L’Association
parlementaire canadienne de l’OTAN a l’honneur de présenter son rapport sur la
Visite aux États-Unis de la Commission de la défense et de la sécurité, tenue
du 28 janvier au 2 février 2008. La délégation canadienne était représentée par
le Sénateur Joseph Day et le Sénateur Percy Downe
La
visite annuelle du Comité aux États-Unis, à l’invitation de la Chambre des
représentants des États-Unis, a pour but de sensibiliser les parlementaires des
États membres de l’OTAN aux vues des plus hautes autorités américaines en
matière de sécurité et de politique étrangère. C’est aussi l’occasion de
discuter avec les membres du Congrès qui représentent les États-Unis à
l’Assemblée. Au cours de leur visite, les membres du Comité ont eu la chance de
voir la base aérienne McChord et Fort Lewis, dans l’État de Washington, de même
que les installations de Boeing à Longacres et Renton.
APERÇU
GÉNÉRAL
Les
discussions ont porté essentiellement sur l’Afghanistan, le Kosovo, la défense
antimissile, les relations avec la Russie et le prochain sommet de l’OTAN à
Bucarest. Les membres du Comité ont eu droit à un exposé de Karen Donfried, du
German Marshall Fund des États-Unis. Mme Donfried a indiqué que le nouveau
président des États-Unis jouirait certainement d’une période de grâce, mais que
les divisions profondes entre l’Europe et les États-Unis demeureront. Les défis
que représente le maintien de la sécurité à l’extérieur de l’Europe risquent de
continuer de susciter des réactions différentes des deux côtés de l’Atlantique.
Sur la question du changement climatique, Mme Donfried a exhorté les
parlementaires européens à jeter un œil sur les initiatives qui sont prises par
les États ou au niveau local aux États-Unis. Elle a insisté tout
particulièrement sur l’importance du leadership exercé par la Californie, une
des plus puissantes économies au monde.
Au cours
d’une rencontre avec plusieurs membres du Congrès américain, M. John Tanner a
soutenu que l’OTAN était maintenant plus importante que jamais et qu’il fallait
accroître la coopération de part et d’autre de l’Atlantique.
Dans son
allocution, le secrétaire américain à la Défense, M. Robert Gates,a réaffirmé
l’importance de la mission en Afghanistan et indiqué que l’OTAN n’est pas une
association dépourvue d’utilité pratique, mais une alliance militaire dont les
différents membres doivent partager les risques également. Il a aussi exprimé
des craintes à propos des activités des talibans et d’Al-Qaeda à la frontière
afghano-pakistanaise, laissant entendre que le Pakistan vient à peine de
prendre conscience du danger que ces activités représentent. M. Gates a déclaré
que les États-Unis sont prêts à aider le Pakistan et qu’ils ont demandé aux
autorités pakistanaises la permission de mener des opérations unilatérales dans
la région.
Plusieurs
membres de la délégation venant de pays ayant des troupes dans le sud de
l’Afghanistan ont trouvé inquiétant que d’autres pays membres de l’Alliance
n’aient pas déployé de forces pour relever celles qui sont sur place. Selon
eux, il y en a qui ne font pas leur part en Afghanistan.
Patrick
Moon, sous-secrétaire d’État adjoint pour l’Afghanistan, a laissé entendre
qu’un acteur important sur la scène internationale, le Canada ou un pays
d’Europe, par exemple, devrait coordonner l’effort international depuis Kaboul
et exprimer efficacement le point de vue de la communauté internationale dans
les capitales des pays donataires, ainsi qu’auprès du gouvernement Karzaï.
Plusieurs représentants officiels ont parlé d’un éventuel document
d’orientation stratégique sur l’Afghanistan qui sera vraisemblablement endossé
au Sommet de Bucarest. Ce document plaiderait en faveur d’un engagement soutenu
et fixerait des points de repère pour les trois à cinq prochaines années.
Kurt
Volker, sous-secrétaire d’État principal adjoint pour l’Europe et l’Eurasie, a
exposé le plan que proposeront les États-Unis au Sommet de Bucarest, en avril.
Ce plan se résume essentiellement à ceci : utiliser l’OTAN à bon escient,
renforcer l’OTAN et en élargir les cadres. Eu égard au premier objectif, et en
pensant surtout à l’Afghanistan, il a dit que les efforts des alliés sont
appréciés, mais que l’on a besoin de plus de ressources et plus de souplesse.
