Du 13 au 17 novembre 2006, quatorze
parlementaires canadiens se sont rendus à Québec pour assister à la session
annuelle de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN. M. Leon Benoit dirigeait la
délégation composée des sénateurs Jane Cordy, Pierre Claude Nolin, Raynell
Andreychuk, Joseph Day, Gerard Phalen, James Cowan et Dennis Dawson et des
députés suivants : M. Claude Bachand, Mme Cheryl Gallant, M. Laurie
Hawn, M. Joe McGuire, M. Gilles-A. Perron, et M. Marcel Proulx. La délégation
était également accompagnée de M. Denis Robert, Secrétaire de délégation, M.
Wolfgang Koerner, Conseiller, M. James Cox, Conseiller et Mme Micheline
Georges, Adjointe Administrative.
La session annuelle a commencé par les
réunions des groupes et des comités politiques. La Commission de la défense
et de la sécurité a d'abord examiné son projet de rapport général, Enseignements
tirés des opérations en cours de l'OTAN, présenté par Julio Miranda Calha
(Portugal). Au cours de la discussion, Laurie Hawn fait valoir qu'il est
indispensable d'améliorer la sécurité avant d'assurer le développement, ce qui
signifie que les forces de l'OTAN devront continuer à intervenir. Après
l'examen du projet de rapport, Michael Rubin, chercheur-résident à l'American
Enterprise Institute et rédacteur en chef de Middle East Quarterly, a
fait un exposé intitulé Comprendre ce que représente la menace iranienne
pour la stabilité régionale. M. Rubin a fait remarquer que la volonté
de l'Iran de détenir des armes nucléaires est bien antérieure à la présence de
l'armée américaine dans la région. Il a poursuivi en mentionnant, qu'en
réalité, les stratèges iraniens sont davantage préoccupés par la situation au
Pakistan où les essais nucléaires de ce pays ont eu lieu tout près de la
frontière avec l'Iran. Il a également souligné que l'Iran a une influence
limitée sur l'Irak. La population chiite irakienne se méfie de l'Iran en
général, tandis que les ecclésiastiques chiites de l'Irak prennent des
dispositions pour montrer leur indépendance vis-à-vis de ce pays.
La Commission s'est ensuite penchée sur
le projet de rapport de la Sous-commission sur l'avenir de la sécurité et des
capacités de défense, Le rôle de l'OTAN dans le Caucase du Sud, par
Frank Cook (Royaume-Uni), le rapporteur. Le projet de rapport a été adopté par
la grande majorité des membres. Par la suite, la Commission a examiné le
projet de rapport de la Sous-commission sur la coopération transatlantique en
matière de défense et de sécurité, Changements dans le déploiement stratégique
des États-Unis et conséquences pour l'Alliance transatlantique, par John
Shimkus (États-Unis), le rapporteur de la Commission. Une fois de plus, le
projet de rapport a été adopté par la grande majorité des membres.
Les membres ont ensuite écouté l'exposé
présenté par Michael Kergin, l'ancien ambassadeur du Canada aux États-Unis,
concernant La sécurité aux frontières en Amérique du Nord. Ses
commentaires ont suscité une discussion au sujet de la Western Hemisphere
Travel Initiative (Initiative relative aux voyages dans l'hémisphère
occidental) et de ses éventuels inconvénients pour les citoyens canadiens.
Claude Bachand a jugé cette initiative quelque peu restrictive, et estimé
qu'elle pourrait avoir des conséquences négatives. M. Kergin s'est dit du même
avis, mais a affirmé que ses homologues des États-Unis sont résolus à appliquer
ces nouvelles réglementations.
Charles Philippe David, titulaire de la
Chaire Raoul-Danderand en études stratégiques à l'Université du Québec à
Montréal, s'est ensuite adressé au Comité. Il a fait un exposé intitulé L'évolution
des relations américano-canadiennes et un point de vue canadien sur les
relations transatlantiques. Il a souligné que le Commandement de la
défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD) est un exemple des liens
très étroits qui existent entre le Canada et les États-Unis en matière de
sécurité. Il a aussi mentionné que la protection maritime de l'Arctique est un
autre domaine dans lequel la coopération entre les deux pays pourrait être
renforcée.
Enfin, la Commission a entendu l'exposé
du Major-général Hincke, chef des programmes, ministère de la Défense du
Canada, intitulé Les opérations militaires du Canada et la transformation
des forces armées canadiennes.
Le projet de résolution de la Commission,
Réaffirmer l'unité de but en Afghanistan, a été adopté avec des
amendements mineurs.
