon le savoir-faire du Canada dans les secteurs de l’eau
propre, de l’énergie propre, de la biomasse et d’autres technologies
environnementales. Il a mentionné que pour promouvoir la production d’énergie
éolienne, le Canada avait créé et publié un atlas des vents au Canada qui
permettait de désigner les régions où les générateurs éoliens seraient les plus
efficients. Avec l’augmentation des cours du pétrole à l’échelle mondiale, les
parlementaires japonais ont montré un vif intérêt à promouvoir la conservation
et les technologies moins polluantes dans le but de réduire la vulnérabilité
des sources d’énergie. Ils demeurent déterminés à atteindre les cibles fixées
par le protocole de Kyoto et prévoient poursuivrent leurs recherches sur les
méthodes de capture et de stockage de CO2 et la production d’énergie
nucléaire. Les deux parties ont convenu que les technologies environnementales
sont un secteur qui présente d’importantes possibilités économiques pour le
Canada et le Japon. Elles ont aussi reconnu que tous les pays devaient
envisager la dégradation environnementale sous l’angle d’une responsabilité
conjointe qui nécessitait la pleine participation de chaque pays pour contrer
ce phénomène.
Paix et sécurité
M. Wilfert a indiqué que la paix et la sécurité internationale
étaient un autre secteur où le Japon et le Canada pouvaient unir leurs forces.
Il a fait observer que les deux pays avaient participé à des opérations
conjointes de maintien de la paix dans le plateau du Golan et a mentionné que
le Canada offrirait de partager son expertise et ses activités de formation
dans ce domaine avec le Japon. Pour accroître les opérations conjointes entre
les forces militaires des deux pays, M. Wilfert a indiqué que l’ambassade
du Japon à Ottawa pourrait profiter des services d’un attaché militaire
japonais au sein de son effectif. Si cela n’était pas possible, il a proposé
qu’un des attachés militaires de l’ambassade du Japon à Washington soit aussi
affecté en propre à Ottawa.
Il a exprimé la reconnaissance du Canada quant aux opérations de
ravitaillement que les navires japonais continuent de fournir aux forces
alliées dans l’océan Indien. Le représentant du Japon a expliqué que le projet
de loi autorisant cette mesure avait d’abord été rejeté par la Chambre haute
contrôlée par le parti de l’opposition. Le gouvernement japonais a dû recourir
à sa majorité dans la Chambre basse pour veiller à l’adoption du projet de loi
qui autorisait la poursuite de l’aide des forces militaires du Japon au
chapitre du ravitaillement des navires alliés.
Les parlementaires japonais se sont montrés très intéressés à en
apprendre davantage sur l’engagement du Canada en Afghanistan. M. Wilfert
a expliqué que le rôle du Canada dans ce pays se poursuivrait jusqu’en 2011,
mais qu’après 2009, le Canada axerait ses efforts sur la formation, le
développement et la reconstruction plutôt que sur les opérations militaires
actives, et que la Chambre des communes avait créé un comité parlementaire
spécial pour examiner et surveiller l’évolution de ce dossier.
Il a également mentionné qu’au vu de l’investissement du Japon de
plus de 1,2 milliard de dollars dans les efforts de reconstruction en
Afghanistan, les parlementaires japonais auraient intérêt à se rendre dans ce
pays déchiré par la guerre pour évaluer la situation et l’efficacité des
ressources japonaises. Il a aussi indiqué que des intervenants japonais
devraient participer à un déploiement en Afghanistan pour en apprendre
davantage sur les « équipes provinciales de reconstruction » (EPR).
Le Japon a expliqué que l’article 9 de la constitution
japonaise interdisait au gouvernement japonais de participer à des opérations
militaires et que, par conséquent, le Japon n’était pas en mesure de jouer un
rôle important dans les opérations de sécurité internationale. M. Wilfert
a proposé que le Japon envisage la possibilité d’amender sa constitution afin
d’établir une politique étrangère activiste plus vigoureuse, notamment à la
lumière du souhait récemment exprimé par le Japon d’obtenir un siège permanent
au Conseil de sécurité des Nations Unies.
