Mission parlementaire auprès du pays
qui assurera la prochaine présidence de l’union européenne
Berlin, Allemagne
27–29 septembre 2006
A. Introduction et aperçu
Une délégation de trois parlementaires
de l’Association parlementaire Canada-Europe s’est rendue à Berlin, en
Allemagne, pour participer à des réunions de haut niveau avec les membres du
Bundestag, la chambre basse du parlement allemand, avec des représentants du
gouvernement et avec des spécialistes en vue de préparer la future présidence
allemande de l’Union européenne (UE). La délégation était dirigée par la
présidente de l’Association, l’honorable Lorna Milne, sénatrice, et était
composée de l’honorable Mac Harb, du Sénat, et de David Tilson, de la
Chambre des communes. Philippe Méla, secrétaire de l’Association, et
Marcus Pistor, conseiller, accompagnaient la délégation.
La délégation canadienne a non
seulement pris part aux réunions sur la future présidence allemande de l’UE,
mais elle a également eu l’occasion de discuter des relations politiques,
économiques, culturelles et universitaires entre l’Allemagne et le Canada avec
des représentants officiels, des universitaires et des membres du milieu
culturel.
B. Programme
1. Séances d’information avec des
représentants de l’ambassade du Canada au sujet des relations
germano-canadiennes et de leur importance pour le Canada
Au cours de la première des deux
séances, des représentants des sections politique, consulaire et
économique/commerciale de l’ambassade du Canada ont informé la délégation de la
situation politique actuelle de l’Allemagne, de sa politique étrangère et de
son rôle dans le monde, des relations économiques et politiques entre le Canada
et l’Allemagne et, enfin, des plans concernant la présidence allemande du Conseil
de l’Union européenne (de janvier à juin 2007). Les représentants de
l’ambassade ont signalé le rôle prépondérant que l’Allemagne joue dans la
politique mondiale à différents titres : elle est un membre important
d’organisations comme le G8 et l’UE; elle au nombre des plus grands pays
exportateurs; elle est le partenaire commercial de grandes puissances
économiques et elle est l’un des plus grands bailleurs de fonds pour l’aide au
développement. Les représentants ont fait observer que l’Allemagne est disposée
à intervenir sur la scène internationale et, à l’instar du Canada, elle s’est
engagée à consolider les institutions multilatérales et le droit international
de même qu’à promouvoir la démocratie et les droits de la personne. Ils ont
fait valoir que l’Allemagne vient au second rang, derrière les États‑Unis,
au chapitre des partenariats possibles avec le Canada.
En ce qui concerne les préparatifs de
l’Allemagne pour la présidence de l’UE, les représentants ont indiqué que le
pays s’était engagé à renouveler le processus constitutionnel après l’échec des
négociations sur le Traité établissant une Constitution, que devaient ratifier
tous les membres de l’UE. Ils ont souligné les efforts que déploie l’Allemagne
pour réduire la bureaucratie au sein de l’UE et pour accroître la compétitivité
de l’Europe, sans compter l’objectif qu’elle poursuit d’élaborer une politique
énergétique pour l’UE.
2. Rencontre avec Uwe Corsepius,
chef de la Direction des politiques européennes, Chancellerie fédérale, et conseiller
principal en politiques européennes de la chancelière Angela Merkel
M. Corsepius a donné à la délégation un
aperçu de la politique de son gouvernement concernant l’UE et des préparatifs
pour la présidence. Il a indiqué aux délégués que la chancelière Merkel avait
établi un programme bien précis, assorti d’un nombre restreint de priorités, et
leur a expliqué que la présidence comportera deux volets : le premier
portera sur la compétitivité et sur les affaires sociales (élaborer de
meilleurs règlements, garantir le respect du principe de subsidiarité, mettre à
exécution le programme de Lisbonne défini pour tous les pays de l’UE et réduire
de 25 p. 100 les coûts bureaucratiques pour les entreprises et les
citoyens), ainsi que sur la politique énergétique (élaborer pour l’UE un plan
énergétique prévoyant la diversification des sources d’énergie et la création
d’un marché de l’énergie). Cette politique prévoirait une nouvelle phase de
négociations mondiales sur les changements climatiques. Selon M. Corsepius,
le second volet de la présidence allemande portera sur le processus
constitutionnel; l’Allemagne proposera probablement une feuille de route qui
tiendrait compte, d’une part, de la nécessité de procéder à une réforme
institutionnelle débouchant, entre autres, sur une nette répartition des
pouvoirs entre l’UE et les gouvernements des pays et, d’autre part, de la
nécessité de véhiculer, au sein de l’UE, les valeurs des Européens, plus
précisément à l’égard des droits de la personne et de l’équilibre entre les
dimensions sociale, économique et environnementale de l’UE.
