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ANNEXE A

ALLOCUTION PRONONCÉE PAR L’HONORABLE JOSEPH A. DAY

CHEF DE LA DÉLÉGATION CANADIENNE

À LA 28e ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’ORGANISATION INTERPARLEMENTAIRE DE L’ANASE

À KUALA LUMPUR, EN MALAISIE

LE 20 AOÛT 2007

Monsieur le président,

Vos Excellences,

Chers collègues

Au nom de mon collègue, le sénateur Terry Stratton, je tiens à souligner que nous nous réjouissons de participer à la 28réunion annuelle de l’Organisation interparlementaire de l’ANASE (OIA) à Kuala Lumpur, en Malaisie.  Nous sommes particulièrement heureux de pouvoir célébrer avec vous le 30e anniversaire de la création de l’OIA.

Nous sommes heureux d’avoir l’occasion de retrouver nos homologues parlementaires de l’Asie du Sud‑Est.  Ces réunions annuelles se veulent une occasion d’en savoir plus sur l’évolution de la situation dans la région et nous permettent d’établir les liens personnels sur lesquels se fondent les bonnes relations.

Chaque année, cette région prend de plus en plus d’importance pour le Canada, la relation avec elle s’étant transformée en un partenariat commercial et économique florissant.  En effet, les échanges commerciaux bilatéraux du Canada avec les pays membres de l’ANASE s’élèvent maintenant à plus de 12 milliards de dollars canadiens par année.

Parallèlement, près d’un million d’immigrants provenant des pays membres de l’ANASE ont élu domicile au Canada et plus de 2 000 étudiants de l’Asie du Sud‑Est viennent étudier au Canada chaque année.

L’augmentation des échanges de personnes, de biens et de services entre le Canada et les pays de l’Asie du Sud‑Est s’est traduite par une collaboration accrue dans un vaste éventail de secteurs.  En plus de partager un certain nombre de préoccupations à l’égard du système de commerce international, nous avons des intérêts communs dans les secteurs de la sécurité, de l’environnement, du développement durable et de la coopération en matière d’information et de technologie.

L’intervention du Canada à la suite du tsunami dévastateur de décembre 2004 constitue le meilleur exemple du partenariat entre le Canada et l’Asie du Sud‑Est.  Dans le cadre de cette intervention, le gouvernement canadien a contribué pour 425 millions de dollars canadiens destinés à l’aide aux sinistrés et aux efforts de rétablissement et de reconstruction, y compris un montant de 213 millions de dollars canadiens comme contribution égale aux dons faits par la population canadienne.

Plus récemment, après le tremblement de terre de mai 2006 dans l’île de Java, en Indonésie, le Canada a offert 11,5 millions de dollars pour l’aide aux sinistrés et les efforts de rétablissement et de reconstruction dans la région.

Comme vous le savez, les relations du Canada avec l’Asie du Sud‑Est se sont amorcées immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, avec nos partenaires du Commonwealth – Brunei Darussalam, la Malaisie et Singapour.  En fait, la collaboration canadienne dans la région s’est amorcée dans le cadre du Plan Colombo – l’initiative d’aide du Commonwealth au cours des années 1950.  De plus, au cours des années 1950 et 1960, le Canada a participé aux réunions de la Commission internationale de contrôle et de supervision au Vietnam, au Laos et au Cambodge.

À la fin des années 1960, l’Asie du Sud-Est  – et notamment l’Indonésie – est devenue un bénéficiaire prioritaire de l’aide canadienne.  Nos échanges avec la région se sont intensifiés au cours de cette période‑là; puis, en 1974, le Canada a amorcé des relations avec l’Association des Nations de l’Asie du Sud‑Est (ANASE).  Le Canada est devenu un partenaire de dialogue de l’ANASE en 1977.

Aujourd’hui, ce dialogue se déroule à l’échelon ministériel par le truchement de la Conférence postministérielle de l’ANASE et du Forum régional de l’ANASE.  De plus, à l’échelon des hauts fonctionnaires, le Canada utilise deux mécanismes de dialogue – la Réunion des hauts fonctionnaires du Dialogue ANASE-Canada et une réunion des hauts fonctionnaires chargés de l’économie.

Les parlementaires ont aussi un rôle à jouer en vue de favoriser la coopération entre le Canada et l’ANASE.  Au moyen de réunions comme celle d’aujourd’hui, nous nous tenons au courant de l’évolution de la situation dans nos pays et nos parlements.  En apprenant à mieux nous connaître, nous pouvons nous rapprocher.

Je tiens à souligner que nos fonctions de parlementaires canadiens ne nous permettent pas d’établir des politiques gouvernementales.  Toutefois, nous jouons un rôle dans les relations internationales, grâce surtout au travail de nos comités parlementaires. Nos comités mènent des études durant lesquelles ils demandent à des experts et à la population canadienne de leur proposer des idées.  Les rapports qui découlent de ces études aident le gouvernement à définir ses politiques et permettent à la population canadienne de comprendre les enjeux abordés.  Ces rapports peuvent être consultés sur Internet.