Au nombre des principaux sujets abordés
par la Commission politique, mentionnons les suivants :
·les opérations de l'OTAN en Afghanistan;
·l'avenir de l'Alliance; et
·la situation de la sécurité dans l'Europe du
Sud-Est, en particulier au Kosovo.
Mme Stephanie Beck, directrice,
Division des relations de la sécurité et de la défense, ministère canadien des
Affaires étrangères et du commerce international, a fait une présentation sur
le prochain sommet de Riga. Elle a souligné que l'OTAN est un lieu de dialogue
essentiel aux consultations sur les questions transatlantiques et a déclaré que
le Canada et ses partenaires de l'OTAN partagent les mêmes valeurs
fondamentales. L'ambassadeur Robert Hunter, conseiller principal, Rand
Corporation, a fait un exposé sur Les partenariats mondiaux et l'avenir de
l'Alliance, soulignant que l'OTAN a basé sa crédibilité sur son succès en
Afghanistan et que cette mission a été positive dans l'ensemble. Il a
toutefois mentionné que comme certains pays membres de l'OTAN ne font pas leur
part de travail, cela risque de porter préjudice à la mission dans son
ensemble. Robert Austin, Centre d'études sur l'Europe, la Russie et l'Eurasie
au Centre Munk d'études internationales, Université de Toronto, a fait un
exposé sur La Sécurité en Europe du Sud-Est - perspectives pour 2007 et
au-delà. M. Austin a d'abord déclaré qu'en ce qui a trait à l'Europe du
Sud-Est, le « verre est à moitié plein ». Il a fait référence aux
investissements accrus dans la région et au développement du tourisme. De
plus, il a mentionné que la sécurité des personnes s'était améliorée dans
l'ensemble de la région et que le processus d'intégration régionale
progressait. Il a toutefois souligné que des problèmes demeurent, le plus
urgent étant la situation au Kosovo.
La Commission a aussi entendu l'exposé
de Paul H. Chapin, conseiller principal, Centre Pearson pour le maintien de la
paix, sur Les Missions onusiennes de maintien de la paix et la coopération
OTAN-ONU. Il a fait valoir que le 11 septembre a changé les priorités
des pays qui, désormais plus engagés au niveau mondial, concentrent leurs
efforts sur les questions de sécurité. Il a aussi affirmé que comme l'ONU ne
peut plus faire face aux problèmes auxquels elle est confrontée, l'OTAN
pourrait la seconder grâce à ses ressources militaires. Chacune de ces deux
organisations tire parti de l'expérience de l'autre et doit continuer de le
faire. M. Chapin a conclu en disant que la coopération entre l'OTAN et l'ONU
sera essentielle à la sécurité de demain.
À la demande du président, les membres
ont pris part à un débat élargi sur divers enjeux importants.
La Commission a ensuite examiné ses
divers rapports, dont les suivants : le projet de rapport général sur
L'Afghanistan et l'avenir de l'Alliance, par Bert Koenders (Pays-Bas);
le projet de rapport de la Sous-commission sur les partenariats de l'OTAN
intitulé L'OTAN et la sécurité de l'Asie centrale, présenté par Rafael
Estrella (Espagne), rapporteur intérimaire; le projet de rapport de la
Sous-commission sur les relations transatlantiques intitulé L'Iran - un défi
pour la coopération transatlantique, par Ruprecht Polenz (Allemagne). Les
rapports ont été adoptés avec des amendements mineurs, exception faite du
dernier rapport qui a été adopté sans amendement.
La Commission a ensuite examiné ses
divers projets de résolutions, y compris celui sur Le50e anniversaire
de la révolution de 1956 et de la lutte pour la liberté en Hongrie.
La réunion de la Commission des
sciences et des technologies a débuté par une présentation de Tony Haymet,
directeur, Institut Scripps océanographique, sur Les Changements climatiques
et l'environnement océanique. Il a commencé en donnant un aperçu
historique des études sur le réchauffement climatique mondial. L'effet de
l'augmentation des niveaux de CO2 sur l'acidification de nos océans
est une question qui le préoccupe tout particulièrement. La Commission a
ensuite examiné le projet de rapport général intitulé Interopérabilité: Nécessité
d'une harmonisation transatlantique, présenté par Pierre Claude Nolin, le
rapporteur général. Lors de son exposé, le sénateur Nolin a souligné qu'il
importe, pour réaliser l'interopérabilité des Forces alliées en cet âge de
l'information, de relever le défi posé par les opérations réseaucentriques. Le
projet de rapport général a été adopté à l'unanimité.