3. Table ronde avec les spécialistes
de l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité (Stiftung
Wissenschaft und Politik)
La délégation a rencontré des
chercheurs et des conseillers en politiques de l’Institut allemand des affaires
internationales et de sécurité, l’un des grands groupes de réflexion de
l’Allemagne en matière de politique étrangère. Andreas Maurer, chef du
groupe de recherche sur l’intégration européenne, et les chercheurs
Peter Schmidt, Annegret Bendiek, Stormy Mildner,
Frank Kupferschmidt et Anthony Seaboyer ont fait part de leurs
réflexions sur diverses questions, dont les priorités de la présidence
allemande de l’UE; l’impasse du traité constitutionnel, l’avenir des relations
transatlantiques en général et des relations du Canada avec l’Europe soumise à
des changements en particulier (plus précisément au regard de l’incidence, sur
l’OTAN, de la Politique européenne de sécurité et de défense en constante évolution),
la mission de l’OTAN en Afghanistan et l’avenir du Conseil de l’Europe. À cette
réunion, les délégués ont pu recueillir de précieux points de vue traduisant
une perspective non gouvernementale.
4. Comité parlementaire des affaires
de l’Union européenne dans le Bundestag allemand
À une réunion non officielle avec de
hauts responsables du Comité parlementaire des affaires de l’Union européenne
dans le Bundestag allemand, des parlementaires allemands ont indiqué qu’ils
souhaitaient vivement que les relations germano-canadiennes s’intensifient, en
particulier au chapitre de la politique d’immigration et d’intégration et du
fédéralisme. La discussion a ensuite porté sur la présidence allemande de
l’UE. Selon les parlementaires allemands, le gouvernement du pays devra se
pencher tout particulièrement sur les questions suivantes : nécessité
d’amorcer un processus constitutionnel renouvelé, nécessité de faire progresser
les relations entre l’UE et la Russie (en particulier dans le secteur de
l’énergie), moyens d’affermir la politique étrangère et de sécurité commune de
l’UE et possibilité d’utiliser la synergie découlant de la présidence allemande
de l’UE et du G8.
5. Michael Clauss, administrateur
général de la Direction de l’Europe, Bureau fédéral des affaires étrangères
Au Bureau fédéral des affaires
étrangères, Michael Clauss, administrateur général de la Direction de
l’Europe, a accueilli les délégués. Dans un échange de vues remarquablement
sans détour, M. Clauss a informé les délégués des nombreux défis que
doivent relever l’UE et la présidence allemande, compte tenu par exemple du peu
d’appui accordé à l’UE par le public et de la perspective de changement et
d’instabilité politiques dans d’importants pays membres. Selon lui, l’UE aura
du mal à relever les nombreux défis qui se présentent à l’interne (par exemple
l’échec des négociations sur le traité constitutionnel et la nécessité de
procéder à une réforme institutionnelle, la nécessité d’une réforme économique
et la menace grandissante du terrorisme) et au niveau international (par
exemple la présence de nouvelles puissances mondiales – Inde et Chine – et la
nécessité de régler les problèmes de sécurité et de développement dans la
région méditerranéenne). Pour être en mesure de relever ces défis, l’UE doit,
soutient-il, renforcer la coopération non seulement entre ses membres mais
aussi avec ses principaux partenaires. Outre les changements qui touchent
l’Union européenne, il a été question du rôle de l’UE sur la scène
internationale, de la coopération entre le Canada et les États-Unis, par
exemple en ce qui concerne la sécurité interne, l’immigration, l’intégration
des migrants et l’énergie, de la situation au Moyen‑Orient et, enfin, de
la capacité de l’Allemagne et de l’UE de faire office d’intermédiaires honnêtes
dans les conflits mentionnés.
