L’Association parlementaire canadienne
de l’OTAN a l’honneur de présenter son rapport sur la réunion conjointe de
l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, tenue à Bruxelles et Paris, du 18 au 22
février 2007. La délégation canadienne était composée de la présidente M. Leon
Benoit, député, Sénateur Jane Cordy, Sénateur Joseph A. Day, Sénateur Pierre
Claude Nolin, M. Claude Bachand, député et M. Charles Hubbard, député. La
Délégation canadienne était accompagnée de M. Wolfgang Koerner, analyste, Service
d’information et de recherche parlementaires et du secrétaire administrative de
l’Association, M. Denis Robert.
Le président de la Commission
politique, M. Markus Meckel (DE), a ouvert la réunion. Après les observations
préliminaires, il a présenté M. Jamie Shea, chef, Planification des politiques,
Bureau du secrétaire général de l’OTAN, qui a prononcé une allocution portant
sur l’après‑Riga et le programme politique de l’OTAN. Selon M. Shea, 2007
sera une année d’importance critique pour l’Alliance. La question de
l’Afghanistan a laissé une « grave » impression au sommet de Riga,
mais l’on croyait encore que la mission pourrait être complétée avec succès. Il
a poursuivi en faisant remarquer que l’Alliance se concentrait maintenant sur
certaines questions essentielles. Premièrement, il est nécessaire d’augmenter
le nombre de soldats déployés en Afghanistan afin d’assurer la sécurité. Cinq
mille soldats additionnels se sont ajoutés depuis Riga, et les effectifs totaux
requis ne devraient pas dépasser deux ou trois bataillons additionnels.
Deuxièmement, il est entendu que la reconstruction est possible seulement dans
un environnement sécuritaire. Il faut éliminer les empêchements et la mission
devrait se poursuivre comme s’il s’agissait d’un seul théâtre des opérations,
les mêmes principes s’appliquant à tous. Il faut également un programme de
formation et des équipements efficaces pour les forces afghanes. Troisièmement,
l’Alliance doit traiter avec le Pakistan. Ce qu’il faut, c’est un engagement
politique de la part du Pakistan et une coopération véritable en ce qui
concerne la surveillance des frontières. M. Shea a également soutenu que les
commandants militaires devraient recevoir des fonds pour la reconstruction afin
de pouvoir fournir une aide là où les organismes civils en sont incapables. De
plus, il a poursuivi en faisant remarquer la nécessité de s’occuper des
relations avec l’UE et d’entamer un dialogue sur les opérations, le potentiel
militaire et une division appropriée du travail. M. Shea a aussi mentionné que
la question de la défense antimissile avait ramené l’Article 5 à l’ordre
du jour.
Au cours du débat qui a suivi, M.
Claude Bachand (Canada) a demandé s’il fallait faire davantage au chapitre du
développement en Afghanistan. Dans sa question, il a renvoyé à des observations
faites plus tôt à ce sujet par le général Richards. Il a aussi demandé s’il
fallait faire davantage au niveau des relations diplomatiques avec le Pakistan
et le gouvernement afghan. M. Shea a reconnu qu’il fallait faire davantage, en
ce qui concerne le développement, afin d’assurer le succès de la démarche 3D.
Ensuite, les délégués ont écouté
l’allocution de M. Patrick Hardouin, secrétaire général adjoint de l’OTAN
délégué pour les affaires régionales, économiques et de sécurité, portant sur
l’OTAN, la sécurité énergétique et de (nouveaux) partenariats. M.
Hardouin a fait remarquer que c’est au sommet de Riga que la question de la
sécurité énergétique a été soulevée pour la première fois. Selon lui, ce
nouveau sujet d’intérêt est important pour trois raisons : premièrement,
un changement s’est produit dans la façon dont nous conceptualisons
l’environnement stratégique; deuxièmement, les alliés n’ont pas tous également
accès aux ressources naturelles; et troisièmement, l’énergie est importante
pour tous les partenaires de l’OTAN, maintenant beaucoup plus nombreux que par
le passé. Le rôle de l’OTAN en matière de protection de l’énergie consiste à
fournir un soutien à valeur ajoutée – en grande partie au niveau de la
protection des infrastructures et de la lutte contre le terrorisme.