Les parlementaires canadiens reconnaissent que, dans le présent contexte d’intégration mondiale, l’existence de problèmes de sécurité dans une partie du monde peut avoir de graves répercussions sur toute autre partie du monde.  Les conflits régionaux, le passage de clandestins, la traite de personnes, les pandémies et le trafic d’armes et de drogues peuvent tous avoir des répercussions sur la sécurité du Canada et celle de nos partenaires.  Par conséquent, nous devons collaborer étroitement avec nos partenaires afin d’aborder les situations qui peuvent entraîner des problèmes ici ou ailleurs.

À cet égard, le Canada participe depuis longtemps à des missions de maintien de la paix dans toutes les régions du monde.  Il est également un chef de file du mouvement international visant à interdire les mines terrestres.  Comme je l’ai dit plus tôt, au cours des années 1950 et 1960, le Canada a participé aux réunions de la Commission internationale de contrôle et de supervision en Asie du Sud‑Est.  Plus récemment, le Canada a affecté des membres des Forces armées à la Force internationale au Timor oriental et à l’Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental.

Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères a abordé les questions de la sécurité de l’Asie‑Pacifique en 1998 dans le cadre de son rapport sur la crise financière en Asie.

Le trafic des drogues illicites est une préoccupation pour tous les pays; la résolution de ce problème requiert une intervention coordonnée.  Le Canada mène des activités multilatérales, régionales et bilatérales sur les problèmes liés à la drogue et préconise une approche équilibrée qui tient compte de l’offre et de la demande de drogues illicites.  L’ANASE est l’un des forums régionaux auxquels le Canada participe en vue de lutter contre le trafic de drogues.

Le Canada adopte une approche similaire pour contrer la traite de personnes, un problème de plus en plus sérieux.  La traite de personnes est une infraction précise aux termes de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés.  Cette loi prévoit des peines graves, notamment des amendes allant jusqu’à 1 million de dollars et des peines pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité.  De plus, le Canada a ratifié la Convention des Nations Unies sur la criminalité transnationale organisée.

Le trafic de drogues illicites et la traite de personnes ne sont que deux des problèmes de sécurité que le Canada cherche à résoudre avec ses partenaires internationaux.  Parmi les autres problèmes, on compte la corruption, le crime cybernétique, le blanchiment d’argent et le financement des actes terroristes.  Dans le cadre de nos réunions d’ici, nous souhaitons discuter des mesures de collaboration que le Canada et les pays membres de l’ANASE peuvent prendre dans leur lutte continue contre ces fléaux mondiaux.

La coopération économique et commerciale est une partie essentielle de la relation entre le Canada et les pays de l’Asie du Sud‑Est.  Le Canada a toujours été une nation commerçante.  Nous croyons que l’Asie du Sud‑Est présente des perspectives intéressantes au Canada.  Votre croissance économique a été impressionnante et, ensemble, les pays de l’Asie du Sud‑Est représentent un marché de quelque 560 millions de personnes.  Les discussions tenues récemment sur la formation d’une communauté économique des pays du Sud‑Est font que la coopération commerciale est d’autant plus une question à l’ordre du jour.

Tandis que la coopération entre vos pays et leurs partenaires d’Asie s’intensifie, le Canada souhaite accroître sa présence dans la région.  L’intensification des échanges commerciaux contribuerait également à réduire le retard qu’accusent certains des pays membres de l’ANASE dans leur développement.

Nos comités parlementaires ont consacré beaucoup de temps à l’étude de la question du commerce avec l’Asie du Sud‑Est.  En 2003, le Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international de la Chambre des communes a publié un rapport intitulé Donner un nouveau souffle aux relations économiques entre le Canada et l’Asie‑Pacifique.  En 1997, le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères a publié un rapport intitulé L’importance de la région de l’Asie‑Pacifique pour le Canada.  Cette année, le Comité permanent du commerce international de la Chambre des communes a réalisé une étude sur la politique commerciale du Canada et a publié un rapport intitulé Vers une meilleure politique commerciale – dix étapes.

Les possibilités d’investissement sont un aspect important de notre relation économique.  Elles sont également une composante importante de la croissance et du développement économique de la région.  En outre, l’investissement à l’étranger crée des liens considérables avec l’Asie du Sud‑Est pour les entreprises, les consommateurs et les travailleurs canadiens.

Aujourd’hui, les investissements canadiens dans la région visée par l’ANASE s’élèvent à environ 9 milliards de dollars canadiens.

Ces investissements constituent un vote de confiance des gens d’affaires canadiens dans la région.  Bien entendu, afin d’investir, les entreprises doivent pouvoir compter sur des règles d’investissement éclairées qui assurent la stabilité, la transparence, la prévisibilité et la protection des entreprises canadiennes.  À cette fin, le Canada a toujours préconisé un système d’échanges solide fondé sur des règles.

Les questions environnementales sont une composante de plus en plus importante de notre relation commerciale.  Les Canadiens sont conscients des répercussions que peuvent avoir les catastrophes naturelles.  Le tsunami, les récents tremblements de terre au Japon et l’ouragan Katrina aux États‑Unis nous rappellent la rapidité avec laquelle ces catastrophes peuvent frapper.