6. Diplomatie publique, relations
universitaires, culture canadienne à Berlin et en Allemagne : séance
d’information avec des représentants de l’ambassade et éléments connexes du
programme
Les délégués canadiens ont assisté à
une deuxième séance d’information avec des représentants de l’ambassade, qui
portait sur les vastes activités de l’ambassade dans le domaine des affaires et
de la diplomatie publiques, sur la promotion de la culture et de l’art canadiens,
sur les relations universitaires (incluant les échanges et le soutien des
programmes d’études canadiennes en Allemagne) et sur les programmes d’échange
jeunesse. Les délégués ont également eu l’occasion de rencontrer certains
invités des milieux culturel et universitaire de Berlin lors d’un dîner
conjoint offert par les représentants de l’ambassade. Ils ont ensuite visité
le Hamburger Bahnhof, musée d’art moderne, pour y voir une nouvelle exposition
d’art avec des artistes du Canada et d’ailleurs (Beyond Cinema : The
Art of Projection). Ces éléments du programme montraient à quel point
l’ambassade du Canada joue un rôle non négligeable en contribuant au
rayonnement d’artistes, d’auteurs et de musiciens canadiens en Allemagne et en
Europe, et en façonnant l’image du Canada en Allemagne, où les perceptions sont
trop souvent dépassées ou fondées sur des controverses particulières comme la
chasse aux phoques.
7. Autres éléments du programme
Les délégués canadiens ont été reçus au
parlement allemand à l’occasion d’un dîner qui avait pour hôte Klaus‑Peter Flosbach,
président de l’Association parlementaire germano-canadienne, et auquel
plusieurs membres du Bundestag étaient conviés. Les parlementaires des deux
pays ont pu discuter de diverses questions, notamment les relations bilatérales
et la présence du Canada à Berlin, les préparatifs pour la présidence allemande
de l’UE, la mission de l’OTAN en Afghanistan et le système électoral allemand.
Les délégués canadiens ont aussi assisté à une assemblée plénière du Bundestag
et ont ensuite fait une visite guidée de l’immeuble du Reichstag qui abrite le
Bundestag.
En plus des rencontres avec des
parlementaires, des hauts fonctionnaires, des spécialistes et d’autres
intéressés allemands, les délégués canadiens ont bénéficié de plusieurs autres
éléments du programme. Ils ont ainsi assisté à une séance tenue à l’occasion
d’une conférence à l’ambassade du Canada qui avait pour thème
« L’éducation dans une société caractérisée par l’immigration – que
peuvent faire les collectivités et les autorités locales? » et qu’avaient
organisée l’ambassade du Canada, la fondation Freudenberg, le Bureau de
Basse-Saxe de Berlin et l’Association fédérale des centres régionaux pour
l’éducation, l’intégration et la démocratie. Des réunions informelles avec les
participants de la conférence se sont ensuite déroulées.
En dernier
lieu, les délégués ont pris part à une réception donnée par l’ambassadeur Paul
Dubois à l’Ambassade même. Parmi les autres invités, il y a avait des
universitaires, des parlementaires et un ancien ministre fédéral, qui font
partie des réseaux politiques et économiques de l’ambassade en Allemagne. Les
délégués ont également eu droit à une visite guidée de la prestigieuse nouvelle
ambassade, saluée à l’unanimité, et du centre Marshall McLuhan, qui est le
centre d’information multimédia de l’ambassade, où l’on peut en apprendre sur
la culture, la géographie, la politique et les technologies du Canada grâce à
de l’équipement technique des plus modernes(1).
La délégation a été très impressionnée par
les activités offerte par l’ambassade et en particulier par les opportunités
exceptionnelles en matière d’éducation offertes par le Centre Multimédia
Marshall McLuhan.