L’exposé de M. Hardouin a été suivi
d’une table ronde à laquelle ont participé plusieurs ambassadeurs auprès de
l’OTAN. Dans son allocution, M. l’ambassadeur Juneau (Canada) a fait remarquer
les trois secteurs d’importance spéciale pour le Canada, soit les relations
transatlantiques, l’Afghanistan et les organisations internationales. Des
progrès ont été réalisés sur les deux premiers plans mais il y a encore du
travail à faire au chapitre des relations entre l’OTAN et l’Organisation des
Nations Unies. M. l’ambassadeur Juneau a aussi laissé entendre que si l’OTAN ne
remportait pas la victoire en Afghanistan, ce sera la fin de l’organisation. M.
l’ambassadeur Schaper (Pays-Bas) a aussi soutenu que l’Afghanistan avait une
grande importance pour les Pays-Bas et il a poursuivi en disant que les
réalisations faites dans ce pays étaient plus positives que ce que le laissait
souvent supposer la presse. Il a aussi insisté sur l’importance de la
coopération avec le Pakistan. Mme l’ambassadrice Nuland (États-Unis) a aussi
insisté sur l’importance du lien transatlantique et la nécessité de porter les
budgets de la défense à un niveau plus raisonnable. M. l’ambassadeur Nowak
(Pologne) a soutenu que l’Alliance ne devrait pas se soucier de la rectitude
politique en ce qui concerne la Russie. Il est nécessaire d’obtenir
l’engagement de la Russie mais il faut aussi s’assurer que la Russie respecte
les normes appropriées.
Ensuite, les membres ont eu droit à un
exposé présenté par M. Christopher Alexander, représentant spécial adjoint du
Secrétaire général de l’ONU (Affaires politiques), Mission d’aide de l’ONU pour
l’Afghanistan, Kaboul. M. Alexander a laissé entendre que le succès des alliés
en Afghanistan n’était pas reconnu à sa juste valeur. L’Afghanistan est l’arène
principale où les organisations internationales doivent démontrer qu’elles sont
capables de travailler en coopération. Il a également fait remarquer que les
Afghans sont, en règle générale, plus réceptifs à l’aide internationale qu’on
le suppose souvent. Les dossiers les plus importants dont il faut s’occuper
sont la gouvernance et la règle de droit.
Au cours des échanges qui ont suivi, le
sénateur Joe Day (Canada) a fait remarquer le rôle du Pakistan et a poursuivi
en demandant s’il ne faudrait pas confier des budgets de reconstruction aux
commandants militaires. La sénatrice Jane Cordy (Canada) était intéressée à
savoir ce que la population afghane ressentait vis-à-vis des forces
internationales. M. Alexander a répondu en disant que l’on ne devrait pas
verser des fonds dans des enveloppes budgétaires s’ils ne peuvent être utilisés
de façon appropriée et il a reconnu que les commandants militaires devraient
disposer de fonds pour la reconstruction. Il a aussi laissé entendre que
l’attitude des Afghans à l’endroit de l’OTAN et de la communauté internationale
était étonnamment positive.
Les membres des Commissions ont aussi
écouté l’exposé de M. Peter Flory, secrétaire général adjoint de l’OTAN pour la
Division Investissement pour la défense, portant sur l’avenir des forces de
l’OTAN ainsi que le général Ray Henault, président du Comité militaire de
l’OTAN, qui a présenté un point de vue militaire sur l’après-Riga et la
situation actuelle de l’OTAN en matière de sécurité. M. Flory a informé
les membres que, en raison de la nature des déploiements, des augmentations des
budgets de la défense étaient nécessaires. Il a aussi laissé entendre que la
défense antimissile occupait une place importante sur l’ordre du jour. En
outre, on s’intéresse également davantage à la protection des infrastructures
et des installations portuaires. Au cours des échanges qui ont suivi, M. Leon
Benoit (Canada) a fait remarquer que, bien que les dépenses pour la défense
exprimées en pourcentage du PBI n’avaient peut-être pas augmenté, le Canada
dépense davantage à ce chapitre en raison de la croissance économique. M.
Charles Hubert (Canada) a posé une question au sujet du partage des
renseignements. Dans sa réponse, M. Flory a parlé de la nécessité d’un partage
plus efficace des renseignements. Le général Henault, pour sa part, a soutenu
que l’opération Medusa était un bon exemple de la détermination de l’OTAN et il
a précisé que les engagements pris à Riga n’avaient pas encore tous été remplis.