En collaborant, il nous est possible de réduire les répercussions de telles catastrophes.  Dans le cadre de nos discussions, nous espérons en savoir plus sur les mesures que vous prenez pour contrer les catastrophes naturelles et réduire les répercussions de l’activité humaine sur l’environnement.

En ce qui concerne la protection de l’environnement, par exemple, l’information et la technologie constituent la clé de la lutte contre les changements climatiques.  Les technologies liés aux énergies propres pourraient nous aider à réduire considérablement l’impact de l’homme sur l’environnement.  Le développement de sources d’énergie de remplacement comme les centrales hydroélectriques de faible puissance, l’énergie marémotrice, l’énergie solaire et l’énergie produite avec des biocombustibles, aidera les pays développés et en développement dans leur quête vers l’autosuffisance énergétique.

En ce qui a trait au cycle de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le Canada continue d’appuyer la libéralisation du commerce, un système d’échanges multilatéral fondé sur des règles ainsi que les objectifs des négociations du Programme de Doha pour le développement.  Tout comme vous, nous avons été très déçus de voir que le cycle a été mis en suspens.  La réussite du cycle aurait permis au Canada de réaliser des progrès à l’égard de ses objectifs visant un meilleur accès aux marchés mondiaux pour les producteurs, les fabricants et les fournisseurs de services canadiens.  Cela aurait également été avantageux pour les pays en développement, qui tireraient profit d’une meilleure intégration dans le système commercial international et de la réduction des subventions en agriculture.  Le Canada continuera de collaborer avec d’autres membres de l’OMC afin que les négociations du Programme de Doha pour le développement se terminent sur une note positive.

Nos comités parlementaires ont consacré beaucoup de temps à l’étude de l’OMC et du système commercial international.  En mai 2002, le Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international de la Chambre des communes a publié un rapport intitulé Pour un cycle de négociations efficace : les grands enjeux du Canada à l’OMC.  Plus récemment, en juin 2005, le Comité a publié un rapport intitulé Les composantes d’une stratégie canadienne à l’égard des marchés émergents, qui englobait des recommandations à l’égard des négociations de l’OMC.

Je souhaite maintenant aborder la question de l’aide au développement par le gouvernement canadien dans la région.  Le Programme régional de l’Asie du Sud‑Est, de l’Agence canadienne de développement international, porte sur les obstacles que la région doit surmonter en matière de développement.  Il s’agit d’un programme ciblé de petite envergure d’environ 12 millions de dollars canadiens par année.  Ses priorités sont l’intégration économique, l’environnement, la gouvernance, la sécurité et la primauté du droit.

Le programme aide les pays à répondre aux exigences liées à l’adhésion à l’OMC et à tirer profit de leurs droits à titre de membres.  Il a également appuyé des projets de gouvernance et de réforme judiciaire qui ont permis d’accroître la sensibilisation et l’observance à l’égard des droits des femmes, des enfants, des minorités ethniques et des travailleurs migrants dans toute l’Asie du Sud‑Est.

De plus, le Canada a mis sur pied des programmes bilatéraux de développement avec le Cambodge, l’Indonésie et le Vietnam – qui font partie du groupe des 25 pays partenaires en matière de développement sur lequel le programme d’aide bilatéral du Canada met l’accent.  Le Canada a également établi un programme bilatéral avec les Philippines.

Enfin, en ce qui concerne l’échange des visites parlementaires comme moyen de renforcer la diplomatie parlementaire, mon collègue et moi jugeons que la participation à des réunions comme celle d’aujourd’hui permet de favoriser la compréhension et le respect mutuel entre les parlementaires.

Les parlementaires canadiens participent à un certain nombre d’associations parlementaires et de groupes interparlementaires.  Bien que nous n’ayons pas d’association consacrée particulièrement à l’Asie du Sud-Est, nous avons le Groupe parlementaire Canada-Japon, qui chapeaute le Forum des parlementaires de l’Asie du Pacifique, auquel un certain nombre de pays membres de l’ANASE participent.  Les parlementaires canadiens collaborent également avec Singapour et la Malaisie par l’entremise de l’Association parlementaire du Commonwealth.  L’Union interparlementaire constitue également un mécanisme de coopération possible.

De plus, en 2006, des parlementaires de plusieurs pays membres de l’ANASE ont participé à la Conférence des parlementaires de l'Asie-Pacifique sur l'environnement et le développement, qui a été animée par les présidents de la Chambre des communes et du Sénat du Canada à Whistler, en Colombie-Britannique.

En conclusion, je souhaite vous remercier de nous avoir invités à cette réunion.  Grâce à ces réunions officielles et officieuses que nous avons tenues avec nos homologues de l’Asie du Sud‑Est, nous avons pu mieux comprendre les problèmes auxquels vous êtes confrontés.  Nos discussions nous donneront beaucoup à réfléchir à notre retour à la maison.  Je vous assure que nous nous tiendrons au courant de l’évolution de la situation en Asie du Sud‑Est.

Sénateur Joseph A. Day, L.L.M., B. Ing


 

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