La Commission a ensuite entendu
l'exposé du Major-général Hincke, chef des programmes, ministère de la Défense
du Canada. Lors de son exposé, le Major-général Hincke s'est penché sur les
aspects technologiques de la transformation des forces canadiennes. Cet exposé
a été suivi d'une présentation de Wade L. Huntley, directeur du Centre Simons pour
la recherche sur le désarmement et la non-prolifération, Institut Liu pour les
questions mondiales, Université de la Colombie-Britannique, sur La Corée du
Nord et le nucléaire : vieilles querelles et nouveaux défis.
M. Huntley a souligné que la Corée du Nord dispose actuellement d'un stock de
plutonium permettant vraisemblablement la fabrication de 4 à
13 bombes nucléaires.
La Commission a ensuite examiné le
projet de rapport de la Sous-commission sur la prolifération des technologies
militaires, La politique nucléaire de l'Iran, présenté par Cristian
Valeriu Buzea (Roumanie), rapporteur intérimaire. L'objectif principal du
rapport était de dresser un état des lieux des différents volets du programme
nucléaire de l'Iran et de tenter une évaluation des risques découlant de ce
dernier. Le projet de rapport a été adopté avec une objection.
La Commission a mis fin à ses travaux
en adoptant ses projets de résolutions. Le premier projet de résolution, L'essai
nucléaire réalisé par la République populaire démocratique de Corée, a été
présenté par Michael Mates (Royaume-Uni); et le deuxième, L'interopérabilité
des opérationsen réseau, a été présenté par le sénateur Pierre
Claude Nolin.
La réunion de la Commission de
l'économie et de la sécurité a débuté par une présentation d'Ann Weston,
vice-présidente et coordonnatrice des recherches à l'Institut Nord-Sud, sur Le
programme de développement mondial et l'évolution des discussions au sein de
l'OMC. Au cours de sa présentation, Mme Watson a résumé l'état actuel des
négociations commerciales de l'OMC, entamées à Doha en 2001, et analysé
ses répercussions sur le développement. Elle a posé cinq questions
fondamentales :
1.Quel était le programme du développement de Doha?
2.Pourquoi Doha est-il un échec (jusqu'à présent)?
3.Que se passe-t-il en dehors de l'OMC?
4.Où va l'OMC?
5.Quelle contribution l'OMC peut-elle apporter au développement?
La Commission a ensuite entendu
l'exposé donné par Taras Kuzio, agrégé supérieur de recherches pour les
questions transatlantiques, George Marshall Fund of the United States,
Université George Washington, sur La situation en Ukraine. Lors de sa
présentation, M. Kuzio s'est penché sur la situation en Ukraine au lendemain de
la révolution Orange et sur ses conséquences pour la politique étrangère et de
sécurité de l'Ukraine.
La Commission a ensuite examiné le
projet de rapport de la Sous-commission sur la coopération et la convergence
économiques Est-Ouest, La période de transition en Ukraine, présenté par
Margus Hanson (Estonie). Le rapport a été accueilli comme une contribution
majeure à la compréhension, par l'Ouest, de la situation qui prévaut en Ukraine.
Cette présentation a été suivie du projet de rapport spécial sur Les
engagements du G8 en faveur des pays en développements, par Hugh Bayley
(Royaume-Uni). Lors de la présentation de son rapport, M. Bayley a attiré
l'attention sur les immenses difficultés auxquelles la communauté
internationale sera confrontée pour parvenir à réduire de moitié la pauvreté
dans le monde d'ici 2015, l'un des Objectifs du Millénaire pour le
développement fixés en 2000. La Commission s'est ensuite penchée sur le
projet de rapport de la Sous-commission sur les relations économiques
transatlantiques, Défi posé par le développement de la Chine, par Petras
Austrevicius (Lituanie) et John Boozman (États-Unis). Enfin, la Commission a
examiné le projet de rapport général sur La sécurité énergétique, par
Jos van Gennip (Pays-Bas). Lors de sa présentation, le rapporteur a souligné
que les approches nationales liées à la sécurité énergétique ne suffisent plus
face à la nature mondiale et multidimensionnelle des défis liés à ce problème.
Tous les rapports ont été adoptés.
La Commission sur la Dimension
civile de la sécurité a ouvert sa réunion par une présentation effectuée
par Donald Hays, président-directeur général, Business Executives for National
Security, sur le rapport Bosnie-Herzégovine : quelles perspectives
après les élections d'octobre? M. Hays a fait un bilan critique de la
démarche de la communauté internationale à l'égard de la stabilisation et de la
reconstruction en Bosnie-Herzégovine, la qualifiant de succès relatif. Lors de
la discussion qui s'ensuivit, la sénatrice Jane Cordy a demandé à l'orateur si
la communauté internationale a compris au vu de ce qui se passe en Bosnie que
les réformes démocratiques doivent être mises en œuvre à partir de la base.