Il a aussi insisté sur la nécessité d’une force expéditionnaire. Après la
réunion, les membres se sont rendus au quartier général de l’OTAN pour une
rencontre avec les représentants permanents du Conseil de l’Atlantique Nord.
Au cours des réunions à la Commission
européenne, les membres ont assisté à un exposé présenté par Mme Catherine Day,
secrétaire générale de la Commission européenne, portant sur les défis à
l’interne et extérieurs qui se posent à l’UE et à ses 27 États membres; de
plus, M.Andris Piebalgs, commissaire pour l’énergie, a présenté un aperçu de la
stratégie énergétique de l’Union européenne. Mme Day a soutenu qu’il était de
plus en plus important pour les États membres de l’UE de mieux coordonner leurs
politiques économiques et sociales pour que l’Europe devienne une économie axée
sur le savoir. L’énergie et l’environnement occupent actuellement les premières
places sur l’ordre du jour. Elle a fait remarquer que de nombreux pays
faisaient actuellement face aux pressions de la migration illégale.
M. Piebalgs a indiqué que
l’approvisionnement énergétique était en train de devenir un problème pour les
économies européennes, notamment en raison de l’augmentation des prix. En plus
d’une politique énergétique commune pour l’Europe, il faut aussi réduire les
émissions de CO2. Si l’efficacité énergétique n’augmente pas, il sera alors
difficile pour l’UE de garantir l’approvisionnement d’ici 2020. Finalement, il
faudra peut-être envisager de recourir à l’énergie nucléaire. Il a poursuivi en
faisant remarquer que, suivant un scénario de maintien du statu quo, la demande
mondiale d’énergie augmentera de plus de 50 % d’ici 2030. On prévoit que la
seule demande de pétrole augmentera de 41% pendant cette période. Il s’agit
d’un niveau de croissance sans précédent. Pour compliquer encore les choses,
notons que les réserves gazières et pétrolières sont de plus en plus
concentrées entre les mains de quelques pays qui exercent un contrôle serré par
le truchement d’une compagnie monopolistique nationale. La dépendance de l’UE
face aux importations gazières et pétrolières augmente sans cesse. Aujourd’hui,
l’UE importe la moitié de son énergie. En 2030, si rien n’est fait, ce sera 65
%, le pétrole et le gaz représentant un pourcentage important de cette
augmentation.
La politique énergétique européenne,
telle qu’elle existe actuellement, ne saurait contribuer à la compétitivité de
l’Europe. Les coûts liés à la main-d’œuvre dans les pays de l’UE sont plus
élevés que ceux observés chez beaucoup de nouveaux compétiteurs et cela ne
changera pas. Ainsi, cinquante ans après son établissement, l’UE n’a toujours
pas de politique énergétique commune pour faire face à ces défis. Elle a
toutefois adopté une série de mesures diverses concernant la libéralisation,
l’énergie renouvelable et l’efficacité énergétique. Cependant, on ne saurait
décrire celles‑ci comme un ensemble cohérent de politiques liées les unes
aux autres.
Par ailleurs, le Secrétaire général de
l’OCDE, M. Angel Gurria, s’est adressé aux membres. Celui-ci a fait remarquer
l’importance de la sécurité pour le développement économique. L’OCDE ne
s’intéresse pas directement à la sécurité mais l’on reconnaît maintenant qu’il
s’agit d’un aspect important du développement économique. M. Gurria a aussi
fait remarquer que des pays non membres de l’OCDE connaissaient un taux de
croissance trois fois supérieur à celui des pays de l’OCDE. Par la suite, M.
Mike Kennedy, chef de la Division de l’évaluation économique générale, a
présenté un aperçu des perspectives futures de l’économie mondiale. Cette
présentation a été suivie d’un exposé fait par William Ramsay, directeur
général de l’Agence internationale de l’énergie. Selon M. Ramsay, les
buts de l’UE concernant l’énergie renouvelable étaient exagérément optimistes.
Les membres de la délégation ont aussi
participé au Séminaire parlementaire à haut niveau sur les migrations
internationales.
Respectueusement soumis,
M. Leon Benoit, député
Président
Association parlementaire canadienne
de l’OTAN (AP OTAN)