Il a aussi affirmé que l’OTAN profiterait d’une mise en commun des ressources,
comme celle à laquelle a donné lieu la décision concernant les C-17.
Pour ce
qui a trait à l’élargissement des cadres de l’OTAN, Dan Fata, sous-secrétaire
adjoint à la Défense pour l’Europe, a fait valoir que la Géorgie et l’Ukraine
sont deux pays très différents et qu’on ne devrait pas les mettre dans le même
sac au moment de décider si on proposera ou non un plan d’action pour leur
adhésion à l’OTAN, à Bucarest. Il a ajouté que les États-Unis, à l’occasion du
Sommet, solliciteraient l’appui des participants à la poursuite des efforts de
défense antimissile, en invoquant la complémentarité de la démarche américaine
et de celle de l’OTAN.
Le
Comité a aussi entendu l’amiral Luciano Zappata, commandant suprême adjoint des
forces alliées – Transformation, lui parler du processus de transformation
actuel de l’Alliance. Selon l’amiral Zappata, il s’agit de déterminer ce que
l’Alliance doit penser, développer et accomplir, en tâchant toujours
d’anticiper son horizon opérationnel futur et d’analyser les leçons tirées des
opérations récentes. L’OTAN doit reconnaître les nouvelles capacités qui
existent, trouver des solutions modernes et innovatrices et apporter les
changements nécessaires dans le cadre d’un processus cohérent de planification
de la défense, tout en effectuant des recherches sur les technologies et les
capacités futures. L’Alliance doit aussi sensibiliser ses membres aux normes
communes garantissant l’interopérabilité de toutes ses fonctions et tous ses
secteurs d’opération.
L’ex-sénateur
Sam Nunn, coprésident et directeur général de la Nuclear Threat Initiative, a
prévenu les délégués que le risque d’utilisation d’une arme nucléaire augmente
au lieu de diminuer. C’est ce que l’amènent à croire les intentions avouées de
groupes terroristes, la protection insuffisante accordée aux matières
nucléaires, la diffusion des compétences dans le domaine du nucléaire,
l’intérêt renouvelé dans le monde pour l’énergie nucléaire et l’enrichissement
de l’uranium, la prolifération des armes nucléaires et le raccourcissement des
délais d’avertissement. M. Nunn a dit que les États-Unis devraient convaincre
le monde de cesser de compter sur l’arme nucléaire, ce qui nécessiterait une
coopération importante de la part des autres États.
Le
sous-secrétaire aux Politiques, l’ambassadeur Eric Edelman, a souligné le
travail accompli en vue de doter l’OTAN de nouvelles capacités, y compris celui
des forces d’opérations spéciales, qui cherchent à développer une perspective
d’ensemble des opérations intégrant les volets militaire et civil des
engagements de l’OTAN et la défense antimissile. Il a notamment indiqué que les
engagements militaires actuels nécessitaient une augmentation des effectifs
mobilisables des forces spéciales.
La
sous-secrétaire adjoint à la Défense pour l’Afrique, Theresa Whelan, a donné un
aperçu des défis à relever en Afrique sur le plan de la sécurité. Elle a aussi
parlé de la réunion des trois commandements précédents responsables de
l’Afrique sous le nom de Africa Command (AFRICOM). La création d’AFRICOM permet
au ministère de la Défense de faciliter les liens et la communication avec la
structure organisationnelle régionale de l’Union africaine. Mme Whelan a aussi
fait observer que l’une des priorités du Pentagone est de transformer l’Union
africaine, qui doit se contenter actuellement de moyens limités, en une
organisation plus efficace.
Les
délégués ont également passé un peu de temps à Fort Lewis et à la base aérienne
McChord, où on leur a parlé des services particuliers de transport aérien et de
logistiques offerts par cette dernière aux militaires américains dans le monde
entier. Ils ont appris que les C-17 pouvaient se poser sur de courtes pistes
d’atterrissage sommairement aménagées, ce qui augmente considérablement le nombre
de pistes pouvant être utilisées n’importe où dans le monde.
Respectueusement soumis,
M. Leon Benoit, député
Président
Association parlementaire canadienne de
l’OTAN (AP OTAN)