L'ambassadeur Hays a expliqué que, s'il est difficile de se soustraire aux
structures de l'État, la communauté internationale doit faire beaucoup mieux en
matière de stratégies locales.
Une discussion en groupe a ensuite eu
lieu avec Sami Aoun, professeur au Département d'histoire et de sciences
politiques de l'Université de Sherbrooke, et Wesley Wark, professeur au
Programme de relations internationales du Centre Munk d'études internationales
à l'Université de Toronto, sur Les défis posés par le terrorisme d'origine
domestique au Canada. Les deux ont convenu que le Canada n'est pas à
l'abri du terrorisme.
La Commission a ensuite examiné le
projet de rapport général sur La Bosnie-Herzégovine, perspectives pour
l'après-Dayton, par Vitalino Canas (Portugal). Après l'adoption du
rapport, la Commission a entendu l'exposé de l'ambassadeur David Pratt,
conseiller et ambassadeur spécial pour la Croix-Rouge canadienne, sur La
Croix-Rouge comme atout stratégique. M. Pratt a expliqué que la complexité
des menaces propres au contexte de l'après-Guerre froide a incité le mouvement
de la Croix-Rouge à procéder à un réexamen de ce rôle
« d'auxiliaire », pour veiller à ce que le partenariat unique et
privilégié entre les sociétés nationales de la Croix-Rouge et les gouvernements
permette à la Croix-Rouge de fournir les services humanitaires en conformité
avec les principes fondamentaux - humanité, impartialité, neutralité,
indépendance, bénévolat, unité et universalité.
La Commission a ensuite examiné le
projet de rapport spécial sur L'OTAN et la protection civile, par Lord
Jopling (Royaume-Uni). Le rapporteur a fait valoir que, même si l'OTAN a déjà
fait beaucoup dans le domaine de la protection civile, il est nécessaire
qu'elle coordonne mieux ses actions sur le plan interne et avec d'autres
organisations. Après l'adoption du rapport, la Commission a entendu l'exposé
de Josée Verner, ministre de la Coopération internationale et ministre de la
Francophonie et des Langues officielles. La ministre Verner a présenté les
divers aspects de l'engagement du Canada en Afghanistan. Elle a invité tous
les pays membres de l'OTAN à intensifier leurs efforts en Afghanistan afin
d'améliorer la situation dans ce pays.
Enfin, la Commission a examiné le
projet de rapport de la Sous-commission sur la gouvernance démocratique,
intitulé Cadres et domaines de coopération dans la région de la mer Noire,
par Bert Middel (Pays-Bas). Le rapporteur a fait valoir que des relations plus
étroites avec les organisations existantes pourraient contribuer à promouvoir
la stabilité et la confiance dans la région de la mer Noire, notamment dans le
domaine de l'énergie, des transports, du trafic transfrontalier et des plans
civils d'urgence. Le projet de rapport a été adopté.
La session annuelle a aussi organisé
une cérémonie visant à souligner le 50e anniversaire de la
Révolution hongroise. M. Léon Benoit, le chef de la Délégation canadienne, a
été invité à prendre la parole et a notamment fait remarquer que comme alliance
composée de pays aux vues similaires, « nous ne devons pas tenir pour
acquises les libertés pour lesquelles de si nombreux Hongrois et Hongroises se
sont battus et pour lesquelles se battent depuis des multitudes de gens à
travers le monde ». Il a poursuivi en disant : « Aujourd’hui,
nous sommes avec tous les Canadiens-Hongrois et avec le peuple hongrois qui se
rappellent ceux et celles qui sont morts et qui ont souffert pendant la
révolution. Si leurs espoirs ont été déçus en 1956, ils sont à l’origine de la
liberté acquise trois décennies et demie plus tard. »
La séance plénière a eu lieu le
17 novembre. Au cours de celle-ci, M. Noël Kinsella, Président du Sénat
canadien et M. Peter Milliken, Président de la Chambre des communes du Canada,
ont été invités à prendre la parole. L'honorable Gordon O’Connor, ministre de
la Défense nationale, s'est aussi adressé aux membres de l'Assemblée.
L’Association parlementaire canadienne
de l’OTAN souhaite noter le soutien excellent qu'il a reçu de la Direction des
Affaires Internationales et Interparlementaires, et le Secrétariat
International de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN. En particulier
l'Association souhaite exprimer sa gratitude à Mme Elizabeth Rody et son équipe
pour une excellente session annuelle.
Respectueusement soumis,
M. Leon Benoit, député
Président
Association parlementaire
canadienne de l’OTAN