La situation liée aux aspirations nucléaires continues dans la
péninsule coréenne et en République populaire démocratique de Corée (RPDC) est
une autre des préoccupations du Japon en matière de politique étrangère. Cette
situation, combinée aux allégations de longue date concernant l’enlèvement de
ressortissants japonais par des membres de la RPDC, a rehaussé l’importance des
pourparlers des six partis, auxquels a participé activement le Japon. Les
parlementaires japonais ont décrit ces préoccupations à M. Wilfert qui, à son
tour, a réaffirmé le soutien du Canada aux pourparlers des six partis ainsi
qu’au dialogue et à l’engagement continus avec la RPDC. Enfin, toujours au
chapitre de la sécurité dans cette région, le Japon s’inquiète grandement de
l’accroissement des dépenses militaires de la Chine. Pour y répondre, le Japon
a cherché à renforcer son arrangement en matière de sécurité avec les
États-Unis.
Consultations bilatérales
Le coprésident a rencontré ses homologues de la Ligue d’amitié de la
Diète Japon-Canada. On a convenu que la 16e réunion bilatérale
se tiendrait à Tokyo et à Hokkaido, du 16 au 23 juillet 2008. La paix et
la sécurité, la coopération économique et l’environnement seraient au nombre
des sujets abordés lors de la réunion.
Divers
Chambre de commerce du Canada au Japon
Lors de son séjour à Tokyo, le coprésident a rencontré des
représentants de la Chambre de commerce du Canada au Japon (CCCJ). La CCCJ
prévoit axer ses efforts sur les 15 secteurs de coopération énumérés dans
le cadre économique conjoint, lequel a été signé par le Japon et le Canada
en 2005. La CCCJ cherchait à déterminer les points applicables aux
intérêts commerciaux du Canada et, par la suite, à exercer des pressions sur
les parlementaires japonais concernés pour le compte des entreprises
canadiennes. L’établissement de partenariats entre les universités japonaises
et canadiennes destinés à promouvoir des projets de recherche et développement
conjoints était un des liens que l’organisme cherchait à créer.
M. Wilfert a indiqué que le gouvernement du Canada devrait réfléchir à la
possibilité d’offrir des bourses pour accroître les échanges d’étudiants entre
le Japon et le Canada et verser des fonds directement aux universités canadiennes
dans le but de créer des liens avec les universités japonaises.
On a également demandé à M. Wilfert d’inclure la CCCJ lors des
prochaines réunions et activités avec les parlementaires japonais afin
d’accroître sa contribution et de rehausser le profil du milieu des affaires
canadien au Japon. La CCCJ a fait observer que 50 % de l’investissement
direct à l’étranger en Chine provenait d’entreprises japonaises et que le Japon
restait le principal investisseur en Chine et dans les pays de l’ANASE (Association
des Nations de l’Asie du Sud-Est). Elle a laissé entendre que l’accroissement
des investissements en Chine et dans les pays de l’ANASE pourrait être le mieux
assuré par l’entremise des sociétés japonaises, qui ont déjà établi des
attaches solides dans la région.
Conclusion
Le Parlement du Canada et la Diète du Japon entretiennent une
relation très privilégiée. Cette relation, cultivée par des visites comme
celle-ci, a accentué l’importance du partenariat entre le Canada et le Japon.
Cette visite à Tokyo représentait une occasion rêvée pour le coprésident du
Groupe interparlementaire Canada-Japon d’élargir encore davantage sa
connaissance du Japon et ses contacts dans ce pays, ainsi que d’engager les
discussions nécessaires liées à la planification et à l’organisation de la 16e réunion
bilatérale au Japon. Lors de cette visite, il s’avérait également
indispensable que le coprésident rehausse le profil du Canada au Japon afin de
renforcer et de revigorer la relation déjà solide qui existe entre le Canada et
le Japon.
Un résumé des coûts du voyage est joint au présent rapport.
Le tout
respectueusement soumis,
L’honorable Marie-Paule Poulin, sénatrice
Coprésidente du Groupe
interparlementaire Canada-Japon
L’honorable Bryon Wilfert, c.p., député
Coprésident du Groupe
interparlementaire Canada-Japon